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      ALEXI, LA TUERIE DE LOUVECIENNES

     

    L'INTRIGUE - C'était le 27 février 1995...
    Au petit matin, le commissariat de Marly-le-Roi reçoit un appel téléphonique. Une voix affolée : « Venez vite ! On a assassiné toute ma famille ». Incrédules, les policiers se rendent sur place, une somptueuse villa située à l'orée de la forêt domaniale, chemin des Gressets, à Louveciennes. Sidérés, ils découvrent les corps de 6 personnes, toutes tuées par balles. Seuls survivants du massacre, une petite fille de 2 ans et demi, et Alexis P., âgé de 17 ans, qui vient justement de les prévenir. Les victimes sont ses parents, ses grands-parents et un couple d'amis de la famille...

     

    La tuerie de Louveciennes

     

    Dossier de Pascal Michel - Page 1/2

     

     

    Drame dans la nuit



    Le lundi 27 février 1995 vers 4 heures du matin, le commissariat de Marly-le-Roi reçoit un coup de fil d'Alexi Polevoï, 17 ans, qui leur raconte d'une voix affolée que toute sa famille vient d'être assassinée dans la maison de ses parents à Louveciennes dans les Yvelines.

    Se rendant immédiatement sur place, les policiers sont accueillis par le jeune Alexis qui semble se trouver dans un état second et passablement éméché.

    Ils découvrent les corps de trois couples tués par balles dans trois pièces différentes de la maison. Il s'agit de Eugène Polevoï et sa seconde épouse, locataires du pavillon, les parents de l'un d'eux et un couple d'amis. Seule Nathalie, la jeune sœur d'Alexi, âgée de deux ans et demi, a été épargnée et dissimulée sous une couverture pendant le massacre.

    L'enquête de voisinage montre que ce couple d'origine russe s'était installé à Louveciennes deux ans et demi auparavant et était connu comme étant sans histoires par les voisins. Les policiers découvrent également que M. Polevoï était collectionneur d'armes et saisissent plusieurs armes à feu, en vente libre, et des armes de collection.

    A cause de ces explications jugées confuses par les enquêteurs, Alexi Polevoï est entendu dès le lendemain dans les locaux de la brigade criminelle de la police judiciaire de Versailles.

    Les aveux



    Le jeune homme passe aux aveux dès le début de sa garde à vue. Il explique aux policiers que c'est parce que son père le traitait comme un chien, lui reprochait de ne pas avoir de bons résultats scolaires et l'empêchait de voir sa petite amie qu'il a décidé de le supprimer.

    N'ayant que très rarement l'occasion de se trouver seul avec lui il décide de mettre son plan à exécution ce dimanche 26 février 1995 à la suite d'une énième dispute avec son père; la dispute de trop.

    Vers 22 ou 23 heures, pendant que ses parents, ses grands-parents et des amis prennent une tisane dans le salon avant d'aller se coucher, il s'empare de trois armes dans le bureau de son père (un fusil d'assaut kalachnikov, une carabine 22 long rifle munie d'une lunette de visée et un pistolet de même calibre doté d'un imposant silencieux).

    Il sort de la maison et, à travers la porte-fenêtre, tire et touche une première fois son père. Il pénètre ensuite dans la villa et ouvre le feu une seconde fois sur son père qui n'a pas le temps d'atteindre son bureau où il tente d'aller se procurer une arme.

    Son père mortellement touché, il retourne dans le salon et abat froidement sa belle-mère et le couple d'amis. Il monte ensuite au premier étage et défonce la porte de la chambre où ses grands-parents se sont barricadés. Il tue son grand-père, puis descend, entraînant sa grand-mère dans le garage où il s'affaire autour de la voiture de sa belle-mère. De retour dans le salon, il abat sa grand-mère.

    La scène dure environ quinze minutes pendant lesquelles Alexi agit froidement sans dire un seul mot.

    Après ce sextuple assassinat, il subtilise 3000 francs dans la poche de pantalon de son père et, au volant de la voiture de sa belle-mère se rend à Paris. Sur place il rencontre une prostituée et boit plusieurs verres avant de rentrer.

    A son retour il brise la porte-fenêtre du salon pour tenter de faire croire à un crime crapuleux et donne l'alerte.

    Alexi raconte ensuite aux enquêteurs qu'il a mal supporté le remariage de son père mais qu'il adore sa demi-sœur. C'est pourquoi il l'a épargnée en prenant soin de la couvrir d'une couverture pendant toute la tuerie.

    Au terme de sa garde à vue il est placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy.
     

    La piste de la mafia russe



    Le 25 novembre 1995, Alexi revient sur ses aveux et déclare qu'il a agi sous l'emprise d'un homme en noir, s'exprimant en russe « venu tout spécialement » lui ordonner ce massacre. D'après ses dires, l'intrus cherchait un dossier rouge qu'il a finalement trouvé. Ce dossier portait l'inscription " 30 millions de dollars".

    Il maintient sa version le 26 juillet 1996 lors de la reconstitution organisée sur les lieux du drame.

    Ces déclarations sont un peu plus prises au sérieux en décembre 1996, lorsque le corps de Dimitri, le frère d'Eugène et son héritier, est découvert près de sa maison de Vitebesk, en Biélorussie. Il avait pris la succession d'Eugène à la tête de ses sociétés et détenait des documents importants sur ses multiples activités.

    Cependant la chambre d'accusation de la cour d'appel de Versailles n'est toujours pas convaincue par ce récit qui est en totale contradiction avec les éléments de l'enquête.

    Le procès



    Le 4 mars 1998, le procès du jeune russe s'ouvre devant la cour d'assise des mineurs de Versailles. Compte tenu de son âge au moment des faits, ni le public ni les journalistes n'ont accès à la salle d'audience pendant la durée des débats.

    Au cours de l'audience deux thèses s'affrontent. D'un côté l'accusation se base sur les aveux initiaux d'Alexi et sur plusieurs éléments matériels à charge: ses empreintes, relevées sur les trois armes ; des traces de poudre sur ses doigts et un morceau de sa montre, endommagée en essayant d'enfoncer la porte de la chambre de ses grands-parents.

    La défense, quant à elle, s'appuie sur la version du complot organisé par la mafia russe à cause d'un conflit financier avec son père, Eugène. Cette thèse est accréditée par la mère d'Alexi, Raïssa, bibliothécaire à Moscou.

    Celle-ci évoque le parcours sulfureux de son ex-mari dans le monde des affaires en Russie. Elle raconte que l'industriel craignait pour sa sécurité et qu'il avait fait l'objet de plusieurs agressions à main armée à Moscou. C'est pourquoi il préférait séjourner en France.

    Malgré tout la juge reste néanmoins convaincue de la culpabilité du jeune homme et s'en tient à la première hypothèse.

    "Demi-condamnation"



    Au terme des dix jours de débat l'avocat général, Sylvie Lotteau, réclame de dix-huit à vingt ans de réclusion criminelle, la sanction maximale pour un mineur.

    Dans la nuit du 13 au 14 mars 1998, Alexi est condamné à huit ans de réclusion criminelle.

    Contre toute attente, la cour délivre un verdict "mitigé" comme si les jurés avaient eu un doute qui n'a toutefois pas entièrement profité à l'accusé.

    Par le jeu des réductions de peine, Alexi est libéré le 8 juillet 2000 après avoir passé un peu plus de cinq ans et demi derrière les barreaux.
     
     
     
     
    sources
     
     
     
     
     
     
     
     
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    L’affaire Dominici est une affaire criminelle survenue en France. Dans la nuit du 4 au 5 août 1952, trois Anglais, Jack Drummond, sa femme Anne et leur fille Elizabeth sont assassinés près de leur voiture à proximité de La Grand'Terre, la ferme de la famille Dominici, sur la commune de Lurs dans les Alpes-de-Haute-Provence. Le patriarche Gaston Dominici a été accusé du triple meurtre et condamné à mort sans que sa culpabilité ait jamais été clairement établie. En 1957, le président Coty a commué la peine et le 14 juillet 1960 le général de Gaulle a gracié et libéré Gaston Dominici. L'affaire fut suivie par plusieurs journalistes, tant français qu'étrangers.

     

     

     

    L'affaire Dominici est une affaire criminelle survenue en France. Dans la nuit du 4 au 5 août 1952, trois Anglais, Jack Drummond, sa femme Anne et leur fille Elizabeth sont assassinés près de leur voiture à proximité de La Grand'Terre, la ferme de la famille Dominici, sur la commune de Lurs dans les Alpes-de-Haute-Provence. Le patriarche Gaston Dominici a été accusé du triple meurtre, condamné à mort sans que sa culpabilité ait jamais été clairement établie. En 1957, le président Coty commue la peine et le 14 juillet 1960 le général de Gaulle gracie et libère Gaston Dominici. L'affaire fut suivie par plusieurs journalistes, tant français qu'étrangers.

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    Historique . Le triple meurtre

      

    Au soir du 4 août 1952, alors qu'ils sont en vacances en France avec leur voiture, une Hillman vert amande immatriculée NNK 686, les Drummond font une étape au bord de la route nationale 96, à 165 mètres de La Grand'Terre, une ferme modeste malgré son nom, située sur le territoire de la commune de Lurs dans les Basses-Alpes (aujourd’hui Alpes-de-Haute-Provence). L'emplacement est proche d'une borne kilométrique, le kilomètre 32, indiquant d'une part que Peyruis est distant de 6 km au nord, d'autre part que La Brillanne se trouve à 6 km au sud. Un large chemin empierré permet de descendre jusqu'aux rives de la Durance. Un pont enjambe la voie ferrée à 60 m de la route. Un sentier serpente de part et d'autre de la voie ferrée et de la pente de la Durance.

     

     

    La Grand'Terre est occupée par les Dominici, une famille d'agriculteurs comprenant Gaston, le patriarche, 75 ans, Marie son épouse, 73 ans surnommée « la Sardine » (1879-1974), Gustave leur fils, 33 ans, Yvette, 20 ans, la femme de Gustave et leur bébé Alain, 10 mois La famille est d'origine italienne, l'arrière-grand-père piémontais de Gaston s'étant installé à Seyne (Alpes-de-Haute-Provence) comme cultivateur en 1800.

     

      

      

    Dans la nuit du 4 au 5 août 1952 après que la famille Dominici se soit réunie dans la ferme avec des voisins pour célébrer la fin des moissons et que plusieurs membres des Dominici aient fait la navette entre la ferme et leur champ, croisant ainsi à plusieurs reprises les Drummond, six ou sept coups de feu sont tirés à 1 h 10.  Passant à 4 h 30 sur les lieux du crime, Marceau Blanc remarque un lit de camp devant la Hillman de la famille Drummond, ainsi qu'une couverture ou une toile qui masque les vitres droites et le pare-brise de la voiture. À 4 h 50, passant à son tour, Joseph Moynier ne voit rien de cela.

      

      

      

    À 5 h 20, Jean Hébrard aperçoit un lit de camp dressé contre la voiture. Les lieux du crime sont en constante évolution, ce qui semble contredire la thèse de l'intervention brève d'un commando extérieur venu exécuter un contrat.

    Gustave Dominici déclare s'être levé à 5 h 30 et n'avoir découvert que le cadavre de la petite Elizabeth Drummond vers 5 h 45, le crâne fracassé, à 77 mètres de la voiture sur la pente menant à la Durance ; les cadavres des parents, Anne et Jack Drummond gisent près de leur voiture. Vers 6 h 0, Gustave interpelle le motard Jean-Marie Olivier et le délègue pour avertir les gendarmes d'Oraison de sa découverte. Alors qu'il possède une moto, il préfère donc faire appel à un passant pour prévenir la gendarmerie[3].

    Vers 6 h 30, venant de Peyruis, Faustin Roure dépasse à vélomoteur Clovis Dominici et son beau-frère Marcel Boyer sur leurs bicyclettes ; il se rend directement au pont de la voie ferrée pour constater l'état d'un éboulement sur celle-ci, que Gustave lui a signalé la veille, en se déplaçant chez lui vers 21 h 0.

      

      

    Au même instant, les deux beaux-frères qui se sont arrêtés à La Grand'Terre, apprennent par Gustave que des coups de feu ont retenti vers une heure du matin et qu'il a découvert le cadavre d'une fillette sur la pente menant à la Durance. Les deux hommes se précipitent vers l'endroit et rencontrent F. Roure qui remonte de la tranchée de la voie ferrée. À 15 m de la sortie du pont, ils découvrent le corps de la petite Elizabeth et M. Boyer remarque que Clovis semble connaître la position exacte du petit cadavre et empêche ses compagnons d'approcher au plus près.

    En revenant sur la route, les trois hommes découvrent les corps des parents ; la mère, sur le dos, entièrement recouverte d'une couverture est en parallèle à gauche de la voiture ; son mari gît sur le dos, recouvert d'un lit de camp, de l'autre côté de la route. Inquiété par ce qu'il a entendu de la conversation à voix basse entre les deux frères lors du retour à la ferme, M. Boyer va nier s'y être arrêté lorsqu'il est interrogé sur son lieu de travail par le gendarme Romanet le 16 août 1952.

      

    Avant de renoncer à ce mensonge, désavoué par F. Roure, le 20 août, quand il est entendu par le commissaire Sébeille, il dit ne pas savoir expliquer pourquoi il a menti. On en saura la raison le 13 novembre 1953, quand Clovis Dominici révèle que Gustave lui parlait des cris d'épouvante et de douleur des Drummond en présence de Marcel Boyer et de Roger Drac.

    Entre 6 h 50 et 7 h 0, Jean Ricard qui a campé la veille sur le plateau de Ganagobie, passe à pied sur le lieu du drame et son attention est attirée par la voiture et par le désordre qui règne autour de celle-ci ; il contourne la Hillman et voit un lit de camp vide le long de la voiture ; à deux mètres environ à gauche, en parallèle, il découvre une forme humaine à même le sol, recouverte d'une couverture de la tête jusqu'en dessous des genoux avec les pieds en direction de La Grand'Terre.

    Vers 7 h 0, ne voyant pas venir les gendarmes, Yvette Dominici, quoique enceinte de son deuxième enfant, enfourche son vélo et se dirige vers la ferme Sylve, négociant à Giropey, pour téléphoner à la gendarmerie. À la hauteur de la ferme Guillermain, située 350 m au sud de La Grand'Terre, elle rencontre Aimé Perrin et lui apprend que Gustave a découvert une petite fille, massacrée sur le talus de la Durance et mentionne la présence d'une femme habillée de noir, en compagnie des Drummond, vue par Gustave la veille au soir. Yvette demande à Aimé Perrin d'aller téléphoner à sa place. Ce dernier s'en retourne et rencontre au quartier de la Croix les gendarmes Romanet et Bouchier, avant de les accompagner sur les lieux du crime.

