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    Les vies secrètes de JFK de Pierre Lunel

         

     

    Résumé de l’éditeur

    Dans quelques mois, à l’occasion de l’évocation du cinquantième anniversaire de l’assassinat de Dallas, on évoquera à nouveau l’étrange personnalité du plus mythique des présidents américains. Pierre Lunel explore dans cet ouvrage la face cachée de John Fitzgerald Kennedy, grâce à de nombreux témoignages et à des enquêtes fouillées.

     

    Compte tenu de la personnalité de Kennedy, deux axes ont été privilégiés qui se recoupent souvent dans cette vie si troublée : les relations de JFK avec les femmes et avec la mafia…

     

    S’agissant des femmes, Pierre Lunel lève le voile sur bien des mystères : celui de l’attraction sans bornes qu’exerçait JFK sur elles, celui du magnétisme unique qui émanait de toute sa personne, celui de sa frénésie sexuelle, explicable en partie par la maladie d’Addison dont il souffrait et les traitements que les médecins lui administraient pour la combattre,

     

    celui de son irrésistible attrait pour les stars d’Hollywood,

    celui de son seul et unique amour qui le lia à Inga Avard, soupçonnée d’être une espionne danoise , celui de l’étrange ménage qui l’associa à une certaine Jackie Bouvier,

     

    celui de l’assourdissant silence des médias sur les turpitudes du plus débauché des présidents américains.

     

    S’agissant de la mafia, Pierre Lunel dévoile les accointances réelles de JFK avec la pieuvre, révèle les dessous des relations pour le moins étranges avec Sinatra et le parrain Sam Giancana, son amour fou pour Judith Campbell, la maîtresse de Giancana, son conflit avec Edgar Hoover, tout puissant patron du FBI et nous montre le rôle réel de Bobby Kennedy, ministre de la justice.

     

     

    Avis de Callixta

    Ne le nions pas, il y a un certain plaisir voyeurisme à entrer dans les vie secrètes de John Fizgerald Kennedy.

     

    Aujourd’hui encore, un des présidents les plus admirés et aimés des Etats-Unis, le portrait intime livré par Pierre Lunel vous rappellera ou vous apprendra peut-être que cette belle gueule, au succès insolent, marié à l’une des plus belles et intelligentes femmes du monde n’était pas vraiment celui qu’on pouvait croire.

     

     

    Pierre Lunel a compilé des informations prélevées dans les mémoires de ceux qui l’ont connu ou dans ce que l’histoire a laissé en racontant, comme on écrit un roman, l’ascension de ce fils d’Irlandais au destin fulgurant et à la vie loin d’être rangée.

     

    Le style de l’auteur, simple, percutant fait beaucoup pour rendre dynamique ce récit, renforçant encore cette impression qu’ile st un personnage de roman ou qu’il a joué comme un des acteurs dont il était l’ami un rôle dans un film hollywoodien.

     

    Le portrait est cruel pour l’homme comme la photo de la couverture.

     

    Depuis sa naissance jusqu’à sa mort que tout le monde connaît, Pierre Lunel revient sur l’homme privé.

     

    On peut alors résumer ce que fut sa vie :

     

    c’est à la fois un grand malade et un maniaque sexuel impressionnant.

     

    Personne n’ignore plus aujourd’hui qu’il était un homme à femmes mais cette obsession que fut le sexe dans sa vie, les risques qu’il a pris pour satisfaire ses plaisirs les plus fous, les amitiés qu’il a entretenues pour cela font froid dans le dos.

     

    On s’interroge aussi sur le secret bien gardé de cette vie de patachon qui aurait fait exploser n’importe qui mais plus encore un président catholique d’un pays comme les Etats-Unis.

     

    Sans aller aussi loin que l’auteur qui se livre à des interprétations médico-psychologiques, force est de reconnaître qu’il avait un réel problème.

     

     

    On est également fasciné par les efforts de sa famille toute entière, de lui-même, pour cacher ce qu’il est vraiment, surtout ses faiblesses physiques innombrables qui ont fait de lui un client idéal des médecins de tout poil y compris de vrais apprentis sorciers mais également des hôpitaux.

     

    JF Kennedy est mort jeune mais aurait dû disparaître bien avant selon ses médecins.

     

    Ce portrait se déguste comme un roman. Vif, enlevé, le récit révèle l’homme peu à peu suscitant à la fois dégoût et pitié.

     

    C’est aussi une Amérique de la première moitié du vingtième siècle qui apparaît et celle des années cinquante et soixante.

     

    Cuba, Hoover et le FBI, la mafia, Las Vegas, Hollywood, des femmes, du sexe et de la politique au milieu de tout cela, tout de même !...tout tourbillonne.

     

    Une autre façon en tous cas de revisiter sa vie et cette époque.

     

     

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  • Nom : Thierry Paulin
    Alias : Le tueur de vieilles dames
    Date de naissance : 28 novembre 1963
    Classification : Tueur en série
    Caractéristiques : Vol - Meurtre
    Nombre de victimes : 18 - 21
    Date de meurtres : 1984 - 1987
    Date d'arrestation : 1er décembre 1987
    Méthode de meurtre : Suffocation - Strangulation
    Lieu : Paris, France
    Statut : Décédé le 16 avril 1989


    1 UN HIVER MEURTRIER


    En à peine cinq semaines, et dans un périmètre réduit,
    huit femmes âgées sont sauvagement assassinées.
    C'est le début d'une longue histoire.



    Royaume du clinquant et de l'artificiel, Pigalle est le quartier des sex-shops.
    Le 5 octobre 1984, une vieille dame de 91 ans, Germaine Petitot, est agressée chez elle par deux hommes. Dans son petit appartement de la rue Lepic, au bas de la butte Montmartre, elle est ligotée, bâillonnée et battue avant d'être délestée de ses économies. La malheureuse est dans l'incapacité de donner une description de ses agresseurs. La police enregistre les faits et la déposition vient s'ajouter au dossier déjà trop volumineux qui concerne les attaques de personnes âgées dans le XVIIIè arrondissement. Personne ne peut savoir alors que ce fait divers presque " banal " est en fait un meurtre manqué qui marque le début d'une longue série d'actes criminels. Le même jour, dans le IXè, un arrondissement limitrophe, Anna Barbier-Ponthus a moins de chance que Germaine Petitot.
    Cette dame, âgée de 83 ans, vit seule dans son modeste appartement de la rue Saulnier. En fin de matinée, elle rentre chez elle après avoir fait ses courses. Elle n'en ressortira plus. Selon toute vraisemblance, elle a été poussée à l'intérieur de son logis au moment où elle ouvrait sa porte, puis elle a été battue et étouffée avec un oreiller. Son corps est découvert peu de temps après, bâillonné et ligoté avec du cordon à rideau. On lui a volé 200 ou 300 francs, le peu que contenait son porte-monnaie.

    " ça a toujours été un
    quartier dur. Ici on tue
    pour cinquante francs "
    J.P. PIERRE BLOCH, adjoint au maire du XVIIIè,
    14/11/84
     Quatre jours passent. Le 9 octobre, les pompiers sont appelés sur les lieux d'un début d'incendie rue Nicolet, à nouveau dans le XVIIIè arrondissement. Dans l'appartement à moitié calciné, ils découvrent le corps, pieds et mains liés, de Suzanne Foucault, 89 ans. La vieille dame, résidente du quartier depuis quinze ans, a été assassinée, étouffée par un sac en matière plastique qui lui recouvrait la tête. On lui a volé sa montre d'une valeur de 300 francs et 500 francs en argent liquide.
    Pendant près d'un mois, la série semble s'interrompre. Mais le lundi 5 novembre, boulevard de Clichy, on trouve le corps de Iona Seigaresco, une institutrice à la retraite âgée de 71 ans. Elle a été battue à mort après avoir été bâillonnée et ligotée avec du fil électrique. Le décès remonte au samedi mais n'est découvert que deux jours plus tard, grâce aux enfants de la gardienne venus prendre un cours particulier avec l'institutrice.
    Son absence apparente intrigue les parents des écoliers et la police est alertée. Deux heures plus tard, les forces de l'ordre enfoncent la porte du logement et découvrent le cadavre dans un appartement saccagé. Le ou les assassins ont fait preuve d'une sauvagerie inouïe : la vieille institutrice a le nez et la mâchoire fracturés et un foulard l'étrangle à moitié.
    L'autopsie révèlera qu'elle a toutes les côtes du côté droit brisées. La vieille femme, qui faisait ses courses invariablement tous les jours, vers 12h30, avait été suivie. Cette fois, le crime a payé : les assassins ramassent les 10 000 francs en bons du Trésor que Iona Seigaresco gardait chez elle.
    Deux jours plus tard, le 7 novembre, rue Marc-Séguin, toujours dans le XVIIIè arrondissement, on trouve une quatrième victime. Alice Benaïm est découverte, deux heures à peine après son assassinat, par son fils, André Benaïm, qui venait, comme tous les jours, déjeuner avec sa mère.
    La vieille dame de 84 ans a visiblement été frappée au visage, rouée de coups et torturée. Son ou ses meurtriers ont été d'un rare sadisme : ils lui ont fait avaler de la soude caustique, sans doute pour lui avouer où étaient cachées ses économies. La bouche et la gorge brûlées, Alice Benaïm a été ligotée avec du fil électrique, les mains dans le dos, et jetée sur son lit, bâillonnée avec une serviette-éponge. Elle est morte étranglée. Selon son fils, le butin n'a pas dû dépasser 400 ou 500 francs.
    Cette fois, un voisin a prévenu la presse. En quelques heures, photographes et journalistes sont sur les lieux. L'affaire, dévoilée au public, prend une envergure nouvelle. La presse va consacrer de nombreux articles à cette série noire, qui est loin d'être terminée. Le lendemain, à une vingtaine de mètres à peine de la rue où habitait Alice Benaïm, c'est madame Marie Choy, 80 ans, qui trouve la mort. C'est l'infirmière qui venait soigner la vieille femme à domicile qui la retrouvera morte, étranglée. Le cadavre torturé, jeté sous un lit, est ligoté, avec du fil de fer cette fois, et bâillonné avec une serviette-éponge. L'autopsie montrera, entre autres sévices, qu'elle a eu la boîte cranienne défoncée. Les assassins n'ont pu dérober que 200 ou 300 francs.
    COUPS DE COUTEAU
    Le jour suivant, le 9 novembre, toujours dans le XVIIIè arrondissement, c'est Maria Mico-Diaz, 75 ans, qui meurt, pieds et poings liés, étouffée par un torchon. Son cadavre, portant des traces de coups de couteau, sera découvert par la police sur son lit. Le montant du vol n'a pas dû excéder 200 ou 300 francs. C'est le sixième meurtre depuis le 5 octobre.


    Le corps de Jeanne Laurent, la septième victime en six semaines, est emporté par les policiers.

    Moins d'une semaine s'écoule et le 12 novembre on découvre deux autres corps au cours d'une même journée : un dans le XVIIIè et l'autre dans le XVIIè, un arrondissement tout proche. Mais ces crimes on été perpétrés respectivement six et huit jours auparavant. On trouve d'abord le corps de Jeanne Laurent, 82 ans, elle aussi ligotée avec du fil électrique. L'appartement a été dévasté mais seules des liquidités ont été volées. La vieille dame habitait au dernier étage et son corps est découvert par un ouvrier couvreur qui travaillait sur le toit de l'immeuble.
    Quatre heures plus tard, à 800 mètres de distance, le second cadavre de la journée est découvert. Madame Paule Victor, 77 ans, est trouvée morte, la tête dans un sac en plastique, sous un oreiller. La police est alertée grâce à une jeune voisine qui, en allant aux toilettes communes, a remarqué une forte odeur de putréfaction.
    " Je lui répétais sans cesse :
    Ne sortez pas seule si tard.
    Elle disait oui, mais elle n'écoutait pas.
    C'était sa façon de tromper son ennui "
    VOISINE de Paule Victor


    PREMIER PROFIL
    Entre le 5 octobre et le 9 novembre 1984, en à peine plus d'un mois, il y a donc eu huit meurtres de vieilles dames dans le XVIIIè et dans des arrondissements contigus. Les journeaux parlent " d'un tueur de vieilles dames du XVIIIè arrondissement ", les hommes politiques commencent à s'émouvoir et les forces de police se mettent à quadriller le quartier.
    De leur côté, les enquêteurs font des rapprochements. Les spécialistes se rendent compte qu'un " mode opératoire ", c'est-à-dire la manière d'agir propre à un assassin, est entrain d'apparaître : d'abord, il y a proximité de temps et de lieu, la période octobre-novembre et le XVIIIè arrondissement et ses environs. Ensuite, les victimes sont toutes des femmes âgées vivant seules. Bon nombre d'entre elles ont été repérées par le ou les criminels en fin de matinée pendant qu'elles faisaient leurs courses.
    Dans la plupart des cas les femmes sont attaquées au moment où elles rentrent chez elles, poussées à l'intérieur de leur appartement à l'instant où elles ouvrent la porte,ce qui explique l'absence d'effraction.
    Presque toutes les victimes sont ligotées et bâillonnées. La violence est toujours extrême et immédiate : les criminels cherchent à faire parler par la torture. Ils tuent par étouffement, strangulation, et utilisent à plusieurs reprises des sacs en plastique pour asphyxier. Ils volent presque exclusivement des espèces. Voilà les éléments d'un scénario qui semble se répéter avec peu de variations.


    SES ORIGINES

    Né de parents aussitôt séparés, Thierry Paulin va vite
    révéler un enfant turbulent, à la fois
    ambitieux et peu apte à affronter la réalité.
     
    Thierry Paulin est né à Fort-de-France, en Martinique, le 28 novembre 1963. Sa mère, Rose-Hélène Larcher, est âgée d'à peine dix-sept ans lorsqu'elle lui donne le jour. Son père, Gaby Paulin, le reconnaît, puis disparaît et les quitte, lui et Rose-Hélène, avec qui il n'était pas marié, deux jours après sa naissance.

    Monette,ainsi que ses amis appellent Rose-Hélène, encore si jeune, se trouve bien vite incapable de subvenir aux besoins de cette amorce de famille. Elle confiera donc Thierry à sa belle-mère. L'enfant a dix-huit mois quand sa grand-mère le recueille à l'Anse-à-l'Ane où elle tient un restaurant, le Maman Jojo, en bord de mer. L'Anse-à-l'Ane est une jolie plage martiniquaise, peu fréquentée par les touristes mais où se retrouvent les résidents aisés de l'île. La grand-mère de Thierry, accaparée par son restaurant, ne lui consacrera pas beaucoup de temps ; elle le gardera cependant jusqu'à ses dix ans.

    Le jeune Thierry Paulin, à l'extrême droite, entouré de sa mère, de son beau-père, et de ses demi-frères et soeur. Bientôt, il devra quitter l'île pour rallier la métropole et faire la connaissance de son père.

    La première enfance de Thierry est donc solitaire. Il a l'impression que personne ne s'occupe vraiment de lui et que personne ne le conseille : il manque autant d'amour que d'autorité. Ce ne sera qu'en 1973 que Monette, après qu'elle aura eu reconstitué une famille, reprendra son fils auprès d'elle. Thierry connaît alors sans doute une courte période de bonheur : il joue sur la plage avec ses demi-soeurs, jardine...
    Sa scolarité, toutefois, n'est déjà pas sans accrocs. A l'école des garçons des Trois-Ilets où il est inscrit, le petit Thierry se montre un enfant difficile et violent. Un jour, alors qu'il n'a pas encore douze ans, il menace un de ses professeurs, qu'il trouve le punir trop souvent, avec un couteau de cuisine. Mais il sait aussi user de son intelligence : il interceptera les lettres envoyées par l'école en recommandé pour informer sa mère de l'incident et, surtout, tapera lui-même une réponse à la machine à écrire ( " l'enfant a été sévèrement grondé " ) qu'il authentifiera en imitant sa signature.
    Dans la famille, en même temps, les rapports se dégradent. Elle s'est encore agrandie et le beau-père de Thierry tend de plus en plus à considérer le garçon comme une charge. Aussi Monette, qui a retrouvé la trace de Gaby en métropole, à Toulouse, où il travaille dans le bâtiment, décide-t-elle de reprendre contact avec lui. Plutôt que de verser une pension pour l'enfant, le père de Thierry propose de le prendre avec lui pour qu'il aprenne son métier, plombier ou maçon. Le jeune garçon quittera donc sa mère pour la France.
    Lorsqu'il arrive à Toulouse, s'intégrer à sa nouvelle famille ne va pas de soi : Gaby, qu'il n'a jamais vu, est marié et a deux enfants. Jusqu'à seize ans, Thierry va au collège et passe tant bien que mal son B.E.P.C. Il entreprend alors de préparer simultanément un C.A.P de coiffure et un autre de mécanique et électricité-auto au centre de formation des apprentis de Bordelongue. Mais l'adolescent, comme souvent à cet âge de la vie, est plus préoccupé par ses virées à mobylette avec ses copains que par ses études.


    Thierry Paulin pendant son apprentissage de coiffeur. Peu interessé par le métier, il s'ennuiera vite et ne passera même pas son examen.

    La bande traîne dans les cafés ou les boîtes de nuit, resquille quand elle peut, se bagarre : elle est vite connue. Thierry est le seul noir de la bande, mais il ne semble pas en avoir souffert : il se souviendra de cette époque comme du " bon temps ". Délaissant de plus en plus ses études, il ne passe pas ses C.A.P.
    Pendant quelque temps, il vivotera en vendant des tableaux au porte-à-porte. Gaby lui proposera bien de travailler avec lui, mais il refuse.
    C'est que les deux hommes entretiennent des rapports de plus en plus orageux.
    Désoeuvré, il se résout à devancer l'appel ; il commencera son service militaire en septembre 1980. A Toulouse, il passe d'abord quelques mois à la caserne de Pérignon, au 14è R.P.C.S., un régiment de parachutistes, où il est affecté au salon de coiffure. Malgré son allure de baroudeur, les " bidasses ", jamais réputés pour le tolérance envers l'homosexualité, le rejettent. Pour Thierry, ce nouvel épisode de sa jeunesse est encore une période difficile.

    Le 14 novembre 1982, alors qu'il est en permission, Thierry entre dans une épicerie dont il était un client régulier, rue Ledru-Rollin à Toulouse. Il y entre une première fois et engage une conversation anodine avec l'épicière, Mme Marguerite, âgée de soixante-quinze ans ; il ressort, puis, dix minutes plus tard, refait irruption dans la boutique, le visage masqué par un foulard. Menaçant la pauvre femme d'un couteau de boucher, il rafle le contenu de la caisse : 1 400 F.
    Il a alors à peine dix-neuf ans. Il est arrêté rapidement grâce au témoignage de l'épicière, qui l'a bien reconnu, et est interné une semaine à la prison Saint-Michel. Il est dès lors fiché à l'Identité Judiciaire et jugé le 7 juin 1983 par le tribunal correctionnel de Toulouse. Il écope de deux ans de prison avec sursis pour vol avec violence. Il déclarera au juge qu'il avait volé pour pouvoir s'acheter les vêtements qu'il désirait.
    Les parachutistes du 14è R.P.C.S. à Toulouse ne souhaitant plus l'accueillir parmi eux à nouveau, il se porte volontaire dans la Marine à Paris. Mais on ne veut pas de lui non plus. Il finit cependant par entrer à l'école des fusiliers marins à Lorient, d'où il est vite renvoyé, mais non sans être devenu " matelot breveté ", ce qui lui permet d'être affecté à la base aéronavale de Toussus-le-Noble dans les Yvelines. On l'y intègre dans une " équipe détails ", autrement dit on l'emploie surtout à tondre les pelouses.
    Entre temps, Monette, la mère de Thierry, a rallié elle aussi la métropole et s'est installé à Nanterre. A la fin de sa période militaire, début 1983, Thierry réintègre donc, mais pour peu de temps, la cellule familiale. Il est bientôt familier des milieux homosexuels parisiens et parvient à se faire embaucher au Paradis Latin, près du Quartier Latin, un cabaret pour touristes dont le spectacle fait la part belle aux travestis. Thierry, sans doute, pense approcher son " rêve " : il pénètre enfin un milieu qui l'accepte. C'est alors un garçon athlétique ( il mesure 1,82 m ), toujours vêtu à la dernière mode, un diamant à l'oreille, il arbore une coupe de cheveux géométrique à la Carl Lewis.




    En fait, quoiqu'il raconte à qui veut l'entendre qu'il est chef de rang, voire même qu'il fait partie de la troupe du spectacle, le travail de Thierry consiste surtout à desservir les tables. C'est au Paradis Latin qu'il se liera à Jean-Thierry Mathurin, un Guyanais au rang plus élevé que le sien dans la hiérarchie du cabaret. Les deux hommes ressentent très vite une grande attirance réciproque. C'est sans doute de cette époque que date leur rêve d'ouvrir leur propre cabaret.
    En attendant, Thierry se produit lui-même de temps en temps dans un numéro de travesti au Rocambole, une boîte de nuit de Villecresnes, dans le Val-de-Marne, au sein d'une revue d'amateurs. Un jour, il invitera même sa mère à assister au spectacle, mais celle-ci, choquée de voir son fils travesti en chanteuse de charme, sort avant la fin du tableau.
    Pendant la brève période où Thierry habita chez sa mère, ce ne furent que conflits et cris. Ne travaillant pas pendant la journée, il traîne à la maison, y amène ses amis, aussi marginaux que lui. La situation devient vite insupportable. Elle explose enfin le jour où il menace sa mère de mort parce qu'elle refuse de lui signer un chèque pour une opération de chirurgie esthétique qui lui permettrait d'effacer une cicatrice à la lèvre.
    Il en vient même à frapper au ventre une de ses demi-soeurs enceinte qui tente de s'interposer. Monette prévient la police. En avril 1984, Thierry est donc à la rue ; il loge un temps au hasard des amis et des rencontres.
    Quand, un peu plus tard, Monette quitte Nanterre pour Goussainville, dans l'Oise, Thierry a alors trouvé, provisoirement, une chambre de bonne, rue Béranger dans le XVIè arrondissement, où il a une vieille dame pour voisine. Il fait alors des extras à droite et à gauche dans des discothèques et dans plusieurs restaurants " branchés " des Halles.
    Thierry et J.-T Mathurin décident de vivre désormais ensemble et s'installent Hôtel de Laval dans une chambre à 275 F la nuit. L'hôtel est situé rue Victor-Massé dans le IXè arrondissement, qui jouxte le XVIIIè. C'est alors une période faste de taxis, de restaurants et de boîtes de nuits à n'en plus finir.
    Thierry et Jean-Thierry sont devenus des figures du milieu homosexuel : ils sont de toutes les fêtes " branchées " et flambent dans tous les endroits à la mode. Ils travaillent depuis maintenant presque deux ans au Paradis Latin.
    L'embellie ne dure pas. A l'automne 1984, jaloux, Thierry fait une scène violente à Mathurin en plein restaurant : il casse verres et chaises, renverse les tables, hurle qu'il veut " faire la peau à " Mathurin... Il sont immédiatement jetés dehors. Finis l'argent et le luxe facile : le chômage. Non seulement ils en sont réduits à se contenter d'une chambre moins chère, mais, de surcroît, ils se voient contraints à solliciter de leur hôtel un crédit.
    Pour rembourser celui-ci, et simplement, vivre, Paulin ira au plus immédiatement praticable : escroqueries, vols de chéquiers ou de cartes de crédit, revente de drogue...
    2 MOBILISATION

    Face à la multiplication des actes meurtriers envers
    une population particulièrement vulnérable - des femmes
    âgées et solitaires - la tension monte et gagne toute la ville.
     
    Un climat de peur envahit peu à peu la capitale en émoi, tout particulièrement le XVIIIè arrondissement. La population se met à protester contre l'incompétence de la police, bien que des premières mesures aient été prises dès le 10 novembre. Bon nombre de personnes âgées réclament un déploiement plus efficace des forces de l'ordre.
    La presse s'étant emparée de l'affaire, le public apprend qu'en un mois on a retrouvé les corps de six vieilles dames assassinées sauvagement et qu'il y a très probablement un lien entre tous ces crimes. La découverte, le 12 novembre, de deux assassinats supplémentaires, ceux de Paule Victor et de Jeanne Laurent, met le feu aux poudres.
    La population ne peut pas savoir, à ce moment-là, que ces deux crimes ont été perpétrés environ une semaine avant la découverte des corps, et donc bien avant le renforcement de la sécurité dans le quartier. La panique s'empare des habitants âgés de l'arrondissement.


    EMOTION OFFICIELLE
    Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, va se recueillir le jour même sur les lieux de l'assassinat de Paule Victor. Pierre Touraine, directeur de la P.J., est alors chargé de prendre des mesures d'urgence et dès le lendemain, le 13 novembre, on assiste à un déploiement sans précédent des forces de l'ordre dans le XVIIIè arrondissement : 120 gardiens des brigades d'arrondissement, 35 îlotiers ( des policiers affectés à des zones spécifiques du quartier ), 50 C.R.S. et 50 hommes de compagnies de district sont répartis pour surveiller ce minuscule périmètre, dans un rayon de 1 500 mètres autour de la butte Montmartre, où est censé rôder l'assassin. De plus, l'arrondissement est divisé en quatorze secteurs, et chaque secteur est silloné 24 heures sur 24 par des patrouilles de trois policiers.
    Sur simple demande, ces policiers peuvent se mettre à la disposition de toute personne âgée qui désirerait être accompagnée quelque part. En parallèle à ces policiers en uniforme, plusieurs dizaines d'inspecteurs de la Brigade Criminelle en civil quadrillent le terrain.
    Mais le directeur de la Police Judiciaire est bien forcé d'admettre qu'il n'y a quasiment aucun indice sérieux sur lequel les policiers pourraient se baser pour faire progresser leur enquête. Quelques empreintes ont été trouvées sur les lieux des crimes mais elles ne suffisent pas à fournir le profil d'un suspect éventuel. La police piétine dans ses recherches.
    Après quelques descentes dans les milieux interlopes, en particulier dans le quartier de la Goutte d'Or, les inspecteurs acquièrent la quais-certitude qu'ils n'ont pas affaire à un assassin ordinaire. Le fait que le tueur ne s'attaque qu'à des vieilles dames, qu'il ne vole presque rien mais tue avec une incroyable violence, permet à la police d'émettre une hypothèse : le criminel est sans doute un drogué ou un malade mental.
    " J'invite les personnes
    âgées à rester prudentes
    sans céder à la psychose
    de l'agression... "
    J. FRANCESCHI, Sec. d'Etat aux personnes âgées, 11/84
    Le quotidien Le Parisien sort en première page, le mercredi 14 novembre, un portrait-robot fondé sur le témoignage d'une vieille dame victime d'une agression et persuadée d'avoir identifié le " tueur du XVIIIè ". Une ressemblance frappante amène la police à arrêter, le jour même, Jean-Luc R. qui prenait tranquillement un verre au café " Le Saint-Jean ", place des Abbesses. Interpellé sans ménagement, le sosie du portrait-robot est immédiatement conduit au commissariat Jules-Joffrin pour y être interrogé. Il faut presque quatre heures à la police pour réaliser que l'homme arrêté n'a absolument rien à voir avec les crimes commis. Saisie par la panique ambiante et par l'urgence de dénicher le coupable, la police a pris un peu trop au sérieux un portrait établi sur la base d'un témoignage imprécis et non confirmé, lui aussi dicté par la peur. Jean-Luc R. est immédiatement relâché.

    CONTEXTE : L'IDENTITE JUDICIAIRE
    Section Dactylotechnie de l'Identité Judiciaire. Dans ce service au nom barbare, chasseurs d'empreintes, photographes et dessinateurs travaillent jour et nuit. Alertés par une des brigades de la Police Judiciaire, ils se rendent au plus vite sur les lieux des crimes, une petite mallette à la main.
    Leur première tâche consiste à relever les empreintes sur les murs, portes, armoires, bouteilles et autres objets, sur un adhésif. Cette trace sera observée dans une visionneuse qui l'agrandit cinq fois.
    Une fois ce travail terminé, arrive l'un des dix-sept photographes chargés de mitrailler chaque recoin. Puis, un dessinateur intervient, il mesure au centimètre près toutes les pièces où le drame s'est déroulé et en tire des croquis précis. De retour à son bureau, il reconstitue à l'encre de Chine le plan des lieux sur papier-calque. Ce sont ces photos et ces dessins que les jurés pourront consulter pendant le procès.
    C'est également le dessinateur qui élabore, avec l'aide des témoins, les portraits-robots. Il dispose d'une mallette remplie de transparents : des dizaines de fronts, yeux, nez, bouches, des barbes, etc...
    Le travail du portraitiste consiste à écouter attentivement le signalement fourni par le témoin, parfois à guider celui-ci et à donner le coup de crayon qui donnera la vie à une image plate et sans couleur.

    Le XVIIIè arrondissement est en pleine psychose, et une visite de Claude Estier, député de la circonscription, ne parvient pas à calmer les esprits. Le problème tout entier de la sécurité à Paris est soulevé. En 1984, c'est un gouvernement socialiste, dont le Premier ministre est alors Laurent Fabius, qui est au pouvoir. Les réactions de l'opposition sont vives et M. Chinaud, maire UDF de l'arrondissement, va jusqu'à suggérer la création d'un service " SOS Vieux " pour aider les gens âgés.
     
    Pour tenter d'apaiser les esprits, les élus du quartier convoquent les personnes âgées à une réunion d'information.

    Le vendredi 16 novembre, un rassemblement des personnes âgées est organisé à la mairie du XVIIIè. Chaque personne âgée est convoquée, au moyen d'une carte nominative, par les élus de l'opposition, dont le maire, Roger Chinaud. Celui-ci commence par lire, à l'audience, visiblement inquiète, un message personnel de Jacques Chirac. La salle est comble, il y a environ 2 000 personnes. Malgré les discours politiques rassurants, les protestations et les réclamations traduisent l'affolement du public. L'abrogation de la peine de mort est remise en question. Le maire se veut apaisant et donne un numéro de téléphone qui peut être appelé à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Les personnes âgées, un peu moins inquiètes, peuvent discuter entre elles et rentrent à leurs domiciles plus calmement qu'elles ne sont arrivées à la mairie.
    " En matière de police et
    de justice les
    compétences de la Mairie
    sont égales à zéro "

    ALAIN JUPPE, adjoint au maire du XVIIIè, 14/11/84
    Pendant ce temps, au commissariat du XVIIIè, c'est l'alerte rouge. Demandes de renseignements ou d'une protection rapprochée provenant de vieilles dames, patrouilles sollicitées pour donner diverses informations et conseils, montrent à quel point le climat de tension est fort et combien la police est sur le qui-vive. Le XVIIIè arrondissement est en état de siège. Il est impossible à la population de l'arrondissement d'ignorer les patrouilles de CRS qui sillonnent la porte de Clignancourt, le boulevard de la Chapelle, le cimetière de Montmartre, le métro Barbès ainsi que le quartier de la Goutte-d'Or.
    L' ENQUETE S'ENLISE


    Pierre Joxe, alors ministre de l'Intérieur, et Guy Fougier, préfet de Police, sur les lieux
    de l'assassinat de Paule Victor.
    Néanmoins, la police ne parvient toujours pas, en cette fin de mois de novembre 1984, à cerner l'identité du ou des meurtriers et les enquêteurs émettent de multiples hypothèses. Aucun indice, aucune trace ne permet à la police de mieux définir son champ de recherche. Les services spécialisés continuent de comparer des milliers d'empreintes digitales entre elles, mais sans succès et les rafles destinées à faire pression sur le " milieu " pour que celui-ci dénonce le coupable restent sans résultats.
    Le temps passe et, peu à peu, la terreur s'apaise dans le XVIIIè, puisqu'aucun autre crime portant la " marque " du tueur de vieilles dames n'est plus commis. Le XVIIIè étant devenu un quartier à haut risque pour Paulin et son ami J.-T. Mathurin, tous deux avaient en effet décidé de quitter la capitale et de " se mettre au vert " pendant un moment dans la ville où Paulin a passé une partie de son adolescence, Toulouse. Là, logeant provisoirement chez le père de Thierry et rêvant d'heures de gloire, ils vont essayer de vivre " normalement ".
    Il faudra encore trois ans à la police et toute une série de nouveaux crimes pour mettre la main sur Thierry Paulin.


     
    3 LA TRAQUE

    L'interruption soudaine de la série d'assassinats
    chasse peu à peu le " tueur de vieilles dames du XVIIIè arrondissement "
    de la une des journeaux. Un an passe,
    lorsque le cauchemar recommence brutalement,
    cette fois dans un tout autre périmètre.
    Thierry Paulin en mars 1986 interprétant " Tout doucement ", un air à succès de la chanteuse Bibi.

    Tandis que des patrouilles de C.R.S sillonnent les rues de Paris, Thierry Paulin et son compagnon Jean-Thierry Mathurin sont désormais à des centaines de kilomètres de là. Les deux amis se sont réfugiés à Toulouse, où le père de Thierry les accueille. Paulin retrouve le quartier de son adolescence et renoue avec ses anciens camarades. Les deux compères s'affichent dans les boîtes fréquentées régulièrement par les homosexuels de Toulouse et dépensent avec ostentation de grosses sommes d'argent.

    Ruptures à Toulouse
    Mais les années qui ont passé n'ont pas aidé à résoudre les querelles familiales. Les disputes reprennent de plus belle entre Paulin et son père, et l'homosexualité désormais manifeste de Paulin n'arrange rien. Le couple que forment les deux jeunes gens connaît, lui aussi, des difficultés et se dégrade peu à peu. Paulin et Mathurin se supportent de plus en plus mal et finissent par se séparer. Mathurin se résout à renter à Paris. Paulin continue seul sa vie de noctambule...
    Séduit depuis longtemps par le monde du spectacle, Thierry Paulin pense de plus en plus à monter ses propres numéros musicaux. Il s'y emploie activement. Il continue à soigner son aspect, qui est sa " carte de visite " et, selon une méthode qu'il continuera d'appliquer dans les soirées parisiennes, il offre largement champagne et cocaïne pour s'attirer les sympathies, réelle ou apparentes.
    C'est à cette même époque que Paulin tente de lancer la Transforme Star, une agence de spectacles de travestis. On ignore encore aujourd'hui comment Paulin a pu se procurer assez d'argent et de relations pour ébaucher un projet d'une telle envergure. Le lancement d'une société commerciale, même modeste, exige en effet de nombreuses démarches, des cautions de toutes sortes et une mise de fonds initiale. Malgré ses efforts, l'entreprise échoue. Toulouse ne réussit décidément pas à Paulin et le jeune homme décide de regagner Paris, toujours bercé par ses idées de gloire. Il ne tardera pas à connaître la célébrité, mais d'une tout autre manière.
    " J'ai toujours été surpris par son calme...
    Pourtant un soir, j'ai appris qu'il
    était violent, il venait de
    tabasser le patron d'une boîte de nuit
    avec une batte de base-ball "
    CO-ORGANISATEUR de la soirée Look d'Enfer
    Un an a passé depuis le 12 novembre 1984 et les policiers du Quai des Orfèvres s'égarent dans de multiples hypothèses. La série de meurtres du XVIIIè s'est interrompue, et rien ne permet aux enquêteurs de se mettre sur la trace du ou des meurtriers.
    Le 20 décembre 1985, dans le XIVè arrondissement cette fois, la découverte du corps d'une vieille dame de 91 ans, Estelle Donjoux, étranglée chez elle, relance l'affaire. Moins de quinze jours plus tard, le 4 janviers, Andrée Ladam, 77 ans, subit le même sort à quelques mètres de là. Après une courte trêve de cinq jours, c'est Yvonne Couronne, 83 ans, qui est surprise et assassinée à son domicile rue Sarrette.
    Ces trois crimes ont été perpétrés dans un rayon de 400 mètres autour de l'église d'Alésia. Chaque fois, le même scénario se répète : la vieille dame est suivie depuis la rue jusqu'à son palier, puis poussée à l'intérieur de son appartement au moment précis où elle ouvre la porte, pour être finalement étouffée ou étranglée.

    CONTEXTE : LE CRIME A-T-IL PAYE ?

    Pour maintenir son train de vie, Paulin avait besoin de beaucoup d'argent et en particulier de liquidités pour payer ses sorties en boîtes de nuit, ses vêtements à la dernière mode et sa chambre d'hôtel. La chambre que Paulin occupait à l'hôtel du Cygne, à 380 francs la nuit, représentait à elle seule un loyer mensuel de 12 000 francs. Par recoupements, la police a pu déterminer que Paulin dépensait de 2 000 à 3 000 francs par jour. Le trafic de cocaïne et le vol de cartes de crédit lui assuraient sans doute une bonne part de son revenu, les vols commis chez les vieilles dames ne représentant qu'un complément presque dérisoire.
    En effet, Paulin ne volait généralement à ses victimes que des espèces, et très rarement des objets. Les sommes volées étaient très peu élevées. Un policier interrogé déclara même qu'un pickpocket de Belleville gagnait mieux sa vie que Paulin.
    La première vague de crimes et celles qui suivirent ne rapportèrent que peu d'argent. Ainsi, chez :
    Anna Barbier-Ponthus 200 ou 300 francs.
    Suzanne Foucault 500 francs et une montre.
    Il n'y eut qu'une excéption, chez Iona Seigaresco, où la somme de 10 000 F en bons du Trésor fut découverte par le tueur, par hasard.
    Alice Bénaïm 400 ou 500 francs
    Marie Choy 200 ou 300 francs
    Maria Mico-Diaz 200 ou 300 francs.
    Et il en fut de même pour les autres victimes...


