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    La tuerie de Belhade

     

     

    La tuerie de Belhade garde sa part de mystère

     

    Le 15 décembre 1985, deux hommes et une femme étaient assassinés dans le relais de chasse incendié de Belhade (40). Deux procès d'assises n'ont pas permis de découvrir le mobile du crime
     

    Lors du procès de 1993, Horvath, Ardanny, Barthélémy (de gauche à droite) sont condamnés à la perpétuité et Maillet à 18 ans de réclusion pour l'assassinat de Bonnefon, de sa compagne et du garde-chasse dans la ferme landaise. Un dossier instruit par le juge Vennetier (avec un polo). Ph. «S O»
     

    Lors du procès de 1993, Horvath, Ardanny, Barthélémy (de gauche à droite) sont condamnés à la perpétuité et Maillet à 18 ans de réclusion pour l'assassinat de Bonnefon, de sa compagne et du garde-chasse dans la ferme landaise. Un dossier instruit par le juge Vennetier (avec un polo). Ph. «S O»

    Seule dans sa chambre, son épagneul breton couché au pied de son lit, Marie-France Le Berre se réveille en sursaut. Des cris, des coups de feu, des gémissements, une explosion. À demi consciente, mue par un réflexe de survie, elle ouvre la fenêtre, son chien dans les bras et court, pieds nus en chemise, se jeter dans un roncier. Il est à peine 3 heures du matin.

      

    Des silhouettes s'agitent devant la maison qui s'embrase au cœur de la forêt, à quelques kilomètres du minuscule bourg de Belhade dans la Haute-Lande. Une voiture démarre et passe en trombe devant la cachette de cette femme de 40 ans, épouvantée par ce qu'elle devine, sans vouloir encore l'accepter.

    Son frère Jean-Claude Bonnefon, le propriétaire du relais de chasse de la Leyre, à qui elle venait souvent donner la main le week-end, a été achevé d'une balle dans la tête. Il n'est pas le seul. À l'aube du 15 décembre 1985, les pompiers de Pissos et de Luxey dégageront des décombres deux cadavres calcinés.

    Celui de Lucienne Cousse, sa compagne de vingt-cinq ans son aînée, abattue dans le couloir, et celui de Jean-Michel Linder, un jeune garde-chasse exécuté dans son lit.

    Dans la pénombre, la rescapée n'a pu identifier aucun des tueurs. Elle l'ignore encore, mais son témoignage va se révéler lourd de conséquences.

    Quatre ans plus tard, en novembre 1989, c'est dans un silence impressionnant que les jurés des Landes écoutent sa déposition entrecoupée de sanglots. Des cinq hommes réunis dans le box des accusés, elle ne connaît que Jean-Jacques Horvath. Cet ancien garçon boucher de 42 ans, devenu proxénète à la fleur de l'âge, était un habitué du relais de chasse.

    Il y parquait sa caravane. Elle accueillait parfois des filles venues se mettre au vert après avoir tapiné sur les trottoirs de Bordeaux ou non loin de là, au Poteau à Captieux. Jean-Claude Bonnefon supportait de moins en moins la présence de Jean-Jacques Horvath dans cette propriété de 500 hectares. Quatre jours avant le triple assassinat, ils s'étaient violemment disputés.

    « Mon frère m'a dit que, s'il avait eu une arme sous la main, il le tuait, se souvient Marie-France Le Berre. Et la veille du drame, lorsque j'ai demandé des explications à Jean-Jacques Horvath, il m'a répondu : '' Ton frère, c'est une balance. Il mérite la mort, je le tuerai ''. »

    À ces mots, Jean-Jacques Horvath bondit de son siège : « Pourquoi tu dis cela, Marie-France, ce n'est pas possible. » Déterminée, la sœur de Jean-Claude Bonnefon ne recule pas d'un pouce.

    Barthélémy s'en vante

    Le soir du massacre, le proxénète disposait d'un alibi en béton. Cela n'avait pas dissuadé les limiers de la police judiciaire de le filer et de placer sous surveillance les lieux fréquentés par ses connaissances. Jean-Jacques Horvath était un familier du Petit Chef, un restaurant du quartier de la gare de Bordeaux, et du Couche-Tard, un bar de nuit du marché des Grands-Hommes.

    Il semblait inséparable de Francis Ardanny, 36 ans, un ancien videur au casier judiciaire déjà défloré, soupçonné de tirer ses revenus du racket.

    Jean-Bernard Barthélémy s'asseyait souvent à leur table. La trentaine bien sonnée, ce pupille de la Ddass est un être fruste, aux réactions imprévisibles, dont la conduite attire fréquemment l'attention des services sociaux. Sans travail fixe, il mène dans le Sud-Gironde une existence à la frontière du quart-monde. Il vit non loin du domicile de Francis Ardanny à qui il voue une admiration sans bornes. En perpétuelle quête de reconnaissance, il n'est pas homme à savoir tenir sa langue.

    Quelques semaines après le crime, lors d'une soirée alcoolisée passée au Couche-Tard, il se vante bruyamment d'être l'auteur du « coup de Belhade ». Horvath lui intime l'ordre de se taire. Trop tard. Le propos ne tarde pas à remonter à l'oreille des enquêteurs.

    « Sur ordre d'Ardanny »

    Placé en garde à vue en mai 1986, Jean-Bernard Barthélémy s'allonge comme un premier communiant et donne aussitôt les noms de ses complices, deux gamins de 20 ans : Pascal Maillet, le fils de sa compagne, et Jean-Pierre Alario, le plongeur du Petit Chef, en rupture de ban avec la communauté des Témoins de Jéhovah à laquelle appartiennent ses parents.

    Nul ne saura jamais exactement qui a fait quoi cette nuit-là au sein de ce trio de paumés. Même s'il est probable que Pascal Maillet, surpris de voir Jean-Claude Bonnefon ouvrir la porte avec un objet tranchant, a tiré le premier.

    « Ardanny nous avait envoyés pour tuer. » Jean-Bernard Barthélémy l'a dit lors de plus de trente auditions. Il le martèle encore devant les jurés. Mais jamais il n'accuse Jean-Jacques Horvath. L'avocat général Gérard Ilbert dépeint pourtant le souteneur comme « le chef d'orchestre » d'une tuerie destinée à éliminer Jean-Claude Bonnefon. Cet ancien buraliste bordelais s'était semble-t-il accommodé dans un premier temps de la présence de plusieurs proxénètes sur le domaine. A-t-il payé de sa vie son souhait de les voir déguerpir ?

    Soudés comme des frères siamois, Francis Ardanny et Jean-Jacques Horvath nient farouchement avoir même voulu chercher à l'intimider. Faire de Belhade un lieu de transit pour les prostituées, le transformer en officine de fausse monnaie ou en parking de passage pour les voitures volées…

    Les hypothèses n'ont pas manqué. Aucune d'entre elles n'a pu être validée par les policiers. Et l'instruction conduite par le juge Christian Vennetier a constamment buté sur le mobile du massacre.

    Pris dans une toile

    L'absence de preuves irréfutables n'empêche pas l'avocat général de bâtir un scénario crédible et de distribuer des rôles conformes au profil des accusés. Prisonniers de leurs personnages peu flatteurs, Ardanny et Horvath sont pris dans une toile dont ils ne peuvent se dépêtrer. Depuis le premier jour du procès, leurs avocats évoluent dans une atmosphère guère propice au doute.

    Les jurés ne posent d'ailleurs aucune question. Me Pierre Blazy, le conseil de Francis Ardanny, les prend à témoin comme on jette une dernière bouée à la mer.

    « Comment accorder du crédit à cet invraisemblable trio de bras cassés qui partent peut-être sans savoir qu'ils vont tuer et tuent sans savoir pourquoi ? Ardanny aurait confié à ces pauvres bougres le soin de régler ces affaires et celles d'Horvath. C'est inepte, insensé.

    Il y a incompatibilité entre son intelligence et cette histoire de cinglés. » Mais ses mots comme ceux de ses confrères, Me Rio, De Caunes, Rumeau, Ducos-Ader, se fracasseront contre la muraille de l'intime conviction.

    Après plus de six heures de délibéré, la sentence tombera comme une massue. Perpétuité pour tout le monde, à l'exception de Jean-Pierre Alario. « Deux innocents », lance Francis Ardanny avant que les gardes ne l'emmènent. « C'est dingue », murmure Horvath.

    Quatre ans plus tard, le second procès ne changera rien ou si peu, malgré la volte-face peu crédible des tueurs qui en feront des tonnes pour dédouaner Horvath et Ardanny. L'épouse de ce dernier, espérant sa libération et venue avec son permis de conduire, repartira avec.

    Le 15 décembre 1985, deux hommes et une femme étaient assassinés dans le relais de chasse incendié de Belhade (40). Deux procès d'assises n'ont pas permis de découvrir le mobile du crime.

     

    sources

    http://guymonsite.e-monsite.com/pages/la-tuerie-de-belhade-garde-sa-part-de-mystere.htmlurces

     

     

     

     

     

     

     

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    L'affaire de la Josacine empoisonnée

    11 juin 1994, une petite fille de 9 ans décède après avoir absorbé de la Josacine...

     


    Mystérieux décès d'une petite fille

    Samedi 11 juin 1994, à l'issue du journal de 20 heures de France 2, un communiqué des laboratoires Bellon indique qu'une fillette est morte par empoisonnement après avoir absorbé l'antibiotique le plus prescrit aux enfants, la Josacine. Il s'agit de la petite Emilie Tanay, 9 ans.

    Ce week-end de juin 1994 a un avant goût de vacance pour les enfants de Gruchet-le-Valasse en Seine-Maritime. L'école du village organise la traditionnelle kermesse de fin d'année scolaire. A cette occasion, Corinne Tanay confie sa fille Emilie aux Tocqueville pour le week-end. Leurs enfants sont dans la même classe. Depuis quelques jours la petite Emilie souffre d'un rhume tenace et sa mère, prévoyante lui laisse un flacon de sirop pour enfants.

    Toute fière de son déguisement de bouffon médiéval, la petite fille passe une excellente journée avec ses camarades de classe. En rentrant chez elle en fin d'après-midi avec les enfants, Sylvie Tocqueville donne une cuillérée de Josacine à Emilie. Soudain l'enfant est prise de malaise et s'effondre, foudroyée en quelques minutes. Les secours ne pouvant que constater son décès.

    Immédiatement, les soupçons se posent sur le flacon d'antibiotique. Par précaution, un communiqué est diffusé à la télévision et le médicament est interdit à la vente. Des milliers de mères inquiètes se débarrassent de leurs flacons.

    L'enquête disculpe très vite le laboratoire puisque, les analyses sont formelles, le poison a été introduit au tout dernier moment, soit dans l'après-midi du 11 juin. L'autopsie du corps de l'enfant révélant des traces de cyanure, l'affaire prend une toute autre tournure.

    La piste criminelle

    Au bout de quelques jours, un homme est suspecté par les enquêteurs. Jean-Marc Deperrois, 43 ans, est un notable du village. Il est le PDG d'une société d'imagerie industrielle, élu au conseil municipal et a des responsabilités dans le milieu associatif local.

    C'est un élément de sa vie privée qui va amener les policiers à s'intéresser à lui. Marié et père de deux enfants, il entretient, depuis plusieurs années, une liaison avec la secrétaire de mairie qui n'est autre que Sylvie Tocqueville.

    Placé sur écoute téléphonique, il reçoit quelques jours après le drame, un appel d'un prénommé Alain. Celui-ci s'inquiète de savoir s'il n'a pas été ennuyé à cause du «produit» qu'il venait de lui acheter. Gêné, Deperrois détourne la conversation mais désormais la police ne va plus le lâcher.

    Identifié, Alain travaille dans un laboratoire de la région parisienne qui a vendu à Deperrois, le 6 mai 1994, un kilo de cyanure de sodium.

    Ces indices concordant font du chef d'entreprise le suspect N°1. Il est incarcéré le 27 juillet 1994.

    L'enquête progresse

    Placé en garde à vue, Jean-Marc Deperrois commence par tout nier, y compris l'existence de son ami Alain et du fameux coup de fil. Mais face aux factures qui lui sont présentées par les enquêteurs il ne peut nier l'évidence.

    A la fin de sa garde à vue il déclare qu'il a bien acheté un kilo de cyanure de sodium pour son entreprise, un mois avant le drame, qu'il s'en est débarrassé dans la Seine, peu de temps après la mort d'Emilie, car il a paniqué en apprenant que la petite avait été empoisonnée par ce type de substance. Cependant il nie être un assassin et prétend avoir menti parce qu'il avait peur.

    Le mobile

    De leur côté, les policiers tentent d'établir le mobile de cet empoisonnement:

    Jean-Marc Deperrois, est fou amoureux de sa maîtresse, Sylvie Tocqueville. Il souhaite refaire sa vie avec elle, mais elle n'a pas les mêmes projets que lui. Elle tient à son mari, Jean-Michel, dépressif chronique qui souffre, parfois, de tachycardie.

    Or ce samedi 11 juin 1994, Sylvie lui raconte que son mari a encore fait une crise de tachycardie dans la nuit et qu'il doit prendre des médicaments pour se soigner. Profitant de la kermesse, Deperrois s'introduit chez les Tocqueville dans le but de supprimer son rival, Jean-Michel. Mais il se trompe de médicament et verse son poison dans le flacon de Josacine de la petite Emilie avec les conséquences que l'on sait.

    Eléments à charge

    Afin d'accréditer cette thèse, les enquêteurs se basent sur plusieurs éléments accablants Deperrois.

    L'analyse du cyanure retrouvé dans le flacon d'antibiotique démontre que les impuretés relevées proviennent du lot B 062 distribué par la société Prolabo en mai 1994. L'échantillon acheté par Deperrois à la même époque, de surcroît sous une fausse identité, provient justement de ce lot. En outre il est la seule personne a avoir acheté ce produit en mai 1994 en Seine-Maritime.

    Pour justifier cet achat il affirme avoir voulu réaliser des tests de matification des métaux. Questionnés à ce sujet, des spécialistes jugent cette procédure expérimentale assez hasardeuse. Toutefois, Deperrois est un autodidacte et en aucun cas un ingénieur chimiste.

    Ce qui est plus ennuyeux pour sa défense c'est qu'il s'est débarrassé du cyanure dans la Seine alors que la cause exacte du décès d'Emilie Tanay n'était pas encore établie.

    Le 31 août 1994, un nouveau témoignage vient confirmer l'hypothèse de la police. Les époux Madeleine, voisins immédiats des Tocqueville, affirment avoir vu le jour de la kermesse, Jean-Marc Deperrois sortir de la salle à manger des Tocqueville en leur absence, fermant la porte-fenêtre avec une clef. Ils précisent même qu'il portait des gants «beiges, transparents, resserrés au poignet, comme des gants de chirurgien».

    Après vérification, les enquêteurs trouvent chez les Deperrois des gants identiques à la description de Mme Madeleine. Ils découvrent aussi que, des trois clefs de la porte-fenêtre des Tocqueville, une a bien disparu.

    La défense contre-attaque

    Pour Maître Libman, le défenseur de Jean-Marc Deperrois, le mobile du crime ne tient pas debout. Selon lui, la liaison entre son client et Sylvie Tocqueville n'était pas aussi passionnée que l'on a voulu le faire croire.

    Pour preuve, Jean-Michel Tocqueville lui-même prend la défense de l'amant de sa femme face aux caméras des journalistes. Il leur explique que leur liaison ne lui a évidemment pas fait plaisir mais qu'ils se sont expliqués d'homme à homme et sont restés bons amis.

    De plus un important comité de soutien en faveur de Deperrois se créé dans le village, criant à l'erreur judiciaire.

    La défense de Maître Libman se base aussi sur le témoignage du Docteur Vue, le médecin des Tanay qui raconte aux enquêteurs avoir reçu Corinne Tanay et Sylvie Tocqueville en consultation trois jours après le décès d'Emilie.

    A cette occasion la mère de la victime lui aurait confié avoir remarqué l'aspect anormal du sirop antibiotique pendant sa préparation: effervescence, grumelage, petites précipitations, mauvaise odeur.

    Si tel est le cas, cela signifie que Jean-Marc Deperrois ne peut pas avoir préparé le poison qui aurait été introduit dans le flacon d'antibiotique avant son arrivée chez les Tocqueville.

    Le procès

    Le procès très médiatique de l'affaire de la Josacine s'ouvre le 2 mai 1997 à la cour d'assises de Rouen.

    Au cours de l'audience, l'exposé des résultats des analyses fait forte impression aux jurés et discrédite le témoignage du docteur Vue.

    En effet les expériences montrent que l'aspect du médicament décrit au médecin par Corinne Tanay (Qu'elle va d'ailleurs nier au cours du procès) ne peut s'observer que plusieurs heures après sa préparation qui consiste à diluer de la poudre jaune dans de l'eau minérale.

    Par ailleurs le poison n'a pas pu être introduit au moment de la mise en flacon dans le laboratoire car dans ce cas la poudre jaune aurait "caramélisé" compte tenu de la concentration en cyanure relevée par les experts.

    Le poison n'a pas non plus été versé au moment de la préparation de la solution. Les analyses ont trouvé une très riche concentration en zinc, signe que l'eau ayant servi à la dilution du poison provenait de vieilles canalisations. Or ces caractéristiques sont incompatibles avec l'eau prélevée au robinet des Tanay. Par contre l'un des robinets de l'entreprise de Jean-Marc Deperrois présente des taux de zinc semblables.

    En dépit de la présence de son comité de soutien et de plusieurs témoignages en sa faveur, Jean-Marc Deperrois est condamné le 24 mai 1997 à 20 ans de prison ferme.

    Menaces et insultes

    A l'issue du verdict, les amis du condamné laissent éclater leur colère. C'est sous leurs insultes et leurs menaces et sous escorte policière que les parents de la victime quittent le palais de justice.

    Depuis la condamnation de Deperrois deux clans s'affrontent à Gruchet-le-Valasse. D'un côté les partisans de son innocence, rejoints par des artistes et des notables de la région. De l'autre les parents d'Emilie et une petite poignée de fidèles.

    Les tensions sont telles que les Tanay sont obligés de quitter la région quelques mois pour échapper aux ragots.

    Pour situer le niveau de violence et de harcèlement que subissent les Tanay voici quelques extraits d'une lettre anonyme qu'ils ont reçue le jour de la Sainte-Emilie:

    «Ordures vivantes... parasites... salope, sale putasse... je sais où vous joindre, je ne vous lâcherai plus...Votre place est sous terre, même pas au cimetière mais dans une fosse à purin… La vermine... votre putain d'Emilie... est crevée depuis juin 1994, les asticots ont dû la bouffer.»

    Toutes les demandes de libération anticipée effectuées par l'avocat de Deperrois depuis sa condamnation ont été rejetées.
    article écrit le 10 aout 2005 par Mr MICHEL
     
     
     
     
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    Faites entrer l'accusé
    Jean Paul Leconte - Le tueur de la Somme

     

     

     

     

     

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     Suzanne de Canson, l'héritière dépouillée

      

      

    Suzanne de CANSON, l'héritière des "Papiers Canson"..

     

     

    Héritière d’une fortune colossale et d’oeuvres d’art d’une valeur inestimable, Suzanne Barou de la Lombardière de Canson a mené une existence surprenante qui l’a conduite à une fin tragique. A 18 ans, alors qu’elle vient tout juste de se marier avec un cousin germain, elle le quitte pour une femme de dix ans son aînée, Laurence Paul. Nous sommes en 1928 et son homosexualité la marginalise au sein de son milieu, mais aussi de sa famille, les richissimes Canson, dont le nom est celui du célèbre papier à dessin.

     

    Une grande partie de sa vie, Suzanne de Canson a vécu libre de toute contrainte, grâce au soutien financier de son père puis, après sa mort, en 1958, en revendant son héritage au gré de ses besoins. Composé principalement de toiles de maître et d’antiquités de grande valeur, il attirait les convoitises des rares personnes faisant partie de son entourage, mais pas seulement. L’art est un petit milieu où tout le monde se connaît et où tout se sait. Quand on apprend qu’un Murillo, « le Gentilhomme sévillan », fait partie du patrimoine de Suzanne de Canson, des acquéreurs se manifestent.

     

     

    En 1981, Pierre Rosenberg, qui fut conservateur au Louvre avant d’en devenir le président, lui adresse un courrier pour lui proposer de vendre ce tableau au musée.

      

    Celle-ci avait alors refusé parce qu’elle ne tenait pas les gens qui travaillaient pour le Louvre en haute estime. Sa soeur Jeanne Deschamps affirme qu’elle les considérait comme des malfrats. L’enquête d’Anne Gautier nous relate deux affaires en parallèle : celle concernant le dépouillement de la fortune de Suzanne de Canson par sa compagne, Joëlle Pesnel, et celle de son décès, en 1986, dans des circonstances particulièrement sordides (elle sera séquestrée et privée de nourriture jusqu’à ce qu’elle meure des suites des traitements ignobles qu’elle a subis).

      

    Témoignages et documents d’archives viennent éclairer cette ténébreuse affaire qui mêle argent, violence et trafic d’oeuvres d’art. Quant au tableau de Murillo, aujourd’hui nommé « Portrait de Fernandez de Velasco », il est exposé au Louvre. Au premier étage de l’aile Denon, salle 26.

     

    Tobias Géniès

      

    Suzanne Barou de la Lombardière de Canson :

    l’héritière du fameux papier à dessin "Canson".

     

    Une femme très riche, qui menait grand train, forte des toiles de maîtres, et des oeuvres d’art que son père lui avait léguées. De palace en palace, de la Côte d’Azur aux rives du lac Léman, elle vivait de ses rentes, gageant ou vendant ses biens, au gré de ses besoins. Mais un jour, Le Gentilhomme sévillan de Murillo, l’un des fleurons de sa collection, s’est retrouvé au catalogue du plus célèbre marchand d’art londonien, et le tableau est entré au Louvre…

     

    Une opération que Suzanne Barou de la Lombardière n’aurait jamais autorisée de son vivant.

     

    C’est ce qui a alerté l’un de ses amis. De fait, la vieille dame ne risquait pas de vendre son tableau : elle était morte ! Affamée et maltraitée, par une ex Miss Toulon qui lui volait peu à peu toutes ses oeuvres.

     

    Quand Jeanne Deschamps apprend la mort de sa soeur, Suzanne Barou de la Lombardière de Canson, celle-ci est déjà incinérée depuis plusieurs mois. L’antiquaire suisse, qui l’appelle pour lui annoncer cette mauvaise nouvelle, était un ami de Suzanne. Et il l’alerte car selon lui, quelque chose ne tourne pas rond : Suzanne est morte de la gangrène. Une maladie rarissime en 1987... et le Louvre vient d’acquérir Le Gentilhomme sévillan de Murillo.

     

     

     

     

    Une toile que Suzanne refusait de céder au prestigieux musée. Que s’est-il passé pendant les derniers mois de la vie de Suzanne ?

     

    Jeanne Deschamps consulte un avocat qui dépose tout de suite plainte pour vol et non-assistance à personne en danger. Les gendarmes d’Aix-en-Provence sont saisis.

     

    Et petit à petit, l’enquête de routine gagne de l’épaisseur. L’antiquaire suisse leur explique que madame de Canson était passée le voir peu de temps avant sa mort.

     

    Elle était accompagnée d’une femme, artiste peintre, Joëlle Pesnel, et d’un avocat toulonnais, Me Boissonnet.

     

    Deux personnes qui avaient fait fort mauvaise impression à l’antiquaire. C’est sous leur influence que madame de Canson semblait avoir décidé de lui retirer les toiles alors qu’elle l’avait auparavant chargé de vendre. Parmi elles, Le Gentilhomme sévillan.

     

    Et quand, un an plus tard, Louis Cellotti a reconnu le Murillo dans le catalogue de Christie’s, il n’en a pas cru ses yeux. Le tableau n’appartenait plus à Suzanne, mais à une certaine Jeanne Chappuis, décédée à Genève en 1979. Le catalogue Christies estimait le tableau à 10 millions de francs. Mais curieusement, le marchand d’art a renoncé à la vente et cédé l’oeuvre au Louvre à moitié prix…

     

    Les enquêteurs découvrent que Jeanne Chappuis, la vendeuse "officielle", n’est autre que la grand-mère de Joëlle Pesnel, la dame de compagnie de madame de Canson.

    Une ex miss Toulon, qui signe ses toiles sous le nom de Candice Kandy ! Une femme dont personne, dans l’entourage de Suzanne, n’a jamais entendu parler…

     

    Pour les gendarmes, aucun doute, la succession Chappuis a été créée pour spolier la vielle dame. Reste à le prouver. Ils s’intéressent donc à cette Joëlle Pesnel et découvrent qu’en 1985, elle a vécu plusieurs mois au Grand Hôtel de Toulon avec madame de Canson.

     

    A partir de cette date, Suzanne n’a plus donné signe de vie à ses proches et son état n’a cessé de se dégrader. D’ordinaire assez coquette, elle apparaissait alors négligée, amaigrie.

     

    Jusque là intraitable en affaires, elle était devenue craintive et se reposait aveuglément sur sa dame de compagnie et son conseil, Me Boissonnet. Au personnel du Grand Hôtel, Suzanne a confié que madame Pesnel "lui faisait des misères". Mais à l’époque, personne n’a pris au sérieux les élucubrations d’une vieille dame.

     

    Du coup, sa mort, quelques mois plus tard dans la villa de Joëlle Pesnel et dans des conditions sanitaires étranges, trouble les enquêteurs. Ils perquisitionnent la maison, et placent Joëlle Pesnel en garde-à-vue, avant de l’écrouer pour vol, faux et usage de faux ainsi que non-assistance à personne en danger.

     

    Les aide-ménagères, qui ont travaillé chez Joëlle Pesnel, décrivent en effet des scènes de vie épouvantables : Suzanne de Canson séquestrée dans une chambre avec un simple matelas.

     

    Une femme que Joëlle Pesnel lavait au détergeant. Squelettique, affamée, il arrivait à la vieille dame de manger ses excréments ! Mais les services sociaux n’ont rien vu.

     

    Décrite comme une manipulatrice, faussaire à ses heures perdues, Joëlle Pesnel, qui prétendait s’occuper d’une vieille tante à la rue, a bluffé tout le monde. Son tempérament de feu suscitait autant de crainte que de sympathie.

     

    Pour autant, les enquêteurs ne croient pas qu’elle ait pu monter cette captation d’héritage toute seule.

     

    Me Boissonnet est lui aussi inculpé pour non-assistance à personne en danger. Et le témoignage d’une ancienne secrétaire les met sur une nouvelle piste.

     

    Celle d’un ténor du barreau, spécialiste des successions prestigieuses, Maître Paul Lombard. L’avocat est soupçonné de complicité de recel, et usage de faux en écritures. Dans la foulée, la justice inculpe aussi Pierre Rosenberg, conservateur au musée du Louvre, pour complicité de recel.

     

    L’affaire prend alors une dimension nationale. Les médias s’emparent de l’histoire. Le Canard enchaîné s’interroge : "Un avocat du calibre de Me Lombard pouvait-il ignorer que la succession Chappuis n’était qu’un grossier montage ?" La justice tranche finalement en faveur de l’avocat et de sa collaboratrice qui bénéficient d’un non-lieu. Tout comme Pierre Rosenberg, le conservateur du Louvre. Mais Joëlle Pesnel et Robert Boissonnet, eux, n’échappent pas à la condamnation. La dame de compagnie est accusée de vol, faux en écriture, extorsion de signatures et séquestration. L’avocat, de faux, escroquerie et non assistance à personne en danger. Ils comparaissent en octobre 1991 devant les assises du Var à Draguignan.

     

    Elle prend 13 ans de réclusion criminelle. Me Boissonnet écope de 4 ans dont un avec sursis. Quant au Gentilhomme sévillan, il est toujours exposé au Musée du Louvre. 1er étage. Salle 26.

     

    http://teleobs.nouvelobs.com/la-selection-teleobs/20130327.OBS5837/suzanne-de-canson-l-heritiere-depouillee.html

     

     

     

     L'héritière du célèbre papetier suisse

    L'héritière du célèbre papetier suisse

    Suzanne Barou de la Lombardière de Canson, héritière du fameux papier à dessin Canson, menait grand train, notamment grâce aux toiles de maîtres léguées par son père.

     

     

    L'édito de Jacques Pradel

    L'édito de Jacques Pradel


    Bonjour à tous ! A la une de L’heure du crime, une sordide affaire de captation d’héritage qui a fait périodiquement la une de l’actualité entre 1987 et 1991.

    Au centre de cette histoire « digne de la série noire », une veille dame fantasque et pittoresque, Suzanne de Canson, héritière du fameux papier qui portait le nom de sa famille.

    Elle avait hérité de son père une collection où se mêlaient les signatures de Van Dyck, Titien, Watteau, Rembrandt et Murillo, entre autres.

    Suzanne de Canson a fini sa vie maltraitée et séquestrée, dans une villa du midi, par une ancienne tenancière de bar de nuit à Toulon, le Kandice Bar. C’est cette femme, qui se disait aussi peintre et amateur d’art, qui a vendu au Musée du Louvre le tableau de Murillo qui a déclenché l’affaire.

    Mon invité, Jean-Claude Larrivoire, dont les auditeurs d’RTL ont écouté les journaux pendant des années, s’est passionné pour cette affaire incroyable, dont il a suivi le procès qui devait valoir 13 ans de réclusion criminelle à Joëlle Pesnel, pour faux, usage de faux , séquestration, extorsion de signature et non-assistance à personne en péril…


    Jacques Pradel

     http://www.rtl.fr/emission/l-heure-du-crime/billet/jeudi-4-juillet-l-affaire-suzanne-de-canson-7762810163

     

     Une ténébreuse affaire

     

    Cinq années d'enquête ont été nécessaires à Mark Hunter, journaliste américain, déjà auteur d'une biographie de Jack Lang (« Les jours les plus Lang »), pour mener à bien « Le destin de Suzanne ». Un ouvrage brûlant, passionnant, qui raconte par le menu la fin de vie dramatique d'une vieille dame riche de quelques très beaux tableaux.

     

    « Les histoires où toutes les couches de la société se rencontrent sont rares », explique Mark Hunter, citant Tom Wolfe. Peu de gens, en effet, sont épargnés par un auteur qui a enquêté aussi bien dans le monde feutré du commerce d'art et des musées nationaux que dans les franges du milieu toulonnais. Il raconte, jour après jour, sur un rythme de thriller, l'enquête d'un petit juge confronté aux « puissants ». Une plongée passionnante dans la France des années 80. Entretien.

     

    Le Point :Le destin de Suzanne, c'est quoi ?

     

    Mark Hunter : C'est l'histoire d'une vieille dame d'origine aristocratique - Suzanne de Canson - qui va mourir parce qu'elle possède des tableaux très rares, très convoités. Une vieille originale qui, malgré cet héritage de son père, n'a plus de domicile depuis longtemps et traîne avec ses Murillo et ses Watteau sous le bras d'hébergement en hébergement. Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981, elle s'affole et passe les tableaux en Suisse. Sans autorisation, bien sûr. A un douanier qui s'inquiète des rouleaux qu'elle dissimule vaguement, elle rétorque vertement. « Vous n'allez pas ennuyer une vieille dame qui transporte de la toile cirée... » Finalement, le joyau de sa collection, le « Gentilhomme sévillan », de Murillo, se retrouve un jour au catalogue des ventes de Christie's.

     

    Le Point :La vieille dame n'est pas seule ?

     

    M. H. : Elle est tombée, au début des années 80, entre les mains d'une ex-tenancière de bar toulonnais, Joëlle Pesnel, qui l'héberge et espère profiter de l'héritage grâce à des faux confectionnés par un avocat local. Un homme en qui Suzanne de Canson a une grande confiance...

     

    Le Point :Jusque-là, rien de très original ?

     

    M. H. : Sauf que la vieille dame finit par mourir de faim dans la chambre où Joëlle Pesnel la séquestre. Cette dernière quitte fréquemment son domicile pour tenter de vendre les tableaux, et néglige de nourrir régulièrement Suzanne. La vieille dame, qu'elle fait passer pour une tante un peu folle, finit par mourir en septembre 1986. Les témoins qui l'ont aperçue dans les derniers mois dépeignent un spectacle apocalyptique : devenue incontinente, la vieille dame se nourrit quelquefois de ses propres déjections...

     

    Le Point :Un « petit juge », comme vous l'appelez, le juge Jean-Pierre Bernard, finit par s'intéresser à l'affaire ?

     

    M. H. : Suzanne de Canson a une soeur qui porte plainte après sa disparition. Le juge Bernard instruit alors une affaire qui le conduit rapidement à enquêter chez des vedettes de l'establishment : Président directeur du Louvre, Pierre Rosenberg, qui incarne la protection du patrimoine national, et un avocat de renom qui guigne alors l'Académie française, Paul Lombard. Pierre Rosenberg, « le » conservateur vedette des Musées nationaux, sera inculpé, ainsi que Paul Lombard. Tous deux bénéficieront finalement d'un non-lieu, mais, à l'époque, à l'automne 1988, le scandale dans la République est considérable.

     

    Le Point :Qu'est devenu le Murillo ?

     

    M. H. : Il a fini dans les collections du Louvre, qui l'a accroché dans les salles de ses collections espagnoles.

     

    Le Point :A-t-il été acheté de façon tout à fait régulière chez Christie's ?

     

    M. H. : Oui, mais il a été « négocié » par les Musées français à la moitié de sa valeur environ. N'oubliez pas que le tableau était sorti de France sans autorisation officielle. Alors, quel grand musée dans le monde allait risquer de se brouiller avec le Louvre et les Musées nationaux en achetant le tableau ?

     

    Le Point :Que voulez-vous dire ?

     

    M. H. : Précisément, qu'aucun grand marchand, qu'aucun grand musée ne va prendre le risque de contrarier le Louvre. Dans mon livre, je raconte l'histoire de la « Madone à l'escalier », un chef-d'oeuvre de Poussin lui aussi sorti illégalement du territoire français et acheté de façon tout à fait régulière, aux Etats-Unis, par le Musée de Cleveland pour environ 13,2 millions de francs. Le Louvre et les Musées nationaux ont aussitôt fait savoir qu'ils cessaient toute collaboration avec le musée américain.

     

    Pour ce dernier, cela veut dire moins d'expositions d'envergure montées, comme presque toutes les grandes manifestations de ce type, en association avec les Musées français, celles qui assurent à un musée le prestige... Le directeur du Musée de Cleveland a même été inculpé en France de « complicité de fraude à l'exportation ». Et averti que, s'il s'avisait de pénétrer sur le territoire français, il serait arrêté...

     

    Aujourd'hui, la « Madone », qui a figuré à l'exposition Poussin, est accrochée, pour vingt-cinq ans, en alternance à Cleveland et au Louvre. Avant de revenir définitivement au musée américain...

     

    Le Point :Cela se passe de la même façon pour le « Gentilhomme sévillan » ?

     

    M. H. : Quand Pierre Rosenberg et d'autres remarquent la toile, connue des services du Louvre - elle est même passée par les laboratoires de Magdeleine Hours et a laissé une trace dans les dossiers - ils n'ont qu'une idée, la faire rentrer en France. En accord avec sa direction, Pierre Rosenberg se rend donc à Londres, et commence à faire pression sur Christie's, qui n'est qu'intermédiaire dans l'affaire. Dans les formes, le tableau appartient à Mme Pesnel.

     

    La vieille maison de King Street, qui a versé 620 000 francs d'avance à Joëlle Pesnel, veut, évidemment, le vendre le plus cher possible. La commission est au pourcentage... Mais pas moyen pour Christie's d'éviter de le céder aux Musées nationaux, qui sont loin de disposer de moyens illimités, comme le Getty de Los Angeles, pour ne citer qu'un musée américain. En d'autres circonstances, Christie's aurait pu espérer le vendre pour au moins 9 millions de francs sur un marché en pleine flambée.

     

    Le Point :Le Louvre réussit cependant le tour de force de l'acquérir pour 5 millions de francs...

     

    M. H. : C'est ici qu'intervient Paul Lombard, grand maître du barreau, protégé de Gaston Defferre, à un moment où le ministre de la Culture s'appelle Jack Lang. Lombard arrange un entretien avec le Louvre.

     

    Fin renard, le directeur des Musées de l'époque, Hubert Landais, sait tirer avantage de la situation. Il offre 5 millions de francs. Christie's et Paul Lombard ne protestent pas. Le Louvre accroche le tableau dans les salles de la collection espagnole. Il est aujourd'hui toujours propriétaire du tableau.