    Vers 7 h 30, les deux gendarmes et Aimé Perrin arrivent sur place alors que la scène du crime a déjà été contaminée à plusieurs reprises; Selon ce dernier, Gustave est venu à pied et sans son vélo ; il surgit dans le dos des gendarmes qui viennent de découvrir le corps d'Anne Drummond. Ils trouvent un lambeau de peau de main de 4 cm2 accroché à gauche du pare-choc arrière de la voiture ; il sera remis au commissaire Sébeille dès son arrivée. Les portières avant sont fermées alors que la double portière arrière est poussée, avec la clef à l'extérieur sur la serrure.

     

      

      

    Ceci exclut que la fillette s'y soit enfermée de l'intérieur. À 6,40 m de l'arrière de la Hillman se situe un puisard d'écoulement derrière lequel les gendarmes remarquent une énorme flaque de sang d'un m² de superficie. Aucun prélèvement sanguin ne sera effectué et on ne saura jamais qui a perdu autant de sang à cet endroit. Les gendarmes trouvent deux douilles et deux cartouches pleines, groupées en paires insolites comprenant chacune une douille et une cartouche intacte. Une paire se trouve à 3 m de l'arrière de la voiture ; l'autre paire se situe à 5 m en perpendiculaire de l'avant-gauche de la voiture et à 1,50 m de Lady Anne. Les deux paires sont distantes d'environ 9 m l'une de l'autre.

     

     

     

     

    1952, l’affaire Dominici :

    Vieille de 60 ans, elle reste aujourd’hui encore une énigme. Le 5 août 1952, au petit matin, près du village de Lurs (Alpes-de-Haute-Provence) les cadavres d'un couple britannique et de leur petite fille sont découverts au bord d’une route où ils avaient décidé de passer la nuit.

    Sir Jack Drummond, nutritionniste de renom de 61 ans, a deux balles dans le dos, sa femme lady Ann trois. Plus loin le corps d’Elizabeth, 10ans, est retrouvé en pyjama bleu. Elle a été battue à mort à l’aide d’une crosse. « Son crâne ressemblait à un sac de noix » rapportera le commissaire marseillais Edmond Sebeille qui se charge de l’enquête.

    Très vite les soupçons se portent sur la famille de fermiers Dominici qui se trouve à moins de 200 mètres. Gaston Dominici, patriarche d'origine piémontaise y règne en maître sur sa femme et ses deux fils.

    Après deux ans d’enquête, ces deux derniers, Gustave et Clovis, accusent leur père. Arrêté, le patriarche passe aux aveux: il a surpris Mme Drummond en train de se déshabiller et lui a fait des avances. Le mari est intervenu et Gaston a tiré sur le couple avant de poursuivre la fillette. Mais il se rétracte, assurant avoir voulu préserver le vrai meurtrier, Gustave. Il n'en démordra plus.

    A l’issue d’un procès suivi par toute la France, il est condamné à mort, sans preuve et sans mobile, le 28 novembre 1954. Sa peine est commuée en réclusion à perpétuité en 1957 puis le général de Gaulle le grâcie. Il est libéré le 14 juillet 1960 et meurt cinq ans plus tard dans un hospice. Une nouvelle instruction aboutit à un non-lieu en 1956.

    La famille demande plusieurs fois, en vain, la révision du procès. Toutes les hypothèses sont avancées, y compris certaines voulant que Drummond, soupçonné d'être un agent britannique, ait été liquidé avec sa famille par des Soviétiques ou qu'il ait été victime d'un règlement de comptes entre anciens résistants sur fond de trafic d'armes.

     

     

     

     
             
         
       
       
         
     

    Les Drummond vivaient dans leur Résidence cossue de Nuthall, dans la banlieue de Nottingham, « Spencer House »

      

      

    Les douilles sont marquées LC4 et sont différentes des cartouches pleines marquées WCC 43 et 44. Gustave leur signale le corps de J. Drummond de l'autre côté de la route et indique celui de la fillette sur le talus de la Durance. Les deux gendarmes découvrent des empreintes de pas faites par des semelles de crêpe neuve, allant et venant près du corps d'Elizabeth. Ces empreintes sont protégées avec des branchettes et photographiées.

    Romanet emprunte le vélo de Madame Perrin, venue rejoindre son mari, pour aller téléphoner chez le négociant Sylve et demander des renforts. Après 7 h 45, Faustin Roure revenant de Peyruis, où il est parti informer son chef de district, s'arrête de nouveau à la ferme. Il voit Gaston rentrer ses chèvres et surprend les propos du vieillard et d'Yvette qui lui apprend la tuerie. Nul ne peut affirmer s'il s'agit d'un véritable entretien ou d'un échange feint entre les deux protagonistes à l'attention de Roure, qu'ils ont repéré caché derrière la treille.

    Vers 8 h 0, Bouchier, resté seul sur le bivouac, voit passer Roger Perrin en vélo se dirigeant vers La Grand'Terre. Peu de temps après, ce dernier revient à pied, le vélo à la main, accompagné de son grand-père et de Gustave. Gaston demande au gendarme la permission d'aller recouvrir le corps d'Elizabeth avec une couverture qu'il prend sur le lit de camp. Il sait donc que la fillette n'est pas recouverte.

    À 8 h 15, le capitaine Albert arrive sur les lieux avec les gendarmes Crespy, Rebaudo et Romanet qu'il a récupérés devant chez les Perrin à Giropey. Dès son arrivée le capitaine Albert remarque un vélo au pied du mûrier ; la plaque d'identité lui indique que c'est celui de Gustave. Interrogé, celui-ci dit qu'il est allé chercher de la craie à la demande des gendarmes et qu'il a pris son vélo pour aller au plus vite, ce qui est réfuté par les gendarmes Romanet et Bouchier. De plus, le vélo disparaît sans que personne remarque qui est parti avec, ni quand.

     

    Avant de partir en voyage, les Drummond avaient fait l'acquisition d'une voiture canadienne « Hillman minx » en version break.
    Elle se prêtait particulièrement aux excursions et au camping qu'ils aveint prévus de faire en France.
    Ce modèle était récemment sortie d'usine, et était extrêmement rare sur les routes Françaises elle pouvait être facilement confondue avec une Peugeot ou une Renault.

      

    Vers 8 h 30, arrivent le maire de Lurs, Henri Estoublon, qui a prévenu d'autres édiles, et le docteur Dragon qui commence ses constatations sur les corps des parents Drummond. Lorsqu'il se penche sur celui d'Elizabeth à 9 h 15, il constate d'une part que les membres et le torse sont encore souples et d'autre part que les pieds sont propres.

    Vers 9 h 15, les Barth, parents d'Yvette, arrivent à la ferme Dominici. Yvette n'étant pas prête, elle sera emmenée par le boucher Nervi au marché d'Oraison et ne reviendra qu'après 16 h 0, accompagnée par ses parents, alors que d'habitude elle fait ses achats à Forcalquier et rentre pour le repas de midi.

    À 9 h 30, venant de Digne, apparaissent le procureur Louis Sabatier, le juge d'instruction Roger Périès et son greffier Émile Barras. Vers 10 h 0, surgit le gendarme maître-chien Legonge avec sa chienne Wasch. Mise en présence d'Elizabeth qu'elle flaire, alors que Gaston, Gustave et Roger observent la scène, la chienne suit le sentier côté Durance sur environ 50 m en progressant vers le nord, puis descend sur la voie ferrée qu'elle suit sur une centaine de mètres en s'éloignant de la ferme, vers Peyruis, puis elle remonte sur la RN 96, traverse la route et monte jusqu'au canal d'arrosage qui se situe 30 m au-dessus de la chaussée et s'arrête là. Personne ne peut comprendre à quoi correspond cet itinéraire.

      

      

    Les constats se font au milieu de dizaines de badauds et d'officiels qui piétinent et perturbent le vaste périmètre du crime ; on ne peut pas exclure l'hypothèse de quelques manipulations ou de menus larcins commis au titre de souvenirs macabres.

    Pour le repas de midi, Gustave, Clovis et Paul Maillet se retrouvent dans la cuisine de Gaston ; au cours du repas, P. Maillet apprend qu'Elizabeth a été découverte encore vivante par Gustave. Il dira avoir été choqué que personne n'ait tenté de lui porter secours.

     

     

      

    En 1957, le président Coty commua la peine en peine de prison à perpétuité et, en 1960, le général de Gaulle libéra Gaston Dominici. Celui-ci, sur la fin de sa vie, devint l'ami d'un moine bénédictin du monastère de Ganagobie lequel reçut sa confession qu'il ne trahit jamais. Depuis sa libération jusqu’à sa mort, Gaston Dominici demanda sa réhabilitation et la révision de son procès. Gaston Dominici décéda en 1965, sans qu'on sache jamais son degré d'implication dans le triple meurtre de la famille Drummond.

    L’affaire Dominici restera une affaire mystérieuse. Certains continueront de soutenir l’innocence du père Dominici derrière son petit fils Alain qui demande la révision du procès. Des thèses mettant en scène des agents secrets ont aussi été échafaudées.

     

    arme du crime dans l'affaire Dominici

      

    Les débuts de l'enquête

    L'enquête est confiée au commissaire de police Edmond Sébeille de la 9e Brigade mobile de Marseille. À 15 h 0, le juge Périès ne voyant pas venir les policiers de Marseille, décide de la levée des corps qui s'effectue à 15 h 30. Lors de la levée du corps de la fillette, le fossoyeur Figuière découvre un éclat de bois de crosse à dix centimètres de la tête d'Elizabeth et cet éclat passe de main en main sans savoir à quoi il correspond. À l'arrivée des policiers, une altercation éclate entre le commissaire Sébeille, le juge Périès et le capitaine Albert à qui il reproche de ne pas avoir contenu la foule de badauds et de journalistes qui piétine et fouille le périmètre du crime. Selon Sébeille, lui et son équipe sont arrivés à 13 h 30 à Lurs ; de nombreux journalistes dont André Sevry, correspondant du quotidien Le Monde, situent l'arrivée des policiers marseillais après 16 h 30.

    Le 5 août vers 18 h 0, les inspecteurs Ranchin et Culioli repêchent dans la Durance une carabine de guerre cassée en deux, une US M1 calibre 30 Rock Ola. L'arme est en très mauvais état. Il manque plusieurs éléments et elle a été réparée avec des moyens de fortune : le guidon a été remplacé par une demi pièce de un franc de l'époque, le couvre-main en bois qui coiffe le canon est manquant, l'anneau grenadier est remplacé par une bague en duralumin de plaque d'identité de vélo qui maintient le canon au fût et fixé par une vis dans le bois, la dragonne est absente et l'ergot de queue de la culasse est cassé. Il ne peut donc s'agir en aucun cas de l'arme d'un tueur chevronné mais désigne plutôt un bricoleur.

    Ce même jour, le camionneur Ode Arnaud déclare à la gendarmerie de Château-Arnoux avoir vu un homme assis à gauche à l'arrière de la Hillman lors de son passage à 23 h 15 et dépassé vers minuit, trois kilomètres avant Manosque, un side-car dont le side était gauche. Plus tard, les Dominici prétendront que ce side-car s'est arrêté chez eux mais ils situeront sa halte à 23 h 30. Il s'agit d'une manœuvre destinée à discréditer le témoignage du dénonciateur anonyme qui affirme avoir vu Gustave hors de la ferme en compagnie d'un inconnu entre 23 h 30 et minuit mais aussi à semer le trouble sur celui d'Ode Arnaud.

    Vers 19 h 30, le commissaire Sébeille rencontre pour la première fois Gaston Dominici près de l'endroit où gisait la petite Elizabeth quelques heures plus tôt. Les tatouages et les propos que lui tient le vieux chevrier impressionnent défavorablement le policier.

     

    Le 6 août 1952 ont lieu les premières auditions des Dominici et les premières invraisemblances apparaissent. Les Dominici disent avoir entendu les coups de feu mais non les cris et les appels de détresse des victimes. Gaston s'attribue la découverte de l'éclat de crosse de la US M1 et prétend l'avoir trouvé à 30 cm de la tête de la petite victime, peu après 8 h 0, en recouvrant le corps de la fillette avec une couverture ; il dit aussi l'avoir remis au gendarme Bouchier.

    Gustave Dominici

      

    Les inspecteurs Culioli et Ranchin découvrent une culotte de fillette dans un fourré du talus de la voie ferrée à 450 m de La Grand'Terre près de la gare sise au sud. L'inspecteur Ranchin le confirmera par écrit, lors de la contre-enquête, au capitaine Albert le 25 août 1955. Francis Perrin, le facteur de Lurs, déclare aux gendarmes qu'il a suivi les Drummond descendant de Lurs en voiture entre 11 h 30 et midi. Il renouvellera ce témoignage au commissaire Constant le 3 octobre 1952.

    Les 6 et 7 août, Lucien Duc, camionneur à La Roche-de-Rame témoigne à la gendarmerie de La Bessée (Hautes-Alpes). Il déclare être passé à 0 h 20 sur les lieux du crime en compagnie de son frère Georges, ils ont vu un inconnu « au visage inquiétant » qui s'est figé sur place à leur approche, à une centaine de mètres de la Hillman en direction de la ferme Dominici. L'inconnu est décrit comme âgé d'environ quarante ans, corpulent, mesurant environ 1,80 m et pourvu d'une chevelure abondante.

    Les 6 et 13 août 1952, le commissaire Sébeille recueille les témoignages de Henri Conil, entrepreneur de bâtiments, et de Jean Brault, étudiant en vacances à Peyruis. H. Conil dit être passé avec son camion devant la Hillman entre 1 h 30 et 1 h 35 en compagnie de l'étudiant en médecine. Les deux hommes disent avoir vu une silhouette bouger dans l'ombre près de la voiture, ce qui voudrait dire que l'assassin ou un complice était encore présent sur place.

    Le 7 août 1952, une perquisition à la ferme permet de saisir un fusil de chasse de calibre 12, un vieux fusil de guerre Gras rechambré pour la chasse au gros gibier et une carabine 9 mm. Gustave refuse de répondre aux questions des policiers en présentant un certificat de maladie de complaisance. En fin d'après-midi, à 17 h 0, les obsèques des Drummond ont lieu à Forcalquier où ils sont enterrés dans le cimetière, à quelques kilomètres du drame].