    Ce rituel rappelle le cauchemar des vieilles dames du XVIIIè, sans pour autant apporter la certitude qu'il s'agit bien du même homme. Au contraire, la composante sadique caractéristique des meurtres du XVIIIè, la violence gratuite dont faisait preuve le tueur jusque-là, semble avoir disparu. Dans cette nouvelle série, le meurtrier opère avec moins de sauvagerie. Il ne torture plus et procède de façon plus rapide, étranglant immédiatement ses victimes ou les étouffant sous des édredons, des matelas ou des oreillers.
    Pourtant, l'ombre du " tueur du XVIIIè " plane sur cette seconde série noire et, pour les personnes âgées, les choses sont claires, le périmètre de la peur a simplement changé de quartier. La liste des crimes n'est pas close, et dans le seul mois de janvier quatre noms vont venir s'y ajouter.
    La situation empire : au cours de la seule journée du 12 janvier, deux femmes sont retrouvées mortes chez elles : Marjem Jurblum, 81 ans, rue Pelé, dans XIè, et Françoise Vendôme, une veuve âgée de 83 ans, rue de Charenton, dans le XIIè ; toutes les deux sont mortes étranglées. Trois jours plus tard, c'est Yvonne Schaiblé, 77 ans, qui est découverte sans vie dans le Vè arrondissement.

    Rue de Charenton dans le XIIè arr., les policiers emportent le corps de Françoise Vendôme. Cette octogénaire, longtemps vacataire au Musée du Louvre, occupait ses journées à peindre. Son corps ne sera découvert que trois jours après sa mort.
    EMPREINTE
    Après plus d'une soixantaine d'interpellations sans résultats dans les milieux suspects - toxicomanes, trafiquants, détraqués - les enquêteurs sont au bord du découragement et le Quai des Orfèvres, à force de comparaisons, se trouve devant autant de points communs que de divergences. C'est pourtant vers la fin de ce mois de janvier 1986 que la police, pour la première fois depuis le début de l'affaire, fait un grand pas en avant.
    Le laborieux travail de comparaison d'empreintes digitales porte enfin ses fruits. Des empreintes relevées sur les lieux de plusieurs crimes commis en 1984 sont bel et bien identiques à plusieurs autres séries d'empreintes relevées sur les lieux des derniers crimes.
    C'est ainsi que la police peut désormais assurer qu'un même homme au moins, sans préjuger des complices probables, fut présent à trois agressions mortelles de 1984 ( une dans le XIXè arrondissement, deux dans le XVIIIè ), une de 1985 ( dans le XIVè ) et trois en 1986 ( dans le XIVè, le XIè et le XVè ).

    Thierry Paulin en mars 1986 à l'Opéra Night,
    une boîte de nuit.


    Cette découverte bouleverse le cours de l'
    enquête. La police détient à présent trois
    éléments : une série d'empreintes, un mobile - le
    vol de liquidités - et un mode opératoire assez
    bien défini. En dépit de la nouvelle panique qui s'
    empare de la capitale, les enquêteurs reprennent
    confiance.
    Le 31 janvier 1986, soit quelques jours après
    les rapprochements effectués par la Brigade
    Criminelle, Virginie Labrette, 76 ans, est trouvée
    morte dans son appartement, rue de Wattignies
    dans le XIIè arrondissement. La police organise
    alors une opération " coup de poing " à grande
    échelle dans la fourmilière du milieu interlope
    parisien. Les rafles et les contrôles dans les bars
    de Pigalle se multiplient.
    De son côté, la Mairie de Paris propose cette
    fois encore aux retraités des accompagnateurs
    bénévoles et la pose gratuite de systèmes de
    sécurité. Au début du mois de février, la série de crimes s'interrompt à nouveau.


    ENCORE UN ECHEC

    C'est rue Censier dans le Vè arrondissement, que le compagnon d'Yvonne Schaiblé la trouve agonisante dans sa salle de séjour. Il prévient ses voisins qui appellent la police. Les secouristes ne parviendront pas à la ranimer. C'est la cinquième victime de cette nouvelle vague d'assassinats.

    Pendant toute cette période, quand il n'est pas entrain de " faire la fête ", Thierry Paulin travaille dans une agence multiservice appelée Frulatti. Pour s'être fait connaître comme un garçon ayant des relations, Paulin est chargé de trouver des contrats aux photographes, mannequins et illustrateurs free lance de l'agence. Très vite, il devient l'homme à tout faire que son patron n'hésite pas à envoyer chez les mauvais payeurs. Créée par un étudiant d'une école de commerce parisienne, Frulatti s'associe en décembre 85 au projet de fin d'année de trois autres étudiants de l'école : une gigantesque soirée supposée être sponsorisée et très médiatisée. Le projet est difficile à mettre en place et Paulin, qui se trouve souvent à l'agence y est associé. Il sera chargé de " vendre " la soirée aux différentes chaînes de télévision. C'est d'ailleurs lui qui trouve la salle, le Cirque d'Hiver dans le XIè arrondissement. Le spectacle est intitulé " Un Look d'Enfer " et l'agence Frulatti auditionne des dizaines d'artistes : peintres, mimes, chanteurs, cascadeurs...
    Le 24 mai 1986, la soirée " Un Look d'Enfer " fait salle comble, 4 000 personnes se sont déplacées, mais on n'enregistre que 450 entrées payantes. Trop d'invitations ont été envoyées et les étudiants, victimes de leur inexpérience, se retrouvent devant des dettes écrasantes. L'agence Frulatti fait faillite et Paulin disparaît dans la nature.
    " Je me disais que c'était un magouilleur
    de première, peut-être un dealer, il avait
    trop d'argent tout le temps "

    EMPLOYEE du Palace, 1984

    Le 14 juin 1986, à nouveau dans le XIVè arrondissement, un huitième meurtre met les nerfs de la police à rude épreuve. Ludmilla Liberman, une veuve de nationalité américaine, a été surprise et tuée par son agresseur alors qu'elle rentrait chez elle. Ce qui porte à seize le nombre de crimes commis suivant le même scénario depuis l'hiver 1984.
    Deux mois passent sans qu'aucun nouveau crime ne soit commis. La Brigade Criminelle est alors loin de se douter que celui qu'elle traque depuis deux ans est " déjà " sous les verrous.
    En effet, en ce mois d'août 1986, mécontent parce qu'un sachet de cocaïne ne contenait pas la dose annoncée, Paulin se rend à Alfortville chez le trafiquant qui la lui fournit. Il menace le pourvoyeur à l'aide d'un pistolet d'alarme et le rosse sévèrement. Le revendeur est si durement malmené qu'il porte plainte auprès de la police. Paulin est arrêté et condamné à 16 mois de prison, pour " vol avec violence " sur un habitant du Val-de-Marne et " infraction sur les stupéfiants ". Avant d'être incarcéré à Fresnes, il est fiché et ses empreintes digitales sont relevées.
    Certaines circonstances expliquent que les policiers n'aient pas fait le lien entre Paulin, arrêté comme petit braqueur de banlieue, et l'assassin parisien des vieilles dames. Les moyens informatiques à disposition de la police étant à ce moment-là encore limités, la comparaison des empreintes se faisait fiche par fiche.
    Un travail excessivement long et méticuleux fut accompli sur 150 000 fiches, mais ce travail portait exclusivement sur des suspects fichés à Paris. Le recoupement n'était donc pas évident.

    4 LA DERNIERE FETE

    Paulin mène la grande vie. Des petits trafics frauduleux
    lui permettent de financer ses goûts de luxe.
    Pourtant, le sourire de ce garçon bon vivant cache-t-il
    un tueur sadique ?

    Pendant plus d'un an, aucun autre meurtre portant la signature du tueur n'est commis. Pourtant, Paulin n'a pas eu à purger la totalité des 16 mois de sa peine ; il quitte la prison de Fresnes au bout d'un an seulement.
    Vers la fin de l'été 1987, fraîchement libéré, Paulin renoue avec ses anciennes connaissances et reprend sa vie de noctambule.
    Toujours décidé à organiser des soirées, Paulin entreprend de mettre à jour son carnet d'adresses. Il se remet à fréquenter les discothèques et les bars homosexuels du quartier des Halles, apparaissant ici et là, plus éxubérant que jamais..
    Paulin fréquente assidûment Le Palace, une boîte de nuit célèbre, située rue du Fg Montmartre, à Paris. Toujours charmant et poli, Paulin dépense sans compter pendant ces soirées : il prend toujours une ou deux bouteilles de whisky qu'il paye comptant et laisse de très gros pourboires, parfois il vient tous les soirs pendant une semaine puis disparaît pendant un mois pour à nouveau resurgir plusieurs soirs de suite.
    Toujours soucieux d'attirer les sympathies, et poursuivant ses rêves ambitieux, il claironne à qui veut l'entendre qu'il est entrain de monter une agence de mannequins. Le portier de l'hôtel du Cygne, où Paulin réside à cette époque, déclarera par la suite que Paulin se faisait aussi passer pour un disc-jockey gagnant beaucoup d'argent.
     
    Paulin ne tue plus, mais dilapide toujours de grosses sommes aux yeux de tous. Il n'a d'ailleurs jamais volé à ses victimes les sommes nécessaires à un tel train de vie. Cet argent provient-il du trafic de cocaïne ou de cartes de crédit volées ? Les deux probablement. La clef de la " réussite " financière de Paulin réside dans l'aplomb dont il fait preuve, un aplomb que vient renforcer sa relative popularité parmi les noctambules à qui il paye à boire. Le petit voyou toulousain est devenu un hors-la-loi branché qui s'est décoloré les cheveux et porte une boucle d'oreille.
    Plusieurs mois ont passé, et brusquement la série noire reprend. Le 25 novembre 1987, Rachel Cohen, 79 ans, est assassinée à son domicile, rue du Château d'Eau, dans le Xè arrondissement et le même jour, à une centaine de mètres de là, rue d'Alsace, Mme Finaltéri, 87 ans, est laissée pour morte par son agresseur, étouffée sous un matelas.
    Deux jours plus tard, toujours dans le Xè, Geneviève Germont, 73 ans, étouffée puis étranglée, succombe au 22 rue Cail.


    " Il bouillonnait de projets...
    il semblait en avoir fini avec
    ses bêtises, avoir tourné la page "
    Me HERVE PAGE, avocat de Paulin,
    dans Le Parisien, 6/12/87


    Le week-end qui suit ses violences, Paulin l'emploie à fêter ses 24 ans. Le samedi 28 au soir, il régale fastueusement ses amis au Tourtour, un établissement du quartier des Halles où il a travaillé comme serveur en 1985. Les trois salles du restaurant sont réservées pour une cinquantaine de convives auxquels il a adressé d'élégants cartons d'invitation. Le jeune homme n'a négligé aucun détail et, grand seigneur, passe la soirée à tenter d'impressionner ses invités. Il a convié son avocat, maître Page, ainsi que toute la faune nocturne qu'il côtoye désormais régulièrement.
    L'addition a été réglée d'avance et en espèces. Le menu raffiné est arrosé au champagne. Paulin est, comme à son habitude, très élégant, en spencer noir, chemise blanche et cravate.
    Le lendemain soir, Paulin invite à nouveau une vingtaine de personnes dans un autre restaurant, à Pigalle cette fois, le Minou Tango, rue Véron. Le lundi encore, il s'exhibe, dans un long manteau gris à la Sherlock Holmes, au New Copa, grande boîte africaine de la rue Caumartin, fréquentée par les diplomates noirs en poste à Paris. Il ignore encore que cette nuit-là est la dernière qu'il passera en liberté.
    En effet, l'étrange ressemblance des derniers crimes avec les meurtres précédents n'a pas échappé aux policiers. Sans attendre de comparer d'éventuelles empreintes digitales, le Quai des Orfèvres réagit en mobilisant tous les commissariats de quartier.
    La Brigade Criminelle dispose en effet d'un atout de taille : Madame Finaltéri a survécu. Elle fournit, une fois rétablie, une excellente description de son agresseur : un grand garçon d'un mètre 80, métis, les cheveux décolorés et portant une boucle d'oreille. Le portrait-robot établi d'après ces renseignements est immédiatement distribué dans tous les commissariats de Paris.


    CONTROLE D'IDENTITE

    Le mardi 1er décembre 1987, à une dizaine de mètres du commissariat de la porte Saint-Denis, dans le Xè arrondissement, le commissaire Jacob discute avec quelques commerçants du quartier dans la rue, le portrait-robot du tueur en poche. Il est en pleine conversation quand son regard croise celui d'un passant, un métis à l'allure sportive. Se fiant à son instinct autant qu'à son expérience, il interrompt sa conversation pour aller demander ses papiers d'identité au jeune homme.

    " L'instinct de flic, croyez-moi, ça existe encore ". Francis Jacob réussit là où bon nombre de ses collègues ont échoué. Il interpelle Paulin tout seul, en plein jour et en pleine rue.

    Celui-ci n'est autre que Thierry Paulin. Il espère sans doute s'en sortir une nouvelle fois, mais la photo de la carte d'identité qu'il présente ne correspond pas à sa physionomie actuelle et éveille les soupçons du commissaire. Emmené dans les locaux du commissariat de la porte Saint-Denis pour une vérification de " routine ", Thierry Paulin n'oppose pas de résistance. Persuadé qu'il est suspecté de se droguer, il montre ses bras, sur lesquels il n'y a effectivement pas de traces de piqûres et exige de parler à son avocat.
    De son côté, le commissaire Jacob découvre que son suspect a déjà été arrêté pour infraction sur les stupéfiants. Il téléphone alors au chef de la B.R.B., la Brigade de Répression du Banditisme, et au chef de la Brigade Criminelle chargé du dossier.
    Les policiers de la B.R.B. emmènent le suspect jusqu'aux locaux de l'Identité Judiciaire pour vérifier ses empreintes digitales et les comparer avec celles du meurtrier des vieilles dames.
    Rapidement, la responsabilité de Paulin, en ce qui concerne une partie au moins des meurtres, ne semble plus faire de doute pour la police.
    Commencent alors les 48 heures de garde à vue à la Brigade Criminelle au Quai des Orfèvres. Pendant 43 heures, Paulin est questionné sans relâche. Il avoue rapidement plus d'une vingtaine de meurtres aux dix policiers de la B.R.B. et de la Brigade Criminelle auxquels il doit faire face. Paulin raconte pêle-mêle les premiers crimes et tous ceux qui suivirent, confondant parfois les dates et les noms des victimes. Aucun remords, aucun trouble ne semble l'effleurer, il est apparemment incapable de mesurer la terrible gravité des crimes qui lui sont reprochés, comme s'il considérait qu'une vie humaine ne pèse ni plus ni moins que celle d'un insecte : il n'hésite pas à expliquer en détail aux policiers la façon dont il opérait, repérant les vieilles dames au marché ou dans la rue, les suivant jusque chez elles, tentant parfois d'engager la conversation pour endormir leur méfiance.
    Très vite, Paulin dénonce Jean-Thierry Mathurin comme étant son complice et donne son adresse. Celui-ci est immédiatement arrêté, rue Vercingétorix, dans le XIVè, au domicile d'un travesti dénommé Joséphine, rencontré alors qu'il travaillait au Paradis Latin.
    Mathurin avouera sans trop de difficulté avoir participé aux meurtres du XVIIIè arrondissement. Paulin puis Mathurin, quelques heures plus tard, sont déférés au Parquet où bientôt commence l'instruction.
    Justice pourtant ne sera pas rendue : à son insu, inexorablement, le Destin s'apprêtait à lui dérober son suspect.

    5 EPILOGUE

    Les suspects sont enfin sous les verrous.
    Une longue et difficile instruction commence.
    Mais le Destin fera qu'il n'y aura jamais de
    procès Paulin.
    C'est le juge Philippe Jeannin qui est chargé d'instruire l'affaire. Dès le jeudi 3 décembre, le magistrat inculpe Paulin pour " assassinats et vols aggravés ". Bien que le jeune homme ait reconnu avoir perpétré plus d'une vingtaine d'assassinats, le juge Jeannin commencera par n'en retenir que dix-hui contre lui, et demandera un complément d'information à propos de trois autres crimes qui demeurent obscurs.
    En effet, le mode opératoire de l'assassin diffère dans ces trois cas : des armes blanches ont été utilisées. Les dix-huit assassinats retenus contre Paulin sont ceux où les victimes ont été étouffées ou étranglées.
    L'instruction de ce dossier retient toute l'attention de l'opinion publique. Le juge Jeannin étudie dans les
    moindres détails les vies passées de Paulin et de son
    acolyte. Pour ne pas avoir à prononcer le nom de Paulin, Mathurin ne se réfère à son ancien ami qu'en l'appelant " l'autre ". Paulin, plutôt calme et souriant, tente de faire adosser à Mathurin la plus grande part de responsabilité.
    Paulin est désormais incarcéré à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. Il est isolé au quatrième étage d'un
    bâtiment récent, baptisé D3, où sont enfermés les
    prisonniers que l'on souhaite maintenir à l'écart des
    autres détenus. Il s'agit bien donc d'un quartier réservé.

    " Il a gardé une grande maîtrise
    de lui jusqu'au bout...
    rien d'une bête brute qui
    fasse peur dans la rue... "
    COMMISSAIRE JACOB

    En prison, Paulin ne pense qu'à soigner son image, inconscient, semble-t-il, de la gravité des actes qui lui sont reprochés. Comme par le passé, il cultive savamment sa tenue vestimentaire. On lui a coupé les cheveux et ôté sa boucle d'oreille pour qu'il ne puisse pas en faire une arme, mais il a pu conserver deux sacs de vêtements contenant, entre autres choses, plusieurs pantalons, un costume coupé comme un smoking, des chemises blanches, des noeuds papillons. Soucieux de les maintenir en bon état, il demandera même à sa mère de laver son linge pour lui.
    A Fleury-Mérogis, plusieurs gardiens sont chargés de veiller sur Paulin, et quatre autres l'escortent pendant son heure de promenade quotidienne, qu'il accomplit dans une cour fermée par un grillage, sans pouvoir communiquer avec les autres prisonniers.

    Jean-Thierry Mathurin a 22 ans en 1987, lorsqu'il est incarcéré à la prison de La Santé,
    construite en 1867, au coeur de Paris. Elle renferme les prévenus en attente de jugement.

    Enfin célèbre, Paulin semble peu préoccupé par les tristes motifs de cette notoriété et se comporte en authentique vedette. Plongé dans la presse, il collectionne les articles le concernant, allant jusqu'à emprunter de l'argent à sa mère pour pouvoir tout acheter. A aucun moment, il ne pense à organiser sa défense.
    Dans un premier temps même, sa seule préoccupation semble n'être que d'obtenir son transfert à Fresnes, où il avait déjà pris ses habitudes lors de sa précédente incarcération. Il commence par reprocher son enfance malheureuse à sa mère, puis retourne cette haine contre ses anciens amis qui, dit-il, l'ont trahi. Il nie ce que la presse dit de lui, s'offusque qu'on le traite de monstre, laisse entendre qu'on s'acharne sur lui parce qu'il sait beaucoup de choses compromettantes sur bien des gens.
    C'est en de telles circonstances que Paulin renoue avec sa mère. Le 10 décembre 1987, Monette va donc voir son fils au parloir libre de Fleury-Mérogis, un parloir où il n'y a pas de séparation entre les détenus et leurs visiteurs. Paulin, décontracté, est " en civil ". Il charge sa mère de demander à Sarah, sa demi-soeur âgée de 20 ans, de venir le voir. Le 12 décembre, soit deux jours plus tard, Monette, Sarah et une autre demi-soeur de Paulin, Mickaela, vont donc lui rendre visite.
    L'émotion est grande au cours de cette réunion familiale dans le malheur. Paulin promettra même à sa mère de prier et de se procurer une bible.

    Considérée comme la prison " modèle " en France car entièrement informatisée, Fleury-Mérogis inclut un quartier de sécurité perfectionnée où Paulin sera détenu.

    Pendant ce temps, Mathurin est incarcéré à la prison de La Santé. Il n'est pas, lui, isolé, mais partage sa cellule avec un autre détenu. Il lit de nombreux contes pour enfants et semble vouloir préparer son baccalauréat.
    Quelques mois après son arrestation, Paulin est atteint de dépression. C'est, du moins le premier diagnostic. En fait, il s'avère rapidement que Thierry Paulin est atteint du sida et que les premiers effets de la terrible maladie commencent à se faire sentir.
    Homosexuel confirmé et toxicomane occasionnel, Paulin ne pouvait pas ignorer qu'il faisait partie des populations à haut risque en ce qui concerne le sida. Un de ses amis interrogé se souvient d'une conversation téléphonique entre Paulin et sa mère, en 1985, au cours de laquelle il se serait vanté d'être atteint du sida.
    En 1986, Paulin avait été hospitalisé à l'hôpital Foch de Suresnes pour une toxoplasmose cérébrale, maladie relativement bénigne, mais qui peut devenir grave dans le cas d'un malade séropositif. Les examens faits à cette occasion ont certainement, dès cette époque, révélé sa maladie.
    L'état du malade empire brutalement un an après son arrestation. Peu après, le 10 mars 1989, Paulin est amené d'urgence à l'Hôtel-Dieu, dans la salle Cusco. Il est placé sous tente à oxygène et nourri par sonde. Bientôt, il tombe dans un état comateux dit de phase 1, c'est-à-dire qu'il est conscient mais ne peut communiquer avec son entourage.
    Il est transféré à l'hôpital Claude-Bernard de Paris, dans le service du professeur Vachon. Soigné à l'aide d'antibiotiques, il lutte contre une tuberculose et une méningite, conséquences de son affaiblissement immunitaire.
    Thierry Paulin meurt des suites du sida dans la nuit du dimanche au lundi 16 avril 1989, à l'hôpital des prisons de Fresnes où il a finalement été transporté. Il était âgé de 26 ans.
    Paulin, ce tueur dont un policier disait : " il tue comme il respire ", n'a pas pu être jugé. Cette mort prématurée le soustrait à la justice des hommes. Malgré ses aveux, Paulin ne sera jamais que le suspect n°1.
     
     
    http://tueursenserie.wifeo.com/thierry-paulin-le-tueur-de-vieilles-dames.php
     
     
     
     
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    Le conseil de l'Europe et le Comité des Ministres devraient se pencher sur le rôle des juges en Europe..

     



    a ) Un juge doit appliquer des règles de droits et non porter atteinte à la dignité de la personne, aucun être humain de doit être considéré comme un objet ou un moyen.

    b) La possibilité pour un justiciable de poursuivre un juge pour son manque d'impartialité, refus de "contradictoire" ou encore violation de "l'égalité des armes"

    c) Selon le principe de "l’état de droit" , l’état doit sanctionner un juge qui rejette les obligations nées des traités, la responsabilité de l'état est engagée car ceci relève du droit international entre autres la loi de Nations (projet de code de "droit international public")....

    d) Selon les mécanismes des droits de l'homme, et démocratique, un Juge n'est pas plus souverain qu'un individu lambda, il faut donc reconnaitre une interdiction formelle a l"utilisation de la notion d'abus de droit ou d'abus de pouvoir, afin de rétablir que tous les droits de l'homme sont inhérents à tout être humain...

    Les Magistrats disposent de pouvoirs considérables sur la vie des citoyens mais, sous prétexte de leur indépendance nécessaire, c'est la seule profession n'ayant pas à rendre compte de ses décisions.

    Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, qu'il y ait des erreurs, beaucoup plus nombreuses que ne le croient ceux qui n'ont jamais eu à faire à la justice.

    Les erreurs judiciaires des Magistrats sont parfois corrigées avec les recours judiciaires prévus. (quand ceux-ci sont accessibles, et ne dur pas " ad vitam aeternam " malgré le droit a un recours effectif)

     



    Les fautes disciplinaires des Magistrats, notamment leurs fautes professionnelles lourdes (omissions ou erreurs d'interprétations des faits ou de la loi tellement graves qu'elles n'auraient pas dû échapper à leurs auteurs) ne sont jamais sanctionnées, privilège qu'ils sont les seuls à détenir.

     



    Les Magistrats qui contrôlent d'autres Magistrats ont d'abord le souci de la préservation de l'image de la justice, souci qui coïncide heureusement avec celui de leur solidarité corporatiste, ...

    Les victimes de la justice ne peuvent pas attaquer les Magistrats. Elles doivent d'abord attaquer l’état, ce qu'elles ne font pratiquement jamais.

    D'ailleurs, en cas de condamnation de l’état et alors que ce dernier peut se retourner contre les Magistrats, il n'a jamais exercé ce pouvoir.

    Voici les arguments principaux pour que la Cour de Cassation n'aurait pas du rejetter ma demande !

    Si le principe de tutelle en France est de priver une personne handicapée mentale de ses libertés individuelles, (comme sa libre circulation pour rendre visite en son frère ainé et son papa en France, car la France prefère placés nos jeunes handicapes en Belgique) il nous faut conscientiser que les dispositions relatives aux droits des personnes handicapées en fonction de la Convention Internationale font « exception de nullité »...

    On entend par "exception de nullité" un argument que l'on soulève avant même d'évoquer le fond de l'affaire, et qui tend à voir annuler une pièce de la procédure ou, éventuellement, l'ensemble de la procédure, en raison de la violation par l'une des parties (demandeur, défendeur, forces de l'ordre, administration fiscale, magistrat du siège, magistrat du parquet, etc.) d'une disposition essentielle du droit.

    La hiérarchie des normes par les obligations et les dispositions nées des traités doit être considérée comme "une primauté du droit," afin de relever, de garantir et mettre en cohérence les droits de l'homme et l' 'état de droit.

    Rappelant les principes proclamés dans la Charte des Nations Unies selon lesquels la reconnaissance de la dignité et de la valeur inhérentes à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde,

    Reconnaissant que les Nations Unies, dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans les Pactes internationaux relatifs aux droits de l'homme, ont proclamé et sont convenues que chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés qui y sont énoncés, sans distinction aucune,

    Reconnaissant l'importance pour les personnes handicapées de leur autonomie et de leur indépendance individuelles, y compris la liberté de faire leurs propres choix, Conscients que l'individu, étant donné ses obligations envers les autres individus et la société à laquelle il appartient, est tenu de faire son possible pour promouvoir et respecter les droits reconnus dans la Charte internationale des droits de l'homme,

     

     

     

     

     

     

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  • Affaire des disparues de l'Yonne: les amis... par JaneBurgermeister 

     

     

    AFFAIRE Claude Dunand le tortionnaire
     
    ( Appoigny - Yonne ) similaire à l'affaire émile Louis
     
    Claude Dunand, l’ancien « tortionnaire d’Appoigny », condamné à perpétuité, bénéficie depuis le 1er juin dernier d’un régime de semi-liberté. Pour bonne conduite...( 2001 )
     
    Réclusion criminelle à perpétuité au terme d’un délibéré de 6h30 ! En novembre 1991, la justice rattrapait définitivement Claude Dunand, le « tortionnaire d’Appoigny », qui avait sévi dans une commune de l’Auxerrois. Personne n’a, depuis, oublié ce fait divers hors du commun, bestial. Trois jeunes femmes (dont l’une ne sera jamais retrouvée), séquestrées dans le pavillon de Dunand, furent soumises aux pires sévices, viols, actes de barbarie et autres atrocités. Leur calvaire durera plusieurs mois. Esclaves sexuelles d’un monstre, bon père le jour, tortionnaire la nuit, n’hésitant pas à les vendre à une trentaine de clients dont deux seulement seront inquiétés par la justice.
     
     
     
    Auxerre, son vin, ses bonnes tables, son club de foot. Et ses affaires.
      
    Outre Émile Louis et les « disparues de l’Yonne », il y a une autre affaire. Tout aussi sordide. Tout aussi étrange dans sa succession d’inerties judiciaires, d’erreurs de procédure, de pièces à conviction volatilisées, d’absence de coupables.
      
      
    C’est le réseau sado-masochiste organisé par un homme, chauffeur lui aussi comme Émile Louis, Claude Dunand.
     
     
      
      
    bon ben, rien de nouveau a l’ouest
    les assassins sont protegés
    par les copains juges avocats, notables, hommes politiques
    et si on l’ouvre on vous execute.
     
     
     
     
     
     
     Le tortionnaire d’Appoigny se présente comme un monsieur « tout le monde » , VRP pour une société de produits surgelés,  entraîné par son épouse dans l’échange puis les clubs sado-masochistes.

    Il prétendra ensuite ne pas comprendre l’enchaînement qui le fera devenir un tortionnaire, on le plaindrait presque …

    Les faits parlent d’eux-mêmes, le couple monstrueux Claude et Monique Dunand va prendre l’habitude pendant toutes les années 70 de commettre les pires saloperies pour le compte de leurs bien particulières relations. À partir de 1981 les exactions s’organisent sur le mode d’une routine. Les Dunand recrutent par annonce une « jeune fille pour s’occuper d’une personne âgée » dans leur pavillon, allée des Violettes à Appoigny, près d’Auxerre. Une des victimes est ferrée en octobre 1983, il s’agit d’Huguette, handicapée mentale légère sous la tutelle de la DDASS.

    Les Dunand et leurs amis vont lui réserver un comité d’accueil à leur façon, pieds et mains enchaînés, fixée à un tuyau elle sera fouettée par ces malades. Le lendemain Claude Dunand va la violer. Puis, ils l’attacheront nue sur une des madriers croisés dans la cave aménagée en salle de torture,afin de la livrer à une bonne centaine de clients répertoriés dans la région, mais aussi ailleurs en France et également en Suisse et en Allemagne.

    Ce qui attend les jeunes filles ainsi enfermées fait l’objet d’un abject menu tarifé de 200 francs les coups de cravache à 800 francs pour des brûlures à la cigarette sur le clitoris en passant par le perçage par aiguilles à 300 francs ou encore les décharges électriques. Pour le reste elles sont régulièrement violées et nourries à la pâté pour chiens, certaines comme Huguette sont forcées à boire leur urine !

    Le calvaire durera jusqu’au 20 janvier 1984, date à laquelle une des torturées réussit à prendre la fuite. Elle se réfugie à l’hôpital d’Auxerre et signale la présence sur place d’une autre jeune fille. Pourtant il faudra attendre le 23, un lundi pour que la police soit envoyée afin d’arrêter le couple Dunand. Dans le pavillon se trouve bien cette autre victime qui les subissait dans la cave depuis une semaine.

    Beaucoup de matériel sado-maso est retrouvé, mais aussi des carnets d’adresses de relations dont le plus important dit « le carnet noir » va très opportunément disparaître lors de l’instruction. D’autres répertoires sont trouvés dans le pavillon mais « n’auraient pas été exploitables ».

    Les deux « clients » poursuivis seront arrêtés, pincés sur place, pensant se rendre à une des séances particulières des Dunant, ils débarqueront en pleine perquisition.

     

    Ces deux là d’ailleurs décèderont avant de comparaître en cours d’assises et n’auront que le temps de mentionner l’existence d’une des torturées dont Dunand avait dit « s’être débarrassé ». Quant à Monique Dunand elle cirait tellement bien ses escaliers qu’elle s’y tuera aussi d’un vol plané avant audience.

    Une organisation de pédocriminels protégés est évoquée un moment par Dunand, qui explique que des jeunes filles étaient enlevées et vendues aux enchères, que certaines étaient tuées rapidement. Mais il se rétracte et ne lâchera plus rien. Une de ses victimes dira que Dunand parlait souvent de « l’organisation » qui lui donnait ses ordres.

    En novembre 1991, la cour d’Assises de l’Yonne le condamne à la réclusion à perpétuité pour  séquestrations et viols accompagnés d’actes de torture et de barbarie.

    Mais qui était les victimes, pourquoi leur disparition n’inquiétait-elle pas ?

    Les torturées d’Appoigny identifiées sont au nombre de trois seulement. Ce sont des victimes  à peine majeure comme Huguette M et Mickaëlla G.

    Des cibles faciles comme le sont les jeunes placés auprès de la protection de l’enfance.

    D’ailleurs, le monde est petit, Huguette M était justement placée à Montmercy puis au foyer d’Auxerre, Mickaëlla a fait un passage dans un foyer de l’APAJH. Ce même foyer qui servait de terrain de chasse à Émile Louis. En creusant un peu plus on trouve le vivier des Dunand et il vient bien de la DDASS. Pour Claude Dunand ce sont des victimes faciles, comme il s’en explique, elles n’ont pas de famille et la DDASS a trop à faire, pour les rechercher.

    Christian Jambert, le suicidé opportunément, avait aussi établi que le monde n’est pas si petit et que la coïncidence n’en était pas une. Il prouve qu’Émile Louis et Claude Dunand ont des amis communs, qu’ils ont travaillé l’un et l’autre à la gare routière d’Auxerre et habité dans un même village : Migennes. Il a prétendu qu’Émile Louis aurait amené des jeunes filles au couple Dunand puis en aurait enterré.

    Maître Didier Seban, avocat des familles victimes a fait le compte des jeunes filles mortes ou disparues dans la région d’Auxerre, elles se chiffrent à une trentaine entre 1965 et 1990, toutes n’ont pas été retrouvées et il pourrait y en avoir encore d’autres !

    Citons Lucette Evain, dont le cadavre est retrouvé sur un terrain vague en 1970, enfant de la DDASS, le rapport d’autopsie a disparu mais l’enquête est vite bouclée : suicide.

    Marie-Angèle Domece, encore une enfant de la DDASS, disparue en juillet 1988, classée.

    Elisabeth Fontaine, disparue au bord de l’Yonne, les parents écrivent sans succès au procureur à deux reprises, pas de réponse, dossier clos.

    Nous ne savons rien de plus sur les victimes et les clients de Claude Dunand.

    Quant à Dunant, il sera incarcéré à la prison d’Enzisheim, proche de Mulhouse, où il semblera bénéficier d’un régime de faveur.

    Il est remis en semi-liberté au 1er juin 2001 pour bonne conduite, puis bénéficie d’une libération conditionnelle le 1er janvier 2002. Certains pensent qu’il aurait été récompensé de son silence, mauvaises langues va !

     

     

     

    SOURCES

    super blog -  https://comitecedif.wordpress.com/2011/11/18/les-torturees-dappoigny/

     
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    DANTE (LA DIVINE COMÉDIE) :
    Le poète et le crime

     

    Document établi à partir des traductions et notes
    d’Alexandre Masseron (éd. Albin Michel)
    et d’André Pézart (éd. Gallimard)

     

     

     

    Dante Alighieri - (Florence - Galerie des Offices)

    Comme le ferait un moraliste ou un pénaliste, avec « La Divine Comédie » Dante s’attache aux diverses sortes d’actions humaines.

    Quant à leur qualité, il distingue entre les actions tenues pour bonnes, les actions constituant des péchés et les actions caractérisant un crime. Si les premières méritent une récompense, les deuxièmes appellent une expiation, tandis que les troisièmes exposent à la damnation.

    Nous suivrons le poète au fil de son voyage dans l’au-delà. Sa quête, qui commence par l’Enfer et se poursuit par le Purgatoire, s’achève au Paradis.

    Dante Alighieri
    - Photo J-P Doucet -

     

     

    I - L’Enfer : la damnation

    Au dessus de la porte de l’Enfer, porte que ne franchit aucune âme vertueuse, une inscription :

    Par moi, on entre dans le domaine des douleurs…

    C’est la Justice qui inspira mon sublime créateur…

    Vous qui entrez ici, perdez toute espérance.

     

    En effet, les peines infligées aux damnés sont perpétuelles. Prononcées pour l’éternité, elles ne laissent place à aucun espoir de rédemption.

     

     

    A - Haut enfer.

    Les lâches sont parqués hors de l’enceinte de l’Enfer.

    Vestibule : les lâches. Séjournent dans ce vestibule la foule innombrable de ceux qui n’eurent pas eu le courage de prendre parti pour le bien contre le mal, de ceux qui vécurent sans infamie mais sans vaillance. N’ayant jamais été de vrais vivants et n’appelant dès lors que le mépris, ils errent, nus, harcelés par des taons et des guêpes. Dante y place Ponce Pilate, Ésaü et Célestin V qui abdiqua la papauté.

    C’est l’Achéron qui marque la frontière de l’Enfer.

    Premier cercle : les païens et infidèles. Il s’agit du Limbe, où se situe le château des âmes vertueuses et des hommes illustres qui n’ont pas eu l’heur de connaître le Christ, qui ne peuvent dès lors voir Dieu, mais qui ne subissent naturellement aucun supplice. S’y côtoient Homère, Horace, Lucain, Lucrèce, Ovide, Platon, Sénèque, Socrate… et Saladin dont la vertu était reconnue par ses adversaires.

    C’est après ce premier cercle que commence l’Enfer proprement dit.

    A l’entrée siège Minos, juge des enfers : il s’enquiert des fautes commises ; chaque âme confesse les siennes ; il les soupèse et fixe à chacune le cercle où elle subira son châtiment.

    Sont condamnés ceux qui ont pleinement vécu dans le péché, ceux qui ont succombé délibérément au vice, ceux qui ont adhéré au mal sévissant sur la Terre.

    Deuxième cercle : les luxurieux.

    Il s’agit de ceux qui ont fait passer le plaisir charnel avant la plénitude spirituelle, au mépris de la raison. Ils sont précipités dans un lieu sans lumière ,balayé par un ouragan infernal qui les roule comme des galets sur une plage. Pour eux, pour Achille, Cléopâtre, Hélène de Troie, Pâris, Sémiramis ou Tristan, nul repos, nul réconfort, nul espoir.

     

    Troisième cercle : les gourmands.

    Le cercle réservé aux goinfres est celui d’une pluie éternelle, composée d’eau noirâtre et pesante, de neige et de grêle, rendant la terre puante. Les banqueteurs y sont déchiquetés à leur tour par Cerbère aux trois gueules. Ils resteront là jusqu’au jour du Jugement dernier. Dante évoque à cet égard un certain Ciacco, dit le « pourceau », beau parleur, gai compagnon, qui passait de festin en festin.

     

    Quatrième cercle : les avares et prodigues.

    Dante met ces deux extrêmes que sont les avares et les prodigues les uns en face des autres, roulant de lourds rochers, se heurtant et s’injuriant mutuellement : « Pourquoi amasses-tu ? », « Pourquoi prodigues-tu ? ». Leur vie a été si abjecte, que leur visage est noir au point de n’être plus reconnaissable. En effet, pour Dante « de la passion pour la richesse découle tout le mal de l’univers » ; il déplore que cède à cette tentation tant des gens d’Église que des laïcs.