     

    Le Point :Il en fait l'acquisition du vivant de Suzanne de Canson ?

     

    M. H. : Oui, mais sans avoir vu de titre de propriété ! Quelques semaines plus tard, Joëlle Pesnel devient la bénéficiaire d'un testament authentifié dans des conditions douteuses. La présence, lors de la vente, de plusieurs hommes de loi comme conseils de Joëlle Pesnel a certainement dû rassurer les futurs acquéreurs. Pesnel sera finalement condamnée à treize ans de prison par le tribunal de Toulon. Mais, entre-temps, le « petit juge » a dû abandonner l'instruction. Il a été muté de Toulon à Lille...

     

    Le Point :La morale de cette histoire ?

     

    M. H. : C'est une histoire très évocatrice des années 80. Des conservateurs sont chargés par le président de la République de bâtir le plus beau et le plus grand musée du monde dans l'enceinte même du palais royal de jadis, le Louvre. En voulant accroître le patrimoine national, ils ont été tentés, de plus en plus, de recourir aux méthodes qui régissent le secteur privé. Comme disait le successeur d'Hubert Landais, Olivier Chevrillon, lorsque vous achetez un fauteuil chez un antiquaire, est-ce que vous vous préoccupez de savoir s'il a été volé dans un château d'Anjou ?

     

    Cette attitude est typique de l'époque. Comme on le sait, beaucoup d'hommes politiques se sont permis des écarts... dans l'intérêt du peuple.

     

    Le Point :La volonté des conservateurs de s'ériger en protecteurs forcenés du patrimoine semble incongrue à un citoyen américain ?

     

    M. H. : L'idée selon laquelle la France, à l'heure actuelle, serait pillée sans contrepartie me trouble. A une époque de mondialisation, si la France bénéficie à l'étranger de ce préjugé si favorable de nation dotée d'une grande culture et d'un patrimoine artistique formidable, c'est aussi parce que des citoyens américains, ici ou là, dans des musées de San Francisco ou de Washington, peuvent voir des toiles de Georges de La Tour ou de Manet.


    http://www.lepoint.fr/actualites-litterature/2007-01-16/une-tenebreuse-affaire/1038/0/4682

     

     

      

     

      

    Affaire Canson: le Louvre veut garder le «gentilhomme».

     

     

     

     

    Le Gentilhomme sévillan faisait partie de l'héritage «capté» par la dame de compagnie de Suzanne de Canson. L'opération avait valu à Rosenberg une inculpation de recel en 1988. Les héritiers avaient alors renoncé à faire appel du non-lieu prononcé le 4 juillet 1990 en faveur du conservateur en échange d'un «arrangemenent». Me François Massot, leur avocat, a confirmé à l'agence France-Presse qu'une assignation a été envoyée le 18 septembre au Tribunal de grande instance de Paris «car le Louvre n'a pas l'air de vouloir honorer l'arrangement» en question.

    La Direction des Musées de France n'a, pour le moment, pas fait de commentaires. Selon Me Massot, l'ancien avocat des héritiers, Me Edgar Vincensini, leur avait écrit il y a cinq ans pour «confirmer que Me Jean-Denis Bredin, ancien défenseur du Musée du Louvre, détenait une lettre du Directeur des Musées de France promettant la restitution du tableau de Murillo contre remboursement du prix d'acquisition, augmenté des intérêts de retard».

      

      

    Selon les héritiers, cités par Le Monde, l'accord avec la Direction des Musées de France à la suite de ce non-lieu était ainsi libellé: «Les héritiers renonçaient à leurs poursuites tandis que le Louvre s'engageait à restituer le tableau contre remboursement du prix d'acquisition, soit un peu plus de 5 millions de francs. Il était spécifié que la restitution se ferait le jour où la culpabilité de Joëlle Pesnel et la qualité d'héritière de Jeanne Deschamps seraient établies».

      

      

    Me Massot rappelle que ces deux conditions sont remplies depuis respectivement octobre 1991 et mai 1994, et «qu'il faut obtenir la restitution au propriétaire du tableau de Murillo».

    (D'après AFP)

     

     http://www.liberation.fr/culture/1995/09/27/affaire-canson-le-louvre-veut-garder-le-gentilhomme_145415

     

     

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    L’affaire Seznec est une affaire criminelle dans laquelle Guillaume Seznec a été reconnu coupable du meurtre de Pierre Quéméneur. Le jugement a fait l’objet de plusieurs demandes de révision qui ont toutes été rejetées.

     

      

      

    L'affaire

    Joseph Marie Guillaume Seznec, né le 1er mai 1878, à Plomodiern, dans le Finistère, maître de scierie à Morlaix, a été reconnu "coupable de faux en écriture privée et du meurtre de Pierre Quéméneur", conseiller général du Finistère. Ce dernier a disparu durant un voyage d'affaires effectué entre la Bretagne et Paris avec Guillaume Seznec, voyage lié (selon ce dernier) à la vente à l'Union soviétique des stocks de voitures Cadillac rétrocédés à la France par l'armée américaine

    après le premier conflit mondial.

    Guillaume Seznec

    Étant la dernière personne à avoir vu Quéméneur vivant (selon une première enquête), Guillaume Seznec devint le principal suspect : il fut arrêté, inculpé et incarcéré ; et ce, bien que plusieurs témoins aient affirmé lors du procès avoir croisé Pierre Quéméneur après sa disparition, et que son corps n'ait jamais été retrouvé.

    Le procès de Seznec, au cours duquel près de 120 témoins furent entendus, dura huit jours et prit fin le 4 novembre 1924. L'accusé fut alors reconnu coupable, mais, la préméditation étant écartée, il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité alors que l'avocat général avait demandé la peine de mort.

     

    Il fut ensuite conduit au camp de la Transportation de Saint-Laurent-du-Maroni en 1927, puis transféré au bagne des Îles du Salut en Guyane française en 1928. Plusieurs ouvrages témoignent de la dureté du bagne entretenu par la république française en Guyane (Albert Londres ; Au bagne. Claude Sylvane ; Notre bagne. Denis Seznec ; Seznec, le bagne ; Laffont. L'affaire Seznec en photos des assises au bagne ; Laffont).

     

    Guillaume Seznec a refusé une grâce présidentielle en 1933.

     

    Après la Seconde Guerre mondiale et la fermeture du bagne de Guyane, Guillaume Seznec bénéficie d'une remise de peine en mai 1946, il rentra en France métropole l'année suivante.

     

    En 1953, à Paris, il fut renversé par une camionnette qui prit la fuite. Retrouvé, son chauffeur prétendit qu'il n'avait rien vu.

     

    Guillaume Seznec mourut le 13 février 1954 des suites de ses blessures et sa dernière phrase a été "maman, on m'a trop fait souffrir".

     

      

    Chronologie et résultats de l'instruction de l'époque

    La chronologie des événements

    Le 25 mai 1923, après avoir passé la nuit à l'« hôtel de Paris », à Rennes, Guillaume Seznec et Pierre Quéméneur prennent la route de Paris à bord d'une voiture de marque Cadillac. Selon Seznec, Quéméneur doit rencontrer le lendemain à huit heures un certain Chardy ou Sherdly, premièrement Charley. Quéméneur avait indiqué à sa famille qu'il serait de retour le 28 mai. Au bout de quelques jours, la famille Quéméneur s'inquiète et va trouver Seznec pour lui demander des nouvelles. Il leur répond que, à la suite d'une panne de voiture, il a laissé Quéméneur à la gare de Dreux, où celui-ci a pris le train pour Paris. Il raconte ses ennuis successifs avec la cadillac qui devait être la première livrée à Charley.

    Le 13 juin, un télégramme signé Quéméneur est envoyé du Havre, principal port de départ vers l'Amérique avec le texte suivant : « Ne rentrerai Landerneau que dans quelques jours tout va pour le mieux - Quéméneur ». Le 20 juin, un employé de la gare du Havre, Joseph Hélonis, découvre une valise – « j'ai remarqué que la valise avait été fracturée » – écrira-t-il dans sa déclaration, avec des papiers au nom de Quéméneur et en informe sa famille.

    Le 22 juin, une instruction pour disparition suspecte est ouverte à Brest. Dans le cadre de cette instruction, la valise est saisie. Elle contient notamment une promesse de vente dactylographiée (ce qui à l'époque est rare) portant sur une vaste propriété avec manoir situé à Traou-Nez sur la commune de Plourivo près de Paimpol, appartenant à Quéméneur, au bénéfice de Seznec et pour une somme de 35 000 francs de l'époque, soit 33 500 euros (valeur 2009), sans rapport avec le prix d'un tel bien, mais que Quémeneur avait néanmoins acquis 3 ans plus tôt pour la somme de 25 000 francs, ce qui n'est donc pas si étonnant (cette propriété sera vendue 155 000 francs en 1925).

    Le 26 juin, Seznec est entendu par les gendarmes. Il explique que cette promesse de vente a été rédigée par Quéméneur et lui a été consentie contre la remise de 4 040 dollars-or qu'il venait de changer à Brest, les 35 000 francs ne représentant que le solde du prix de vente. Cette remise a eu lieu sans témoin. Selon Seznec, Quéméneur aurait eu besoin de liquidités pour traiter l'affaire des Cadillac qui l'appelait à Paris ; Seznec n'en sait pas plus, car, dit-il, dans l'affaire, son rôle s'est limité à recevoir pour Quéméneur des courriers adressés sur des enveloppes à en-tête de la chambre de commerce américaine de Paris. Mais ainsi Seznec pouvait faire d'une pierre deux coups : aider Pierre Quémeneur et se rendre propriétaire de la maison que Pierre Quémeneur lui avait déjà fait visiter.

    Il raconte le détail du voyage vers Paris, et comment, la voiture tombant régulièrement en panne, il ne pouvait pas décemment la laisser à Charley, il a dû laisser Quéméneur à Dreux et est rentré à Morlaix où il l'a portée au chauffeur de son camion, M. Sansom, qui réparait gratuitement les voitures de Seznec, c'était son métier.

     

     

    Le résultat de l'instruction de l'époque

    Comme huit témoins ont vu Seznec et Quéméneur ensemble à Houdan, à 60 km de Paris ; ils ont repris la route ensemble. Quéméneur n'a donc pas quitté Seznec à Dreux, mais bien à Houdan. Pourtant Seznec affirme qu'il y avait un café dans la cour de la gare, et un poteau métallique devant ledit café où la voiture s'est heurtée, ce qui a réveillé Seznec. Et cette description correspond à la gare de Dreux. Mais les policiers qui veulent en finir au plus vite, suggèrent très fortement à Seznec qu'il était à Houdan.

    Un témoin a vu Seznec seul au volant de sa voiture, au petit matin du jour suivant, à La Queue-lez-Yvelines, à 15 km d'Houdan sur la route de Paris. Ce témoin l'a aidé avec sa voiture en panne. Seznec reconnait ce fait.

    L'épouse de Seznec confirme que son mari a quitté son domicile le 12 juin en voiture. M° Bienvenu, avocat à la cour de Rennes, déclare au commissaire de police que Seznec, le 13 juin au matin était chez lui. Le 14 juin, Seznec est à Plouaret, une veuve et son fils l'ont vu prendre son camion.

    Selon plusieurs témoins, Seznec aurait été aperçu au Havre le 13 juin, jour de l'envoi du télégramme signé Quéméneur depuis cette ville. Il y aurait acheté la machine à écrire qui a servi à taper la promesse de vente. Cinq témoins ont confirmé ces faits. Il aurait utilisé un nom d'emprunt lors de ce séjour. Mais ils parlent d'un homme qui a les mains velues, et Seznec suite à un incendie a les mains dépourvues de poils.

    D'après la police, Seznec aurait été vu le même jour à la

    gare de Paris-Montparnasse à Paris, à 21 heures, où il prenait le train pour Plouaret. Seznec nie en bloc.

    Le 14 juin au petit matin, il aurait récupéré sa voiture à Plouaret, soit dans l'heure qui a suivi l'arrivée du train où il aurait été vu la veille.

    La police finit par découvrir le 6 juillet la machine à écrire ayant servi à rédiger les promesses de vente au cours de la troisième et illégale perquisition dans la scierie de Seznec. Perquisition improvisée après un coup de téléphone d'un anonyme, qui indiquait l'endroit exact de la machine à écrire – endroit déjà fouillé auparavant sans résultat.

    Des experts examinent la machine. Ils concluent qu'elle a bien servi à rédiger les promesses de vente (dont l'une aurait été remise par Seznec aux policiers parisiens, mais ce n'est pas la même) et que les mentions manuscrites prétendues écrites par Quéméneur sont en fait fausses.

    Dans la valise récupérée au Havre, il y avait également un carnet de dépenses, mentionnant notamment des billets de train Dreux-Paris et Paris-Le Havre, avec des prix erronés.

     

     

    Tentative de révision du procès

    Durant tout son procès et pendant les années qui lui restent à vivre, Seznec ne cessa de clamer son innocence. Ses descendants, et notamment son petit-fils Denis Le Her-Seznec (Denis Seznec), ont régulièrement sollicité la justice pour rouvrir le dossier, afin de le blanchir des accusations portées contre lui et obtenir sa réhabilitation.

    Afin de soutenir cette action, Denis Seznec, ses proches et ses sympathisants ont fondé à Paris en 1995 France Justice, association sous la loi de 1901. Cette association est membre du Comité français des organisations non gouvernementales (ONG) auprès de l'ONU.

    L'action efficace de France Justice (relayée par les médias) est à l'origine de la loi du 23 juin 1989 dite "loi Seznec", votée à l'unanimité au Parlement (fait rare). Elle modifie la procédure de révision des cas jugés en assise. Pour cela il faut « des faits nouveaux mettant en doute la culpabilité. » Signalons que sur les 2000 affaires ayant donné lieu à une procédure de révision, deux tiers ont été rejetées et le dernier tiers a été débouté.

    La notoriété de France Justice lui a permis d'attirer des personnalités : avocats célèbres, des parlementaires, le chanteur Yves Duteil (descendant du capitaine Dreyfus) et quelques-uns des innocentés comme Patrick Dils ou ceux innocentés lors du procès dit d'Outreau (Alain Marécaux, ...)

    Pour réhabiliter Guillaume Seznec quatorze demandes ont été examinées par la justice et ont toutes été rejetées.

     

     

    Monsieur SEZNEC à son retour du bagne, avec ses petits enfants

      

    La commission de révision des condamnations pénales a accepté, le 11 avril 2005, de rouvrir le dossier de la condamnation pour meurtre de Guillaume Seznec[2]. Cette décision pouvait ouvrir la voie à une éventuelle annulation de la condamnation prononcée en 1924 à son encontre. La Chambre criminelle de la Cour de cassation, statuant comme cour de révision, a examiné ce dossier le 5 octobre 2006.

    Lors de cette audience, le bénéfice du doute au profit de Guillaume Seznec a été demandé en évoquant plus particulièrement la possibilité d'une machination policière de l'inspecteur stagiaire Pierre Bonny (révoqué en 1935 de la police française pour fautes graves, condamné pour corruption, puis adjoint plus tard de Henri Lafont, le chef de la Gestapo française) dont le supérieur hiérarchique, le commissaire Vidal, fut chargé de l'enquête.

     

    De son côté le conseiller rapporteur Jean-Louis Castagnède a soutenu l'opinion inverse, arguant d'une part que cette manipulation lui semblait improbable du fait du faible nombre d'actes établis par Bonny (5 sur 500) et, d'autre part, que les expertises sollicitées par la cour de cassation avaient établi que Guillaume Seznec était bien l'auteur de la fausse promesse de vente de la propriété de Quéméneur sise à Plourivo.

    Le 14 décembre 2006, l'annulation de la condamnation de Seznec a été rejetée par la Cour de révision qui a estimé qu'il n'y avait aucun élément nouveau susceptible de faire naître le doute sur la culpabilité de Guillaume Seznec, constatant que l'existence d'une machination policière telle qu'alléguée est matériellement impossible et que la participation de l'inspecteur Bonny à une machination policière n'a pas été prouvée.

     

    Cette affaire semble close, une nouvelle demande de révision étant improbable.

     

    La famille Seznec avait dans un premier temps manifesté l'intention de saisir

    la Cour européenne des droits de l'homme, mais sur les conseils de ses avocats, elle y a renoncé.

     

      

    Adaptations et mises en scène

    Télévision

    Théâtre

    La pièce est une adaptation du procès en Cour d'assises, réalisée d'après le dossier d'instruction, fourni par l'un des avocats de la famille Seznec, Me Baudelot, et les journaux de l'époque. Invité à se prononcer, à l'issue de la pièce, sur la culpabilité ou l'innocence de Seznec, le public a systématiquement « acquitté » le prévenu à plus de 90 % en moyenne.

     

      

    Musique

    Une partie de l'album Portraits du groupe Tri Yann reprend l'histoire de l'affaire Seznec.

    Littérature

    Le roman de science-fiction 49302, de Nathalie Le Gendre (édition La Flèche, janvier 2006), se déroule dans les années 2100 et raconte l'histoire d'un descendant de Guillaume Seznec, qui est emprisonné à tort dans un bagne sur la planète Syringa. La postface est rédigée par Denis Seznec, petit-fils de Guillaume Seznec.

     

    SOURCES

    WIKIPEDIA

     

     LIENS

     http://www.breizhoo.fr/informations/actualite-1204-seznec-c-est-oui.html

     

    France Justice

    http://www.france-justice.org/?p=342

     

     

    L'Affaire Seznec : les protagonistes

     

    Pierre Quemeneur Guillaume Seznec La famille Seznec Maître Pouliquen L'inspecteur Bonny Le juge Hervé

     


    Suite | Sommaire



    Pierre Quemeneur 

     Pierre Quemeneur

     

    Pierre Quemeneur est né en 1877 à Commana (Finistère), près de Landivisiau, dans une famille de paysans.
    La vente de la ferme familiale lui permet d'acquérir un commerce.

    En 1914, il est élu conseiller municipal à Commana. Son commerce marche bien mais est loin d'être florissant. La guerre l'enrichit.

    Avec les bénéfices, il fait construire sa propriété de Landerneau. Il acquiert également le domaine de Traou-Nez, sur les bords du Trieux, en Plourivo (Côtes-du-Nord à l'époque). C'est une magnifique propriété boisée de 90 hectares. Il en confie l'exploitation à son frère Louis. Il y va rarement.

    En 1919, il est élu Conseiller général du Finistère. Il espère un siège de député aux élections de 1924.
    1922. Il rencontre Guillaume Seznec. Les deux hommes sympathisent et font des affaires ensemble.

    En 1923, Pierre Quemeneur est un notable, aimable, bon vivant. Il réside dans sa maison de Landerneau, avec sa soeur Jenny. Toutefois, le fisc le poursuit pour bénéfices de guerre et lui réclame beaucoup d'argent. Mais cela, tout le monde l'ignore...

     


    La famille Seznec | Maître Pouliquen | L'inspecteur Bonny | Le juge Hervé | Sommaire



    Guilllaume Seznec

     Guillaume Seznec

     

    Guillaume Seznec est né le 1er mai 1878 à Plomodiern (Finistère), au flanc du Menez Hom, face à la baie de Douarnenez.


    Bien que né dans une famille de paysans, il est peu attiré par le travail de la terre; il se passionne très jeune pour la mécanique.

    En 1906, il épouse Marie-Jeanne Marc. Ils ouvrent un commerce de vélos.
    Marie-Jeanne est enceinte. Un incendie ravage son magasin. Pour sauver son épouse, son enfant et sa marchandise, Guillaume Seznec pénètre à deux reprises dans la fournaise. Il en garde des mains gravement brûlées et des cicatrices remarquables au visage.

    En 1912, ils ouvrent une blanchisserie industrielle à Brest, puis une seconde à Morlaix. Ils travaillent pour l'armée française d'abord, américaine ensuite. Elle paie bien. Les dollars s'accumulent.

    1923. La blanchisserie devient une scierie. L'affaire éclate.


    Condamné au bagne, il quitte la France en 1927. Il y reste jusqu'en 1947. Il débarque au Havre le 1er juillet où sa famille et la foule l'acclament.

    En novembre 1953, Guillaume Seznec est renversé par une camionnette à Paris. Plusieurs témoins disent qu'un individu l'a poussé sous les roues.
    Il décède le 13 février 1954, "conséquence directe de son accident" dit le médecin légiste. Il est enterré à Plomodiern, son village natal, auprès de sa mère.

     


    Pierre Quemeneur | Maître Pouliquen | L'inspecteur Bonny | Le juge Hervé | Sommaire



     

    La famille de Guillaume Seznec

     

    La mère de Guillaume Seznec, Marie-Anne Colin, a 75 ans au moment des faits. Elle ne doute pas un instant de l'innocence de son fils. A la mort de l'épouse de Guillaume Seznec, âgée de 82 ans, elle poursuit le combat pour la révision du procès. Elle meurt en 1935, sans revoir son fils.

    La famille de Guillaume Seznec Guillaume Seznec épouse le 18 juillet 1906 Marie-Jeanne Marc. Au début de l'Affaire, le couple a 4 enfants (de gauche à droite) :

     

    • Albert, 9 ans
      Il est retrouvé mort dans son appartement en avril 1965, dans des circonstances qui permettent de douter qu'il s'agit d'un accident.
    • Marie, 15 ans
      Elle entre chez les Carmélites avec l'espoir d'aller soigner les bagnards lépreux dans les îles et ainsi se rapprocher de son père. Elle meurt en 1930, à l'âge de 21 ans, de tuberculose aggravée par une vie de privations et sacrifices.
    • Guillaume, 13 ans
    • Jeanne, 11 ans,
      Elle épouse plus tard François Le Her, principal témoin de la défense de Guillaume Seznec. A la mort de sa grand-mère, elle prend la suite du combat à la quête de la vérité.
      Elle meurt à Paris le 15 avril 1994 et est enterrée à Plomodiern, aux côtés de son père et de sa grand-mère.

     

    Marie-Jeanne s'épuise à défendre Guillaume Seznec alors au bagne. Gravement malade et vivant dans la misère, elle meurt à l'hôpital en 1931, sans revoir son cher époux.

     


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    Maître Pouliquen

     

     

    Maître Pouliquen

     

    Beau frère de Pierre Quemeneur, Jean Pouliquen est notaire à Pont-L'Abbé.
    Le Conseiller l'a aidé à acquérir son étude en lui prêtant la somme de 160 000 Francs.

    Avant de partir, Pierre Quemeneur lui demande de rembourser une partie de sa dette : qu'il lui adresse un chèque de 60 000 F, poste restante, dans un bureau de poste parisien.

    Pierre Quemeneur assassiné, c'est lui (son épouse, soeur du Conseiller) qui hérite; dans le cas d'une simple disparition, il lui faudrait attendre 30 ans. Il le sait bien, il est du métier !

    Durant l'enquête et le procès, il est un ardent accusateur de Guillaume Seznec.



    Récemment, les meilleurs spécialistes ont examiné avec les techniques les plus modernes les faux documents attribués à l'époque à Guillaume Seznec. Pour eux, ce n'est pas Seznec le rédacteur; par contre, ils trouvent des ressemblances avec l'écriture du notaire.

     

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    L'inspecteur Bonny 

     

     

    L'inspecteur Bonny

     

    En 1923, Pierre Bonny a 28 ans.
    Il est policier depuis 1918 et a fait preuve de talents qui lui ont valu d'être affecté à la Sûreté générale (police secrète).

    Dans l'Affaire, il sera l'adjoint du commissaire Vidal, chargé officiellement de l'enquête.
    En fait, c'est l'inspecteur Bonny qui pilote, influence et tire toutes les ficelles.
    Il s'intéresse plutôt aux éléments à charge qu'il fouille, amplifie, et oublie les vérifications élémentaires qui pourraient innocenter l'accusé.

    On le retrouve plus tard dans de nombreuses autres affaires, toutes aussi sombres, dont l'Affaire Stavisky, l'Affaire Prince.

    En 1934, il est chassé de la police pour trafic d'influence et détournement de fonds.



    Durant l'occupation allemande, il est l'auxiliaire de la Gestapo; c'est lui le triste acolyte de la bande Bonny et Lafont.

     


    A la libération (décembre 1944), il est condamné à mort et fusillé.

     

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    Le juge Hervé

     

     

    Le juge Hervé

     

    Pendant la "Grande Guerre" (1914-1918), Charles-Victor Hervé est le chef d'un service de contre-espionnage.
    Cela lui vaut d'être nommé juge de Paix à Pontrieux.

    Il est passionné, excessif même.

    En octobre 1924, il reçoit le témoignage des hommes d'équipage d'une gabare draguant du sable dans le Trieux : une nuit, peu après la disparition de Pierre Quemeneur, face à Traou-Nez, ils entendent plusieurs coups de feu.

    Dès lors, le juge Hervé enquête, défend cette thèse à laquelle il croit. Il soutient la cause de Guillaume Seznec ardemment, même après qu'il quitte ses fonctions.

    Il écrit même un ouvrage intitulé Justice pour Seznec.

     


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    L'inspecteur Bonny
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    Suite
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    Page réalisée par Claude DEVRIES et mise à jour le 10 janvier 2000

    Souces

    http://www.bretagnenet.com/strobinet/seznec/prota.htm#Famille

     

     

     

     

     

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    Toulouse, pages d’histoire

     

     

     

    L’affaire Calas

     

    Le 13 octobre 1761, au 50 rue des Filatiers, le marchand Jean Calas, son épouse Anne-Rose, deux de leurs fils Marc- Antoine et Pierre, dînent avec Gaubert Lavaïsse, un ami, en présence de la servante Jeanne Viguière Le peuple accuse Jean Calas de la mort de son fils - Casimir Destrem - 1879

     

    Peu après le repas, Marc-Antoine se lève de table pour aller jouer au billard dans une rue voisine. Vers 21 heures, en raccompagnant Gaubert Lavaïsse, Pierre découvre le corps étendu de son frère Marc-Antoine, garrotté par une corde, dans l’arrière-boutique dont la porte donnant sur la rue est entrouverte.

     

    Leurs cris alertent famille et voisins.

     

    Vers 22 heures, sous la direction du capitoul David de Beaudrigue, les autorités arrivent sur les lieux. Le capitoul est déjà persuadé que la famille, aidée de Gaubert Lavaïsse, s’est rendue coupable du meurtre de Marc- Antoine. Sa conviction est que le père Calas, de religion protestante, n’aurait supporté que son fils aîné abjure la religion interdite, comme l’avait fait avant lui un de ses frères, Louis.

     

    Toute la ville approuve cette version des faits. En effet, Toulouse a toujours été un bastion catholique durant les guerres de Religion. Cette affaire suffit à enflammer les vieilles passions religieuses des Toulousains.

     

    Sur les conseils d’un ami avocat, les Calas se contredisent et plaident le suicide. Ce changement conforte Beaudrigue dans ses convictions et décide d’inhumer Marc- Antoine dans un cimetière catholique, ce qui impliquait qu’il ne s’était pas suicidé et qu’il s’était bien converti au catholicisme.

     

    Les adieux de Calas à sa famille - Daniel-Nicolas Chowiecki - 1777Les témoignages affluent dans ce sens et le 18 novembre, le verdict tombe : Marc-Antoine ne s’est pas suicidé, il a été exécuté par le fanatisme huguenot. Les condamnés font appel à la juridiction supérieure, le parlement, mais l’enquête n’avance guère. Les preuves de leur culpabilité n’existent pas.

     

    Le 9 mars, la sentence est rendue. Jean Calas est condamné à mort après avoir été soumis à la question ordinaire et extraordinaire. Le lendemain, il est mené à la chambre des tortures de l’hôtel de ville, puis est conduit place Saint-Georges pour être rompu à coups de barre de fer. Pierre Calas est condamné au bannissement perpétuel tandis que les trois autres sont mis « hors de cour », c’est à dire libérés.

     

    Avant le jugement, l’histoire commence à faire des remous en France et à l’étranger, notamment dans les pays protestants. A Paris, le milieu éclairé des Lumières s’y intéresse. Voltaire prend le temps de réfléchir, se renseigne pour constituer un dossier et utiliser l’affaire. C’est en recevant la visite d’un autre fils de Calas, vivant à Nîmes, qu’il s’enflamme. Durant près de trois ans, le philosophe remue ciel et terre pour obtenir la réhabilitation de celui qu’il considère comme l’innocente victime du fanatisme des juges toulousains. L’affaire est évoquée devant le Conseil du roi en 1764 : la sentence des capitouls et les arrêts du Parlement sont cassés. La malheureuse famille Calas - Jean-Baptiste de Lafosse - 1765

     

    Tous les accusés et la mémoire de Jean Calas sont réhabilités le 9 mars 1765 par le tribunal suprême.

     

    Mais le mystère plane encore sur la mort de Marc-Antoine : assassinat du fait de son père, assassinat par un étranger venu de l’extérieur, suicide.

     

     

     

     

    SOURCES

    http://www.jacobins.mairie-toulouse.fr/expos/mvt/textes/TPH6_.htm

     

     

     

     

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  •  Fichier:JeanCalas.jpg

     

    L’affaire Calas est une affaire judiciaire qui se déroula au milieu du XVIIIe siècle à Toulouse, rendue célèbre par l'intervention de Voltaire.

    D'après l'historien Benoît Garnot[,  de l'université de Dijon, cette triste histoire est à la Justice (fort bien administrée) de l'ancien régime, ce qu'est l'affaire d'Outreau à la Justice actuelle. Elle fut essentiellement politique et non pas révélatrice du fonctionnement des tribunaux royaux qui étaient bien plus stricts, en principe, en matière de preuve que ne l'est actuellement la Justice. L'intime conviction d'un juge ne valait rien à l'époque. Cette affaire était déjà très obscure à l'époque, elle entraîna des nombreux abus de procédure dans l'administration de la preuve (usage dévoyé de l'adminicule et du monitoire, entre autres) . Les magistrats de la Cour royale rétablirent la veuve Calas dans ses droits et réhabilitèrent la mémoire de son défunt époux.

     

    L'affaire

    La famille Calas habitait au 16, rue des Filatiers (aujourd'hui n° 50) à Toulouse. Le 13 octobre 1761, le fils aîné, Marc-Antoine, est retrouvé pendu dans sa maison, à la poignée d'une porte. Le corps est découvert à 22 heures après le souper qui réunissait le père et la mère Calas, les deux fils Marc-Antoine et Pierre et un invité M. Gaubert. Meurtre ou suicide ? Toujours est-il que les Calas, l'invité Gaubert et la servante Jeanne Viguière, bonne catholique, sont accusés du meurtre. L'attitude de la famille est en effet suspecte car celle-ci reconnaît, après trois jours d'interrogatoire à l'Hôtel de ville, avoir détaché Marc-Antoine pour camoufler le suicide et éviter ainsi à ce dernier qu'il ne subisse le traitement alors infligé aux suicidés, « être traîné sur la claie » (cadavre traîné face contre terre puis jeté aux ordures).

    Mais les Calas, de confession protestante, sauf l'un des fils, Louis, converti au catholicisme et affilié à la Confrérie de pénitents blancs, continuent à pratiquer leur foi, et cela suffit pour que le capitoul David de Beaudrigue, convaincu par des rumeurs de voisinage alléguant la volonté de Marc-Antoine de choisir réellement la religion catholique, exige un complément d'enquête et fasse soumettre Jean Calas à la Torture;

    L'étranglement est infligé à Jean Calas après le verdict du procès par le parlement de Toulouse. Ce dernier le condamne à mort le 10 mars 1762, sans que le jugement ne soit motivé. Calas est condamné au supplice de la roue. Il subit la question, une longue séance de torture, mais n'avoue rien. Il clame son innocence. Roué Place Saint-Georges, Jean Calas est étranglé puis brûlé deux heures plus tard.

    Exilé, un autre fils de Jean Calas, Pierre, se rend dans la ville calviniste de Genève, où il rencontre Voltaire qui a déjà été informé de l'affaire par le marchand marseillais Dominique Audibert[3]. Le philosophe croit d'abord l'accusation fondée et rédige dans un premier temps une lettre incendiaire sur Jean Calas. Mais, convaincu par Pierre de son innocence, il forme par la suite un groupe de pression avec ses amis et utilise son ironie corrosive pour que justice soit faite.

    Afin d'obtenir la révision du procès, Voltaire publie, en 1763, l'ouvrage Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas tandis que la famille obtient un entretien à Versailles auprès de Louis XV. Le capitoul, c'est-à-dire l'officier municipal de Toulouse, qui avait largement contribué à monter les fausses accusations contre Calas, est destitué. Le Conseil du roi casse l'arrêt de condamnation par le Parlement de Toulouse le 4 juin 1764. En 1765, Voltaire réussit à faire réviser le procès et à obtenir un arrêt qui déclare Calas innocent et réhabilite sa mémoire, même si le Parlement de Toulouse refusera toujours de revenir sur son jugement et tiendra cet arrêt de réhabilitation pour nul et non avenu[4].

    Le procès de Calas a été inséré dans les causes célèbres. Il a fourni à Marie-Joseph Chénier, à Jean-Louis Laya et à Auguste-Jacques Lemierre d'Argy le sujet de drames populaires. Athanase Coquerel a publié en 1858 Jean Calas et sa famille.

     

      

      

    Chronologie détaillée

    • 19 mars 1698 : Naissance de Jean Calas à Lacabarède, près de Castres. De famille protestante, il reçoit cependant le baptême de l'Église catholique quatre jours plus tard.
    • 1722 : Jean Calas s'installe comme marchand linger rue des Filatiers à Toulouse.
    • 19 octobre 1731 Jean Calas épouse Anne-Rose Cabibel, de confession protestante. Ils auront quatre fils et deux filles : Marc-Antoine (né le 5 novembre 1732), Pierre, Louis, Donat, Anne et Anne-Rose.
    • 18 mai 1759, Marc Antoine Calas est reçu bachelier en droit, mais il ne peut obtenir des autorités ecclésiastiques le certificat nécessaire à la soutenance des actes de licence.
    • 24 janvier 1761 : L'intendant du Languedoc reçoit une lettre du subdélégué de Toulouse, faisant état de la mauvaise volonté de Jean Calas à subvenir aux besoins de son fils Louis, ne vivant plus sous le toit familial et s'étant converti au catholicisme en 1756.
    • 13 octobre 1761 : Marc Antoine est trouvé pendu au rez-de-chaussée de la maison.
    • 15 octobre 1761 : Le capitoul David de Beaudrigue mène l'enquête, il interroge Jean et Pierre Calas, ainsi que Gaubert Lavaysse, invité le soir même du drame. Les accusés révèlent avoir trouvé Marc Antoine pendu, et avoir maquillé le suicide en meurtre, puis avoir menti aux enquêteurs afin d'épargner au défunt la honte du suicide. À l'époque, les corps des suicidés sont en effet soumis à un jugement infamant. Fort de ces éléments, le clergé toulousain et la populace réclament un châtiment exemplaire pour cette famille accusée d'un crime atroce : avoir assassiné leur fils qui voulait se convertir au catholicisme. Ils réclament le châtiment des hérétiques. Aucune enquête ne sera menée afin de savoir si Marc Antoine avait vraiment l'intention ou non de se convertir. Il sera déclaré martyr et enterré selon le rite catholique, son cercueil sera escorté par quarante prêtres pénitents blancs au milieu d'une foule immense.
    • 18 novembre 1761 : Les capitouls affirment que Jean, Anne-Rose, Pierre Calas, Jeanne Viguière la servante, et Gaubert Lavaysse sont coupables. Il est décidé de soumettre à la question Jean Calas, sa femme et son fils Pierre, et d'infliger le cachot à Gaubert Lavaysse et à Jeanne Viguière. Ils font par la suite appel devant le juge de Toulouse.
    • 6 mars 1762 : La calomnie confondue, ou mémoire dans lequel on réfute une nouvelle accusation intentée aux protestants de la province du Languedoc, à l'occasion de l'affaire du sieur Calas détenu dans les prisons de Toulouse (Au Désert, 1762) est condamné par le parlement de Toulouse à être lacéré et brûlé. Dans cet opuscule rédigé par La Beaumelle et signé du pasteur Rabaut, les protestants du Midi s'indignaient de la rumeur qu'on faisait courir, selon laquelle ils auraient ordre de tuer leurs enfants lorsque ceux-ci veulent se convertir au catholicisme.
    • 9 mars 1762 : Sur les conclusions du procureur général Riquet de Bonrepos, par huit voix sur treize, le parlement condamne au supplice Jean Calas. L'exécution a lieu le 10 mars suivant ; Jean Calas meurt roué, place Saint-Georges, en proclamant son innocence. Son corps est brûlé sur un bûcher et les cendres jetées au vent.
    • 18 mars 1762 : Pierre est banni ; sa mère, Jeanne Viguière et Lavaysse sont acquittés ; les deux filles Calas sont quant à elles enfermées dans des couvents ; les biens de la famille sont confisqués.
    • 14 avril 1763 : Antoine Louis présente publiquement Mémoire sur une question anatomique relative à la jurisprudence, dans lequel on établit les principes pour distinguer à l'inspection d'un corps trouvé pendu le signe du suicide d'avec ceux de l'assassinat.
    • 9 mars 1765 : Calas et sa famille sont définitivement réhabilités par une assemblée de quatre-vingts juges et par le conseil du roi. Le roi accorde en outre à la famille une pension de 36 000 livres.