     

    la famille Dominici

    Le matin du 8 août 1952, Gustave est interrogé pendant quatre heures par Sébeille à Peyruis. Le fermier maintient ses précédentes déclarations. Le commissaire Sébeille entend Lucien Duc qui renouvelle ses dépositions des 6 et 7 août. Roger Roche qui habite Dabisse, un hameau à 1 800 m au nord-est de La Grand'Terre, dépose à la gendarmerie de Malijai. Il déclare qu'il était dans son jardin au moment du drame et qu'il a entendu quatre ou cinq coups de feu en provenance de la ferme. Il dit, sans être catégorique, avoir entendu des cris. Il poursuit en disant être resté dehors un quart d'heure et ne pas avoir entendu de bruit de moteur ni vu de lueur de phares de véhicule sur la nationale 96. Dans l'après-midi, le commissaire Sébeille présente la carabine US M1 à Clovis Dominici qui s'effondre sur la voie à sa vue. Emmené à Peyruis et interrogé deux heures durant, il nie connaître l'arme du crime.

    Les gendarmes Romanet et Bouchier recueillent le témoignage de J.-M. Olivier à son domicile. Selon lui, Gustave l'a hélé de derrière la Hillman à hauteur du capot. Surpris, Olivier s'est arrêté une trentaine de mètres plus loin. Gustave l'a rejoint en courant et lui a demandé d'avertir la gendarmerie d'Oraison. Gustave lui aurait dit : « Il y a un type mort sur le talus au bord de la route ». Selon Gustave, il aurait seulement dit qu'il y avait « un mort là-bas » en désignant la Durance d'un geste. Or, selon sa propre version, vers 6 h 0, il savait qu'Elizabeth n'était pas encore morte.

    Le 9 août, le quotidien France Soir publie le carnet de voyage d'Elizabeth Drummond : il s'agit en réalité d'un faux réalisé par le journaliste Jacques Chapus.

    Le 12 août, Aimé Perrin, demeurant à Giropey, est interrogé par le gendarme Romanet sur les conditions de sa rencontre avec Yvette Dominici le matin du 5 août. Aimé Perrin lui rapporte les propos d'Yvette, qui a évoqué, entre autres, la présence d'une femme en noir. Aimé Perrin affirme avoir été prévenu qu'un crime avait été commis près de la ferme Dominici par le poseur de voies Bourgues, avant 7 h 0, le matin du 5 août ; cela n'est pas crédible puisque le dénommé Bourgues n'était pas présent à La Grand'Terre ce matin-là et sûrement pas dans cette tranche horaire.

      

      

    Le quotidien L'Humanité publie une photo de Jack Drummond, en uniforme d'officier de la Home Guard, parlementant avec des officiers de la Wehrmacht derrière les lignes allemandes, aux Pays-Bas, début mai 1945. Le PCF tente d'accréditer la thèse selon laquelle le massacre des Drummond serait la conséquence de la lutte acharnée entre les services secrets anglais et américains, dans les Basses-Alpes.

    Le 13 août, Yvette est interrogée à La Grand'Terre par les gendarmes Romanet et Bianco mais ne parle plus de la femme en noir vue par Gustave.

    Le 16 août, le commissaire Sébeille recueille le témoignage de Raymond Franco, maroquinier marseillais, en vacances au Plan-des-Mées : il dit avoir entendu comme un doublé de chasse puis trois ou quatre coups de feu plus espacés, au moment du drame depuis la fenêtre ouverte de sa chambre. Yvette est également interrogée par le commissaire Sébeille. Elle rapporte que Gustave, rentrant de la ferme Girard, lui aurait appris que les Drummond campaient sur la décharge des Ponts et Chaussées ; par la suite, en 1955, elle niera avoir fait cette déclaration. Elle soutient qu'elle n'a pas bougé de sa cuisine et que personne ne lui a demandé d'eau ni de nourriture, ni d'autorisation de camper.

      

    Commissaire Sebeille

      

    Elle confirme, mot pour mot, la déposition de Gustave du 8 août, ce qui trahit une entente préalable entre les époux sur ce qu'il convenait de dire à ce sujet. En effet, venant d'une direction opposée, Gustave ne pouvait deviner à 20 h 0, apercevant la Hillman, que ses occupants, sans monter de tente, allaient bivouaquer à cet endroit si peu propice au campement.

    Interrogé par le gendarme Romanet, M. Boyer prétend ne pas s'être arrêté à La Grand'Terre le matin du 5 et s'être rendu directement à la gare de Lurs. Mais les 20 août et le 25 juin 1953, devant Sébeille, il reviendra sur ce mensonge sans s'en expliquer. En fait, c'est ce qu'il a entendu de la conversation entre Gustave et Clovis qui a inquiété Boyer au point de lui faire carrément nier sa présence à la ferme ce matin-là, puis quand il a admis s'y être arrêté, nier avoir entendu autre chose que « cadavre » à propos de la fillette.

    Le 17 août 1952, Mme Jeanne Christianini de Marseille déclare à la gendarmerie de Marseille-Nord que, passant à 20 h 30 sur les lieux du crime, elle a vu un homme assez grand, qui pourrait être J. Drummond, regardant sous le capot levé de la Hillman. Ceci expliquerait qu'Anne et Elizabeth Drummond se soient rendues à la ferme pour quémander de l'eau afin de remplir le radiateur, dont le système de refroidissement, conçu pour le climat britannique, s'est montré déficient sous la canicule provençale.

     

     

    reconstitution dans l'affaire Dominici

      

      

    Dans la nuit du 17 au 18 août, une reconstitution est organisée sur les lieux du massacre par une nuit sans lune, alors que la lune était pleine la nuit du crime. La reconstitution implique les frères Duc, qui ont vu à 0 h 20 un inconnu à 58 m de la ferme, et Marceau Blanc qui confirme son témoignage sur son passage à 4 h 30.

    Le 19 août, Jean Garcin, cultivateur à Ribiers (Hautes-Alpes) dépose à la gendarmerie du même lieu ; il dit avoir vu des coussins disposés autour de la Hillman lors de son passage à 3 h 45 sur les lieux du drame.

    Le 20 août, Gustave se déplace à Peyruis pour remettre à Sébeille une lettre qu'il a reçue de son frère Aimé demeurant à Eygalières (Bouches-du-Rhône). Celui-ci explique que les initiales RMC sur la crosse de la US M1 correspondent à René-Marcel Castang, habitant à Lurs et décédé en 1946, on notera que ces initiales peuvent aussi se rapporter à la "Rock ola Manufacturing Corporation", fabricant de la carabine. Il écrit que le jour des obsèques de Castang des armes ont été volées dans sa ferme, voisine de celle de Paul Maillet. Ce même jour, une lettre anonyme parvient à Sébeille : elle dit que le jour de l'enterrement de Castang, P. Maillet a volé la US M1 dans la ferme du défunt.

    Ce même jour encore, Giovani Colussel déclare à la gendarmerie de La Saulce (Hautes-Alpes) que, venant de Peyruis, il est passé à 5 h 0 devant les lieux du crime ; il a vu une couverture étendue à plat, à environ 1,50 m devant la Hillman. Toujours ce 20 août 1952, Germain Garcin, parent de Jean Garcin et camionneur à Laragne (Hautes-Alpes) dépose à la gendarmerie du lieu ; il déclare avoir vu une portière de la Hillman ouverte ainsi qu'un homme assez grand penché sous le capot levé, avec une lampe à la main lors de son passage, à 3 h 50, sur les lieux du crime.

    Le 21 août, paraît une tribune libre dans le quotidien Le Monde : Maître Garçon, avocat parisien, dénonce les bavardages inconsidérés de Sébeille aux journalistes et l'accuse de chercher une notoriété de mauvais aloi. Ce même jour, le chauffeur de car Joseph Juliany dépose à la gendarmerie de Manosque, disant qu'en revenant de Corps (Isère) vers Manosque, il a vu vers 23 h 30, un homme assez grand penché sous le capot levé de la Hillman avec une lampe à la main, ce qui confirmerait un problème mécanique.

    Le 24 août, les gendarmes identifient l'auteur de la lettre anonyme ; il s'agit d'une lavandicultrice qui déclare que, pendant l'été 1950, elle a rendu visite aux Maillet et a vu l'arme du crime pendue à un clou dans leur cuisine.

    Une lettre anonyme, postée à Sisteron (Basses-Alpes) en date du 25 août 1952, apprend au commissaire Sébeille que Gustave était à l'extérieur de la ferme en compagnie d'un inconnu entre 23 h 30 et minuit le 4 août.

    Les 18 et 27 août 1952, un certain Panayoutou prétend avoir assisté au triple meurtre mais son témoignage se révèle faux. On ne saura jamais s'il s'agit d'un indicateur-provocateur de la police ou d'un affabulateur alléché par la prime d'un million d'anciens francs promise par le Sunday Dispatch et Samedi Soir à qui permettrait de découvrir le ou les coupables.

    Le 29 août, une perquisition chez Paul Maillet, un temps soupçonné, permet la saisie de deux PM Sten avec chargeurs et munitions dissimulés dans le four de sa cuisinière. Interrogé jusqu'à 19 h 0, à Forcalquier, sur l'origine de ces armes, P. Maillet ne donne aucune explication crédible. Il se souvient brusquement que, dans l'après-midi du 4 août, il a entendu une détonation de fusil de guerre provenant des buissons de la Durance alors qu'il travaillait sur la voie près de la gare de Lurs. En accord avec le parquet, P. Maillet ne sera pas poursuivi pour détention illégale d'armes de guerre, en contrepartie de services à rendre aux enquêteurs.

    Ce même jour, Paul Delclite, chef de station à la mine de Sigonce, qui couche occasionnellement à la ferme Guillermain, située à 350 m au sud de la ferme Dominici, déclare aux gendarmes Romanet et Bouchier s'être rendu le lundi 4 août vers 22 h 0 à son jardin situé au quartier de St-Pons, environ un kilomètre au nord de La Grand'Terre. Il raconte que, passant à bicyclette devant la Hillman, il a remarqué sur le côté gauche du véhicule un amas de couvertures mais n'a vu ni toile de campement, ni lit de camp.

     Dominici

    Les contradictions et la condamnation de Gustave Dominici

    Le 1er septembre 1952, le radiesthésiste Jean-Claude Coudouing visite les lieux du drame. Avec la permission d'un gendarme, il arpente avec son pendule la voie ferrée. Il revient à 16 h 10 avec une balle écrasée qu'il déclare avoir trouvée au bas du talus de la voie ferrée, à 100 m au nord du pont, vers Peyruis. Après expertise, il s'avère qu'il s'agit d'une munition tirée par la US M1.

      

      

    Le 2 septembre, une perquisition de la ferme de François Barth, père d'Yvette, est menée sans succès.

    Les 3 et 4 septembre, à la gendarmerie Forcalquier, Gustave Dominici est en contradiction avec les déclarations du motard J.-M. Olivier. Auparavant, une reconstitution a été organisée sur les lieux du drame avec le motard Olivier. Les gendarmes sont obligés de repousser des groupes d'anciens FTP qui tentent d'empêcher l'opération.

      

    Selon Olivier, Gustave a surgi devant le capot de la Hillman. Gustave prétend qu'il sortait du chemin, une quinzaine de mètres plus loin, après le mûrier et qu'il s'en retournait déjà vers la ferme sans être allé sur le bivouac. Olivier et Gustave campent sur leurs positions.

    L'interrogatoire durera sept heures. Fatigué, le commissaire Sébeille, laisse la main à son collègue Constant ainsi qu'au commissaire Mével, adjoint du divisionnaire Harzic.

    Il concède avoir interpellé Olivier à hauteur du capot de la Hillman et non au-delà du mûrier. Il reconnaît avoir vu les deux lits de camp mais non les corps des époux Drummond.

      

      

    Si Gustave avait eu la présence d'esprit de prendre sa moto dès l'aube pour aller prévenir les gendarmes, personne n'aurait eu l'idée de soupçonner les Dominici. Il est évident qu'au moment où il a été surpris par le passage d'Olivier, il a réagi en improvisant. Puis, à la façon dont il s'est entêté à contester le témoignage d'Olivier, malgré l'évidence, montre bien que ce témoignage contrariait une stratégie qui n'avait pas prévu ce cas de figure. Cette stratégie avait donc probablement été élaborée dans la nuit. À part les coups de feu, ni lui ni Yvette ne devaient avoir rien entendu ni vu, et surtout ne rien savoir en les dégageant de toute implication dans le drame. Contre toutes les évidences et témoignages, Gustave et Yvette, vont contester constamment pour tenter de remettre en selle la stratégie originelle. Or, celle-ci avait déjà été contrariée par la survie d'Elizabeth. Les fermiers ont, sans doute, espéré qu'un passant découvrirait les corps et irait de lui-même avertir les gendarmes, sans même faire la relation avec la proximité de La Grand'Terre. Les Dominici pourraient prétendre tout ignorer si ce n'est avoir entendu des coups de feu de braconnier(s) dans la nuit, comme Gaston tentera de l'accréditer lors de sa première audition recueillie par Sébeille.

    Du 5 septembre à fin décembre 1952, le commissaire principal Fernand Constant remplace provisoirement son collègue Sébeille à Lurs.

      

      

    Le 16 septembre, le quotidien du PCF, L'Humanité, fait état d'un carnet de notes ayant appartenu à Jack Drummond. Le document, en partie calciné, aurait été trouvé par des écoliers sur un tas d'ordures à Long Eaton, près de Nottingham où résidaient les Drummond. Il y serait noté à un jour non précisé de juillet 1947 : « 18h00, rendez-vous à Lurs avec… » suivi d'un nom brûlé. Cette source a pour origine une information invérifiable lancée par la presse anglaise.

    Le 29 septembre, Henri Chastel, camionneur à Orpierre, déclare à l'inspecteur Ranchin avoir vu le 4 août vers minuit, un homme mince, de taille moyenne, les manches de chemise retroussées, les mains appuyées sur la carrosserie de l'une des portières arrières de la Hillman et regardant à travers la vitre ; ce ne peut être Sir Drummond, plutôt bedonnant, et cela concorde avec l'homme vu à 23 h 15 par Ode Arnaud.

    Le 30 septembre, Paul Maillet est suspendu de ses fonctions de secrétaire de cellule locale du PCF de Lurs par la fédération départementale. Le parti, soupçonné depuis des années de préparer un soulèvement armé et de soutien actif au Việt Minh en Indochine, ne veut pas prendre le risque d'être pris en défaut à cause d'un obscur militant de province chez qui on a saisi des armes de guerre et convaincu de vol de courant au détriment de EDF.

    Le professeur Ollivier dépose un premier rapport d'expertise sur le graissage de la Rock-Ola : celui-ci est formel, le lubrifiant de la carabine est très différent de celui des fusils de Gustave et de P. Maillet.