     

    Cinquième cercle : les coléreux.

    Les coléreux, qui ont laissé de noires fumées anéantir leur raison, sont plongés dans un bourbier ;là ils se frappent le corps des mains et des pieds, ils se déchirent aussi de leurs dents. De même qu’ils ont vécu sous l’empire de la colère, de même ils se trouvent enfoncés dans la vase des berges du Styx.

    Justement, le Haut enfer est séparé du Bas enfer par le Styx.

     

    B - Bas enfer.

    Sixième cercle : les hérétiques. Les hérésiarques et les hérétiques leurs disciples, qui ont été des diviseurs, sont couchés dans des tombes dont le couvercle n’est pas fermé. Entre ces fosses jaillissent des flammes éparses dont la chaleur est proportionnelle à la gravité de leurs errements. On y trouve notamment Épicure et ses disciples, pour avoir enseigné que l’âme meurt avec le corps ; et même un pape, qui ne reconnaissait au Christ qu’une nature humaine (sur son tombeau, cette inscription : « Je garde la pape Anastase, que Plotin fit sortir de la voie droite »).

    Les trois cercles suivants sont réservés aux esprits maudits, à ceux qui ont pratiqué l’injustice, à ceux qui ont fait du tort à autrui que ce soit par la violence ou par la ruse.

    Mais, observe le poète, alors que la force est inscrite dans la nature humaine pour sa sauvegarde, la fraude est le fait de l’homme lui-même. C’est pourquoi Dieu sanctionne moins sévèrement les violents que les fraudeurs.

     

    Septième cercle : les violents.

    Ce cercle accueille les gens qui se sont rendus coupables de violence. Comme leur agression a pu être dirigée contre leur prochain, contre eux-mêmes ou contre Dieu, trois enceintes ont été prévues.

     

    1° Les violents envers autrui.

    Les personnes qui emploient la force envers autrui peuvent s’en prendre, soit à sa personne (mort ou blessures), soit à ses biens (dégradation, incendie ou extorsion). Même si elles sont placées dans deux loges distinctes, de toute manière elles se trouvent sous la surveillance du Minotaure et elles sont plongées dans un fleuve de sang.

     

    Les violents dans la personne d’autrui.

    Ceux qui tuèrent ou causèrent volontairement des blessures à leur prochain subissent leur peine dans la première loge. Leur supplice consiste à être plongés dans du sang bouillant, plus ou moins profondément selon la gravité de leurs crimes. Parmi ces damnés : Denys de Syracuse, Assolin qui tyrannisa Padoue et Guy de Montfort qui assassina pendant la Sainte messe un fils de Richard d’Angleterre.

    Les violents dans les biens d’autrui.

      

    « O aveugle cupidité, observe Virgile, qui nous éperonnes si fort pendant notre courte vie, tu nous plonges dans du sang bouillant pour la vie éternelle ». Tel est du moins le cas pour les pirates, les pillards, tel Attila, et les brigands, tel un certain Rinier Pazzo auteur de pillages et de meurtres en 1267-1268.

     

    2° Les violents envers eux-mêmes.

    L’homme exerce parfois des violences sur lui-même, que ce soit sur sa personne ou sur ses biens. Celui qui a commis cette faute est dirigé vers une deuxième enceinte, où il aura à pleurer de s’être lui-même privé de la béatitude qui lui était promise.

    Les suicidés.

    Dès que l’âme quitte le corps dont elle s’est elle-même détachée, Minos l’envoie dans la septième fosse. En effet, pour Dante, l’homme n’a pas loisir de fuir le combat pour le bien qui doit être le but de sa vie. Le suicidé est transformé en buisson, dans la « forêt des douleurs », ce qui lui fait perdre jusqu’à l’apparence humaine. Le poète ayant cassé une branche d’un buisson, il en sort du sang et des plaintes ; il s’agit de Pierre de la Vigne, jadis Conseiller de Frédéric II de Hohenstaufen : injustement accusé de trahison il se suicida dans sa prison.

     

    Les dissipateurs.

    Puisqu’elles ont dilapidé leurs biens au lieu de les faire fructifier pour le bien commun, les ombres des dissipateurs sont déchiquetées lambeaux par lambeaux, par des chiennes noires, féroces et avides qui les pourchassent à travers la Forêt des douleurs.

     

    3° Les violents envers Dieu.

    Enfin on peut faire violence à la Divinité, soit en la niant et en la blasphémant elle-même, soit en méprisant la Nature qu’elle a créée et ses fins. C’est dans une troisième enceinte que se rend celui qui a le mépris de Dieu dans le cœur et sur les lèvres ; elle consiste en un désert de sable sec et serré, où errent des âmes nues, et sur lequel tombe une pluie lente mais continue de larges flocons de feu.

     

    Les sodomites.

    Selon Dante les sodomites portent atteinte à Dieu en ce qu’ils enfreignent une loi fondamentale de la Nature, qui est celle de l’amour fécond. Ils doivent marcher sous la pluie de feu (qui évoque Sodome) sans jamais s’arrêter. Dante y rencontre nombre de Florentins.

     

    Les usuriers.

    Dieu invite l’homme à se procurer ses biens spirituels et temporels, à partir de la nature, par le fruit de son travail. L’usurier viole ce commandement, puisqu’il prospère en faisant payer à un taux excessif de l’argent nécessaire à autrui. Le supplice qui lui est réservé est de demeurer assis, sous la pluie de feu, portant au cou une bourse marquée d’un signe distinctif. Là encore Dante ne cite guère que quelques Florentins.

     

    Les blasphémateurs, en pensées, en paroles ou en actes.

    Sans pouvoir prendre le moindre repos, ils s’efforcent d’écarter de leur peau les flammèches qui s’y déposent et les brûlent intensément. Dante prend comme exemple Capanée, géant impie qui, lors du siège de Thèbes, défia et injuria Jupiter (le crime de lèse-Majesté divine est général) ; mais aussi Accurse, professeur de droit à Bologne, l’un des plus grands glossateurs de son temps (qui s’éloignait trop de l’esprit de la loi divine).

     

    Huitième cercle : les fraudeurs.

    La fraude, qui heurte profondément la conscience, est employée tantôt envers quelqu’un qui accorde sa confiance, tantôt envers quelqu’un qui la refuse. Sont assignés dans le huitième cercle ceux qui recourent à l’hypocrisie, l’adulation, la sorcellerie, la fausseté, le vol, l’escroquerie, la simonie, la concussion et autres procédés semblables. Ces fraudeurs sont répartis dans dix fosses circulaires dites bolges.

     

    1° Les séducteurs pour eux-mêmes, ou pire pour autrui.

    Répartis en deux troupes, ils courent sans cesse, poursuivis et fouettés par des démons cornus armés de grands fouets. À l’un d’eux qui s’arrête, un démon crie : « Marche, ruffian ! ici il n’y a pas de femmes à vendre ! ». Parmi ces séducteurs : Jason, qui trahit Médée ; et un certain Venedico qui prostitua sa sœur Guiselabelle au marquis de Ferrare.

     

    2° Les adulateurs.

    Dante voit les flatteurs et les flagorneurs plongés dans des excréments paraissant tirés de latrines humaines. L’un avoue : « C’est dans ce bas-fond que m’ont plongé les flatteries dont je n’eus jamais la langue rassasiée ». Parmi eux Thaïs, une prostituée qui avait particulièrement encensé son amant.

     

    3° Les simoniaques.

    Ayant trafiqué, contre argent, de choses saintes, les simoniaques sont plongés la tête la première dans des trous évoquant des bourses, d’où ne sortent que leurs jambes qu’ils agitent furieusement sous l’effet de flammes leur brûlant les pieds. Le premier d’entre eux fut Simon le Magicien, qui tentât d’acheter des Apôtres le pouvoir de communiquer le Saint-Esprit aux fidèles par l’imposition des mains ; mais Dante y place également des papes qui s’étaient fait un dieu d’or et d’argent, tel Nicolas III Orsini.

     

    4° Les devins et jeteurs de sorts.

    En prétendant lire dans un avenir qui n’appartient qu’à Dieu, les devins commettent un péché. Pour l’expier, ils sont condamnés à marcher à reculons, la tête tournée vers l’arrière ; en sorte que chacun d’eux est tordu, le visage tourné vers ses reins, ses larmes coulant sur ceux-ci. Parmi les plus connus, Tirésias, à la fois homme et femme ; Aruns, qui prédit la guerre entre César et Pompée, et Michel Scot particulièrement renommé comme astrologue.

     

    5° Les baratiers, trafiqueurs et concussionnaires.

    C’est dans cette cinquième bolge que Minos envoie ceux qui se sont livrés à des trafics d’argent, notamment les concussionnaires. Elle est emplie de poix épaisse et brûlante dans laquelle sont plongés les damnés ; ils ne peuvent en sortir sans se faire harponner par des diables. Un de ces derniers affirme que l’on y trouve nombre d’habitants de Lucques qui, pour de l’argent, font d’un « non » un « oui ».

     

    6° Les hypocrites.

    Les hypocrites, qui cachent sous une feinte sincérité leur fourberie foncière, subissent comme d’autres une sorte de peine du talion. Ils portent une lourde chape, aux capuchons baissés devant les yeux, toute dorée à l’extérieur, mais de plomb à l’intérieur ; leur poids les fait marcher très lentement, mais pour l’éternité. Comme exemple de la « gent pourpeinte » dont le visage affiche des sentiments qu’ils n’éprouvent pas, Dante met en scène deux frères d’un ordre religieux dégénéré, dont le seul but était la recherche de leur propre plaisir.

     

    7° Les voleurs.

    La septième fosse est emplie de toutes sortes de serpents qui ont pour mission de lier dans le dos les mains des voleurs, ces mêmes mains dont ils ont fait si mauvais usage pendant leur vie. Ainsi, d’un certain Cacus qui vola le troupeau d’un voisin, et périt sous la massue d’Hercule ; ou de Vanni Fucci qui, en 1293, vola dans la cathédrale de Pistoia le trésor de la chapelle Saint-Jacques.

     

    8° Les conseillers perfides.

    Parvenu à la huitième fosse, Dante ne voit qu’une multitude de flammes. Sous chacune se trouve un fourbe qu’elle empêche de distinguer. Par exemple Ulysse, le guerrier « aux milles tours », qui pleure la ruse ayant permis aux Grecs de détruire Troie. Ou encore Guido de Montefeltro, un chef gibelin, qui dit : « Les ruses je les connus toutes, et en fis si bien usage que le bruit s’en répandit jusqu’aux confins de la terre. Mes œuvres ne furent pas celles d’un lion mais d’un renard ».

     

    9° Les semeurs de discorde et les schismatiques.

    Dans la neuvième loge se trouvent ceux qui furent de leur vivant semeurs de division, de scandale et de schisme ; damnés pour avoir opposé des hommes entre eux, leur corps est ici coupé en deux. Bertrand de Born décrit ainsi son sort :

    « Je suis celui qui donna au jeune roi des conseils perfides ; je mis aux prises le père et le fils ; pour avoir séparé des êtres aussi unis, je porte mon cerveau séparé de mon tronc ; ainsi s’observe en moi la loi du talion ».

     

    10° Les falsificateurs.

    A l’intérieur de cette dixième et dernière division du huitième cercle « la Justice infaillible punit tous les faussaires ».

    Dante distingue quatre cas.

     

    Les falsificateurs de métaux et alchimistes.

    L’un d’entre eux, Griffolino d’Arezzo précise qu’il a été envoyé dans la dernière des dix fosses parce que sur terre il pratiquait l’alchimie. Gisant sur le sol, rongés par la gale, la lèpre, des démangeaisons sans fin, de leurs propres ongles ils se grattent furieusement et sans fin (cette peine semble inspirée des maladies que peuvent contracter ceux qui manipulent certains métaux).

    Les falsificateurs de personnes.

    Dante fait entrer dans cette catégorie les individus qui se sont faits passer pour un autre afin d’obtenir certains avantages. Devenus fous furieux, sous l’empire de la rage, ils se poursuivent et s’infligent de cruelles morsures. Ainsi, Giani Schicchi de Florence : sur la prière d’un certain Simone, qui se savait déshérité par son oncle, il se grima en vieillard, se coucha dans le lit où l’oncle venait de mourir, et dicta un testament en faveur de son ami, sans s’oublier au passage.

     

    Les falsificateurs de monnaies.

    Les faux-monnayeurs, pour leur part, sont frappés d’hydropisie ; ils soupirent après une seule goutte d’eau, mais ils ne sauraient en trouver dans ce lieu. L’un reconnaît qu’il falsifia l’alliage qui porte le sceau de St Jean-Baptiste ; un autre, Maître Adam, avoue avoir frappé des florins d’or qui contenaient trois carats de métal impur, ce pourquoi il fut brûlé vif.

     

    Les falsificateurs de paroles.

    Les fourbes sont atteints d’une fièvre si aiguë qu’ils transpirent de tous les pores de la peau au point de répandre une fumée à l’odeur fétide. Voici le supplice qu’endure Sinon, ce grec qui parvint à persuader les Troyens de faire entrer dans leur ville le cheval imaginé par Ulysse ; ou encore la femme de Putiphar, qui accusa faussement Joseph d’avoir voulu la violer.

     

    Neuvième cercle : les traîtres.

    En ce dernier cercle coule l’un des fleuves de l’Enfer : le Cocyte, un fleuve de glace ; les traîtres y grelottent dans un froid éternel. Dante les apostrophe ainsi : « Plèbe maudite entre toutes, rejetée dans ce lieu dont il est terrifiant de parler, mieux eût valu pour vous que vous eussiez été des brebis ou des chèvres » ; en effet des animaux, eux, ne trahissent pas !

     

    1° Les traîtres envers leurs parents.

    Ce sont des ombres dolentes prises dans la glace ; leur visage est violacé de froid, elles claquent des dents. Cette subdivision a pour nom évocateur la « Caïnat ». Le poète y place notamment deux frères Mangona, l’un gibelin, l’autre guelfe ; ils furent toujours en conflit et finir par s’entretuer.

     

    2° Les traîtres envers leur patrie ou leur parti.

    Ce deuxième cadran porte le nom d’« Anténora », en souvenir du prince Troyen Anténor qui aurait trahi Priam en ouvrant le cheval de Troie. Outre Ganelon, Dante y place Buoso de Duera à qui avait été confiée une solide troupe de gibelins mais qui, corrompu par les largesses du Prince, laissa passer l’armée de Charles d’Anjou,

    « Depuis il pleure le fin argent de France ».

     

    3° Les traîtres envers leurs hôtes.

    Ces derniers aussi sont pris dans la glace, mais la tête renversée en arrière afin que le gel empêche leurs larmes de couler. Cette zone est dite de la « Tolomea », du nom de ce Prolémée qui fit tuer dans un banquet Simon Maccabée. Dante y voit un certain Alberigo, qui fit tuer traîtreusement des ennemis au cours d’un festin auquel il les avait conviés en donnant ce signal « Qu’on serve les fruits ». Il y place aussi un certain Branca d’Oria : désirant prendre la place qu’occupait son beau-père, il l’invita dans son château, où il le fit assassiner par ses hommes.

     

    4° Les traîtres envers leurs bienfaiteurs.

    L’ultime région de ce dernier cercle, dite de la « Judaïque », reçoit les pires criminels : ceux qui ont trahi leur bienfaiteur. Ils sont entièrement pris dans la glace tels des fétus dans du verre, quand ce n’est pire. Pour s’en tenir à trois noms, citons : Judas Iscariote qui trahit Jésus, Brutus et Cassius qui trahirent César au point de participer à son assassinat.

    On peut observer que l’Enfer s’ouvrait avec les lâches et culmine avec les traîtres. Cette échelle des valeurs est révélatrice des généreuses convictions de Dante.

     

    II - Le Purgatoire : l’expiation.

    Au Purgatoire, montagne de purification cernée de sept corniches, sont assignées les âmes de ceux qui ont commis l’un des sept péchés capitaux, mais qui peuvent néanmoins être amendées. Le gardien des lieux est le stoïcien Caton d’Utique, homme vertueux s’il en fût, défenseur passionné des libertés républicaines.

    La peine rédemptrice infligée aux âmes dirigées vers le purgatoire est en rapport avec le vice auquel ils ont succombé. Un ange leur rappelle un passage des Béatitudes. Des exemples leur sont proposés.

     

    Première corniche : l’orgueil.

    Péché contre l’humilité, commis notamment par Lucifer et par la vielle de Troie. Expiation : portant une lourde pierre, les orgueilleux marchent courbés vers le sol, les yeux dirigés vers la terre, battant leur coulpe. Ils paraphrasent le Notre Père ; un ange leur rappelle que seront heureux les pauvres en esprit. Modèles : Marie, David et Trajan.

     

    Deuxième corniche : l’envie.

    Péché contre l’amour commis par Caïn ; mais aussi par la siennoise Sapia, pour s’être réjouie des malheurs d’autrui plutôt que de son propre bonheur. Expiation : ayant jeté des regards envieux sur les biens d’autrui, les envieux se retrouvent les paupières cousues. Ils récitent la litanie des saints, alors qu’un ange chante : heureux les miséricordieux. Exemple à suivre : Marie, Oreste.

     

    Troisième corniche : la colère.

    Péché contre la douceur commis par Marc le Lombard. Expiation : ayant cédé à un élan du corps qui obscurcissait leur intelligence, les coléreux marchent entourés d’une épaisse fumée âcre qui les empêche de voir et de sentir. Ils entonnent l’Agnus Dei, pendant qu’un ange chante : heureux les pacifiques. Modèle : Marie, Pisistrate, St Étienne.

     

    Quatrième corniche : l’acédie (paresse spirituelle).

    L’acédie est un péché contre la sollicitude, remontant aux pères de l’Église, qui consiste, par indolence ou dégoût, à ne pas s’efforcer d’atteindre au beau, au bien, au bon, au pur, au vrai. Il a été commis par les troyens en fuite qui refusèrent de suivre Énée jusqu’au terme de la longue quête qui finit par le conduire dans le Latium. Puisqu’ils ont été négligents dans l’accomplissement de leur mission sur Terre, ces pécheurs sont contraints de courir en pleurant autour d’une montagne, tandis qu’un ange chante l’une des Béatitudes : heureux les affligés. Exemples : la Sainte-Vierge… et Jules César.

     

    Cinquième corniche :

    l’avarice et la prodigalité. Premier des trois vices liés aux biens terrestres, l’avarice est un péché contre la générosité ; il a notamment commis par Midas et par Crassus, puisqu’ils thésaurisaient sans souci de l’intérêt général. Les avares sont étendus sur le sol, face contre terre, pieds et poings liés. Ils confessent que leur âme était rivée aux biens matériels : Adhaesit pavimento. Un ange chante la quatrième Béatitude : Beati qui esuriunt. En modèle de pauvreté et de libéralité : Marie, St Nicolas, et Frabricius, consul romain qui refusa un don gracieux des Samnites à qui il avait fait accorder la paix par le Sénat.

    Sixième corniche : la gourmandise.

    La gloutonnerie est un péché contre la tempérance ; il a été reproché au pape Martin IV, saint homme au demeurant, mais si bon vivant qu’il aurait trop aimé les anguilles du lac de Bolsena et le vin blanc de Vernaccio. La peau sur les os, les gloutons passent et repassent devant deux arbres qui suscitent leur faim et leur soif. ; ils subissent le classique supplice de Tantale. Ils prient Labia mea Domine, tandis qu’un ange chante la seconde partie de la quatrième Béatitude : heureux ceux que les attraits du goût n’excitent pas d’un trop vif désir de se gorger. En exemple, l’Âge d’or et St Jean-Baptiste qui se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

     

    Septième corniche : la luxure.

    C’est le péché contre la chasteté perpétré à Sodome et à Gomorrhe, mais tout autant en Italie du temps de Dante. Les luxurieux marchent dans un brasier, cernés par les flammes qui aseptiseront la blessure laissée par leur débauche ; l’un d’eux précise : « Je suis Guido Guinizelli, je me purifie, m’étant déjà repenti avant ma dernière heure ». Ils prient pour la clémence de Dieu (Summae Deus clementiaie), pendant qu’un ange entonne Heureux les cœurs purs. L’exemple à suivre est bien évidemment la Sainte-Vierge.

     

    III - Le Paradis : la récompense.

    Le Paradis comporte d’abord sept ciels planétaires :

     

    Premier ciel : Ciel de la Lune.

    Pour les esprits qui ont manqué à leurs vœux sous la pression des événements, tel Alcméon qui se montra impie pour ne pas perdre la piété, ou Piccarda Donati qui fut contrainte par sa famille de quitter le couvent où elle était entrée par vocation.

     

    Deuxième ciel : Ciel de Mercure.

    Pour les esprits actifs et bienfaisants, tel Justinien qui s’efforça de restaurer la civilisation romaine, notamment sa législation.

     

    Troisième ciel :Ciel de Vénus. Pour les esprits aimants, tel Folquet de Marseille, troubadour du XIIe siècle qui porta très haut la poésie courtoise, finit par entrer dans les ordres et devint abbé du Thoronet (Dante entend souligner l’importance de la poésie dans la vie sociale).

     

    Quatrième ciel : Ciel du Soleil.

    Pour les docteurs et théologiens, tel St Thomas d’Aquin qui sert ici de guide à Dante, après s’être présenté comme « un agneau du troupeau de St Dominique ».

     

    Cinquième ciel : Ciel de Mars.

    Pour les chevaliers du Christ, tels Charlemagne, Godefroy de Bouillon ou Robert Guiscard, fils de Tancrède d’Hauteville, qui chassa les sarrasins de la botte italienne et de Sicile.

     

    Sixième ciel : Ciel de Jupiter.

    Pour les princes pieux, justes et sages, tels David, Trajan, Constantin, ou Guillaume II le Bon, roi de Sicile qui fut un souverain estimé et aimé par ses sujets.

     

    Septième ciel : Ciel de Saturne.

    Pour les esprits contemplatifs, tels St Benoît ou Pierre Damien qui occupa les plus hautes fonctions de l’Église avant de se retirer dans un couvent sous le nom de Pierre Pécheur.

    Ensuite le Ciel des étoiles, où figurent St Pierre et la foi, St Jacques et l’espérance, St Jean et la charité.

    Enfin, l’Empyrée, pure lumière où siègent Dieu, les anges et les bienheureux.

     

    * *

     

     

    SOURCES

    http://ledroitcriminel.free.fr/la_science_criminelle/hist_soc_

    crim/sociologues/dante_la_divine_comedie.htm

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  •  ou mobbing. Comment identifier le harcèlement moral pour s'adresser aux bonnes personnes

     

    Le harcèlement moral est une conduite abusive qui par des gestes, paroles, comportements, attitudes répétées ou systématiques vise à dégrader les conditions de vie et/ou conditions de travail d'une personne

    (la victime du harceleur).

    Ces pratiques peuvent causer des troubles psychiques ou physiques mettant en danger la santé de la victime (homme ou femme).

    Le « harcèlement moral » est une technique de destruction ; il n'est pas un syndrome clinique.

    Ce thème est situé au croisement de plusieurs domaines : médical, socioéconomique, sociopsychologique, judiciaire, éthique et du monde du travail.

    Il fait régulièrement la une de journaux : « le harcèlement au travail »,

    « le stress des cadres », « le burn out » (Syndrome d'épuisement professionnel)…

     

     

    La violence au travail

     

    Certaines formes d'organisation du travail ou certaines situations sont propices aux situations de violences données ou subies ; le mot travail a lui-même pour origine latine le mot tripalium (ou "trepalium") qui désigne un instrument de torture.


    Cette violence propre à la sphère du monde ou temps du travail fait, depuis un certain nombre d'années (et ainsi que ses répercussions sur la santé), l'objet d'études. Ces études sont menées par les médecins du travail, des psychologues et médecins psychiatres. Ils témoignent de pathologies nouvelles qui touchent aujourd'hui toutes les catégories de salariés: de l'employé ou l'ouvrier, aux cadres.

     

    Il s'agissait autrefois d' « un abus de force », une force généralement brutale utilisée pour soumettre quelqu'un par la contrainte physique. On est peu à peu passé de la notion de contrainte physique à celle de contrainte morale. Critiques de la notion de harcèlement moral en milieu professionnel[modifier]

     

    En France, le livre de Marie-France Hirigoyen Le harcèlement moral (1998) a contribué à faire mieux connaitre ce concept ainsi que celui de pervers narcissique. En 2012, il s'était déjà vendu à plus de 500 000 exemplaires

     

    À la suite de sa médiatisation, le concept de harcèlement moral a rencontré diverses critiques.

     

    Certains, comme le sociologue Jean-Pierre Le Goff ou encore certains militants syndicaux, reprochent à la notion de harcèlement moral de « psychologiser » des phénomènes plus vastes de maltraitance managériale ou le stress généré par l'intensification du travail.

     

    Ainsi parler de harcèlement et se concentrer sur la relation entre une victime et un pervers serait une manière de négliger le contexte d'apparition du harcèlement et les processus économiques et organisationnels sous-jacents.

     

    Une autre critique, issue du milieu de la gestion des ressources humaines, concerne plus spécifiquement les mesures politiques destinées à lutter contre le harcèlement moral.

     

    Plusieurs professionnels expriment ainsi, dans un dossier consacré au sujet par la revue Liaisons sociales, la pression que la possibilité de l'accusation de harcèlement moral fait peser sur leurs épaules.

     

     

     

    La loi s'immiscerait dans la gestion des entreprises et empêcherait toute réaction face aux employés incompétents tout en échouant à protéger les vraies victimes.

     

    Souffrance au travail

    Elle est souvent une conséquence de la violence au travail.

    Elle peut concerner toute la hiérarchie ;


    C'est un phénomène préoccupant, qui semble partout dans le monde et en forte progression.

    Les entreprises et les pouvoirs publics ont été conduits à prendre des mesures pour la prévenir et tenter de la réduire. Ils font pour cela de plus en plus souvent appel aux services de psychologues, psychiatres, de structures de soutien psychologique, de débriefing … après avoir créé dans les années 1970, 1980, les Directions des Ressources Humaines (DRH) qui ont remplacé les services du personnel, toutes deux prenant en charge la gestion des ressources humaines (le terme ressource remplaçant les mots personnel et employé).

     

    Le harcèlement au travail ou mobbing

    • Heinz Leymann (psychologue du travail, suédois) le définit en 1993 comme un processus de harcèlement d'une victime par un ou plusieurs persécuteurs à la suite d'un conflit banal. Il s'agit d'un processus auto-entretenu et répété sur une longue période qui se manifeste notamment par des comportements, des paroles, des gestes, des écrits unilatéraux, de nature à porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l'intégrité physique ou psychique de l'autre. Il a un effet destructeur sur l'équilibre psychique de l'individu et sur son insertion sociale.
    •  
    • « Les caractéristiques du mobbing sont les suivantes : confrontation, brimades et sévices, dédain de la personnalité et répétition fréquente des agressions sur une assez longue durée » ». Il aboutit presque toujours à une exclusion du salarié victime et aussi à de graves troubles psychiques ou physiques.
    •  
    • Pour M.Drida (1999)  : c'est une « souffrance infligée sur le lieu de travail de façon durable, répétitive et ou systématique par une ou des personnes à une autre personne par tout moyen relatif aux relations, à l'organisation, aux contenus ou aux conditions de travail en les détournant de leur finalité, manifestant ainsi une intention consciente ou inconsciente de nuire voire de détruire ».
    •  
    • Pour Christophe Dejours (2001), c'est la contrainte physique exercée sur la victime. Les causes des souffrances constatées sont la domination et l'injustice et elles créent des « « pathologies consécutives non seulement à un harcèlement ou à une persécution, mais à un contexte de solitude résultant d’une stratégie d’isolement par une technique de management visant la désagrégation de la solidarité et du collectif de travail» ].

      

      

    On distingue deux types de violence au travail

     

    • Une violence externe
    • le préjudice est causé par une personne extérieure à l'entreprise ; Cette violence peut concerner tous les individus qui occupent des métiers dans les entreprises de services, qui ont un rôle social: banques, commerces, transports de fond, poste, police, sécurité sociale, transports urbains… Les agressions engendrent des traumatismes psychiques et/ou physiques.
    •  
    • Une violence interne
    • exercée par une personne ou un groupe de personnes de l'entreprise. Sous le terme de violence interne, on rassemblera aussi bien le mobbing que le harcèlement moral et sexuel. Le harcèlement peut par exemple être utilisé pour pousser des salariés à la démission (une méthode a été décrite en détail par Gernot Schieszler, directeur du personnel de Telekom Austri).

    • On n'est plus ici dans un traumatisme violent et unique, survenant brutalement, mais face à des agressions répétées et durables, qui ont une finalité.

    • On distingue:
    - le « harcèlement institutionnel » qui participe d'une stratégie de gestion de l'ensemble du personnel : la violence ne relève pas d'un problème épisodique ou individuel mais d'un problème structurel qui relève d'une stratégie ;
     
    - le « harcèlement professionnel » organisé à l'encontre d'un ou plusieurs salariés précisément désignés, destiné à contourner les procédures légales de licenciement ;
     
    - Le « harcèlement individuel » pratiqué dans un but « gratuit » de destruction d'autrui et/ou de valorisation de son propre pouvoir ;

      

    Mécanismes en jeu

    Méthodes utilisées par le harceleur

    Les techniques de « mobbing » concernant un individu (« la victime ») comportent des agissements manipulatoires ;

     

    Un harceleur peut par exemple :

    • L'empêcher de s'exprimer normalement ;
    • Critiquer son travail ;
    • proférer des menaces (verbales, écrites ou téléphoniques), des médisances, calomnies (il (elle) est fou (folle), …) des attaques contre ses convictions,
    • Ignorer sa présence, refuser le contact ;
    • L'isoler ;
    • Interdire aux collègues de lui adresser la parole ;
    • La déconsidérer auprès des collègues ;
    • Atteindre à sa vie privée ;
    • La discréditer dans son travail : travaux inutiles ou humiliants, tâches supérieures aux compétences ;
    • Compromettre sa santé (en l'exposant à de mauvaises conditions d'hygiènes et sécurité au travail, voire par des agressions physiques)…

     

    Enjeux psychiques et psychosociaux

    La psychopathologie du travail étudie les gens au travail, sur le lieu de travail réel. Elle permet de comprendre comment les travailleurs parviennent à éviter la « maladie mentale ». Christophe Dejours a particulièrement étudié les nouvelles formes d'organisation du travail et la santé mentale.

      

    Dans son ouvrage Souffrance en France, il s'interroge sur les raisons qui conduisent les salariés à participer à des situations génératrices de leur propre souffrance ou de celle de leurs collègues.

      

    Le travail est source de satisfaction et de reconnaissance sociale. Les problèmes occasionnent des frustrations qui à long terme peuvent retentir sur le corps. Des mécanismes psychiques conscients et inconscients entrent en jeu pour tolérer la violence mise en place à laquelle les individus se résignent.
    La plupart des individus sauvent leur santé aux prix d'efforts décrits sous le terme de stratégies de défense individuelles mais aussi collectives.

      

    Lorsqu'une situation de travail recèle une menace pour l'intégrité physique ou psychique, les capacités d'action des salariés sont dépassées. Il faut faire avec la peur qui est incompatible avec la bonne poursuite du travail. Des pratiques de réassurance, de bravade, qui mettent en scène la capacité à faire face au risque peuvent alors aussi être des symptômes de situation de harcèlement.

    Pour Christophe Dejours « Les stratégies collectives de défenses contribuent de façon décisive à la cohésion du collectif de travail, car travailler n'est pas seulement avoir une activité c'est aussi vivre: vivre le rapport à la contrainte, vivre ensemble, affronter la résistance au réel, construire ensemble le sens du travail, de la situation et de la souffrance ».

    Un contrôle collectif sur l'expression de la subjectivité de chaque individu concourt à exclure toute parole sur la peur ou toute expression de crainte ou d'allusion à l'appréhension face à un danger insuffisamment contrôlé. Les stratégies de défense contre la souffrance impliquent souvent par la marginalisation et l'exclusion de ceux qui ne s'y conforment pas.

    Exemple : les concours chez certains cadres encore appelés les « cow boys », mettant en scène le cynisme, la capacité de faire encore « mieux » en termes de licenciement collectifdégraissage » en jargon), de tenir les objectifs annoncés… Ils montrent leur capacité à faire la sale besogne et sortent « grandis » par l'admiration de leurs collègues. Dans ce cas une pseudo-« virilité » joue un rôle majeur dans le zèle à faire le sale boulot, pour faire partie d'une forme d'élite de l'entreprise.

    La banalisation du mal

    Elle est favorisée par certaines dynamiques de groupe (par exemples construite autour de la compétition, la manipulation par un leader toxique (« Toxic leader » ) ou destructeur  la peur ou la notion de solidarité détournée par une construction contre un bouc émissaire…).

      

    Cette banalisation peut être aggravée par un tabou sur la question, ou par des comportements de manipulation s'appuyant par exemple sur la menace du risque de précarisation, d'exclusion sociale ou de licenciement, ou par des distorsions communicationnelles entretenant la croyance qu'il n'y a pas d'alternative à une logique de guerre économique.

    Selon Christophe Dejours, il se produit alors un clivage du moi : avec deux fonctionnements dans l'individu qui met celui-ci dans l'incapacité d'empathie et dans l'impossibilité à penser au malheur d'autrui. Il fait par exemple référence à la personnalité de Adolf Eichmann, le normopathe, et aux travaux de Hannah Arendt : l'individu se dote plus ou moins inconsciemment d'œillères.

      

    Ceci est plus facile pour celui qui n'est pas au contact direct avec la souffrance d'autrui, qui n'est pas à proximité immédiate et quotidienne du spectacle du travail

    (Exemple : un PDG pour qui les salariés sont dans un monde lointain). Le harceleur exerce alors une activité distanciée, par exemple dans les bureaux d'une entreprise, dans une administration (garantie de l' emploi) ou un secteur d'activité qui n'est pas touché par la menace.

     

    C'est aussi celui qui ne connaît l'injustice que filtrée par le truchement d'autrui.

     

    Les victimes des processus d'exclusion sont souvent celles qui pour une raison ou une autre ne sont pas en mesure de contribuer au déni collectif qui permet de tenir au travail quand il est effectué dans de telles conditions. Ce type de victime est bien souvent dans un rapport plus authentique au travail, et c'est pour cela qu'elles sont rejetées ou qu'elles ne peuvent pas réintégrer le travail.

    Les profils de harceleurs

    L'Observatoire du dialogue et de l’intelligence sociale (L'Odis) a publié une typologie des harceleurs dans son rapport L'état social de la France - 2004 [1] paru au Journal Officiel.

     

    Pour l'entreprise, cette grille d'analyse permet d'identifier les situations relevant réellement du harcèlement moral et fournit des réponses adéquates. L'auteur de cet ouvrage, Jean-François Chantaraud, propose quatre profils de harceleurs, croisements d'une personnalité, de pratiques et d'un environnement :

     

    • Le harceleur régulé.
    • C'est l'entreprise qui est en cause. Soit elle est désorganisée et génère une malveillance non voulue, soit elle crée volontairement des règles perverses. Les rapports de force et l'iniquité y sont la norme. C'est le cas lorsque l'on pousse quelqu'un à démissionner, plutôt que le licencier. Les pratiques du harcèlement peuvent être : l'impolitesse, l'isolement, l'humiliation, la discrimination, l'opposition systématique, la violence. Le remède consiste à remettre à plat toute l'organisation

     

    • Le harceleur pervers.
    • C'est la personnalité du harceleur qui pose problème.
    • Despotique, il souffre d'une absence de prise en compte de la dimension humaine, voire d'un complexe d'infériorité parfois masqué.
    • Le harcèlement se manifeste par une hostilité continue envers la victime : directivité à outrance, violence, dévalorisation, humiliation... Quelle que soit la culture de l'entreprise, celle-ci n'a d'autre choix que de sanctionner le harceleur par l’exclusion.
    •  
    • Le harceleur golriste.
    • Son crédo : le rire, il aime rigoler. Conscient de ses actes il place le rire au centre ainsi la souffrance de sa victime est pour lui sujet de boutade. Difficile à déceler le harceleur golriste fait rire tout le monde, alors pourquoi le sanctionner ?
    •  
    • Le harceleur carriériste.
    • Sa carrière est le centre de toutes ses préoccupations. Il accorde une importance démesurée aux attributs du pouvoir et veut constamment prouver sa capacité à faire respecter son autorité. Pour cela, il peut dépasser les bornes avec l'un de ses collaborateurs. Par la rétention voulue d'information, par exemple, il exclura les collaborateurs qui pourraient le gêner.
    •  
    • Son chef, voire son entreprise ou la direction des ressources humaines, doit alors le recadrer.
    •  
    • Le harceleur sous-dimensionné. Malgré ses valeurs humaines positives, il est sans malveillance mais ne comprend pas les rapports humains. Sous-dimensionné sur le plan managérial, Il fixe des objectifs trop élevés, peine à évaluer les compétences et ne sait pas déléguer. L'entreprise doit soit le former au management, soit le réorienter dans un rôle d’expert.

     

    Bruno Lefebvre, psychologue clinicien, a pu distinguer trois types de harceleurs « en dehors du pervers narcissique : celui qui est accro au travail et qui du coup en demande trop aux autres, le manager absent qui laisse dégénérer et ne soutient pas ses équipes et le manager télécommandé qui rejette sur d’autres la pression qu’il subit »

    Définitions juridiques

    Pour le Droit communautaire

    L'article 26 de la charte sociale européenne (traduite dans le droit français par le décret n°2000-110 du 4 février 2000. Article 26) précise le « Droit à la dignité au travail ». Les parties s'engagent, en consultation avec les organisations d’employeurs et de travailleurs :

    1. - à promouvoir la sensibilisation, l’information et la prévention en matière de harcèlement sexuel sur le lieu de travail ou en relation avec le travail, et à prendre toute mesure appropriée pour protéger les travailleurs contre de tels comportements. 