    Voltaire est ainsi considéré comme le premier écrivain français à s'engager publiquement dans une affaire judiciaire.

     

    sources wikipedia

     

     


    L'Affaire Calas, au XVIIIe Siècle, se déroule dans un contexte fort complexe de justice royale et d'intolérance religieuse. Elle découle du suicide, en 1761, de Marc Antoine Calas, issu d'une famille protestante de Toulouse. Pour éviter les obsèques infamantes réservées aux suicidés, sa famille tente de dissimuler les circonstances du décès. Mais le Capitoul de Toulouse, ayant eu vent de rumeurs concernant le désir de conversion au catholicisme de Marc Antoine Calas, fait arrêter et torturer puis son père, Jean Calas, qui sera exécuté en 1762.
    Quelques mois plus tard, Voltaire, qui a rencontré un autre fils de Jean Calas à Genève, engage un incroyable travail de réhabilitation de la victime et réussi, en 1765, à le faire réhabiliter par une assemblée de 80 juges et le Conseil du roi.
    A une époque où la justice royale, issue du droit divin, ne tolère ni défense ni critique d'aucune sorte, un tel retournement nécessitait une travail aussi acharné que prudent, et une véritable "méthode Voltaire".


    Pour réaliser cette prouesse, Voltaire se constitua tout d'abord un important réseau d'informateurs à Toulouse, une équipe de 3 personnes entièrement dévolues à son "centre de documentation", puis un véritable groupe de travail se réunissant régulièrement chez lui, à Ferney. Pendant des mois, il inonda de ses missives le ministre de la Justice, mais surtout toutes les cours d'Europe. Il fit écrire nombre de ses amis, il présenta les enfants de Jean Calas à tous ses visiteurs, encouragea la circulation de copies de ses missives et publia quatre libelles.


    Il est intéressant de noter qu'il n'écrivit jamais au Roi en direct : il organisa et fit monter la rumeur, le buzz dirions-nous aujourd'hui, de toutes les Cours d'Europe, tant et si bien que cette affaire devint rapidement le sujet de tous les rapports des ambassadeurs du pauvre Louis XV, qui visiblement se résigna in fine à cette réhabilitation sans précédent.

     

    http://www.henriverdier.com/2010/03/calas-dreyfus-et-les-attentats-du-11.html

     

     

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    Erreur judiciaire

      

     

    a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z

     

    Erreur judiciaireParmi les affaires criminelles qui ont marqué l'Histoire, certaines ont malheureusement vu des innocents condamnés à tort.

    Dans certains cas, le doute plane encore longtemps après les condamnations, sans que l'on sache si la justice s'est ou non trompée.

    C'est le cas notamment de Guillaume Seznec, condamné au bagne pour un crime sans cadavre, et de Christian Ranucci, un des derniers condamnés à mort exécuté en France. C'était le 28 juillet 1976, dans la prison des Baumettes...

    Dans d'autres cas, le doute a fait place à une certitude: la justice n'a su découvrir la vérité, et des innocents en ont fait les frais.

    Alfred Dreyfus passera 12 ans en détention en Guyane, sur l'île du Diable, avant d'être réhabilité. Plus récemment, Patrick Dils est resté en prison pendant 15 années, avant que son innocence ne soit établie.


    Dossier: La Josacine empoisonnée


    Laurent Dibos, Dany Duran, Evelyne François
     
     
     
     
    SOURCES
     
     
     
     
     
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  • AFFAIRES CRIMINELLES

    L'affaire Suzanne Viguier   ( Auteur : P. MICHEL )

     

    Jacques et Suzanne Viguier forment un couple sans histoire. Ils ont trois enfants et vivent dans un grand pavillon de la banlieue toulousaine. Jacques est un professeur de droit renommé à l'université. Suzanne est professeur de danse...

     

    Un couple en crise

    Jacques et Suzanne Viguier forment un couple sans histoire. Ils ont trois enfants et vivent dans un grand pavillon de la banlieue toulousaine. Jacques est un professeur de droit renommé à l'université. Suzanne est professeur de danse et règle des chorégraphies dans un cabaret transformiste de la ville.


    Mais ce bonheur apparent cache une grave crise conjugale. Après onze ans de mariage le couple est au bord de la rupture en raison des infidélités de Jacques Viguier avec des étudiantes de l'université. Son épouse découvre la vérité en 1995 en tombant sur un courrier sans équivoque qui est adressé à Jacques.

    A partir de ce jour, Suzanne Viguier décide de faire chambre à part et dort seule à l'étage sur un canapé-lit. Elle refuse de divorcer afin de conserver une cellule familiale pour ses enfants. Cette situation dure jusqu'en juillet 1998.

    C'est à cette époque qu'elle fait la connaissance d'Olivier qui va devenir son amant. En quelques mois, le mari, la femme et l'amant vivent quasiment sous le même toit. Malgré cette omniprésence d'Olivier, Jacques, sans doute trop naïf, ne va jamais imaginer qu'il existe une liaison entre sa femme et lui. Il lui confiera même à quelques occasions la garde de ses enfants.

    Les circonstances d'une étrange disparition

    Fin février 2000 Suzanne Viguier se décide: Elle va divorcer. Et c'est la veille de son premier rendez-vous avec son avocat qu'elle disparaît dans des circonstances mystérieuses.

    Le samedi 26 février 2000, Suzanne quitte Toulouse en compagnie de son amant pour participer à un tournoi de tarot. Pendant le tournoi tout se passe bien et rien ne laisse présager du drame à venir.

    Le dimanche 27 février 2000 Oliver la dépose chez elle à 4 heures 30 du matin. Avant de le quitter elle lui donne rendez-vous le dimanche après-midi à 14 heures.

    Jacques Viguier entend des pas dans l'escalier et se dit que c'est son épouse qui monte se coucher.
    A 8 heures 30 il se lève et aperçoit la silhouette de sa femme endormie par la porte entrebaillée. Ses enfants vont passer la journée chez leurs grand-parents où il les dépose vers 10 heures.

    Entre 10 heures et 12 heures 30, le couple Viguier est seul dans la maison. Jacques déclare être parti faire un jogging à 10 heures 45. Vers 11 heures 30 il rentre chez lui et se prépare pour rejoindre ses enfants chez ses parents aux alentours de 12 heures 30.

    Après le repas qui se déroule normalement, il tente en vain s'appeler sa femme qui ne répond pas au téléphone. Cela ne l'inquiète pas outre mesure et en rentrant chez lui en début de soirée il constate que sa femme n'est plus là. D'ailleurs il trouve le canapé-lit replié. Cependant il ne s'alarme pas pensant qu'elle est partie pour le mettre à l'épreuve.

    De son côté Olivier, l'amant, est très inquiet. Il n'a eu aucune nouvelle de Suzanne depuis qu'il l'a déposé chez elle au petit matin. A 20 heures 45 il téléphone à Jacques Viguier qui lui affirme qu'il n'a lui non plus aucune nouvelle de son épouse. Lorsqu'il apprend que sa voiture est toujours à son domicile, Olivier n'a plus aucun doute: elle n'est pas partie de son plein gré.

    Le lendemain dès 9 heures l'amant se rend au domicile des Viguier afin de mener sa propre enquête.

    En compagnie de Jacques Viguier il découvre les lunettes de sa maitresse dans la salle de bain ce qui ne fait que confirmer son intuition: cette disparition n'est pas volontaire. Il propose alors au mari d'alerter la police mais celui-ci n'est pas convaincu.

    La police mène l'enquête

    Ce n'est que trois jours plus tard, le 1er mars que le professeur de droit va déclarer la disparition de sa femme à la police.

    Son apparente indifférence face à la disparition de Suzanne éveille les soupçons des enquêteurs qui découvrent plusieurs éléments à charge.

    Tout d'abord Suzanne était sur le point de le quitter et avait commencé à monter un dossier pour obtenir la garde des enfants. Or Jacques était opposé à ce divorce, Olivier, l'amant, ayant été témoin d'une violente dispute lorsque Suzanne lui a annoncé qu'elle demandait le divorce.

    Le mari suspecté

    Jacques Viguier fait désormais figure de suspect n°1. Cherchant à vérifier son alibi, les policiers ne trouvent aucun témoin qui l'aurait aperçu faire son jogging. D'autant plus qu'il n'était pas connu pour être un adepte de ce sport.

    Douze jours après la disparition les policiers perquisitionnent le domicile du couple. Ils retrouvent le sac de la disparue au fond d'une armoire. A l'intérieur se trouve son trousseau de clé. Or, le mari et l'amant le confirment, la maison est restée fermée à clé tout le dimanche. Les enquêteurs se demandent alors comme Suzanne Viguier a pu sortir de chez elle et verrouiller la porte alors que ses clés sont restées à l’intérieur.

    De surcroit des microtraces de sang appartenant aux deux époux sont retrouvées un peu partout dans la maison et dans la voiture. Pour se justifier Jacques Viguier déclare que sa femme s’est blessée en jardinant et qu’il souffre d'un petit désagrément : la rhinite qui se manifeste par de fréquents saignement de nez.

    C’est en constatant que Mr Viguier s’est débarrassé du matelas sur lequel dormait son épouse que les policiers vont le placer en garde à vue.

    Au sujet de ce matelas, il déclare l’avoir jeté dans une déchetterie la veille de la perquisition de son domicile. Il prétexte dans un premier temps que son épouse le trouvait inconfortable puis change de version et affirme qu’en apprenant qu’Olivier était l’amant de Suzanne il a voulu se débarrasser de ce lit pour qu’elle sache qu’il avait compris lorsqu’elle reviendrait.

    Mise en examen

    Le 10 mai 2000 Jacques Viguier est mis en examen pour assassinat et est incarcéré. Cependant il ne passe pas aux aveux, bien au contraire, il clame haut et fort son innocence.

    Dans l’espoir de retrouver le corps de la disparue la police organise des recherches dans les étangs et les puits de la région mais il reste introuvable.

    La défense contre-attaque

    Le 15 février 2001 le professeur, qui se déclare toujours innocent est mis en liberté et se met immédiatement à organiser la contre-attaque.

    Pour lui et son avocat la police fait fausse route à cause d’Olivier qui a joué un rôle important dans l’enquête qui a abouti à son incarcération.

    En effet le 1er mars 2000, il s’est présenté à la police après que Jacques Viguier soit venu déclarer la disparition de son épouse et n’a pas hésité à l’accuser du meurtre de Suzanne sans apporter aucune preuve. Ce sont ses déclarations qui ont conduit les policiers à s’intéresser de près à Jacques Viguier.

    Enfin, il organise quelques semaines après la disparition, une réunion qu club de danse de sa maitresse au cours de laquelle il dit qu’il fera tout pour jeter Jacques Viguier en prison.

    Cette réunion intervient alors qu'à Toulouse la rumeur publique décrit Jacques Viguier comme un assassin démoniaque. A l'origine de cette rumeur, son admiration pour le maître du suspense Alfred Hitchcock et une prétendue conférence sur le crime parfait qu'il aurait donné à l'université. Vérification faite, il n'y a jamais eu de cours sur ce thème à la faculté.

    La piste de la fugue

    Selon maitre Cathala, l'avocat du suspect, la police a été aveuglée par les déclarations de l'amant et a négligé une autre piste: celle de la fugue volontaire.

    Reprenant un à un tous les éléments qui ont conduit son client en prison il échafaude une tout autre version des faits.

    Au sujet des lunettes laissées chez elle par la disparue, il apparaît par contre que ses verres de contact ont disparu: Suzanne a donc pu partir avec ses lentilles.

    A la question:" Comment Suzanne Viguier a-t-elle pu fermer sa porte alors que ses propres clés sont restées à l'intérieur?" maitre Cathala rétorque que personne n'est d'accord sur le nombre exact de clés de la maison des Viguier. En effet alors que l'amant prétend qu'il existe cinq clés (chiffre retenu par l'enquête), Jacques Viguier ainsi que l'ancien propriétaire des lieux déclarent qu'il en existe six.
    Dans ce cas, Suzanne aurait très bien pu partir avec ce sixième trousseau.

    Concernant le départ de Suzanne Viguier sans sa voiture, une voisine témoigne avoir vu le matin de la disparition un taxi prendre en charge une jeune femme devant la résidence des Viguier.

    La fugue de Suzanne Viguier devient donc une hypothèse plausible. D'autant plus que ses papiers d'identité sont retrouvés par un passant dans une rue de Toulouse trois semaines après sa mystérieuse disparition.

    Pour la défense il existe deux possibilités pour expliquer cette disparition:

    - Elle aurait pu faire une mauvaise rencontre, peut-être dans le cadre de ses activités au cabaret transformiste, lieu parfois fréquenté par des personnes peu recommandables.

    - Elle aurait pu choisir d'en finir.

    Pour argumenter cette seconde éventualité, la défense s'appuie sur l'état psychologique de Suzanne qui n'était pas aussi forte qu'elle le laissait paraître.

    Depuis la mort de son père elle était déprimée et sa situation conjugale houleuse n'était pas là pour arranger son état.

    Après neuf mois de détention, le professeur de droit a été mis en liberté sous contrôle judiciaire et a retrouvé son travail à l'université.
    Son procès est prévu dans quelques mois.

     

     

    SOURCES

    http://www.unhomme.fr/page.php?al=viguier

     

     

    Jacques n'a pas pu tuer Suzanne, puisque celle-ci a appelé son grand-père le jeudi après sa disparition, le matin vers 10h30.

    D'autres proches de la famille de Suzanne le savent bien!

     

     

    Mon prof de droit administratif, Jacques Viguier, acquitté une deuxième fois du meurtre de sa femme

    Si l’on est parfois renvoyé aux assises par erreur, on s’y retrouve rarement par hasard. Jacques Viguier est un mystère ou, plus exactement, un fantasme. (Stéphane Durand-Souffland, Le Figaro Magazine du 19 mars 2010)

    Il est rare de voir un de ses anciens profs de fac dans la rubrique faits divers des journaux, et encore moins dans un procès de meurtre défrayant la chronique. C’est d’autant plus étonnant quand la perception que les étudiants avaient de ce prof est diamétralement opposée à celle qui ressort des comptes-rendus du procès paraissant dans la presse.

    J’étais en deuxième année de droit à la faculté de droit de Bordeaux-IV, et mon professeur en droit administratif, matière phare avec le droit des obligations en cette année de passage en licence, était un jeune professeur du Sud-Ouest, chez qui l’accent fût la première chose qui me frappait. Ce n’était pas l’accent bordelais, mais celui de Toulouse avec une façon toute particulière de prononcer notamment les « on » ou « en« , qui ressemblaient tous à des « an« . C’était aussi sa manière de dicter son cours – littéralement dicter son cours: tout juste s’il ne nous disait pas virgule ou point à la ligne entre deux arrêts du Conseil d’Etat ou du Tribunal des conflits. Plus tard, on a pu écrire qu’il était « orateur d’exception dans un amphithéâtre« , voire « un esprit affûté, un sportif accompli, un chasseur passionné et un séducteur invétéré. Tel l’universitaire David Kepesh, héros de Philip Roth dans La Bête qui meurt, il multipliait les liaisons avec de jeunes étudiantes subjuguées par son brio » (Le Figaro): ce n’était pas du tout mon avis à l’époque. L’impression qu’il m’a donnée fût étrange: il semblait réservé et nonchalant, mais pas du tout nerveux ou intimidé (un expert lors du procès en appel l’a cependant qualifié d’ »ancien timide, qui a construit quelque chose de solide pour compenser. Mais demeure en lui un fond de doute sur sa propre valeur« ), avec toujours un léger rictus ironique aux lèvres.

    Le contraste avec le professeur assurant le cours de droit des obligations (droit civil) était saisissant: celui-là, Philippe Conte, était sarcastique et caustique, et présentait une théorie des obligations originale et très minoritaire en doctrine, ce qu’il ne manquait pas de souligner. Doté d’un charisme certain, il appréciait les apartés. Je me rappelerai toujours d’une diatribe qu’il lança de manière impromptue sur l’armée française. Alors qu’il évoquait les commissions administratives en charge du réglement du surendettement des ménages, il souligna les déficiences de la solution retenue par le législateur et mit en cause le manque de moyens accordé à la justice française. Puis il s’exclama: « La justice française n’a pas d’argent. Où va cet argent? Je vais vous le dire: il va pour financer l’armée. Parlons-en de l’armée: s’agissant de lâcher des civils du haut d’hélicoptères durant la guerre d’Algérie, elle a fait ses preuves. Pour le reste…« .

    Rien de tout cela avec Jacques Viguier: il dictait son cours de manière plutôt monocorde, nous forçant à noircir une dizaine de pages par cours, sans apartés ou sans remarques personnelles. Peu d’opinions personnelles, même doctrinales, et encore moins de remarques laissant transparaître une quelconque opinion politique. J’ai lu par la suite que « Jacques Viguier donne ses cours sans notes« . Sincèrement, je ne m’en souviens pas de manière certaine, mais c’est fort possible. Par la suite, il a été décrit comme «captivant, drôle, un génie dans son domaine». Mais si les amphis étaient bondés, c’était surtout parce qu’il ne publiait pas de polycopié de ses cours. Son accent et son éternel rictus ironique m’ont laissé un souvenir sinon marquant, du moins étrange. La théorie la plus courue parmi nous autres était, sur ce point-là, qu’il était partisan du moindre effort. Bref, un professeur de droit »dramatiquement normal« .

    Depuis, j’avais perdu de vue Bordeaux et sa faculté de droit, n’ayant plus de contact avec la ville ou avec mes anciens condisciples. Jusqu’à il y a quelques années, où j’ai appris que Jacques Viguier était soupçonné de meurtre de son épouse Suzy, disparue sans laisser de trace le 27 février 2000. Depuis, personne ne l’a vue, morte ou vive. De manière très classique, son mari fût le premier suspecté d’avoir été à l’origine de sa disparition, qu’il avait signalée aux services de police le 8 mars seulement, d’autant que le couple connaissait des difficultés. L’enquête de police en fît rapidement l’unique suspect, le ministère public embraya et mit en accusation Jacques Viguier - initialement pour assassinat puis meurtre et alternativement coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner - lequel fût acquitté une première fois en 2009 avant d’être acquitté en appel (1)- intenté par le ministère public - ce samedi 20 mars 2010, entouré de ses trois enfants, qui l’ont soutenu, détail piquant même s’il ne prouve rien en définitive. Ce professeur insaisissable, le voilà décrit comme « structurellement déroutant« , « brillant dans les amphithéâtres, mais «très quelconque» au quotidien. Un malade, en réalité, atteint de «troubles bipolaires», maniaco-dépressif qui alterne les phases «up» et «down»« , voire comme un coureur de jupons: « Volage, il semble peu loquace, parfois distant, sans doute cassant à l’occasion » ou encore « il multipliait les liaisons avec de jeunes étudiantes subjuguées par son brio » – je vous assure que rien ne le laissait présager à l’époque, et pourtant Dieu sait si les rumeurs circulaient sur nos professeurs et chargés de travaux dirigés. Sans compter son mariage assez original pour un professeur aggrégé de droit:

    [L]‘universitaire avait accepté sans rechigner que son épouse, chorégraphe, règle des ballets au Crazy Moon, cabaret où s’enchaînaient les numéros de transformistes – «une boîte à travelos», précise prosaïquement Me Eric Dupond-Moretti, avocat de la défense, pour éclairer parfaitement les jurés. (Le Figaro Magazine)

    Je n’ai aucune idée de l’innocence ou de la culpabilité réelle de Jacques Viguier – sachant que les jurés ont tranché en sa faveur à deux reprises. Mais je suis resté marqué par ce que m’avait dit un professeur de droit pénal – je crois que c’était Jean-Pierre Delmas Saint Hilaire: « le procès pénal n’est pas le procès de l’accusé, mais le procès de l’accusation, le procès des preuves invoquées par l’accusation. La question n’est pas de savoir si l’accusé est vraiment innocent ou coupable, mais si les preuves de l’accusation sont suffisantes pour prouver, au-delà du doute raisonnable, la culpabilité de l’accusé« . Bref, savoir si l’accusé est réellement innocent relève de la métaphysique.

    Effectivement, par l’effet combiné de la présomption d’innocence – article III du titre préliminaire du Code français de procédure pénale (« III - Toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été établie« ) - et du principe selon lequel le doute bénéficie à l’accusé (cf. les instructions que le président d’une Cour d’assises, juridiction compétente en matière criminelle, est tenu de lire aux jurés en vertu de l’article 304 du Code français de procédure pénale: « Vous jurez et promettez (…) de vous rappeler que l’accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter…« ) – un verdict de culpabilité rendu alors que subsiste un doute sur la culpabilité de l’accusé ne devrait en principe pas être possible. Par contre, la situation contraire, à savoir un accusé innocenté en raison de la légéreté des preuves invoquées par l’accusationmais contre lequel un doute subsiste dans l’esprit des enquêteurs, des observateurs et de l’opinion, est bien évidemment non seulement théoriquement possible mais courant en réalité.

    L’exemple le plus connu est sans aucun doute à chercher en dehors de France, avec OJ Simpson, acquitté au pénal du meurtre de son épouse, mais condamné au civil – où la charge de la preuve aux Etats-Unis n’est plus « beyond reasonable doubt » mais plutôt « more likely than not » (également connu sous le terme de « balance of probabilities« , cela signifie que le demandeur remporte son procès contre le défendeur si la probabilité des faits qu’il allègue est plus grande que celle de leur inexactitude) (2).

    D’où la distinction entre vérité judiciaire et vérité tout court – et l’on comprend alors mieux l’attrait du fameux « Scotch verdict« , ou verdict écossais. Le droit pénal écossais, distinct du droit pénal anglais, offre depuis 1728 trois possibilités au jury: un verdict « guilty » (coupable), « not guilty » (non coupable) et enfin « not proven » (non prouvé, ce qui pourrait correspondre au fameux « acquitté au bénéfice du doute« , dénué d’existence légale en procédure pénale française mais si courant dans la bouche des magistrats, avocats et journalistes), ce dernier cas de figure renvoyant directement à l’hypothèse que j’évoquais de l’accusé innocenté en dépit de doutes sur son innocence réelle. En fait, dans l’histoire du droit écossais, les termes de « not proven » et « proven » avaient auparavant été utilisés, mais afin de laver l’accusé acquitté de tout soupçon le terme « not guilty » avait été ajouté – car en toute rigueur, le jury ne se prononce pas sur la culpabilité ou l’innocence réelle de l’accusé, mais sur les preuves contre lui invoquées par l’accusation – « Juries are not asked to decide whether you are guilty or innocent, they are asked to decide whether the Crown has proved its case« . Ou comme l’a très bien écrit le journaliste britannique Ludovic Kennedy, cité dans une note d’information de la Chambre des Communes, « The »not proven » verdict in Scotland« :

    Not guilty means no more and no less than, solely on the evidence before the court, the prosecution has failed to prove its case.

    All sorts of reasons may have led to this. There may have been other evidence, which might have led to a different verdict, but which was either not introduced, or not permitted. Crown counsel may have had (like the late Mr Mervyn Griffiths-Jones) an unsympathetic or unconvincing manner. Or a brilliant defence counsel may have persuaded the jury to bring in a verdict against the weight of evidence: like the late Norman Birkett, whose client in the Brighton trunk murder case before the war was acquitted, yet who after the war admitted his guilt. What not guilty does not mean is innocent.

    Or ici, dans cette affaire, où Jacques Viguier a été accusé du meurtre de sa femme, on n’a:

    • ni cadavre ni preuve de la mort de la victime;
    • donc a fortiori aucune idée de la façon dont serait morte – naturelle, accidentelle ou intentionnelle - la victime supposée;
    • donc aucune idée de la date ou du lieu exacts où cette mort aurait eu lieu;
    • et pour couronner le tout, aucun aveu du suspect principal, qui a constamment nié toute implication dans la disparition de son épouse, et qui a été, tout au long du procès, soutenu en cela par les trois enfants eus avec la disparue ainsi que par la mère de celle-ci.

    Bref, rien que du solide, ou, pour reprendre les mots d’un des deux avocats de Viguier en appel, « un crime sans cadavre, sans aveu, sans preuve formelle, sans mobile évident« , voire, plus crûment encore, selon les termes de l’excellente chroniqueuse judiciaire du Monde, Pascale Robert-Diard:

    Il n’y a en effet ni cadavre, ni aveux, ni éléments matériels, ni témoin dans ce dossier où l’existence d’un crime n’est pas démontrée. L’accusation n’est pas en mesure de proposer un scénario des faits. Les charges sur Jacques Viguier sont basées sur le fait qu’il s’est débarrassé d’un matelas après la disparition de sa femme et a négligé de dire à la police qu’il avait retrouvé son sac à main. (Le Monde)

    On est étonné qu’il y ait eu un ministère public assez optimiste pour mettre en accusation Viguier en première instance, et carrément éberlué qu’il ait fait appel de l’acquittement en première instance – même s’il semble avoir été pris de remords lors du procès en appel, ayant été aphone lors des audiences (à telle enseigne que le rôle de l’accusation fût de facto tenu par Me Francis Szpiner, ténor du barreau, avocat attitré de l’Elysée sous Chirac et avocat ici d’une partie civile – en l’occurence, les deux soeurs de la disparue) et s’étant borné à réclamer une peine de quinze/vingt ans, en deçà du maximum légal en matière de meurtre (30 ans). A en lire les extraits de l’audience du procès d’appel (3), on se demande laquelle, de la bêtise ou de la mauvaise foi, a pris le dessus sur l’autre en la personne de l’avocat général Marc Gaubert.

    Mais il est vrai qu’à première vue, si l’on se fie à l’argumentaire développé par l’accusation et certaines parties civiles, on a vu innocent plus convaincant dans les annales criminelles françaises:

    Et je passe sur quelques éléments effectivement troublants qui laissent présager d’une mort de la disparue aux alentours du jour de sa disparition:

    Les effets de Suzy ainsi que ses lunettes et ses lentilles de contact laissées sur place, oubli peu compatible avec le départ volontaire d’une myope. Aucun appel émis depuis son téléphone portable, dont elle n’avait pas emporté le chargeur, depuis le 25 février. Un compte en banque inerte depuis janvier 2000. (Le Figaro)

    Le problème, c’est que lorsqu’on creuse un peu, aucun de ces indices n’est convaincant.

    Commencons par les traces de sang. Les traces de sang de l’épouse relevées dans le domicile semblent effectivement troublantes:

    La police scientifique prélève de multiples taches de sang. Les expertises vont révéler des traces de l’ADN de Suzy sur un drap déjà lavé, sur un traversin, dans une baignoire et une bassine toutes deux nettoyées. Concernant le sang maculant le traversin, Jacques Viguier indiquera que son épouse l’avait peut-être «mis entre ses jambes un jour où elle était indisposée». Des traces mêlées des ADN du couple apparaissent par ailleurs sur le sommier et sur une housse du clic-clac. Le professeur dira qu’ils avaient fait l’amour ici alors que Suzy avait ses règles…

    Plus précisément, selon Le Figaro:

    En revanche, l’ADN des époux est isolé à partir de traces, souvent minuscules. Elles se répartissent essentiellement comme suit.

    - ADN de Jacques Viguier : sur un short gris lui appartenant, déchiré au niveau de la fesse gauche. Sur la taie d’un traversin. Sur un drap-housse de couleur rose. Sur la housse grise du canapé convertible sur lequel dormait Suzy, mais qui se trouvait auparavant dans le bureau de son mari.

    - ADN de Suzanne Viguier : sur la taie du traversin. Sur le drap-housse rose. Sur une des deux baignoires du domicile. Sur une bassine posée dans la salle de bain. Sur un pilier, à environ 1,50 m du sol. Sur une basket de marque Adidas appartenant à Jacques Viguier (pied gauche) saisie dans la 605.

    - ADN mélangés des deux époux : Sur la basket droite. Sur un torchon retrouvé dans le coffre. Sur les deux housses du Clic-Clac (sommier et canapé).

    Cependant, la police soupçonnant que le meurtre présumé ait eu lieu dans le domicile conjugal, dernier lieu où Suzy Viguier avait vue vivante, il y avait peu de chances que les traces ADN impliquant le mari soient absolument probantes, car vivant sur place il pouvait sans doute avancer de manière crédible qu’elles n »étaient pas liées à la disparition de son épouse. Ainsi, s’agissant des traces d’ADN entremêlées des époux qui avaient été trouvées, le ministère public pouvait difficilement apporter la preuve contraire de ce qu’ils émanaient de rapports sexuels entretenus lors des régles de la disparue, comme l’alléguait Viguier…

    D’autre part, rien ne permet d’indiquer comment les traces d’ADN ont pu se mêler, ni de les dater. Bref, elles sont à peu près inutilisables pour l’accusation.

    Le sac à main de la disparue n’est guère plus probant. Certes, le fait que Viguier n’ait pas spontanément fait état de sa découverte à la police au lendemain de la plainte qu’il avait lui-même déposée pour enlèvement et séquestration parle en sa défaveur, de même que le fait qu’il ne parvienne pas à expliquer cette carence. Mais à supposer qu’il soit le meurtrier, comment imaginer qu’il ait laissé un tel indice à la merci de la première perquisition venue et qu’il ne s’en soit pas débarassé?

    Je vous laisse deviner la preuve maîtresse de l’accusation – Viguier aurait fait disparaître, le lendemain de la disparition, le matelas du lit pliable sur lequel aurait dormi Suzy Viguier sa dernière nuit au domicile conjugal:

    Le parquet s’appuie surtout sur le fait que Jacques Viguier s’est débarrassé, au moment des faits, du matelas sur lequel dormait sa femme.

    Le parquet estime que le professeur a escamoté une preuve de son crime, mais il répond avoir voulu ainsi mettre hors de sa vue le symbole de l’infidélité de son épouse, un problème que l’accusation voit comme le mobile du crime. L’accusation souligne aussi que le professeur a tardé, à ses yeux, à signaler la disparition de son épouse et a montré une attitude jugée étrange lors d’interrogatoires. (Le Point)

    En soi, à supposer que ce soit exact, ce n’est en rien une preuve directe d’homicide, c’est tout au plus un indice qui demanderait à être corroboré d’un élément de preuve. Cela pourrait à l’extrême rigueur justifier une mise en détention provisoire, mais on est pantois de voir que cette « preuve maîtresse » - que l’accusation n’est pas en mesure de produire puisqu’elle a été détruite par un incendie ayant ravagé la décharge publique en question - ait été jugée à même de servir de base à un procès. La défense de Viguier a réduit en charpie cet indice:

    En posant à son client 5 questions, l’avocat lillois va porter un sérieux coup à l’accusation. Est-il vrai que votre mère a dormi dedans entre la disparition de votre épouse et le jour où vous l’avez jeté ? Est-il vrai que votre mère le trouvait inconfortable ? Est-il vrai que vous vous en êtes débarrassé en plein jour alors que vous pouviez être reconnu ? Est-il vrai que vous alliez régulièrement à cette décharge ? Est-il vrai que vous avez attendu 11 jours pour vous en débarrasser? A chaque fois, Jacques Viguier a répondu oui. Après quoi, Maître Dupond-Moretti s’est assis, convaincu d’avoir rééquilibré les plateaux de la balance. (France 2)

    Les déclarations peu convaincantes de Viguier? Comme le note le Nouvel Observateur, « Viguier (…) se défend mal comme souvent les innocents« . De plus, malgré de très importantes heures de conversations téléphoniques enregistrées, dont la majorité n’avait d’ailleurs pas été exploitée par les enquêteurs et l’accusation avant le procès en appel, aucun aveu ou déclaration clairement compromettante de sa part n’ont pu être dégagés (« à aucun moment, alors qu’il échange avec des amis qui ne demandent qu’à le croire, il ne pose les jalons d’un système de défense – attitude qu’on pourrait attendre d’un criminel« ).

    Enfin, deux autres éléments sont venus renforcer la thèse de la défense.

    Tout d’abord, la figure imposée de ce qui est présenté comme un crime passionnel, à savoir l’amant éploré. En l’occurence, il s’agit d’Olivier Durandet, joueur de tarot s’étant imbriqué dans le couple Viguier et ayant joué, dès le premier jour de l’enquête, un rôle capital tant il aura été comme cul et chemise avec la police toulousaine, jamais suspecté par cette dernière, son ADN n’ayant pas même été prélevé. Or, l’audience du procès en appel révélera que Durandet aurait pénétré seul le domicile conjugal des Viguier le jour de la disparition:

    «En tombant par hasard sur un reportage, il m’est revenu qu’Olivier Durandet [l'amant de Suzy] m’avait dit au téléphone, en m’annonçant la disparition de Suzy, début mars 2000, qu’il était entré dans la maison des Viguier le dimanche 27 février [jour de la disparition], alors qu’il n’y avait personne à l’intérieur.» (Le Figaro)

    Mieux: ce serait sur les conseils implicites d’un commissaire en charge de l’enquête («Ça s’appelle une violation de domicile. Mais pas vu, pas pris…»), que Durandet serait revenu seul, après la disparition, dans la maison des Viguier, ce qui constitue une violation de domicile.

    Plus génant encore, une baby-sitter du couple Viguier, qui avait raconté avoir vu des traces de sang mêlées à de l’eau dans la baignoire de la maison conjugale, craque lors d’un contre-interrogatoire de la défense et avoue être revenue dans cette maison Viguier en compagnie de l’amant le lendemain de la disparition, en l’absence de Jacques Viguier – ce qui rend bien évidemment plausible la thèse selon laquelle le sac à main de la disparue aurait pu être « planté » avant d’être découvert lors de la perquisition qui intervint une dizaine de jours plus tard. Elle aurait tu cette information depuis 2000, sur pression de l’amant Durandet.

    Et pour couronner le tout, Durandet, placé en garde à vue pour être interrogé de subornation de témoins (3 ans de prison selon l’article 434-15 du Code pénal)sur la personne de la baby-sitter – il a ensuite fait l’objet d’un rappel à la loi par le procureur de la République – est surpris en train de conférer avec d’autres témoins hostiles à l’accusé, en violation de l’article 325 du Code de procédure pénale:

    [C]et amant qui hante les débats reste un être de chair et de sang, qui se sustentait tout à l’heure aux alentours du palais de justice. Et pas seul : en compagnie de témoins plutôt défavorables à Jacques Viguier. Me de Caunes le fait admettre à ces derniers, au fur à mesure qu’ils se présentent au micro. Or, il est évidemment formellement interdit aux témoins de se concerter… (Le Figaro)

    Puis dans le rôle de l’enquêteur aveuglé par son intime conviction, il y a le commissaire Robert Saby, animé d’une jalousie sociale qu’il dissimule mal à l’encontre du notable qu’est devenu Viguier:

    Au procès de Toulouse, le commissaire a trahi de manière stupéfiante son complexe d’infériorité sociale. Lui, le « petit flic », n’avait qu’une obsession : faire tomber le « grand prof ». Il l’a décrit comme humiliant vis-à-vis des fonctionnaires du SRPJ, à mille lieues du randonneur sans chichis dépeint plus haut par un témoin de la scène du pique-nique. (Le Figaro Magazine)

    S’il pouvait très légitimement se poser des questions sur le rôle de Viguier dans la disparition de son épouse, son enquête n’a permis de trouver aucune preuve convaincante de l’implication de Viguier dans la disparition de son épouse.