    Le 2 octobre, un fusil Springfield ou Garand, on ne sait, appartenant à Aimé Perrin, demeurant à la Côte de Giropey et frère de Roger Perrin père, est confisqué. Aimé Perrin est l'auteur du coup de feu entendu par P. Maillet dans l'après-midi du 4 août ; il déclarera avoir tiré sur un vol de corbeaux qui attaquait sa vigne.

    Ce même jour, le commissaire Constant enregistre les déclarations de Germain Champsaur, radioélectricien à Peyruis et propriétaire d'un cinéma ambulant qu'il promène dans les alentours. Il dit être passé vers 0 h 50 devant la Hillman, en venant de Lurs, et n'a rien remarqué d'anormal, notamment pas de couverture sur le côté droit de la voiture ni de lampe allumée. Il ajoute n'avoir croisé aucun véhicule jusqu'à son arrivée à Peyruis.

    Vers le 15 octobre, Paul Maillet informe le commissaire Constant que Gustave a été attiré par les râles de la petite Elizabeth lors de sa découverte. Selon le dossier, Maillet s'est confié à Émile Escudier, épicier à La Brillanne, un mois après le crime. Non seulement Maillet lui aurait révélé la survie d'Elizabeth, mais également une autre information qu'il livrera plus tard : Gustave aurait été témoin de la tuerie. Escudier lui aurait conseillé d'aller le dire à la police. Bien que Constant ne cite pas le nom du membre du PCF par qui le renseignement filtre à travers les RG de Digne, il peut s'agir d'Escudier.

    Le 15 octobre, Gustave est emmené à Digne où il est interrogé avec Clovis et Maillet qui confirme sa version. Gustave admet avoir entendu un « ronron » irrégulier et vu le bras gauche replié se détendre, mais nie l'avoir dit à Maillet lors du repas de midi du 5 août à La Grand' Terre. Il précise que c'est le râle qui l'a attiré au-delà du pont et qu'il serait revenu le dire à Marie et Yvette ; elles ne seraient pas allées voir. Gustave soutient qu'il n'est pas sorti de la nuit et maintient qu'il s'est levé à 5 h 30, ce qui est faux comme on le saura plus tard. Clovis admet avoir conseillé à son frère de ne rien dire. Sébeille et Constant se rendent chez les Dominici pour interrogatoire, pendant que Sébeille interroge Yvette puis Gaston, Constant s'occupe de Marie. Tous les trois nient avoir su que la fillette vivait encore.

    Le 16 octobre 1952, face à Constant, Gustave refuse d'admettre avoir été présent sur le bivouac lors du passage d'Olivier et d'avoir vu Elizabeth agonisante. Les raisons qu'il donne sont absurdes : il craignait que les parents ne soient les meurtriers de la fillette et ne s'en prennent à lui. En attendant les gendarmes, il dit s'être posté en haut du petit escalier d'accès à la cour sud pour guetter un éventuel départ de la Hillman pour en relever le numéro. Outre cette allégation absurde, en passant, les gendarmes Romanet et Bouchier ne l'ont pas vu à cet endroit, et s'étonneront même de son absence en découvrant déserts les lieux du crime vers 7 h 30. On ne peut pas dire formellement à quelle heure Gustave s'est aperçu que la fillette vivait encore, car rien ne prouve qu'il l'a découverte, comme il l'a prétendu, peu de temps avant le passage d'Olivier. Plus tard, il donnera d'autres versions qu'il contredira en se rétractant, et cette question ne sera jamais élucidée.

    Gustave Dominici est incarcéré en fin d'après-midi, à la prison Saint-Charles de Digne-les-Bains, inculpé par le juge Périès pour non-assistance à personne en danger de mort après avoir reconnu que la petite Elizabeth Drummond était encore vivante lorsqu'il l'a découverte vers 5 h 45, le matin du 5 août 1952. Le commissaire Constant entend le docteur Dragon sur son examen des corps des victimes ; selon lui, Elizabeth n'a pas été poursuivie mais transportée par son assassin, ses pieds ne présentant nulle trace d'écorchure ou de poussière. Selon le docteur, sa mort serait survenue trois heures après celle de ses parents.

    Le 20 octobre, Gustave, assisté de Me Pollak, réitère ses précédentes déclarations. L'incarcération n'a pas eu l'effet escompté et sa demande de mise en liberté provisoire est refusée.

    Le 29 octobre, le commissaire Constant reçoit une information de la Sûreté marseillaise qui lui apprend qu'un mois après le drame, Clovis et Jacky Barth, cadet d'Yvette, auraient été vus dans la bergerie de La Grand'Terre en compagnie d'un certain Jo. Marie Dominici aurait insisté pour qu'on paie celui-ci au plus vite, sous peine de leur créer des ennuis. Jo aurait également été vu par Maître Pollak et sa compagne Nelly Leroy.

    Le 5 novembre, Gaston et Marie Dominici, François Barth et sa fille Yvette sont interrogés par le commissaire Constant. Tous affirment ignorer l'existence du dénommé Jo ainsi que sa présence à la ferme.

    Le 6 novembre 1952, le commissaire Constant interroge sans succès toute la journée Marcel Chaillan, qui est l'inconnu à la mine patibulaire vu par les frères Duc à 0 h 20 le 5 août. Son neveu Fernand et son frère Louis sont également interrogés sans suite. À l'inverse de son collègue Sébeille, le commissaire Constant pense que Marcel Chaillan est l'homme vu par Ode Arnaud à 23 h 15, puis par Chastel vers minuit, ainsi que par les frères Duc à 105 mètres de la Hillman à minuit vingt, et qui serait donc l'inconnu vu en compagnie de Gustave, entre 23 h 30 et minuit le 4 août, celui-là même qui est désigné par le délateur anonyme de Sisteron.

    Le 7 novembre, Gustave est interrogé à son tour en prison. Il se montrera plus évasif au sujet dudit Jo. Étant allé sur les lieux du drame en compagnie de Maîtres Pollak et Charrier, il dit ignorer ce qui a pu se passer dans la bergerie ni avec qui. Évidemment, il ne connaît pas de Jo avec une mauvaise dentition. Par contre, il dit que Francis Perrin, le facteur de Lurs, est venu ce jour-là à la ferme. Ce même jour, le facteur est interrogé ; il dit avoir vu les avocats et un journaliste, ainsi que son père Louis sur la route, mais non les Barth. À la suite de son fils Francis, Louis Perrin dit qu'il est passé à La Grand'Terre, où il a pénétré dans la cour sud de Gaston. Il affirme avoir vu Nelly Leroy et sa fille à l'entrée de la bergerie en compagnie de Jacky mais non son père François Barth. Il poursuit, disant qu'il n'est pas surnommé Jo. Il exhibe une dentition métallisée, comportant un chicot, et qui peut passer pour le visage effrayant dont il a été question.

    Le 12 novembre, Nelly Leroy, compagne de Maître Pollack, est interrogée par le commissaire Constant. D'après elle, leur visite à la ferme se serait déroulée le lundi 8 septembre. Hormis les Dominici, elle ne se souvient que de Jacky Barth ; elle se rappelle qu'à un moment, un homme à la dentition métallisée s'est approché de la bergerie et est reparti aussitôt. Bien sûr, les avocats Pollak et Charrier ne seront pas interrogés.

    Ce même 12 novembre 1952, Gustave Dominici est condamné à deux mois d'emprisonnement pour non-assistance à personne en danger par le tribunal de Digne. Ses antécédents de FTP lui épargnent d'encourir la peine maximum prévue à cet effet. Il sera libéré le 15 décembre 1952[1]. Ce même jour, un certain Wilhelm Bartkowski, détenu à la prison de Stuttgart depuis le 9 août 1952, prétend avoir conduit la voiture d'un commando de tueurs à gages recruté en RFA par un service secret de l'Est et chargé d'exécuter les Drummond. Il devait se rétracter quelque temps après avoir été auditionné par le commissaire Gillard.

    Depuis l'incarcération de Gustave, Paul Maillet reçoit des lettres de menaces de mort. Le matin du 17 novembre, il échappe de peu à une tentative d'attentat, artisanal mais efficace, un fil de fer tendu en travers du chemin qu'il dévalait en vélomoteur et qui aurait pu le décapiter. Un peu avant Noël, des inconnus rôdent toute la nuit autour de la maison et dans la cour de La Maréchale, la ferme de Maillet.

    Le 17 novembre, le docteur Morin complète son témoignage du 6 août. Ce jour-là, il avait seulement parlé de son changement de campement vers la plateforme à la sortie du pont de la voie ferrée à l'invitation de Gustave pendant l'été 1951. Il dit qu'au moment de partir, il est allé prendre congé à La Grand'Terre, mais il ne sait plus s'il s'est rendu chez Gaston ou chez Gustave. Gustave lui aurait présenté deux armes de chasse, dont l'une utilisée pour la chasse au sanglier. La hausse de celle-ci - en fait le guidon manquant - aurait été remplacée par une demi pièce d'un franc de l'époque, soudée par Gustave. Sur présentation de la photo de la US M1, Morin ne reconnaît pas la carabine sans chargeur que Gustave lui a présentée, différente de la carabine US qui en possède un. À ce stade de l'enquête, son témoignage est considéré comme flou et n'est pas retenu.

    Le 30 novembre, Paul Maillet est exclu du PCF pour « collaboration avec la police » par le secrétaire départemental Roger Autheville, ancien chef FTP et ami de Gustave.

    Le 4 décembre, le professeur Ollivier dépose un nouveau rapport d'expertise sur le graissage du Springfield saisi chez Aimé Perrin. Le spectre du lubrifiant de ce fusil est très différent de celui de la Rock-Ola.

    Le 20 janvier 1953, le commissaire Sébeille reprend officiellement l'enquête. Il lui est recommandé d'éviter de faire des déclarations intempestives à la presse.

    Paul Maillet révèle aux gendarmes de Forcalquier le 23 janvier, puis au commissaire Sébeille le 27 janvier 1953, que Gustave Dominici a assisté aux meurtres des Drummond depuis le champ de luzerne.

    Une énigmatique femme habillée de noir, présente sur le terre-plein de la halte des Drummond, vue par Yvette et Gustave Dominici le soir du 4 août 1952 vient embrouiller un peu plus une affaire déjà compliquée.

    Le 27 janvier, Aimé Perrin vient apprendre à Sébeille que Gustave et Yvette auraient vu une femme vêtue de noir, le soir du 4 août, aux abords de la Hillman. Yvette le lui aurait appris lors de leur rencontre au matin du 5 août et prétend que Clotilde Araman, une fille Dominici, le sait aussi. Le 14 février, interrogée à son tour, confirme et dit qu'elle le tient également d'Yvette. Mais elle dit aussi que Gustave nie cette présence. Clotilde pense qu'il pourrait s'agir de sa mère, mais ce n'est pas crédible, Gustave n'aurait pas manqué de reconnaître sa mère.

    Ce fait est répété le 29 janvier 1953 au commissaire Sébeille par Roger Perrin fils, l'un des petit-fils de Gaston Dominici ; le lendemain, Roger renouvelle ses déclarations à la gendarmerie de Forcalquier.

    Le 2 février, le commissaire Sébeille interroge le gendarme Bouchier. Celui-ci dit avoir vu Roger Perrin passer à vélo vers 8 h 0, le matin du 5 août, et le gendarme est affirmatif : il a vu Roger revenir un instant plus tard à pied, le vélo à la main, en compagnie de son grand-père et de Gustave, tous trois sortant de la ferme pour venir sur le campement. Alors que cet épisode semble insignifiant, Gaston autant que Gustave, vont le contester à l'unisson devant le juge Batigne le 19 novembre 1955. Pourquoi sortir ensemble de La Grand' Terre devait-il être caché ?

    affaire Dominici

      

    Lors de sa première déposition, Gaston dit avoir appris le crime par Gustave, mais comme la version de Roger menace le témoignage de Roure qui intervient à décharge, le père et le fils vont nier. En fait, Roger l'avait fait savoir à Sébeille dès le 29 janvier 1953. La réponse semble être double : le retour de F. Roure à la ferme à 7 h 45 et brouiller les pistes sur l'identité du véritable propriètaire du vélo utilisé par Roger.

      

    Bouchier ayant demandé à Roger de tenir le décamètre, Gaston, furieux, intervient et le renvoie à la ferme. Mais, Roger rechignant à obéir, restera un moment sur les lieux avant de repartir avec son grand-père. Ils reviennent vers 11 h 0 ; Gaston présente alors son petit-fils au procureur Sabatier, ce qu'il niera farouchement à son procès.

    Le 19 mars 1953, le capitaine Albert recueille les déclarations du gendarme Émile Marque de la brigade de Valensole. Celui-ci déclare avoir vu les Drummond arriver à l'hôtel L'Ermitage vers 18 h 15 et en repartir environ une heure après. Le gendarme poursuit, disant qu'une heure après leur départ, est arrivé un couple anglais dont la femme était vêtue de noir.

      

    L'homme a demandé au gendarme s'il avait vu une voiture anglaise, celle des Drummond ? Marque a répondu par l'affirmative et l'homme est allé téléphoner dans l'hôtel pendant que la femme est restée près de la voiture. Le couple est reparti un quart d'heure plus tard. Pour la seconde fois, la présence de la mystérieuse femme habillée de noir est mentionnée. Bien qu'il soit le fait d'un gendarme, ce témoignage sera considéré comme tardif et ne sera pas retenu par l'instruction. Le gendarme ne sera même pas convoqué au tribunal pour déposer à la barre.

    Le 3 mai, le commissaire Constant remet son rapport final au divisionnaire Harzic. Il souligne la parfaite coopération des communistes locaux avec les enquêteurs, ce qui n'est pas sans étonner dans la mesure où Jean-Pierre Chabrol avait surnommé le commissaire Sébeille « commissaire Tournenrond » dans [L'Humanité-Dimanche]. En même temps, la fédération bas-alpine du PCF avait organisé des comités de défense des Dominici, courant août 1952, et programmé une manifestation de protestation anti-policière pour le début septembre. Toutes ces initiatives avaient été interdites par arrêté préfectoral.

    Le 7 mai 1953, à Digne, où depuis quelque temps il est employé comme commis-boucher, Roger Perrin fils révèle au commissaire Sébeille l'existence d'un seau d'eau en toile dont les Anglaises se seraient servi pour aller prendre de l'eau à la ferme. Le lendemain, sa mère Germaine, à qui Yvette s'est confiée aussi, confirme la venue des Anglaises à la ferme au commissaire Sébeille. Par ailleurs, l'argent des Drummond ainsi qu'un certain nombre d'objets dont un appareil photographique leur appartenant ont disparu.