     

    1. - à promouvoir la sensibilisation, l’information et la prévention en matière d’actes condamnables ou explicitement hostiles et offensifs dirigés de façon répétée contre tout salarié sur le lieu de travail ou en relation avec le travail et à prendre toute mesure appropriée pour protéger les travailleurs contre de tels comportements.  

    L'annexe à cette charte précise que le § 2 ne concerne pas le harcèlement sexuel, mais uniquement le harcèlement moral.

     

    Une Directive européenne de 2000 définit le harcèlement comme

    « Une forme de discrimination… lorsqu’un comportement indésirable lié à l’un des motifs visés à l’article 1er se manifeste, qui a pour objet ou pour effet de porter atteinte à la dignité d’une personne et de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant. Dans ce contexte, la notion de harcèlement peut être définie conformément aux législations et pratiques nationales ».

     

    Pour le droit français

    Le cadre juridique majeur est la Loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, tant concernant le statut général des fonctionnaires que le code du travail et le Code pénal.

     

    • l'Article 6 quinquies du titre 1er du statut général des fonctionnaires[21] dispose qu' « aucun fonctionnaire ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».
    •  


    Les dispositions du présent article sont applicables aux agents non titulaires de droit public.

    • L'article L 1152-1 du code du travail  précise qu' « aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».

     

    • La définition donnée par le code pénal définit le harcèlement comme « Le fait de harceler autrui par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d’amende ».
    •  

    L’interprétation de la définition du harcèlement moral est parfois délicate. Elle peut donner lieu à des dérives aux effets contre-productifs, s’opposant à l’apport que représente la loi visant à lutter contre ce processus. Des nécessités de service existent et imposent une certaine organisation du travail, y compris concernant les congés ; organisation qui peut parfois aller à l’encontre de souhaits personnels, sans pour autant constituer un processus de harcèlement. Dans les limites de la légalité, un fonctionnaire doit se conformer aux prescriptions de son supérieur hiérarchique.

     

    La protection juridique contre le harcèlement

    Le phénomène de harcèlement morale touche tous les pays.

    Cependant, les réponses apportées varient.

     

    En France

    Le harcèlement au travail est présenté sous l'angle d'un harcèlement moral. Il est défini en particulier par l'article L.1152-1 du Code du travail, créé par la loi de modernisation sociale de 2002  promulguée par le gouvernement Jospin, qui pose :

     

    « Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. »

     

    Le harcèlement est traité à la première partie, livre premier, titre V du Code du travail. Il aborde les harcèlement moral, sexuel, les actions en justice et les dispositions pénales

     

    Le harcèlement est considéré par le Code pénal dont l'article 222-33-2 punit jusqu'à deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende le « le fait de harceler autrui par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».

      

    Cependant, la définition du harcèlement moral selon le Code pénal et selon le Code du travail ne sont pas identiques :

    en droit du travail, les juges identifient la présence d'un harcèlement indépendamment de l'existence d'une intention de son auteur.

    Le simple fait d'une dégradation des conditions de travail ayant porté atteinte aux « droits » et à la « dignité », à la « santé physique ou mentale », etc. (L.1152-1 Code du travail), du salarié, peuvent suffire à reconnaître l'existence d'un tel harcèlement .

      

    En revanche, s'agissant du délit de harcèlement, défini au Code pénal, il faut prouver la présence d'une intentionnalité délictueuse.

      

    Ainsi, les méthodes de management, même lorsqu'elles s'appliquent à l'ensemble ou une partie de l'entreprise, peuvent être constitutives de harcèlement au sens du Code du travail, mais non du Code pénal.

      

    Il ne suffit toutefois pas de démontrer l'existence de méthodes conduisant à augmenter le stress au travail pour qualifier une situation d'harcèlement.

     

    La « loi n° 2003-6 du 3 janvier 2003 portant relance de la négociation collective en matière de licenciements économiques » promulguée par le gouvernement Raffarin imposa à l'employé d'établir par des faits précis une présomption de harcèlement, l'entreprise devant alors, si ces faits sont établis, fournir la preuve qu'il ne s'agit pas d'une telle situation. L'atteinte à la santé peut être démontrée par une série d'arrêts de travail associés à des consultations de psychologues et de psychiatres attestant de celle-ci.

      

    On peut dès lors s'interroger sur la capacité effective d'employés ainsi fragilisés et vulnérables d'ester en justice à la suite d'un tel harcèlement : de fait, de nombreux employés préfèrent démissionner et « passer à autre chose » plutôt que d'engager une procédure judiciaire, quelles que soient les chances de celle-ci d'aboutir.

      

    Cependant, en cas de « licenciement pour inaptitude », l'employé peut éventuellement contester la décision et, sans obtenir de réintégration, obtenir une indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, au moins égale au salaire des six derniers mois .

     

     

    Si la Cour admet l'existence d'un harcèlement, elle peut prononcer la nullité du licenciement.

     

    S'agissant du salarié protégé, il ne peut, compte tenu de l’autorisation administrative de licenciement, saisir le juge judiciaire que d’une action en dommages-intérêts et non d’une action en nullité du licenciement.

      

    En effet, la Cour de cassation juge que l’autorisation de licenciement accordée par l’autorité administrative ne permet plus au salarié de contester la cause ou la validité de son licenciement en raison d’un harcèlement. Par contre, cela ne le prive pas du droit de demander réparation du préjudice qui est résulté du harcèlement moral.

      

    Selon certains auteurs, cette solution doit être approuvée, dès lors que la compétence de la juridiction judiciaire n’empiète pas sur les pouvoirs de l’inspecteur du travail et, le cas échéant, du ministre, sous le contrôle du juge de l’excès de pouvoir.

     

    En outre, l'employeur est soumis à une obligation de résultats en matière de sécurité au travail. Il est donc tenu, par exemple, de faire cesser toute situation de harcèlement moral, et sera considéré comme responsable s'il ne le fait pas, même si le harcèlement s'effectue entre deux employés.

     

    L'arrêté du 23 juillet 2010 « portant extension d’un accord national interprofessionnel sur le harcèlement et la violence au travail » est venu compléter l'accord national interprofessionnel (ANI) du 26 mars 2010. Celui-ci transposait l'accord-cadre européen du 26 avril 2007, qui « sonnait fort creux » selon le juriste P. Adam , et qui venait compléter l'accord sur le stress au travail signé en 2004 par les partenaires sociaux européens.

     

    Les syndicats et certaines associations s'alarment face à une montée croissante du harcèlement au travail, comme dans l'agglomération nancéienne où des victimes se sont rassemblées en septembre 2011 pour fonder en partie une structure dont le but est d'accompagner les victimes subissant de graves agressions psychologiques pouvant hélas amener à des actes de suicide.


    Le harcèlement reste quelque chose de difficile à prouver, et qui peut affaiblir les gens à un point d'Impuissance Apprise, surtout que les démarches qu'engagent les plaintes mettent souvent les victimes dans des positions désagréables, et faibles, une configuration désavantageuse pour s'exprimer devant un tribunal. Le harceleur profite de configurations environnementale précises, et qui souvent sont difficiles à exprimer par la victime

      

     

    La violence au travail dans le monde

     

    Un rapport du B.I.T. (Bureau international du travail) a dressé un bilan appuyé sur une enquête sur 15 États de l'Union européenne en 1996

    (15800 interviews).

     

    • Violence physique 6 millions soit 4 % des travailleurs
    • Harcèlement sexuel 3 millions soit 2 %
    • Intimidations, brimades : 12 millions soit 8 %

     

    En France:

     

    • Violence physique: hommes : 11,2 %, femmes : 8,9 %
    • Harcèlement sexuel à l'encontre des femmes: 19,8 %

     

    Violence et travail ont toujours cohabité mais si le travail était autrefois la source d'une violence physique allant jusqu'au pouvoir légal de vie et de mort sur les esclaves, aujourd'hui il est de plus en plus associé à une violence psychologique.

      

    Cette violence trouve en grande partie son origine dans les nouvelles formes d'organisation du travail et de méthodes de management apparues il y a une trentaine d'années qui ont conduit à une dégradation des relations sociales, à la précarisation du travail et au chômage.

     

    Lorsque l'on évoque des cas de violence, il faut faire attention à bien la nommer afin que chacun comprenne bien de quoi il s'agit.

     

    Une difficulté qu'il faut intégrer: selon les milieux professionnels ou sociaux, les niveaux de recevabilité de la violence ne sont pas les mêmes.

     

     

    WIKIPEDIA

     

     

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    La Face cachée de Jackie Kennedy ( Documentary )

     

     

     

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    S'affirmer face à la manipulation : voici 2 lois sociales exploitées par les manipulateurs, la réciprocité et l'empathie...

     

    Les manipulateurs se servent de 4 lois sociales contre nous, les 2 autres étant la confiance et la collaboration...

     

     

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    Nous sommes des êtres sociaux. Les manipulateurs l’ont bien compris.

      

    Et ils exploitent les 4 lois qui sont à la base de nos relations sociales.

      

    Ces 4 lois qui garantissent notre cohésion sociale, les manipulateurs les utilisent pour leur propre profit.

      

    Mais quelles sont ces 4 lois ? 

     

    Je vais y répondre.

     

    Et pour mieux y répondre, j’aimerais d’abord faire un parallèle avec les 3 lois de la robotique d’Isaac Asimov : dans ses romans, le célèbre auteur de science-fiction imagine que les robots créés par l’homme doivent obéir aux 3 règles suivantes :

     

    1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger.

     

    1. Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi.

     

    1. Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

     

    Ces 3 lois de la robotique sont « gravées » dans les cerveaux des robots.

     

    Elles sont inscrites au fond d’eux. Et elles garantissent la cohabitation entre les humains et les robots. Elles garantissent que les robots resteront les serviteurs des êtres humains.

    Que se passerait-il si, un jour, un robot ne respectait plus une de ces lois ?

    Les 4 lois sociales chez les humains

    Je viens d’évoquer les 3 lois de la robotique, ces 3 règles inscrites au coeur de chaque robot d’Asimov, et auxquelles chaque robot doit obéir.

    Eh bien, nous aussi, nous obéissons à des règles qui sont inscrites au fond de nous. Nous leur obéissons instinctivement. Parfois sans en avoir conscience. Parmi ces règles, il y a les 4 lois sociales que j’évoquais plus haut.

    Ces 4 lois sociales sont celles qui font de nous des êtres sociaux. Grâce à elles, nous réussissons à vivre ensemble. Grâce à elles, nous accomplissons des projets ensemble. Déjà nos ancêtres lointains leur obéissaient.

     

    Voici les 4 lois sociales qui sont « gravées » en nous :

    1. Confiance : Je dois pouvoir faire confiance aux autres, et les autres doivent pouvoir me faire confiance.
    2. Réciprocité : Je dois donner autant que je reçois.
    3. Collaboration : Je dois aider les autres, et je dois pouvoir compter sur les autres. Nous devons agir ensemble pour réaliser nos objectifs.
    4. Empathie : Je dois être capable de comprendre ce que les autres ressentent. Pour ça je dois me mettre à leur place.

      

      

    Ces 4 lois sociales sont à la base de nos relations.

    Mais que se passerait-il si l’un d’entre nous ne respectait pas ces lois ?

    Quelle différence fondamentale y a-t-il entre un manipulateur et moi ?

     

    En quoi les manipulateurs sont-ils fondamentalement différents dans leurs relations ?

      

    La réponse à cette question, on la trouve dans l’idée que les manipulateurs se font de leurs relations : pour les manipulateurs, la relation est un moyen, pas un but.

    Voici comment pensent 97% d’entre nous :
    Je souhaite avoir une relation saine avec mon interlocuteur. La relation sociale que j’entretiens avec lui est une fin en soi.

    Et voici comment pensent les autres 3%, c’est-à-dire les manipulateurs :
    Je dois trouver un moyen d’avoir ce que je veux. Pour moi, une relation sociale est un moyen d’obtenir ce que je veux. Ma relation avec les autres n’est pas une fin en soi. Je me sers des autres.

    Toute la différence est là.

    Les manipulateurs exploitent leurs relations. Ils utilisent les 4 lois sociales pour leurs propres fins. Comment ?

    Comment les manipulateurs détournent les 4 lois sociales dans leur propre intérêt

    Les manipulateurs ont bien compris les 4 lois sociales, ces 4 lois auxquelles chacun d’entre nous obéit : confiance, réciprocité, empathie et collaboration.

    A travers ces 4 lois, les manipulateurs essaient de diriger nos décisions et nos actes. Pour en tirer eux-mêmes profit.

    Le manipulateur sait que vous respectez ces lois. Vous pensez tout naturellement qu’il les respecte lui aussi. Donc vous entretenez avec lui une relation basée sur ces 4 lois. Le problème, c’est que le manipulateur ne respecte pas ces règles :

    • Le manipulateur sait qu’il peut vous faire confiance.
    • Vous croyez pouvoir lui faire confiance, vous aussi. Mais en fait le manipulateur trahit votre confiance.Manu PILATEUR : « L’ordinateur que je te revends fonctionne parfaitement.
    • Ce n’est pas la peine de contrôler. Tu me fais confiance, n’est-ce pas
    • Le manipulateur vous incite à lui donner. Mais le manipulateur ne vous donnera rien en retour. S’il donne (flatterie, cadeau, etc.), c’est pour recevoir ce qu’il convoite. Il utilise alors la loi de réciprocité : « J’adore la robe que tu portes aujourd’hui (donne quelque chose : un compliment) ; Je peux te demander un service ? (Attend qu’on lui donne quelque chose en retour) »« Tu sais ce que Sarah m’a confié sur son mari ? Eh bien elle m’a confié ce secret : (…). Et toi ? Qu’est-ce que tu peux me dire de croustillant ? » (Donne un secret pour en obtenir un autre – au passage, trahit la confiance de la personne qui lui avait confié son secret)
    • Le manipulateur vous pousse à vous mettre à sa place :
    • « je suis triste, comprends moi», « je suis déçu », etc. Mais le manipulateur ne se met pas à votre place, lui. Le manipulateur exploite la loi d’empathie.
    • Le manipulateur vous amène à faire les choses à sa place en utilisant la loi de collaboration.
    • Mais le manipulateur ne collabore pas :

    Manu PILATEUR à Sarah : « Je ne m’en sors pas sur ce dossier. Tu veux bien t’en occuper ? Tu sais que je t’aiderai quand tu auras besoin de mon aide. Si tu ne traites pas ce dossier à ma place, le client va appeler le chef et je vais passer un sale quart d’heure. Je suis en période d’essai, j’ai peur de perdre mon emploi. Mets-toi à ma place ! »

    • Sarah accepte car elle veut respecter le principe de collaboration.
    • Sarah accepte en pensant à la loi de réciprocité : « Aujourd’hui c’est moi qui l’aide, demain ce sera l’inverse. »
    • Sarah fait confiance (loi de confiance) : « Je sais que je pourrai compter sur Manu si un jour j’ai besoin de lui. »
    • Sarah accepte car elle n’aimerait pas que Manu se fasse passer un savon, et perde son emploi (loi d’empathie).

    Mais une semaine plus tard :

    Sarah : « Manu, je dois absolument rendre ce dossier avant ce soir, et je suis en retard. Tu veux bien m’aider ? »

    Manu : « Ah zut alors ! J’aurais aimé mais aujourd’hui je suis surchargé. Désolé. La prochaine fois ! » Et Manu poursuit sa conversation avec Jean au sujet de ses dernières vacances…

    • Manu trahit les lois de collaboration, de réciprocité et de confiance.
    • Malgré son air embarrassé (« désolé »), Manu se moque de ce qui pourrait arriver à Sarah. Il agit contre la loi d’empathie.

      

    Il est difficile de repérer un manipulateur habile. Car Manu aurait pu être de bonne foi. Pour savoir si Manu est vraiment un manipulateur, Sarah doit rester sur ses gardes, et analyser ses relations avec Manu, au fil du temps. Si Manu ne lui rend pas service une fois, c’est peut-être qu’il ne peut pas.

      

    Réellement. Mais s’il refuse souvent de collaborer, s’il trahit régulièrement la confiance de Sarah, s’il use régulièrement de la loi de réciprocité, et s’il demande souvent à Sarah de se mettre à sa place sans le faire lui-même, alors c’est certainement que Manu est un manipulateur. Un vrai.

     

     

    Attention, donc, à ne pas devenir paranos ! Sachez aussi distinguer les manipulations occasionnelles, des manipulations régulières.

     

     

     

     

     

     

     

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    Nous utilisons tous la manipulation…

      

    Un jour ou l’autre, pour 97% d’entre nous. Pour les 3% restants, en revanche, la manipulation est devenue une stratégie, un acte délibéré. La manipulation procure une sensation de pouvoir, qui rassure les manipulateurs. Mais pourquoi est-ce si difficile de déjouer les pièges des manipulateurs ? 

    C’est la question à laquelle nous allons répondre dans cet article.

    Manipuler une personne, c’est faire faire à cette personne une chose qu’elle n’a pas l’intention de faire, sans qu’elle se rende compte qu’on lui fait faire cette chose.

    La manipulation est donc une action que les victimes subissent.

      

    La manipulation provoque chez ces victimes des émotions désagréables, comme la tristesse, la culpabilité, la peur, ou encore le découragement. C’est souvent quand on s’interroge sur ces émotions, qu’on prend conscience de la manipulation.

      

    Mais souvent, on subit ces sentiments déplaisants sans vraiment comprendre ce qui se passe, ni quelle en est l’origine. Quand la manipulation est subtile, on n’a même pas l’impression d’être, ou d’avoir été manipulés.

    La manipulation ne peut donc exister que si on est deux : le manipulateur et le manipulé. En choisissant de ne plus nous faire manipuler, et en choisissant de nous affirmer, nous pouvons donc déjouer les manipulateurs. Nous pouvons cesser d’être leurs victimes. Il suffit d’apprendre comment. C’est ce que je vais vous montrer dans les prochains articles.

    Comment s’y prend un manipulateur ?

    Le principe de la manipulation est simple : le manipulateur touche une corde sensible de sa victime, ce qui provoque une douleur intérieure chez cette victime.

    Le manipulateur a le choix entre deux types de cordes sensibles. Il y a la corde sensible qui provoque un sentiment désagréable : culpabilité, pitié, peur, tristesse, etc. Et il y a la corde sensible qui suggère des conséquences déplaisantes.

    Voyons cela à travers des exemples de manipulation :

    Le manipulateur pleure pour vous attendrir quand vous êtes en colère
    Je ressens de la peine face aux larmes de l’autre. C’est une émotion désagréable.

    Le manipulateur hurle jusqu’à obtenir ce qu’il souhaite
    Je ne supporte plus les hurlements. Si c’est mon enfant qui hurle dans un supermarché, je me sens gêné ou honteux vis-à-vis des autres personnes. Ce sont des sensations désagréables.

    Le manipulateur fait la victime pour générer un sentiment de culpabilité chez vous :

    « A cause de toi, je… »


    Je me sens responsable ou coupable de ce qui arrive à l’autre (sentiment désagréable)

     

    Le manipulateur boude jusqu’à obtenir ce qu’il souhaite
    Je souffre de son silence (sentiment désagréable)

    Le manipulateur vous flatte avant de vous faire une demande
    Je suis enchanté(e) par le compliment et ne veux pas décevoir le flatteur (conséquence déplaisante)

    Pourquoi se laisse-t-on manipuler ?

    La victime d’un manipulateur a deux choix possibles :

    • elle peut refuser la manipulation, et alors subir les sentiments et les conséquences pénibles que cela implique;
    • ou bien elle peut accepter de se laisser manipuler, ce qui est plus facile, et moins désagréable (à priori…)

    Quand la victime n’a pas conscience de la manipulation, elle choisit évidemment de se laisser manipuler. Car elle espère arrêter cette souffrance intérieure que le manipulateur a créée en elle. Car elle pense ainsi échapper à des conséquences fâcheuses.

    Si je reprends les exemples ci-dessus :

    Le manipulateur pleure pour vous attendrir quand vous êtes en colère
    J’ai honte de le faire pleurer. J’ai été trop dur. Je ne supporte pas de le voir pleurer. Je préfère me taire que le voir dans cet état.

    Le manipulateur hurle jusqu’à obtenir ce qu’il souhaite
    Je ne supporte plus les hurlements de cet enfant. Alors je cède pour ne plus l’entendre crier. C’est moins difficile (à court terme)

    Le manipulateur fait la victime pour générer un sentiment de culpabilité chez vous : « A cause de toi, je… »


    J’ai honte de ce que je lui ai dit. Ca lui a fait beaucoup de mal, je m’en sens coupable. Je préfère m’excuser et retirer mes propos, que ressentir cette culpabilité.

    Le manipulateur boude jusqu’à obtenir ce qu’il souhaite
    Je ne supporte plus ce silence. Alors je cède.

    C’est plus supportable de céder, finalement.

     

    Le manipulateur vous flatte avant de vous faire une demande
    J’ai accepté ses compliments, et je veux qu’il continue à m’apprécier. Je veux continuer à passer pour une personne « bien » à ses yeux. Pour moi ce serait plus désagréable de le décevoir, que de faire ce qu’il me demande.

     

    Bien sûr, accepter une manipulation, c’est penser à court terme. Car le manipulateur saura que la manipulation fonctionne sur nous. Alors il recommencera. Encore. Et encore. En sa compagnie nous ressentirons des sentiments étranges, pénibles. Nous culpabiliserons, nous serons tristes, nous aurons peur, nous nous découragerons, etc.

      

    Les conséquences de la manipulation sont bien plus néfastes, à long terme.

     

     

     

    réponse d'une internaute

     

    Il peut se passer du temps avant de penser à une manipulation, et encore plus de temps pour l’admettre….Entre la première torture subie et le premier doute d’une manipulation, la paranoïa va crescendo, exponentielle, et peut mener à la folie, l’auto destruction, et même au cimetière.

      

    On devient d’autant plus facilement paranoïaque que le manipulateur est insoupçonnable à nos yeux, un ami, un parent, une femme, un mari, bref, la dernière personne à qui l’on penserai, celle ou celui en qui on a une confiance aveugle. On se croit à portée de coeur alors qu’on est à portée de tir.

      

    De mon expérience, le degré de paranoïa de la victime mesure l’emprise du manipulateur sur une échelle comprise entre la “Cruauté” et le “Sadisme”….Face à un vrai bourreau, la victime peut passer très vite de la paranoïa au délire pur et dur.

      

    A partir de ce moment là, la victime entame un pèlerinage sur les genoux ; Si les tourments et les souffrances de la victime ont étés soigneusement minorées, cachées, et sous estimées auprès de l’entourage, ses moments de troubles et de déraison seront quant à eux assurément exhibés, comme une démonstration implacable que le problème ne vient pas du manipulateur, mais de l’autre taré. Même quand vous êtes mort on vous vole la vedette…..on vous pleure moins qu’on ne plaint ce pauvre homme ou cette pauvre femme qui aura vécu l’enfer à vos côtés…..y en a même qui parleront de courage. -

     

     

     

     

     

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    Assassinat de John F. Kennedy
    à Dallas le Vendredi 22 Novembre 1963



    8° - "Un bouc-émissaire nommé Lee Harvey Oswald"

     

    Alors que le tir qui fut fatal à JFK soit venu de l’arrière, ou de face, ou pourquoi pas les deux… Cela importe peu tant il est évident que le Complot ne fait aucun doute.

    Quant à Lee Harvey Oswald, j’irai jusqu’à dire moi aussi qu’il n’a jamais tiré sur JFK, pas plus que sur l'agent de police Tippit et que dans ce complot il n’a été qu’un bouc-émissaire comme il l'a dit lui-même après son arrestation. (I'm just a patsy: Je ne suis qu'un pigeon)

    Arrestation-éclair d'une rare efficacité 80 minutes après l'assassinat de JFK sur laquelle il y aurait aussi beaucoup à dire et qui dans ce contexte a de quoi laisser dubitatif.

     

     

     

    Un bref rappel des principaux faits:

    A 12h30 la fusillade éclate. L'un des motards de l'escorte présidentielle, Marrion Baker, remarque un envol de pigeons du toit du TSBD et en déduit que les tirs partent du haut de cet immeuble. Il parque alors sa moto sur le trottoir d'Elm Street et entre au pas de charge dans le TSBD. Là il croise le responsable du TSBD, Roy Trully, avec lequel il monte au 1° étage où il trouve un homme calme venu acheter un Coca-Cola au distributeur de la cantine.

     

     

     

    Cet homme, c'est Lee Harvey Oswald.

    Ce qui suppose que dans le même temps, une minute trente au maximum selon Baker, Oswald aurait eu l'étonnante capacité de tirer sur JFK, de s'assurer que son troisième coup de feu était mortel, d'essuyer son arme, de la dissimuler à l'autre bout du 5° étage, de descendre par les escaliers acheter un Coca-Cola à la cantine du premier étage et ce plutôt que de quitter les lieux sans tarder avant que le TSBD ne soit bouclé.

    Qui plus est, Carolyn Arnold, une employée du TSBD, a dit avoir vu Oswald dans cette cantine du premier 10 à 15 mn avant la fusillade. Il est donc tout aussi improbable qu'un homme s'apprêtant à tirer sur le Président n'ait pas été déjà en place à cette heure-là, ne serait-ce que pour être sûr de ne pas louper l'arrivée du cortège et avoir le temps de se concentrer sur son tir. Ceci est d'autant plus logique que le passage du cortège sur Dealey Plaza était prévu à 12 h 25 et qu'il aurait pu avoir un peu d'avance sur cet horaire.

     

     

    Dans ces conditions, il est évident qu'Oswald aurait du se trouver au 5° étage du TSBD à partir de midi, comme il est évident qu'un tireur solitaire aurait fait feu sur JFK quand la limousine présidentielle faisait face au TSBD dans "Houston Street".

     

     

    Après être sorti sans hâte du TSBD Oswald prend le bus, puis un taxi et arrive à 13h dans la chambre meublée qu'il loue depuis peu à Dallas dans le quartier d'Oak Cliff. Et là, au lieu d'y rester pour un temps à l'écart de l'effervescence qui règne en ville, sa logeuse le voit partir à 13h05 puis attendre à l'arrêt de bus situé devant chez elle.

     

    Il me paraît donc peu probable dans ces conditions qu'Oswald ait pu tuer J.D. Tippit à 1,2 km de cet arrêt de bus un peu avant 13h16 selon le version officielle.

     

     

    A propos de la mort de J.D. Tippit il me paraît intéressant de reparler du Sheriff-adjoint Roger Craig qui avait affirmé que le fusil qu'il avait vu au 5° étage du TSBD était un "Mauser 7,65 mm". Alors que Roger Craig fouillait le 5° étage du TSBD avec le Capitaine Fritz, un inspecteur vint leur annoncer le meurtre d'un policier qui patrouillait dans le quartier d'Oak Cliff.

     

    Roger Craig affirma par la suite qu'il avait alors regardé instinctivement sa montre et que celle-ci indiquait 1H06.

    De plus, la majorité des experts en balistique a été incapable de prouver que les quatre balles extraites du corps de Tippit avaient été tirées par le revolver d'Oswald.

     

    Sur ces quatre balles, il y avait trois Winchester-Western et une Remington-Peters, alors que l'on trouva à environ 45 m du corps de Tippit deux douilles Winchester-Western et deux douilles Remington-Peters. Ce qu'il faut surtout noter c'est qu'Oswald aurait par conséquent retiré du barillet de son révolver les douilles des balles qu'il venait de tirer sur Tippit et les aurait jetées au sol tout en s'éloignant de la scène de crime alors qu'il aurait du les garder sur lui pour ne pas laisser d'indices.

     

    Cela aussi n'a pas de sens. Un homme qui abat froidement un policier ne commet pas une telle erreur. Quant aux témoignages, on sait que ceux à charge furent influencés et ne sont pas fiables, alors que ceux à décharge furent ignorés. Le témoin le plus proche, Domingo Benavides, qui était à l'arrêt dans sa voiture à moins de cinq mètres de la scène, n'a jamais identifié Oswald commme étant le tueur.

     

     

    Puis, alors qu'il devrait fuir le plus loin possible de la scène de crime, Oswald pénètre vers 13h30 dans un cinéma du quartier, le "Texas Theater", où la police informée de la présence d'un individu suspect entré sans payer (ce qui une fois de plus ne colle pas avec un criminel contraint à la prudence) arrive en force et l'arrête à 13H50 après un bref combat.

     

     

    Ainsi entre la réalité des faits et les comportements décalés d'Oswald, tout indique qu'il a été manipulé et qu'en finalité il fut attiré au "Texas Theater" afin de livrer au plus vite le coupable idéal à l'opinion publique américaine, à savoir un "déséquilibré marxiste et pro-castriste".

     

     

    "J'avais 14 ans quand j'ai appris à la télé, comme on disait à l'époque, la mort du Président Kennedy puis l'arrestation-éclair d'un certain Lee Harvey Oswald et je me souviens que déjà je m'étais étonné de la célérité de cette arrestation dans une ville aussi grande que Dallas."

     

     

    Et puis il est inconcevable qu'avec son acquis et son intelligence Lee Harvey Oswald ait pu vouloir tuer JFK avec une pétoire achetée sur catalogue et susceptible de le confondre même commandée sous sa fausse identité d'A. Hidell.

     

     

    A ce sujet, on prétend aussi que c'est le matin du 22 novembre 1963 qu'Oswald aurait amené son fusil démonté et dissimulé dans un sac en papier kraft. Buell Wesley Frazier qui véhicula Oswald d'Irving à Dallas ce matin là, a déclaré qu'Oswald avait emporté un sac mesurant une soixantaine de centimètres.

     

    Selon Oswald, ce sac contenait des tringles à rideau pour sa chambre à Dallas.

     

    Frazier précisa qu'en le quittant Oswald tenait ce sac dans sa main droite et calé sous son aisselle. Il est donc impossible que ce sac ait pu contenir le bois d'un Carcano 40 pouces dont la longueur est de 88,6 cm. De plus, je ne vois pas l'utilité de démonter un fusil pour ne gagner que 13,4 cm.

     

     

     

     "Pièce à conviction N°139 - Carcano 40 Pouces"

     

     

    Autre remarque à propos de l'une des photos d'Oswald posant soi-disant avec son fusil: si l'on se base sur la longueur du Carcano 40 pouces enregistré comme pièce à conviction N°139,

     

    soit 102 cm, la taille d'Oswald sur cette photo en couverture de LIFE est inférieure à sa taille réelle qui était d'1m75.

     

     

    "Evidence de l'écart de taille"

     

     

    Conclusion: si l'on se base sur la longueur du Carcano 40 pouces, Oswald est trop petit. Si l'on se base sur la taille réelle d'Oswald, le fusil est trop long. Dans les deux cas il y a quelque chose qui cloche dans cette photo.

     

    De plus, les proportions de ce fusil diffèrent de celles du Carcano 40 pouces. A noter entre autres anomalies que la tige d'armement de la culasse est différente de celle de la CE 139: elle est plus longue et courbée.

     

     

    "Comparaison des tiges de culasse"

     

     

    Ce qui cloche également, c'est que le fusil appartenant soi-disant à Oswald et enregistré comme pièce à conviction N°139 n'est pas celui qui fut photographié devant le TSBD.

     

     

    "Fusil photographié devant le TSBD"

     

     

    Là encore, si l'on se base sur la longueur du Carcano 40 pouces le fusil photographié devant le TSBD n'a pas lui aussi les mêmes proportions que la pièce à conviction N°139.

     

    Ce qui se voit à l'oeil nu, c'est que le bout du canon est nettement plus court par rapport à la partie en bois.

     

    Il suffit d'ailleurs d'inverser le fusil du TSBD et d'aligner les deux lunettes de visée étant censées avoir la même longueur pour se rendre compte que l'on a affaire à deux armes différentes.

     

     

     "Carcano 40 Pouces (CE 139) & Fusil du TSBD"

     

     

    Après plusieurs comparaisons point par point je suis arrivé à la conclusion que le fusil en couverture de LIFE, celui soi-disant trouvé au 5° étage du TSBD et la CE 139 sont trois fusils différents. Seul le fusil photographié dans les locaux de la police de Dallas semble identique à la CE 139.

     

     

    "Fusil exhibé par la police de Dallas"

     

     

    Le moins que l'on puisse dire, c'est que la preuve par l'image de l'existence de trois fusils différents au lieu d'un seul en dit long sur les dessous truqués de toute cette affaire.

     

     

    Enfin l'assassinat d'Oswald 48 heures après celui de JFK par un mafieux local qui voulait soi-disant venger l'honneur de Jacky Kennedy, ressemble plus à la suite logique d'un complot qui avait prévu de le piéger, puis de le liquider avant qu'il ne parle, ce que Jack Ruby finira par reconnaître dans une lettre remise à un inspecteur de police deux jours avant sa mort.

     

     

    Mais Lee Harvey Oswald n'était pas non plus un banal citoyen parmi tant d'autres et il ne fut pas impliqué dans l'assassinat de JFK par hasard. Ainsi il semble avéré qu'il fut un agent double à la solde des USA et de l'URSS, puis qu'à son retour aux Etats-Unis en juin 1962 après deux ans et demi passés à Minsk en Biélorussie, il ait travaillé pour le FBI et la CIA.

     

    Et pour finir, il ne fait aucun doute qu'il a côtoyé des individus liés à l'assassinat de JFK dont le dernier qu'il reverra sera son assassin.

     

    En épilogue je rendrai hommage à tous ces témoins qui ont disparu mystérieusement ou qui sont morts dans des conditions suspectes dans les années qui suivirent.

     

     Mais que sont quelques "obscurs" de plus ou de moins pour des gens capables d'éliminer le Président des Etats-Unis d'Amérique.

    Ce premier volet avait pour but essentiel de procéder à une analyse balistique réaliste afin de faire valoir sur la base de constats probants et de témoignages irrécusables la Thèse du Complot.

     

     

    "The very word secrecy is repugnant in a free and open society"

    ***



     

     

     

     

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     'My house!' JFK working late in the Oval Office, wears a slight smile on his face, indicating perhaps he is not completely unaware that his son is exploring under his desk

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    Photos via John F. Kennedy Jr.: A Life in
    Pictures

     

    tomorrow is president’s day. i got in the spirit last year by posting some great pics of john f. kennedy (you can see them here). this year i figured i’d keep it in the family and showcase another kennedy: john f. kennedy jr. yes, i realize he has little to do with president’s day, but he inherited his sense of style from the best dressed president we’ve ever had. to quote michael bastian from a kempt interview, “he was so good at what he did, how he put himself together.” i couldn’t agree more. from his early prep school days to his time living in new york, john john embodied the all american male. his style was timeless as many of the looks you see in the photos are relevant today. he was a true style icon. it’s a damn shame we lost him so young.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • 1° - "JFK est d'abord touché de face, puis de dos"
    2° - "John Connally n'est touché qu'à la Z 285"
    3° - "Les preuves du tir frontal fatal à JFK"
    4° - "Les mensonges balistiques Warren"
    5° - "La Z 464: A Grassy Knoll Shooter"
    6° - "Provenance du tir frontal fatal à JFK"
    7° - "Présence probable de 3 équipes de 2 tireurs"
    8° - "Un bouc-émissaire nommé Lee Harvey Oswald"
    9° - Diaporama "Les 10 dernières secondes de JFK"
    10° - "Coup d'Etat à Dallas-Texas. Les Suspects"

      

      

    Assassinat de John F. Kennedy
    à Dallas le Vendredi 22 Novembre 1963



    1° - "JFK est d'abord touché de face, puis de dos"

     

     

    Quand la limousine présidentielle tourne à droite dans "Houston Street" JFK fait face alors au TSBD et au tireur qui l'attend posté à la Fenêtre-Est du 5° étage de ce bâtiment. Mais cet homme ne tire pas et attend un peu...

     

    Puis la limousine vire à gauche dans "Elm Street" et s’engage au ralenti dans ce que les tireurs d’élite considèrent comme une zone de tirs croisés en triangle.

    Il est 12h30 et Abraham Zapruder filme la scène de la Pergola de Grassy Knoll.

    Z 143 - Une jeune-fille en rouge et blanc, courant à la poursuite de la limousine, tourne brusquement la tête vers le TSBD.

    Z 150 - JFK cesse de saluer la foule.

    Z 160 à Z 170 - JFK et John Connally tournent la tête vers la droite en même temps, ce qui tendrait à confirmer qu’un premier tir vient de manquer le Président.

     

     

      

      

    Z 212 - JFK est alors masqué par le panneau de signalisation de "Stemmons Freeway" alors qu'il salue la foule à nouveau. 

    Z 223 - Alors que JFK est toujours masqué par le panneau de signalisation, on constate que Jackie Kennedy regarde son mari avec insistance et que John Connally a déjà réagi au coup de feu qui vient d'atteindre le Président.

     

     

      

      

    Sur la version "Slow Motion" du film d'Abraham Zapruder, on peut mieux juger de la réaction de John Connally qui à l'évidence sursaute à la suite de ce tir. John Connally a d'ailleurs dit par la suite qu'il avait tout de suite compris que l'on tirait sur le Président et soutiendra jusqu'à sa mort que ce tir ne l'avait pas touché.

    Z 224 - Le revers droit de la veste de John Connally se soulève brusquement ce qui prouverait, selon John McAdams et autres inconditionnels de la "Balle Unique", que c’est bien le même projectile qui touche d’abord JFK dans le dos, puis John Connally à l’épaule droite, causant ensuite les multiples blessures du Gouverneur.

     

     

      

      

    Face à ce genre d'argument spécieux, trois remarques s'imposent:

    1 - Force est de constater qu'il n'y a aucun trou dans le revers.