    Et puis enfin, comment ne pas se poser des questions sur des maladresses que n’auraient pas commises un professeur de droit aussi intelligent que Viguier, s’il était effectivement coupable:

    Mais alors, comment expliquer les indices énumérés plus haut et interprétés à charge ? Un génie du crime aurait-il laissé traîner le sac de sa victime, ou ses lunettes, tout en prétendant qu’elle avait fugué ? Aurait-il attendu l’imminence de l’inévitable perquisition pour détruire un matelas compromettant ? (Le Figaro)

    C’est peu de dire que l’avocat de Jacques Viguier, Me Eric Dupond-Moretti, pas vraiment un des plus mauvais pénalistes de France, a pu donner libre cours à ses sarcasmes:

    « Ce procès, en raison de l’aveuglement et des carences de l’enquête, est devenu un concours Lépine de l’hypothèse« , a déclaré, un peu plus tôt, Me Éric Dupond-Moretti, avocat de Jacques Viguier, en demandant que son client soit de nouveau acquitté, comme en avril 2009 à Toulouse. « Personne ne vous demande d’envisager des hypothèses. Ça, c’est un travail qui devait se faire manches retroussées par les policiers. Ce procès est en décalage complet sur le plan méthodologique. (…) L’intime conviction n’est pas un sentiment, mais elle est fondée sur des preuves« , a-t-il encore dit à l’intention des jurés. Me Dupond-Moretti s’est présenté comme « la dernière voix d’un homme qui a perdu la sienne« . « Je dois me battre contre l’imagination [des enquêteurs et de l'accusation]. Cet homme paie depuis dix ans pour un crime dont il a été acquitté« , a crié l’avocat lillois, qui conclut en livrant ce qu’il qualifie de coïncidence : « Demain, le 21 mars, c’est la Saint-Clémence« , prénom de la fille aînée de Jacques Viguier. (Le Point)

    - J’ai la certitude, Monsieur le président, que la moulinette n’est pas cachée dans la salle des délibérés. Car quand on est un grand juge, on peut dire: je pense un certain nombre de choses, mais à la cour d’assises, vous le savez, quand on a un doute, on acquitte. Vous redirez, Monsieur le président, j’en suis certain, que l’intime conviction ce sont pas des sentiments et que le vraisemblable ne tient pas lieu de preuves. (…)

    - Personne ne vous demandé de choisir une histoire, des hypothèses. ça, c’était à la police de le faire. Or, la démonstration est faite que tous les actes de recherche de la vérité n’ont pas été accomplis. (Pascale Robert-Diard)

     

    L’enquête de police semble avoir été menée de manière particulièrement cavalière (« erreurs grossières » dira le président de la cour d’assises d’appel): outre le préjugé systématiquement à charge, c’est-à-dire en défaveur du suspect, le commissaire en charge de l’enquête a tenté de manipuler des témoins en leur mentant, notamment par l’invention de preuves imaginaires. Et je passe sous silence une garde à vue exceptionnellement longue, la très longue durée de la procédure, puisqu’il a fallu neuf ans pour le premier procès d’assises (mais Viguier n’a passé que neuf mois en détention provisoire, sans doute en raison de son statut social), et une année supplémentaire pour l’appel. Si on peut parfaitement comprendre l’orientation de l’enquête, tout à fait légitime eu égard aux indices troublants déjà relevés, elle a fait chou blanc.

    Dans cette affaire, le système français de l’intime conviction, qui se distingue du critère anglo-saxon – également applicable en Suède et dans d’autres pays - de la culpabilité devant être prouvée au-delà de tout doute raisonnable, peut sembler avoir fonctionné, si on se contente d’une vision superficielle de l’affaire .

    Je n’en suis pas persuadé pour ma part: même si je ne sacralise pas le critère du « beyond reasonable doubt« , qui a tout de même envoyé des innocents au quartier des condamnés à mort aux Etats-Unis et n’aura pas empêché la condamnation initiale des Birmingham Six , des Guildford Four et des Maguire Seven (sans compter la condamnation à mort de Timothy Evans pour des meutres pour lesquels John Christie fut ensuite condamné et pendu à son tour, ou la condamnation à mort en première instance de William Wallace dans la célèbre affaire R. v. Wallace), le critère français de l’intime conviction m’a toujours répugné tant il me semble peu rigoureux. Certes, l’article 353 du Code procédure pénale est d’une rare beauté stylistique s’agissant d’un texte de droit pénal (même un non-juriste tel Larbi est tombé sous le charme):

    La loi ne demande pas compte aux juges des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d’une preuve ; elle leur prescrit de s’interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l’accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : » Avez-vous une intime conviction ? « .

    Ce qui est choquant dans cet article, c’est le fait que les juges n’ont pas à exposer comment ils ont été convaincus de la culpabilité de l’accusé (il n’est pas besoin d’être convaincu de l’innocence d’un accusé pour l’acquitter, puisque le doute suffit à le disculper), c’est le discours quasi-liturgique - »silence« , « recueillement« , « sincérité de leur conscience » – qui fait penser à un cours de catéchisme, et c’est enfin le caractère « intime » de la conviction ainsi forgée – le commissaire principal Georges Moréas parle de « justice mystique« . Bref, de la belle littérature mais du droit détestable:

    Or, l’intime conviction est tout le contraire d’un raisonnement légal construit tendant vers la déclaration de culpabilité. Elle ressemble plus au mode de croyance du profane que celui que doit avoir un juriste. Comment peut-on demander à des juges professionnels de juger à la manière de l’homme de la rue ? L’intime conviction fait place à des décisions purement subjectives et non objectives. Elle n’est pas réellement conciliable avec le principe selon lequel le doute profite à l’accusé, doute qui se trouve de la sorte amputé de toute sa substance. (Mes Jean-Marc Marinelli et Parvèz Dooky, « Orienter la réforme pénale »)

    Il me semble qu’une justice moderne devrait s’affranchir au maximum des risques que fait encourir la simple conviction, parfois érigée comme un dogme. On ne peut condamner des gens sur une impression. On ne peut demander à des gens de condamner des gens sur une impression.
    Un accusé devant une Cour d’assises devrait traîner derrière lui un dossier solide, basé d’abord sur des faits incontestables, puis, pourquoi pas, sur des faits moins évidents, tant à charge qu’à décharge, réunis en toute impartialité. Ensuite, mais ensuite seulement, il appartiendrait au jury populaire de soupeser le pour et le contre et de statuer. (Commissaire principal Georges Moréas, « Viguier, Leroux, Grégory : l’intime conviction« )

    Le Maroc, qui – mimétisme législatif oblige – a également opté pour le système de l’intime conviction, mais avec moins de lyrisme (voir l’article 286 du Code de procédure pénale):

    Hors les cas où la loi en dispose autrement, les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve, et le juge décide d’après son intime conviction. La décision doit comporter les motifs sur lesquels se base la conviction du juge conformément au paragraphe 8 de l’article 365 ci-après.

    Si la juridiction estime que la preuve n’est point rapportée, il déclare l’inculpé non coupable et prononce son acquittement.

    Revenons-en à notre affaire.

    Les avocats de certaines parties civiles, dubitatives quant à la culpabilité de Jacques Viguier, ont parlé d’ »intime conviction policière« : « Le jour où la conviction policière suffira, la justice est morte et nous irons nous coucher« . Et il me semble certain que le système de l’ »intime conviction » a ici encouragé les policiers et – pire encore - le parquet à tenter la roulette russe d’un procès d’assises – et pire encore pour le parquet, à faire appel de l’acquittement en premier ressort? Dieu sait en effet si les jurés français ont pu prendre des privautés avec l’intime conviction – sans remonter à Outreau ou à Omar Raddad, pensons à l’affaire Agnès Leroux, autre victime présumée de meurtre dont aucun cadavre n’est venu étayer la réalité, procès lors duquel Maurice Agnelet a été condamné, 30 ans après les faits présumés, à 20 ans de prison – en appel, car il avait été acquitté en première instance – sur un dossier aussi peu consistant que celui pour lequel Jacques Viguier a justement été acquitté à deux reprises. Sous un système de « beyond reasonable doubt« , comment l’accusation aurait-elle pu oser espérer emporter la conviction des jurés? Aurait-elle même tenté sa chance? J’en doute.

    Dans un système judiciaire digne de ce nom, il y aurait des conséquences disciplinaires et/ou professionnelles pour les membres du parquet impliqués dans ce fiasco: outre le spectaculairement incompétent Marc Gaubert, avocat général lors des deux procès d’assises, il faudrait se demander comment le juge d’instruction et la chambre de l’instruction ont bien pu raisonner en renvoyant Jacques Viguier devant la cour d’assises – accusez les tous et Dieu reconnaîtra les siens? Encore heureux que le parquet ait renoncé à un recours en cassation…

    Tous les indices laissent croire que Suzy Viguier est morte le 27 février 2000, probablement au dernier endroit où elle a été vue en vie, à savoir chez elle. On peut se demander qui était en mesure de la tuer, volontairement ou non, ce jour-là. Mais il n’y aucune preuve démontrant au-delà de tout doute raisonnable – ou pouvant raisonnablement fonder une intime conviction - que Jacques Viguier soit coupable (4). Voilà ce qu’ont dit deux cours d’assises, et rien d’autre. La justice a gagné en ne condamnant pas un accusé malgré l’absence de preuves, quant à la vérité, ce n’était pas là la question posée.

    Lectures supplémentaires:

    - « Je hais l’intime conviction » – l’occasion de cet aveu m’avait été donnée par la condamnation – douteuse à mes yeux - du séparatiste corse Colonna pour le meurtre du préfet Erignac;

    - « Doute » – billet de Larbi où, tout en tombant sous le charme de la formulation littéraire du principe de l’intime conviction à l’article 353 du Code français de procédure pénale, il évoquait ses doutes sur la culpabilité d’Yvan Colonna (décidément…);

    - « L’intime conviction et la cour d’assises« , billet du juge Michel Huyette sur le blog Paroles de juge;

    - les articles du génial chroniqueur judiciaire du Figaro, Stéphane Durand-Souffland, qui avait couvert de manière magistrale le désastre d’Outreau;

    - l’excellent blog de la chroniqueuse judiciaire du Monde, Pascale Robert-Diard;

    - le témoignage de Jacques Viguier sur RTL après ce dernier acquittement, ses déclarations dans une interview exclusive pour Le Figaro, sa demande d’une réparation – à laquelle la loi lui donne droit – pour les neuf mois passés en détention préventive ainsi que ses projets d’écriture;

    - les billets du commissaire principal Georges Moréas, « Du procès Viguier à la réforme pénale » et « Viguier, Leroux, Grégory : l’intime conviction« ;

    - le billet de Me Gilles Devers, « Procès Viguier : Quelles preuves ? Quelle intime conviction ?« ;

    - les billets consacrés sur son blog à ce procès par la journaliste Natalie Mazier;

    - la chronique « Présumé » de Philippe Boucher sur le blog Libertés surveillées, avec ce passage:

    La réalité, c’est que l’accusation a toujours cent mètres d’avance; qu’il y a toujours, dans l’opinion, une prime à l’accusation. D’autant que, par définition, elle est formulée avant que la défense et les principes ne se fassent entendre. Le vieil adage selon lequel « Il n’y a pas de fumée sans feu » reste en pleine forme, pour ne pas dire qu’il est assuré d’être éternel.

    Être poursuivi puis, selon le terme en usage, « blanchi » (garde à vue dépourvue de suite, classement du parquet, non-lieu du juge d’instruction, relaxe ou acquittement par les juges), c’est néanmoins demeurer marqué du soupçon. Au même titre que, après une opération parfaitement réussie, il subsiste, pour la vie entière, une cicatrice. Identique, mais différent. Le double acquittement de M. Jacques Viguier accusé du meutre de sa femme le mettra-t-il définitivement à l’abri du soupçon?

    Notes:

    (1) L’appel en matière criminelle a été introduit en droit français le 1er janvier 2001. Ca veut dire qu’avant cette date, l’appel n’était pas possible contre une condamnation à mort (jusqu’à sn abolition) ou à perpétuité, seul le recours en cassation étant alors ouvert.

    (2) En France, un cas de figure tel que celui d’OJ Simpson ne serait possible qu’en cas d’infraction délictuelle non-intentionnelle, cf. l’article 4-1 a contrario du Code de procédure pénale.

    (3) On peut ainsi relever, sous la plume notamment de l’excellentissime reporter judiciaire du Figaro, Stéphane Durand-Souffland, qui avait déjà couvert l’affaire scandaleuse d’Outreau – ceci, dans l’article « L’agonie du couple Viguier sous la loupe des assises« :

    À trop scruter à travers la loupe, la vue de l’avocat général se trouble. En fin d’audience, il demande élégamment à Jacques Viguier : «Depuis quand elle a le sida, votre épouse ?» Consternation. Il y a une minute, le président coupait son collègue, empêtré dans les dates et les faits, d’un «Pardonnez-moi monsieur l’avocat général, je n’ai rien compris.» Là, Me Dupond-Moretti lance au magistrat : «Vous le faites exprès, vous n’avez rien entendu ?»

    L’avocat général, ironique : «J’irai demain chez l’oto-rhino».

    Me Dupond-Moretti : «Ça ne sera peut-être pas suffisant…»

    Ou encore ceci:

    [L]‘avocat général, torpilleur masochiste du ministère public, s’emploie avec application à couler les témoins qui pourraient apporter de l’eau à son moulin, et il vise particulièrement bien.

    Ou ceci:

    Jacques Viguier n’a pas perdu pied, ce jeudi, au moment le plus délicat de l’audience. Il est vrai que face à cet accusé déroutant, l’accusation patauge. Si Me Francis Szpiner, partie civile, se montre diaboliquement habile, ses efforts sont anéantis avec constance par l’avocat général Marc Gaubert, déjà à la manœuvre en première instance.

    Prince de la question filandreuse fondée sur des postulats erronés, M. Gaubert est régulièrement recadré par le président. Ce procès a lieu par la volonté du parquet général : son représentant, pour l’instant, n’a pas démontré que l’accusé était coupable. Il n’a pas démontré non plus qu’il méritait une deuxième chance.

    Et enfin, en guise de coup de grâce:

    Quelques mots, pour finir, sur ce qui devait être un réquisitoire, puisqu’il a été prononcé par un homme habillé en avocat général. Marc Gaubert estime que Jacques Viguier a commis un meurtre sur la personne de son épouse, parce qu’il savait qu’il allait « perdre le divorce » . Cela s’est « probablement » passé à 4 h 30 du matin, comme l’avait suggéré Me Szpiner, mais M. Gaubert n’exclut pas que « Clémence se soit réveillée à côté de sa mère » trois heures plus tard. Il décrit « un couple au paroxysme de la déchirure » et évacue toute implication de l’amant : « Il y avait du beau, du bon, Dubonnet, là c’est Durand, Durand, Durandet. » Après cet apéritif judiciaire de haute tenue, M. Gaubert demande, comme en première instance, « 15 à 20 ans de réclusion criminelle ». Mais il autorise les jurés à pencher pour les coups mortels – « j’en sais rien, moi, j’y étais pas » – et à prononcer une peine qui ne « plongerait pas les trois merveilleux enfants dans l’obscurité ». Absurde marché, qui signe la démission choquante du ministère public : 20 ans ou l’acquittement. Comme M. Gaubert le disait lui-même sur un autre sujet : « Dans une affaire aussi sérieuse, ce n’est pas très sérieux. »

    Pascale Robert-Diard du Monde est à peine moins indulgente:

    Le problème de Me Szpiner, ce n’est alors pas tant la défense de Jacques Viguier. C’est le réquisitoire échevelé de l’avocat général Marc Gaubert, qui discrédite l’accusation. On n’en retiendra que deux phrases. Un appel à « l’imagination » des jurés pour le scénario du crime. Et une peine « au choix » : de quinze à vingt ans pour meurtre, « mais si vous considérez qu’il n’a pas eu l’intention de donner la mort, et si vous pensez à ses enfants, la peine vous appartient ». (Le Monde)

    (4) Voir ce qu’écrit L’Humanité au lendemain de ce dernier acquittement:

    Une dernière fois Jacques Viguier s’est, lui aussi, adressé aux jurés, en se levant  : « Faites que mon univers ne s’effondre pas. Je vous supplie de me rendre ma dignité d’homme, pour mes enfants et pour Susy. » Et au bout d’un long délibéré, cette dignité lui a donc été rendue. Me Dupond-Moretti  : « C’est la victoire de la justice. » À ceci près  : on ne sait toujours pas ce qui est arrivé à Susy Viguier, le 27 février 2000.

     

    Sources

    http://ibnkafkasobiterdicta.wordpress.com/2010/03/28/mon-prof-de-droit-administratif-jacques-viguier-acquitte-une-deuxieme-fois-du-meurtre-de-sa-femme/

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Une vie de voyou


    Michel Ardouin, dit "Porte-avions"

    Jérôme Pierrat, Michel Ardouin - 2213622051 - Fayard

    »
    A 61 ans, Michel Ardouin se décide enfin à parler. Ardouin ? Un mètre quatre-vingt-cinq et cent trente kilos de muscles, plus connu dans le milieu, sous le surnom de "Porte-Avions", l'une des figures du grand banditisme français.

    Pour la première fois, "Porte-Av" raconte sa vie - bien remplie - de voyou. L'histoire d'un fils de famille qui a mal tourné, passé de l'institution Sainte-Croix-de-Neuilly aux bars de la pègre, du Premier prix de français aux calibres les plus variés.

    Ardouin ne cache rien. De ses premiers pas de proxénète et de casseur dans le milieu parisien des années soixante au trafic international de cocaïne entre la Colombie et la France, en passant par son équipée avec Jacques Mesrine, l'"ennemi public numéro un", avec lequel il écumera plusieurs dizaines de banques et qu'il fera évader.

    Sans oublier ses années de Quartier de Haute Sécurité, ses meurtres de "collègues"... Bref, une épopée de braquages (et autres trafics), de cavales et de règlements de comptes sanglants, où l'on croise caïds, porte-flingues et filles de joie.

    L'histoire de "Porte-Avions", c'est aussi celle du milieu français de ces quarante dernières années.

     

     

     

     

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    L'Assassinat du Petit Grégory

    Faites entrer l'accusé

     

    «

    Christophe Hondelatte - 2749902533 - Faites entrer l'accusé

    »

     

    Le 16 octobre 1984 vers 17 heures, le petit Grégory Villemin, quatre ans, disparaît alors qu'il joue devant le chalet de ses parents, à Lépanges-sur-Vologne, un village des Vosges. Quatre heures plus tard, son corps est retrouvé dans la rivière, à sept kilomètres de là.

    Un mystérieux corbeau revendique le crime dans une lettre anonyme expédiée le jour même du meurtre...

    Avec l'assassinat odieux de cet innocent s'est ouverte l'une des plus grandes énigmes de l'histoire judiciaire. Un suspect, Bernard Laroche, a été abattu par le père de l'enfant: Jean-Marie Villemin. La mère de l'enfant, Christine Villemin, elle-même a été jetée en prison avant d'être disculpée. Un juge a détruit son crédit et sa réputation dans cette affaire. Un autre y a perdu sa santé.

    Qui a tué Grégory ? Pourquoi ? Qui est le corbeau ? Vingt ans après les faits, ces terribles questions restent toujours sans réponse.

    Conduit avec rigueur et objectivité, le passionnant récit de Christophe Hondelatte, présentateur de l'émission "Faites entrer l'accusé", nous entraîne au cœur de l'affaire Grégory, ce drame qui a divisé la France, et relance la polémique...
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Les Grandes Affaires Criminelles d'Alsace
    Laurent Lallemand
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    Les Grandes Affaires Criminelles d'Auvergne
    Jean-Michel Cosson, Jean-Philippe Savignoni
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    Les Grandes Affaires Criminelles d'Eure-et-Loir
    Gérald Massé
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    Les Grandes Affaires Criminelles d'Ille-et-Vilaine
    Christophe Belser
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    Les Grandes Affaires Criminelles de Corrèze
    Jean-Michel Valade
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    Les Grandes Affaires Criminelles de Haute-Savoie
    Jean-Philippe Buord
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    Les Grandes Affaires Criminelles de l'Aveyron
    Paul Astruc
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    Les Grandes Affaires Criminelles de la Creuse
    Jean-Marie Chevrier
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    Les Grandes Affaires Criminelles de la Gascogne
    Sylvain Larue
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    Les Grandes Affaires Criminelles de la Gironde
    Jean-Charles Gonthier
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    Les Grandes Affaires Criminelles de la Loire
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    Les Grandes Affaires Criminelles de la Seine-Maritime
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     FAITES ENTRER L'ACCUSE - JEAN-CLAUDE ROMAND, LE MENTEUR

     Pour apprécier les vidéos - cliquer sur le logo de RADIONOMY le fond musical sera supprimé

     

    L'affaire Romand

     

    Le narcissisme criminel. Approche psychologique

    «

    Denis Toutenu, Daniel Settelen - 2747536785 - L'Harmattan

    »

     

    Le samedi 9 janvier 1993 au matin, à son domicile de Prévessin, un petit village de l'Ain, Jean-Claude ROMAND fracassait le crâne de son épouse à l'aide d'un rouleau à pâtisserie. Dans la même matinée, armé d'une carabine 22 long rifle, il abattait ses deux enfants, âgés de 7 et 5 ans.

    L'après-midi, il se rendait chez ses parents à Claivaux-les-lacs, et les tuait avec la même arme. Puis il gagnait la région parisienne où, dans la soirée, il tentait d'étrangler avec une cordelette une amie qui avait été sa maîtresse. Rentré chez lui, après une journée de prostration, il absorbait des barbituriques et mettait le feu à sa maison.

    Depuis près de vingt années, il se faisait passer pour " le Docteur ROMAND, chercheur auprès de l'OMS à Genève ", alors que ses études s'étaient arrêtées en deuxième année de médecine, et qu'en fait il avait vécu - faisant miroiter à sa famille de juteux placements en Suisse -, sur l'argent de ses parents, de sa belle-famille et de son amie... Au moment du drame il avait tout dépensé et était aux abois sur le plan financier.

    Après quatre autres psychiatres, les docteurs TOUTENU et SETTELEN ont été conjointement désignés comme experts par le Juge d'Instruction pour un ultime avis. Ils ont rencontré ROMAND en prison et ont bénéficié d'un large accès au dossier.

    Dans cet ouvrage, par petites touches, ils reconstruisent le puzzle, et montrent comment la pathologie de l'enfant Jean-Claude s'est trouvée induite par les exigences narcissiques de son entourage familial et scolaire. Et comment, une fois adulte, ROMAND a poursuivi sur sa lancée, instrumentant, tout en en souffrant, l'aveuglement de son entourage.
     
     
     
     
     
     
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     Yves Godard au CHR de Caen, en 1994.

     

    Affaire Godard

     

    L'affaire Godard désigne la disparition en septembre 1999 du médecin français Yves Godard, de sa seconde épouse et de leurs deux enfants. Riche en rebondissements, cette affaire d'ordre supposément criminel est l'une des plus mystérieuses de ces dernières années.

      

    Les découvertes ont été progressives : traces de sang dans la maison familiale près de Tilly-sur-Seulles au lieu-dit le pont-de-Juvigny dans le Calvados d'abord, puis départ d'Yves Godard et de ses deux enfants sur un voilier de location de Saint-Malo, quelques jours auparavant.

      

    Au cours des années suivantes ont été retrouvés sur la côte nord de la Bretagne ou en mer, un canot de sauvetage, des papiers et des cartes de crédit, le crâne d'un des enfants et enfin des ossements d'Yves Godard. Un non-lieu est rendu le 14 septembre 2012.

     

    Déroulement des événements - Disparition de la famille Godard

    Le lundi 30 août 1999, le docteur Yves Godard, médecin et acupuncteur de 43 ans, donne ses dernières consultations à son cabinet, situé au 1 boulevard Maréchal–Lyautey à Caen. Le lendemain, il annule tous ses rendez-vous, trie ses papiers à son cabinet et emmène ses enfants pêcher aux étangs de Planquery, seize kilomètres à l'ouest de Juvign.

      

    Le 1er septembre, il quitte Saint-Malo à bord d'un voilier du port de plaisance des Sablons, ponton E, accompagné de ses deux enfants : Camille (6 ans) et Marius (4 ans), son épouse Marie-France étant absente de ce voyage. Il confie au loueur du Sun Odyssey 30 Nick, voilier de 8, sa volonté d'effectuer une croisière côtière jusqu'à Perros-Guirec, avec un retour prévu le 5 septembre.

      

    Il a, au préalable, acheté à Saint-Malo, des produits de nettoyages et des serpillères qu'il laisse dans son véhicule sur le parking du port.

    Le 2 septembre, le Nick est contrôlé entre le cap d'Erquy et le Cap Fréhel par la douane. Les douaniers procèdent à un contrôle de routine du voilier et aperçoivent l'un des enfants assoupi dans le bateau. Le voilier navigue alors au moteur alors que le vent est établi. L'un des douaniers est intrigué par le comportement du médecin et vérifie son histoire auprès du loueur de Saint-Malo.

    Le voilier du docteur Godard semble ensuite rester quelques jours près de l'anse de Bréhec, entre Plouha et Plouézec, sur la côte du Goëlo. Le voilier est identifié par plusieurs témoignages à Bréhec entre le 2 septembre et le 5 septembre.

      

    Parmi eux, la vendeuse de gaufres du petit port qui reconnaît formellement le médecin caennais et ses enfants, venus lui acheter des gaufres le 3 septembre.

      

    Le lendemain, le Nick apparemment abandonné est aperçu par un couple de promeneur non loin de la pointe de Minard à Plouézec.

    La petite annexe pneumatique du Nick est récupérée par un chalutier le 5 septembre, le jour où le voilier aurait dû rentrer à Saint-Malo. Elle dérivait abandonnée à une trentaine de milles marins des côtes de l'île de Batz (Finistère). On y retrouve un blouson et un chéquier au nom d'Yves Godard[3]. Intrigués, les gendarmes maritimes de Roscoff ouvrent une enquête pour disparition inquiétante. Le 7 septembre, le docteur Godard n'est toujours pas revenu à Saint-Malo, où les gendarmes se rendent et découvrent de larges traces de sang et des doses de morphine dans le Volkswagen Combi du médecin[9].

    Cette découverte précipite les événements. Le 8 septembre, la gendarmerie procède à une perquisition dans la maison des Godard à Tilly-sur-Seulles, au hameau de Juvigny, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Caen.

      

    Les gendarmes y découvrent également d'importantes traces de sang dans la chambre du couple, la salle de bain et le salon. Le 10 septembre, une information judiciaire est ouverte pour homicide volontaire à l'encontre du médecin, avec un mandat d'arrêt international. L'enquête est confiée au juge Gérard Zaug du tribunal de Saint-Mal, Le 16 septembre, le sang prélevé dans le Combi et à Juvigny est identifié comme étant celui de Marie-France Godard, que personne n'a vue depuis le 31 août.

     

    Éléments retrouvés depuis septembre 1999

    Le 16 septembre, onze jours après la découverte de l'annexe, des plaisanciers découvrent un gilet de sauvetage du Nick au large des îles anglo-normandes de Guernesey et d'Aurigny.

      

    Quelques jours plus tard, le 23 septembre, le radeau de survie pneumatique du voilier est retrouvé à moitié dégonflé sur une plage de la baie de Lyme dans le comté du Dorset. Fait inhabituel, le toit de toile du radeau a été découpé et est manquan.

    Alors qu'ils privilégiaient l'hypothèse de la fuite du médecin après l'assassinat de Marie-France Godard, ces deux découvertes sèment le trouble chez les enquêteurs français. En effet, selon les experts du service hydrographique et océanographique de la marine, il est impossible que ces éléments aient pu être retrouvés à ces endroits, dispersés par la seule force des courants ; ils ont été délibérément éparpillés. De plus, le dispositif de gonflage du radeau de survie a été arraché. Or, pour son fabricant, le radeau ne peut rester gonflé plus de soixante-douze heures sans cette bonbonne[.

    Le 16 janvier 2000, quatre mois après la disparition de la famille Godard, un sac de toile est remonté par le chalut d'un pêcheur au large de l'île de Bat. Il contient de nombreux effets personnels de tous les membres de la famille : des vêtements, les permis de conduire d'Yves et Marie-France Godard, les cartes grises des deux véhicules du couple, des chéquiers, le contenu entier du sac à main de Marie-France Godard, des jumelles et un marteau.

    Le 6 juin 2000, un coquillier ratisse la baie de Saint-Brieuc, au large d'Erquy. Au milieu de la nuit, sa drague remonte un fragment de crâne humain que les pêcheurs rejettent à l'eau. Quatre heures plus tard, ils repêchent un nouveau crâne et décident de le garder. L'analyse ADN révèle qu'il s'agit de celui de Camille, la fille du médecin[.

      

    . Les analyses des scientifiques de l'Ifremer ont démontré que le crâne avait reposé à cet endroit depuis au moins février 2000, Cela semble accréditer la thèse du naufrage – accidentel ou non – du Nick et de la mort de ses trois passagers. La zone – proche de l'endroit où le Nick a été contrôlé par les douaniers le 2 septembre 1999 – est passée au peigne fin par un chasseur de mines de la Marine nationale équipé d'un sonar sans que l'épave du voilier soit retrouvée.

    L'affaire prend un nouveau tour lorsque la carte professionnelle du docteur Godard est ramassée le dimanche 11 février 2001 par une promeneuse sur la plage de la Chapelle, sur l'îlot principal des îles des Ébihens, devant Saint-Jacut-de-la-Mer. Le 22 février, une carte bancaire au nom d'Yves Godard est découverte sur cette même plage par un habitant de Saint-Jacut. Puis, le 24 mai, des promeneurs trouvent une carte de crédit, toujours sur la plage de la Chapelle. Une fouille minutieuse de la plage par les gendarmes est ordonnée par le juge d'instruction pendant qu'un dragueur de mines sonde les environs de l'archipel, à la recherche de l'épave du Nick, le tout sans résultat. .

      

    Le 3 juin, une nouvelle carte est retrouvée par un plongeur sur le rivage de la plage. Pour les enquêteurs, il devient alors acquis que le docteur Godard a fait une halte sur cette plage et s'y serait débarrassé du contenu de son portefeuill.

      

    De nouvelles recherches sont effectuées sur la plage, notamment à l'aide d'un tracteur qui tamise le sable de la plage de la Chapelle mais aucune carte ou objet personnel du docteur Godard ou de sa famille n'est découve]. Pourtant le 31 juillet, une cinquième carte est ramassée sur la plage de la Chapelle.

      

    Toutes ces cartes sont analysées par un laboratoire spécialisé. Pour les experts de ce laboratoire, les cartes ont séjourné dans l'eau très peu de temps avant leur découverte et n'ont pas été jetées à l'eau en septembre 1999. Il est vraisemblable qu'elles ont été déposées une à une au cours des premiers mois de l'année 200. Pour les enquêteurs et l'avocat de la famille de Marie-France Godard, il faut y voir l'œuvre d'un complice qui souhaiterait faire croire à une mort accidentelle.

    Une mallette semblant appartenir à Yves Godard est retrouvée le 8 août 2003 dans la baie de Saint-Brieuc. Cependant, les enquêteurs n'ont jamais confirmé l'authenticité de la mallette, celle-ci étant probablement un canular.

    Bien réelle, en revanche, est la découverte d'ossements – un fémur et un tibia – appartenant à Yves Godard le 13 septembre 2006, au fond de la fosse des Casquets, à 70 km au nord de Roscof.

      

    Le chasseur de mines l'Aigle de la Marine nationale est envoyé dans la zone de la découverte pour essayer de retrouver l'épave du voilier, mais sans succès. La confirmation de la mort du docteur Godard éteint l'action publique à son encontre mais le mystère de la disparition de Marie-France Godard – dont le corps n'a jamais été retrouvé – et de la mort du docteur Godard et de sa fille Camille, ainsi que celle très probable de Marius, demeure : drame familial suivi d'un suicide maquillé en naufrage ou d'un accid.

      

    Le dossier judiciaire n'est donc pas immédiatement classé. Il allait l'être deux ans plus tard lorsqu'une nouvelle carte de mutuelle d'Yves Godard est retrouvée en parfait état de conservation sur la plage de la Chapelle, aux Ébihens, le 14 décembre 2008, relançant ainsi l'action de la justice.

     

    " L’affaire du Docteur Godard refait surface depuis la mystérieuse réapparition de plusieurs documents administratifs. Le médecin, son épouse et ses deux enfants avaient disparu en mer en septembre 1999 alors qu’Yves Godard était criblé de dettes. En juin 2000, des pêcheurs avaient retrouvé le crâne de sa fille Camille avant de repêcher en 2006, des ossements du docteur Godard. Ainsi, après la découverte de la carte de crédit et la carte professionnelle, c’est désormais la carte Vitale du médecin qui vient de réapparaître mystérieusement sur l’île des Ebihens dans les Côtes-d’Armor. « Manifestement, le document a été déposé là par quelqu'un. Aucune empreinte digitale ou génétique n'a été relevée » a précisé le procureur de Saint-Malo. Cette découverte obscurcit l’affaire mais ne bouleverse pas l’enquête qui sera bientôt close. "

    S.P    Le 27/01/2009

     

    Enquêtes et témoignages

    À la suite de la découverte d'importantes traces de sang de Marie-France Godard dans la maison de Juvigny, de vastes fouilles ont été entreprises dans la région pour retrouver le corps de l'épouse du médecin au cours de l'automne et de l'hiver 1999.

    Restant vaines, ces recherches s'interrompent à la mi-janvier 200,  Elles reprennent le 27 janvier 2007, un mois après l'annonce de la mort du docteur Godard. Sur indications d'une lettre anonyme, la gendarmerie fouille le débarras d'un cimetière de Lingèvres, situé à moins de 5 km du domicile des Godard. Elle retrouve des ossements que la lettre indique comme étant ceux de Marie-France Godard. Après analyse des ossements, ces os n'appartiennent pas à Madame Godard. C'est un radiesthésiste normand qui s'est réclamé être l'auteur de la lettre anonyme

    14 octobre 1999. Un hôtelier de l'île de Man affirme que le docteur Godard et ses enfants ont séjourné dans son hôtel du 7 au 14 septembre. C'est le premier d'une série de témoignages signalant la présence d'Yves Godard et de ses enfants aux quatre coins du monde. On déclarera ainsi l'avoir vu successivement sur l'île de Lewis (Écosse), en Afrique du Sud, à Miami et en Crète.

    Début mai 2000. Les vérifications faites à Madère, où Yves Godard avait ouvert un compte en banque, ne donnent rien : aucun mouvement de fonds n'a eu lieu après la disparition du médecin.

    La publication fin 2011 de L'Assassinat du docteur Godard par Eric Lemasson met en lumière une nouvelle piste, financière voire mafieuse, en s'appuyant sur une série d'assassinats autour de la CDCA (Confédération des défense des commerçants et artisans) dont Yves Godard était un membre très act.

    Non-lieu

    Le 14 septembre 2012, le juge d'instruction rend une ordonnance de non-lieu.

    Dans son réquisitoire, le parquet relève que « la seule hypothèse que l'on peut exclure est que la disparition de la famille s'explique par un simple accident de mer » et, « même si c'est la piste la plus probable, on ne peut affirmer formellement que Yves Godard est l'auteur de l'homicide, c'est un non-lieu faute de charge », selon Alexandre de Bosschère, procureur de la République de Saint-Mal.

      

    Fiction

    Françoise Chandernagor avait imaginé un feuilleton en quatre épisodes à paraître dans

    Le Figaro littéraire.

    Après la publication du premier épisode en juillet 2000, la famille de l’épouse du Docteur Godard a fait interdire, en référé, par un juge de Caen, la publication du feuilleton, en arguant le respect de la vie privée, prévu à l’article 9 du Code civil.

      

      

    sources / Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

    Affaire Godard : 13 ans après, la justice referme le dossier

    Par S.C.- Le 15/09/2012

     

      Affaire Godard 13 ans apres la justice referme le dossier

     

    Treize années que les enquêteurs tentaient de résoudre l’affaire Godard, du nom d’un médecin normand qui avait disparu avec sa famille. Ce samedi, le procureur de la République à Saint-Malo, Alexandre de Bosschère, a annoncé que le juge d’instruction, chargé du dossier depuis 1999, a rendu hier une ordonnance de non-lieu. Alors que le docteur Yves Godard était recherché pour homicide volontaire, « il reste beaucoup de zones d'ombre », a précisé le procureur.

     

      

    Les corps de son épouse et de son fils jamais retrouvés

    Yves Godard, un médecin de Caen (Calvados), sa femme Marie-France, et leurs deux enfants avaient disparu en 1999. Le 1er septembre de cette année-là, le médecin était parti en mer depuis Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) avec son fils Marius, 4 ans, et sa fille Camille, 6 ans, à bord de son voilier. En revanche, son épouse était absente du voyage. Alors que le père et les enfants ne donnaient plus de nouvelles, une enquête avait été ouverte pour disparition inquiétante.