    Le 13 mai 1953, le commissaire Sébeille recueille à Marseille le témoignage discordant de Jean Ricard qui a campé la veille du meurtre sur le plateau de Ganagobie. Il déclare être passé sur les lieux du drame le 5 août 1952, vers 7 h 0, et dit avoir vu Anne Drummond allongée sur le dos parallèlement au côté gauche de la voiture, les pieds au sud vers la ferme et le corps partiellement recouvert d'une couverture, jusqu'en dessous des genoux. Alors qu'à 7 h 30, les gendarmes Romanet et Bouchier accompagnés d'Aimé Perrin, rencontré en route, découvrent le corps sur le ventre entièrement recouvert et en oblique par rapport à la Hillman, à plusieurs mètres, les pieds au nord-est vers la Durance. Ce déplacement du corps ne peut être le fait de Gaston Dominici qui rentre à La Grand'Terre après 7 h 45, ramenant ses chèvres qui ont brouté dès l'aube à la Côte de Giropey, environ 2 km au sud.

      

      

      

    Le 21 août 1953, le commissaire Sébeille enregistre la nouvelle déposition de J.-M. Olivier. En effet, le gendarme Gibert d'Oraison n'a consigné que partiellement la déposition du motard le 5 août 1952 ; il en parle au capitaine Albert qui l'envoie au policier et celui-ci entend à nouveau Olivier, qui lui apprend que les deux femmes Dominici étaient postées au débouché de la ferme et surveillaient le renfoncement où agissait Gustave. En plus de cette nouvelle déposition, il ressort plusieurs informations :

    • L'homme qui a été vu à quatre reprises entre 23 h 15 et minuit 20 (à moins qu'il s'agisse de plusieurs individus différents), rôdant sur les lieux, ne ressemble ni à Sir Jack, ni à Gaston ; Gustave a été vu en compagnie d'un inconnu entre 23 h 30 et minuit ; M. Chaillan est probablement l'inconnu vu par les frères Duc à 0 h 20 ; sans parler du mystérieux Jo dont la présence est attestée à la ferme début septembre.
    • Les témoignages des Dominici sur le nombre des coups de feu ne sont pas concordants ; celui de Gaston concorde avec celui de R. Roche tandis que ceux de Gustave et d'Yvette concordent avec celui de R. Franco.
    • L'état des lieux a été modifié à plusieurs reprises peu après la tuerie par l'un ou par les deux fermiers, du moins aux alentours de 4 h 0, par Gustave, Gaston étant parti avec ses chèvres à Giropey.
    • Gustave refuse d'admettre sa présence sur le bivouac, alors même qu'il y a été surpris par Olivier.
    • Gustave a parlé de plusieurs cadavres et non pas du seul cadavre de la fillette sur le talus de la Durance ; il prétend avoir désigné la seule Elizabeth, la disant morte, alors qu'il la savait encore vivante.
    • Marie et Yvette Dominici se tenaient aux aguets à l'entrée de la ferme ; elles savaient donc que Gustave était en train d'opérer sur les lieux du crime.
    • Les Dominici n'avaient donc ni l'intention de secourir la petite Elizabeth, ni de donner l'alerte, et cela pour une raison évidente : il fallait laisser le temps à Gustave pour modifier à nouveau les lieux, même après le passage de J. Ricard après 7 h 0.
    • Gustave ne cesse donc de mentir depuis sa première audition le 6 août 1952.

     

      

    De mensonge en mensonge

    Lorsqu'il est interrogé par les gendarmes sur son emploi du temps au matin du 5 août 1952, Roger Perrin déclare s'être levé à cinq heures pour s'occuper du bétail avant de partir à six heures pour Peyruis chercher sa bouteille de lait chez le père Puissant. Celui-ci lui aurait dit que son ami Jean Galizzi avait emporté par mégarde la bouteille à Pont-Bernard et c'est là qu'il aurait appris la mort des Anglais. Interrogé à son tour, J. Galizzi va confirmer dans un premier temps.

      

    C'est en se rendant à Peyruis que les gendarmes vont s'apercevoir que le père Puissant est décédé depuis novembre 1951. Entendu à nouveau, Galizzi va s'effondrer et reconnaître avoir fait un témoignage de complaisance. Selon Daniel Garcin, employeur de Galizzi, ce dernier aurait couché la nuit du 4 au 5 août à La Cassine, une ferme située au-delà de Peyruis et que les Perrin de La Serre venaient de prendre en métayage.

    Roger Perrin va avancer une nouvelle version : c'est Faustin Roure, chef d'équipe des poseurs de voie de la gare de Lurs, qui l'aurait informé lors d'une halte à La Serre. Auditionné par les gendarmes, Faustin Roure va démentir avant de revenir sur ses déclarations pendant le procès.

    Quand il lui est demandé comment il s'est rendu sur les lieux des meurtres, Roger Perrin déclare avoir utilisé le vélo de course de son cousin Gilbert, fils de Clovis Dominici. Entendu sur ce point, Clovis Dominici affirme n'avoir prêté le vélo de son fils que le 18 août 1952. Mais les gendarmes n'ont vu que la bicyclette de Gustave Dominici au pied du mûrier dans la matinée du drame. Postérieurement, Roger prétendra avoir emprunté la bicyclette de sa mère Germaine ; celle-ci a toutefois passé la nuit du 4 au 5 août à La Cassine et son fils affirme avoir dormi seul à La Serre.

    Édifiés sur ses capacités de mensonge, les gendarmes vont alors l'interroger sur son emploi du temps la veille du drame. Il prétend s'être rendu en début de soirée au quartier de Saint-Pons, un lieu-dit situé à environ 1 km au nord de la ferme Dominici, pour y arroser des plants de haricots et bavarder avec Paul Delclite qui travaillait dans une parcelle voisine. Auditionné, P. Delclite va démentir avoir rencontré le petit Perrin.

      

      

    Réentendu, Roger va fournir un nouvel alibi : c'est sa mère Germaine Perrin, née Dominici, qui l'a aidé à arroser ses plantations. Cette dernière va confirmer cette version. Toutefois, Roger a oublié qu'il a affirmé au commissaire Constant, le 23 septembre 1952, que sa mère était partie, en bicyclette, rejoindre son mari Roger à La Cassine, au-delà de Peyruis, le 4 août 1952 à 14 h.

    Ces mensonges successifs auraient dû alerter les enquêteurs, malgré un faisceau de présomptions réuni par les gendarmes. En dépit de cela, le commissaire Sébeille considère le jeune Perrin comme un hâbleur sympathique. Contrairement à une opinion répandue par la presse, Roger Perrin n'est pas un mythomane. Il ne ment que sur trois points : sur sa présence éventuelle à La Grand'Terre la nuit du drame ; sur la façon par laquelle il a appris le meurtre des Drummond et sur la bicyclette avec laquelle il s'est rendu sur les lieux du crime, au matin du 5 août, quand le gendarme Bouchier l'a vu arriver vers 8 h 0.

    Le matin du 12 novembre 1953, une reconstitution est organisée sur les lieux du crime avec la participation de M. Boyer, J. Ricard, F. Roure et C. Dominici ; le docteur Dragon et le motard J.-M. Olivier sont également requis. La première partie concerne la position exacte du corps d'Anne Drummond : les trois premiers témoins confirment la position du corps en parallèle à gauche de la voiture, sauf J. Ricard qui maintient que la couverture était relevée jusqu'aux genoux.

      

    Quant à Clovis, il indique une position en diagonale, à 6 m de la Hillman, avant d'admettre une position sur le dos parallèle à la voiture. Gustave est amené ensuite ; réticent, il dispose la couverture en oblique loin de la voiture. Il est confondu devant les autres témoins, ainsi que concernant la position où il a exactement hélé J.-M. Olivier lors de son passage vers 6 h 0. Pris en flagrant délit de mensonge, Gustave est emmené au palais de justice de Digne, suivi en fin de matinée par J. Ricard, F. Roure, C. Dominici, P. Maillet, Germaine Perrin et son fils Roger. Contrairement à ce qu'il prétendra a posteriori, pour le commissaire Sébeille Gustave est bien le suspect no 1. En effet, Gaston Dominici est resté cantonné à la ferme et n'a pas été inquiété.

      

      

    Confronté à Maillet et Olivier, Gustave commence par nier avant de reconnaître les faits. Vient le tour de Roger Perrin qui tient tête et se montre arrogant envers son oncle. On se demande ce qui serait ressorti d'un véritable interrogatoire de Roger mais le commissaire Sébeille n'y a pas pensé. Gustave admet que les Anglaises sont bien venues à la ferme, mais en son absence. Il prétend avoir découvert Elizabeth râlant à 4 h 0. C'est seulement à 5 h 45 qu'il aurait découvert les corps des parents, sans y toucher - ce qui laisse supposer que d'autres l'ont fait - après s'être occupé de son bétail.

    les Drummonds dans l'affaire Dominici

      

    L'interrogatoire est suspendu à 19 h 0 avant de reprendre à 20 h 30. Dans la nuit, Gustave reconnaît avoir déplacé le corps d'Anne Drummond sans fournir d'explication crédible : il prétend l'avoir fait pour rechercher sous le corps des cartouches provenant de la ferme. Gustave finit par avouer : « Je cherchais les balles ou douilles. J'avais peur qu'il s'en trouve provenant de la maison. » Cette phrase aurait dû alerter le commissaire mais il passera outre : elle signifie implicitement que d'autres munitions, présentes sur le terrain, ne sont pas originaires de la ferme. Son explication est d'autant plus invraisemblable qu'il déclare avoir vu les deux douilles et les deux cartouches groupées par paires - ce qui correspond à une mise en scène - mais qu'il n'y a pas touché alors qu'il manque quatre douilles.

    Il ajoute avoir été dérangé par l'arrivée impromptue de Jean Ricard et n'avoir eu que le temps de se cacher dans la ravine au bout du terre-plein. D'autres mises en scènes ne seront pas abordées non plus, notamment concernant les sandales de lady Drummond, camouflées sous un coussin sur le petit sentier qui part en oblique du phare gauche de la voiture vers le chemin de la voie ferrée, ou la couverture coincée sous le corps de l'Anglaise, en plus de celle qui la recouvrait, ce qui laisse supposer que deux personnes ont opéré pour effectuer le déplacement du corps. Clovis serait-il resté à la ferme après le départ des poseurs de voie pour assister son cadet Gustave ?

    Le matin du vendredi 13 novembre, le juge Périès fait amener par les gendarmes Germaine Perrin et son fils Roger mais aussi Yvette Dominici. À 9 h 30, le juge interroge cette dernière sur la venue des Anglaises à la ferme. Yvette nie, même lorsque le juge lui dit que Gustave a fini par l'admettre. À 10 h 0, le juge confronte sans résultat Yvette à Roger. Il envoie chercher Gustave chez le commissaire, puis il y ajoute Germaine Perrin. En vain : Yvette tient bon devant les trois autres et refuse d'admettre le fait. Dans l'après-midi, vers 14 h 45, Gustave s'effondre en pleurs et accuse son père Gaston d'être l'auteur du triple meurtre des Drummond. Le commissaire Sébeille se contente de rédiger un procès verbal de sept lignes, notant les accusations de Gustave sans lui poser aucune question.

     

      

    À 16 h 30, Gustave est interrogé par Périès. Il déclare avoir été réveillé par les coups de feu et ne pas s'être rendormi. Vers 4 h 0, il a entendu son père se lever et l'a rejoint dans la cuisine du vieux couple. Comment se fait-il alors qu'il n'ait entendu Gaston rentrer après la fusillade ? Son père lui aurait révélé être l'auteur des coups de feu avec une carabine qu'il tenait camouflée, dans sa chambre ou dans la bergerie. Il n'est pas encore question de la remise, une trouvaille de Clovis comme on le saura plus tard. Gustave prétend avoir ignoré l'existence de la carabine.

      

      

    Gaston serait parti faire un tour de chasse au lapin avec une arme de guerre. Gaston lui aurait avoué avoir tué les Anglais, en tirant d'abord sur le père. Par contre, il ne lui aurait pas dit comment il avait tué Elizabeth. Ensuite Gaston se serait débarrassé de l'arme sans préciser où ni comment. À une question du juge, Gustave précise que son père aurait assommé la fillette en contrebas du pont, alors que précédemment, il disait ignorer l'emplacement du corps. Il s'y serait rendu après avoir quitté son domicile (et non la cuisine de Gaston comme il l'affirmait auparavant), découvrant alors que la fillette vivait encore. Selon les légistes, interrogés par le commissaire Constant en octobre 1952, Elizabeth n'a pu survivre plus d'une heure à ses blessures.

      

    De là, il serait remonté vers le campement et aurait vu les cadavres des parents recouverts, mais non celui de la fillette. Gustave serait revenu à la ferme, entre 4 h 30 et 4 h 45, pour informer Yvette et Marie, qui s'affairaient dans la cour, qu'il venait de découvrir Elizabeth qui vivait et remuait encore. Cette séquence est peu probable ; si l'on suit les déclarations de Gustave, il n'a pu mettre plus de dix à quinze minutes pour découvrir les corps. Comment se fait-il alors que Gaston, poussant ses chèvres vers Giropey, n'ait pas croisé les femmes qui s'activaient dans la cour, debout bien avant leur lever habituel ? Gustave poursuit en disant qu'il s'est occupé de son bétail avant de revenir sur le campement à la recherche de quelque objet appartenant à son père. Il a vu les douilles mais n'y a pas touché.

     

    Gustave Dominici

     

      L’enquête policière piétine jusqu’au 12 novembre 1953. C’est alors que l’affaire rebondit. Après deux jours d’interrogatoire, dans l’après-midi du 13 novembre, les deux fils, Gustave et Clovis, accusent soudain leur père Gaston d’être l’assassin.

     

    Clovis Dominici

      

    C'est alors qu'Olivier est passé. Il s'est passé environ 1 h 30 entre la découverte des corps et l'irruption d'Olivier, ce qui ne suscite aucune réaction du juge alors que les propos de Gustave présentent des invraisemblances. Il continue de mentir en affirmant que son père lui avait ordonné de se taire alors que dans les semaines qui ont suivi le drame, plusieurs personnes étaient partiellement informées, dont Clovis et P. Maillet.

     

      

    L'accusation et les aveux de Gaston Dominici

    Les fils de Gaston Dominici, Gustave et Clovis, accusent leur père dans l'après-midi du 13 novembre 1953. À son tour, celui-ci les accusera d'avoir fomenté un complot contre lui avant de rejeter la responsabilité du triple meurtre sur son fils Gustave et Roger Perrin, lors de la contre-enquête de 1955.

    Gaston arrive vers 19 h 0 à Digne, emmené par le commandant de gendarmerie Bernier. Il est officiellement interrogé jusqu'à 22 h 30, toute la nuit selon d'autres sources.