    2 - Dès lors comment prétendre qu'une balle ait pu faire bouger ce revers sans le toucher.

    3 - Enfin, l'écart de niveau que l'on peut constater entre le trou de sortie du projectile dans la chemise du Gouverneur (situé à la même hauteur que sa blessure sous le mamelon droit) et celui dans sa veste (situé une douzaine de centimètres plus bas), est une des failles majeures de la balle unique qui ne peut l'expliquer.

    NB: selon moi, cet écart ne peut s'expliquer que par un tir touchant John Connally à la Z 285 comme je le justifie page suivante.

     

     

     

     

      

    "Chemise et veste de John Connally"

      

      

    De plus, il faut quand même savoir que la vitesse d'une balle tirée avec un fusil de guerre varie de 600 à 1000 mètres par seconde, ce qui induit au regard de la thèse officielle un déplacement de 33 mètres par image et donc de 60 centimètres en 1 millième de seconde puisqu'une image équivaut à 54 millisecondes.

    Ceci afin de démontrer que sur la base d'une vitesse de la balle réduite à 460 m/s au sortir de la gorge du Président, les deux hommes, qui étaient distants l'un de l'autre de 65 cm, auraient été atteints à la même image et ce en l'espace de 1,4 millième de seconde.

    Or compte tenu de la réaction du Président, qui à la Z 224 a déjà commencé à porter ses mains à sa gorge, dont la gauche qui jusque là était posée sur le rebord de la carrosserie, on peut en déduire que JFK est touché au moins depuis la Z 220, soit au minimum 4 images avant la Z 224.

    Ces 4 images correspondant, selon moi, à son temps de réaction à la douleur et au déplacement consécutif de sa main gauche, qui est un point de repère fiable à l'inverse de sa main droite, étant donné que celle-ci était en mouvement pour saluer la foule.

     

     

    Alors continuer de prétendre qu'une balle ait pu sortir à deux niveaux différents des vêtements de John Connally à un moment où il faisait toujours face à l'avant de la limousine et qui plus est faire bouger le revers de sa veste après coup sans le toucher, est surréaliste au regard de la matérialité des faits et de la connaissance que nous en avons aujourd'hui.

     

     

    Voila en quoi cette énième assertion visant à soutenir la "Théorie de la Balle Unique" est tout aussi illusoire que les autres, car elle ne repose sur aucun paramètre balistique plausible.

     

     

    Quant au déplacement du revers, je pense qu'il est tout simplement dû au sursaut de John Connally et au vent qui ce jour-là soufflait par à-coup sur Dealey Plaza.

     

     

    Enfin si John Connally avait été touché en même temps que JFK, il n'aurait certainement pas eu le réflexe de se tourner pour observer le Président, surtout en s'appuyant du côté de ses blessures.

     

    A ce sujet d'ailleurs, il conviendrait de dénoncer le truquage numérique de Dale Myers qui va jusqu'à prétendre que la trajectoire de la balle unique serait tout à fait rectiligne à partir de la Fenêtre-Est du 5° étage du TSBD.

     

     

      

      

    "Trajectoire Imaginaire de Dale Myer"

     

     

    Les faux flagrrants de cette vidéo:

    - La distance entre les deux hommes est fausse.

    - La trajectoire de la balle à travers le corps de JFK est fausse.

    - Et la position de John Connally assis de côté est fausse également.

    Car comme je l'ai déjà dit au risque de me répéter, si JFK et John Connally avaient été touchés par une même balle, le Gouverneur aurait été atteint en moins de deux millièmes de seconde alors que lui aussi est encore masqué par le panneau de signalisation. Or quand John Connally réapparaît à l'image Z 222 il fait toujours face à l'avant de la limousine et n'est pas assis de côté.

    Z 230 - JFK qui reste plaqué au dossier de la banquette, a donc été touché pour la première fois, non pas de dos, mais de face, au bas de la gorge, par un tir venant le plus probablement du Grassy Knoll.

     

     

      

      

    Z 233 - JFK dont la tête incline à gauche par rapport à la Z 230, vient d'être touché pour la deuxième fois et cette fois-ci dans le dos.

     

     

      

      

    On peut ainsi constater entre la Z 231 et la Z 232 un mouvement vers l'avant du buste de JFK sous l'impact de la balle, puis à la Z 233 une inclinaison très nette de sa tête sur la gauche.

    "Animation des images Z 230 à Z 233"

    (Temps d'animation: 0,4 seconde par image)

    (Temps réel de la séquence: 2,16 dixièmes de seconde)

      

      

    Il est évident qu'un tel déplacement vers l'avant en l'espace 2/10 de seconde ne peut être que le fait d'un impact de balle dans le dos de JFK à cet instant précis.

    Z 246 - John Connally semble grimacer, ce en quoi, selon les partisans du tireur unique, il aurait réagi à la douleur après coup, ou comme quoi, selon certains partisans du complot, il aurait été touché à ce moment là par un tir manqué.

     

     

      

      

      

    A mon avis c'est plutôt l'instant où John Connally hurle plusieurs fois "No" dans son désarroi. Notons surtout sur cette image que les motards suiveurs de gauche ont tous les deux le regard tourné en direction du Grassy Knoll.

     

    Assassinat de John F. Kennedy
    à Dallas le Vendredi 22 Novembre 1963



    2° - "John Connally n'est touché qu'à la Z 285"

    Z 273 - John Connally est tourné vers JFK, il est droit sur son siège et tient toujours son chapeau de la main droite. Ainsi il est indéniable qu'il n'a ni le comportement, ni l'apparence d'un homme grièvement blessé par balle. D'ailleurs John Connally a toujours affirmé qu'il avait eu le temps de se tourner vers le Président avant d'être touché à son tour.

     

     

    "A l'évidence, un homme est touché, l'autre pas"

      

      

    En affirmant cela, j'ai surtout le sentiment d'être plus crédible que ceux qui continuent de prétendre qu'à cet instant John Connally aurait le poumon droit perforé, une côte fracassée sur 13 cm de long, le poignet droit gravement endommagé et une balle fichée dans la cuisse gauche.

    John Connally a aussi précisé que ne pouvant bien voir le Président après avoir pivoté sur la droite de son siège, il a alors voulu se tourner sur sa gauche et que c'est à ce moment là qu'il avait été touché à l'épaule droite.

    Malgré le manque de netteté du film de Zapruder, je pense que John Connally est touché dans le dos à la Z 285 car je trouve que l'expression de son visage change à cette image.

     

     

     

    On peut également remarquer que Nellie Connally regarde encore JFK et qu'ensuite elle va se tourner définitivement vers John Connally. Or Nellie Connally a toujours dit qu'elle avait cessé de regarder le Président à partir du moment où son mari avait été touché, ce qui se produit juste après la Z 285.

     

     

    Et voila pourquoi le trou dans la veste du Gouverneur se soit situé plus bas que celui dans sa chemise, car en pivotant sur sa droite et en s'accoudant sur le dossier de son siège, le pan droit de sa veste s'en est trouvé de ce fait remonté, donc plus haut, d'où cet écart logique entre les deux trous une fois le tissu revenu en place. Je dirai même que cet écart est la preuve irréfutable que John Connally fut nécessairement touché dans les dos après s'être tourné vers JFK.

     

    Ainsi, de par sa position de 3/4 face à JFK, le tir qui touche John Connally à l'épaule droite à la Z 285 ne pouvait venir que du Secteur-Sud qui de toute évidence était indispensable à une zone de tirs croisés optimale et qui dès lors ne pouvait être négligée par les organisateurs de cet assassinat.

    Enfin en sachant que sa blessure au torse était de 10° vers le bas et de 20° sur la gauche, on peut en conclure que ce tir venait dès lors du haut de l'immeuble fédéral surplombant "Commerce Street" au sud de Dealey Plaza.

    Puis alors qu'il bascule en arrière en s'écriant "Mon Dieu, ils vont tous nous tuer !" la balle d'un autre tir manqué venant du TSBD lui transperce le poignet droit et le blesse à la cuisse gauche dans un axe tout à fait logique, dans ce cas, au regard de ses deux blessures. A noter d'ailleurs qu'après avoir été opéré de ses blessures, John Connally s'est souvenu qu'il avait été touché dans le dos, mais pas au poignet droit et à la cuisse gauche.

      

      

    Ceci prouverait donc bien qu'un autre tir le blessa au poignet droit et à la cuisse gauche au moment où il perdit connaissance dans les bras de son épouse.

     

     

    NB: D'un point de vue sémantique, ce "ils" est très révélateur car il prouve que John Connally a aussi compris qu'il n'y avait pas qu'un seul tireur.

     

     



    Assassinat de John F. Kennedy
    à Dallas le Vendredi 22 Novembre 1963



    3° - "Les preuves du tir frontal fatal à JFK"

    Z 313 - Un coup de feu atteint JFK en pleine tête.

     

     

     

      

      

    Rien qu'à la vue du film de Zapruder il semble évident que le tir fatal soit frontal et non pas venant de la Fenêtre-Est du 5° étage du TSBD.

    L'appui de la Fenêtre-Est du 5° étage du TSBD se situe à 18,21 m du sol et l'emplacement du Tir Fatal est distant de 81 m de l'aplomb au sol de cette fenêtre.

      

    Les angles de pénétration d'une balle tirée à partir de la Fenêtre-Est du 5° étage du TSBD varient donc entre 42° à 20 m et 13° à 81 m, compte tenu des 3,5% de déclivité d'Elm Street.

     

    Dès lors, si cette balle avait été tirée de la Fenêtre-Est du 5° étage du TSBD, elle aurait atteint JFK sous un angle de pénétration de 13° à la verticale et de 15° à l'horizontale par rapport au côté droit de la limousine.

      

    Or dans ce cas, la projection des matières cervicales aurait dû se faire en majeure partie vers l'avant et vers le bas en direction de John Connally et non pas vers le haut et vers l'arrière.

     

     


    J'ajouterai que sous cet angle, l'onde de choc d'une balle tirée de l'arrière aurait très probablement fait éclater le côté droit du front de JFK.

      

    Ainsi, le sens de projection des matières cervicales, le rejet de la tête de JFK vers l'arrière et le fait que Jackie Kennedy soit montée sur le capot-arrière de la limousine pour récupérer un morceau du cerveau de son mari indiquent un tir frontal.

     

     

    Mais le plus probant, c'est que tous les témoins rapprochés vont constater que la partie arrière droite du crâne de JFK est manquante, arrachée en toute logique par l'impact de sortie de la balle.

    Or le Dr Humes, en charge de l'autopsie réalisée le soir même à l’Hôpital Naval de Bethesda, va établir un premier rapport qu'il détruira, puis un second qui infirmera toutes ces constatations à l'appui du tir frontal, avec en plus des clichés montrant l’arrière du crâne de JFK intacte. 

     

    Alors, soit ces photos furent truquées, soit le crâne de JFK fût remodelé, car le croquis d'un urgentiste tel que le Dr McClelland, qui examina de très près le crâne de JFK au Parkland Hospital de Dallas, est formel et ne peut être remis en cause.

      

    Le Dr McClelland a même précisé qu'un morceau du cervelet était tombé alors que le Dr Perry pratiquait une trachéotomie d'urgence au Président.

     

     

    "Dessin McClelland & Photo d'Autopsie"

      

      

    Ainsi c'est au moins une trentaine de personnes, dont une quinzaine de médecins, qui confirmera que l'arrière-droit du crâne de JFK avait été arraché par un tir frontal en oblique et ce non seulement au Parkland Hospital de Dallas, mais aussi à l'Hôpital Naval de Bethesda.

     

    Parmi les personnes qui firent état de cette blessure à l'arrrière droit du crâne de JFK à l'Hôpital Naval de Bethesda, on peut citer James Jenkins (Assistant d'autopsie), James Sibert (Agent du FBI), Francis O'Neill (Agent du FBI), Jerrol Custer (Technicien radiologiste), John Stringer (Photographe en chef de l'autopsie) et le Dr John Ebersole (Radiologue en chef de l'autopsie).

      

    Dans une interview qu'il accorda en 1978, le Dr Ebersole a d'ailleurs été très clair en disant textuellement qu'il y avait une horrible blessure béante à l'arrière de la tête de JFK.

    Ajoutons enfin que le lendemain, samedi 23 novembre 1963, un étudiant en médecine, nommé Billy Harper, trouva sur Elm Street un fragment du crâne de JFK. Fragment qui lui aussi disparaitra comme le cerveau de JFK qui était censé être conservé aux "Archives Nationales". La disparition, ou plus probablement l'occultation de ces deux pièces à conviction d'importance est d’autant plus regrettable que leur analyse par la suite aurait permis de rétablir la vérité sur l'origine du tir fatal à JFK.

     

    NB: en ce qui concerne la blessure d'environ 5 mm de diamètre située au bas de la gorge de JFK, il faut savoir que tous les urgentistes du Parkland Hospital de Dallas ont estimé qu'il s'agissait à l'évidence d'une blessure d'entrée de balle.

    Il faut savoir aussi que c'est dans le travers de cette blessure par balle que le Dr Perry fit une incision transversale d'environ 3 cm pour pratiquer une trachéotommie d'urgence et qu'après le retrait de la canule d'aération, le contour de cette blessure était toujours visible de chaque côté de l'incision qu'il avait faite. Or là encore, la photo d'autopsie ne cadre pas avec les déclarations des urgentistes de Dallas qui affirmèrent qu'il n'y avait qu'une fine incision au bas de la gorge de JFK quand son corps fut mis en bière au Parkland Hospital.

    "Plaie à la gorge de JFK"

      

      

    Sur cette photo, on constate une large plaie ouverte d'au moins 6,5 cm de large sur 2,5 cm de haut. On peut donc en conclure que cette plaie est forcément le résultat d'une exploration chirurgicale faite pour extraire la balle fichée dans la gorge de JFK et ce avant l'autopsie étant donné que les radiologistes ne détectèrent aucune balle dans le corps du Président.

     

    4° - "Les mensonges balistiques Warren"

    La police de Dallas annonce qu'elle a découvert au cinquième étage du TSBD trois douilles ainsi qu'un fusil à lunette, un "Mannlicher-Carcano 6,5 mm", et que ce fusil appartient à un employé du TSBD qui vient d'être arrêté pour le meurtre d'un policier, un certain Lee Harvey Oswald.

    Or l’agent de police, Seymour Weitzman, ayant participé, à ce que l'on dit, à la découverte de "l’arme du crime", fera mention devant la Commission Warren d'un "Mauser 7,65 mm" équipé d'une lunette de visée de marque japonaise.

    Par ailleurs, le reporter Tom Alyea qui fut autorisé à filmer les lieux pendant que la Police de Dallas fouillait le TSBD, a toujours soutenu que Seymour Weitzman n'était pas présent.

    Au demeurant, Seymour Weitzman ne fut pas le seul à parler d'un "Mauser 7,65 mm". Le Shérif-adjoint Roger Craig, dont on peut être tout à fait sûr quant à lui qu'il était bien présent au 5° étage du TSBD puisqu'il fut filmé par le dit Tom Alyea, affirmera lui aussi que le fusil qu'il avait vu était un "Mauser 7,65 mm". Il précisa même que "MAUSER" était gravé sur le canon. Et selon Roger Craig, Seymour Weitzman était bien présent à ce moment-là.

    Premières contradictions et discordances d'une longue série à venir...

    Ainsi le FBI va établir un premier rapport balistique en considérant que trois coups de feu ont été tirés de la Fenêtre-Est du 5° étage du TSBD, mais sans mentionner la blessure au bas de la gorge de JFK, ni tenir compte du tir manqué ayant blessé James Tague qui se tenait près du "Triple Underpass" entre "Main Street" et "Commerce Street".

    Thèse du FBI :

    - Le premier tir touche JFK dans le dos sans gravité.

    - Le deuxième tir cause les blessures de John Connally.

    - Le troisième tir atteint JFK à la tête.

     

     

    Le fait est que ce rapport établi en décembre 1963 a de quoi surprendre étant donné que le FBI ne pouvait ignorer le tir manqué ayant blessé James Tague, ni la blessure au bas de la gorge de JFK et ce bien qu'au cours de l'autopsie du Président cette blessure ait échappé au Dr Humes du fait qu'elle avait été élargie pour pratiquer une trachéotomie. Ce n'est que le lendemain de cette autopsie pour le moins bâclée que le Dr Humes apprendra l'existence de la blessure à la base de la gorge de JFK en prenant contact avec les médecins urgentistes du Parkland Hospital de Dallas.

    Ceci étant, l'explication balistique du FBI avait surtout pour but de soutenir la thèse du tireur unique et par la même de passer sous silence tout ce qui pouvait la contredire. Mais c'était sans compter avec la ténacité de James Tague qui n'aura de cesse de faire admettre qu'il avait été blessé par un tir manqué, ce qui contraindra la Commission Warren à échafauder dans le courant du mois de juin 1964 sa théorie de la balle unique pour expliquer les blessures non-mortelles de JFK et de John Connally.

     

    Thèse de la Commission Warren :

    - Une balle atteint JFK à la base de la nuque, sort en dessous de sa pomme d'Adam, traverse le torse de John Connally, lui transperce le poignet droit et le blesse à la cuisse gauche.

    - Un tir atteint JFK à la tête.

    - Un tir indéterminé manque JFK, ricoche et percute le bord d'un trottoir de Main Street dont un éclat blesse James Tague à la joue gauche.

    Ce qui choque d'emblée c'est la malhonnêteté des explications du rapport Warren à ce sujet et preuve en est le croquis d'entrée de la balle unique qui est mensonger puisque la balle ayant touché JFK dans le dos est entrée non pas à la base de la nuque, mais 15 cm en dessous du col de sa chemise, ce qui de plus fut confirmé par le certificat de décès du Président qui précise que la blessure d'entrée se situait au nveau de la troisième vertèbre thoracique.

     

     

     

    "Commission Exhibit 385 & Chemise de JFK"

      

      

    Il en est de même du croquis de la Balle Fatale qui ne respecte pas la position exacte de la tête de JFK et qui entrant à cet endroit sous un angle de pénétration de 13° en ayant été soi-disant tirée de la Fenêtre Est du 5° étage du TSBD, serait sortie plus bas au niveau du front.

     

     

    "Angle de Pénétration de 13° depuis la Fenêtre-Est du TSBD"

      

    Quant au tir manqué blessant James Tague, celui-ci obligera la Commission Warren à faire dans le flou car vu sa trajectoire la plus probable à partir de la fenêtre-Est du 5° étage du TSBD, ce tir ne pouvait se situer que juste après le Tir Fatal.

    La Commission Warren n'a donc pas hésité à produire des documents falsifiés afin d'imposer la thèse du tireur unique aux yeux de l'opinion publique, d'autant que le film d'Abraham Zapruder avait été interdit et qu'il le restera pendant douze ans.

    C'est d'ailleurs ce que craignait Arlen Specter, le jeune avocat-conseil de la Commission Warren et principal artisan de la "Théorie de la Balle Unique":

      

    "Un jour quelqu'un pourra comparer les films avec les dessins et trouver une erreur notoire qui pourrait sérieusement remettre en cause la thèse principale et les conclusions de la Commission."

     

    Dès lors comment croire cette commission qui osa soutenir qu'une même balle avait pu toucher les deux hommes, en sachant qui plus est que le Dr Humes, chargé de l’autopsie du Président, avait jugé que la blessure dans le dos de JFK n’était pas profonde et que par conséquent il ne pouvait y avoir de corrélation entre cette blessure et celle située au bas de la gorge de JFK.

    Il suffit d’ailleurs de se référer au cliché pris par Robert Croft autours de la Z 163, soit trois secondes avant que JFK ne soit touché pour la première fois et de reporter sur cette photo le croquis de la trajectoire de la balle unique pour juger des aberrations de cette théorie.

     

     

     

    "Trajectoire Verticale de la Balle Unique"

      

      

    Et une autre faille notoire de la balle unique, c'est son angle d'attaque dans le dos du Gouverneur. JFK étant surélevé d'environ 10 cm par rapport à John Connally et les deux hommes étant séparés par environ 60 cm, l'angle de pénétration de la balle unique sortant de la gorge du Président et entrant dans le dos du Gouverneur aurait dû être dans ces conditions proche des 20°.

      

    Or l'angle anatomique de la blessure à travers le torse de John Connally n'était que de 10°, soit un écart de 10° prouvant une fois encore que la théorie de la balle unique ne se tient pas.

     

    Trajectoire de la Balle Unique:

    1. la balle unique entre dans le dos de JFK sous un angle d'environ 20° vers le bas et sur le plan latéral d'un peu plus de 5° par rapport au côté droit de la limousine.

    2. Elle dévie alors à l'horizontale et sur la droite pour sortir en dessous de sa pomme d'Adam.

    3. Puis elle dévie vers le bas sous un angle de 20° et sur la droite pour toucher John Connally sous l'aisselle droite.

    4. Puis elle dévie encore en traversant le torse du Gouverneur sous un angle de 10° vers le bas et de 20° sur la gauche.

    5. Puis elle sort de sa chemise juste en dessous du mamelon droit et plonge à la verticale pour sortir de sa veste 15 centimètres plus bas.

    6. Enfin, elle dévie à nouveau vers le bas, traverse son poignet droit et vire à gauche pour terminer sa course dans sa cuisse gauche.

     

     

      

    "Trajectoire Latérale de la Balle Unique"

    Enfin hasard opportun, une balle presque intacte et soi-disant la balle ayant causé les blessures du Président et du Gouverneur, sera trouvée après coup sur un brancard du Parkland Hospital, dont on dit de plus qu'il n'aurait même pas servi à transporter John Connally. Cette balle était d'ailleurs si peu abimée qu'elle avait perdu moins de métal qu'il n'en fut trouvé dans le seul poignet de John Connally.

    C'est donc pour toutes ces raisons qu'elle fut appelée la "Balle Magique" tant il est vrai que depuis l'invention des armes à feu aucun projectile ne s'est comporté de la sorte.

    Alors il est impossible d’admettre que la Commission Warren avec les moyens dont elle était dotée ait pu remettre un rapport aussi sujet à caution sans agir dans l’intérêt, voire même la crainte de certaines sphères d’influence, sans non plus perdre de vue qu’elle avait été mandatée par celui qui était devenu le nouveau Président des Etats-Unis de par l’élimination de JFK et ce sans avoir besoin d'être élu, un Texan déjà compromis dans des affaires de trafics d’influence, de pots-de-vin et d’assassinats, ennemi juré de Robert Kennedy, Lyndon Baines Johnson.

     

    Vérité & Raison d'Etat...

    Extrait d'une conversation téléphonique ayant eu lieu le 18 septembre 1964 entre le Sénateur Richard Russell, membre de la Commission Warren, et Lyndon B. Johnson.

    Sénateur Russell: "La Commission croit qu'une même balle a touché Kennedy et Connally. Et bien je n'y crois pas."

    LBJ: "Moi non plus."

    Sénateur Russell: "Ce en quoi j'ai dit que le Gouverneur Connally avait témoigné du contraire et que je n'allais pas approuver cela."

    Quelques jours après la Commission Warren remettait au Président Lindon B. Johnson un rapport entérinant la "Thèorie de la Balle Unique" et la "Thèse du Tireur Solitaire".

     

     

    5° - "La Z 464: A Grassy Knoll Shooter"

    En 1979 le HSCA, House Select Committee on Assassinations, reconnaîtra après une seconde enquête la présence probable d’un second tireur derrière la palissade de Grassy Knoll.

    Présence d’autant plus probable qu’en regardant de près la fin du film d'Abraham Zapruder et ce de la Z 454 à la Z 481 je dis que l’on peut y voir un homme qui se cache derrière, avec semble-t-il des lunettes de soleil et dont on ne voit que le haut du visage du fait qu'il se tienne baissé.

     

     

    Z 464 (éclaircie) 

    NB: Il n'est pas évident de visualiser du premier coup le haut du visage de cet homme baissé au ras de la palissade. Aussi je suggère à ceux qui ont du mal à le voir, d'en faire divers agrandissements et de les regarder avec le recul nécessaire pour se faire.



    6° - "Provenance du tir frontal fatal à JFK"

    Or les angles de tir à partir de la Palissade du Grassy Knoll ne cadrent pas avec l'hypothèse du tir frontal car une balle tirée de n'importe quel endroit de cette palissade serait sortie non pas du côté droit du crâne de JFK, mais du côté gauche.

     

     

      

    "Angles de Tir Grassy Knoll"

    Dès lors le tir fatal à JFK ne pouvait venir que du Parking-Sud situé en face du Grassy Knoll ce qui alors expliquerait que la partie arrière droite du crâne de JFK ait été arrachée par un tir frontal en oblique d'environvers le bas venant de cet endroit.

     

      

      

    "Trajectoire Parking-Sud"

    Et pour ce qui est de l'angle d'impact sur le plan horizontal, je l'estime près des 25° par rapport au côté droit de la limousine, situant ainsi l'auteur du Tir Fatal sur la gauche du Parking-Sud face à JFK.

      

      

    "Localisation du Tireur Responsable du Tir Fatal"

    J'ai aussi calculé que l'élévation de cet endroit du Parking-Sud est suffisante par rapport à Elm Street pour tirer au dessus du pare-brise de la limousine à la Z 313 alors que JFK était une cible facile étant donné qu'il faisait face au tireur et que la limousine roulait toujours au ralenti.

    Témoignage de Robert "Tosh" Plumlee:

    Robert "Tosh" Plumlee a déclaré qu'il avait entendu quatre ou cinq coups de feu, dont un derrière lui et sur sa gauche, alors qu'il se tenait en contrebas du Parking-Sud en compagnie d'un ami. Alors que les deux hommes quittaient les lieux en se dirigeant vers le sous-terrain, ils sentirent une odeur de poudre provenant de l'endroit où je situe l'auteur du Tir Fatal.

    Par ailleurs, en ce qui concerne l'infime bascule vers le bas de la tête de JFK que l'on peut constater le fait est entre la Z 312 et la Z 313, je dis que celle-ci ne peut être la résultante d'un tir arrière comme le prétendent les défenseurs de la thèse officielle.

     

     

     

    "Animation de la Z 312 & de la Z 313"

    Selon moi, ce déplacement est en parfaite corrélation avec la trajectoire oblique de la balle et la position de la tête de JFK. A l'impact, la balle abaisse légèrement la tête de JFK du fait qu'il soit penché en avant et vers le bas en direction du Parking Sud, et rejette son buste en arrière et sur la gauche du fait que cette balle percute le haut de sa tempe droite. A noter d'ailleurs qu'il n'y a que sa tête qui s'abaisse légèrement alors que son buste part vers l'arrière dès la Z 313. Ce genre de double mouvement est d'ailleurs très fréquent en cas d'impact de balle.

    J'ajouterai que le déplacement de la tête de JFK peut être comparé à celui d'une boule de billard qui part en diagonale vers l'arrière et sur la droite quand on la frappe du côté gauche.

    Quant à l'éclatement de la tempe droite de JFK, il faut savoir qu'une balle qui percute une tête est ralentie brutalement par la dureté du crâne et la densité du cerveau. Du fait de cette décélération, une puissante énergie cinétique est tranférée aux tissus touchés, ce qui explique que la partie basse de l'os pariétal explose à angle droit par rapport à l'entrée de la balle se situant au dessus de l'oeil droit de JFK et juste en dessous de l'implatation de ses cheveux. C'est aussi ce en quoi un tir arrière aurait du causer plus de dommages qu'un simple trou au sommet du crâne de JFK comme le prétend la thèse officielle.

     

     

      

    "Blessure Tir Frontal"

    Cette représentation picturale cadre en tous points avec les preuves visuelles liées au film de Zapruder et au croquis du Dr McClelland. L'axe de cette blessure démontre aussi que le tir fatal à JFK ne pouvait venir du Grassy Knoll, mais bien du Parking-Sud.

    Enfin au vu des images Z 314 à Z 324, le corps de JFK ne présente à l'évidence aucun raidissement pouvant accréditer un phénomène de "Jet Effect" ou un quelconque spasme neuromusculaire.

    Après la mise en ligne de mon site en décembre 2009, Pierre Nau m'a appris que Sherry Fiester, dont j'ignorais les travaux, était arrivée à la même conclusion que moi à propos du tir fatal à JFK.

    A ce moment là, nous n'étions que deux à défendre ce point de vue qui maintenant est de plus en plus partagé. Sherry avec qui j'ai eu le plaisir de communiquer par la suite, est une spécialiste renommée en analyse de scène de crime qui fut expert auprès des tribuneaux et je suggère à ceux qui maîtrisent l'anglais de lire le livre qu'elle a fait paraître en novembre 2012, "Enemy of the Truth".

    Enfin, je ferai mention pour ceux qui ne le connaîtraient pas du site de Pierre Nau qui aborde avec sérieux et objectivité la plupart des thèmes liés à l'assassinat de JFK: http://www.jfk-assassinat.com/

     

    7° - "Présence probable de 3 équipes de 2 tireurs"

    Aussi au vu de tous ces constats on ne peut qu’en déduire la présence d'au moins trois équipes de deux tireurs comme l’a toujours soutenu Jim Garrison. 

    D’abord deux témoins oculaires ont vu un homme armé d’un fusil au 5° étage du TSBD en pensant que c’était un agent des Services Secrets, mais l’un, Amos Euins, à la Fenêtre-Est du TSBD et l’autre, Arnold Rowland, à la Fenêtre-Ouest.

    La présence de deux tireurs sur le Grassy Knoll est aussi très probable, d'autant que du haut du poste d'aiguillage Lee Bowers a vu deux hommes tirer depuis cet endroit.

    Et enfin deux postés au Sud de Dealey Plaza. L'un blessant John Connally à l'épaule et l'autre touchant JFK à la tête.

    Notons qu'une telle triangulation était indispensable pour couvrir tous les angles et justifie tous les tirs.

     

    Faisons le compte :

    - La blessure de JFK à la gorge

    - Celle dans son dos

    - Le tir fatal à la tête

    - La blessure au travers du torse de John Connally

    - Son poignet droit brisé et sa cuisse gauche touchée

    - Un tir manqué blessant James Tague

    - Et l’impact entre les pare-soleil de la Ford-Lincoln

    Soit au minimum 7 coups de feu si ce n’est plus…

      

      

    De la Z 220, où selon moi JFK est touché pour la première fois, à la Z 313, instant du Tir Fatal, cela fait à raison de 18,3 images par seconde une séquence de 5 secondes.

    Il est donc tout à fait logique que dans un laps de temps aussi court certains tirs aient été quasi simultanés et de ce fait difficiles à discerner, tout en considérant que la majorité des témoins a fait état de trois coups de feu, mais provenant d’endroits différents, à savoir du TSBD, du Grassy Knoll et de la zone du Triple Underpass.

    Il faut aussi ne pas perdre de vue que certains de ces tireurs aient pu avoir une arme équipée d'un silencieux. Ce que l'on doit savoir également, c'est que bon nombre de témoins ayant entendu au moins 4 coups de feu ont été écartés par le FBI et non pas été convoqués devant la Commission Warren.

    A noter surtout que la plupart des témoins a précisé que deux de ces tirs étaient très rapprochés, ce qui dès lors laissait supposer la présence de deux tireurs ou l'utilisation d'une arme semi-automatique.

    J'ajouterai que l'éventualité d'un sniper d'appoint posté à mi-hauteur dans le Dal-Tex Building n'est pas non plus à négliger, d'autant que ce pourrait être en matière de trajectoire possible une explication au tir manqué blessant James Tague.

    Et le fait est que juste après la fusillade, la police de Dallas interpela au 2° étage du Dal-Tex Building un individu suspect au casier pour le moins chargé. Il s'agissait dans certain Jim Braden, de son vrai nom Brading, qui de plus connaissait bien David Ferrie et entretenait des relations suivies avec Jack Ruby. Ceci étant, aucune charge ne fut retenue contre lui.

    Le Dal-Tex Building pourrait être aussi le point d'origine d'un autre tir qui manqua JFK. Sur une photo prise au Parkland Hospital de Dallas, on peut constater entre les deux pare-soleil de la limousine un impact de balle dans le cadre métallique du pare-brise.

     

     

      

      

    "Impact entre les pare-soleil"

    Quant à l'éclat dans le pare-brise, il est soit la résultante du tir dans le cadre en métal, soit la preuve d'un tir manqué de plus.

     

     

    "Eclat ou impact dans le pare-brise"

    Ce qu'il convient enfin de préciser, c'est que le pare-brise de la limousine présidentielle n'avait aucun de ces dommages à l'aéroport de Dallas le 22 novembre 1963.

     

     

    "Limousine Présidentielle à L'Aéroport de Dallas"

    En matière de tirs manqués, il me paraît aussi indispensable de tenir compte de la pertinente analyse de Gérard Lemaire à propos du panneau de signalisation de "Stemmons Freeway".

     

     

      

      

    1. Sur la photo prise par Hugh Bretzner le "O" de Stemmons est normal et le piquet de droite du panneau est parfaitement droit.

    2. Sur la photo prise par Phil Willis un instant après le "O" de Stemmons est décollé et le piquet de droite penche à gauche.

    On peut donc en déduire qu'entre ces deux photos un tir venant du Grassy Knoll a percuté l'arrière du panneau causant ainsi le décollement du "O" et la déformation du piquet. Selon Gérard Lemaire, ce second tireur était posté derrière la pergola.

    C'est donc la preuve, non pas d'un, mais d'au moins trois tirs manqués dont le FBI avait forcémment connaissance. A savoir, un tir blessant James Tague, un autre touchant le cadre du pare-brise de la limousine et un troisième percutant l'arrière du panneau de "Stemmons Freeway" que les autorités de Dallas s'empressèrent de remplacer.

    Ainsi, ces trois tirs manqués, dont les preuves sont irréfutables, suffisent à eux seuls à invalider la thèse officielle et les théories pro-Warren en tout genre. Et dire qu'il y a encore des gens qui osent soutenir qu'il n'y eut que trois tirs et pas un de plus, ce qui prouve soit leur méconnaissance du sujet, soit leur mauvaise foi.

    D'ailleurs, grâce à de nouvelles méthodes, de récentes analyses réalisées par William Tobin qui fut pendant plus de vingt ans le "Directeur du Laboratoire des Métaux du FBI", prouveraient que les fragments de métal trouvés après l'attentat proviendraient d'au moins 3 balles distinctes, voire plus.

    Il s'est donc avéré que l'analyse au plomb utilisée précédemment n'était pas fiable et que depuis 2003 elle a été abandonnée par le FBI. C'est dire aussi que les conclusions de la Commission Warren à ce sujet sont là encore à revoir.

    Reste que dans un contexte hostile et en connaissance des menaces d'attentat qui pesaient sur JFK, la sécurité du Président des Etats-Unis n'a pas été à Dallas ce qu'elle aurait dû être. Ainsi aucun agent spécial ne va monter à l'arrière de la Ford-Lincoln pour couvrir le Président. Plus édifiant encore, deux d'entre eux qui s'apprêtaient faire leur job au départ de "Love Field", l'aéroport de Dallas, en seront empêchés par leur supérieur, Emory Roberts.

    Certains prétendent que JFK n'aurait voulu personne à l'arrière de la limousine, ce qui ne se tient pas car si tel était le cas Clinton Hill, le garde du corps de Jackie Kennedy, ne serait pas monté à plusieurs reprises sur la plate-forme arrière gauche quand la limousine roulait trop doucement dans Dallas.

     

    De plus, vu la configuration de Dealey Plaza et le danger évident de cet endroit du parcours, tous les sites aux alentours de cette place auraient dû être inspectés et sécurisés, d'autant que des militaires du corps d'armée basé à Houston auraient pu être appelés en renfort. Quand on connaît la légendaire efficacité américaine, il est certain qu'un tel état de fait n'a pu relever du laxisme et que par conséquent il a été voulu au plus haut niveau, ce qui implique nécessairement la participation de certains membres chargés de la sécurité du Président.

    Car il faut bien admettre que le chauffeur de la limousine, William Greer, qui se tourne une première fois vers JFK de la Z 281 à la Z 292, puis à nouveau de la Z 304 à la Z 317, n'a de fait accéléré qu’après le Tir Fatal, alors que l’agent spécial Roy Kellerman qui était assis à côté de lui savait très bien ce qui se passait de visu depuis au moins la Z 270.

     

     

    Les témoins les plus proches ont même affirmé que la limousine avait ralenti avant le Tir Fatal. C'est aussi ce qu'a affirmé Bobby Hargis, le premier motard suiveur de gauche, qui à la Z 297 sort de l'image alors qu'il est toujours en retrait de la limousine, puis qui réapparaît juste après pour se retrouver au niveau du capot-arrère à la Z 313, ce qui confirmerait bien que la limousine a ralenti avant le Tir Fatal.

    Le manque de réflexe étant exclu pour un agent spécial et a fortiori pour deux en même temps, ne reste que la complicité et qui dit complicité dit une fois de plus complot.

    Ce qui est aussi révélateur c'est qu'Emory Roberts qui avait empêché deux de ses agents de monter à l'arrière de la limousine, hurla par la radio à la voiture du Vice Président "Ils l'ont eu ! Ils l'ont eu !" comme si c'était une bonne nouvelle, en notant que lui aussi employa le mot "Ils".

    Enfin la participation de certains membres de la police de Dallas ne fait aussi aucun doute quand on sait que "V.I.C.T.O.R.Y" est le mot en Morse qui fut enregistré sur la radio de la police de Dallas quand celle-ci fut rétablie, alors qu'elle était restée muette pendant l'assassinat de JFK.

      

     

    8° - "Un bouc-émissaire nommé Lee Harvey Oswald"

    Alors que le tir qui fut fatal à JFK soit venu de l’arrière, ou de face, ou pourquoi pas les deux… Cela importe peu tant il est évident que le Complot ne fait aucun doute.