      

    Quelques jours plus tard, les gendarmes avaient découvert des traces de sang lors d’une perquisition au domicile familial de Tilly-sur-Seulles (Calvados). Les analyses avaient ensuite prouvé qu’il s’agissait de celui de Marie-France. L’année suivante, le crâne de la petite Camille avait été repêché par un chalutier. Six ans plus tard, en 2006, un tibia et un fémur d’Yves Godard avaient été découverts en mer. En revanche, les corps de Marie-France et de Marius n’ont jamais été retrouvés.

    Dans son réquisitoire rendu public aujourd’hui, le parquet relève que « la seule hypothèse que l'on peut exclure est que la disparition de la famille s'explique par un simple accident de mer ». « Même si c'est la piste la plus probable, on ne peut affirmer formellement que Yves Godard est l'auteur de l'homicide, c'est un non-lieu faute de charge », a par ailleurs annoncé Alexandre de Bosschère, précisant que les parties civiles avaient désormais 10 jours pour faire appel.

      

      

    Sources

    http://www.elle.fr/Societe/News/Affaire-Godard-13-ans-apres-la-justice-referme-le-dossier-2177432

     

      

    L'affaire Godard vue par Jean-Pierre Beuve reporter à Ouest-France

     

    Lorsqu’il quitte le port de Saint-Malo, le 1er septembre 1999, Yves Godard, 44 ans, largue les amarres d’une vie parfois tourmentée. Fils d’un psychiatre breton, il s’inscrit à la faculté de médecine de Caen, en 1974, après des études aux Cordeliers de Dinan, l’institution des bonnes familles.

       

    «Ma mort professionnelle»

    D’emblée, le jeune médecin, jean sous la blouse blanche, marque sa différence : sa thèse, en 1984, est consacrée au traitement de la sciatique par l’acupuncture. Les autorités médicales froncent d’autant plus les sourcils qu’un hebdomadaire caennais consacre sa une au sujet. Cette publicité lui vaut ses premiers démêlés avec le Conseil de l’Ordre.

    Suivront, plus tard, une suspension et même une condamnation pénale, en 1996, pour avoir délivré lui-même des médicaments. « Ma mort professionnelle », dira-t-il. Une cassure qui l’amènera à ne plus payer ses cotisations sociales et à militer dans un syndicat classé à l’extrême droite.

    Attentif à son prochain

    Faisant preuve d’une ouverture d’esprit peu commune, il teste des traitements loin des règles officielles : astrologie médicale, instinctothérapie - qui consiste à manger de la viande crue -, présence aux côtés d’une voyante, etc. Des emballements successifs.

    Dans sa pratique quotidienne de généraliste acupuncteur, Yves Godard se montre très attentif à sa clientèle et à son prochain. Avant sa disparition, des patients parlaient déjà de lui avec émotion. La visite est gratuite pour des enfants qui partent en colo ; il accompagne des cancéreux en fin de vie à une époque où les soins palliatifs restent balbutiants.

    Côté vie privée, un charme indéniable : « J’aurais volontiers craqué pour lui », confie une élève infirmière des années 1980. Deux mariages, quatre enfants. Une vie de fin du XXe siècle avec croisières en mer et théâtre en amateur : pas du boulevard, mais des pièces d’avant-garde dans la Compagnie du clair-obscur. Un titre pour la vie d’Yves Godard.

    Jean-Pierre BEUVE.

      La maison du Dr Godard, à Tilly-sur-Seulles (Calvados). L’affaire Godard, ce sont 450 personnes entendues, 560 scellés, 450 réquisitions et cinquante commissions d’experts…

    Treize ans après la disparition de la famille normande de quatre personnes, et d’un voilier au large de la Bretagne, le procureur a demandé le non-lieu. Même s’il reste des zones d’ombre.

    Treize années de mystère. Le 1er septembre 1999, le Dr Yves Godard embarque, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), sur un voilier loué pour cinq jours. Le lendemain, les douaniers le contrôlent en mer. À bord, se trouve aussi un enfant. On ne les reverra plus. Le 5 septembre, l’annexe est retrouvée au large de l’île de Batz (Nord-Finistère), contenant la veste et le chéquier du médecin.

    Quatre jours plus tard, les gendarmes vont relever des traces de sang dans la maison de Tilly-sur-Seulles (Calvados), où le médecin vivait avec sa famille, ainsi que dans la fourgonnette abandonnée près du port de Saint-Malo. Le sang s’avérera être celui de l’épouse : Marie-France Godard.

    L'affaire Godard vue par Jean-Pierre Beuve reporter à Ouest-France

     

     

    L'enquête aurait pu s'arrêter en 2006

    L’enquête pour homicide aurait pu s’arrêter dès 2006, après la découverte d’un tibia et d’un fémur attestant le décès de l’auteur présumé, Yves Godard, 45 ans. Le crâne de sa fille Camille, 6 ans, avait déjà été repêché en juin 2000. « Mais on espérait toujours trouver une vérité judiciaire et pouvoir apporter des explications à la famille », explique le procureur de Saint-Malo, Alexandre de Bosschère. Malgré les recherches à terre et les dragages en mer, aucune trace de Marie-France Godard, 43 ans, ni de son fils Marius, 4 ans, ni du Nick, le bateau de location de 9 mètres.

    Encore des zones d’ombres

    Au terme de l’enquête, le dossier remplit vingt-neuf tomes. En 2009, rappelle le procureur, « un nouveau directeur d’enquête a réexaminé toutes les pistes. Quatre commissions rogatoires ont ainsi été lancées, en 2010 et 2011. » Dont une pour vérifier l’hypothèse d’un lien entre la disparition de la famille Godard et la CDCA (Confédération de défense des commerçants et artisans), dont le président, Christian Poucet, a été assassiné, en 2001. Aucun lien n’a pu être établi. En définitive, reconnaît le magistrat, « il subsiste des zones d’ombre : cette demande de non-lieu est nécessairement un constat d’échec. On n’a pas la preuve formelle que le Dr Godard a tué sa femme, même si c’est l’hypothèse la plus probable. On ne peut pas non plus écarter le suicide de celle-ci. »

    Un des scénarios envisageables est un décès à l’occasion d’une dispute, Godard ayant caché son projet de départ en bateau à son épouse, qui détestait la navigation. « En revanche, il n’y a pas de possibilité raisonnable pour un simple accident de mer : trop d’incohérences. Dans les naufrages, on retrouve toujours quelque chose… Sauf si on a fermé et sabordé le bateau. »

    Corbeau non identifié

    Pour la justice, il ne fait aucun doute que les cinq cartes appartenant au Dr Godard - cartes bancaires, professionnelles… - découvertes entre 2001 et 2008, aux Ébihens (devant Saint-Jacut, dans les Côtes-d’Armor), puis une sixième quelques jours après l’annonce de la fin prochaine de l’enquête, ont été déposées par un ou des tiers. L’intention reste obscure.

    Des témoins ont cru voir Yves Godard en de nombreux endroits : en Afrique du Sud, à Miami, en Guadeloupe… La possibilité subsiste qu’il soit passé par les îles de Man et Lewis. Un « corbeau » jamais identifié a donné ces deux pistes, corroborées sur place par des témoignages. Aujourd’hui, Alexandre de Bosschère prévient : « De nouveaux courriers anonymes ou des nouvelles apparitions de documents ne suffiraient pas pour que le parquet rouvre ce dossier. »

    La demande de non lieu acceptée

    Le procureur Alexandre de Bosschère a longuement reçu vendredi après midi l’avocat de la famille de Marie-France Godard-Legraveran, et de ses enfants. Ils ont accepté de renoncer au délai légal d’un mois pour formuler d’éventuelles observations. La juge d’instruction Anne-Laure Maduraud a ensuite prononcé un non lieu clôturant la procédure d’homicide. Il reste encore un délai théorique (mais improbable) de 8 jours à la partie civile pour faire appel.

    Gérard LEBAILLY.

      

      

    Ce dossier judiciaire hors normes représente les chiffres suivants :

    Une dizaine de magistrats en treize ans

    Jusqu’à 40 gendarmes mobilisés par la cellule Godard

    84 commissions rogatoires dont 18 CR Internationales

    450 personnes entendues, une soixantaine de sites fouillés autour de Tilly-sur-Seulles

    450 réquisitions (communication de fadettes téléphoniques, documents bancaires, analyses d’ADN ou de toxicologie)

    50 commissions d’experts (études graphologiques, et d’ADN)

    560 scellés (dont une partie occupe une pièce au sous-sol du tribunal).

    LIRE

    Dr Godard : un médecin à part entière, entièrement à part

    Chronologie. Pour mieux comprendre l’affaire

    Le jour où les ossements du docteur Godard ont été repêchés

      

      

    Pourquoi le docteur Godard voulait-il disparaître de la circulation

    en septembre 1999 ?

     

      Il y a douze ans, le Dr Godard (g) disparaissait avec ses enfants... Deux ans après, Christian Poucet (d) était assassiné.

    Il y a douze ans, le Dr Godard (g) disparaissait avec ses enfants... Deux ans après, Christian Poucet (d) était assassiné. (AFP ET B. V.)

    Dans un livre, Éric Lemasson a établi le lien entre la disparition à Caen, en 1999, du Dr Yves Godard et de ses enfants, et l’assassinat de Christian Poucet dans l’Hérault, en 2001.

      

      

    Pourquoi le docteur Godard voulait-il disparaître de la circulation en septembre 1999 ?

     

    Refaire sa vie ailleurs, c’était un vieux rêve qui habitait depuis longtemps ce médecin.

      

    En 1999, il est acculé financièrement, aux abois, en échec : il va se préparer très secrètement, pendant de longs mois. C’était un projet solitaire, sa femme n’était au courant de rien. Son projet était de disparaître en laissant derrière lui des indices faisant croire à un naufrage.

    Qu’est-ce qui a perturbé son plan ?

    Il a mis de côté de fortes sommes, loué un bateau, préparé son départ avec des gens pour organiser la disparition de son voilier. Ce qu’il n’a pas prévu, c’est le problème avec sa femme, quand il lui a parlé de son départ, la veille au soir. Soit ils se sont bagarrés, soit il l’a tuée, soit elle s’est suicidée : je suis convaincu que c’est lui qui a fait disparaître son cadavre. Cet événement a compliqué sa tâche : je crois qu’il n’avait pas prévu de partir avec ses enfants, Marius, 4 ans, et Camille, 6 ans.

    Comment en arrive-t-on au Comité de défense des commerçants et artisans (CDCA) ?

    Les enquêtes menées à Saint-Malo se sont très tôt intéressées à la CDCA, dont le Dr Godard était membre. Dès mai 2000, des enquêteurs, à la demande du juge, sont venus à Baillargues (Hérault) interroger, dans ses bureaux, Christian Poucet, ainsi que Maria Mendes, sa collaboratrice à Madère, et ordonner des investigations financières sur la façon dont ce syndicat organisait l’évasion fiscale et les délocalisations d’entreprises à l’étranger. Cette piste est restée sans lendemain. Il y avait d’autres pistes plus séduisantes, comme le drame familial ou la secte. Les enquêteurs se sont heurtés aussi à l’impossibilité matérielle de remonter les comptes de Godard, à cause d’une inondation des archives d’une banque de Caen.

      

    Pourquoi Godard est-il devenu l’homme à abattre pour certains dans l’entourage de la CDCA ?

    Godard faisait partie, comme des centaines de petits commerçants ou d’artisans, de ceux qui ont été floués dans l’aventure. Pour lui, les sommes en jeu étaient importantes, estimées à 3 MF (450 000 €), et il a voulu les récupérer. C’est ce que l’on comprend quand on étudie son itinéraire après son départ en bateau, et notamment son passage par l’Ile de Man, un paradis fiscal où étaient basées certaines sociétés proches de la CDCA. Je pense que quand il a compris que son argent avait disparu, il a secoué le cocotier, et que c’est pour ça qu’il a été tué.

      

    Où est le lien avec l’assassinat de Christian Poucet ?

    Les gendarmes ont fait état de confidences qui ont relancé, en 2009, l’intérêt porté à la piste CDCA. Il s’agit d’éléments recueillis en 2004 par les policiers montpelliérains auprès d’un témoin, au Brésil, et qui n’ont pas été transmis à l’époque aux gendarmes. Ce témoin a apporté un éclairage sur l’assassinat de Poucet et a parlé aussi d’un médecin français et de ses enfants.

      

    Cet élément semble fortement contesté à la PJ de Montpellier ?

    Avoir caché ces éléments sur l’affaire Godard, c’est quelque chose d’inavouable. Mes sources sont de première qualité, du béton.

    Pourquoi la justice de Saint-Lô ne s’est-elle pas intéressée à ce témoin brésilien ?

    Je n’ai pas les réponses. Les aléas de l’organisation judiciaire ont joué : en juillet 2009, l’équipe d’en- quêteurs a été dispersée et un nou- veau juge a dû reprendre à zéro.

      

    Pensez-vous que l’on connaîtra un jour la vérité sur la mort du Dr Godard et de ses enfants ?

    Au minimum, on ne pourra plus envisager cette affaire de la même façon, comme un simple drame familial. Il faut absolument la lire à travers le prisme des liens entre Godard et la CDCA. Je comprends que mon livre provoque quelques turbulences, mais je ne souhaite pas polémiquer, plutôt insister sur l’intérêt qu’il y a à relancer des enquêtes non élucidées.

      

    “L’Assassinat du Dr Godard”, Eric Lemasson, Les Arènes, 362 pages, 18,80 €

     
    YVES GODARD, corps et biens

    Le 1er septembre 1999, le Dr Yves Godard, 44 ans, embarque avec ses deux enfants, à Saint-Malo, sur le Nick, un voilier de neuf mètres loué pour cinq jours. Le 5 septembre, l’annexe du bateau est découverte à Roscoff. Le 7, les gendarmes trouvent des traces du sang de Marie, l’épouse du docteur, dans le fourgon laissé à Saint-Malo, puis dans la maison du couple.

    Plus tard, un gilet de sauvetage, un radeau de survie sont découverts en Manche et sur la côte anglaise. En octobre, des lettres anonymes signalent la présence de Godard et de ses enfants sur l’Ile de Man, puis aux îles Hébrides, pré-
    sence confirmée après coup par des témoins. En janvier 2000, un chalutier remonte au large de l’île de Batz un sac contenant des documents de la famille Godard. En juin 2000, le crâne de Camille est repêché au large de Saint-Brieuc.

    À partir de 2001, des cartes de crédit ou d’assurance du Dr Godard vont successivement réapparaître sur un îlot proche de Bériac-sur-Mer, où Yves Godard, enfant, passait ses vacances ; la dernière émergeant en 2008, soit un an après la découverte, en Manche, d’un tibia et d’un fémur identifiés par l’ADN comme étant ceux de Godard.

    CHRISTIAN POUCET, criblé de balles

    Le 29 janvier 2001, Christian Poucet, 44 ans, est criblé de balles de gros calibre par deux tueurs cagoulés dans ses bureaux de Baillargues (Hérault). Personnage sulfureux, Christian Poucet avait été l’un des leaders du Comité de défense des commerçants et artisans (CDCA), devenu européen (CDCAE) en 1992.

    Usant de la manière forte, l’organisation incitait ses adhérents au boycott des cotisations sociales, au profit d’assurances privées installées dans des paradis fiscaux, et contrôlées par la CDCAE. En 2001, Midi Libre et le Diario de Noticias, quotidien portugais, ont publié le témoignage du garde du corps brésilien d’une femme d’affaires portugaise, affirmant qu’elle était à l’origine de ce crime.

    Une mort qui aurait été déclenchée par une rivalité exacerbée entre ces deux personnages pour le contrôle de l’argent géré par ces sociétés offshore. L’enquête sur cet assassinat est toujours en cours à la PJ de Montpellier.

     

     

     

     http://www.midilibre.fr/2011/10/12/godard-poucet-deux-morts-liees,401423.php

     

      

      

    Le docteur Godard assassiné par des membres de la CDCA ?

     

     Le docteur Godard, peu avant sa disparition.

    Le docteur Godard, peu avant sa disparition. (D.R.)

      

      

    Le reporter et documentariste Eric Lemasson a publié jeudi un livre sur l'affaire Godard dans lequel il soutient que le médecin et ses enfants ont été assassinés, après une fuite à l'étranger qui a mal tourné, a indiqué l'éditeur de l'ouvrage, Les Arènes.

    Selon l'auteur, le docteur Godard avait préparé son départ sur un voilier de location pendant de longs mois, sollicitant un "réseau à l'étranger lié au syndicat de petits commerçants" CDCA, et confiant ses économies à "ce réseau d'évasion financière et fiscale", explique l'éditeur.

     

    Assassiné par ceux qui l'avait été à s'enfuir

    Après sa fuite, il "tentera en vain de récupérer son argent d'île en île, et de paradis financier en paradis financier", avant d'être "assassiné sur ordre de ceux qui l'avaient aidé à s'enfuir", indique-t-on de même source. Interrogé mercredi par le quotidien Ouest-France, l'avocat de la famille de Marie-France Godard (épouse du docteur Godard, dont le corps n'a jamais été retrouvé) a exprimé son scepticisme sur cette thèse.

    "Les investigations sur un lien possible avec la Confédération de défense des commerçants et artisans n'ont rien donné même si l'un des enquêteurs s'est longuement penché sur cette partie du dossier", déclare-t-il au quotidien. Le parquet, joint jeudi, n'a pas souhaité communiquer sur l'enquête et sur le livre d'Eric Lemasson.

      

    Disparu mystérieusement depuis 1999

    Le docteur Yves Godard a disparu en 1999 avec sa famille dans des conditions jamais élucidées. Installé dans le Calvados, ce médecin acupuncteur de 44 ans, alors criblé de dettes, s'était volatilisé avec ses deux enfants de 4 et 6 ans et sa femme, début septembre 1999.

    Seuls des ossements du docteur Godard, recherché pour homicide volontaire sur son épouse, et de sa fille, Camille, ont été retrouvés au large de la Bretagne.

     

     

     

    Assassinat de Christian Poucet : la PJ repart enquêter à Madère

    (sources Midi Libre avril 2012)

     

     

    Christian Poucet, assassiné en janvier 2001. Un mystère judiciaire.

    Christian Poucet, assassiné en janvier 2001. Un mystère judiciaire. (Photo B. VEDEL)

     

      

      

    Dernier soubresaut procédural ou véritable avancée judiciaire ? Des enquêteurs du Service régional de police judiciaire de Montpellier se sont rendus cette semaine à Madère, au large du Portugal, afin d’y procéder à des auditions, onze ans après un crime retentissant.

      

    En 2001, Poucet était abattu de plusieurs balles

    Le 29 janvier 2001, Christian Poucet, 45 ans, le sulfureux leader du Comité de défense des commerçants et des artisans européens (CDCAE), était abattu de plusieurs balles de 11.43 dans ses bureaux de Baillargues (Hérault) par deux tueurs cagoulés. Une exécution en forme de contrat, dont la PJ recherche depuis les commanditaires et les exécutants.

    Une tâche difficile au vu de la personnalité contrastée de Christian Poucet. Libertin, gros joueur au casino, l’homme avait bâti une organisation complexe, incitant ses milliers d’adhérents à ne pas payer les cotisations sociales obligatoires. En échange, via une myriade de sociétés basées dans des paradis fiscaux, le CDCAE fournissait des assurances privées, brassant ainsi de colossales sommes d’argent.

      

    La piste de Madère

    En janvier 2002, Midi Libre et le journal portugais Diario de Noticias publiaient des articles orientant l’enquête vers l’île de Madère, où étaient basées certaines des sociétés de la galaxie CDCAE. Selon le témoignage d’un Brésilien, l’assassinat aurait été commandité par une femme gérant les affaires du CDCAE sur place et par son compagnon, moyennant 150 000 €. Motif : un conflit financier exacerbé avec Poucet.

    Dix ans après, le juge montpelliérain chargé du dossier vient de délivrer une commission rogatoire internationale pour entendre à nouveau le couple soupçonné. Seul l’homme a été interrogé, en présence de son avocat, la femme d’affaires étant en déplacement.

     

    Bien des interrogations

    L’avenir dira si le juge dispose d’assez d’éléments pour mettre en cause les personnes soupçonnées, qui nient toute implication dans le crime. Un crime qui continue à susciter bien des interrogations : la publication récente d’un livre établissant un lien avec l’affaire du Dr Godard, hypothèse jugée peu crédible par les enquêteurs, en est l’illustration. 

     

    Le jour où les ossements du docteur Godard ont été repêchés [Vidéo]

    Faits diverssamedi 15 septembre 2012

      

      

    Article OUEST-FRANCE (15 septembre 2012) 

      

    Fin septembre, au large de Roscoff, un pêcheur a remonté des ossements. Ils appartiennent au médecin caennais disparu en 1999.

      

    SAINT-MALO. - Sept ans après, l’affaire Godard rebondit. Et c’est encore la mer qui a livré des indices, qui semblent, cette fois, déterminants. Hier, le procureur de la République de Saint-Malo, Jean-Luc Desport, a annoncé que des restes appartenant au docteur Godard avaient été découverts au large du Finistère.

    Le 16 septembre, dans l’après-midi, le At-Fyl, un fileyeur, se trouve au milieu de la Manche, à environ 74 km des côtes, lorsqu’il remonte des ossements dans ses filets. Intrigué, le patron du bateau, Yvon Caroff, décide de les conserver. Il reconnaît qu’il ne « s’est pas précipité » : le 11 octobre seulement, ce fémur et ce tibia sont confiés à la gendarmerie, qui décide de les faire analyser par un labo de Nantes. Les résultats sont tombés ces jours-ci. Il aura fallu attendre deux mois, « car une telle expertise demande du temps », précise le procureur.

      

    « Un ADN cellulaire extrait de l’un des deux os, le tibia, a été identifié comme étant celui du docteur Godard », révèle Jean-Luc Desport. « La fiabilité d’une telle analyse est très importante. Elle ne laisse que peu de doute » sur l’identité de la personne. Néanmoins, l’actuel juge d’instruction prévoit de nouvelles investigations. Une expertise complémentaire va être effectuée dans les prochaines semaines, pour confirmer ces premiers résultats.

      

    MANCHETTE OUEST-FRANCE

      http://upload.ouestfrance.fr/ouest-france.fr/pdf/godard.pdf

     

    La justice s’apprête à refermer le dossier Godard. Après treize années de mystère autour de la disparition de cette famille caennaise au large de la Bretagne, le procureur de Saint-Malo demande le non-lieu. Retour sur plusieurs années d’une affaire judiciaire hors-norme.

     



    1999

    1er septembre : départ de Saint-Malo à bord du Nick. (1)

    2 septembre : une vedette des douanes voit Godard et un enfant à bord du Nick (2)

    5 septembre : découverte de l’annexe du voilier loué par le docteur Godard. À l’intérieur, la veste et le chéquier du médecin. (3)

    17 septembre : découverte d’une brassière au large de la Hague (4)

    23 septembre : découverte d’un radeau de survie (5)

    2000

    16 janvier : un chalutier ramène un sac contenant des vêtements, des objets et des papiers personnels de la famille Godard. (6)

    6 juin : des pêcheurs remontent dans leur chalut le crâne de Camille, fille du docteur Godard. (7)

    2001

    Cette année-là, quatre documents appartenant au docteur Godard sont retrouvés à Saint-Jacut. (8)

    11 février : sa carte professionnelle retrouvée sur la plage des Ébihens.

    22 février : un document d’opposition bancaire

    24 mai : une carte bancaire découverte par un plongeur par trois mètres de fond.

    31 juillet : une carte d’adhérent à un organisme de crédit est retrouvée sur la plage

    2003

    8 août : une mallette est retrouvée par un pêcheur en baie de Saint-Brieuc. Le nom du docteur Godard serait inscrit au feutre à l’intérieur. (9)

    2006

    16 septembre. Un fileyeur de Roscoff repêche des ossements qui s’avéreront appartenir au docteur Godard. (10)

      

      

    Zones d’ombre

    Par ailleurs, une exploration de la zone est envisagée avec le concours de la Marine nationale, afin d’y retrouver peut-être l’épave du Nick. Le Nick, ce voilier loué à Saint-Malo, en août 1999, à bord duquel le docteur Godard avait été vu pour la dernière fois. Au large de Roscoff,

      

    « les fonds atteignent 80 à 90 m de profondeur. Pas question d’y envoyer des plongeurs, il faut des moyens lourds. On espère que la Marine voudra bien nous prêter un chasseur de mines, comme en 2000 ».

     

    Si la contre-expertise confirme que les ossements sont bien ceux du médecin normand, la justice pourra-t-elle mettre un point final à cette affaire mystérieuse ? « L’action publique à l’encontre d’Yves Godard se trouvera éteinte », résume sobrement le procureur. L’affaire n’est pas classée pour autant. De nombreuses zones d’ombre subsistent. Comment le docteur Godard a-t-il disparu ? A-t-il volontairement sabordé le voilier ou a-t-il été victime d’un accident ? Sa femme et ses deux enfants ont-ils sombré dans le naufrage ou ont-ils été les victimes d’un geste de folie ?

      

    Olivier BERREZAI.

     

     

     

     

     

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    Bonnie et Clyde (Bonnie Parker et Clyde Barrow) sont deux criminels américains qui ont perpétré leurs méfaits dans le Sud-Ouest des États-Unis pendant la Grande Dépression. Ils étaient spécialisés dans l'attaque à main armée de banques et on estime qu'ils ont tué douze personnes.

      

     

      

    La voiture du couple, après la fusillade. DR

      

    Si la France a connu le premier braquage automobile, l’Amérique a très vite ravi la « vedette » au Vieux Continent.

    Parmi les grandes cavales automobiles, celle de Bonnie and Clyde, immortalisée à l’écran par Faye Dunaway et Warren Beaty, demeure l’une des plus terribles.

    Le 23 mai 1934, le couple est abattu par la police sur la route, alors qu’il s’apprête à commettre un énième hold-up. La Ford est criblée de balles et les deux amants terribles tués sur le coup. En France, Gainsbourg et Bardot ont chanté leurs «exploits».

    Depuis, le cinéma et la télévision ont largement utilisé le filon de la course-poursuite en voiture.

    Les Incorruptibles ont immortalisé les poursuites entre les trafiquants d’alcool et les policiers dans les années 20-30 aux États-Unis, pour le plus grand plaisir des amateurs de frisson et de vieilles voitures.

     

     

     

    Les revolvers de Bonnie et Clyde achetés aux enchères 500.000 dollars

      

    Les revolvers portés par le célèbre couple de gangsters Bonnie Parker et Clyde Barrow quand ils ont été abattus en 1934 ont été acquis pour plus de 500.000 dollars / AFP

     

    Les revolvers portés par le célèbre couple de gangsters Bonnie Parker et Clyde Barrow au moment où ils furent abattus en Louisiane en 1934 seront mis aux enchères le 30 septembre à Nashua dans le New Hampshire (nord-est), a-t-appris vendredi auprès de la maison RR Auction.

     

    Il s’agit du Colt Detective Special de Parker et du Colt Government 1911 semi-automatique de Barrow. Des revolvers très spéciaux, pour le vice-président des ventes de la maison RR Auction, Bobby Livingstone, car ils ont été littéralement retirés des corps sans vie des deux gangsters en cavale, après l’embuscade fatale menée par la police.

     

    Parker avait utilisé du scotch pour attacher son arme à sa cuisse, tandis que Barrow avait accroché la sienne à sa ceinture.

     

    Les deux revolvers ont été retrouvés sur les lieux du crime, à Paroisse de Bienville, au nord-ouest de la Louisiane (sud), par le policier Frank Hamer. Des lettres certifiées de ce dernier accompagnent les armes mises aux enchères pour prouver leur origine.

     

    «Tout ce qui provient de ce fameux jour du 23 mai 1934 est extrêmement rare et précieux», a indiqué par téléphone à l’AFP M. Livingstone.

     Bonnie et Clyde restent des légendes de la culture populaire américaine, et leur traversée du pays, durant la Grande Dépression, commettant braquages et tuant plusieurs agents de police, a été retracée au cinéma.

     

    La trousse de maquillage de Bonnie sera aussi mise en vente le 30 septembre, ainsi que la montre de poche en or de Clyde et deux autres de ses revolvers.

     

    La maison RR Auction proposera également un pistolet automatique ayant un jour été entre les mains d’Al Capone, ou encore une partition de musique signée par le célèbre bandit de Chicago lors de son séjour dans la prison d’Alcatraz.

      

    Les revolvers portés par le célèbre couple de gangsters Bonnie Parker et Clyde Barrow quand ils ont été abattus en 1934 ont été acquis pour plus de 500.000 dollars par un collectionneur texan lors d'une vente aux enchères, a-t-on appris lundi auprès de la maison RR Auctions.

    Un collectionneur texan


    Le "Colt Detective Special" de Parker est parti pour 264.000 dollars et le "Colt Government 1911" semi-automatique de Barrow a été adjugé à 240.000 dollars lors de cette vente organisée dimanche à Nashua, dans le New Hampshire. Le collectionneur texan qui a acheté les deux armes a souhaité rester anonyme.


    Ces deux revolvers ont été récupérés à Paroisse de Bienville, au nord-ouest de la Louisiane, par le policier Frank Hamer, sur les corps sans vie des deux gangsters en cavale, après une embuscade fatale menée par la police.

     

      

    Parker, 23 ans, avait utilisé du scotch pour attacher son arme à sa cuisse, et Barrow, 25 ans, avait accroché la sienne à sa ceinture.


    Cinq autres pièces récupérées dans la voiture des gangsters ont également été adjugées: un bas de soie de femme, une balle non utilisée, un morceau d'une paire de lunettes, un petit tournevis et un tube d'aspirine vide. Vendus en un seul lot, ils ont trouvé preneur pour 11.400 dollars.


    Bonnie et Clyde restent des légendes de la culture populaire américaine et leur traversée du pays, durant la Grande Dépression, pendant laquelle ils ont multiplié les braquages et tué plusieurs agents de police, a été retracée au cinéma en 1967 avec Warren Beatty et Faye Dunaway dans le rôle des deux bandits.


    Le chanteur français Serge Gainsbourg, accompagné de l'actrice Brigitte Bardot, a écrit et interprété --accompagné de l'actrice Brigitte Bardot-- un titre sur le légendaire couple américain en 1967 également.

      

      

      

    Bonnie et Clyde étaient des criminels très célèbre dans les années 1930 pendant la Grande Dépression. Ils Voyage à travers le centre des États-Unis avec leur gang et voler vient personnes. English to French translation

    Bien que l'histoire leur a célèbre pour voler des banques, ils ont préféré voler de petits magasins ou stations d'essence de petite taille. Leur gang est connu pour avoir tué neuf policiers et plusieurs civils. Bonnie et Clyde ont finalement été tué par balle le 23 mai 1934 sur une petite route en Louisiane.

    Grâce à l'ensemble des crimes et de meurtres, Bonnie and Clyde est resté en étroite collaboration dans l'amour jusqu'à la fin.

     

      

    Clyde Barrow Bonnie Parker et "Bonnie and Clyde"

     



     
    Bonnie et Clyde (Bonnie Parker et Clyde Barrow) sont deux criminels américains qui ont perpétré leurs méfaits dans le Sud-Ouest des États-Unis pendant la Grande Dépression. Ils étaient spécialisés dans l'attaque à main armée de banques et on estime qu'ils ont tué douze personne.





     



    Bonnie Parker

    Bonnie Parker nait le 1er octobre 1910 à Rowena au Texas et est la cadette de trois enfants. Suite à la mort de son père quand Bonnie avait quatre ans, sa mère déménage avec sa famille dans la maison de ses parents à Ciment City, une banlieue industrielle de Dallas. Parker est l'une des meilleures élèves de son école secondaire, remportant des prix en orthographe, en écriture et en art oratoire. À l'âge adulte, son goût pour l'écriture se traduira par l'écriture de poèmes tels que « The Story of Suicide Sal » (L'histoire de Sal le Suicideur) et « Le Trail End », connu maintenant sous le titre de « The Story of Bonnie and Clyde » (L'histoire de Bonnie et Clyde).

    Dans sa deuxième année de secondaire, Parker rencontre Roy Thornton. Ils abandonnent l'école et se marient le 25 septembre 1926, six jours avant le seizième anniversaire de Parker. Leur mariage, marqué par les fréquentes absences de Thornton ainsi que ses démêlés avec la loi, prend fin lorsqu'il est incarcéré pour braquage de banque à main armée en janvier 1929. Bien qu'ils ne se soient jamais revus par la suite, ils ne divorcèrent jamais. Parker porte encore son alliance quand elle meurt en 1934.

    En 1929, après la rupture de son mariage et avant de rencontrer Clyde Barrow en janvier 1930, Parker retourne vivre avec sa mère, et prend un travail comme serveuse dans un café. Un de ses clients réguliers est Ted Hinton, un employé de la poste qui se joindra au département du shérif de Dallas en 1932 et participera à son embuscade en 1934. Dans le journal que Parker tient brièvement en début 1929, elle décrit sa solitude, son impatience quant à sa vie à Dallas, et son amour du cinéma parlant.


     




    Clyde Barrow

    Clyde Barrow nait le 24 mars 1909 à Telico au Texas (près de Dallas) dans une famille nombreuse. Il est le cinquième d'une fratrie de six enfants. Ses parents sont des paysans démunis qui ont émigré à Dallas en début 1920, dans un bidonville connu sous le nom de West Dallas. La famille passe ses premiers mois à West Dallas à vivre dans une roulotte, jusqu'à ce que le père gagne assez d'argent pour leur acheter une tente.

    Clyde est arrêté une première fois fin 1926, après s'être échappé de la police suite à une confrontation à propos d'une voiture qu'il a louée et jamais retournée. Il est arrêté une deuxième fois peu de temps après, cette fois accompagné de son frère Marvin « Buck » Barrow, pour avoir volé des dindes. Durant les quatre années suivantes, malgré une série d'emplois légitimes, Barrow commet de nombreuses attaques à main armée, fracture nombre de coffres-forts, dépouille des magasins et vole des voitures. Il est arrêté successivement en 1928 et 1929. En avril 1930, peu de temps après avoir rencontré Bonnie, il est à nouveau arrêté et emprisonné au Eastham Prison Farm. Il s'échappe mais est repris au bout d'une semaine. En prison, Barrow bat à mort un autre détenu l'ayant agressé sexuellement à plusieurs reprises. C'est son premier meurtre.

     

    Après la libération de Clyde en 1932, il vole une voiture avec l'aide de Bonnie. Ils sont poursuivis par la police. Bonnie parvient à s'échapper mais Clyde, arrêté, doit passer quelques mois de plus en prison. À son retour, le duo mène un petit groupe de criminels dont font partie à contrecœur Buck, le frère de Clyde, et son épouse Blanche. Ces derniers sont pris dans un assaut de police alors qu'ils séjournent avec Bonnie et Clyde en simples visiteurs. Leurs photos et affaires personnelles ayant été abandonnés dans la fuite, la police les identifie et les assimile au groupe de criminels. Buck et Blanche sont donc contraints de prendre la fuite, jusqu'à l’exécution de Buck par des policiers à Iowa en 1933 et l'arrestation subséquente de Blanche .

    Bonnie et Clyde tuent deux jeunes policiers à Grapevine, Texas le 1er avril 1934 et un autre représentant des forces de l'ordre cinq jours plus tard près de Commerce dans l'Oklahoma.


     






     










     






     






     










     







     






     






     










     






     






     






     






     






     



     






     






     







     







     






     






     





    Mort[modifier]

    Au terme d'une période d'enquête et de filatures menées par les agents du FBI dans cinq États américains (Illinois, Michigan, Oklahoma, Texas et Louisiane) Bonnie et Clyde sont abattus le 23 mai 1934 par la police du Texas et de la Louisiane, près de leur planque à Black Lake en Louisiane.

    Le meurtre des deux jeunes policiers le 1er avril 1934 précipite la décision de capturer le couple de truands morts ou vifs. Un groupe de cinq officiers de la police du Texas et de Louisiane fédérés par Frank Hamer s'emploie à retrouver la trace du couple. Ils sont informés que Clyde s'apprête à braquer une banque près d'Arcadia en Louisiane et décident de tendre une embuscade sur l'itinéraire menant à la ville.