    En milieu de matinée du 14 novembre 1953, emmenés à La Grand'Terre, Gustave et Clovis Dominici désignent l'étagère du bas dans la remise comme lieu où aurait été entreposée la US M1 ; cet épisode est précédé d'un pugilat entre les femmes et filles Dominici d'une part, les représentants de la force publique d'autre part, qui ont dû se résoudre à les repousser dans un local de la ferme.

    Dans la journée du 14 novembre, Gaston est interrogé sans succès jusqu'à 18 h 0. Sa garde est confiée au gardien de la paix Guérino. À 19 h 0, Gaston en tête-à-tête avec le policier, s'accuse du meurtre des Drummond tout en précisant qu'il s'agit d'un accident : les Anglais l'ont pris pour un maraudeur et l'ont attaqué. Gaston demande à Guérino d'aller chercher le commissaire Prudhomme de Digne, qu'il prend pour le président du tribunal, refusant d'avouer devant le commissaire Sébeille.

    Relevé à 20 h 0 par son collègue Bocca, Guérino s'empresse d'aller informer son supérieur pendant que Gaston se met à varier sur ses premiers aveux à l'intention de Bocca. À l'arrivée de Prudhomme, Gaston lui demande de rédiger « la feuille qu'il est coupable » tout en se proclamant innocent et prétendant se sacrifier pour sauver l'honneur de ses petits-enfants.

      

      

    Agacé, Prudhomme lui rétorque qu'il n'est pas là sur un marché pour marchander ; il est coupable ou il ne l'est pas. Le commissaire Prudhomme ne demande pas de quels petits-enfants il s'agit, à savoir l'ensemble de ses petits-enfants ou les enfants de Gustave et/ou celui de Germaine Perrin. Au lieu de cela et compte tenu des difficultés rencontrées par le vieillard pour s'exprimer, Prudhomme lui suggère le mobile du crime sexuel. Dès lors, sur le thème de la paillardise, Gaston va modifier complètement sa version initiale : il n'est plus question de maraude et d'accident mais d'attirance sexuelle pour Anne Drummond.

    Plus tard dans la nuit, il renouvelle ses déclarations au commissaire Sébeille pendant que Prudhomme tient le rôle de greffier. Gaston prétend avoir vu Mme Drummond se déshabiller et lui avoir proposé un rapport sexuel. Le bruit de leurs ébats aurait réveillé le mari. Une bagarre aurait suivi et Gaston aurait fait taire le mari ulcéré par trois tirs, dont deux de face, avant de tirer une fois ou deux sur l'épouse Drummond. Elizabeth qui s'était enfuie vers le pont, aurait été rattrapée par Gaston, et il l'aurait assommée d'un seul coup de crosse sur la pente de la Durance.

    Les aveux formulés par Gaston et le mobile sexuel sont en contradiction avec les rapports d'autopsie : le cadavre d'Anne Drummond a été retrouvé entièrement habillé, avec la robe qui portait les impacts de balles. Par ailleurs, l'autopsie a démontré l'absence de rapport sexuel avant la mort.

    Le matin du 15 novembre, le juge Périès arrive tôt à son bureau, ignorant les aveux de Gaston. Le concierge Giraud l'en informe à son arrivée au Palais, Sébeille s'étant abstenu de le faire. Au lieu de faire amener Gaston pour l'auditionner, Périès interroge Giraud jusqu'à 9 h 15. Sébeille arrive à 9 h 30 et, au lieu de se rendre chez le juge, va dans la Chambre du Conseil où Gaston est détenu. À 10 h 15, Sébeille présente Gaston au juge Périès. Le suspect clame son innocence et accuse Gustave d'être le véritable auteur de la tuerie. Dans ces conditions, le juge préfère se retirer avec son greffier Barras.

    À 11 h 15, Périès revient vers Gaston qui accepte de se reconnaître comme le seul auteur du massacre. Il précise que c'est la première fois qu'il utilisait la US M1 et qu'il l'a emportée à tout hasard pour faire un tour de chasse dans l'espoir de tirer un blaireau ou un lapin. Quand on connaît les difficultés du tir de nuit avec un fusil de chasse, à plus forte raison, cela relève de la gageure quand il s'agit de tirer du petit gibier avec une arme de guerre. Le juge ne se posera pas la question.

      

      

      

    De plus, Gaston soutient que le chargeur de la US M1 était plein, soit quinze cartouches, et qu'il a grappillé en plus deux ou trois cartouches parmi d'autres qui étaient éparpillées sur l'étagère. L'arme et ses munitions se seraient donc trouvées sur une étagère, à portée du premier venu dans une remise ouverte, ce qui n'est pas crédible. Par ailleurs, personne ne s'est inquiété de savoir comment Gaston a pu récupérer cette arme dans la totale obscurité de la remise. Six coups de feu ont été tirés et deux cartouches pleines et deux douilles vides ont été retrouvées sur le terre-plein : en d'autres termes, il manque une dizaine de cartouches alors que le chargeur a été retrouvé vide.

    Gaston soutient qu'il utilisait l'arme pour la première fois et ne connaissait pas son fonctionnement semi-automatique. Comment dans ces conditions, Gaston a-t-il pu abattre deux adultes alertes avant de tirer, à plus de 60 m de distance, sur Elizabeth qui s'enfuyait à l'entrée du pont, la blessant à l'oreille droite ? Il avait, certes, tiré sous la clarté de la pleine lune, mais Gaston est myope et ne porte pas de lunettes. Périès évitera de se poser ces questions dérangeantes, tout comme le commissaire Sébeille qui manifeste son désintérêt pour les questions techniques liées à l'utilisation de l'arme et à la balistique.

      

    Il avouera plus tard, dans son livre, n'avoir jamais consulté les rapports d'autopsie des victimes. Ce qui importe pour le commissaire Sébeille, ce sont les aveux, dont il concède qu'ils sont mitigés, et non les éléments matériels qui démentent les aveux hétéroclites du vieux fermier.

      

    Cette méthode a mené à une impasse judiciaire et à une erreur d'interprétation des vrais mobiles pour désigner le ou les véritables responsables du massacre. Le procureur Sabatier et le juge Périès n'ont, par ailleurs, fait que suivre le commissaire Sébeille au lieu de diriger l'instruction.

    Dans l'après-midi du 15 novembre 1953, le juge Périès parle pour la première fois d'un pantalon de Gaston vu, séchant sur la treille de la cour du vieux couple, par l'inspecteur Girolami en fin d'après-midi du 5 août 1952. L'inspecteur Girolami confirmera par écrit le 24 août 1955 aux policiers chargés de la contre-enquête.

     Mr et Mme Drummond dans l'affaire Dominici

    A l’époque du procès, la personnalité de sir Jack Drummond n’a guère était prise en compte. Avec le recul, on peut en comprendre les raisons. L’homme appartenait à l’Intelligence Service. Nous étions en pleine guerre froide. Il est probable que des deux côtés de la manche, les rapports de l’époque le concernant aient été classés confidentiels. Mais aujourd’hui on s’interroge beaucoup sur le passé de la victime.

    Comme l’a relaté le Sundays Express dès le 14 septembre 1952, il est probable que Scotland Yard ait encore dans ses archives un agenda en partie calciné, retrouvé à Long Eaton, près de Nottingham, ayant appartenu à Jack Drummond et sur lequel il aurait écrit : « Juillet 1947. 18 heures. Rendez-vous à Lurs avec X. »
    Les britanniques enquêtent à nouveau en 1956 sur la disparition d’un appareil photographique de la marque Retina et qui ne fut jamais retrouvé. Drummond serait apparemment venu en France, à Lurs en particulier, en 1947, 1948 et 1951. Pour quelle raison ?

      

    decouverte de cadavres dans l'affaire Dominici

      

    L'inculpation de Gaston Dominici

    Le matin du 16 novembre 1953, une reconstitution a lieu sur les lieux du crime sans inculpation de Gaston, en infraction avec la loi du 8 décembre 1897 sur l'instruction criminelle. Emmené à son tour dans la remise, alors qu'on lui demande où était rangée l'arme du crime, Gaston désigne une étagère différente de celle indiquée par ses deux fils ainsi qu'en font foi les clichés pris sur place.

      

    La reconstitution est rapidement exécutée en suivant les aveux bancals du patriarche et le scénario ébauché par le commissaire Sébeille dès les premiers jours de l'enquête. Une tentative de suicide de Gaston Dominici est considérée comme un aveu de culpabilité. À l'issue de la reconstitution, le vieux Dominici est inculpé dans un fourgon de gendarmerie, ce qui est contraire à la procédure criminelle. La Cour de cassation validera cet état de fait contraire à toutes règles de jurisprudence fin juillet 1954.

    Dans les jours qui suivent l'incarcération de Gaston, la presse l'accable, le traitant de « tueur tatoué », « sanglier des Basses-Alpes », « monstre de Lurs », « bouc lubrique », etc. Il est soupçonné de relations contre nature avec ses chèvres. On parle d'adultère, de beuveries et de violences familiales. L'icône du patriarche de la Grand'Terre est singulièrement écornée dans l'opinion. Les filles et femmes Dominici sont accusées d'avoir tous les vices, et l'on décrie l'incontinence sexuelle des femmes insulaires au sujet d'Anne Drummond.

    Du 18 novembre 1953 à la fin du premier trimestre 1954, Gustave et Yvette Dominici multiplient les déclarations contradictoires et mensongères lors de leurs auditions. Dans la même période, une frénésie épistolaire saisit les enfants Dominici dans un milieu où l'on ne pratique guère la correspondance. Ces courriers sont rédigés pour être interceptés et lus par les enquêteurs.

    Le 24 novembre, Clovis donne au juge Périès une troisième version de la conversation où son père lui révèle, fin novembre 1952, qu'il est l'auteur du triple crime. Clovis continue de varier dans ses déclarations, sans doute à cause de l'aide qu'il a pu apporter à son cadet Gustave pour modifier l'état des lieux et des victimes, entre le passage de J. Ricard et l'arrivée des gendarmes vers 7 h 30.

    Le 30 novembre, un certain Elie Gautier est entendu par le juge Périès. Ce témoin dit avoir pris Paul Maillet en stop début novembre 1953. Il lui aurait appris être venu en 1951 chez Gaston prendre un apéritif après l'avoir pris également en stop. E. Gautier aurait vu un fusil unicanon, mais sans chargeur, suspendu au mur du séjour, face à la porte d'entrée. Gaston lui aurait dit que c'était une arme pour le sanglier. Confronté à Maillet, ce dernier confirme et ajoute que Gautier lui aurait dit l'arme rafistolée par Gaston. Le témoin nie avoir donné ces précisions. Maillet confirme, par ailleurs, n'avoir jamais vu l'arme du crime chez Gaston depuis le temps qu'il fréquente la ferme. Il pourrait toutefois s'agir du fusil Gras rechambré pour la chasse au gros gibier qui a été saisi le 7 août 1952[réf. souhaitée].

    Le 5 décembre, le juge Périès auditionne Gustave sur la carabine US. Ce dernier dit avoir rangé la remise avec l'aide d'Yvette, après le départ de son frère Aimé fin janvier 1951 ; d'après lui, la carabine n'était pas présente dans le hangar. C'est plus tard qu'il l'a vue, une seule fois ; il ne l'a pas prise en main mais il a remarqué qu'elle était rafistolée et que deux chargeurs étaient posés à côté, aucune cartouche en vrac n'étant présente sur l'étagère. D'après lui, l'arme était facilement visible. Il suppose que Gaston la tenait cachée dans sa chambre mais sa mère Marie affirme ne l'avoir jamais vue dans la chambre de Gaston.

    Le 7 décembre, le commissaire Sébeille entend Paul Maillet qui confirme la confidence reçue de Gustave, début septembre 1952, sur l'audition des cris d'horreur des Drummond. Il ajoute que Gustave était dans le champ de luzerne et a été témoin de la tuerie, ce que n'a jamais admis Gustave qui a toujours prétendu ne pas être sorti de sa chambre.

    Pour William Reymond, pas de doute, si aujourd’hui, il est possible d’avancer la théorie du complot contre Drummond, c’est parce que les véritables assassins sont passés aux aveux ! Un certain Bartkowski est arrêté le 9 août 1952 par la police allemande. Le 12, il avoue avoir participé avec trois complices, Solet, Moesto et Moradis, au meurtre de la famille Drummond. Il s’agissait d’un commando de tueurs à gages.

    Le 16 juin 1965, le quartier général des forces américaines de l’Otan basé près d’Orléans, informe la Sûreté nationale française que la police allemande a enfin capturé Moradis, Solet et Moesto et qu’ils ont avoué le meurtre de la famille Drummond. Deux mois auparavant, en avril 1965, Gaston Dominici est mort dans un hospice de Digne. Il avait 88 ans.

      

      

    Gustave Dominici

      

      

    Or, pour voir, Gustave a dû s'approcher de très près pour assister au drame. Le champ de luzerne se situe au-delà du bivouac comme le montrent des photos aériennes de l'époque, et non entre la ferme et le chemin du pont de la voie ferrée comme l'a soutenu l'accusation. Que faisait donc Gustave dehors au moment du drame ?

      

    De plus, s'il était dehors, sa version de la rencontre avec Gaston dans la cour à 4 h 0 du matin est donc mensongère. Dans la foulée, le commissaire Sébeille va aller interroger Escudier, épicier à La Brillanne, à qui P. Maillet s'est confié en septembre 1952 ; l'épicier confirme les déclarations du cheminot.

    Le 17 décembre, le juge Périès auditionne P. Maillet qui renouvelle ses déclarations précédentes. Il ajoute qu'il n'a jamais soupçonné Gaston avant ses aveux ni d'ailleurs Gustave qui a vu un assassin qu'il ne veut pas dénoncer par crainte de représailles.

      

    Il dit encore croire que Gustave cèle une partie de la vérité. Ensuite, le juge entend Gustave qui soutient que Gaston circule de nuit en pantoufles, et qu'il n'a pas entendu son père se lever avant 4 h 0. Le juge ne relève pas le caractère fantaisiste d'une sortie de Gaston en pantoufles. Mis en présence de P. Maillet, Gustave nie et soutient qu'il n'est pas sorti de sa chambre.

    Maillet parti, le juge récapitule devant Gustave l'ensemble de ses mensonges depuis le début. Selon une technique éprouvée, Gustave commence par dire qu'il va enfin dire toute la vérité ; il ne situe plus à 4 h 0 mais à 2 h 0 du matin la rencontre avec son père, qu'il a trouvé près du puits de la cour, très agité. Dans la version précédente, il l'avait trouvé très calme. Il se serait ensuite précipité au talus pour constater que la fillette était encore vivante. Le juge ne remarque pas que, même sous la pleine lune, Gustave aurait dû s'approcher de très près pour vérifier.