    Quant à Lee Harvey Oswald, j’irai jusqu’à dire moi aussi qu’il n’a jamais tiré sur JFK, pas plus que sur l'agent de police Tippit et que dans ce complot il n’a été qu’un bouc-émissaire comme il l'a dit lui-même après son arrestation. (I'm just a patsy: Je ne suis qu'un pigeon)

    Arrestation-éclair d'une rare efficacité 80 minutes après l'assassinat de JFK, sur laquelle il y aurait aussi beaucoup à dire et qui dans ce contexte a de quoi laisser dubitatif.

    Un bref rappel des principaux faits:

    A 12h30 la fusillade éclate. L'un des motards de l'escorte présidentielle, Marrion Baker, remarque un envol de pigeons du toit du TSBD et en déduit que les tirs partent du haut de cet immeuble. Il parque alors sa moto sur le trottoir d'Elm Street et entre au pas de charge dans le TSBD. Là il croise le responsable du TSBD, Roy Trully, avec lequel il monte au 1° étage où il trouve un homme calme venu acheter un Coca-Cola au distributeur de la cantine.

    Cet homme, c'est Lee Harvey Oswald.

    Ce qui suppose que dans le même temps, une minute trente au maximum selon Baker, Oswald aurait eu l'étonnante capacité de tirer sur JFK, de s'assurer que son troisième coup de feu était mortel, d'essuyer son arme, de la dissimuler à l'autre bout du 5° étage, de descendre par les escaliers acheter un Coca-Cola à la cantine du premier étage et ce plutôt que de quitter les lieux sans tarder avant que le TSBD ne soit bouclé.

    Qui plus est, Carolyn Arnold, une employée du TSBD, a dit avoir vu Oswald dans cette cantine du premier 10 à 15 mn avant la fusillade. Il est donc tout aussi improbable qu'un homme s'apprêtant à tirer sur le Président n'ait pas été déjà en place à cette heure-là, ne serait-ce que pour être sûr de ne pas louper l'arrivée du cortège et avoir le temps de se concentrer sur son tir.

    Après donc être sorti sans hâte du TSBD, Oswald prend le bus, puis un taxi et arrive à 13h dans la chambre meublée qu'il loue depuis peu à Dallas. Et là, au lieu d'y rester pour un temps à l'écart de l'effervescence qui règne en ville, sa logeuse le voit partir à 13h05 puis attendre à l'arrêt de bus situé devant chez elle. Il me paraît donc peu probable dans ces conditions qu'Oswald ait pu tuer à 1,4 km de l'endroit où il habitait, J.D.Tippit qui est abattu dans le quartier d'Oak Cliff un peu avant 13h15 selon la version officielle.

    A ce propos, il me paraît intéressant de reparler du Sheriff-adjoint Roger Craig qui avait affirmé que le fusil qu'il avait vu au 5° étage du TSBD était un "Mauser 7,65 mm". Alors que Roger Craig était avec le Capitaine Fritz au 5° étage du TSBD, un inspecteur vint leur annoncer le meurtre de Tippit dans le quartier d'Oak Cliff. Roger Graig affirma par la suite qu'il avait alors regardé instinctivement sa montre et que celle-ci indiquait 1h06.

    Après cette remarque, reprenons le fil des événements.

    Alors que J.D. Tippit vient d'être abattu et que la seule chose à faire pour son meurtrier était de fuir le plus loin possible de la scène de crime, Oswald pénètre dans un cinéma du quartier où la police, ayant été informée de la présence d'un suspect entré sans payer (ce qui une fois de plus ne colle pas avec un assassin contraint à la prudence), arrive en force et l'arrête à 13 h 50.

    Ainsi entre la réalité des faits et les comportements décalés d'Oswald, tout porte à croire qu'il a été manipulé et qu'en finalité il a été attiré au "Texas Theater" afin de livrer au plus vite le coupable idéal à l'opinion publique américaine, à savoir un "déséquilibré marxiste et pro-castriste".

    "J'avais 14 ans quand j'ai appris à la télé la mort de JFK puis l'arrestation-eclair de Lee Harvey Oswald et je me souviens que déjà je m'étais étonné de la célérité de cette arrestation dans une ville aussi grande que Dallas."

    Et puis il est inconcevable qu'avec son acquis et son intelligence Lee Harvey Oswald ait pu vouloir tuer JFK avec une pétoire achetée sur catalogue et susceptible de le confondre même commandée sous sa fausse identité d'Alek James Hidell.

    A ce sujet, on prétend aussi que le matin du vendredi 22 novembre 1963 Oswald aurait apporté son fusil démonté et dissimulé dans un sac en papier kraft. Buell Wesley Frazier qui emmena Oswald d'Irving à Dallas ce matin là, a déclaré qu'Oswald avait emporté un paquet mesurant une soixantaine de centimètres. Selon Oswald, ce paquet contenait des tringles à rideau pour aménager sa chambre à Dallas. Enfin, Frazier présisa qu'en le quittant Oswald tenait ce paquet dans la main droite et calé sous son aisselle. Il est donc impossible que ce paquet ait pu contenir la partie en bois d'un Carcano 40 pouces dont la longueur est de 89 cm. De plus, je ne vois vraiment pas l'utilité de démonter un fusil mesurant 102 cm pour ne gagner que la longueur du bout du canon, à savoir 13 cm.

    "Carcano exhibé par la police de Dallas"

    Une autre remarque à propos de l'une des photos d'Oswald posant soi-disant avec son fusil: si l'on se base sur la longueur du Carcano 40 pouces enregistré comme pièce à conviction N° 139, soit 102 cm, la taille d'Oswald sur cette photo est inférieure à sa taille réelle qui était d'1m75.

    "Evidence de l'écart de taille"

    Conclusion: si l'on se base sur la longueur du fusil, Oswald est trop petit. Si l'on se base sur la taille d'Oswald, le fusil est trop long. Dans les deux cas il ya quelque chose qui cloche dans cette photo.

    Enfin son assassinat dans le sous-sol de la police de Dallas par un mafieux local qui voulait soi-disant venger l'honneur de Jacky Kennedy, ressemble plus à la suite logique d'un complot qui avait prévu de le piéger puis de le liquider avant qu'il ne parle, ce que Jack Ruby finira d'ailleurs par avouer dans une lettre remise à un inspecteur de police deux jours avant sa mort.

    Mais Lee Harvey Oswald n'était pas non plus un banal citoyen parmi tant d'autres et il ne s'est pas trouvé confronté à l'assassinat de JFK par hasard. Ainsi il semble avéré qu'il ait été un agent double à la solde des USA et de l'URSS et qu'à son retour aux Etats-Unis en juin 1962, après deux ans et demi passés à Minsk, en Biélorussie, il ait travaillé pour la CIA et le FBI. Et pour finir il est quasiment certain qu'il a côtoyé bon nombre d'individus liés à l'assassinat de JFK dont le dernier qu'il reverra et pour cause, sera son assassin.

    En épilogue je rendrai hommage à tous ces témoins qui ont disparu mystérieusement ou qui sont morts dans des conditions suspectes dans les années qui suivirent. Mais que sont quelques "obscurs" de moins pour des gens capables d'éliminer le Président des Etats-Unis d'Amérique.

    Ce premier volet avait pour but essentiel de procéder à une analyse balistique réaliste afin de faire valoir sur la base de constats probants et de témoignages irrécusables la Thèse du Complot.

    "The very word secrecy is repugnant in a free and open society"

    ***


    suite d'un complot fomenté au plus haut niveaux de la société civile et de l'Etat.

     "Dossier à Charge au delà du Doute Raisonable"

    "JFK & la CIA"

    "Le FBI & John Edgar Hoover"

    "La Mafia & les Cubains anticastristes"

    "Le Pouvoir des Lobbies"

    "LBJ & Co"

    "Synthèse & Conclusion"

    Dès le début de son mandat, JFK est bien décidé à mettre de l'ordre dans la "Maison America". Avec l'aide de son frère Bobby, en qui il a une entière confiance, JFK veut surtout mettre un terme aux prérogatives de certaines sphères d'influence et notamment celles de la CIA qui n'est rien d'autre qu'un Etat dans l'Etat.

     

    "Si un jour les Etats-Unis connaissent une tentative de coup d'état visant à renverser le gouvernement, celle-ci viendra de la CIA" (JFK)

     

    "JFK & la CIA"

    Pour reprendre le contrôle de la CIA, JFK décide d'évincer Allen Dulles qui en est le directeur depuis janvier 1954 ainsi que son adjoint, le Général Charles Cabell.

    Allen Dulles était le spécialiste des "Black Operations" qui consistaient notamment à déstabiliser les leaders étrangers gênants, voire même à les éliminer physiquement, en ayant recours le cas échéant aux tueurs de la Mafia et aux Cubains anticastristes exilés aux USA depuis la prise du pouvoir à Cuba par Fidel Castro. Voulant éliminer Fidel Castro par tout moyen, Allen Dulles organisa avec Charles Cabell l'opération de la "Baie des Cochons" pour tenter d'envahir Cuba. Mais sans un appui aérien indispensable qui leur sera refusé par le Président, ce débarquement décidé le 17 avril 1961 échouera lamentablement et JFK en profitera pour déposer les deux responsables de ce fiasco en novembre 1961.

    On peut d'ailleurs se demander si JFK, en fin tacticien, ne les a pas lâchés au dernier moment et laissés s'enliser dans ce bourbier pour avoir une bonne raison de les virer tous les deux d'un coup. Voila donc deux individus influents, dotés de multiples réseaux, qui avaient de sérieuses raisons d'en vouloir à JFK qu'ils haïssaient d'ailleurs ouvertement.

     

    "Le FBI & John Edgar Hoover"

    Quand JFK est élu à la Présidence, John Edgar Hoover est en place depuis 37 ans et le restera jusqu'à sa mort en 1972 après avoir vu défiler 8 Présidents.

    Son influence était énorme et tenait notamment au fait qu'il avait constitué au fil du temps des dossiers sur la plupart des hommes politiques et des personnages en vue. Il était d'ailleurs dans l'intention de JFK, s'il était réélu, de mettre le cher homme à la retraite, ce dont beaucoup se seraient réjouis tant il était craint.

    Ceci étant, on dit aussi que John Edgar Hoover était lui même tenu par la Mafia de Chicago qui aurait réussi à le poisser à cause de ses moeurs déviantes, ce en quoi Frank Costello disait de lui qu'il était un "good people", à savoir un individu sous contrôle. Cependant, sous la pression de Robert Kennedy qui avait été nommé Ministre de la Justice par JFK, John Edgar Hoover dut faire preuve d'un peu plus de zèle contre les agissements de la Mafia.

    J'ajouterai que John Edgar Hoover était depuis des années un ami intime de Lyndon B. Johnson et que dans les heures qui suivirent l'assassinat de JFK, il se rendit à Dallas pour convaincre lui même l'opinion publique qu'Oswald avait agi seul.

    "John Edgar Hoover & LBJ"

    A l'appui de cette volonté d'imposer au plus vite la "Thèse du Tireur Unique", on peut citer cette note rédigée dès le lendemain de la mort d'Oswald qui en dit long sur l'état d'esprit qui prévalait trois jours après l'assassinat de JFK alors que l'enquête du FBI venait à peine de commencer.

    Lundi 25 novembre 1963. Deputy Attorney General Katzenbach:

    "L'opinion publique doit être convaincue qu'Oswald est bien l'assassin, qu'il n'a eu aucun complice ayant pu prendre la fuite et que les preuves à charge sont telles qu'il aurait été condamné lors de son procès."

    Et le fait est que tout au long de son enquête, le FBI fera preuve d'une complicité flagrante en négligeant certaines pistes, en occultant des preuves à conviction et en écartant les témoignages tendant à prouver l'existence d'un complot.

    Prenons l'exemple du nombre de tirs. La plupart des témoins ayant entendu au moins 4 coups de feu, dont deux très rapprochés, comme Carolyn Walther, Ruby Henderson, Robert H. West, Ronald B. Fischer, Robert E. Edwards et Lee Ewins, ne fut jamais convoquée par la Commission Warren.

    Un photographe du "Dallas Morning News", Tom Dillard, prit deux clichés du TSBD une trentaine de secondes après la fusillade. Sur l'un de ces clichés, un agrandissement de la Fenêtre-Est du 5° étage fait apparaître le visage d'un homme se tenant debout derrière la vitre restée fermée. Cet homme ne pouvait donc pas être Oswald puisque celui-ci était censé avoir quitté les lieux à ce moment là selon la thèse officielle. Or le négatif de cette photo qui aurait permis de faire un agrandissement plus net fut endommagé par les Services Fédéraux juste à l'endroit où l'on peut voir le visage de cet homme.

    Norman Similas prit plusieurs photos avec le TSBD en arrière plan. Sur l'une d'elles, il constata que l'on pouvait voir deux hommes armés d'un fusil au 5° étage du TSBD. Il envoya le négatif au "Toronto Telegram" qui jamais ne publia la photo et qui par la suite lui annonça que son négatif avait disparu.

    Avec la perte du fragment Harper, la disparition du cerveau de JFK, voila encore quelques anomalies de taille parmi tant d'autres qui montrent bien cette volonté évidente de dissimuler les preuves du complot.

    Ceci étant, je ne pense pas que le FBI en tant que tel ait été impliqué dans l'organisation de l'assassinat de JFK, mais j'ai l'intime conviction que John Edgar Hoover savait ce qui se tramait.

     

    "La Mafia & les Cubains anticastristes"

    En tant que Ministre de la Justice, Robert Kennedy était donc décidé à mener une lutte sans merci au crime organisé et à la Mafia. Il s'emploiera notamment à faire tomber le président du syndicat des camionneurs, Jimmy Hoffa, qui blanchissait l'argent de la Mafia de Chicago par le biais des caisses de retraite du syndicat et qui sera condamnée pour cela à 15 ans de prison en 1967.

    A propos de la Mafia et des Kennedy, il faut savoir que le patriarche de la famille, Joe Kennedy, avait fait fortune au moment de la Prohibition en important de l'alcool de manière illégale et en faisant affaire avec la Mafia de Chicago. Dans son obsession à faire élire l'un de ses fils à la "Présidence des Etats-Unis" Joe Kennedy n'hésitera pas à solliciter Sam Giancana, patron de la Mafia de Chicago de 1957 à 1966, pour aider à l'élection de JFK et ce très probablement à son insu.

      

    Ceci pourrait d'ailleurs expliquer que les deux frères Kennedy se soient mis à dos la Mafia en ne sachant pas ce qu'ils lui devaient. Dès lors, il est évident que la Mafia avait elle aussi des raisons d'en vouloir aux Kennedy et qu'elle ait contribué à l'élimination de JFK, mais selon moi sans pour autant en décider.

    A ce stade de mon propos, il conviendrait de parler des hommes qui se trouvaient nécessairement sur Dealey Plaza pour coordonner l'assassinat de JFK. Sur un des clichés pris par Ike Altgens, des chercheurs pensent avoir identifié John Roselli et David Morales équipé d'un walkie-talkie.

    John Roselli, de son vrai nom Filippo Sacco, était justement un gangster de la Mafia de Chicago qui avait été impliqué en 1960 dans une tentative d'assassinat visant Fidel Castro et bien évidemment orchestrée par la CIA.

    David Morales était quant à lui un individu sans scrupule ni états d'âme qui travaillait pour la CIA. Il était notamment un exécutant habituel des "Black Op" montées comme nous l'avons vu par Allen Dulles et Charles Cabell. 

    "Cet homme au walkie-talkie serait David Morales"

    Autant dire que la présence de ces deux individus sur Dealey Plaza le jour de l'assassinat de JFK n'aurait rien d'étonnant. Enfin, David Morales aurait dit à l'un de ses amis dans un moment d'ébriété: "J'étais à Dallas quand on a eu le Fils de Pute, et à Los Angeles quand on a eu le Petit Bâtard."

    Ceci étant, parlons un peu des Cubains anticastristes exilés aux USA et notamment de leur leader, Orlando Bosh Avilla qui travaillait pour la CIA.

    Marita Lorenz, un ex-agent de la CIA qui avait été chargée d'éliminer Fidel Castro et qui au lieu de cela devint sa maîtresse, a déclaré en novembre 1977 dans le "New York Daily News" qu'elle avait emmené Orlando Bosh Avilla à Dallas deux jours avant l'assassinat de JFK alors que celui-ci a toujours prétendu qu'il était chez lui à Miami le 22 novembre 1963.

    A ce sujet, il me paraît intéressant d'apporter pour preuve potentielle de la présence d'Orlando Bosh Avilla sur Dealey Plaza au moment de l'assassinat de JFK, l'analyse faite par Marcel Dehhaeseleer à partir du cliché par pris Clint Grant après la fusillade.

    Sur ce cliché, on peut voir deux hommes assis sur la pelouse du Grassy Knoll. L'un que l'on surnomme "Dark Complected Man" en raison de la couleur sombre de sa peau et l'autre "Umbrella Man" parce qu'il avait ouvert son parapluie au passage de JFK.

     

    "Dark Complected Man & Umbrella Man"

    Sur un autre cliché et ce bien que l'agrandissement ne soit pas de très bonne qualité, il semble bien que DCM se sert d'un walkie-talkie alors qu'il est tourné en direction du Triple Underpass.

    Selon Marcel Dehaeseleer, "Dark Complected Man" ne serait autre qu'Orlando Bosh Avilla, ce dont je suis aussi convaincu. A vous d'en juger.

    "DCM & Deux Photos d'Orlando Bosh Avilla"

    Là encore, la présence sur Dealey Plaza d'un individu comme Orlando Bosh Avilla ne laisse aucun doute quant aux raisons de sa venue à Dallas deux jours auparavant.

     

    "Le Pouvoir des Lobbies"

    D'une part JFK avait décidé de désengager les USA du Sud Viêt Nam et par voie de conséquence nuire aux intérêts des Lobbies militaro-industriels. D'autre part JFK travaillait à un projet de loi visant à réduire de manière drastique les avantages fiscaux des Pétroliers texans.

    Peu de temps avant de mourir en janvier 2007, un ex-pro de la CIA, Everette Howard Hunt, affirma que les principaux commanditaires de l'assassinat du Président Kennedy étaient deux pétroliers texans, Haroldson Hunt et Clint Murchison.

    Haroldson Hunt:

    Pour faire un premier lien, reparlons un peu de Jim Brading qui avait été interpellé au 2° étage du Dal-Tex Building juste après l'assassinat de JFK. Il faut savoir que cet individu au casier judiciaire chargé est arrivé à Dallas le 21 novembre 1963 en compagnie d'un certain Morgan Brown. Les deux hommes sont descendus au "Cabana Motel" suite 301, puis se sont rendus dans les bureaux de la compagnie pétrolière d'Haroldson Hunt. Autre fait troublant, il se trouve que le fameux Jack Ruby que l'on retrouve un peu partout dans cette affaire, était lui aussi dans les bureaux de cette compagnie à ce moment là.

    Quant à Haroldson Hunt, il était l'un des hommes les plus fortunés des USA, un farouche opposant à JFK qu'il méprisait et le principal financier des campagnes électorales de LBJ.

    Clint Murchison:

    Il est aussi notoire que la veille de l'assassinat de JFK, Clint Murchison organisa une soirée dans sa villa de Dallas. La compagne de Clint Murchison, May Newman, et la maîtresse de LBJ, Madeleine Brown, ont toutes deux déclaré que parmi les invités il y avait entre autres Haroldson Hunt, Richard Nixon et John Edgar Hoover. Madeleine Brown a également précisé que LBJ était arrivé plus tard à cette soirée tandis que son cousin qui était son sosie, Jay Pert Beck, lui servait de doublure à Fort Worth. (Les deux ville sont distantes de 50 km).

    Enfin Madeleine Brown a affirmé que ce soir là LBJ lui aurait dit: "Après-demain, ces fils de pute ne me gêneront plus jamais. Ce n'est pas une menace, c'est une promesse."

    Ainsi force est est de constater que Johnson Président prendra sans tarder deux décisions d'importance à l'avantage des lobbies militaro-industriels.

    1. LBJ annulera le projet de loi de JFK visant à réduire les avantages fiscaux des pétroliers texans.

    2. LBJ annulera la décision de JFK de retirer du Sud Viêt Nam le contingent américain et engagera les USA dès mai 1964 dans une guerre intensive contre le Nord Viêt Nam qui s'avérera le fait est lucrative pour les marchands de canons puisqu'elle durera plus de dix ans.

    Ce désir d'entrer en guerre contre le Nord Viêt Nam à n'importe quel prix était aussi partagé par bon nombre des membres de l'Etat Major américain, ce qui laisse à penser que certains d'entre eux aient pu s'impliquer dans ce complot. C'est d'ailleurs ce qui pourrait expliquer que le corps d'armée basé à Houston n'ait pas été envoyé à Dallas pour renforcer la sécurité du Président.

    NB: Richard Nixon ne s'est jamais souvenu où il était et ce qu'il faisait le jour de l'assassinat de JFK. Même amnésie surprenante chez George H.W. Bush alors qu'il est avéré que les deux hommes étaient à Dallas le 22 novembre 1963. Le cas Nelson Rockefeller mériterait aussi d'être abordé, notamment en regard du double assassinat des frères Kennedy. Peut-être l'objet d'une page à venir sur le noyau dur des conspirateurs.

     

    "LBJ & Co"

    Dans le souci de protéger la notoriété de son frère, Robert Kennedy était aussi décidé à se débarrasser de Lyndon B. Johnson qui trempait depuis qu'il était en politique dans des affaires d'élections truquées, de trafics d'influence et de morts suspectes au Texas.

    Le 3 juin 1961, Henry Marshall, un Texan responsable des investissements agricoles, est trouvé mort dans son ranch alors qu'il s'apprêtait, avec l'appui de Robert Kennedy, à témoigner dans une affaire de détournements de fonds organisée par LBJ et son bras-droit, Cliff Carter. Alors qu'à l'évidence il avait été abattu de cinq coups de fusil, le Sheriff local conclut qu'Henry Marshall s'était suicidé et ordonna d'incinérer son corps sans qu'aucune autopsie n'ait été pratiquée.

    Dès lors, Clint Peoples, une figure légendaire des "Texas Rangers", n'aura de cesse pendant 23 ans de prouver qu'Henry Marshall avait été assassiné à cause du témoignage qu'il s'apprêtait à faire contre LBJ. En 1984, suite aux déclarations de Clint Peoples et Billie Sol Estes qui était chargé d'alimenter la caisse noire de LBJ, le "Grand Jury" de la ville de Franklin finira par reconnaître l'assassinat d'Henry Marshall, mais sans pouvoir donner de suites à cette décision étant donné que les trois suspects dans cette affaire étaient décédés, à savoir LBJ, Cliff Carter et un certain Malcolm Everett Wallace.

    Ce Mac Wallace était un tueur à gages qui avait été soupçonné de l'assassinat en 1951 de John Kinser, joueur de golf professionnel et amant de la soeur de LBJ, Josefa Johnson. Paradoxalement, il fut défendu par l'avocat personnel de LBJ et n'écopa que de 5 ans avec sursis. Mac Wallace fut aussi soupçonné de plusieurs autres assassinat commandités par LBJ, dont celui en décembre 1961 de Josefa Johnson, la propre soeur de LBJ.

    En 1992, Clint Peoples décédera dans un accident de voiture pour le moins suspect une semaine avant de tenir une conférence de presse au cours de laquelle il voulait dire tout ce qu'il savait sur l'assassinat de JFK et notamment apporter la preuve de la participation de Mac Wallace à cet attentat.

    Enfin sur la trentaine d'empreintes trouvées au 5° étage du TSBD, il en est une qui ne sera pas identifiée et qui dormira pendant 35 ans dans les archives de la Commission Warren. En 1998, un spécialiste indépendant, Nathan Darby, va affirmer que cette empreinte était celle de l'auriculaire gauche de Mac Wallace et que le doute n'était pas permis étant donné qu'elle comportait 14 points de comparaison concordants. Quoiqu'il en soit le FBI ne réagira pas et à ce jour n'a toujours pas réagi.

    J'ajouterai pour finir que Mac Wallace fut déclaré mort à la suite d'un accident de voiture survenu à Pittsburgh en 1971 alors que par la suite des gens qui le connaissaient ont affirmé l'avoir vu bel et bien vivant à Las Vegas en 1980.

     

    "Synthèse & Conclusion"

    Les menaces d'attentat qui pesaient sur JFK étaient bien réelles et ne pouvaient être ignorées de tous ceux qui se devaient d'assurer la sécurité du Président.

    La preuve en est que le 9 octobre 1963 un attentat avait été déjoué à Miami et que le 17 novembre 1963 les services Du FBI de La Nouvelle Orléans craignaient une nouvelle tentative à Dallas.

    Dallas, dont le maire Earle Cabell n'était autre que le frère du Général Charles Cabell évincé de la CIA par JFK et où la configuration de Dealey Plaza était idéale pour un tir croisé en triangle, à condition d'être dépourvue de sécurité comme ce fut le cas le 22 novembre 1963.

    L'assassinat du Président nécessitait donc des complicités à différents niveaux, une logistique des plus efficaces et surtout des moyens financiers importants.

    Alors faisons 4 constats:

    1. Le Texas était sous la coupe de quelques individus parmi les plus riches des USA.

    2. Allen Dulles et Charles Cabell étaient des spécialistes des "Black Op".

    3. Les hommes de la Mafia et les Cubains anticastristes étaient des pros de ce genre d'opérations montées par la CIA.

    4. Enfin pour noyauter l'enquête et berner l'opinion publique, il y avait le vieil ami expert en la matière, John Edgar Hoover.

    Puis 4 autres qui s'imposent tout autant:

    1. LBJ deviendra Président sans avoir besoin d'être élu et cassera la politique de JFK défavorable aux lobbies militaires et pétroliers.

    2. Allen Dulles sera choisi par LBJ pour être l'un des sept membres de la Commission Warren et s'emploiera à appuyer la thèse du tireur unique.

    3. John Edgar Hoover sera nommé par LBJ "Directeur à Vie du FBI" ce qui lui permettra de garder le contrôle de la situation.

    4. Quant aux commanditaires, ils avaient désormais leur pion à la "Maison Blanche" pour mieux servir et défendre leurs intérêts.

    Et que dire du clin d'oeil entendu du sénateur Albert Thomas à LBJ dont on devine le rictus, sans parler du sourire malsain de Lady Bird, alors que Jackie était en larmes devant le cercueil de son mari.

    Clin d'oeil qui certes n'avait pas lieu d'être dans un pareil contexte, mais au combien édifiant quant à la collusion d'intérêts de ceux qui pouvaient se réjouir de la mort du Président.

    Pour clore ce second volet, je dirai que l'assassinat de JFK ne fut en fait qu'un coup d'état parmi tant d'autres, à ceci près qu'il changea l'Amérique à jamais, car à la suite du "Rapport Warren", le peuple américain commença à penser que le gouvernement pouvait lui mentir, fait gravissime dans ce pays où le parjure est puni par la Loi. Quant à ceux qui pourrait trouver que mon propos n'est pas vraiment original, je leur répondrai que c'est là mon sentiment depuis près de 50 ans.

      

    http://www.jfk-lecomplot.com/

      

     

     
     
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    JFK n’était pas le fils choisi pour devenir président des États-Unis. Son père voulait que ce soit son fils aîné, Joseph Jr. Mais le frère pressenti disparait lors d'une mission aérienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Et c'est à John que revient l'écrasante charge d'assumer les ambitions paternelles. Lui qui songeait à une carrière dans les affaires se retrouve tout à coup propulsé dans l’arène politique avec un seul mot d'ordre : gagner.

    Le mythe est en marche. Retour sur une vie légendaire avec Thomas Snégaroff, historien, spécialiste des questions géopolitiques et auteur d'une nouvelle biographie sur JFK.
     
     
    Zoom:
    Joseph Kennedy Junior, le patriarche Joseph Kennedy et John Fitzgerald Kennedy, Juillet 1938.
     
    19.11.2013
    propos recueillis par Frantz Vaillant
      
    La mémoire populaire ne retient que le côté glamour du personnage. Ainsi, 50 ans après, sa liaison avec Marilyn Monroe éclipse son combat, par exemple, contre la ségrégation raciale. De même, on oublie que son administration tenta à plusieurs reprises de faire assassiner Castro... Injustice de la postérité ?


    Je crois au contraire que la postérité a plus été bienveillante pour lui. Bien sûr, régulièrement, des livres viennent écorner l’image de Jack Kennedy, mais les sondages, et notamment un très récent, en font l’un des présidents préférés des Américains, alors que son bilan n’est guère flatteur.
    *
    Il n’a présidé qu’environ 1000 jours et n’a pas connu d’avancées particulières en politique intérieure. Son intérêt pour la question raciale ne s’est affirmé que très tardivement, essentiellement après le discours de Martin Luther King à Washington (I Have a Dream) fin août 1963. Quant à Castro, il a échoué à le renverser ! Certes un homme a marché sur la Lune, mais peut-on mettre cela au crédit de Kennedy, même si c’est lui qui a fixé l’objectif.

    C’est essentiellement Johnson, son successeur qui fera avancer les grandes questions sociales, que ce soit celle des soins pour les plus âgés (Medicare) pour les plus pauvres (Medicaid) ou encore la question raciale avec les lois sur les droits civiques et le Voting Right Act qui doit permettre à tous de voter.

    Pour résumé, Kennedy a lancé des pistes, ouvert des voies, mais son bilan est maigre. La postérité en a fait un grand président… qu’il n’a pas eu le temps d’être.
     
    JFK médiatisait largement sa vie privée.

    Ici, dans le bureau ovale avec sa fille Caroline et John John
     
    On dit, et c'était une première à l'époque, qu'il avait un service cinéma à la maison blanche et disposait de cameramen à sa disposition pour filmer son quotidien. C'était un homme parfaitement conscient du pouvoir et de l'impact des images ?

    Oui, c’est une évidence. Juste après la guerre, quand son père a décidé que Jack ferait la carrière politique prévue pour le grand frère, l’une des sœurs s’inquiète de la santé de Jack. Joe, le père lui répond alors :
      
    « Ce qui compte n’est pas ce qu’il est, mais ce que les autres pensent qu’il est ».

    Jack a parfaitement intégré cela. Il maîtrise son image absolument. Son mariage doit être celui d’un couple parfait. Son corps doit être viril et fort… Il refuse par exemple d’être pris en photo avec des béquilles, avec des lunettes, ou en train de manger ! Et gare à ceux qui contreviendraient à ces règles : ils perdraient l’accès à la Maison-Blanche et les réseaux du papa sont tels que tout le monde craint les conséquences. Mais c’est aussi l’esprit du temps : la recherche de scoops dans la vie privée n’est pas encore à la mode…
     
    Zoom:
      
    Une image très rare de JFK avec des béquilles.
    Le président endure de sévères maux de dos et doit porter un corset.
     
    JFK et ses problèmes de dos... Il existe très peu d'images de lui avec ses béquilles ?

    Voilà, c’est l’une des expressions de la maîtrise des images. Une est cependant publiée en juin 1961. Pierre Salinger, le porte-parole de la Maison-Blanche, à qui l’on pose la question répond que c’est à la mode de marcher avec une canne ! Et l’on passe à une autre question, c’est dire !


    Le père, JOE, a une très hautes ambitions pour ses enfants. On a le sentiment qu'il élève ses enfants comme le propriétaire d'une écurie, d'un haras, avec ses pur-sangs obéissant à un seul mot d'ordre : gagner à tout prix. Image juste ?

    Absolument ! Ce sont des bons petits soldats élevés pour être les meilleurs. Dans leur propriété de Hyannis Port à Cape Cod, on fait du sport du matin au soir et on veut toujours GAGNER !

    Comment l’expliquer ? Peut-être doit chercher du côté de la psychologie des parents, Joe et Rose, descendant d’Irlandais qui, malgré une immense richesse, n’ont jamais été pleinement acceptés dans la haute société bostonienne. Se joue une forme de revanche sociale. Montrer au monde que les Kennedy sont les meilleurs !
     
      
    8 novembre 1960. JFK devient le 35ème président des Etats-Unis.
    Ici avec sa femme Jackie et ses deux parents
     
    JFK avait-il un réel talent politique ou a-t-il accepté de s'engager dans le combat pour obéir surtout au patriarche après le décès de son frère aîné (la vie de play-boy lui aurait tout aussi bien convenu...) ?

    Rien ni personne ne peut dire que sans la mort de Joe Jr, Jack ne serait pas entré quand même en politique !

    Mais on ne peut l’assurer pour autant… A l’adolescence, Jack est dilettante, moyen à l’école et d’une santé très fragile. Pas le meilleur profil pour nourrir les ambitions du père. Cependant, Jack songe à une carrière dans les affaires publiques. Pas nécessairement un mandat électif.
      
    D’ailleurs lors de sa première campagne, en 1946, il est très mauvais ! Il déteste saluer les gens qu’il ne connaît pas, n’aime pas toucher les inconnus. Bref, on est loin de l’animal politique qu’il allait devenir et que son grand frère avait déjà commencé d’être !
    Il a répondu à l’injonction paternelle, c’est sûr. Dans un entretien donné juste avant la présidentielle de 1960, Jack dit : « C’était comme être choisi. Mon père voulait son fils aîné en politique. "Voulait" n’est pas le bon mot. Il l’exigeait plutôt. Vous connaissez mon père ».


    Cette boulimie sexuelle, c'est une légende ?


    Ah non, ce n’est pas une légende ! Dès l’adolescence, Jack enchaîne les conquêtes à un rythme vertigineux. Il n’est pas rare qu’il ait plusieurs maîtresses différentes en une journée.

    Marié, cela ne changera rien. Il adore notamment passer quelques jours sur la côte d’Azur sur un yacht où il se livre à de véritables orgies.
     
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    JFK et sa sœur Rosemary.Selon son père Joseph, elle était atteinte d'un léger retard mental.

    Elle subira une lobotomie à 23 ans
      
    Rosemarie, la soeur que l'on interne de force, c'est la grande sacrifiée de la famille ? Le grand tabou du clan ?

    Oui, c’est certain. Je me permets de vous lire ici les lignes que je lui consacre dans mon livre : « Le 13 septembre 1918, alors que Rose s’apprête à donner naissance à son troisième enfant, Dr. Good est en retard.
      
    Un retard aux conséquences dramatiques. Le travail a commencé et la tête du bébé se présente, mais reste coincée dans le vagin de la mère. Pendant quelques longues minutes, le cerveau est privé d’oxygène. L’arrivée du docteur Good libère le bébé, mais les séquelles sont irréversibles.
      
    Comme souvent dans ces cas-là, les parents ne remarquent le retard de leur enfant qu’au moment de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Rosemary est un enfant joyeux, mais bien plus lent que ses frères et sœurs. Son retard mental est évident. Rose passe plus de temps avec elle qu’avec les autres.
      
    Les passants de Coolidge Corner voient presque tous les jours se promener la maman et sa petite fille, main dans la main. Souvent, elles se rendent ensemble dans le grand magasin du quartier. Rosemary adore les jolis vêtements. Elle les aimera jusqu’à la fin de sa vie.
      
    Son handicap lui permet cependant une certaine autonomie et même davantage. Ainsi, elle peut, par exemple, s’occuper de ses petits frères et sœurs à la plage. Cependant, manifestement, cet enfant devenu jeune fille ne cadre pas avec l’excellence que Joe et Rose imaginent pour chacun des membres de leur famille. En 1941, le couple se décide à tenter le tout pour le tout pour « guérir » Rosemary. Le risque est énorme. À 23 ans, la jeune fille est confiée à deux figures majeures de la neurochirurgie de l’époque, Walter Freeman et James Watts, pour être lobotomisée.
      
    Le résultat est catastrophique. Rosemary a désormais l’âge mental d’un enfant de trois ans. Elle passera soixante ans au couvent Saint-Coletta, un institut catholique pour personnes attardées, bien à l’abri des regards extérieurs. Tous les Kennedy ne peuvent être des vainqueurs, mais aux yeux du monde, ils doivent l’être. »
     
     
     
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    Bob Kennedy avec son fils David qui mourra d'une overdose en avril 1984
    Avec le recul, on a un peu le sentiment d'une famille férocement égoïste, allant jusqu'à sacrifier ses enfants (éducation, délinquance, suicide, problème de drogue, etc) pour parvenir à ses fins...

    Difficile à affirmer, n’étant pas psychologue. Il est certain qu’il a dû être difficile d’être un enfant Kennedy. De devoir toujours être à la hauteur !
    Mais, je crois que contrairement à ce qu’on dit souvent, Joe et Rose ont aimé leurs enfants. Peut-être n’ont-ils pas toujours été adroits dans leur éducation…


    Beaucoup remettent en question l'obtention de sa décoration militaire, la "Purple Heart", comme beaucoup discutent l'attribution de son prix Pulitzer... Était-ce le père, une fois encore, derrière ces distinctions ?

    C’est clair que l’héroïsme dans le Pacifique et le Prix Pulitzer sont sujets à caution.
    Pour le premier, c’est d’abord l’armée américaine, et non Joe, qui a monté en épingle le sauvetage de son équipage par le lieutenent Kennedy dans le Pacifique. L’armée avait besoin de héros pour l’opinion publique US et ses dollars. En revanche, la patte du papa est évidente pour les récompenses. James Forrestal, le ministre de la Marine, qui lui remet ses médailles, est un grand ami de la famille. Cela servira la carrière politique de Jack qui, lors de chaque campagne, fera envoyer à ses électeurs le récit de sa bravoure dans le Pacifique.

    Quant au Pulitzer, c’est encore plus évident. Le livre « Profiles in Courage » n’est même pas écrit par Jack, mais par son fidèle conseiller Ted Sorensen. Peu importe. Joe veut en faire un best-seller et en achète des milliers d’exemplaires lui-même (son cousin Joe Kane idem). Puis il appelle son vieil ami Arthur Krock, du NYT, et surtout membre du Conseil d’Administration du prix Pulitzer. Un prix qui a d’abord échappé à Jack mais après l’intervention de Krock, on revient sur la décision et on l’accorde à Jack !