    Ils s'installent à 2 heures du matin dans les fourrés de part et d'autre de la route déserte de la petite ville de Paroisse Bienville en guettant l'arrivée de la Ford V8 volée que Clyde conduisait. À 9 heures, les six hommes, au bord de l'abandon aperçoivent au loin la Ford roulant à toute allure. Dès que Clyde est identifié, les agents ouvrent le feu sur l'auto qui dérape sur le bas-côté.

    Craignant que Clyde, tireur hors-pair ne parvienne à saisir son arme sur le plancher de la voiture, les six officiers s'extraient de leur embuscade pour cribler l'automobile de balles. Environ 130 impacts ont été dénombrés. Clyde meurt sur le coup d'une rafale en pleine tête. Bonnie n'est pas tuée immédiatement ; les officiers rapportent avoir entendu un long cri féminin horrifié venant de la voiture[3].

    La voiture criblée de balles après l'embuscade.

    Les policiers ont utilisé des pistolets mitrailleurs et des fusils à pompe dont ils vidèrent les chargeurs.

    Le silence revenu, les policiers s'approchent de l'épave du véhicule pour constater la mort de Bonnie et de Clyde et y trouvent un arsenal d'armes volées et des munitions.

    Leurs dépouilles sont exposées au public afin d'authentifier leur mort. Les deux amants sont enterrés séparément contrairement à leurs vœux[1].

    La voiture (une Ford) est criblée de balles. Un dépanneur appelé sur place parvint cependant à faire démarrer le moteur !
     
     





     






     



    Culture populaire[modifier]

    Sur les autres projets Wikimedia :

    Bonnie et Clyde comptent parmi les plus célèbres criminels du XXe siècle. Le poème autobiographique de Bonnie, The trail's end, fut publié à l'époque par de nombreux journaux. Une célèbre photo de Bonnie Parker, où elle posait devant une voiture en train de fumer le cigare, fit aussi le tour des États-Unis.

    Le premier film inspiré de la vie de Bonnie et Clyde, J'ai le droit de vivre (You Only Live Once) de Fritz Lang avec Henry Fonda et Sylvia Sidney, sort seulement trois ans après leur mort. En 1958, Dorothy Provine incarne Bonnie dans le film The Bonnie Parker Story.

    En 1950 sort Gun Crazy, un film qui s'inspire de l'histoire des deux criminels.

    En 1967, Arthur Penn met en scène une version idéalisée de leur histoire dans Bonnie et Clyde avec Warren Beatty et Faye Dunaway dans les rôles titres[4]. La même année Georgie Fame rencontre un succès musical avec The Ballad Of Bonnie and Clyde.

    En 1968, Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot proposent à leur tour une version romantique de la vie des amants criminels avec la chanson Bonnie and Clyde[5]. Les paroles de cette chanson sont inspirées du poème de Bonnie Parker, The Trail's End.

    En 1991, le groupe Red Hot Chili Peppers cite Bonnie et Clyde dans la chanson If you have to ask.

    En 1996, Juliette Noureddine cite Bonnie Parker dans sa chanson Tueuses, de l'album Rimes Féminines.

    En 1999,

    • la chanteuse Utada Hikaru inclut dans son album First Love, une chanson intitulée B&C (Bonnie & Clyde).

    En 2002, le groupe punk allemand Die Toten Hosen écrit et compose Bonnie und Clyde sur l'album Die Fetten Jahre. Ce morceau évoque un jeune homme fou amoureux de sa fiancée qui rêve que sa vie de couple soit celle de ces deux grands criminels à la fois doux et cruels.

    Sur son album Explicit Lyrics (2002), Ophélie Winter interprète le titre Bonnie Parker où elle aborde la vie de celle-ci.

    En 2003,

    • le concept est à nouveau repris avec les artistes américains Jay-Z et Beyoncé qui sortent le titre 03 Bonnie and Clyde[6] qui reprend le titre original de Tupac Me and My Girlfriend, il avait déjà fait un duo avec Foxy Brown en 1999 intitulé Bonnie & Clyde part II; et en 2007-2008 par Il faut qu'j'm'en aille (Bonnie & Clyde) de Imposs, rappeur québécois.
    • à Lyon, est fondée la boutique Bonnie & Clyde est spécialisée dans la vente de chaussures de prix et d'accessoires de mode[7].

    En 2006, Rob Zombie sort le morceau Death of it all traitant du sujet sur son album Educated Horses.

    En 2007,

    • le rappeur français Don Choa s'en inspire dans son titre Lune De Miel avec la participation de Zaho. Wonder et Revolte produisent le single Bonnie & Clyde.
    • Keshia Chante les cite dans sa chanson Been Gone ainsi que le basketteur Tony Parker dans la chanson de son premier album Premier Love.
    • Marilyn Manson les cite dans sa chanson Putting holes in happiness.

    En 2008,

    • Nessbeal fait une chanson portant le nom Bonnie & Clyde dans l'album Roi sans Couronne. Alkpote a également fait une chanson portant ce nom.
    • le rappeur allemand Bushido a également fait une chanson portant le nom de Bonnie & Clyde dans son album Heavy Metal Payback.
    • dans le 12e épisode de la saison 19 des Simpsons ("L'Amour à la Springfildienne"), Homer raconte une version où lui et Marge jouent le rôle de Bonnie et Clyde.

    En 2009,

    • le polar musical reprend le mythe en France. Cécilia Cara est Bonnie et Fabian Richard est Clyde. Du 8 juillet au 1er août 2009, ils furent au festival d'Avignon tous les soirs au théâtre des Béliers.
    • le groupe Kaponz & Spinoza reprend ce thème avec Bonnie aime Clyde extrait de leur album Éléments du décor.
    • le groupe BB Brunes s'inspire de l'histoire de Bonnie & Clyde dans la chanson Nico Teen Love.
    • Soulja Boy les cite dans son titre Kiss me thru the phone, Justin Bieber dans sa chanson Stuck in the moment, Demi Lovato dans une des chansons de son second album Stop the World (co-écrite avec Nick Jonas du groupe The Jonas Brothers) et le rappeur français Canardo dans le titre Bang Bang en 2010.
    • Wonder et Revolte produisent le single Bonnie & Clyde

    En 2010,

    • Raphael Bancou et Stéphane Lalandais ont monté une comédie musicale intitulée Bonnie and Clyde[8].
    • dans le 11e épisode de la saison 5 de Dexter, Mazuka cite Bonnie & Clyde pour décrire le couple de "Justiciers" dans l'affaire des cadavres dans les barils.
    • un remake du film Bonnie & Clyde de 1967 est tourné dans le sud des États-Unis, avec Hilary Duff (Bonnie Parker) et Kevin Zegers (Clyde Barrow).
    • La chanteuse Ayumi Hamasaki s'inspire de cette histoire pour son clip musical Virgin road, son mari dans le clip jouant le rôle de Clyde devint quelques mois après son mari dans la vraie vie. Ayu joue le rôle de Bonnie.

    En 2011,

    • Rihanna s'en inspire pour sa chanson Ronnie & Clide
    • The Cataracs les cite dans leur chanson de 2011, Top of the World
    • Le réalisateur, Chris Marrs Pilieri, qui a réalisé Criminal extrait de l'album Femme Fatal de Britney Spears, a lui aussi réinventé (avec Britney) le mythe de Bonnie et Clyde.
    • Jali chante "Bonnie" dans son album Des Jours & Des Lunes.

    En 2012,

    • Marie Cherrier utilise cette histoire dans sa chanson La Cavale[9] pour chanter une histoire d'amour éprise de liberté. C'est un premier extrait de l'album prévu pour l'automne 2012.
    • Deux armes découvertes sur les corps des mythiques gangsters ont été vendues 504.000 dollars (près de 400.000 euros) lors d'enchères dans le New Hampshire, aux États-Unis. Le Colt 45 de Clyde Barrow a été vendu 240.000 dollars (190.000 euros), et le Detective special.38 de Bonnie Parker 264.000 dollars (205.000 euros).


       








       

      23 mai 1934. Vers neuf heures quinze du matin, Bonnie et Clyde roulent dans une magnifique Ford V8 qu'ils ont bien évidemment volée. Clyde conduit et Bonnie admire le paysage, Camel au bec. Ils viennent de quitter leur planque de Black Lake en Louisiane et filent à vive allure en direction d'Arcadia, où Clyde a décidé de s'offrir une banque pour le petit déjeuner. Au niveau de la petite commune de Bienville, ils croisent Ivy, le père de Henry Methvin, un membre de leur gang, debout à côté de son vieux camion apparemment en panne. Le jeune gangster freine, désirant lui filer un coup de main. En s'approchant au ralenti, Bonnie et Clyde voient Ivy se planquer en quatrième vitesse derrière un arbre. À peine ont-ils le temps de s'étonner qu'ils entendent une rafale de coups de feu. Bien que tireur hors pair, le jeune gangster n'a pas le temps de dégainer son arme, déjà les balles pleuvent comme la grêle. Six flics sont en train de les tirer comme des lapins. Clyde meurt presque instantanément, Bonnie rend son dernier souffle dans un long cri d'horreur après avoir compris que son amant a rendu l'âme. Mission accomplie pour les flics : ils sont morts !

       

      Le piège tendu par les policiers de la Louisiane et du Texas a fonctionné à merveille. À leur tête, il y a le Texas Ranger Frank Hamer, et c'est lui qui, caché dans les buissons, a ouvert le feu le premier. Depuis février, il suit Barrow et Parker avec la mission de les capturer morts ou vifs. Il a choisi la mort pour venger deux flics abattus le 1er avril précédent par Clyde. Un poisson d'avril que Hamer avait eu du mal à digérer. Désormais, le gang Barrow ne flinguera plus personne.

      Grande Dépression

      Quand Bonnie Parker et Clyde Barrow se rencontrent dans la banlieue de Dallas, quatre ans plus tôt, ils sont presque encore des ados. À 19 ans, Bonnie est une banale serveuse, dont le mari, petit malfrat épousé trois ans plus tôt, l'a déjà abandonnée. Lui, issu d'une famille pauvre, âgé de 21 ans, a déjà passé plus de la moitié de sa vie à voler. Sitôt après leur rencontre, il s'installe chez elle. Pas pour longtemps, car il se fait rapidement serrer par les flics. Ça commence mal pour Bonnie, son nouveau mec est encore un gangster, mais qu'importe, elle en est déjà éperdument amoureuse. Au point de l'aider à s'évader. Mais il se fait reprendre quelques jours plus tard, n'obtenant une liberté conditionnelle qu'en février 1932. Dans une Amérique plongée en pleine Dépression, ils décident d'avoir la vie belle. À bord de voitures volées, Bonnie et Clyde sillonnent le sud-ouest des États-Unis, pillant des stations-service, des épiceries de village, de petits restaurants et, occasionnellement, des banques, avec parfois de courtes prises d'otages.

      Contrairement à la légende, le hold-up d'établissements bancaires n'est pas leur grande spécialité, ils préfèrent de loin s'attaquer aux petits commerces et ne dérobent que de sommes très modestes chaque fois. Ils sévissent en Arkansas, dans le Missouri, en Oklahoma, au Texas, en Louisiane, semant la violence et la terreur dans leur sillage. Clyde n'hésite à balancer des pruneaux sur quiconque se met en travers de sa route. Ce n'est pas Bonnie qui le freine, même si elle ne manie pas la gâchette aussi bien que lui, et elle est complice de tous les crimes. Au cours de cette folle randonnée, ils abattent pas moins d'une douzaine de personnes, dont plusieurs policiers. Parfois, ils enrôlent un complice comme Buck, le frère de Clyde, et sa femme, Blanche, Raymond Hamilton, WD Jones, Joe Palmer, Ralph Fults, Henry Methvin... tous désignés membres du gang Barrow.

      Autoportraits

      Les deux tourtereaux assassins aiment se photographier, l'un l'autre, avec leurs armes. Certaines de ces photos retrouvées par les policiers dans une de leurs planques font le tour du monde. L'une d'elle montre la belle Bonnie, gros cigare entre les dents, appuyée contre une voiture avec une arme à la main. En deux ans, Bonnie et Clyde deviennent un duo de légende, craint par certains, mais respecté et même vénéré par beaucoup. La presse en fait le couple de criminels le plus glamour de tous les temps. Mais cette notoriété a son revers : désormais leurs visages sont connus de tous. Le couple échappe de justesse à un grand nombre d'arrestations. En janvier 1934, Bonnie et Clyde libèrent cinq personnes incarcérées dans une prison et abattent un agent, ce qui décide les autorités à mettre le paquet pour stopper leurs crimes. Elles vont jusqu'à faire appel à Frank A. Hamer, un Texas Ranger à la retraite, devenu chasseur de primes. Ce type est une véritable légende qui a déjà chopé soixante hors-la-loi.

      Le gang Barrow, très médiatisé, aurait pu se calmer, mais non. Le 1er avril, ils s'offrent le petit plaisir d'abattre plusieurs flics, gratuitement ! Cette fois, ils sont allés trop loin. Même leurs fans les abandonnent. Fini de jouer, il faut les mettre hors d'état de nuire, les prendre morts ou vifs, et vite. Pour échapper à la meute de flics, Bonnie et Clyde ne cessent de changer d'État. Pourtant Hamer met au jour la stratégie du couple, prédisant presque ses mouvements. Le 21 mai, l'ancien Texas Ranger prépare une embuscade dans la soirée, car il pense que le couple compte rendre visiter à Henry Methvin à Bienville. Ils s'embusquent, attendent et attendent... Pas l'ombre d'un Clyde, ni d'une Bonnie. Le lendemain soir, rebelote. Toujours rien.

      Le 23 mai 1934, Hamer tente de nouveau sa chance, exactement au même endroit que les jours précédents. Mais cette fois il a plus d'informations, il est sûr qu'ils passeront par là. Le père de leur complice Henry Methvin, Ivy, arrêté la veille, aurait évoqué une attaque de banque prévue ce matin-là par Clyde. Hamer aurait donc décidé de garder Ivy et de s'en servir comme appât. Ses hommes l'ont menotté à un arbre près de son camion faussement en panne. Enfin, les voilà ! Planqués, les flics voient le couple ralentir sans se méfier. Connaissant l'habileté de Clyde aux armes, ils balancent la sauce sans attendre. En moins de deux minutes, plus de 150 balles sont tirées. Clyde n'a même pas le temps de saisir une de ses trois mitraillettes, ou de ses deux fusils, ou de ses douze pistolets, posés sur la banquette arrière. C'est la méthode "Mesrine". Dans la Ford transformée en passoire géante, gisent les corps ensanglantés des deux hors-la-loi les plus recherchés d'Amérique. Bonnie a 23 ans et Clyde, 25. Leurs corps nus sont exposés et même filmés au dépôt mortuaire d'Arcadia. Il faut vite protéger la V8 avec un grillage autour du véhicule pour écarter la foule prête à tout pour s'emparer d'un trophée macabre.

      Regardez le film tourné cinq minutes après la mort de Bonnie and Clyde :

       

       
       

       


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      Bonnie & Clyde


      Bonnie Parker

      Bonnie Parker
      Née le 1er octobre 1910 à Rowena, au Texas, Bonnie Parker vit dans une famille peu aisée. Suite au décès de son père, la famille Parker se voit dans l'obligation de quitter le Texas pour aller s'installer à Dallas. Qui aurait pu se douter qu'une femme de ce gabarit (elle mesurait 1.65m avec ses talons hauts, et pesait 45 kilos) se rendrait coupable d'autant de braquages voir même de meurtres.. Elle a les cheveux blonds bouclés avec desreflets roux. Dès qu'elle le peut, Bonnie s'habille très à la mode, préférant de loin le rouge comme couleur. Tous les gens qui la connaissaient s'accordaient à dire qu'elle était vraiment très jolie. Un client du restaurant, où elle était obligée de travailler après que son premier mari se soit fait emprisonné, la décrit comme une femme qui faisait "tourner les têtes". C'est dans ce même restaurant que Bonnie rencontre l'amour de sa vie, Clyde Chestnut Barrow.
       

      Clyde Barrow

      Sa famille, également originaire du Texas déménage à Dallas où M. Barrow est propriétaire d'une station service. Clyde apprend donc très jeune ce qu'est la pauvreté. Les femmes trouvent très séduisants ses grands yeux bruns. Dès que son regard croise celui de Bonnie, c'est le coup de foudre et le début du célèbre duo «Bonnie & Clyde».
      La première rencontre entre les deux personnages a lieu à l'automne 1929. L’Amérique vient d’être secouée par le crash boursier de Wall Street. De nombreuses entreprises font faillite, les gens perdent tout, c'est la crise. C'est dans ce contexte que les deux amoureux commettront leur premiers crimes. Leur spécialité : les vols de banque. Ils dévalisent également quelques commerces sur leur passage. Quand personne ne se met sur leur chemin, les crimes se limitent au vol. Toutefois, dès qu'ils se sentent menacés ou attaqués, ils tirent. Le couple se retrouve ainsi avec quelques meurtres dans leur dossier. Il a toutefois été prouvé que ce sont plus souvent leurs complices qui ont tiré. Néanmoins les victimes sont des policiers ce qui explique que les autorités prennent ce dossier très à cœur et décident de tout mettre en œuvre pour les capturer.






       






       






      Un criminel à l'humour mesquin
      • Cliquez pour agrandir
       
      Clyde aimait aussi rire des gens sur qui il sentait qu'il avait du pouvoir. Un jour, alors qu'un policier les arrête parce qu'ils roulaient trop vite, Clyde kidnappe le policier et le fait monter dans la voiture. Quelques kilomètres plus loin, leur batterie tombe en panne. Pendant que la jeune femme surveille la voiture, Clyde part avec le policier pour se procurer une batterie. Toutefois, comme il n'a pas l'habitude de payer ce qu'il prend, il décide que cette fois, c'est au tour du policier de voler la batterie. Une fois de retour à la voiture, il oblige ce dernier à remplacer la pièce défectueuse par la nouvelle, puis repart de nouveau en laissant le policier sur le bord de la route. Celui-ci ayant reconnu ces kidnappeurs et étant certain que leurs heures sont comptées, les regarde partir en les remerciant intérieurement de lui avoir laissé la vie sauve.

       






       







       



       



       






       



       



       


       


      W.D. Jones en état d'arrestation


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      Clyde embrassant Bonnie


       



      La Banque


       2 années de folie !
      Bonnie & Clyde passent donc la majorité de leur vie dans ces différentes voitures volées. À la fin de leur long voyage qui aura duré un peu moins de deux ans, ils auront dévalisé et terrorisé les propriétaires de banques et de magasins dans cinq états américains, soit le Texas, l'Oklahoma, le Missouri, la Louisiane et le Nouveau-Mexique. Ce voyage se termine le 23 mai 1934, alors qu'un barrage policier les attend sur la route. On tire sur eux jusqu'à ce que mort s'en suive. Le policier qui ouvre la portière du côté passager, où prenait place Bonnie, a décrit la scène comme suit : «Je l'ai vu tomber par la porte, une belle et jeune demoiselle, et j'ai senti son parfum léger... »




      Blanche Barrow


       



      Bonnie peu avant l'accident


       



      Buck en feignant une agression




       



      Blanche et Buck : les derniers jours




       



      Billie, la sœur de Bonnie


       



       



      Buck et Clyde Barrow


       



      La taverne de couronne rouge


       



      Blanche et Buck : les images finales



       



      Clyde et Buck : les frères de Barrow


       



      Buck Barrow à côté de l'auto


       Bonnie and Clyde


       



      Clyde, armés jusqu'aux dents


       



       



      Blanche après l'exécution de Buck Barrow





      L'arrestation de Blanche




       



       



      Le cadavre de Buck Barrow


       



      Blanche, réservé (e)



       



      Blanche en prison






      Les funérailles de Buck Barrow


       



      Clyde et sa mère


       



      Le FBI et la brouette (cliquer sur l'image pour l'agrandir)
       





      Henry Methvin





      James Mullen


       


      Joe Palmer


       



      Frank Hamer


       



      Frank Hamer : un ranger au Texas (cliquer sur l'image pour l'agrandir)





      J. Edgar Hoover, directeur du FBI



      Dallas dans les années 1930 (cliquer sur l'image pour l'agrandir)
       





      Armes de Bonnie et Clyde


       



      Joe Palmer


       Des "Robins des bois"
       
       
      Comme cela a été mentionné plus haut, les crimes sont commis à partir de 1932, alors que la crise économique fait rage. Plusieurs épargnants ont vu leur fortune disparaître avec la faillite des banques. C'est donc une des raisons qui amènent les gens à considérer Bonnie & Clyde plus comme des «Robins des Bois» que comme des criminels. À cette époque les gens qui commettent des vols de banque exercent une certaine fascination sur le peuple. La seconde raison qui fait que les gens ne les perçoivent pas comme aussi dangereux est l'amour qui les unit : toutes les personnes qui les ont côtoyé. Ce qui compte le plus pour Clyde c’est Bonnie et réciproquement. Clyde prend d'ailleurs un grand risque lorsque, à la suite d'un accident de voiture dans lequel Bonnie a été gravement blessée, il prend même le risqu de consulter un médecin pour être certain qu'elle sera bien soignée. De plus, le couple d'amoureux emmène toujours un appareil photo. Ils aimaient prendre des photos d'eux en train de s'embrasser, tendrement enlacés…. Ils sont d’ailleurs aussi connus pour leurs méfaits que pour leur romantisme.





       



      Reconstruction de l'un de l'assaut


       



      Bonnie et Clyde au cours d'une journée sur le terrain


       



      CAL Campbell


       



      Percy Boyd


       



      Lettre à propos de Bonnie


       



      Le procès de W.D. Jones



       


       





      Complices de Clyde lors de son procès


       



      Affiches de recherche offre de récompense




       

      Le dernier voyage




       







      W.D. Jones dans sa voiture





      La voiture accidentée de Bonnie et Clyde après l'embuscade






      Le couple eut le temps de ramasser les armes, mais pas tirer. Une pluie de balles frapper sur les amateurs. En moins de deux minutes, six policiers téléchargé plus de 100 obus sur Bonnie et Clyde. Le couple a reçu 50 coups de feu dans leur corps. Hinton ensordeció ; J'ai n'entendu aucuns plus d'un signal sonore continu. Le tournage a été terrible.







       



      Les exécuteurs testamentaires







      Les curieux et à l'intérieur de la voiture



      Un cortège macabre de cinquante voitures accompagné la Ford jusqu'à Arcadia. Un véritable tollé avec plusieurs milliers de personnes a été organisé dans la ville tente de jeter un oeil aux célèbres cadavres.



      Les corps de Bonnie et Clyde après leur exécution






       



      Le site de l'exécution




      Il n'avait pas fini de la légende de Bonnie et Clyde, venait de commencer. Bonnie voulait qu'ils l'enterrer à côté de son bien-aimé. Son souhait ne s'est pas concrétisée. Les corps ont été exposés au public dans les deux différentes maisons funéraires de Dallas. Le corps élégant de Clyde a attiré trente mille visiteurs et quarante mille hers.



      Le transfert des dépouilles


      Le 25 mai 1934, à l'enterrement de Clyde, une foule absolue autour de la tombe et la bousculade et coudée s'apprêtent à tombent dans la fosse aux proches du défunt. Il fut enterré à côté de son frère, Buck, dans le cimetière de West à Dallas.



      Les funérailles de Clyde


      Bonnie funérailles eurent lieu le lendemain au cimetière Fishtrap. Sur la tombe simple enregistré une poignante épitaphe: « de la même manière que les rayons du soleil levant et la rosée donnent splendeur des fleurs, ce vieux monde je sera jamais lumineux pour la vie des gens comme vous ». Envoyé les plus gros distributeurs de couronne de journaux de Dallas, dont les ventes avaient atteint 490 000 copies par jour depuis la mort du couple.



      Les mères de Bonnie et Clyde pendant les funérailles


      La Dame fannyanthony Barrow et Emma Parker ont été traitées en dissimulant leurs enfants. Au plus fort de la poursuite policière, la somme offerte en récompense pour la capture de Bonnie et Clyde a $26,000.00 $. Toutefois, après la mort du couple, les mystérieuses bienfaiteurs privés ont disparu sans laisser de trace. Hinton réclamé seulement $200.00 dollars, plus les frais, en localisant et en tuant Bonnie et Clyde.



      Titulaires






      La Ford criblé de balles est devenu la principale attraction d'une foire itinérante qui recréé l'embuscade mortelle basé sur des diapositives. Quarante ans plus tard, le véhicule a été vendu aux enchères dans le Massachusetts et atteint un prix de $175,000.00 USD, un prix plus élevé payé pour les Mercedes-Benz d'Adolf Hitler.



      Bonnie et Clyde mis aux enchères voitures


      La légende de Bonnie et Clyde continue de fasciner les médias. Journaux de William Randolph Hearst prodigués articles ou comment transformer les hors-la-loi en attirante des personnalités publiques. J. Edgar Hoover répondit avec ses sujets film caché, qui décrit les bandits aussi minables. Ils sont le symbole d'une époque, encore plus que les autres bandits de l'époque, comme John Dillinger. Longs métrages basés sur le couple meurtrier, établit une relation entre l'érotisme et des armes. Ils ont inspiré des romans, des films et des chansons dans plusieurs langues.



      Les rapports d'autopsie de Bonnie et Clyde



      Bonnie et Clyde ne pas essayé consciemment pour devenir des tueurs sans pitié, mais la mort acceptée comme une partie essentielle de leur vie. Pour rejeter le reste du monde, est libéré à l'intérieur d'une sorte de courage sauvage et une crainte aveugle qui a exigé l'élimination de toute personne qui a laissé entendre une menace.



      Le corps de Bonnie





      Il n'était pas toute forme de souffrance qui dépasse leur propre et le cercle restreint de la famille. Ils ont tué sans y penser deux fois pour les parents, les frères, les fils et les amateurs d'autrui, sans le moindre scrupule ou remords, sans voir aucune contradiction avec la rage furieuse qui remplis lorsque d'autres menaçaient leurs familles.



      Le cadavre de Clyde




      Si la police leur tend une embuscade à une citation connue, le jeune meurtrier, point d'ébullition de la haine. Comment la police peut engager à faire souffrir les clans innocents du Barrow et Parker ? Ils ont ne peint pas tout parallélisme avec les nombreux innocents qui avaient tué leur. L'accélération de leur vie est qui a créé le monstrueux état d'esprit qu'impelía à aller de l'avant et l'amour passionné qui, pour l'autre multiplié la dimension cruelle de leurs meurtres. Chaque mort plus jointe à eux et tous les actes de sauvagerie a confirmé la fidélité de leurs familles. Leur histoire d'amour et le rôle de bandits difficiles sont devenus des moteurs de son existence.



      Les tombes de Bonnie et Clyde



      L'histoire d'amour, passion, recevant son impulsion du danger qui a exécuté chaque fois qu'ils ont tué. La presse et le public senti la puissance des ténèbres qui émanait de sa relation et leur consacre comme grands amateurs : brave, courageux, condamnée à mourir. Une étrange admiration générait vers le couple. Personnes perçues que cet amour était si fort et romantique qu'il est allé au-delà des limites étroites du comportement socialement acceptable de loin. Ses crimes ne suffisaient pas à les condamner.



      Monument à l'endroit de l'exécution


      Mais la réalité était moins charmante. Misère, la peur et la cruauté sont les maîtres mots de leur courte vie. Ils ont assassiné de nombreux de façon involontaire et cruel. Brutalité réalisé leur vie vers une fin violente. Si Bonnie et Clyde ne savait pas, peut-être leur vie avait été formulée dans l'anonymat plus complète.



      Le Bonnie and Clyde exposés auto




      Clyde avait le tempérament d'un délinquants des mineurs et les besoins spirituels d'un sadique. Seulement, n'a ne pas réussi d'être un parmi des centaines de criminels. Bonnie n'était pas allé vers le bas dans l'histoire en dépit de son caractère difficile et romantique. Mais ensemble, ils forment un couple explosif, qui brille encore une intense parmi les hors-la-Loi de la légende.




     

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    Monsieur GUILLAUME SEZNEC

     

    En décidant la fermeture des bagnes portuaires métropolitains et l’envoi de leurs détenus en Guyane, le décret du 27 mars 1852 mettait un terme au long débat sur la place des délinquants dans la société qui avait agité l’opinion française dans la première moitié du XIXe siècle. Les partisans de la réinsertion sociale des condamnés prônaient l’abandon du système cellulaire et la réhabilitation par le travail. Leurs adversaires, au contraire, transposant à la société les récentes découvertes médicales sur la contagion, souhaitaient « purger » la France de « cette population pullulant de criminels qui la menacent et la troublent incessamment[1] ». La « transportation » des criminels hors du territoire national et la colonisation par l’élément pénal, sur le modèle des expériences britanniques en Australie, étaient dans l’air du temps.

    Le territoire dévolu à l’expérimentation ne fut pas choisi au hasard. Après le cuisant échec de l’expédition de Choiseul (1763) où des milliers de colons avaient trouvé la mort, l’image de la Guyane s’était considérablement dépréciée. Le pays de l’Eldorado était devenu une terre maudite, dont il était préférable de laisser la mise en valeur aux criminels, d’autant que l’abolition de l’esclavage, en 1848, avait fait disparaître la main-d’œuvre gratuite.

    La création des bagnes coloniaux satisfaisait donc aussi bien les tenants de la rédemption par le travail, surtout le travail de la terre, que les lobbies de la colonisation et ceux qui souhaitaient débarrasser le sol français des indésirables.

      

    Les colons guyanais[2] en revanche, rejetèrent avec force le projet, arguant qu’« il serait d’une extrême imprudence de placer des Blancs dans un tel état de dégradation sous les yeux des Noirs ». N’étant pas entendus, ils exigèrent que l’État rachète leurs terres afin d’évacuer la colonie avant qu’elle ne soit envahie par « la lie de la société française », mais nul n’en tint compte.

    Quatre jours après la promulgation du décret, un premier convoi de forçats quitta la France pour la Guyane. D’autres suivirent à un rythme accéléré. La métropole était pressée de se débarrasser des condamnés aux travaux forcés, pourtant les bagnes coloniaux ne furent officiellement institués que quatre ans plus tard, par la loi du 30 mai 1854.

      

    celle-ci Stipulait que la peine de travaux forcés serait désormais subie en Guyane ; que les condamnés y seraient employés aux travaux les plus pénibles de la colonisation; qu’une fois leur peine achevée, les bagnards seraient astreints à la « duplication de la peine » ou « doublage », c’eSt-à-dire qu’ils auraient l’obligation de résider dans la colonie un temps équivalent à celui de leur condamnation; enfin, que les condamnés à huit ans et plus devraient y séjourner définitivement, s’établissant comme colons et épargnant à tout jamais à la métropole leur présence indésirable

     

    un fagot, dessin de Georges Jauneau 1928Les bagnards

    Qui étaient ces indésirables dont on voulait débarrasser le sol français ? L’administration pénitentiaire (« l’A.P. ») distinguait quatre catégories de condamnés : les transportés, les libérés, les déportés, les relégués.

    La plus grande partie des bagnards étaient des transportés, c’eSt-à-dire des condamnés de droit commun, originaires de la métropole ou des colonies françaises. Après 1852 et la fermeture des arsenaux de Brest, Rochefort et Toulon, la peine de travaux forcés fut assortie de la « transportation » en Guyane.

      

    Entre 1852 et 1862, 12 750 forçats y furent envoyés afin de mettre en valeur l’est du pays. Constatant l’effrayante mortalité qui régnait dans ces premiers établissements pénitentiaires, l’État décida de ne plus transporter en Guyane que les condamnés originaires des autres colonies, les races noires et jaunes étant réputées mieux supporter le climat équatorial que les Européens. Ceux-ci furent désormais dirigés vers la Nouvelle-Calédonie[3]. Mais la transportation vers « ce paradis pour les condamnés », comme le décrivit une campagne de presse, ne parut bientôt plus à l’opinion française une punition suffisante. A partir de 1887, les condamnés aux travaux forcés d’origine européenne furent de nouveau transportés en Guyane.

    Bien qu’ils aient été condamnés à la même peine, il existait une ségrégation de fait entre les transportés blancs et les condamnés de couleur. Dès le départ, se fondant sur le préjugé qu’ils résistaient mieux à la chaleur et aux fièvres que les Blancs, on a utilisé les Noirs aux travaux les plus durs. Pour construire le camp de Saint-Louis, sur le Maroni, 38 Noirs furent extraits du pénitencier de Saint-Georges afin de, « comme il eût été prudent de le faire toujours, défricher le terrain avant les Blancs ».

      

    Les lieux de travail et d’internement étaient distincts. Saint-Georges, construit par des Noirs pour les mêmes raisons ne fut bientôt plus peuplé que de Noirs afin de ne pas mêler les deux races. Les transportés noirs devaient effectuer neuf heures de travaux forcés par jour au lieu de sept pour les transportés d’origine européenne et leurs rations alimentaires étaient moindres. Les mêmes préjugés et la même méfiance entouraient les transportés asiatiques ou arabes. Jouant sur les haines raciales, l’administration pénitentiaire employa parfois ces derniers comme « porte-clés », petits chefs haïs des autres condamnés, à qui ils le rendaient bien.

    Un forçat dessiné en 1928 par Georges JauneauQu’ils soient seulement tenus d’effectuer le « doublage » ou définitivement astreints à résidence[4], les libérés n’étaient souvent pas mieux considérés que les transportés en cours de peine. Dans les établissements autres que le Maroni, ils devaient vivre dans des camps où ils étaient confondus avec les condamnés, étaient logés dans les mêmes cases, vêtus du même costume, soumis en tout au même régime disciplinaire et punis dès qu’ils essayaient de faire valoir leur Statut. A Saint-Laurent, où ils vivaient libres mais réduits à la mendicité, ils étaient considérés comme des criminels en puissance qui, un jour ou l’autre, seraient poussés à voler ou à s’enfuir et retourneraient au bagne.

    Les déportés étaient des prisonniers d’opinion condamnés à l’exil. Le Directoire avait ouvert la voie en déportant en Guyane dissidents et prêtres réfractaires. Les régimes qui lui succédèrent continuèrent en y exilant les insurgés de juin 1848, les opposants à Louis-Napoléon Bonaparte et les « traîtres » coupables « d’intelligence avec l’ennemi ». Dans la première moitié du xxe siècle, les « politiques » furent essentiellement des nationalistes africains ou indochinois.

    Les déportés n’étaient pas soumis aux travaux forcés et leur travail devait être rémunéré. Tenus à l’écart du reste de la population pénale davantage par crainte de la contagion de leurs idées que par respect de leur condition Spécifique, ils furent regroupés d’abord sur l’île Saint-Joseph puis sur l’île du Diable. Les déportés se sont toujours battus pour faire respecter leur Statut, protestant régulièrement par écrit auprès du gouverneur exaspéré par cette « indiscipline » ou, comme les libérés et les relégués, en se cramponnant aux petits privilèges qui les distinguaient des condamnés de droit commun : leur maigre salaire ou le droit de porter la barbe.

    La loi du 27 mai 1885 instaura un nouveau Statut, celui des relégués, pour les récidivistes. Il suffisait de totaliser quatre condamnations à plus de trois mois pour, une fois la peine de prison purgée en France, être exilé à vie en Guyane ou en Nouvelle-Calédonie.

     

    bagne3.jpg

      

      

    En 1887, la moitié nord du territoire du Maroni fut affecté à la relégation. Sauf pour les femmes regroupées à Saint-Laurent avec les transportées dans le couvent des sœurs de Saint-Joseph de Cluny, le territoire de la relégation était bien distinct de celui de la transportation. Pourtant, et bien qu’ils aient déjà purgé la totalité de leur peine en métropole et ne soient que des interdits de séjour, l’administration pénitentiaire considérait les relégués comme des condamnés à part entière et s’en méfiait beaucoup, d’autant qu’ils étaient nombreux[5].

      

    En 1895, on déplorait qu’ils puissent circuler librement à l’intérieur de leur camp. A Saint-Jean-du-Maroni, l’emplacement de la caserne fut choisi de façon à « protéger le quartier administratif contre un mouvement possible des relégués » et son accès leur fut interdit « afin d’éviter tout contact entre eux et la troupe ».

    Entre 1852 et 1938, 52 000 transportés condamnés aux travaux forcés, 329 déportés politiques et 15 600 relégués (dont 913 femmes, transportées ou reléguées) furent envoyés en Guyane. Malgré la minutie de l’administration à définir chaque catégorie de bagnards, le personnel de l’A.P. n’eut aucun scrupule à confondre l’ensemble des condamnés (et des libérés !) qui n’eurent de cesse de revendiquer leur Statut propre par des détails souvent dérisoires. Ainsi, les relégués se révoltèrent rarement, mais le port des « effets bariolés[6] » qu’on voulut leur imposer parut une brimade suffisante pour susciter la révolte de 1931.