      

    Il dit être monté au bivouac, sans toucher à rien ni chercher des munitions. Il assure qu'il n'a pas fouillé dans la voiture ni dans les affaires éparses autour; cette insistance à soutenir qu'il n'a touché à rien aurait dû attirer l'attention du juge Périès; mais ce dernier soit par négligence, soit par peur que Gustave ne se taise, n'a pas réagi, alors qu'à l'évidence le véhicule a été fouillé à plusieurs reprises. Il serait passé ensuite à la remise pour constater la disparition de la carabine avec ses deux chargeurs.

      

      

      

    Le juge ne relève pas que, dans l'obscurité du local, il lui était impossible de contrôler. En revenant se coucher, son père n'était plus dehors mais il y avait de la lumière dans la cuisine de ses parents. Gustave serait donc remonté dans sa chambre pour tout raconter à Yvette et ne serait ressorti que vers 5 h 0. Gustave ajoute que Clovis lui aurait confié ses soupçons sur P. Maillet.

    Le juge fait amener Clovis pour le confronter à son frère. Clovis dit qu'il a soupçonné Maillet dès le 5 août 1952 car il était arrivé en retard sur le chantier de la gare de Lurs, ce jour-là. Il a reconnu la carabine lorsque le commissaire Sébeille la lui a présentée. Le soir même, il a constaté sa disparition dans la remise. Il en a fait la remarque à Gustave, qui lui a répondu qu'il le savait.

      

      

    Clovis a néanmoins soupçonné son frère qui lui assurait que ce n'était pas lui. Précédemment, les deux frères avaient prétendu qu'ils en avaient seulement parlé le 17 ou le 18 décembre 1952, lors de la coupe de bois à Saint-Pons. Clovis poursuit en affirmant qu'il a vu la US M1 seulement après le départ de leur frère Aimé en janvier 1951. Il l'aurait prise en main et n'aurait vu qu'un seul chargeur enclenché, alors que Gustave parle de deux chargeurs et tient tête à son aîné sur ce point.

      

      

    Le 18 décembre, le juge Périès se présente à l'improviste à La Grand'Terre vers 14 h 0 et fait sortir Gustave pour interroger Yvette. Le juge lui demande de refaire le récit de la nuit du drame. Yvette dit avoir entendu six ou sept détonations et moins distinctement les cris des victimes. Elle a donné le biberon au petit Alain à 1 h 30, après une interruption des aboiements des chiens. Gustave se serait levé seulement après 1 h 30. Il se serait absenté environ un quart d'heure et a trouvé son père dans la cour, abattu comme un homme ivre. Elle n'a pas entendu son beau-père sortir et rentrer, ni entendu les deux hommes se parler dans la cour. Gustave se serait recouché vers 1 h 45 en lui apprenant que Gaston avait tué les Anglais.

    gaston Dominici
    Curieux de savoir pourquoi ces riches étrangers préfèrent dormir dehors plutôt que dans une chambre, le vieux fermier est venu rôder autour du campement. Drumond l’a pris pour un marauder en quête d’un mauvais coup. Ils se sont colletés. L’Anglais plus souple, a sans doute d’abord eu le dessus.
    Alors, poursuit le procureur ( en haut ), Dominici n’a pas pu supporter qu’une volonté plus forte que la sienne s’oppose à lui, qu’à 76 ans, alors qu’il faisait trembler les siens rien qu’au son de sa voix, il ait pu trouver en face de la force nouvelle qui voulait le désarmer, lui faire toucher les épaules.
    La colère a pris le vieux sanglier de la Grand-Terre. Il a saisi son fusil et tiré sur les deux époux. Puis il lui a bien fallu se débarrasser du témoin gênant Elizabeth. Ainsi le triple crime a-t-il été consommé. Telle est en tout cas la version du procureur.

      

    Elle dit que son beau-père s'est levé et est parti avec ses chèvres avant 5 h 0. Yvette affirme que Gustave ne lui a pas dit s'être rendu sur les lieux du crime, après avoir parlé avec son père et avant de se recoucher vers 1 h 45. Elle assure qu'ils se sont levés vers 5 h 0 et Gustave, après avoir soigné les bêtes, serait allé au bivouac. C'est à son retour qu'il a appris à Yvette et Marie, qui s'activaient dans la cour, que la fillette était encore vivante, en dessous du pont. Ce n'est que beaucoup plus tard que Gustave aurait vu bouger un bras de l'enfant. Selon Yvette, Gustave est allé plusieurs fois sur les lieux du drame après 5 h 0.

    Le juge ne relève pas qu'Yvette situe la découverte du petit corps en dessous du pont, et non sur la pente du talus de la Durance. Si Yvette dit la vérité au sujet de cet épisode, cela suppose que le corps d'Elizabeth se trouvait initialement sur la voie ferrée, après un premier transport, et qu'il a été déplacé ultérieurement. Ce n'est qu'après son retour du marché d'Oraison, en fin d'après-midi, que Gustave lui aurait appris que Gaston avait tué avec la carabine US.

      

    Elle affirme avoir ignoré l'existence de cette arme, ni avoir vu celle-ci sur l'étagère de la remise avant que Gustave ne lui désigne cet endroit le 5 août. L'arme du crime n'aurait donc pas été présente à la ferme avant la tuerie si Yvette dit la vérité. Elle ne se souvient pas à quel moment elle a appris que Clovis connaissait l'identité du meurtrier ; elle ne sait si c'est Gustave qui le lui a révélé à l'époque ou le 14 novembre 1953.

    Le juge Périès confronte alors Yvette à son mari ; Gustave répond qu'il s'est recouché vers 2 h 30 ou 2 h 45, sans avoir dit à Yvette qu'il s'était rendu sur le campement. Il n'a pas voulu lui dire que la fillette vivait encore. Alors qu'Yvette soutient que Gustave s'est recouché vers 1 h 45, celui-ci situe cet épisode environ une heure plus tard mais le juge ne relève pas les déclarations contradictoires du couple.

    Les Drummond étaient en vacances depuis le 1er août 1952 à Villefranche-sur-Mer en compagnie d'un couple d'amis, Guy et Phillys Marrian et de leurs filles, Valéry et Jacqueline. Le 21 décembre 1953, Phillys vient dire au commissaire Sébeille que Jack Drummond avait emporté une importante somme d'argent dans une enveloppe au moment du départ vers Digne, le matin du 4 août 1952. Celle-ci comme son portefeuille ne seront jamais retrouvés.

    Le 28 décembre, devant le juge Périès, Gustave récuse le témoignage d' Yvette ; s'il est bien allé sur le bivouac à 2 h 0 du matin, il n'a pas rencontré Gaston dans la cour et ne peut donc accuser son père du triple crime. Il confirme l'emplacement de la carabine et des deux chargeurs. Gustave précise qu'il n'a vu ni couverture sur le côté droit de la Hillman ni lit de camp devant la voiture. Le juge revient sur la femme vêtue de noir vue par Gustave et Yvette le soir du 4 août 1952, mais Gustave nie la présence de deux femmes sur le bivouac ; d'après lui, celle qui y était habillée de sombre.

      

      

    Cette version sera reprise par Yvette lors de la contre-enquête de 1955, alors que l'existence de cette femme en noir semble tant embarrasser le couple. Contre toute évidence, Gustave va accuser Clovis d'avoir dénoncé en premier leur père. C'est fortement gêné qu'il admet qu'il agit ainsi sous la pression de la famille.

    Le 30 décembre, le juge Périès auditionne Gaston, entouré de ses avocats ; il rétracte ses précédents aveux. Le juge le questionne sur le blessure à la main de J. Drummond et Gaston de répondre qu'il s'est fondé sur ce qu'avaient dit les docteurs. Gaston continue d'affirmer qu'il s'est levé à 4 h 0 pour conduire ses chèvres et c'est en revenant après 7 h 45 qu'il a appris la tuerie par Yvette. F. Roure, venu le saluer peu après, en est témoin. Il explique ses précédents aveux par la pression de la fatigue et des policiers, qui l'enjoignaient à se dénoncer sous peine de voir Gustave condamné à la peine capitale. Quant à la reconstitution, il la considère comme une comédie où il s'est dit bafoué à ce point qu'il a voulu se suicider.

    Le juge fait alors entrer Gustave, lui lit ses dénonciations et demande de confirmer. Après un long silence, Gustave refuse et somme son père de dire la vérité. Les avocats de Gaston demandent que Gustave soit entendu à nouveau sur son emploi du temps de la nuit du drame. Curieusement, le juge refuse sans s'expliquer. Maître Pollack demande que Gustave s'explique sur ses accusations. Gustave biaise en expliquant sa dénonciation par des brutalités policières. Pourquoi se rétracte-t-il maintenant ? Énigmatiquement, Gustave répond : « Parce qu'il y a des témoins qui m'entendent ! ». Ni le juge, ni les avocats ne lui demandent à qui il fait allusion.

    Le juge fait ensuite entrer Clovis, qui rappelle les confidences de son père en novembre 1952 et confirme ses accusations. Il modifie sa précédente version ; il dit ne plus savoir dans quelles conditions s'est déclenché le massacre. Gaston insulte alors son fils Clovis et l'accuse d'avoir apporté la carabine US à la ferme. En réponse, Clovis accuse son père de faire souffrir la famille depuis trop longtemps. Pour les avocats, ses propos sentent la rancune vindicative de l'aîné, ce qui pourrait motiver sa dénonciation.

      

      

    Un fois Clovis renvoyé, Gustave est laissé entre les mains du commissaire Sébeille qui ne dresse pas de procès-verbal de cette audition. Ultérieurement, les avocats dénonceront cette entrevue comme une forme de pression inadmissible sur un témoin. À 18 h 0, Gustave est ramené chez le juge et demande à ne plus être confronté à son père. En échange, le juge tente de lui arracher qu'il était dehors au moment de la fusillade et que c'est son père qu'il a vu depuis le champ de luzerne. Gustave nie, il s'obstine à maintenir qu'il n'a jamais été dans la luzerne. Le juge alors offre le taxi à Gustave pour qu'il puisse rentrer chez lui. Singulier geste pour un témoin aussi singulier.

    Le 29 janvier 1954, Clovis Dominici envoie une lettre à François Barth, père d'Yvette, l'exhortant à faire pression sur son gendre Gustave pour qu'il cesse ses palinodies qui risquent de le ramener au premier plan.

    Le 4 février 1954, le juge Périès convoque Gustave au sujet d'une lettre adressée à son père, datée du 10 janvier, mais expédiée le 19 janvier et saisie le 28 courant par le juge. Périès le somme de s'expliquer sur les menaces auxquelles il fait allusion. Gustave répond qu'il s'agit des pressions policières des 12 et 13 novembre derniers. Il en vient à se rétracter complètement sur ses précédentes accusations : le 4 août 1952, il s'est couché vers 23 h 0 avant d'être réveillé à 23 h 30 par l'intrusion des passagers d'une moto étrangère. Il s'est rendormi et a été réveillé à nouveau par les détonations avant d'entendre des cris lointains après les derniers coups de feu. Il n'a pas pu déterminer si les détonations venaient du côté de Peyruis ou du côté de la gare, au sud. À 4 h 0, il a entendu son père se lever. Lui-même s'est levé vers 5 h 0, et à 5 h 30 il s'est dirigé vers l'éboulement pour voir si celui-ci n'avait pas obstrué la voie ferrée.

      

      

    Il s'est approché du campement et a constaté un certain désordre autour de la Hillman. Il s'est alors dirigé vers le pont et, à sa sortie, il a découvert la fillette qui remuait un bras. Il est remonté vers la route et ne s'est pas approché de la voiture. Il n'a pas arrêté une moto étrangère qui passait et il a pris la direction de la ferme. En cours de route, il a arrêté J.-M. Olivier qui arrivait en moto. Il dit ignorer tout des conditions dans lesquelles se sont déroulés les crimes, et son père ne lui a jamais dit être l'auteur de la tuerie. Il n'a jamais vu l'arme du crime avant le matin du 6 août 1952, quand le commissaire Sébeille la lui a présentée.

    À 17 h 0, le juge Périès confronte Gustave à Clovis. Ce dernier remet au juge une lettre de menace de mort qu'il a reçue de son frère, Gaston junior. Clovis se dit persuadé qu'une partie de la famille fait pression sur Gustave afin qu'il renonce à ses accusations. Il répète qu'il a demandé à Gustave si c'était bien lui qui avait utilisé la carabine, après avoir constaté sa disparition. Gustave lui a répondu que c'était leur père qui était l'auteur des coups de feu et le lui aurait appris le matin du drame avant de mener ses chèvres à la pâture. Clovis dit, sur le moment, n'avoir accordé aucune importance à cette déclaration de Gustave, tellement il lui semblait impossible qu'un vieillard puisse commettre un tel crime et qu'au fond de lui-même il continuait de soupçonner Gustave en dépit de ses dénégations.

     

      

      

      

    C'est lorsque leur père s'est confié à lui, fin novembre 1952, que ses doutes se sont dissipés. En réponse, Gustave avance que c'est lors de la coupe de bois à Saint Pons, après sa sortie de prison, qu'il s'est confié à son aîné qui, à son tour, lui a fait part des révélations de leur père. Le juge lui demande alors pourquoi, en début d'audience, il a déclaré que son père ne lui avait jamais confié qu'il était le meurtrier. Gustave ne répond pas.

    Le juge décide de faire sortir Clovis pour entendre à nouveau Gustave seul. Il lui fait remarquer que, si ses dénégations et déclarations sont admissibles avant le 15 novembre dernier, celles-ci ne le sont plus après cette date. Le juge lui rappelle ses multiples variations entre le 14 novembre et le 30 décembre précédents. Ce n'est que devant Clovis qu'il est revenu à ses déclarations antérieures du 13 novembre. Précédemment, au cours de l'audience, Gustave a prétendu avoir vu la US M1 début 1952, quelque temps après le départ de son frère benjamin Aimé de la ferme.

      

      

      

      

    Or, celui-ci ne s'est pas marié en décembre 1951 mais fin 1950. Devant Gustave, Clovis a répété avoir vu la carabine dès juillet 1951. Le 15 novembre dernier, Gustave a affirmé au juge que la carabine se trouvait à la ferme depuis le passage des troupes américaines. Lors de la perquisition des gendarmes en 1948, la US M1 n'était pas présente à la ferme. En clair, cela signifie que la carabine n'appartenait pas à Gaston et que, si jamais elle s'est trouvée dans la remise, elle n'y était plus et ce bien avant le drame. À 19 h 0, le juge libère Clovis mais garde Gustave ; il veut savoir si c'est la famille qui lui a dicté la lettre. Gustave rétorque qu'il a agi de sa propre initiative tout en sachant que sa lettre serait interceptée par le juge. De guerre lasse, le juge le laisse partir.