    Bref, un prix qu’il n’a pas eu pour un livre qu’il n’a pas écrit. Cela se passe comme ça chez les Kennedy. Il suffit de vouloir pour avoir.

    Le rôle réel de la Mafia dans la campagne Kennedy ? Dans son assassinat ?

    Très difficile… C’est une question que j’aborde peu dans mon livre parce que ce ne sont que des conjectures. Rôle réel ? On n’en sait rien, à vrai dire.
     
     
    Zoom:
      
      
    Jacqueline Kennedy et JFK.
    Elle sait fermer les yeux sur les frasques de son mari
      
    Jackie, admirable de courage pendant la journée tragique, a, semble-t-il, ruiné son "capital amour" auprès des américains suite à sa liaison avec Onassis...

    Non, les Américains ont toujours adoré Jackie, sauf peut-être lors de sa virée sur le yacht d’Onassis durant l’été 1963.
      
    Des photos sont même sorties dans la presse où elle paraît légèrement flirter avec l’armateur grec…

    Mais tout rentre dans l’ordre à son retour, et la magie Jackie semble opérer à nouveau le 21 et le 22 novembre 1963 au Texas…


    En 2017, on pourra accéder à l'intégralité des archives. Qu'est ce qui pourrait être révélé ? La vérité sur sa mort ? Le rôle de la CIA ?


    Ne nous faisons pas d’illusion. Il reste très peu d’archives à découvrir et il est fort à parier que rien d’extraordinaire ne sortira.

    Malheureusement pour nous, l’enquête personnelle de Bobby – probablement très précieuse - a été brûlée par Jackie après la mort de Bobby…



    Thomas Snégaroff vient de publier "Kennedy: Une vie en clair-obscur" (Édition Armand Colin) 
      
      
      
      
        
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    John Kennedy Junior, son épouse Carolyn et Lauren, une de ses sœurs, prennent l'avion ce vendredi 16 juillet 1999 afin de rejoindre Hyannis Port pour assister au mariage de Rory, la fille de feu Bob Kennedy.

     

      

     

    Ils partent de l'aérodrome de Fairdield dans le New Jersey, et doivent faire escale sur l'île de Martha's Vineyard, Massachusetts, pour y déposer Lauren.

     

      

     

    Il aurait du être accompagné d'un pilote instructeur, mais ce dernier a eu un malaise juste avant le décollage. Mais JFK Jr. détenait son brevet de pilote depuis maintenant deux ans. Les pilotes qui le connaissaient estimaient ses heures de vols à au moins 300.

     

    Arthur Marx, pilote en chef du club d'aviation de Martha's Vineyard déclarait :

     


    "C'était un bon pilote et il était habitué à cet aéroport, autant qu'un pilote expérimenté."

     


    JFK Jr. boitillait suite à une fracture du pied qu'il s'était fait récemment, mais son avion était pourvu d'un pilote automatique. Son léger handicap physique aurait éventuellement pu le gêner lors des manœuvres de décollage ou d'atterrissage, malgré qu'un pilote de la base de Fairfield, Larry Lorenzo, affirmait :

     


    "S'il pouvait marcher, il pouvait voler."



    JFK Junior décolle donc de l'aérodrome vers 20 h 40, seulement accompagné de ses proches, et suivi des yeux par un pilote, Kyle, qui se souvient avoir entendu un ronronnement anormal lorsque les moteurs du Piper 32 Saragota II se mirent à tourner.

    Cet avion d'une puissance de 300 chevaux qui datait de 1995 et dont JFK Jr. s'était porté acquéreur au mois d'avril 1998 ne s'était pas fait remarquer de par un quelconque problème technique d'après ses propriétaires précédents et les autorités compétentes.

     

     

     

    L'avion volait à 5 600 pieds. Alors qu'il était à 10 minutes de l'aéroport de Martha's Vineyard, il plongea soudainement de 700 pieds en 29 secondes. Selon les radars, il aurait eu un taux de descente supérieur à 1.500 mètres/minute, c'est-à-dire dix fois plus vite qu'un taux normal, selon les experts. Il disparu des écrans radar à 21h38, alors qu'il était rendu à 1 800 pieds. 

     


    Mais du côté des contrôleurs de l'air de Martha's Vineyard, personne ne s'inquiéta de cette disparition...

     


    La famille de JFK Jr qui attendait son arrivée, prévue entre 23h00 et 23h30 à l'aéroport de Hyannis, téléphona à ce dernier à 2h30 du matin. C'est alors que les recherches débutèrent.

     

     

     

    Il faudra six à neuf mois pour déterminer la cause de l'accident, selon James Hall, le président de la NTSB (Bureau national de la sécurité des transports).

     

     

     

      

    La famille Kennedy a demandé que, contrairement à la procédure normale, aucune photographie des trois corps ne soit prise pendant leur autopsie à Cape Cod, de crainte que ces clichés ne se retrouvent à la une des tabloïds ou sur Internet. Michael O' Keefe, représentant du ministère public à Cape Cod, s'est contenté de déclarer que les souhaits des Kennedy avaient été "respectés dans la mesure du possible''.

     

      

     

    Cette demande peut surprendre quand on sait que dans l'affaire Diana des dizaines de photos ont été prises par des journalistes différents, et qu'aucun cliché morbide n'ait filtré dans le domaine public. Veut-on se débarrasser de tout ce qui pourrait nous interpeller au sujet de cet "accident"?

     

     

     

    Le parcours :

     


    L'avion de JFK Jr. a emprunté une route aérienne qui a déjà fait parler d'elle voilà 3 ans maintenant quasiment jour pour jour. Le 17 juillet 1996 le vol TWA 800 explosa en vol dans la même zone alors qu'il volait à 13 700 pieds. L'enquête officielle conclue à une défaillance technique de l'appareil. Mais une équipe d'enquêteurs indépendants sont convaincus que l'explosion est due à un missile à énergie cinétique tiré à partir de la mer lors d'un exercice d'entraînement de l'U.S. Navy.

    JFK Jr. survolait une "zone de guerre" qui était interdite, en 1996, aux vols d'une altitude inférieur à 6 000 pieds. Quand on sait que JFK Jr. ne déposa pas de plan de vol, n'eu aucun contact avec les contrôleurs de vol après avoir quitté Fairfield, et que personne ne connaissait précisément la route qu'il allait suivre, on peut se demander si en cas d'opération militaire ce jour-là, quelqu'un aurait été en mesure de l'avertir d'un danger potentiel.

    Le complot politique :

     


    On peut aussi s'interroger quand à savoir si ce danger aurait pu être l'acte volontaire de personnes ayant tout bénéfice à ce que JFK Jr. rejoigne les 230 victimes du vol TWA 800.

     


    Pierre Salinger, porte-parole de la Maison-Blanche sous les présidences Kennedy et Johnson, l'homme qui a présenté le rapport concluant à la thèse du missile au sujet du vol TWA 800, a dit de JFK Jr. qu'il serait le président du XXIéme siècle.

     


    JFK Jr., qui s'était tenu à l'écart du monde politique jusqu'à présent, venait de décider de proposer sa candidature pour les sénatoriales de l'état de New York de l'an 2000. De plus il aurait eu 42 ans en 2004, et il serait devenu l'adversaire de George W. Bush Jr..

    Le père de cet homme promis à un grand avenir (maintenant !) n'est autre que l'ex-chef de la CIA, l'ex-chef du CFR, l'ex-président des États-Unis, un des membres du comité des 300, ex-membre des Bilderberg, de la commission trilatérale et certainement de "Skull and Bones", ordre secret qui réunit entre autre l'élite du CFR . L'attitude de George Bush devant la détention à Londres du général chilien Pinochet est évocatrice sur la façon dont les affaires du monde doivent être traitées de son point de vue.

     

    L'ancien chancelier conservateur britannique Lord Lamont, ardent défenseur de l'ancien dictateur chilien, a indiqué avoir reçu une lettre de soutien de George Bush plaidant pour sa libération.

     

    John Todd, ex-membre du conseil des 13, déclarait :

     

    "On y traite de politique et de finance et on y projette l'instauration d'un gouvernement mondial unifié. Cette organisation fera tout ce qui est en son pouvoir pour instituer ce gouvernement mondial même si cela exige une troisième guerre mondiale."

    Mais comme dirait Skinner dans une célèbre série télévisée :

     

    "Cette affaire nous dépasse tous !"

     

     

     

    http://celebritesdisparus.vip-blog.com/vip/categories/38008.html

     

     

     

     

     

     

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    Collection, J. F. K. Family Museum, Hyannis, MA

     

     

    Kennedy Junior :
     
    la pure hypothèse de l’assassinat
    Et si la mort de JFK Junior n’était pas accidentelle ?
    Dominique Page résume les arguments des tenants de la théorie du complot.
    Par Dominique Page
     
     
     
     
     

    «S’ils tuent des Kennedy, alors mes enfants sont des cibles», avait dit Jackie.

    C’était en 1968, peu après l’assassinat de l’oncle Robert. La veuve de JFK avait réclamé un service de protection rapprochée pour ses deux enfants, John et Caroline. A l’époque, cette mesure de sécurité n’étonnait personne. La mort du président, et celle de son frère candidat aux présidentielles, s’entouraient d’un mystère si épais que tout paraissait possible.

    Trente ans plus tard, l’héritier du trône disparaît alors que l’assassinat du père n’est toujours pas élucidé. Nul ne s’étonnera de voir resurgir les fameuses théories du complot. Officiellement, JFK Junior est mort à la suite d’un accident aérien. Mais il n’y a pas de témoin. Toutes les hypothèses sont dès lors ouvertes, alors allons-y.

     

    Et si la mort de JF K Junior n'était pas "accidentelle" ?

     

    Il y a d’abord la thèse de l’assassinat politique. Si l’on considère que John Kennedy Junior aurait eu toutes ses chances d’accéder à la présidence des Etats-Unis, on peut imaginer l’élimination pure et simple d’un candidat gênant. Pierre Salinger, l’ancien chef du service de presse de JFK, a déclaré lundi sur les ondes d’Europe 1 que John envisageait de se lancer dans la course au pouvoir.

     

    «J’avais l’impression que dans l’année à venir, John Junior allait également devenir un homme politique.

     

    C’est mon point de vue.

      

     

    Et si la mort de JF K Junior n'était pas "accidentelle" ?

     

     

    Et avec d’autres personnes, on pensait qu’il allait être candidat démocrate aux prochaines élections présidentielles.» Un témoignage à prendre avec les pincettes d’usage: Salinger est connu pour ses déclarations fumeuses.

    Reste que JFK Junior n’avait pas besoin de convoiter la Maison blanche pour inquiéter ses rivaux. Sa simple candidature à une élection locale aurait déjà passablement agité les milieux politiques. Il y a quelques mois, l’ex-sénateur républicain Alfonse D’Amato déclarait que John serait un candidat solide pour la mairie de New York. Une phrase pas forcément innocente, d’autant que les deux hommes se connaissaient bien.

      

    John Kennedy venait d’offrir à D’Amato un poste de chroniqueur du magazine George.

     

    On peut aussi imaginer une vengeance liée à l’activité d’éditeur de JFK Junior. Son poste de rédacteur en chef du magazine «George» lui offrait une tribune de choix.

      

    S’apprétait-il à publier des informations gênantes sur l’assassinat de son père ? Rien ne permet de l’affirmer. Mais le rideau de fumée qui entoure encore, trente cinq ans plus tard, l’événement le plus spectaculaire de l’histoire américaine laisse toutes les hypothèses ouvertes.

     

     

      

    Bien sûr, il est possible que John Kennedy et ses deux passagères aient succombé à un banal accident aérien. Les risques de perdre la vie à bord d’un Piper sont faibles, mais ils existent. En revanche, les probabilités de disparaître dans la mer, sans indice ni témoin, frôlent l’indice zéro si l’on exclut toute intervention extérieure.

    La mort de John Kennedy, de son épouse et de sa belle-soeur est-elle due à un extraordinaire concours de circonstances ?

      

    Ou y a-t-il eu une intervention extérieure ?

      

    L’enquête le dira ou...  peut-être pas.

     

     

     

    LUNDI 19 JUILLET 1999

    sources

    http://www.largeur.com/?p=147

     

     

     

    Shelley Thayer Layton
      67 River Street
    Norwell MA, 02061
    (781) 659 7567
     
    Painter
     

     

     

     

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     L'EMPOISONNEUSE DE MAXEVILLE

     

    Rodica Negroiu. Voilà une femme qui savait ce qu’elle voulait dans la vie : pour réussir, elle a quitté sa Roumanie natale.

      

    Elle est devenue française en se mariant.

      

    Surtout, elle n’a pas hésité à faire disparaître les hommes qui finissaient par l’encombrer.

    Rodica Negroiu

    Il faut dire que cette femme ne manquait pas de charme avec ses longs cheveux blonds, son accent chantant, et un sacré bagout. Mais la justice a fini par s’étonner des crises cardiaques qui frappaient curieusement les hommes dont elle était proche…

     

    Il venait de neiger, quand Raymond Jactel est mort, ce 14 décembre 1990.

      

    Le retraité déblayait le chemin de sa petite maison de Vandoeuvre, dans la banlieue de Nancy. Il a fait un infarctus massif. A 82 ans, la neige et le froid ont, semble-t-il, eu raison de lui. Mais trois jours plus tard un voisin appelle le commissariat.

      

    Il explique qu’une femme vit toujours dans la maison du vieil homme. Elle s’appelle Rodica Negroiu. D’origine roumaine, elle travaille comme aide soignante dans un hôpital psychiatrique de la région, et elle assistait Raymond Jactel dans ses tâches ménagères.

     

    Les policiers constatent que le retraité lui a vendu sa maison en viager deux mois avant son décès. L’homme n’avait pas d’enfant, mais il s’était attaché à une ancienne pupille de l’assistance publique, dont il avait fait son héritier. C’est lui, qui logiquement aurait du hériter de ses économies : 700000 Francs convertis en bons du trésor.

      

    Mais il ne les a pas touchés, et quand les policiers ont retrouvé leur trace, c’est Roger, le petit ami de Rodica Negroiu qui tentait d’échanger ces bons à la Banque Postale ! Les policiers s’intéressent alors plus sérieusement à Rodica Negroiu.

     

    Une voisine de Raymond Jactel leur raconte que, quelques jours avant sa mort, le retraité lui a fait des confidences : il se demandait ce que son aide soignante lui faisait avaler. Il était très fatigué et la soupçonnait de l’empoisonner… Le juge d’instruction ordonne l’exhumation du corps.

      

    Les analyses révèlent la présence de phénobarbital, un barbiturique, et des doses de digoxine, trois fois supérieures "à la normale". Chez un homme qui ne souffrait pas de problème cardiaque et ne s’était jamais vu prescrire ce type de médicament, voilà qui est plus qu’étrange ! En interrogeant les pharmacies du coin, les policiers apprennent que Rodica Negroiu y a acheté du phénobarbital fin août…


    Et la suspicion des policiers monte encore d’un cran, quand ils découvrent que le mari de Rodica Negroiu est mort peu de temps avant, dans des conditions étranges. Il s’appelait Gérard Helluy.

     

    Il avait 65 ans quand il l’a rencontrée. Il l’a épousée deux mois plus tard.


    Sa famille raconte que Rodica Negroiu a abusé de la générosité de son mari pendant deux ans. Il est mort quelques semaines après qu’elle a obtenu la nationalité française, et une donation au dernier vivant… Le juge ordonne donc l’exhumation du corps de Gérard Helluy et là encore, on découvre des quantités très élevées de digoxine ! Le 9 juin 1992, Rodica Negroiu est placée en garde à vue et inculpée d’homicide volontaire.

      

    Un mois plus tard, le juge reçoit une lettre en provenance d’Israël.

     

    C’est Esther Goldstein, la soeur du premier mari de Rodica Negroiu, qui lui écrit. Elle vient d’apprendre par la presse les accusations qui pèsent sur son ex-belle soeur et elle est persuadée que son frère, décédé d’une crise cardiaque, a en fait connu le même sort. Rodica Negroiu est maintenant inculpée de deux empoisonnements et un homicide volontaire.

      

    Mais coup de théâtre ! Après 10 mois d’emprisonnement, son avocat demande une contre-expertise toxicologique.

     

    Et cette fois, l’expert ne retrouve aucune trace de digoxine ou de phénobarbital sur le corps de Gérard Helluy !

      

    L’aide soignante est remise en liberté. Un temps dont elle profite pour attaquer tous ceux qui se sont mis en travers de son chemin : policiers, témoins ou juge d’instruction… Condamnée à 5 ans de prison avec sursis et 10000 francs d’amende pour diffamation, Rodica Negroiu, qui devait comparaitre libre à son procès, entre finalement dans la cour d’Assises les menottes aux poignets.

     

    Son procès s’ouvre le 21 juin 1999 à Nancy. Après sept ans d’instruction, la cour la condamne à 20 ans de réclusion et Rodica est aussi déchue de sa nationalité française.

     

    C’est aujourd’hui son fils, qui a repris le combat, et qui défend l’innocence de sa mère en multipliant les demandes en révision.

     

    Intervenants :

    Jean-Paul Hartmann, juge d’instruction, TGI de Nancy
    Me Alain Behr, avocat de Rodica Negroiu
    Inspecteur Serge Ploussard, PJ de Nancy
    André Laurain, voisin de Raymond Jactel
    Claude, héritier de Raymond Jactel
    Pr. Henri Coudane, expert en médecine légale
    Francine Helluy, soeur de Gérard Helluy
    Madeleine Helluy, belle-soeur de Gérard Helluy
    Pr. Michèle Rudler, expert en médecine légale
    Me Gérard Michel, avocat de Rodica Negroiu
    Dr. Francis Boquel, expert psychiatre
    Frédéric Clausse, journaliste à L’Est républicain
    Me Thierry Moser, avocat de la famille Helluy
    Dominique Rizet, journaliste.

     

     

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    MARSEILLE :

    LA CRIMINALITE A MARSEILLE UNE VIEILLE HISTOIRE  ?

     

     

     
     

    Marseille : LES CHANGEMENTS DE LA CRIMINALITE MARSEILLAISE AU SIECLE DES REVOLUTIONS INDUSTRIELLES

    Marseille : Si l’image de Marseille s’est dégradée avec la vague de règlements de compte en 2012, si la cité phocéenne évoque une ville dangereuse, la ville par excellence du « Milieu », Marseille est-elle vraiment la capitale du crime en France ? La violence et la délinquance ont-elles toujours été élevées ?

    Un retour sur le XIXè siècle et le début du XXe montre comment s’est formée l’imaginaire d’un Marseille criminel, que corrobore une expansion de la criminalité. Selon l’historienne Laurence Montel (1), « il n’atteint pas le registre de la littérature avant les années 1880. Avant ces années, s’il existe un imaginaire criminel, il est romantique, nostalgique et passéiste. Il s’organise autour des thèmes de la cour des miracles et de la gueuserie, ancrées dans les vieux quartiers (l’actuel Panier) et ne traduit ni l’existence de zones de non-droit, ni un sentiment d’insécurité véritable ».

    Absence de criminalité organisée

    Dans les décennies 1820 et 1830, les actes de banditisme traditionnel, tels que les vols avec violence, sont très rares, et les pratiques illicites régulières poursuivies devant les tribunaux sont des vols collectifs de marchandises, des trafics de biens volés (recel), de monnaie (fausse monnaie) et des actes de contrebande (vin). Entre 1820 et 1870, ces grappillages portuaires, comme les cambriolages de domaines et de domiciles, engendrent un marché parallèle des biens volés. Un marché d’alcool de contrebande prospère aussi. Mais ces deux marchés ne renvoient pas à une criminalité organisée puissante.

    La criminalité s’accroît sous le Second Empire lorsque la croissance marseillaise marque le pas. A la fin des années 1860, les administrateurs locaux réclament d’ailleurs, sans succès, l’étatisation de la police municipale, c’est-à-dire sa prise en charge partielle par l’Etat.

    Assiste-t-on à la naissance du « Milieu » marseillais ?

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    Marseille : le milieu au début du XX° siècle

    D’après les récits parus dans les années 1960-1990, le « Milieu » naît au début du XXe siècle dans un quadrilatère exigu situé derrière la mairie, où la prostitution était tolérée. Dans les années 1900, la bataille aurait fait rage pour son contrôle, entre les souteneurs de la bande de Saint-Jean, implantés dans le dit quartier, et ceux de la bande de Saint-Mauront, issus d’un faubourg ouvrier moins rentable. Ces souteneurs sont appelés « nervis ». Les récits de leurs affrontements vont inspirer les chroniqueurs judiciaires de la fin du siècle. Cependant, il est discutable de faire l’association immédiate de ces événements à la naissance du « Milieu ». En effet, la criminalité et la délinquance organisées des années 1880-1900 ne se limitent pas à eux. En outre, le lien entre les souteneurs du début du XXe siècle et les grandes figures du « Milieu » de l’entre-deux-guerres ne va pas de soi. Enfin, les violences collectives peuvent aussi s’expliquer par la crise et les transformations économiques qu’a subies Marseille depuis un demi-siècle avec notamment une importante immigration et une industrialisation qui changent profondément le visage de la ville.

    C’est ce qu’explique l’historienne Céline Regnard-Drouot dans son livre Marseille la violente : Criminalité, industrialisation et société (1851-1914).

    Au tournant du siècle, la spécificité marseillaise se situe plutôt du côté des trafics. A côté des trafics locaux, des trafics internationaux se développent à partir des années 1880-1890. Leurs instigateurs tirent profit de la fonction d’interface du port de Marseille. L’activité la plus emblématique de la période est la traite des femmes qui assure la rotation des prostituées dans les établissements locaux et internationaux. Ces évolutions entraînent la réaction de grande ampleur des pouvoirs publics. Le gouvernement étatise la police de la Sûreté et fait de Marseille le siège de la 9e brigade de police mobile. Ainsi, à la fin des années 1900, la figure du « nervi » a imposé la dangerosité criminelle de Marseille comme une réalité nationale sans équivoque.

    Sources :

    Laurence Montel, « Marseille capitale du crime. Histoire croisée de l’imaginaire de Marseille et de la criminalité organisée (1820-1940)« , thèse de doctorat, Université de Paris X Nanterre, 2008, dact., 2 vol., 990 f°.

    Céline Regnard-Drouot, Jean-Claude Farcy, « Marseille la violente : Criminalité, industrialisation et société (1851-1914« ), Presses universitaires de Rennes.

     

     

     

    Marseille, NAISSANCE DU MILIEU MARSEILLAIS : LES PARRAINS S'INSTALLENT. Marseille, Ce sont les années vingt et trente du XXe siècle qui voient véritablement émerger dans la cité phocéenne un crime organisé, le Milieu marseillais. Si l’on peut parler de criminalité...

     

    MARSEILLE :

    LA CRIMINALITE A MARSEILLE UNE VIELLE HISTOIRE  ?

     

     
     

    Marseille, NAISSANCE DU MILIEU MARSEILLAIS : LES PARRAINS S’INSTALLENT.

    Marseille, Ce sont les années vingt et trente du XXe siècle qui voient véritablement émerger dans la cité phocéenne un crime organisé, le Milieu marseillais. Si l’on peut parler de criminalité organisée, c’est parce que les institutions répressives sont confrontées à des malfaiteurs qui élaborent des stratégies diverses et souvent efficaces pour contrer leur action.

    Les figures de Paul Carbone et François Spirito sont emblématiques de ce « milieu marseillais », qui met en place un vaste réseau organisé de contrôle des activité illicites et de vol, au profit d’une élite du crime plus ou moins proche des élites officielles (politique, milieux d’affaires, police, show-business, sport…). Avant eux, des activités illicites existaient à Marseille, mais atomisées entre les mains de nombreux acteurs indépendants les uns des autres (petits proxénètes, etc.). « Surnommés les «Al Capone français», ils nouent leur association dans le proxénétisme. Ils jettent ensuite les bases de la French Connection, qui achemine la drogue de l’Europe vers les Etats-Unis1 ». Leur pouvoir repose notamment sur la proximité avec l’homme fort de la politique locale Simon Sabiani (socialiste indépendant puis fasciste au PPF) puis avec les autorités de la collaboration. Leur règne prend fin avec la fin de la guerre : Carbone meurt en 1943 dans un sabotage de la Résistance intérieure française et Spirito s’enfuit à la Libération de la France.

    L’ère de Carbone et Spirito

    La domination de Carbone et Spirito n’empêche pas d’autres voyous de développer, à plus petite échelle, leurs affaires. Notamment les frères Guérini, en pleine ascension, avec qui Carbone et Spirito passent un pacte vers 1937 : ils laissent aux Guérini la prostitution si ceux-ci ne touchent pas aux autres activités. Mais leur rôle dominant inspire les cinéastes. Carbone et Spirito sont notamment représentés dans le film « Borsalino », avec Jean-Paul Belmondo et Alain Delon (1970).

    En vue d’assurer leur impunité, voleurs et trafiquants font d’abord preuve d’une vigilance « organisatrice » de leur quotidien, indique l’historienne Laurence Montel, visant à retarder leur identification par la police : usage de fausses identités, de prêtes-noms, pratique de la mobilité… En cas d’enquête ou d’information, d’autres stratégies sont déployées, dont l’absence complète de coopération. Les accusés les plus fortunés s’entourent d’habiles avocats. Et la Sûreté marseillaise ne semble plus assurer ses missions avec la rigueur qui s’impose. Manquant d’agents et de moyens modernes comme les voitures et les téléphones, elle ne peut pas quadriller efficacement l’espace marseillais. Les trafiquants profitent aussi des relations de clientèle qu’ils entretiennent avec certains hommes politiques locaux. Tout semble alors concourir à faciliter leurs activités.

    Traite des femmes, trafic d’armes et surtout des stupéfiants

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    Marseille : le milieu

    Dans l’entre-deux-guerres, les trafics – alcool frelaté, jeux prohibés et essor des machines à sous – représentent une part toujours croissante de la répression correctionnelle, et désormais, la principale occupation des hommes du Milieu. A côté de ces trafics toujours ancrés dans l’espace local, les trafics internationaux, prenant Marseille pour pivot, se développent. A la traite des femmes, qui se perpétue, s’ajoute un trafic d’armes plus visible, notamment au moment de la guerre d’Espagne. Mais ces années sont surtout marquées par l’essor du trafic de stupéfiants, dont le pouvoir rémunérateur dépasse celui du trafic de prostitution.

    « L’avènement du milieu marseillais coïncide avec la péjoration de l’image de la ville », souligne Laurence Montel. Si sa dangerosité criminelle s’est affirmée à la Belle Epoque, elle ne s’est vue affublée d’une stature criminelle dominante qu’à partir de la deuxième moitié des années trente. Ce mouvement, que les contemporains ont eu tendance à associer à diverses caractéristiques culturelles et ethniques locales, doit beaucoup, en premier lieu, à l’essor des trafics illicites. Quoique leur pénalisation s’accroisse, ils restent mal réprimés. Une certaine défaillance des institutions locales, tandis que les luttes politiques, très violentes, sont favorables aux collusions entre milieux politiques et criminels.

     

    Petain à Marseille 1940

    MARSEILLE : LA CRIMINALITE A MARSEILLE UNE VIEILLE HISTOIRE ?

     

     
     

    Marseille : L’APRES-GUERRE ET L’ESSOR DU MILIEU

    Après la Seconde guerre mondiale, « les frères Guérini (jusqu’à la fin des années 1960), Gaëtan Zampa (soupçonné d’avoir commandité le meurtre du juge Michel en octobre 1981) ou encore Francis Vanverberghe, dit «Francis le Belge» (assassiné à Paris en 2000) prennent le relais, et sont considérés comme les principaux «parrains» à Marseille. Depuis le début, les relations des gangsters avec les édiles locaux font débat. Une chose est sûre : les frères Guérini bénéficient de leur relation avec le socialiste Gaston Deferre pendant le long mandat de celui-ci à la mairie de Marseille (trente-trois ans ininterrompus entre 1953 et 1986). Mémé Guérini et le futur ministre de l’intérieur de François Mitterrand ont combattu ensemble l’occupant nazi : l’un et l’autre sont d’authentiques résistants. Décoré à la Libération, Mémé – dont le frère eut une attitude beaucoup plus ambiguë pendant la guerre – a d’abord bâti son empire sur la prostitution. Le clan familial cible ensuite l’univers des jeux, où il perdra beaucoup d’argent», explique Frédéric de Monicault dans la revue Historia.

    Les frères Guérini sont habiles. Chacun soutenant une des figures de la politique locale, SFIO ou opposition. En particulier, Mémé Guérini sera un proche de Gaston Defferre. Antoine Guérini a plutôt soutenu des rivaux de Gaston Defferre (Pisani-Ferri, puis des gaullistes dans les années 1960).

    « French connection »

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    Marseille : Bousquet, chimiste de la french Connexion

    Les Guérini vont reprendre et développer les réseaux de la « French Connection » (trafic international de drogue en direction des Etats-Unis) hérités de ceux mis en place par les parrains Carbone et Spirito. On estime généralement que, dans les années 1950-1960, le clan Guérini est l’un des plus puissants groupes criminels d’Europe et sans doute le plus important qu’ait jamais connu le crime organisé français. Dès 1950, Antoine Guérini s’allie avec le boss de la mafia italo-mexicaine, Charles « Lucky » Luciano, pour industrialiser le trafic de drogue.

    La situation des Guérini, jusque là très profitable, va se gâter rapidement dans la deuxième moitié des années 1960. La question de l’assassinat de Robert Blémant, ancien de la DST (le renseignement intérieur français) associé dans des affaires de jeu à Paris, va diviser les deux frères : Mémé, qui joue le jeu de la légalité opulente (avec de grandes fêtes mêlant politique, affaires, show-biz) s’y oppose tandis qu’Antoine y est favorable et fait abattre Blémant le 4 mai 1965. La mort de ce dernier met les Guérini au ban du Milieu européen. L’empire Guérini s’effondre avec l’assassinat d’Antoine Guérini le 23 juin 1967, puis l’arrestation de Mémé Guérini et des autres frères en 1968. Mémé Guérini reste en prison jusqu’en 1978, puis vit écarté des affaires jusqu’à sa mort d’un cancer le 1er mars 1982.

     

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    Gaëtan Zampa et Francis « le Belge »

    Marseille : Gaëtan Zampa

    C’est Gaëtan Zampa (né en 1933 à et issu d’une famille napolitaine) qui va récupérer l’empire Guérini après la chute du clan en 1967-1968. Le règne de Zampa sur Marseille n’est pas de tout repos au cours des années 1970 sera semé d’embûches : le vieil « empire Guérini » suscite les convoitises. Zampa doit mener deux grandes « guerres » des gangs, contre Francis « le Belge » (1972-1973) puis contre Jacky Le Mat (1977), dont il sort affaibli. À cela s’ajoutent les coups portés par la police à la « French Connection » (1971-1972) qui assurait une bonne part des revenus du Milieu marseillais. Après plusieurs années d’incertitudes (1977-1983), le clan Zampa s’effondre brutalement à la suite d’arrestations menées par la police (1983) puis le suicide en prison de Gaëtan Zampa (1984).

     

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    Marseille : Francis dit « Le Belge »

     

     

    Opération de nettoyage

    Après sa disparition, Le Mat et Francis « le Belge » s’associent pour « nettoyer » le clan Zampa afin de s’assurer qu’il ne tentera pas de prendre sa revanche. Entre avril 1985 et février 1987, une douzaine d’ex-lieutenants de Zampa sont tués. Une nouvelle ère se prépare…

    Sources :

    Frédéric de Monicault, le 21 novembre 2012, dans le magazine Historia. http://www.historia.fr/web/quoi-de-neuf/marseille-capitale-francaise-de-la-criminalite-21-11-2012-84368

    Les grandes bandits de l’histoire. Historia Spécial. Mai – Juin 2010.

    Wikipédia

    http://www.theprovenceherald.fr/lapres-guerre-et-lessor-du-milieu/

     

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    Laurence Montel, Marseille capitale du crime. Histoire croisée de l’imaginaire de Marseille et de la criminalité organisée (1820-1940)

     

     

      

    thèse de doctorat, Université de Paris X Nanterre, 2008, dact., 2 vol., 990 f°.

      

      

    Si l’image de Marseille s’améliore depuis une dizaine d’années, la cité phocéenne évoquait encore assez largement, dans les années 1980-1990, une ville dangereuse et tout particulièrement, la ville par excellence du Milieu ou, pour employer un terme plus scientifique, de la criminalité organisée. Elle continuait de s’imposer comme le « Chicago français », la capitale du crime en France. La volonté d’explorer la genèse de ces représentations est à l’origine de cette thèse, qui débute vers 1820, alors que la ville, royaliste, est dynamisée par une croissance soutenue et la disparition d’un banditisme encore très actif durant la Révolution et l’Empire. Elle se clôt à la fin des années trente, une fois apparu le motif fameux du « Milieu marseillais ». La longue durée rend possible l’examen du passage du banditisme d’Ancien Régime à des formes modernes de vols et de trafics. Elle autorise aussi une étude de l’image de Marseille et de sa criminalité allant contre l’idée couramment admise d’une mauvaise réputation ancestrale et invariable.

    Les milieux criminels émettent si peu de sources propres que leur histoire est d’abord celle des discours dont ils font l’objet. Leur repérage dans la presse, la littérature et les ouvrages scientifiques (droit, criminologie) ne soulève pas de difficulté méthodologique majeure. L’identification de l’objet dans les sources institutionnelles (préfecture, police et justice1 ) est en revanche plus délicate parce qu’il n’existe aucun moyen de distinguer a priori les sources portant sur ces milieux des autres. Aucune incrimination ne renvoie en effet automatiquement aux milieux criminels. Pour surmonter cet obstacle, il était possible de retenir puis de pister dans les archives, tout au long de la période, quelques infractions estimées caractéristiques. Mais outre qu’on risquait ainsi de plaquer sur la criminalité organisée du XIXe siècle des catégories actuelles, c’était ignorer les transformations du droit et des pratiques pénales.
    Aussi a-t-on préféré dresser un état de l’ensemble des infractions jugées, en procédant par coupes2, avant d’identifier au cas par cas les affaires le plus certainement liées aux milieux criminels, c’est-à-dire traduisant des pratiques déviantes réitérées et susceptibles d’assurer des revenus réguliers. On s’est servi, pour opérer cette sélection, des comptes rendus d’assises, des arrêts de la chambre d’accusation et des motivations des jugements correctionnels. Les infractions les plus représentatives ont ensuite été relevées de façon systématique en justice criminelle (associations de malfaiteurs, vols qualifiés, fausse monnaie, crimes de sang propres aux milieux criminels), de façon plus ponctuelle en correctionnelle, et réparties en trois grandes catégories : les prédations et les prélèvements, qui regroupent toutes les atteintes aux biens résultant de l’enlèvement, par l’astuce ou la force, d’un butin ; les trafics, qui reposent sur un échange volontaire, du moins dans un premier temps, entre le coupable et la « victime » ; les actes de violence relevant des milieux criminels.

    Après un prologue portant sur les chroniques du Milieu marseillais des années 1960 aux années 1990, la thèse s’organise en trois parties chronologiques : « le temps des voleurs » (1820 – années 1870), « le temps des Nervis » (années 1870 – années 1900) et « Marseille ville du Milieu » (années 1910 – années 1930).

    Première partie : Le temps des voleurs (1820 – années 1870)

    L’imaginaire d’un Marseille criminel contemporain n’atteint pas le registre de la littérature avant les années 1880. Dans la littérature locale antérieure à ces années, s’il existe un imaginaire criminel, il est romantique, nostalgique et passéiste. Il s’organise autour des thèmes de la cour des miracles et de la gueuserie, ancrées dans les vieux quartiers (l’actuel Panier) et ne traduit ni l’existence de zones de non-droit, ni un sentiment d’insécurité véritable, car la vision du crime ainsi brossée, positive, sert de support à des angoisses identitaires engendrées par le recul progressif de l’idiome local, les grandes transformations portuaires et urbaines, et les bouleversements sociaux. Par ailleurs, les récits de voyage, la littérature panoramique, et la littérature pré-scientifique des années 1820-1870, témoignent que Marseille est loin, alors, de figurer un coupe-gorge pour les observateurs parisiens. Exotique capitale du Midi durant la Monarchie de Juillet, elle est décrite sous le Second Empire, dont on connaît le tropisme méditerranéen, comme une ville dynamique, en plein essor, qui force l’admiration. Dans un imaginaire national encore fortement clivé entre Paris, chef-lieu de la modernité, et une province observée sous l’angle de la ruralité, Marseille, grande ville de province, mais de taille encore modeste, figure un non-lieu du crime.

    Pour les décennies 1820 et 1830, les sources judiciaires vont dans le même sens. Les actes de banditisme traditionnel, tels que les vols avec violence, sont très rares, et les pratiques illicites régulières poursuivies devant les tribunaux sont des vols collectifs de marchandises, des trafics de biens volés (recel), de monnaie (fausse monnaie) et des actes de contrebande (vin). Les faux-monnayeurs, qui disposent d’un savoir-faire technique et comptent souvent, parmi eux, des ouvriers qualifiés, sont de loin les plus savants et les mieux organisés de ces acteurs déviants, avec les voleurs qui cambriolent les domaines des négociants. Une nébuleuse distincte, différente, est formée par les nombreux voleurs d’auberges et de garnis, ainsi que les multiples chapardeurs des quais, quecous et mandri décrits par Taxile Delord dans Les Français peint par eux-mêmes, tous marginaux plus ou moins jeunes, enfants des rues, vagabonds, journaliers misérables des deux sexes, cherchant l’embauche ou la bonne affaire sur le quai de Rive-Neuve dévolu au chargement et au déchargement des marchandises. Un droit de glanage tacite autorise ce petit peuple à s’approprier les produits abandonnés par le négoce. Mais à côté des marchandises souillées, mouillées ou avariées, des échantillons de produits sains sont régulièrement prélevés dans les sacs et consommés, ou cédés à bas prix à des commerçants volontiers complices.