    De la rédemption à l’expiation rigoureuse du crime

    Les archives du bagne conservées au centre des archives d’Outre-mer (CAOM) à Aix-en-Provence témoignent du durcissement de la condition des bagnards à la charnière des XIXe et XXe siècles. Pendant les trente premières années du bagne colonial, même si dans les faits la vie des bagnards était de peu d’importance[7] et si le cynisme n’était pas absent[8]8, certains des administrateurs ont sincèrement cru à l’utopie de colonisation et de réhabilitation mise en avant à la création de l’institution.

      

    Une fois leur peine purgée, les bagnards pourraient s’établir comme colons, recevoir une terre, fonder une famille et devenir membres à part entière de cette nouvelle humanité régénérée par le travail. Mais à partir de 1887, date à laquelle on rouvrit la Guyane aux condamnés européens, la volonté de ségrégation et de répression semble avoir primé sur toute autre préoccupation. On établit entre population libre et population d’origine pénale une séparation Stricte, qui se traduisit dans l’urbanisme et dans la construction de nouveaux locaux normalisés.

    La crainte de la « contagion » conduisit également à introduire des clivages au sein des transportés, qui furent répartis en catégories elles-mêmes divisées en classes en fonction de leur faute, de leur conduite au bagne et de leur aptitude à la rédemption. On isola les incorrigibles (les « inco ») des autres détenus dans des camps forestiers de sinistre mémoire. Chaque classe avait un régime particulier, la troisième classe effectuant les travaux les plus pénibles. Il fallait parvenir en première classe pour bénéficier d’une concession ou obtenir un emploi chez un particulier.

     

      

    Le maître mot fut désormais « l’expiation rigoureuse du crime ». Le décret du 4 septembre 1891 aggrava les conditions de détention des transportés et imposa la construction de nouveaux locaux disciplinaires pour punir toute infraction, rébellion ou tentative d’évasion.

      

    Les circulaires de l’A.P. détaillèrent avec minutie la hiérarchie des types d’emprisonnement :

      

    la prison collective de jour ou de nuit, la cellule (claire), le cachot (sombre), l’isolement, la réclusion. Ces peines étaient assorties de brimades physiques telles que le régime au pain sec et à l’eau, l’obligation de silence, la suppression des promenades ou du travail, la « boucle » simple ou double, entrave à un ou deux anneaux dans laquelle on immobilisait la nuit les pieds du bagnard, le fouet.

      

    Ce durcissement fut d’autant plus violent qu’il intervint dans un monde clos, où régnait un arbitraire total, À propos du camp disciplinaire de Charvein, un inspecteur notait en 1904 : « L’arbitrage des agents subalternes tient seul lieu de règle dans le prononcé des punitions. Les fers, la cellule, le cachot sont appliqués sans mesure et comme au hasard et prolongés pendant des jours et des mois, même pour les infractions les plus légères, pour bavardage par exemple »[9]. Jusqu’en 1925, le régime du bagne fut extrêmement dur. C’est grâce à la campagne de presse du journaliste Albert Londres (1923) et à l’action de l’Armée du Salut qu’il fut assoupli.

    La plupart des pénitenciers guyanais ont disparu, mangés par la forêt. Il n’en subsiste des vestiges importants qu’aux îles du Salut et sur le Maroni. L’architecture et l’urbanisme de ces sites illustrent parfaitement la ségrégation et l’enfermement voulus par les mesures de 1891.

     

     

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    Les îles du Salut

    Situées au large de Kourou, les îles du Salut furent le premier site affecté au bagne. Dès l’origine, une répartition Spatiale des fonctions fut instaurée entre les trois îles et au sein de chacune d’elles (Clair, Mallé, 2001).

    Sur une gravure publiée en 1860 dans l’Illustration, l’île Royale, la plus grande des trois îles du Salut, où s’installa l’état-major, apparaît divisée en deux par une muraille isolant le quartier militaire du quartier des condamnés. Deux grands hôpitaux en pierre de taille y furent édifiés dans les années 1860, l’hôpital militaire pour le personnel libre et l’hôpital des transportés pour les bagnards.

      

    La chapelle était commune à tous, mais une clôture en bois tourné marquait la frontière entre transportés et population libre[10]. Même dans la mort, les deux populations ne se mêlaient pas. Le cimetière était réservé aux surveillants et à leur famille. Les bagnards quant à eux n’avaient droit à aucune sépulture. Leur corps cousu dans un linceul et lesté était chargé dans une chaloupe et immergé au large de l’île Royale.

    À la fin du XIXe siècle, cette ségrégation parut insuffisante. Inspectant en 1894 les îles du Salut, l’ingénieur Fontaneilles s’indignait : « Les bâtiments sont disposés sans ordre et les cases des condamnés sont mêlées à celles des surveillants. » Il mit en place sur l’île Royale un véritable plan d’urbanisme qui séparait nettement les différentes catégories d’habitants, créant un quartier des condamnés et un quartier administratif, les logements des surveillants servant de tampon entre les deux.

      

    Obsédé par la surveillance, Fontaneilles voulait aussi que les transportés soient enfermés dans des bâtiments solides. Il fit remplacer les toitures en wapa de leurs cases par de la tôle ondulée, « beaucoup moins facile à démolir de l’intérieur, surtout sans bruit». Aux cases éparses du début se substitua, après 1895, un véritable quartier des condamnés bien distinct des autres constructions : deux corps de bâtiment symétriques construits de part et d’autre d’une cour intérieure fermée par une enceinte abritaient de grands dortoirs collectifs munis de bat-flanc[11]. Situé immédiatement à côté du camp des transportés, le quartier disciplinaire était constitué de deux prisons communes et de 32 cellules. On y ajouta 34 cellules supplémentaires en 1894.

    l\'hôpital de l\'île RoyaleL’île Saint-Joseph, d’abord réservée aux prisonniers politiques, reçut au départ un aménagement semblable à celui de l’île Royale : église, presbytère, bâtiments administratifs, magasins, logements et ateliers. Mais, dans le but de rendre à la peine de travaux forcés « son caractère indispensable d’intimidation et d’exemplarité », le décret du 4 septembre 1891 l’affecta aux transportés fautifs condamnés à la peine de réclusion cellulaire par le tribunal maritime Spécial de la colonie. Celle-ci consistait en l’enfermement cellulaire de jour et de nuit, à l’isolement permanent et au silence absolu, ce qui nécessita la construction de locaux Spéciaux et valut à l’île Saint-Joseph son surnom de « la Silencieuse ». Le camp de la réclusion de l’île Saint- Joseph, construit entre 1896 et 1906 et agrandi en 1913, devint le lieu d’enfermement le plus redouté de Guyane, « le bagne du bagne, les oubliettes de la transportation », comme le qualifia Albert Londres dans les articles qui contribuèrent à faire disparaître cette prison, qui ne fut fermée qu’en 1938.

     

     

    Les ruines du camp de la réclusion sont aujourd’hui envahies par les lianes et les figuiers étrangleurs. On peut encore suivre les longs couloirs qui distribuaient les doubles rangées de cellules séparées par des ensembles de préaux à ciel ouvert où s’effectuait en solitaire l’heure de promenade quotidienne. Les cellules minuscules n’étaient meublées que d’un bat-flanc qui devait être relevé dans la journée et sur lequel le prisonnier était attaché la nuit par la « boucle ». Cette mortification supplémentaire ne fut supprimée qu’en 1925 et ce n’est qu’en 1936 que le condamné eut droit à un tabouret pour s’asseoir dans la journée. La surveillance était incessante : les cellules comportaient pour tout plafond une grille à travers laquelle les gardiens qui circulaient sur une passerelle surélevée surveillaient les condamnés nuit et jour.

    La plupart des 71 réclusionnaires enfermés en 1938 à Saint-Joseph avaient été condamnés à cette peine inhumaine pour tentative d’évasion sans atteinte à autrui.

    Entourée de courants violents et de requins, l’île du Diable, dont il était réputé impossible de s’échapper, fut dévolue aux quarantaines en cas d’épidémie, aux lépreux puis au premier « déporté en enceinte fortifié », le « traître Dreyfus ». Unique détenu de l’île, Alfred Dreyfus fut d’abord logé dans une petite maison située à proximité du poste de garde. Mais, même dans cet isolement extrême, le régime s’est durci. En 1897, on lui construisit une nouvelle cellule, divisée en deux par une grille derrière laquelle se tenaient en permanence ses gardiens et qui devait rester éclairée jour et nuit. Une palissade entourait le bâtiment afin d’empêcher Dreyfus de voir la mer et de faire un signal à un improbable ennemi de la patrie croisant par là.

    Après Dreyfus, les déportés politiques vécurent sur l’île du Diable livrés à eux-mêmes, sans gardien, le lieu étant suffisamment protégé naturellement pour décourager toute tentative d’évasion.

    La concentration de l’A.P. sur le Maroni

    Les îles du Salut furent exclusivement consacrées au bagne. Ce fut également le cas, au moins à l’origine, du pénitencier agricole du Maroni, créé dans une zone qui n’avait pas encore été mise en valeur. Dès 1852, on projeta de créer à l’embouchure du Maroni un établissement pénitentiaire isolé du reste de la colonie, afin de « mettre en valeur l’ouest de la Guyane et d’ouvrir aux transportés repentants par la propriété et la famille acquises par le travail un lieu de repos et de réhabilitation »[12].

      

      

    Le fondateur et premier commandant du pénitencier du Maroni croyant fermement dans le rôle de réhabilitation du bagne, l’isolement paraissait indispensable au succès de l’entreprise. Par décret du 13 mai 1860, un territoire de 180 000 hectares allant de l’embouchure du fleuve jusqu’au saut Hermina fut affecté à cette expérience de colonisation par l’élément pénal.

    Il existait alors différents pénitenciers sur le territoire guyanais, des camps isolés sur la Comté et l’Oyapock et des pontons flottants amarrés en rade de Kourou ou de Cayenne. L’« atelier »[13] de Cayenne n’était constitué que de condamnés dont la conduite était excellente et dont l’emploi par les administrations comme les particuliers semblait entré dans les mœurs. En 1867, un pénitencier en dur fut construit aux abords de la ville.

    Mais, très vite, la situation se modifia et la Guyane reproduisit le même schéma d’exclusion que la métropole. Dès 1871, la chambre de commerce et d’industrie réclama « au nom de la morale et de la justice, que la colonie pénitentiaire soit circonscrite, isolée, que les transportés, quelle que soit leur catégorie, ne puissent avoir aucune communication avec le reste de la Guyane ».

      

      

    Sous la pression de l’opinion publique, on décida la « concentration de la transportation sur le Maroni », c’est à dire le transfert de tous les condamnés et de tous les services de l’administration pénitentiaire, jusque-là dans la capitale guyanaise. Cette opération, qui supposait de nombreux travaux, ne se fit que lentement, à partir de 1895, et n’était pas encore achevée en 1907. Saint-Laurent devint de fait la capitale du bagne. De l’administration qui s’y installa dépendait non seulement le vaste territoire pénitentiaire du Maroni avec la ville de Saint-Laurent et ses annexes mais tous les autres pénitenciers de Guyane.

    La commune pénitentiaire de Saint-Laurent-du-Maroni

    Construite par et pour le bagne, la ville de Saint-Laurent fut une création ex-nihilo dans un territoire vide d’Européens (Mallé, 2003)[14]. L’expérience pouvait se dérouler en vase clos, la colonie pénitentiaire du Maroni ne devant être peuplée que par les transportés et le personnel de l’administration pénitentiaire[15].

    Dès l’origine, la ville adopta un plan qui résumait la hiérarchie sociale et la mission de punition/réhabilitation du bagne colonial. Les baraquements du camp de la transportation furent dressés au bord du fleuve. En aval, profitant au maximum des alizés, on établit le quartier administratif, appelé aussi quartier officiel. A l’ouest, isolée du fleuve par le camp des transportés et plus tard la caserne et l’hôpital, résolument tournée vers la forêt et la tâche de mise en valeur dévolue aux bagnards, fut dessinée la ville coloniale ou village qui devait accueillir les transportés concessionnaires et les libérés.

      

      

    Après avoir effectué la moitié de leur peine et au moins dix ans de travaux forcés, les transportés « les plus méritants » pouvaient recevoir une concession de terrain et une maison pour s’établir comme colon. Après avoir travaillé leur terre cinq ans, ils pourraient en devenir propriétaire et la transmettre à leurs enfants. La ville coloniale fut tracée sur un plan orthogonal comme les autres villes créées à la même époque dans les colonies françaises.

    La découverte d’or sur la Mana en 1875 et dans le haut Maroni en 1884 remit en cause le caractère exclusivement pénitentiaire du territoire du Maroni. Devenue le port de ravitaillement des placers de l’Inini et de l’Aoua, la ville de Saint-Laurent fut envahie par les chercheurs d’or originaires des Antilles anglaises ou du Guyana, rapidement suivis par des commerçants chinois et par une population plus ou moins clandestine[16] de pauvres gens à la recherche d’une vie meilleure, qui cohabitait dans la ville coloniale avec les concessionnaires et les libérés.

    L’ouverture du territoire de la colonie pénitentiaire à une population qui n’était pas d’origine pénale a été largement discutée dès 1875 car elle hypothéquait les faibles chances d’installation des libérés. Ceux-ci, astreints au doublage ou à la résidence à vie, subissaient déjà la concurrence directe de la main-d’œuvre pénale quasi gratuite et ne trouvaient à s’employer ni comme domestique ni comme ouvrier. Comme les relégués individuels, ils étaient réduits à la misère, n’ayant ni la possibilité de partir ni celle de s’établir[17]. Le désir de la population guyanaise d’être nettement séparée de la transportation avait contribué à lui consacrer un territoire propre.

      

      

    À l’inverse, au moment où ce territoire était envahi par une population libre, se posait le problème de protéger la population pénale dans le cadre du projet de réhabilitation et de colonisation du bagne colonial. « Il est indispensable de faire de Saint-Laurent un centre exclusivement pénal, d’y maintenir la prépondérance des condamnés ou d’enfants de condamnés et de ne pas permettre que des capitalistes viennent en ce champ d’expérience instituer une concurrence désastreuse », s’inquiétait l’inspecteur Picquié en 1896[18]. À cette date, un tiers seulement des 120 concessions urbaines appartenaient encore à la population pénale. Les autres avaient été rachetées par des personnes libres. Cinquante neuf d’entre elles étaient réunies entre les mains de 14 propriétaires, gros négociants pour la plupart.

    Le quartier administratif, en grande partie reconstruit entre 1895 et 1915 en vue de la concentration de l’A.P. sur le Maroni, illustre bien les théories urbanistiques de cette période. Le tracé des voies publiques d’abord indique une rupture nette avec la ville coloniale. Les rues conduisent au Maroni, symbole de départ et de liberté, et non à la forêt. Elles étaient plus larges, plus aérées et dotées de fossés pour l’évacuation des eaux, témoignant de préoccupations sanitaires apparemment jugées superflues pour la population de la ville coloniale.

    Les bâtiments administratifs et les logements de fonctionnaires du quartier officiel se différenciaient de ceux de la ville coloniale par leur situation et leurs matériaux. Comme on peut le voir aujourd’hui encore, les constructions ont été positionnées au centre de la parcelle et entourées de jardins luxuriants alors que les façades des cases des concessionnaires de la ville coloniale devaient donner directement sur la rue pour en faciliter la surveillance.

      

    Les constructions du quartier administratif étaient en brique, avec ou sans pan de fer, et couvertes de tôle ondulée alors que les cases de la ville coloniale étaient en bois ou pan de bois garni de gaulettes, les couvertures en bardeaux de wapa ou en feuilles de wai. Les textes qualifient souvent ces constructions de « cahutes » ou « paillottes » par opposition aux constructions en dur à la mode européenne, édifiés pour les agents de l’A. P.[19]

    Tout fut mis en œuvre pour éviter les « mélanges fâcheux ». Après 1890, on regroupa à la périphérie du quartier officiel les logements des fonctionnaires jusque-là disséminés à travers la ville. La séparation Spatiale s’accompagna de nombreux règlements, comme l’interdiction faite aux libérés de circuler la nuit dans le quartier administratif. Tous les bâtiments administratifs à l’usage de la population de la ville coloniale (mairie, école, église, banque) furent construits sur la rue Mélinon, à la frontière entre les deux zones, mais côté quartier administratif. On ne laissa dans la ville coloniale que le commissariat de police, témoin de la méfiance que l’administration entretenait pour la population du « village », qu’elle soit ou non d’origine pénale. Comme aux îles du Salut, les bâtiments à l’usage des transportés étaient bien distincts de ceux utilisés par la population libre.

      

    L’hôpital pavillonnaire était traversé par un mur qui isolait les pavillons réservés à la population pénale. Les transportés n’étaient pas admis dans la petite église Saint-Laurent. Seules les femmes condamnées, cachées derrière une grille et accompagnées des sœurs de Saint-Joseph de Cluny, y avaient accès. Les bagnards suivaient la messe debout dans la cour du camp de la transportation, devant la chapelle. La ville comptait deux tribunaux, l’un chargé de juger la population civile, l’autre, le tribunal maritime Spécial, les transportés.

    Le camp de la transportation a été construit au bord du fleuve, sous les vents, à côté de l’hôpital, avec lequel il partageait les mêmes suspicions de contagion. A l’écart du quartier officiel, il se trouvait isolé de la ville coloniale par les logements des surveillants et la caserne d’infanterie de marine. Dès le départ, le camp fut constitué de cases indépendantes entourées d’une palissade. Il semble que, dans les débuts, les transportés aient joui à l’intérieur d’une relative liberté de mouvements. Ainsi, vers 1880, l’inspecteur Fontaneilles s’étonnait que des hamacs soient suspendus sous les cases, entre les pilotis. « Certains condamnés préfèrent y coucher, mais il y aurait assez de place en haut »20.

    Pour améliorer la surveillance, Fontaneilles décida l’érection d’un mur d’enceinte en maçonnerie au lieu de la palissade en bois des débuts et la reconstruction des cases des transportés en brique « de façon que leur paroi soient difficiles à percer». Craignant la contagion des « incorrigibles » sur la population pénale susceptible d’amendement, il fit construire un mur entre leur quartier et les baraquements des autres transportés. Fontaneilles se préoccupa surtout de mettre les espaces de punition en conformité avec les nouveaux règlements. Il fit construire deux prisons communes, des cellules et des cachots. On avait prévu au départ 12 cellules ; leur nombre a été doublé en 1888 puis de nouveau en 1896. Finalement, on créa sur toute la longueur du camp de la transportation un véritable quartier disciplinaire entouré d’une enceinte et divisé en quartiers correspondant aux différentes catégories de condamnés. En trente ans, le nombre de cellules est passé de 12 à 96, ce qui illustre bien l’évolution de la mission du bagne colonial de la réhabilitation à la répression.

    Le bagne de Guyane a poursuivi la longue tradition des entreprises de colonisation de déportation des orphelins, vagabonds, prostituées ou criminels, pour les fixer dans les colonies en mal de main-d’œuvre. La seule chance de réussite du bagne colonial était l’intégration de la population pénale à la société guyanaise, enjeu dont certains administrateurs avaient conscience dès le début. « Si l’élément pénal se confond facilement avec la population libre, s’y mêle et s’y perd, la réforme pénale est réalisée et la colonie prospère. Si au contraire la colonisation pénale effraie ou blesse l’autre, la réforme est manquée et la colonie dépérit », écrivait un inspecteur en 1875. Mais il était hors de question de se mélanger. La ségrégation ne fit que s’accentuer, condamnés en cours de peine, relégués et libérés inspirant la même méfiance, voire la même peur. On alla même jusqu’à retirer leurs enfants aux rares concessionnaires qui avaient réussi à s’installer et à fonder une famille, afin d’éviter aux jeunes esprits « la contagion de l’exemple » (Donet-Vincent, 2003).

    En presque cent ans d’existence, le bagne de Guyane n’a atteint qu’un seul des trois buts qu’il s’était fixé : l’élimination des criminels. La réhabilitation par le travail et la mise en valeur de la colonie furent des échecs complets. La Guyane est devenue, selon le mot de Gaston Monnerville, « la sentine de la France » ou encore la « guillotine verte », la transportation équivalant souvent à une condamnation à mort différé.

     

     

    MUSEE du BAGNE - Ile de Ré

    http://all.web.pagesperso-ora

    nge.fr/musee/pages/salle-bagne.html

    SOURCES : http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2010/12/murs-murs-de-la-mort/

     

    Bâtiment de travail pour les bagnardsRéférences bibliographiques

    Clair S., Mallé M.-P., 2001, Les lies du Salut. Guyane, coll. Itinéraires du Patrimoine, n° 237, Ibis Rouge éd., Cayenne.

    Donet-Vincent D., 2003, De soleil et de silences. Histoire des bagnes de Guyane, la Boutique de l’Histoire, Paris.

    Krakovitch O., 1990, Les Femmes bagnardes, Orban, Paris

    Londres A., 1923, Au bagne, Albin-Michel, Paris.

    Mallé M.-P, 2003, Saint-Laurent-du-Maroni, commune pénitentiaire, association AIMARA, Cayenne.

    Pierre M., 1982, La Terre de la grande punition, Ramsay, Paris.


    1. Rapport du consul de France à Londres sur l’expérience britannique en Australie, 1845. CAOM Ha.

     

    2. Au milieu du XIXe siècle, la Guyane comptait environ 20 000 habitants, dont 1000 à 2000 de race blanche.

    3. L’autre bagne colonial fut celui de l’île du Nou en Nouvelle-Calédonie, officiellement ouvert de 1871 à 1887.

    4. La différence entre les deux catégories était souvent illusoire car à partir de 1868 le billet de retour des libérés ne fut plus pris en charge par l’administration et seuls ceux dont la famille pouvait ou voulait payer purent rentrer en métropole.

    5. Au début du XXe siècle, les relégués étaient environ 3 000.

    [6] Le costume infamant à rayures imposé aux transportés vers 1930.

    [7] Dans les premières décennies, la mortalité dans les pénitenciers de l’est était de 20 à 25 % par an.

    [8] « Si vous voyez que la colonisation n’offre pas de chances de succès, bornez-vous au bagne », aurait déclaré dès 1852 un membre du gouvernement au gouverneur de Guyane cité par Sylvie Clair (Clair, Mallé, 2001, p. 9).

    [9 ] Rapport de 1904. CAOM, H 65.

    [10] À Saint- Jean-du- Maroni, capitale de la relégation, la chapelle était divisée en deux niveaux: la population libre suivait l’office au niveau supérieur, les relégués à l’entresol.

    [11] Puis, à partir de 1929, de hamacs.

    [12] Discours du commandant Mélinon, 1860, cité par M. Pierre, (Pierre, 1982, p. 28-29).

    [13] On employait le même terme dans les plantations esclavagistes.

    [14] Où l’on fit peu de cas des quelques groupes d’Indiens Kali’na qui l’habitaient.

    [15] Soit environ 150 personnes à la fin du XIXe siècle.

    [16] L’accès au territoire pénitentiaire du Maroni était libre, mais nul ne pouvait y séjourner plus de huit jours sans en avoir avisé l’A.P. ni y fixer son domicile sans autorisation.

    [17] En 1924, un millier de libérés sans ressources traînaient dans les rues de Saint-Laurent.

    [18] CAOM, H 2023.

     

     

     

     

     

    [19] Le même clivage est reproduit de façon plus modeste dans les camps forestiers. Les surveillants sont logés dans des cases en bois, les condamnés dans des paillottes

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    Avertissement ;

    Il s'agit d'un fait historique et non l'apologie de la violence.

     

     

     

     

    On a cru tenir Garnier

    L'histoire de la bande à Bonnot, dont peu de gens connaissent les détails, frappe encore les imaginations.

    Quelques anarchistes qui s'étaient constitués en bande, ont commis de nombreux hold-up sanglants en automobile .

    C'est grâce à une collection de journaux de l'époque , qu'un architecte de la Commune de Schaerbeek avait gardé toute sa vie dans son petit bout d'appartement exigu, que nous découvrons certains détails majeurs de cette aventure. 

    En dehors de l'imagerie d'Epinal qui souvent nous a été renvoyée par le temps, associant ce groupe de malfaiteur à toutes les autres idées, souvent fausses que nous avions de cette époque, ils y avaient des hommes qui avaient pris conscience face à l'énormité de la bétise humaine, que les actes qu'ils allaient poser ne pouvaient être que tragiques. Il le furent et nous verrons à travers ces journaux non seulement la suffisance de la police, mais aussi la vindicte populaire dont ils furent aussi les victimes. 

    Le peuple a payé très cher son manque de lucidité, et fut envoyé, "la fleur au fusil" se faire charpiller, dans le début de cette nouvelle aventure que fut la Guerre 14/18.

    En réalité les évènements relatés ici eurent lieu une fraction de seconde avant le déclenchement des hostilités qui vaut au 20e siècle d'avoir été le plus sanglant et le plus monstrueux de l'histoire de l'humanité (comme si ce mot avait encore un sens après cela).

    Callemin dit Raymond-la-Science, Soudy, Monier dit Simentof furent guillotiner , c'étaient encore des gamins. Les survivants pour la plupart furent emprisonnés, cela ne les empêcha pas de suivre leur chemin. Kibaltchiche entre autre qui après les prisons françaises connut aussi les Goulags soviétiques, dont il fut un des premiers dénonciateurs sous le nom de Victor Serge.

    L'affaire de la bande à Bonnot, commença le 21 décembre 1911 avec l'agression d'un encaisseur de banque qui se rendait à la succursale de la Société Générale rue Ordener, à Montmartre, il portait une serviette renfermant des titres et une sacoche contenant de l'argent. 

    Elle trouva son épilogue aux assises de la Seine où comparaissaient les 22 survivants,dont trois, Callemin , Soudy et Monier, furent condamnés à mort et exécutés le 21 avril 1913.

     

    Le Journal / Vendredi 1 mars 1912.

    Les bandits en automobile.

    Les mystérieux voyageurs de la limousine grise cambriolent à coups de revolver une étude de notaire à Pontoise.

    Les misérables abandonnent la voiture à Saint-Ouen après avoir tenté d'y mettre le feu.

    Les exploits des bandits automobilistes se succédant avec une telle rapidité, il est nécessaire de donner un bref résumé des faits qui se sont passés hier et dont on lira plus loin la relation détaillée.
    Voici : A Pontoise, trois bandits qui occupaient la voiture grise dans laquelle se trouvaient les meurtriers de l'agent Garnier sont venus dans la nuit, tenter de cambrioler l'étude d'un notaire. Surpris par l'officier ministériel, celui-ci à tiré sur eux, il ont riposté ; le notaire a été légèrement blessé ; les bandits se sont enfuis dans leur auto.
    - A 6 heures du matin, à saint-Oen, on a trouvé abandonné la fameuse automobile grise de la place du Havre. On a vu trois hommes en descendre ; après y avoir mis le feu, les trois bandits ont disparu.
    - Au Palais, deux témoin, MM.Permans et Tabac, à qui on montait les photographies de Dieudonné et de Boe, arrêtés hier soir aux Batignolles, auraient reconnu Dieudonné pour l'un des deux individus qui assaillirent le garçon payeur Caby, rue Ordener.
    - Deux habitants de Saint-Ouen, qui ont vu descendre de l'automobile grises les trois bandits, ont donné de l'un deux un signalement qui se rapportait à celui de Bonnot, qui le 27novembre dernier, assassina au Châtelet-en-Brie, un autre de ses complices, Platana, lequel se trouvait avec lui dans l'auto 701-S-2 volée à Roanne. Ils auraient reconnu Sorrentino sur la photographie que leur présentait M.Juin.
    - Des témoins du drame de la place du Havre à qui on a présenté la photographie de Bonnot, ont déclaré que l'un des deux chauffeurs de la limousine grise lui ressemblait d'une façon frappante....

     

    Contexte historique


    La bande à Bonnot : la fin d’un bandit.

    Des voleurs vivant avec leur temps

    La France de la Belle Epoque est un pays qui voit s’amplifier l’urbanisation, drainant avec elle les signes de la modernité industrielle. La République, péniblement installée quatre décennies auparavant, voit coexister un monde traditionnel, rural, replié sur lui même, qui va à cheval, et des centres urbains où l’éclairage, l’automobile, les mass media se font de plus en plus présents.
    La « bande à Bonnot », terme journalistique qui traduit mal l’absence de structuration de ce collectif d’anarchistes illégalistes, vogue son bref et intense périple (décembre 1911-mai 1912) entre ces deux rives. Modernes, car utilisant à plein les potentialités des véhicules à moteur et jouant avec la presse, ils renvoient aussi, inversement, aux exploits des bandits de grands chemin d’antan.
    Leur notoriété subite est issue du braquage dit de la rue Ordener, quatre jours avant la Noël 1911. Les bandits s’attaquent à un commis de la Société Générale chargé d’espèces et de titre au porteur, sur qui ils font feu avant de le laisser pour mort et de s’enfuir en voiture, filant sous le nez d’agents de police dépassés par des méthodes aussi expéditives. Dès lors, les actes criminels s’enchaînent : double meurtre d’un rentier et de sa bonne à Thiais (2 janvier), vols de voiture avec violences… Cette cascade de méfaits, perpétrés sans que les forces de l’ordre ne semblent en mesure de s’y opposer, passionne et affole les populations.

     

    Jules Bonnot 

     

    Jules Bonnot naît le 14 Octobre 1876 à Pont-de-Roide, un village du Doubs, à proximité de Montbéliard. A cinq ans il perd sa mère. Plus tard, son frère aîné se suicide en se jetant dans une rivière à la suite d'un amour déçu. Son père ouvrier fondeur, assure seul son éducation.
      
    Déjà à l’école il se fait remarquer :"il était paresseux, indiscipliné, insolent", dira de lui son instituteur. Jules évolue dans un univers d'analphabétisme. Son père illettré, est affaibli par un travail exténuant et des conditions de vie très difficiles. Le fils n'a guère plus d'espoir que son père d'échapper à cette condition misérable. Très tôt c'est la vie harassante. A quatorze ans, Bonnot commence son apprentissage. Refusant toute contrainte, il est en conflit avec ses patrons successifs. Jules connaît sa première condamnation à 17 ans suite à une bagarre dans un bal. En 1901, il se marie avec une jeune couturière. Un temps employé aux chemins de fer, à Bellegarde, sur la frontière, son engagement anarchiste le fait renvoyer. Son nom est connu de tous les employeurs de la région. Personne ne veut engager un tel agitateur. C'est le chômage, la misère et le désespoir

    L'Exil 

    Le couple part pour Genève. Bonnot trouve une place de mécanicien. Sa compagne met au monde une fille, Émilie. Malheureusement l'enfant meurt quelques jours plus tard. Révolté, Bonnot se lance de plus belle dans la propagande anarchiste. Les Suisses ne tardent pas à l'expulser. Après quelques pérégrinations, il se fixe à Lyon où ses connaissances exceptionnelles de la mécanique lui procurent un emploi chez un constructeur d'automobiles. C'est là qu'il va parfaire son habileté professionnelle et son art diabolique de la conduite qui, dans quelques années, seront mis au service du crime.

    Le 23 Février 1904 naît son deuxième enfant. Cette naissance ne le détourne que peu de temps de la propagande anarchiste. Aux yeux des patrons, il passe pour un meneur dangereux qui, partout, fomente des mécontentements et des grèves. Il quitte alors Lyon pour Saint-Étienne. D'octobre 1905 à Avril 1906, il est mécanicien dans une firme importante de la ville. Un rapport de police le présente comme "très violent et méchant", ajoutant que "les renseignements recueillis sur son compte sont mauvais". Bonnot et sa famille logent chez le secrétaire de son syndicat, Besson, qui ne tarde pas à devenir l'amant de son épouse. Pour éviter la colère de Bonnot, il s'enfuit en Suisse avec sa maîtresse et l'enfant. Bonnot ne les reverra jamais plus. La perte de son emploi est la goutte d’eau qui fait éclater sa révolte.

    L'épopée 

     

    Il rejoint la cohorte des innombrables chômeurs. L'épopée de la bande à Bonnot peut donc commencer. Entre 1906 et 1907 il s'exerce à l'ouverture des coffres forts. Parallèlement, il ouvre deux ateliers de mécaniques à Lyon. Pour ses aventures nocturnes il a besoin d'un bras droit : Platano. En 1910, Bonnot se rend à Londres et entre en qualité de chauffeur au service de Sir Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes. Fin 1910, de retour à Lyon, il met au point sa nouvelle technique. A ce jour, aucun bandit n'a encore songé à introduire l’automobile dans l'arsenal du crime. Mais la police le recherche et il est obligé de partir précipitamment en compagnie de Platano et de cinq complices. Pour des raisons indéterminées Bonnot descend Platano.
    Le 21 Décembre 1911 commence réellement l'épopée de la bande à Bonnot. Ce jour-là quelques illégalistes deviennent les "bandits tragiques". Dans une époque de misère, d'injustice, de luttes sociales sans merci, les premiers criminels en auto vont inscrire en lettres de sang une histoire qui tiendra en haleine une France apeurée devant tant d'audace et désespérée par l'échec de la police.
    Ce 21 Décembre 1911 vers 9h du matin, Bonnot, Garnier, Callemin et un quatrième homme décident de s'attaquer au garçon de recette de la Société Générale rue Ordener à Paris. C'est la première fois qu'une voiture est utilisée lors d'un braquage. Le butin est plutôt maigre des titres et seulement 5000 francs en espèce. Le garçon de recette, lui, est gravement blessé. Le lendemain les journaux se déchaînent sur la bande. Après avoir abandonné leur automobile à Dieppe, ils reviennent à Paris, traqués par la police démunie devant la rapidité et la mécanique de leurs automobiles. Bonnot et sa bande ne savent que faire, ils errent, traqués, dans la ville, sans évasion possible, prêts à se faire tuer n'importe où. Par solidarité, pour partager cette amère joie du risque mortel, d'autres se joignent à eux: René Valet et Soudy
    25 Mars 1912, attaque de la Société Générale à Paris

     

     
    A la veille de Noël Garnier et Callemin trouvent refuge chez Kibaltchiche (Victor Serge) et Rirette Maitrejean deux anarchistes. Quelques jours après leur départ Kibaltchiche et Rirette sont arrêtés. Tous deux refusent de livrer Garnier et Callemin.
     
    Type de voiture que la bande à Bonnot utilise
     
     
    La bande ne reste pas inactive. En France et en Belgique, ils tentent avec plus ou moins de succès un certain nombre de "coups". Deux armureries sont pillées à Paris. A Gand, ils volent la voiture d'un médecin. Dans la même ville, le 25 Janvier, le vol d'une seconde voiture tourne moins bien. Ils sont surpris par un chauffeur qui est assommé à coups de clé anglaise. Un agent de police les interpelle. Callemin l'abat. C'est autour d'un certain Eugène Dieudonné de se faire arrêter. C'est un anarchiste et Caby le garçon de recette de la Société Générale le reconnaît comme son agresseur. Dieudonné nie sa participation au hold-up de la rue Ordener.
    Dans la nuit du 2 au 3 Janvier 1912 à Thiais, deux vieillards sont assassinés. Puis le 27 Février à Paris à la suite d'une banale altercation un policier est abattu. Le 29 Février le trio tragique abat un boulanger lors d'une tentative de cambriolage d'un pavillon.
    Pour les illégalistes, traqués, affamés, sans secours, devant qui toutes les portes se ferment, la lutte terrible engagée contre la société ne peut que se terminer par leur mort.