    Entre 1820 et 1870, ces grappillages portuaires, comme les cambriolages de domaines et de domiciles, engendrent un marché parallèle des biens volés dont le dynamisme est à relier à un marché de la consommation étroit et local, sur lequel circulent des biens encore onéreux pour une majeure partie de la population. Un marché d’alcool de contrebande, perceptible par bribes, paraît aussi prospérer. Ces deux marchés parallèles, que les autorités condamnent, semblent plutôt tolérés par une population qui stigmatise prioritairement les cambriolages de domiciles particuliers. Ils ne renvoient pas à une criminalité organisée puissante et structurée. Au regard de la criminalité, il est de ce fait légitime d’évoquer une « belle époque » censitaire, qui repose sur une croissance et un dynamisme économique retrouvés, dans un cadre encore traditionnel. Certes, des bouleversements urbains et sociaux s’annoncent, à commencer par l’essor du phénomène migratoire et des classes ouvrières. Mais avant le Second Empire, ils n’engendrent ni déséquilibres sociaux, ni pathologie urbaine majeure.
    Le contentieux criminel et correctionnel s’accroît sous le Second Empire, notamment dans les années 1860, lorsque la croissance marseillaise marque le pas. Les tribunaux sanctionnent encore nombre de petits trafics endémiques mais le déplacement du trafic maritime vers les nouveaux espaces portuaires scelle la fin des grappillages sur le quai de Rive-Neuve, et les institutions privilégient la répression des détournements commis dans les nouveaux espaces industriels. Ces infractions, toujours apparentées à des illégalismes populaires, restent éloignées de la criminalité organisée. Cette dernière est mieux représentée par des bandes de faux-monnayeurs toujours dynamiques, innovantes et en voie d’internationalisation, et par des bandes de redoutables voleurs. La surveillance des associations malveillantes est serrée dans ce département peu fidèle à Napoléon III. Elle est assurée par des institutions policière et judiciaire désormais plus efficaces, plus sévères et mieux organisées – autant de facteurs susceptibles d’accroître artificiellement la visibilité des groupes criminels. Néanmoins, la réapparition de bandes violentes est une réalité qui polarise un sentiment d’insécurité émergent. Celles qui se composent en majeure partie d’immigrés italiens, détroussent des diligences, et attaquent des fermes isolées, défraient la chronique et polarisent un discours qui associe le phénomène migratoire à une criminalité importée jugée anachronique, et vouée à disparaître, dans la France industrielle du Second Empire. Mais apparaissent aussi, dans le cœur de la ville, des bandes d’escarpes semblables à celles qui ont troublé les nuits parisiennes dès la Monarchie de Juillet.

    A la fin des années 1860, les administrateurs locaux réclament l’étatisation de la police municipale, c’est-à-dire sa prise en charge partielle par l’Etat, selon le modèle lyonnais. Mais le gouvernement s’y refuse en avançant que la classe ouvrière marseillaise ne présente pas les mêmes risques d’agitation politique que celle de Lyon. La participation financière de l’État ne sera effective qu’à partir de 1907, après trois décennies qui voient Marseille changer de stature criminelle et politique.

    Deuxième partie : le temps des Nervis (années 1880 – années 1900)

    D’après les récits parus dans les années 1960-1990, le Milieu marseillais naît au début du XXe siècle dans le quartier réservé, un quadrilatère exigu situé derrière la mairie, où la prostitution était tolérée sous surveillance administrative. Dans les années 1900, la bataille aurait fait rage pour son contrôle, entre les souteneurs de la bande de Saint-Jean, implantés dans le dit quartier, et ceux de la bande de Saint-Mauront, issus d’un faubourg ouvrier moins rentable. Ces souteneurs sont appelés « nervis ». Il était impossible d’ignorer ce modèle explicatif. Aussi a-t-il servi de point de départ à cette étude des années 1880-1900, qui fait aussi du « nervi » son pivot central.

    Vers 1840, les « nervis » sont, dans la presse et dans les jugements correctionnels, des ouvriers et des artisans tapageurs qui molestent les bourgeois et perturbent les réjouissances de la bonne société. Oubliés de la belle croissance libérale de la Monarchie de Juillet, ils révèlent l’existence d’antagonismes sociaux dans ce Marseille qui n’abrite pas encore de classe ouvrière particulièrement politisée. En cette même année 1840, Gustave Bénédit, professeur au conservatoire de Marseille et critique musical au Sémaphore, érige le nervi en personnage littéraire dans Chichois vo lou nervi de Moussu Long (Chichois ou le nervi de Monsieur Long). Il lui prête une mise recherchée mais outrancière, ainsi qu’un goût imparable pour l’indiscipline, le tapage et les plaisanteries douteuses. Le succès du portrait est tel, que le nervi devient bientôt un type marseillais incontournable. Ouvrier déviant, il n’est pas, jusqu’à la fin du Second Empire, un malfaiteur. Son personnage renvoie plutôt aux questionnements et aux inquiétudes identitaires polarisés sur l’idiome local, les usages, et les traditions, menacés par la modernité. Mais dès les premiers temps de la IIIe République, alors que ces débats proprement marseillais paraissent s’atténuer, son image se dégrade. Il devient un voyou, un récidiviste incapable d’amendement, un fainéant et un agitateur politique. A partir des années 1890, sa réputation de souteneur n’est plus à faire. Aux côtés de l’escarpe et du malfaiteur, il hante, la nuit, les vieux quartiers qui n’évoquent plus une cour des miracles romantique, mais un vaste coupe-gorge.

    Récidivisme, trafic de prostitution, anarchisme, association criminelle, ville criminogène forment l’arrière-plan de cet imaginaire local, qui s’aligne en fait sur des schèmes nationaux, alors que la question criminelle, médiatisée par la presse grand public, devient une problématique politique et sociale de premier plan. L’intégration des classes laborieuses au projet républicain déporte la stigmatisation sociale vers d’autres catégories de la population, parmi lesquelles les récidivistes, les anarchistes, les souteneurs et les bonneteurs, se trouvent au premier plan ; et si l’individu déviant inquiète, son esprit d’association préoccupe plus encore. L’intention de protéger le corps social et en particulier, les classes populaires, justifie la loi sur la relégation et le vagabondage spécial du 27 mai 1885 (lire le texte sur Criminocorpus), la réforme du code pénal sur l’association de malfaiteurs en 1893, et le durcissement des lois contre les trafiquants de femmes en 1903.

    L’entrée du nervi et de Marseille dans un nouveau régime imaginaire, lisible à l’échelle extra-marseillaise, est une condition nécessaire à leur intégration dans l’imaginaire criminel national. Il faut encore, néanmoins, que les récepteurs nationaux s’en emparent. Divers éléments le permettent à la Belle Époque : Marseille, célébrée comme une grande ville, acquiert sa place parmi les lieux du crime, dont on pense désormais qu’ils sont surtout urbains3. Dans le contexte de la crise apache, les nervis marseillais attirent les regards et gagnent leurs galons de criminels. Leur médiatisation est bien réelle au début du XXe siècle, et les récits de leurs affrontements, qui mettent d’ailleurs en scène les nervis de Saint-Jean et de Saint-Mauront, vont inspirer les chroniqueurs de la fin du siècle. L’étude des sources institutionnelles invite toutefois à discuter l’association immédiate de ces événements à la naissance du Milieu. En effet, la criminalité et la délinquance organisées des années 1880-1900 ne se limitent pas à eux. En outre, le lien entre les souteneurs du début du siècle et les grandes figures du Milieu de l’entre-deux-guerres ne va pas de soi.

    Les souteneurs sont peu visibles dans les sources tant qu’ils ne suscitent pas de véritable peur sociale et qu’ils ne sont pas l’une des principales cibles de la répression. Ils le deviennent à partir des années 1870. Deux décennies plus tard, il ne fait aucun doute que des conflits récurrents opposent des souteneurs concurrents, voire des bandes ennemies. Les contemporains, puis les chroniqueurs des années 1960-1990 qui racontent la querelle pour le contrôle du quartier réservé, ne s’y trompent donc pas. Toutefois, les deux bandes de Saint-Jean et Saint-Mauront ne se heurtent, d’après les sources institutionnelles, qu’autour de 1903-1905 et bien vite, les intrus sont refoulés vers leur faubourg. De plus, les souteneurs de Saint-Jean ont aussi affaire à leurs voisins de la Joliette et du Lazaret. Enfin, d’autres bandes rivales se heurtent à la frontière de leurs quartiers respectifs situés en périphérie. Ces violences collectives dépassent largement le seul terrain de la prostitution et relèvent aussi des logiques de la violence juvénile. Sur le devant de la scène à la Belle Époque, cette dernière est exacerbée, à Marseille, par le durcissement du contexte économique, social et politique local. Dans les années 1900, la brutalité des relations sociales est en effet très grande. C’est une période de crise économique et de fermeté politique. La droite reprend la mairie à Siméon Flaissières, maire socialiste. Profitant d’une abondante main-d’œuvre peu coûteuse et des faibles prétentions des ouvriers étrangers, le patronat assure ses bénéfices en comprimant les salaires. Le difficile quotidien des ouvriers marseillais n’est pas sans expliquer une explosion des violences qui dépasse le seul cadre des milieux criminels4.

    Dès lors, la violence des souteneurs ne semble plus pouvoir être interprétée comme la pure expression de leurs intérêts professionnels. Le nombre important de souteneurs violents d’origine corso-italienne, mais de nationalité française, pose la question de la réussite sociale offerte aux immigrés de la deuxième génération, dans une ville qui n’y semble propice ni par ses structures sociales, ni par son offre de formation. Le lien trop rapidement établi entre la culture corse et ces violences est, lui aussi, à nuancer : l’engagement de nombreux Corses dans ce trafic s’explique plus vraisemblablement par la proximité entre leur quartier marseillais d’adoption, le Panier, et le quartier réservé. La diaspora corse offre en outre un cadre propice à l’organisation de filières internationales sûres et efficaces.

    Les souteneurs de la Belle Époque ne peuvent pas, par ailleurs, être consacrés précurseurs du Milieu, dans la mesure où ils ne résument pas l’ensemble des milieux criminels du début du siècle, ni n’en sont même les acteurs dominants. Le trafic de prostitution repose sur un réseau complexe de lieux tolérés et clandestins, dont la gestion et la propriété reviennent à toute une cascade de proxénètes, de leurs gérants à leurs propriétaires. Ces trafiquants bénéficient d’une implantation territoriale et d’un capital pécuniaire, sinon foncier, ainsi que du vernis de respectabilité du commerçant ou du propriétaire. En position de force sur ce marché, impliqués dans des transactions aussi bien licites qu’illicites, ils sont plus proches de ce que seront les élites du Milieu des années Trente, que les souteneurs, qui font partie, à la Belle Epoque comme ensuite entre les deux guerres, des petites mains du crime. Enfin, le large panel de prédations, de prélèvements et de trafics réprimés, observable dans les sources institutionnelles, témoigne qu’on ne peut pas identifier aux seuls affrontements des nervis, l’origine de la criminalité organisée contemporaine. Le tableau du tournant du siècle est, en effet, bien plus luxuriant.

    Du côté des grappillages, on constate la forte prévalence des vols à l’étalage tandis que les divers délits de l’époque précédente tendent à n’être plus accessibles qu’aux professionnels ayant accès aux espaces ponctionnés – c’est en particulier le cas dans les espaces portuaires. Trois nouvelles catégories de voleurs d’habitude se font plus visibles en correctionnelle : les pickpockets, les voleurs et voleuses à l’entôlage, et les bandes d’escrocs, dont les victimes sont souvent des étrangers de passage, spoliés sur les terrains de boules, dans les rues autour de jeux truqués, ou le temps de leur escale. L’étude de la répression criminelle amène ensuite à mettre en évidence une modernisation des prédations et des prélèvements, sous le coup de l’industrialisation et de l’essor du capitalisme. Les établissements bancaires connaissent, par exemple, leurs premières attaques à main armée dans les années 1900. Par ailleurs, l’outillage des bandes s’enrichit, tout comme le savoir-faire de certains voleurs. Les perceurs de coffres-forts et les dompteurs d’alarmes électriques font partie d’une élite recherchée qui incarne, pour le grand public, la modernité criminelle. Les contemporains, qui plébiscitent Arsène Lupin, voient à l’inverse, et plus que jamais, l’emploi de la violence en vue du vol comme un anachronisme, une sauvagerie primitive. Est-ce à ce rejet consensuel de la violence qu’il faut relier la multiplication des vols avec violence jugés par les tribunaux marseillais de la Belle Epoque ? Commis majoritairement par de jeunes gens désargentés, ils paraissent toutefois s’accorder au contexte économique et traduire les difficultés quotidiennes d’un lumpenprolétariat dépourvu de savoir-faire technique, et appelé à former la classe la plus brute des voleurs.

    Quoique ces mutations du vol et du monde des voleurs soient remarquables, la spécificité du tournant du siècle se situe plutôt du côté des trafics et en correctionnelle5. L’offre de services illégaux s’ajoute à celle de biens illégalement acquis. Elle procède d’une réglementation juridique en essor, productrice de normes variées, économiques, sociales et récréatives. Parmi les trafics implantés dans l’espace marseillais, les fraudes relèvent majoritairement d’illégalismes populaires. Les quelques organisations repérables dans les secteurs de l’alcool, des allumettes et du tabac étranger, sont de faible envergure. Les deux trafics renvoyant clairement à des groupes organisés, en plus du trafic de prostitution, sont ceux des biens volés et des jeux prohibés.

    Le recel s’est fait plus discret dans les sources. La part des commerçants intéressés par le rachat de biens volés semble s’amoindrir, dans un contexte de réglementation plus stricte du brocantage. Le marché paraît dès lors plus volatile, d’autant plus qu’il est en extension, par delà Marseille. On observe néanmoins de nouvelles formes de transactions dans le domaine des titres volés, et de nouveaux types de réseaux de distribution reposant sur une division du travail rigoureuse entre voleurs, receleurs et revendeurs.

    Le secteur des jeux prohibés est dans l’ensemble florissant, que ce soit sur la voie publique, dans des bars ou en maison6. Si le secteur des jeux sur la voie publique ne paraît pas très structuré, il en va différemment des paris sur les courses. Les magistrats mentionnent l’existence d’agences puissantes se partageant le marché, mais dont les bailleurs de fonds ne sont jamais atteints, la justice sanctionnant essentiellement les courtiers, les tenanciers de bar complices, et quelques intermédiaires. Le secteur des maisons de jeux est, de son côté, plus disparate. Les établissements paraissent indépendants et il en existe de toutes tailles et à l’intention de clientèles plus ou moins recherchées. Les grandes maisons ont pour façade des cercles privés autorisés. Les plus petites se camouflent dans des appartements et déménagent fréquemment. Ce secteur ressemble à celui du sexe tarifé d’autant qu’il stimule, de la même façon, un marché parallèle de l’immobilier. Ses acteurs dominants, des hommes aisés d’âge mûr, sont même encore moins stigmatisés que les tenanciers et tenancières de maisons closes.

    A côté de ces trafics locaux, des trafics internationaux se développent à partir des années 1880-1890. Leurs instigateurs tirent profit de la fonction d’interface du port de Marseille, affermie dans les décennies précédentes par la multiplication des compagnies de navigation et l’instauration de lignes régulières. Ils s’insèrent dans les voies légales du grand commerce maritime, à une époque où la croissance des échanges marchands marque le pas, mais où le trafic voyageur connaît un essor sans précédent. L’activité la plus emblématique de la période est la traite des femmes qui assure le turn-over des prostituées dans les établissements locaux et internationaux. On ne peut pas saisir, dans les sources marseillaises, l’intégralité de ce trafic international. Le port phocéen n’est d’ailleurs qu’une escale parmi d’autres, en direction notamment de l’Afrique du Nord (Le Caire), et de l’Amérique du sud (en particulier, Buenos Aires), via Barcelone et Dakar. Si certaines prostituées s’expatrient apparemment de leur propre initiative, il semble que des trafiquants contrôlent l’essentiel des échanges. L’internationalisation frappe aussi le trafic de fausse monnaie, toujours en pointe.

    L’étude des sources institutionnelles permet donc d’aller bien au-delà des seules violences des souteneurs pour le contrôle du quartier réservé. Ces dernières impulsent toutefois une réaction de grande ampleur des pouvoirs publics, outre que les atteintes aux passants, aux indicateurs et aux témoins, se multiplient suffisamment pour engendrer un mouvement d’opinion de grande ampleur. Le gouvernement étatise la police de la Sûreté et fait de Marseille le siège de la 9e brigade de police mobile. Ainsi, à la fin des années 1900, la figure du nervi a imposé la dangerosité criminelle locale comme une réalité nationale sans équivoque. Mais l’implication de l’Etat dans le maintien de l’ordre marseillais a encore des causes plus profondes : il s’agit de mieux contrôler cette grande ville populaire à la classe ouvrière remuante qui a élu comme maire, dans les années 1890, le socialiste Siméon Flaissières.

    Troisième partie : Marseille ville du Milieu (années 1920 – années 1930)

    Les années vingt et trente voient véritablement émerger un crime organisé qui se traduit, dans les sources policières et imprimées, de plus en plus riches et focalisées sur ces questions, par l’essor de l’imaginaire du Milieu. Si l’on peut parler de crime ou de criminalité organisée, c’est parce que les institutions répressives sont confrontées à des malfaiteurs qui élaborent des stratégies diverses et souvent efficaces pour contrer leur action. Les premiers signes de tels comportements sont visibles dès la Belle Epoque mais ils ne s’épanouissent vraiment qu’entre les deux guerres.

    En vue d’assurer leur impunité, voleurs et trafiquants font d’abord preuve d’une vigilance « organisante » de leur quotidien, visant à retarder leur identification par la police : entres autres, usage de fausses identités, de prêtes-noms, pratique de la mobilité et sélection des fréquentations. En cas d’enquête ou d’information, d’autres stratégies sont déployées, à commencer par l’absence complète de coopération. Les accusés les plus fortunés s’entourent d’habiles avocats. Ceux qui disposent d’un réseau de solidarité efficace parviennent à s’entendre avec leurs co-inculpés. Ils recrutent des témoins complaisants et neutralisent les témoins à charge ou les victimes, par la menace ou une transaction. Ces pratiques sont le fruit d’un long mouvement d’acculturation judiciaire, dont on perçoit des signes dès le premier XIXe siècle (ententes entre co-inculpés, dénégations). Ils se précisent à partir des années 1890 (simulation de la folie, intimidation de témoins, recul net de l’aveu), puis s’épanouissent dans les années vingt et trente. Certains inculpés sont alors si intimidants, que de nombreux citoyens refusent, même sans menace avérée, de collaborer avec la justice. La défiance des Marseillais envers leurs institutions répressives paraît maximale.

    Il est vrai que la Sûreté marseillaise ne semble plus assurer ses missions avec la rigueur qui s’impose. Manquant d’agents, elle ne peut pas quadriller efficacement l’espace marseillais7 . Mal équipée en téléphones et en automobiles, elle peine à arrêter des malfaiteurs très mobiles. La proportion importante d’agents corses nuit à la qualité du service : certains d’entre eux ne peuvent éviter de fraterniser avec les trafiquants insulaires. Enfin, les faibles perspectives de carrière et le mauvais encadrement des inspecteurs et des brigadiers, tout particulièrement dans les secteurs des mœurs et des jeux, sont plus propices à la corruption qu’au zèle. Dès les années vingt, les entorses aux règlements et les ententes entre certains agents et certains trafiquants, sont réelles dans le secteur de la prostitution. En 1938, la réputation de la police d’Etat est si sévèrement et publiquement entachée, qu’une enquête interne et un remaniement s’imposent.

    Tout au long de la période, certains trafiquants de femmes et de jeux bénéficient donc du laxisme de ces services. Les plus chanceux, les plus habiles, profitent aussi des relations de clientèle qu’ils entretiennent avec certains hommes politiques locaux. Les grands partis, à l’exception du parti communiste, s’offrent, en effet, les services d’agents électoraux qui se présentent comme des commerçants disposant de vitrines légales (établissements nocturnes, bars, maisons closes autorisées), mais sont en réalité des trafiquants. Paul Carbone et François Spirito entretiennent des relations de proximité avec Simon Sabiani, au sein du P.S.C., puis du P.P.F. La S.F.I.O. délègue de son côté son service d’ordre à Noël Renucci, puis à Antoine Guérini. Tous sont connus des services de police pour tremper dans divers trafics illicites. L’agent électoral s’engage au service de l’homme politique de plusieurs façons : en participant au service d’ordre, en intimidant éventuellement les adversaires, en intervenant dans les élections, en contribuant aux fonds de campagne. Ces collusions servent l’ambition sociale des trafiquants et leur assurent une position dominante dans les milieux criminels. Ils peuvent aussi espérer la protection de leur patron en cas de démêlés avec la justice.

    Tout semble alors concourir à faciliter les activités des trafiquants et des voleurs et à entraver l’action des institutions répressives. Cela complique la tâche de l’historien. Les sources de police occupent désormais une place accrue mais on sait le lot de soupçons et de fantasmes qu’elles véhiculent et il faut lire avec encore plus de prudence celles de la Sûreté. Les dossiers de la police mobile, plus crédibles, informent d’abord sur les vols et les trafics internationaux. Enfin, les sources judiciaires ne touchent qu’exceptionnellement les malfaiteurs les plus puissants qui, comme Paul Carbone et François Spirito, échappent à la répression. Elles permettent cependant de mettre en évidence les formes de l’économie criminelle banale de cette période.

    La diminution relative des violences recentre la répression correctionnelle sur les atteintes aux biens non violentes. A côté des fraudes et de multiples grappillages peu en rapport avec les milieux criminels, le tribunal traite une partie des cambriolages les plus bénins, non accompagnés d’agression, quand bien même ils auraient été commis avec des circonstances aggravantes. Il statue aussi sur la majorité des grappillages commis dans les nouveaux espaces portuaires par des vagabonds, des employés, mais aussi par des voleurs de profession. Ces soustractions témoignent de dysfonctionnements nouveaux dans ces espaces pourtant spécialisés, et à vocation cinétique. La progressive implication du commissaire spécial et d’agents fonctionnaires dans le maintien de l’ordre semble salutaire. De leur côté, les assises reçoivent en priorité les affaires les plus graves : celles qui mettent en jeu des armes, l’usage de la menace et de la force, et l’emploi de l’automobile. Souvent volée et maquillée, cette dernière s’impose comme l’outil indispensable des bandits modernes, agresseurs à main armée visant les transporteurs de fonds, ou « pilleurs » de trains de marchandises – selon l’expression alors employée par la police et la presse. Ces malfaiteurs déterminés, mobiles et violents si nécessaires, forment des bandes organisées qui retiennent toute l’attention de la police et de la justice depuis les années 1910. En 1937, Marseille apparaît comme leur point de ralliement, et leur audace ne met que mieux en évidence l’inefficacité de la Sûreté locale. Aussi en 1938, l’arrestation d’une douzaine de malfaiteurs accusés d’avoir soustrait, arme au poing, 180 kilos d’or pur dans un train de marchandises, redore-t-elle son blason.

    Dans l’entre-deux-guerres, les trafics représentent une part toujours croissante de la répression correctionnelle, et désormais, la principale occupation des hommes du Milieu. Parmi les trafics locaux, celui de l’alcool frelaté renvoie toujours majoritairement à des illégalismes populaires. On observe la recomposition du secteur des jeux prohibés, à la suite de l’autorisation accordée en 1907 aux stations balnéaires et thermales d’ouvrir des casinos, puis de la création du Paris Mutuel Urbain et de la Loterie nationale, respectivement en 1930 et 1933. L’innovation majeure est à chercher du côté des machines à sous, placées dans des bars et contrôlées par des malfaiteurs. Le secteur des jeux, ses bénéfices et son organisation, sont moins faciles à appréhender, pour cette période, que celui de la prostitution, manifestement au faîte de son développement. En 1932, le secteur légal s’accroît par suite d’un arrêté autorisant les maisons de rendez-vous et leur installation en dehors du quartier réservé. Nombre d’établissements clandestins sortent alors de l’ombre. Les établissements illégaux n’en continuent pas moins de prospérer, en particulier les hôtels de passe. L’administration s’emploie désormais à sanctionner, sans grande efficacité, les tenanciers et les propriétaires des lieux, plutôt que les souteneurs. Quoique moins diabolisés, ces derniers restent des rouages importants du trafic.

    Les chroniqueurs du Milieu marseillais opposent généralement une Belle Epoque violente et des années trente pacifiées, les années vingt figurant un entre-deux. Mieux vaut invoquer une probable domestication de la violence, visible au nombre faible, désormais, de victimes collatérales, lors des affrontements. Cette évolution se profile après l’intensification du quadrillage policier de la fin des années 1900. Les souteneurs ont probablement été contraints à plus d’autocontrôle. Mais d’autres facteurs ont pu jouer, comme l’atténuation des violences juvéniles et la disparition des bandes de quartier, ou le déplacement des luttes de l’espace marseillais à l’espace montmartrois. Serait-ce parce que Marseille ne prête plus matière à conflit ? Le journal communiste Rouge Midi affirme en 1938 que le marché local de la prostitution est partagé entre Carbone et Spirito et les frères Guérini. Les sources institutionnelles confirment la puissance de ces trafiquants sans apporter toutefois la preuve formelle de cet arrangement.

    A côté de ces trafics toujours ancrés dans l’espace local, les trafics internationaux, prenant Marseille pour pivot, se développent. Il ne s’agit pas du trafic de fausse monnaie : Marseille ne paraît plus située sur ses axes majeurs. A la traite des femmes, qui se perpétue, s’ajoute un trafic d’armes plus visible, notamment au moment de la guerre d’Espagne (Carbone, Spirito, De Lussats s’y distinguent). Mais ces années sont surtout marquées par l’essor du trafic de stupéfiants, dont le pouvoir rémunérateur dépasse celui du trafic de prostitution. Jusqu’à l’application de la loi du 12 juillet 1916, la répression est restée faible. Par la suite, la marginalité comme les stigmates du monde des stupéfiants s’accroissent, à un moment où la demande outre-atlantique se fait plus forte. La France sert d’interface entre l’Asie et l’Amérique du Nord. Par Marseille transitent de grandes quantités d’opium, en provenance de Chine, puis du Levant. Dans les années trente, cette drogue est à peine concurrencée par la cocaïne et l’héroïne. D’après les sources policières, dans les années vingt, les filières chinoises et indochinoises qui reposent sur une main-d’œuvre abondante, sont les plus dynamiques. Dans la décennie suivante, la maîtrise du territoire marseillais revient à des bandes de trafiquants corses qui disposent d’une logistique plus sophistiquée. Leurs membres, des hommes mûrs souvent partis de peu et voleurs dans leur jeunesse, tirent profit de ce trafic mal réprimé et très rémunérateur.

    Dans l’entre-deux-guerres, les milieux criminels et leurs activités rencontrent l’intérêt accru des relais d’opinion et des milieux culturels. La pègre et le Milieu deviennent des entrées privilégiées de l’imaginaire criminel et Marseille un pôle essentiel. Entre 1928 et 1932 en particulier, les bas-fonds de Marseille sont à la mode. Comme Montmartre, ils sont sinistres sur leurs marges, mais festifs en leur centre, identifié au quartier réservé. Marseillais, ils sont peuplés de nervis. Portuaires, ils sont exotiques. Ils abritent une pègre qui ne se confond plus avec la gueuserie romantique, et qui, suivant l’air du temps, se peuple de trafiquants, au détriment des voleurs. Il est alors autant question de « pègre » que de « Milieu ». Ces mots désignent tous deux des milieux criminels émancipés des classes laborieuses ; ils constituent les criminels d’habitude (ou de profession) en catégorie spécifique, composée d’individus reconnaissables à leurs stigmates corporels (tels que tatouages, sobriquets et cicatrices), à leurs mœurs particulières (la loi du silence, l’usage parcimonieux de la parole) et en situation de rupture sociale. Ainsi, le Milieu n’incarne pas encore, à la fin des années vingt, la modernité criminelle, et Marseille n’est qu’en apparence la « capitale du crime » en France. Elle apparaît bien plus comme le théâtre d’une pègre d’opérette, en particulier dans Détective, qui regorge d’allusions au Midi, au soleil, à la bonne humeur et à la galéjade. Dans ce magazine, on rit des morts qu’on fait voter. Dans l’esprit des années vingt, Marseille évoque enfin l’aventure, les horizons lointains, la quête de soi. L’analogie entre Marseille et Chicago, contemporaine de ce moment, paraît, par conséquent, superficielle.

    Ce système de représentations se rompt dans la première moitié des années trente, sous l’effet de la crise et des à-côtés de l’affaire Stavisky. En 1934, le conseiller Prince, chargé d’une partie de l’instruction, est assassiné. L’inspecteur Bonny, qui mène l’enquête, désigne, comme coupables, Paul Carbone, François Spirito et le baron de Lussats. Les trois hommes, rapidement mis hors de cause, à juste titre semble-t-il, sont bruyamment soutenus par Simon Sabiani, au moyen de placards apposés dans la ville de Marseille. Aussi la presse fait-elle bientôt d’eux les modèles d’un nouveau genre de bandits : des trafiquants de haut vol dont les relations dans les milieux politiques et industriels leur permettent d’éviter la prison et de jouir, par suite, ostensiblement, de leurs revenus conséquents. Ils fréquentent les dancings huppés, s’habillent avec luxe et dépensent sans compter. Dans une France en crise, leurs festins font scandale. Pourtant, ils incarnent aussi une force virile regardée avec envie. A partir de ce moment, le mot « Milieu » est associé à ces malfaiteurs d’un genre nouveau, tandis que les bas-fonds et leur pègre sont, tout à la fois, dépeints comme les reflets d’un monde en crise, relégués dans des temps révolus, et réévalués : le temps des Apaches éclot alors comme une Belle Epoque des milieux criminels. Le mot « Milieu » évoque à présent une modernité criminelle d’ordre industriel et capitaliste, d’inspiration nord-américaine plus qu’italienne, mais il se distingue, dans la langue française, du « gangstérisme » associé au vol à main armée et au kidnapping. Il suggère un crime organisé édulcoré, présentable et respectueux de certaines valeurs universelles – ce que les sources judiciaires appellent à nuancer – mais qui ne prête, cependant, plus à rire. D’ailleurs, les pratiques politiques marseillaises, le clientélisme et la corruption, suscitent l’indignation. Si Marseille apparaît bientôt comme la matrice du Milieu français et la capitale du crime en France, c’est d’abord en raison de la médiatisation, dans ce contexte spécifique, des collusions entre certains politiques locaux et certains trafiquants ; mais c’est aussi du fait de la prise en main des lieux de plaisirs montmartrois par des Corses de Marseille.

    L’avènement du Milieu marseillais coïncide avec la péjoration de l’image de la ville. La cité est au cœur de différentes affaires incommodantes, de l’attentat contre le roi de Yougoslavie en 1934, à l’incendie des Nouvelles Galeries et au scandale policier de 1938. A la suite de rapports très critiques sur les finances locales, la ville est placée sous la tutelle d’un administrateur extraordinaire. Tout se passe alors comme si redresser Marseille permettait de rassembler les forces vives de la nation, en ces temps de montée des périls. Mais à Marseille, le Petit Provençal, organe socialiste proche d’Henri Tasso, le maire déchu, orchestre une campagne de presse qui vise à défendre la cité phocéenne contre les calomniateurs parisiens. En la matière, le discours local prend une tournure défensive et l’on voit poindre alors les tensions et la défiance qui opposent, aujourd’hui encore, Marseillais et Parisiens, sur les thèmes de l’honnêteté méridionale et de la réputation de la cité phocéenne.

     

     

    marseille, milieu, prostitution, industrielle,

      

      

    L’étude sur la longue durée des représentations contemporaines des milieux criminels et de Marseille, et du travail des instances judiciaires et policières, permet ainsi de souligner que Marseille n’a pas souffert, de tout temps, d’une mauvaise réputation. Si sa dangerosité criminelle s’est affirmée à la Belle Epoque, elle ne s’est vue affublée d’une stature criminelle dominante qu’à partir de l’entre-deux-guerres, et tout particulièrement, de la deuxième moitié des années trente. Ce mouvement, que les contemporains ont eu tendance à associer à diverses caractéristiques culturelles et ethniques locales, doit beaucoup, en premier lieu, à l’essor des trafics illicites. Quoique leur pénalisation s’accroisse, ils restent mal réprimés et se prêtent donc mieux que les vols, à une pérennisation fructueuse. Il est aussi tributaire de la position et de la fonction de Marseille en Méditerranée, ville-carrefour aussi bien pour les échanges économiques que pour les déplacements humains, ville d’escale disposant d’un quartier réservé. Enfin il a pu être favorisé par divers facteurs locaux, tels que la croissance d’une population ouvrière faiblement qualifiée et mal rémunérée et, dans l’entre-deux-guerres, une certaine défaillance des institutions locales, tandis que les luttes politiques, très violentes, sont favorables aux collusions entre milieux politiques et milieux criminels.

      

      

    Laurence MONTEL

     

    Marseille. Capitale du crime (1820-1940). Résumé de thèse

    http://criminocorpus.hypotheses.org/1054

     

     

     

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  • L'ahurissante affaire des "reclus de Monflanquin" en procès

     

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    Secrets d'actualité - Les reclus de Monflanquin (1 sur 4)

     

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    Secrets d'actualité - Les reclus de Monflanquin (2 sur 4)

     

     

     

     

      

     

     Secrets d'actualité - Les reclus de Monflanquin (3 sur 4)

     

      

      

     

     

     

    Secrets d'actualité - Les reclus de Monflanquin (4 sur 4)

     

     

    Justice  Pendant dix ans, une famille noble d'un village du Lot-et-Garonne s'est coupée du monde et a été ruinée à l'instigation d'un homme qui disait la protéger d'un complot : Thierry Tilly et son complice présumé sont jugés à partir de lundi à Bordeaux.

     

      

    Les Védrines ont notamment perdu dix ans de leur vie. Pendant dix ans, onze membres de cette famille noble du sud-ouest se sont coupés du monde et ruinés en vendant leurs biens, à l'instigation d'un homme qui disait les protéger d'un complot : le procès de l'incroyable affaire "des reclus de Monflanquin" a commencé lundi à Bordeaux. Thierry Tilly, 48 ans, et son complice présumé Jacques Gonzalez, 65 ans, comparaissent en correctionnelle. Durée prévue du procès, deux semaines.

    L'histoire remonte à 1999 quand Thierry Tilly rencontre Ghislaine de Védrines, parvenant à ce qu'elle l'embauche dans son école de secrétariat. Aux autres membres de cette famille connue et aisée, il se présente comme un agent secret travaillant à "l'équilibre du monde" pour un groupement "placé au-dessus des états" et luttant notamment contre la franc-maçonnerie : la "Blue Light Foundation".

     

      

    Leur incroyable soumission

    Peu à peu, il leur fait croire qu'ils sont la cible d'un complot, mais que, s'ils financent "le combat", il peut protéger leur vie. Les sceptiques, comme le mari de Ghislaine sont accusés de tous les vices par Thierry Tilly, qui les fait rejeter par le groupe. Les autres sont terrorisés, et s'isolent brutalement de leurs anciennes connaissances. D'abord dans le château familial de Monflanquin (Lot-et-Garonne) puis au Royaume-Uni. La justice est impuissante, puisqu'ils paraissent consentir à leur situation, signent des documents et même, voyagent.

    Un jour, le frère de Ghislaine et sa compagne -qui a été séquestrée et privée de tout par le groupe pendant une semaine, pour lui faire avouer un secret de famille imaginaire-, font défection. Ils racontent alors leur incroyable soumission à Jacques Tilly. Cet homme que les juges d'instruction décrivent comme "fin psychologue, excellent juriste et manipulateur de premier ordre" est arrêté en octobre 2009.

     

      

    Il se prenait pour un agent secret

    Tous reconnus victimes d'une "emprise mentale", dont ils sont aujourd'hui libérés, les Védrines ont perdu, outre près de dix ans de leur vie, 4,5 millions d'euros de biens immobiliers et financiers, et encore des meubles, tableaux, bijoux... Thierry Tilly a, lui, vécu très confortablement grâce à cet argent. Le plus curieux, a révélé l'instruction, est qu'il était lui-même "sous l'influence de Jacques Gonzalez", président de la Blue Light Foundation -une coquille quasiment vide- arrêté en juin 2010, auquel il a reversé d'énormes sommes. Tilly se prenait semble-t-il vraiment pour un agent secret.

     

      

    Toujours en prison, Thierry Tilly est entre autres jugé pour abus de faiblesse de personne en état de sujétion psychologique pour toute la famille. Jacques Gonzalez, malade et libre sous contrôle judiciaire, est jugé pour complicité et recel d'abus de faiblesse. Ils risquent dix et cinq ans de prison. L'avocat de Thierry Tilly, Me Novion, juge "grotesque" de parler de "secte" et de "gourou" dans cette affaire, et espère que le procès "ne s'écartera pas de la logique rationnelle". Me Picotin, avocat de plusieurs parties civiles et spécialiste des sectes, juge au contraire l'affaire "emblématique du problème, mal pris en compte en Europe, de la manipulation mentale", et espère que le procès "fera comprendre qu'elle peut frapper les gens les mieux installés dans la vie".

    Ghislaine Marchand, membre de cette famille, raconte à TF1 son calvaire.

    "Ça peut arriver à tout le monde", dit-elle.


      

       

      

    Affaire de Monflanquin : comment expliquer l'emprise mentale et comment s'en  détacher ?
    En savoir plus sur

      

    h ttp://www.atlantico.fr/decryptage/affaire-monflanquin-comment-expliquer-emprise-mentale-et-comment-en-detacher-493386.html#mBEWuKvYcXTXBX5s.99 

     

      

      

      

     

     

     

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