    L'ultime coup 

     

     
    Leurs photos s'étalent dans les journaux. Les têtes sont mises à prix. Bonnot se devait d'organiser un coup de force inouï. Après avoir volé une voiture sur la route de Melun et avoir blessé gravement ses passagers, ils se dirigent vers Chantilly et notamment la banque de la Société Générale. Garnier, Valet Callemin entrent dans la banque revolver au point. Soudy fait le guet à l'entrée. Le bilan est de deux morts pour 50 000 frs. (7600€)
    Deux cents inspecteurs de police se mettent en campagne. La banque offre une prime de cent mille francs (15 000€) à quiconque permettra la capture des bandits.
    Pendant toute une semaine, la bande à Bonnot tient la une de tous les quotidiens, avec des pages entières de photos où se retrouvent pêle-mêle les morts, les blessés et les témoins. Soudy se fait arrêter à Berck-sur-mer le 30 Mars 1912. Le 7 Avril, c’est au tour de Raymond Callemin. Le 24 Avril un dénommé Monier est arrêté, il a participé aux affaires de Montgeron et de Chantilly.Pendant ce temps Bonnot loge dans un appartement à l'insu de son propriétaire, absent. Fin Avril Jouin le sous-chef de la sécurité repère Bonnot et se fait tuer en tentant de l'arrêter. Mais le fugitif est blessé au bras. Après l'assassinat de Jouin, Bonnot redouble de prudence. Il arrive ainsi à Paris sans histoire. Chaque soir, il cherche d'un nouvel abri. Personne ne doute de sa prochaine arrestation. La décision de le tuer rallie tous les suffrages. Jamais la police, encouragée par le gouvernement, ne pense un seul instant le prendre vivant. Bonnot court toujours. Sa piste semble perdue lorsqu'un pharmacien de Choisy-le-roi déclare qu'il a donné des soins à un homme blessé à la main et dont le signalement correspond à celui du fuyard. Bonnot trouve refuge chez un autre anarchiste : Dubois.
     
    Jules Bonnot tue le commissaire Jouin, Le petit journal (5 Mai 1912)
     

    L'état de siège 

     

    Le Dimanche 28 Avril une quinzaine d'inspecteurs cernent le pavillon de Dubois. Ce dernier qui était dans le garage leur tire dessus avant de se faire abattre. Bonnot se barricade et blesse un inspecteur. La fusillade est suffisamment soutenue pour tenir les policiers en respect et les obliger à se mettre à l'abri. Ils pensent que Bonnot n'est pas seul. Le siège commence. La fusillade a réveillé toute la localité. De Choisy, d'Alfortville, de Thiais et même de plus loin, arrivent des hommes armés de carabines, de fusils de chasse. Cinq cents hommes armés sont là disséminés dans les haies. Le maire de Choisy et le préfet Lépine arrivent bers 9h suivis peu de temps après par deux compagnies de la Garde républicaine.
    De toute la banlieue, de Paris on continue à affluer vers Choisy. Le spectacle est attendu : 20 000 personnes accourent en train, en fiacre, en auto ou à pieds. L’ordre est donné d'acheminer l'entier régiment d'artillerie stationné à Vincennes. On demande également une mitrailleuse lourde. Un cordon de tirailleurs cerne maintenant la maison.
    Midi. Il y a maintenant près de trente mille personnes autour du pavillon. Le siège dure des heures, la fusillade ne connaît aucun répit. Tous les assiégeants pensent jouer un rôle historique. Ils sont persuadés qu'ils ont à venger les crimes de Bonnot. On boit, on parle, on s'interpelle, on rit même, se sachant hors de portée des balles. La décision est prise de dynamiter le repaire. Bonnot se sait perdu. Il rampe jusqu'à la table, prend plusieurs feuilles et rédige une sorte de testament. Le siège se fait plus pressant. Le pavillon est dynamité..
    Des débris de pierres et de terre frappent Bonnot. Il se réfugie entre deux matelas. Il saigne abondamment. Une nouvelle fois le pavillon est dynamité. Les policiers décident d'entrer. Après avoir traversé la première pièce, ils trouvent Jules Bonnot luttant contre le dégoût, le chagrin et la fatigue, il s'écrie:"salauds". Atteint de six balles Il a encore la force de tirer trois coups mais. Il est transporté à l'Hôtel-dieu où il rejoint à la morgue Dubois. Pendant ce temps, la police parade et une vente aux enchères se tient sur l'emplacement du pavillon

    La fin de la bande à Bonnot 

    Les bandits tragiques devant les Assises de la Seine.

     

     

     
    Il reste deux membres de la bande à Bonnot en liberté : Garnier et Valet. Ils logent dans un pavillon de banlieue à Nogent-sur-Marne. Le 14 Mai la sûreté les à repéré. Pour éviter la mascarade de Choisy tout a été fixé et préparé dans le plus grand secret. Ce sera pire. Le pavillon est cerné et les inspecteurs de la sûreté entre dans le jardin ou ils sont accueillis a coups de pistolets. Le siège le plus fou de toutes les annales de la criminalité va commencer. Pour tuer Garnier et Valet, il faudra neuf heures de fusillades nourries, des centaines de policiers, un bataillon de zouaves sur le pied de guerre. Sans parler de plusieurs mitrailleuses lourdes mises en batteries. Durant la fusillade plusieurs inspecteurs de police sont touchés.
     
    Un nouveau bataillon de zouaves, soit trois cents hommes, arrive au pas de gymnastique. Ils sont salués par les ovations de la foule de plus en plus dense. Deux cents gendarmes, munis de leurs carabine, se placent en embuscade. Le pavillon est dynamité, la toiture s'est envolé mais les deux hommes sont toujours là. La nuit est tombé maintenant. A minuit quarante mille personnes au moins se massent aux abords du pavillon. Deux compagnies de zouaves supplémentaires sont dépêchées. On tente de dynamité le pavillon une nouvelle fois sans succès. Valet et Garnier se déchaînent et un inspecteur est de nouveau tué. La troupe arrête le feu peu de temps après, faute de munitions. Le ministre de l'intérieur arrive sur les lieux. Après avoir éventré le pavillon à la dynamite, les policiers tentent une approche. Tout à coup, c'est la débandade. Garnier et Valet les mitraillent à bout portant.
    La fusillade a fait deux blessés. Enfin, sonne le "cessez-le-feu". Ce sera le dernier.. Soldats, policiers, pêle-mêle, se lancent à l'assaut. La bousculade est générale. Ils arrivent enfin dans la pièce ou sont retranchés les deux hors-la-loi. Le spectacle est hideux. Du sang, partout. Sur le plancher, sur les murs. Des douilles de balles par centaines. Il est deux heures du matin. Garnier et Valet tentent une dernière fois de tirer puis sont abattus.
    3h, tout est terminé. Le siège a duré plus de neuf heures. Cent mille personnes se précipiteront sur les lieux du drames. Le lendemain, les corps sont jetés dans la fosse commune du cimetière de Bagneux.

     

    Les principaux compagnons de Jules Bonnot : 

    Callemin Raymond (1890-1913), dit Raymond la science. Il est exécuté le 21 avril 1913, devant la prison de la Santé avec Soudy et Monier.
     
    Carouy Edouard (1883-1913), dit Leblanc. Condamné aux travaux forcés à perpetuité, il se suicidera en prison.
     
    Dieudonné Eugène (1884-1944) Il est condamné à mort le 28 février 1913 mais, disculpé par ses complices sa peine fut finalement commuée en travaux forcés à perpétuité. Il parviendra à s’évader du bagne à la troisième tentative, le 6 décembre 1926. Gracié il sera de retour à Paris et mourra le 21 août 1944.
     
    Maitrejean Rirette (1887-1968), née Anna Estorges. Compagne de Victor Serge, elle est acquittée alors que son compagnon sera emprisonné pour avoir caché Garnier et Callemin. Elle meurt en juin 1968 sans jamais l'avoir revu.
    Metge Marius Paul (1890-1933). Condamné aux travaux forcés à perpetuité le 27 Février 1913, il sera finalement libéré du bagne en 1931. 2 ans plus tard, il mourra d'une fièvre.
    Monier Antoine (Etienne) (1889-1913), dit Simentof. Condamné à mort avec Callemin et Soudy, il sera guillotiné le 21 Avril 1913.
    Serge Victor (Kibalchine) (1890-1947) est condamné à 8 ans de prison. Il quitte l'Europe en 1940 pour Mexico où il meurt dans la pauvreté.
    Soudy André (1892-1913) est guilotiné avec Callemin et Monier le 21 Avril 1913.
     
     
     
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     J’Accuse... !

     

    Lettre ouverte au président de la République

     

     

     

    Lettre publiée dans le journal l’Aurore, le 13 janvier 1898

     

      

    Monsieur le Président,

      

      

    Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m’avez fait un jour, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ?

    Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les coeurs. Vous apparaissez rayonnant dans l’apothéose de cette fête patriotique que l’alliance russe a été pour la France, et vous vous préparez à présider au solennel triomphe de notre Exposition universelle, qui couronnera notre grand siècle de travail, de vérité et de liberté. Mais quelle tache de boue sur votre nom - j’allais dire sur votre règne - que cette abominable affaire Dreyfus ! Un conseil de guerre vient, par ordre, d’oser acquitter un Esterhazy, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c’est fini, la France a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être commis.

    Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis.

    Et c’est à vous, monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte d’honnête homme. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l’ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n’est à vous, le premier magistrat du pays ?

    La vérité d’abord sur le procès et sur la condamnation de Dreyfus.

    Un homme néfaste a tout mené, a tout fait, c’est le colonel du Paty de Clam, alors simple commandant. Il est l’affaire Dreyfus tout entière, on ne la connaîtra que lorsqu’une enquête loyale aura établi nettement ses actes et ses responsabilités. Il apparaît comme l’esprit le plus fumeux, le plus compliqué, hanté d’intrigues romanesques, se complaisant aux moyens des romans-feuilletons, les papiers volés, les lettres anonymes, les rendez-vous dans les endroits déserts, les femmes mystérieuses qui colportent, de nuit, des preuves accablantes.

    C’est lui qui imagina de dicter le bordereau à Dreyfus ; c’est lui qui rêva de l’étudier dans une pièce entièrement revêtue de glaces ; c’est lui que le commandant Forzinetti nous représente armé d’une lanterne sourde, voulant se faire introduire près de l’accusé endormi, pour projeter sur son visage un brusque flot de lumière et surprendre ainsi son crime, dans l’émoi du réveil. Et je n’ai pas à tout dire, qu’on cherche, on trouvera. Je déclare simplement que le commandant du Paty de Clam, chargé d’instruire l’affaire Dreyfus, comme officier judiciaire, est, dans l’ordre des dates et des responsabilités, le premier coupable de l’effroyable erreur judiciaire qui a été commise.

    Le bordereau était depuis quelque temps déjà entre les mains du colonel Sandherr, directeur du bureau des renseignements, mort depuis de paralysie générale. Des « fuites » avaient lieu, des papiers disparaissaient, comme il en disparaît aujourd’hui encore ; et l’auteur du bordereau était recherché, lorsqu’un a priori se fit peu à peu que cet auteur ne pouvait être qu’un officier de l’état-major, et un officier d’artillerie : double erreur manifeste, qui montre avec quel esprit superficiel on avait étudié ce bordereau, car un examen raisonné démontre qu’il ne pouvait s’agir que d’un officier de troupe. On cherchait donc dans la maison, on examinait les écritures, c’était comme une affaire de famille, un traître à surprendre dans les bureaux mêmes, pour l’en expulser. Et, sans que je veuille refaire ici une histoire connue en partie, le commandant du Paty de Clam entre en scène, dès qu’un premier soupçon tombe sur Dreyfus.

    A partir de ce moment, c’est lui qui a inventé Dreyfus, l’affaire devient son affaire, il se fait fort de confondre le traître, de l’amener à des aveux complets. Il y a bien le ministre de la guerre, le général Mercier, dont l’intelligence semble médiocre ; il y a bien le chef de l’état-major, le général de Boisdeffre, qui paraît avoir cédé à sa passion cléricale, et le sous-chef de l’état-major, le général Gonse, dont la conscience a pu s’accommoder de beaucoup de choses. Mais, au fond, il n’y a d’abord que le commandant du Paty de Clam, qui les mène tous, qui les hypnotise, car il s’occupe aussi de spiritisme, d’occultisme, il converse avec les esprits. On ne croira jamais les expériences auxquelles il a soumis le malheureux Dreyfus, les pièges dans lesquels il a voulu le faire tomber, les enquêtes folles, les imaginations monstrueuses, toute une démence torturante.

    Ah ! cette première affaire, elle est un cauchemar, pour qui la connaît dans ses détails vrais ! Le commandant du Paty de Clam arrête Dreyfus, le met au secret. Il court chez madame Dreyfus, la terrorise, lui dit que, si elle parle, son mari est perdu. Pendant ce temps, le malheureux s’arrachait la chair, hurlait son innocence. Et l’instruction a été faite ainsi, comme dans une chronique du quinzième siècle, au milieu du mystère, avec une complication d’expédients farouches, tout cela basé sur une seule charge enfantine, ce bordereau imbécile, qui n’était pas seulement une trahison vulgaire, qui était aussi la plus impudente des escroqueries, car les fameux secrets livrés se trouvaient presque tous sans valeur.

    Si j’insiste, c’est que l’oeuf est ici, d’où va sortir plus tard le vrai crime, l’épouvantable déni de justice dont la France est malade. Je voudrais faire toucher du doigt comment l’erreur judiciaire a pu être possible, comment elle est née des machinations du commandant du Paty de Clam, comment le général Mercier, les généraux de Boisdeffre et Gonse ont pu s’y laisser prendre, engager peu à peu leur responsabilité dans cette erreur, qu’ils ont cru devoir, plus tard, imposer comme la vérité sainte, une vérité qui ne se discute même pas. Au début, il n’y a donc, de leur part, que de l’incurie et de l’inintelligence. Tout au plus, les sent-on céder aux passions religieuses du milieu et aux préjugés de l’esprit de corps. Ils ont laissé faire la sottise.

    Mais voici Dreyfus devant le conseil de guerre. Le huis clos le plus absolu est exigé. Un traître aurait ouvert la frontière à l’ennemi, pour conduire l’empereur allemand jusqu’à Notre-Dame, qu’on ne prendrait pas des mesures de silence et de mystère plus étroites. La nation est frappée de stupeur, on chuchote des faits terribles, de ces trahisons monstrueuses qui indignent l’Histoire, et naturellement la nation s’incline. Il n’y a pas de châtiment assez sévère, elle applaudira à la dégradation publique, elle voudra que le coupable reste sur son rocher d’infamie, dévoré par le remords. Est-ce donc vrai, les choses indicibles, les choses dangereuses, capables de mettre l’Europe en flammes, qu’on a dû enterrer soigneusement derrière ce huis clos ? Non ! il n’y a eu, derrière, que les imaginations romanesques et démentes du commandant du Paty de Clam. Tout cela n’a été fait que pour cacher le plus saugrenu des romans-feuilletons. Et il suffit, pour s’en assurer, d’étudier attentivement l’acte d’accusation, lu devant le conseil de guerre.

    Ah ! le néant de cet acte d’accusation ! Qu’un homme ait pu être condamné sur cet acte, c’est un prodige d’iniquité. Je défie les honnêtes gens de le lire, sans que leur coeur bondisse d’indignation et crie leur révolte, en pensant à l’expiation démesurée, là-bas, à l’île du Diable. Dreyfus sait plusieurs langues, crime ; on n’a trouvé chez lui aucun papier compromettant, crime ; il va parfois dans son pays d’origine, crime ; il est laborieux, il a le souci de tout savoir, crime ; il ne se trouble pas, crime ; il se trouble, crime. Et les naïvetés de rédaction, les formelles assertions dans le vide ! On nous avait parlé de quatorze chefs d’accusation : nous n’en trouvons qu’une seule en fin de compte, celle du bordereau ; et nous apprenons même que, les experts n’étaient pas d’accord, qu’un d’eux, M. Gobert, a été bousculé militairement, parce qu’il se permettait de ne pas conclure dans le sens désiré. On parlait aussi de vingt-trois officiers qui étaient venus accabler Dreyfus de leurs témoignages. Nous ignorons encore leurs interrogatoires, mais il est certain que tous ne l’avaient pas chargé ; et il est à remarquer, en outre, que tous appartenaient aux bureaux de la guerre. C’est un procès de famille, on est là entre soi, et il faut s’en souvenir : l’état-major a voulu le procès, l’a jugé, et il vient de le juger une seconde fois.

    Donc, il ne restait que le bordereau, sur lequel les experts ne s’étaient pas entendus. On raconte que, dans la chambre du conseil, les juges allaient naturellement acquitter. Et, dès lors, comme l’on comprend l’obstination désespérée avec laquelle, pour justifier la condamnation, on affirme aujourd’hui l’existence d’une pièce secrète, accablante, la pièce qu’on ne peut montrer, qui légitime tout, devant laquelle nous devons nous incliner, le bon dieu invisible et inconnaissable. Je la nie, cette pièce, je la nie de toute ma puissance ! Une pièce ridicule, oui, peut-être la pièce où il est question de petites femmes, et où il est parlé d’un certain D... qui devient trop exigeant, quelque mari sans doute trouvant qu’on ne lui payait pas sa femme assez cher. Mais une pièce intéressant la défense nationale, qu’on ne saurait produire sans que la guerre fût déclarée demain, non, non ! C’est un mensonge ; et cela est d’autant plus odieux et cynique qu’ils mentent impunément sans qu’on puisse les en convaincre. Ils ameutent la France, ils se cachent derrière sa légitime émotion, ils ferment les bouches en troublant les coeurs, en pervertissant les esprits. Je ne connais pas de plus grand crime civique.

    Voilà donc, monsieur le Président, les faits qui expliquent comment une erreur judiciaire a pu être commise ; et les preuves morales, la situation de fortune de Dreyfus, l’absence de motifs, son continuel cri d’innocence, achèvent de le montrer comme une victime des extraordinaires imaginations du commandant du Paty de Clam, du milieu clérical où il se trouvait, de la chasse aux « sales juifs », qui déshonore notre époque.

    Et nous arrivons à l’affaire Esterhazy. Trois ans se sont passés, beaucoup de consciences restent troublées profondément, s’inquiètent, cherchent, finissent par se convaincre de l’innocence de Dreyfus.

    Je ne ferai pas l’historique des doutes, puis de la conviction de M. Scheuter-Kestner. Mais, pendant qu’il fouillait de son côté, il se passait des faits graves à l’état-major même. Le colonel Sandherr était mort, et le lieutenant-colonel Picquart lui avait succédé comme chef du bureau des renseignements. Et c’est à ce titre, dans l’exercice de ses fonctions, que ce dernier eut un jour entre les mains une lettre-télégramme, adressée au commandant Esterhazy, par un agent d’une puissance étrangère. Son devoir strict était d’ouvrir une enquête. La certitude est qu’il n’a jamais agi en dehors de la volonté de ses supérieurs. Il soumit donc ses soupçons à ses supérieurs hiérarchiques, le général Gonse, puis le général de Boisdeffre, puis le général Billot, qui avait succédé au général Mercier comme ministre de la guerre.

    Le fameux dossier Picquart, dont il a été tant parlé, n’a jamais été que le dossier Billot, j’entends le dossier fait par un subordonné pour son ministre, le dossier qui doit exister encore au ministère de la guerre. Les recherches durèrent de mai à septembre 1896, et ce qu’il faut affirmer bien haut, c’est que le général Gonse était convaincu de la culpabilité d’Esterhazy, c’est que le général de Boisdeffre et le général Billot ne mettaient pas en doute que le fameux bordereau fût de l’écriture d’Esterhazy. L’enquête du lieutenant-colonel Picquart avait abouti à cette constatation certaine. Mais l’émoi était grand, car la condamnation d’Esterhazy entraînait inévitablement la révision du procès Dreyfus ; et c’était ce que l’état-major ne voulait à aucun prix.

    Il dut y avoir là une minute psychologique pleine d’angoisse. Remarquez que le général Billot n’était compromis dans rien, il arrivait tout frais, il pouvait faire la vérité. Il n’osa pas, dans la terreur sans doute de l’opinion publique, certainement aussi dans la crainte de livrer tout l’état-major, le général de Boisdeffre, le général Gonse, sans compter les sous-ordres. Puis, ce ne fut là qu’une minute de combat entre sa conscience et ce qu’il croyait être l’intérêt militaire. Quand cette minute fut passée, il était déjà trop tard. Il s’était engagé, il était compromis. Et, depuis lors, sa responsabilité n’a fait que grandir, il a pris à sa charge le crime des autres, il est aussi coupable que les autres, il est plus coupable gueux, car il a été le maître de faire justice, et il n’a rien fait. Comprenez-vous cela ! voici un an que le général Billot, que les généraux de Boisdeffre et Gonse savent que Dreyfus est innocent, et ils ont gardé pour eux cette effroyable chose ! Et ces gens-là dorment, et ils ont des femmes et des enfants qu’ils aiment !

    Le colonel Picquart avait rempli son devoir d’honnête homme. Il insistait auprès de ses supérieurs, au nom de la justice. Il les suppliait même, il leur disait combien leurs délais étaient impolitiques, devant le terrible orage qui s’amoncelait, qui devait éclater, lorsque la vérité serait connue. Ce fut, plus tard, le langage que M. Scheurer-Kestner tint également au général Billot, l’adjurant par patriotisme de prendre en main l’affaire, de ne pas la laisser s’aggraver, au point de devenir un désastre public. Non ! le crime était commis, l’état-major ne pouvait plus avouer son crime. Et le lieutenant-colonel Picquart fut envoyé en mission, on l’éloigna de plus loin en plus loin, jusqu’en Tunisie, où l’on voulut même un jour honorer sa bravoure en le chargeant d’une mission qui l’aurait sûrement fait massacrer, dans les parages où le marquis de Morès a trouvé la mort. Il n’était pas en disgrâce, le général Gonse entretenait avec lui une correspondance amicale. Seulement, il est des secrets qu’il ne fait pas bon d’avoir surpris.

    A Paris, la vérité marchait, irrésistible, et l’on sait de quelle façon l’orage attendu éclata. M. Mathieu Dreyfus dénonça le commandant Esterhazy comme le véritable auteur du bordereau, au moment où M. Scheurer-Kestner allait déposer, entre les mains du garde des sceaux, une demande en révision du procès. Et c’est ici que le commandant Esterhazy paraît. Des témoignages le montrent d’abord affolé, prêt au suicide ou à la fuite. Puis, tout d’un coup, il paye d’audace, il étonne Paris par la violence de son attitude. C’est que du secours lui était venu, il avait reçu une lettre anonyme l’avertissant des menées de ses ennemis, une dame mystérieuse s’était même dérangée de nuit pour lui remette une pièce volée à l’état-major, qui devait le sauver.

    Et je ne puis m’empêcher de retrouver là le lieutenant-colonel du Paty de Clam en reconnaissant les expédients de son imagination fertile. Son oeuvre, la culpabilité de Dreyfus était en péril, et il a voulu sûrement défendre son oeuvre. La révision du procès, mais c’était l’écroulement du roman-feuilleton si extravagant, si tragique, dont le dénouement abominable a lieu à l’île du Diable ! C’est ce qu’il ne pouvait permettre. Dès lors, le duel va avoir lieu entre le lieutenant-colonel Picquart et le lieutenant-colonel du Paty de Clam, l’un le visage découvert, l’autre masqué. On les retrouvera prochainement tous deux devant la justice civile. Au fond, c’est toujours l’état-major qui se défend, qui ne veut pas avouer son crime, dont l’abomination grandit d’heure en heure.

    On s’est demandé avec stupeur quels étaient les protecteurs du commandant Esterhazy. C’est d’abord, dans l’ombre, le lieutenant-colonel du Paty de Clam qui a tout machiné, qui a tout conduit. Sa main se trahit aux moyens saugrenus. Puis, c’est le général de Boisdeffre, c’est le général Gonse, c’est le général Billot lui-même, qui sont bien obligés de faire acquitter le commandant, puisqu’ils ne peuvent laisser reconnaître l’innocence de Dreyfus, sans que les bureaux de la guerre croulent dans le mépris public. Et le beau résultat de cette situation prodigieuse est que l’honnête homme, là-dedans, le lieutenant-colonel Picquart, qui seul a fait son devoir, va être la victime, celui qu’on bafouera et qu’on punira. O justice, quelle affreuse désespérance serre le coeur ! On va jusqu’à dire que c’est lui le faussaire, qu’il a fabriqué la carte-télégramme pour perdre Esterhazy. Mais, grand Dieu ! pourquoi ? dans quel but ? Donnez un motif. Est-ce que celui-là aussi est payé par les juifs ? Le joli de l’histoire est qu’il était justement antisémite. Oui ! nous assistons à ce spectacle infâme, des hommes perdus de dettes et de crimes dont on proclame l’innocence, tandis qu’on frappe l’honneur même, un homme à la vie sans tache ! Quand une société en est là, elle tombe en décomposition.

    Voilà donc, monsieur le Président, l’affaire Esterhazy : un coupable qu’il s’agissait d’innocenter. Depuis bientôt deux mois, nous pouvons suivre heure par heure la belle besogne. J’abrège, car ce n’est ici, en gros, que le résumé de l’histoire dont les brûlantes pages seront un jour écrites tout au long. Et nous avons donc vu le général de Pellieux, puis le commandant Ravary, conduire une enquête scélérate d’où les coquins sortent transfigurés et les honnêtes gens salis. Puis, on a convoqué le conseil de guerre.

    Comment a-t-on pu espérer qu’un conseil de guerre déferait ce qu’un conseil de guerre avait fait ? Je ne parle même pas du choix toujours possible des juges. L’idée supérieure de discipline, qui est dans le sang de ces soldats, ne suffit-elle à infirmer leur pouvoir même d’équité ? . Qui dit discipline dit obéissance. Lorsque le ministre de la guerre, le grand chef a établi publiquement, aux acclamations de la représentation nationale, l’autorité absolue de la chose jugée, vous voulez qu’un conseil de guerre lui donne un formel démenti ? Hiérarchiquement, cela est impossible. Le général Billot a suggestionné les juges par sa déclaration, et ils ont jugé comme ils doivent aller au feu, sans raisonner. L’opinion préconçue qu’ils ont apportée sur leur siège, est évidemment celle-ci : « Dreyfus a été condamné pour crime de trahison par un conseil de guerre ; il est donc coupable, et nous, conseil de guerre, nous ne pouvons le déclarer innocent : or nous savons que reconnaître la culpabilité d’Esterhazy, ce serait proclamer l’innocence de Dreyfus. » Rien ne pouvait les faire sortir de là.

    Ils ont rendu une sentence inique, qui à jamais pèsera sur nos conseils de guerre, qui entachera désormais de suspicion tous leurs arrêts. Le premier conseil de guerre a pu être inintelligent, le second est forcément criminel. Son excuse, je le répète, est que le chef suprême avait parlé, déclarant la chose jugée inattaquable, sainte et supérieure aux hommes, de sorte que des inférieurs ne pouvaient dire le contraire. On nous parle de l’honneur de l’armée, on veut que nous l’aimions, que nous la respections. Ah ! certes, oui, l’armée qui se lèverait à la première menace, qui défendrait la terre française, elle est tout le peuple et nous n’avons pour elle que tendresse et respect. Mais il ne s’agit pas d’elle, dont nous voulons justement la dignité, dans notre besoin de justice. Il s’agit du sabre, le maître qu’on nous donnera demain peut-être. Et baiser dévotement la poignée du sabre, le dieu, non !

    Je l’ai démontré d’autre part : l’affaire Dreyfus était l’affaire des bureaux de la guerre, un officier de l’état-major, dénoncé par ses camarades de l’état-major, condamné sous la pression des chefs de l’état-major. Encore une fois, il ne peut revenir innocent sans que tout l’état-major soit coupable. Aussi les bureaux, par tous les moyens imaginables, par des campagnes de presse, par des communications, par des influences, n’ont-ils couvert Esterhazy que pour perdre une seconde fois Dreyfus. Quel coup de balai le gouvernement républicain devrait donner dans cette jésuitière, ainsi que les appelle le général Billot lui-même ! Où est-il, le ministère vraiment fort et d’un patriotisme sage, qui osera tout y refondre et tout y renouveler ?

    Que de gens je connais qui, devant une guerre possible, tremblent d’angoisse, en sachant dans quelles mains est la défense nationale ! et quel nid de basses intrigues, de commérages et de dilapidations, est devenu cet asile sacré, où se décide le sort de la patrie ! On s’épouvante devant le jour terrible que vient d’y jeter l’affaire Dreyfus, ce sacrifice humain d’un malheureux, d’un « sale juif » ! Ah ! tout ce qui s’est agité là de démence et de sottise, des imaginations folles, des pratiques de basse police, des moeurs d’inquisition et de tyrannies, le bon plaisir de quelques galonnés mettant leurs bottes sur la nation, lui rentrant dans la gorge son cri de vérité et de justice, sous le prétexte menteur et sacrilège de la raison d’Etat !

    Et c’est un crime encore que de s’être appuyé sur la presse immonde, que de s’être laissé défendre par toute la fripouille de Paris, de sorte que voilà la fripouille qui triomphe insolemment, dans la défaite du droit et de la simple probité. C’est un crime d’avoir accusé de troubler la France ceux qui la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes, lorsqu’on ourdit soi-même l’impudent complot d’imposer l’erreur, devant le monde entier. C’est un crime d’égarer l’opinion, d’utiliser pour une besogne de mort cette opinion qu’on a pervertie jusqu’à la faire délirer. C’est un crime d’empoisonner les petits et les humbles, d’exaspérer les passions de réaction et d’intolérance, en s’abritant derrière l’odieux antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l’homme mourra, si elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter le patriotisme pour des oeuvres de haine, et c’est un crime, enfin, que de faire du sabre le dieu moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l’oeuvre prochaine de vérité et de justice.

    Cette vérité, cette justice, que nous avons si passionnément voulues, quelle détresse à les voir ainsi souffletées, plus méconnues et plus obscurcies ! Je me doute de l’écroulement qui doit avoir lieu dans l’âme de M. Scheurer-Kestner, et je crois bien qu’il finira par éprouver un remords, celui de n’avoir pas agi révolutionnairement, le jour de l’interpellation au Sénat, en lâchant tout le paquet, pour tout jeter à bas. Il a été le grand honnête homme, l’homme de sa vie loyale, il a cru que la vérité se suffisait à elle-même, surtout lorsqu’elle lui apparaissait éclatante comme le plein jour. A quoi bon tout bouleverser, puisque bientôt le soleil allait luire ? Et c’est de cette sérénité confiante dont il est si cruellement puni.

    De même pour le lieutenant-colonel Picquart, qui, par un sentiment de haute dignité, n’a pas voulu publier les lettres du général Gonse. Ces scrupules l’honorent d’autant plus que, pendant qu’il restait respectueux de la discipline, ses supérieurs le faisaient couvrir de boue, instruisaient eux-mêmes son procès, de la façon la plus inattendue et la plus outrageante. Il y a deux victimes, deux braves gens, deux coeurs simples, qui ont laissé faire Dieu, tandis que le diable agissait. Et l’on a même vu, pour le lieutenant colonel Picquart, cette chose ignoble : un tribunal français, après avoir laissé le rapporteur charger publiquement un témoin, l’accuser de toutes les fautes, a fait le huis clos, lorsque ce témoin a été introduit pour s’expliquer et se défendre. Je dis que cela est un crime de plus et que ce crime soulèvera la conscience universelle. Décidément, les tribunaux militaires se font une singulière idée de la justice.

    Telle est donc la simple vérité, monsieur le Président, et elle est effroyable, elle restera pour votre présidence une souillure. Je me doute bien que vous n’avez aucun pouvoir en cette affaire, que vous êtes le prisonnier de la Constitution et de votre entourage. Vous n’en avez pas moins un devoir d’homme, auquel vous songerez, et que vous remplirez. Ce n’est pas, d’ailleurs, que je désespère le moins du monde du triomphe. Je le répète avec une certitude plus véhémente : la vérité est en marche et rien ne l’arrêtera. C’est aujourd’hui seulement que l’affaire commence, puisque aujourd’hui seulement les positions sont nettes : d’une part, les coupables qui ne veulent pas que la lumière se fasse ; de l’autre, les justiciers qui donneront leur vie pour qu’elle soit faite. Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. On verra bien si l’on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres.

    Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.

    • J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son oeuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.

    • J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus grandes iniquités du siècle.

    • J’accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves de l’innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique, et pour sauver l’état-major compromis.

    • J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime, l’un sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l’arche sainte, inattaquable.

    • J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.

    • J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement.

    • J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans L’Eclair et dans L’Echo de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.

    • J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.

    En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.

    Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.

    Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour !

    J’attends.

    Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect.

     

    EMILE ZOLA

     

     

     

     

     

     

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     L'affaire Dreyfus

     

     

     

    De nos jours, l’affaire Dreyfus est considérée par beaucoup comme une des plus grandes iniquités du XIX° siècle. Tiraillée entre antisémitisme, mensonges d’État et trahisons, cette affaire divisa en son temps les Français, opposant dreyfusards et antidreyfusards.

     

    Nous allons donc rappeler en quelques lignes les principaux évènements qui émaillèrent cette longue et complexe affaire.

     

     

     

    Au cours de l'hiver 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, juif d'origine alsacienne, fut traduit en conseil de guerre pour haute trahison. En effet, cet officier aurait transmit à l'Allemagne des documents secrets (un document retrouvé porterait en effet l'écriture de Dreyfus.). Jugé coupable, il fut condamné au bagne à perpétuité.

     

     

    Le capitaine Dreyfus.

     

    En janvier 1895, Dreyfus fut dégradé publiquement ; en février, il fut déporté en Guyane. Lynché par les politiques et par une majorité de Français, Dreyfus fut peu à peu oublié.

     

     

    La dégradation du capitaine Dreyfus, dessin publié dans le Petit Journal, musée des Invalides, Paris.

     

     

     

    Toutefois, en janvier 1896, le lieutenant colonel Georges Picquart, chef du service de renseignements, intercepta un document révélant les liens unissant le commandant Marie Charles Ferdinand Walsin Esterházy et l'ambassade d'Allemagne (l'écriture ressemblant fortement à celle figurant sur la pièce ayant fait accuser Dreyfus.). En outre, il constata que le dossier secret, présenté lors du procès de Dreyfus, et soi disant rempli de "preuves accablantes", était tout simplement vide.

     

    Toutefois, l'Etat Major refusa de revenir sur son jugement, et muta Picquart en Tunisie avec consigne de ne rien révéler de ses découvertes. Toutefois, le lieutenant colonel ne pouvant s'empêcher de contacter la presse, il fut chassé de l'armée en 1898.

     

     

    Le lieutenant colonel Picquart.

     

     

     

    En janvier 1898, l'écrivain Emile Zola, directeur du journal L'Aurore, eut vent des propos du lieutenant colonel Picquart. Ainsi, le 13 janvier 1898, il fit publier dans son journal un article resté célèbre, intitulé J’Accuse... ! Lettre ouverte au président de la République.

     

     

    Portrait d'Emile Zola jeune.

     

     

     

    L'article, publié en première page, doté d'un titre écrit avec une énorme police de caractère, eut un immense retentissement.

     

     

     

    Toutefois, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne fut pas Zola qui trouva l'idée du titre, mais bel et bien Georges Clemenceau.

     

    Ce dernier, qui avait dans un premier temps été un farouche adversaire de Dreyfus, avait finit par se raviser (à l’instar de Jean Jaurès qui avait initialement demandé la peine de mort contre l'accusé.).

     

    A cette époque, Clémenceau s'était retiré de la vie politique suite au scandale du canal de Panama, et travaillait comme rédacteur à l’Aurore.

     

     

     

    Suite à la publication de l'article, Zola fut condamné pour diffamation, et préféra l'exil plutôt que l'emprisonnement.

     

    Dreyfus, quant à lui, fut rapatrié en France et jugé une nouvelle fois. Un second conseil de guerre, réuni en juin 1899, le condamna une fois de plus pour trahison. Dreyfus écopa alors de dix années de prison, bien que recevant le bénéfice de "circonstances atténuantes".

     

    A cette date, l'Etat se trouvait dans une situation délicate. De prime abord, il ne fallait pas reconnaitre l'erreur qu'avait commis l'armée. En effet, cette dernière était alors "l'instrument de la revanche" contre la Prusse (la défaite de 1870 ayant été très mal digérée.). Toutefois, L'Etat ne pouvait condamner Dreyfus à de trop lourdes peines, car les Dreyfusards, nombreux, auraient pu créer des troubles.

     

    Au final, le président de la république[1]  Emile Loubet, peu de temps après le jugement, accorda à Dreyfus la grâce présidentielle.

     

     

    Le président Emile Loubet.

     

    Toutefois, ce n'est qu'en juillet 1906 que Dreyfus fut réintégré dans l'armée, le jugement de juin 1899 ayant été annulé en Cour de Cassation.

     

     

     

    A noter enfin que ce fut Clemenceau, devenu président du conseil en octobre 1906, qui fit voter le transfert des cendres d'Emile Zola au Panthéon.

     



    [1] A ne pas confondre avec le président du conseil, qui était l'équivalent de notre actuel premier ministre.

     

     

     

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