    Le 9 février 1954, le juge Périès fait saisir par les gendarmes les armes de chasse de Clovis Dominici et des Perrin de La Serre pour expertise au laboratoire technique de la police à Marseille. Il n'en fait toutefois pas autant pour le fusil de chasse et les deux PM Sten saisis chez Paul Maillet en août 1952, ainsi que pour le fusil Springfield saisi chez Aimé Perrin début octobre 1952.

    Le 14 février, le sous-préfet Degrave fait parvenir une lettre au capitaine Albert de Forcalquier, l'informant qu'un pantalon séchant à la fenêtre de la chambre de Gustave Dominici a été vu le matin du 5 août 1952.( Lettre personnelle du sous-préfet Degrave au capitaine Albert en Cote C 38.PV 424/129 du 20/01/1956 en Cote C 384 du commissaire Chenevier.ADAHP de Digne.

    Le 23 février, le juge Périès décide d'entendre à nouveau Gustave qui, par voie de presse, continue de clamer l'innocence de son père, en dépit de ses précédentes auditions où il affirmait le contraire. Gustave répète ses accusations à l'encontre de Clovis : c'est son aîné et non lui qui a dénoncé leur père en premier. Ses sœurs l'ont incité à ne plus accuser leur père. Lui-même se demande si son père n'était pas pris de boisson lorsqu'il lui a révélé qu'il était le meurtrier des Drummond; si ce n'est pas le fruit de l'imagination du cerveau embrumé du vieux fermier. Il ne peut donc continuer d'accuser son père puisque ce dernier se dit innocent dans ses lettres. Au sujet de la US M1, il ne dit plus l'avoir vue en 1951 ou quelques jours avant le drame, mais plutôt trois ou six mois plus tôt, il ne s'en rappelle plus. Il ne sait comment la carabine s'est retrouvée dans la remise. Il était couché au moment des détonations et n'a pas pensé à questionner son père pour savoir si celui-ci avait entendu la fusillade depuis sa chambre.

    Dans cette nouvelle version, Gaston n'est plus très calme ou agité comme un fou, il est tout simplement pris de boisson ; quant à la carabine, elle n'a jamais été dans la famille, elle, qui le considère comme un fou à persister dans ses accusations. Le juge ne relève pas ces nouvelles contradictions et accepte cette dernière version.

    Ce même jour, Périès entend Abel Bastide, couvreur de son état, celui-ci raconte avoir été témoin d'une scène depuis le toit de La Grand'Terre qu'il était en train de réparer. Le 26 août 1944, un command-car américain, chargé d'armes en vrac, se serait arrêté à la ferme. Un G.I. aurait fait une démonstration de tir vers la colline en présence de Gaston et de Gustave. Puis les trois hommes seraient rentrés dans la maison. Bastide n'a donc pu voir si l'un des deux Dominici a acquis la carabine à cette occasion. Confronté à Gustave, ce dernier conteste avoir été présent à cette date, car depuis le 19 août, il était mobilisé avec les FTP à Sisteron. Le surlendemain, Gaston, confronté à son tour à Bastide le traite de menteur et d'ivrogne ; le juge note, en fin de procès-verbal, que le couvreur est effectivement en état d'ébriété.

    Le 24 février, devant le juge Périès, Gaston confie ses soupçons et met en cause son petit-fils, Roger Perrin, dans le déclenchement des meurtres. Il pense qu'il en est l'instigateur parce que c'est un « rouleur ». Le juge pense que le vieillard se livre à une horrible manœuvre de diversion, mais comme Gaston a toujours prétendu se sacrifier pour sauver l'honneur de ses petits-enfants, le juge décide de convoquer le jeune Perrin.

    Le 8 mars, le juge Périès convoque Roger Perrin pour l'entendre sur son emploi du temps la veille, la nuit et le matin de la tuerie. Roger virevolte dans les méandres de ses mensonges et finit par dérouter le juge, comme les gendarmes et le commissaire Sébeille avant lui. En revanche, Roger maintient ses déclarations sur la venue des anglaises à La Grand'Terre, en précisant qu'Yvette lui a interdit d'en parler.

    Les 9 et 27 mars 1954, l'expertise du professeur Ollivier révèle que le lubrifiant utilisé pour les fusils de Clovis Dominici est très proche de celui relevé sur la US M1. Le 15 mars 1954, lors d'un transport de justice à son domicile, Clovis Dominici affirme au juge Périès qu'il graisse ses fusils uniquement à l'huile d'olive issue de sa récolte personnelle. Le juge emporte un échantillon de cette huile.

    Le 20 mars, devant le juge Périès qui l'interroge au sujet de sa lettre du 29 janvier, Clovis répond qu'il a été informé fortuitement par le commissaire Canale des renseignements généraux de la prochaine confrontation entre Gustave et Gaston. Il déclare que la lettre a été écrite à l'initiative de son épouse Rose, mais il endosse la responsabilité de son contenu et de son envoi. Pour lui, Gustave est manipulé par Yvette et leurs sœurs ; il s'inquiéte qu'en voulant innocenter leur père, elles n'en viennent à dévier l'attention de l'accusation vers Gustave, qu'il affirme innocent de tout. C'est ce qu'il a voulu faire comprendre à F. Barth dans l'intérêt même de sa fille Yvette.

    Le juge rappelant qu'il connaissait la culpabilité de son père dès le 8 août 1952 par son frère Gustave, Clovis a cette réponse incroyable : « J'avais oublié ce détail ». Le juge s'indigne que Clovis qualifie de « détail » un tel massacre gratuit commis par son père Gaston. Clovis s'embrouille dans des explications peu convaincantes : jusqu'à sa conversation avec Gustave à Saint-Pons, il se refusait à croire à la culpabilité de leur père. Ce qui laisse supposer qu'un stratagème a été mis en place par les deux frères à cette date, mais le juge n'y a pas pensé.

    Par contre, cette lettre appelle d'autres questions que le juge ne pose pas. F. Barth est un camarade du Parti et habite à une douzaine de kilomètres de Clovis ; se rendre chez lui aurait été plus discret. D'ailleurs, Clovis lui propose de le faire en retour. Il lui propose également d'écrire à Gustave, ce qui se justifie d'autant moins étant donné leur lien familial. Car s'écrire alors que l'on est si proche localement ne correspond à aucune pratique antérieure à cette période, sauf si Clovis voulait laisser des traces écrites. Comme les autres membres de la famille, Clovis sait que ses lettres seront saisies par le juge.

    Le 9 avril 1954, le professeur Ollivier confirme son diagnostic : seule la graisse des fusils de Clovis présente de très fortes similitudes avec celle de l'arme du crime, alors que les armes de chasse de La Grand'Terre sont lubrifiées au suif de mouton.

    Le 21 avril, le juge Périès procède à une dernière audition de pure forme durant laquelle il récapitule l'ensemble du dossier devant Gaston, qui réaffirme son innocence et son intention de confondre ses fils devant les Assises.

    Le 27 avril, l'instruction est close et le dossier est expédié à la chambre des mises en accusation de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence.

    Le 23 juin, après avoir été suspendu de ses fonctions de secrétaire départemental en mars 1953, Roger Autheville est exclu du PCF pour « rapports trop constants avec la police », pour « manque de vigilance » dans l'affaire, mais aussi pour avoir vendu, pour 7500 anciens francs, des photos aux hebdomadaires Détective et Radar. Cette exclusion fait suite à une dénonciation du receveur du bureau des PTT, membre clandestin du parti, où Autheville venait retirer les mandats de ces publications.

    Le 9 novembre à 13 h 45, R. Autheville est victime d'un accident de la circulation, en scooter, dans le quartier des Épinettes à Digne. Gravement blessé à la tête, il décède après un coma de plusieurs heures dans la clinique du docteur Jouve à Aiglun. Selon une rumeur, R. Autheville s'apprêtait à faire des déclarations fracassantes lors du procès de Gaston.

    La carabine US M1 retrouvée dans la Durance est bien l'arme qui a servi au meurtre de la fillette. L'état du corps tel que le découvre le docteur Dragon lui permet d'affirmer qu'Elizabeth a été assassinée trois heures après ses parents. L'absence de poussière sur les pieds et d'écorchures aux voûtes plantaires lui donne à penser que la petite victime a été transportée sur le lieu de son assassinat et non pas poursuivie par son assassin. C'est ce que soutiendra le praticien lors de l'instruction et au procès. Le médecin ne sera pas suivi par la Cour qui préférera tenir compte de la déposition du docteur Jouve, un notable local qui n'a jamais vu la petite assassinée.

    Le rapport d'autopsie d'Anne Drummond tend à prouver qu'elle a été victime des tirs croisés de deux tireurs et note l'absence de rapport sexuel avant sa mort.

    Par ailleurs, le commissaire Sébeille a négligé nombre d'éléments matériels et fait disparaître le lambeau de peau de la paume droite de sir Jack Drummond, comme il l'avoue dans son livre paru en 1970. Le commissaire a refusé de prendre en compte les différents témoignages faisant état de la présence, sur les lieux ou à proximité des lieux du crime, entre 23 h 15 et 0 h 20, de trois ou quatre hommes dont Gustave mais dont les signalements ne correspondent nullement à celui de Gaston.

    L'autopsie de Jack Drummond démontre qu'il a été abattu de deux balles dans le dos, la deuxième lui ayant brisé la colonne vertébrale. Sa vessie était vide, ce qui veut dire qu'il s'était levé peu de temps auparavant pour se soulager : il n'a donc pas été réveillé par l'intrusion de Gaston. Ce dernier a prétendu avoir tiré par deux fois de face dont le premier coup de feu, accidentel, aurait arraché un lambeau de peau de paume de la main droite de J. Drummond. Son corps a pu être déplacé, du puisard vers l'autre côté de la route ; ceci pourrait expliquer la présence de taches de sang irrégulières sur la chaussée.

    Gustave Dominici, pourtant convaincu de faux témoignages, destruction de preuves et autres larcins ne sera jamais poursuivi pour ses délits. Est-ce la contrepartie de la dénonciation de son père ?

    La découverte, en 2003, de quatre douilles de Springfield 30.06 dans une brique creuse lors de la démolition de la remise où, officiellement, Gaston Dominici cachait la US M1 ouvre de nouvelles pistes[réf. souhaitée].

     

    Le premier procès et la condamnation

    Le procès de Gaston Dominici débute le 17 novembre 1954. Déplaçant les foules, il a une ampleur internationale et mobilise plusieurs écrivains français dont Jean Giono et Armand Salacrou. Gaston Dominici, fruste et peu loquace, présente une défense malhabile. Au cours d'une audience, le commissaire Prudhomme de Digne concède avec réticence avoir suggéré le mobile sexuel à l'inculpé.

    L'élément clé de l'affaire demeure la carabine, qui ne semble appartenir à personne et dont personne ne revendique la propriété alors qu'elle a été vue chez P. Maillet durant l'été 1950, présentée au docteur Morin par Gustave à La Grand'Terre à la fin de l'été 1951 et entreposée chez les Perrin d'après Gaston. Le fait que l'arme était entreposée à La Serre par Clovis lorsqu'il braconnait en compagnie de Roger Perrin prouve que l'aveu des crimes que lui aurait fait son père était une invention de sa part ; la contre-enquête le démontrera.

    Depuis la perquisition de 1948, il est certain que la US M1 ne s'y trouvait pas. Cette perquisition fait suite au contrôle routier et à la fouille corporelle par les gendarmes d'un cheminot dénommé Sube, à proximité de la ferme, qui avait dérobé un chargeur de PM Sten chez les Dominici. Elle permettait la saisie d'un Mauser avec des munitions et un PM Sten que Gustave avait ramené du maquis et tenait caché dans la cheminée, ainsi qu'un pistolet 6.35 appartenant à son frère Aimé. Gustave avait été condamné à 6 000 anciens francs d'amende avec sursis.

    L'avocat général Calixte Rozan souligne lors de son réquisitoire que l'arme du crime est probablement la propriété de Clovis Dominici. Le principal avocat de Gaston, Maître Pollak, a démontré son absence de conviction et son goût marqué pour les belles phrases creuses. Au moment de l'intervention du psychiatre Boudouresque, la défense n'hésitera pas à se retourner contre son client à la surprise de l'assistance. Lors des audiences, le peu de réaction de la défense a été remarqué dans les moments où son client était malmené et sur les points où il était possible d'enfoncer le dossier.

     

      

      

    Tout au long du procès, la défense a laissé passer les occasions de réagir et de démonter l'accusation. Elle s'est refusée d'exploiter l'épisode de Gustave dans la luzerne, le croquis du greffier Barras désignant l'emplacement de la US M1 dans la remise, l'expertise du graissage de l'arme du crime, les constatations du docteur Dragon, le témoignage de Francis Perrin, facteur de Lurs qui, à l'inverse du gendarme Marque sera convoqué mais ne sera pas appelé à la barre. Ce sont des manquements objectifs à la déontologie de la défense.

    À lui seul, le réquisitoire du 27 novembre de l'avocat général Rozan constitue une illustration de l'absence de preuves. Il va développer des considérations subjectives sur le pays et les gens, des jugements de valeur sur le justiciable et les témoins frisant l'insulte. Il décrit Gaston comme un mage qui sait délivrer les femmes en gésine et utilise les simples comme médecine, évoquant « les esprits mauvais » de la Durance, un homme élevé à la dure, nourri d'une soupe et d'un quignon de pain mais de la race des chefs; en somme un être diabolique qui se complaît dans un univers médiéval. Il provoque l'étonnement des chroniqueurs judiciaires qui ont l'impression d'assister à un procès en sorcellerie. Sans jamais s'attaquer aux faits ni tenter d'apporter des preuves tout en les assortissant de certitudes subjectives, l'avocat général a préféré le lyrisme littéraire à la réalité des faits.

    Une des nouveautés de ce procès est la retransmission radiophonique du réquisitoire à l'extérieur. L'absence d'autorisation écrite du président de la Cour d'Assises est théoriquement un motif de cassation ; la Cour de Cassation, en contradiction avec la jurisprudence, refusera pourtant le recours. Interrogé sur cette diffusion publique, le procureur général d'Aix-en-Provence Orsatelli va la nier contre le témoignage de centaines de personnes présentes dont nombre de journalistes, et comme on peut le voir sur les photos et les films d'actualités.

    Le procès tourne au règlement de compte familial, sans souci des victimes. Ce comportement indispose le jury et le convainc de la culpabilité de l'accusé. Le président Marcel Bousquet, dont la partialité est éclatante, en vient à menacer de prison plusieurs témoins qui sont contraints au mutisme. En particulier au moment où, Clovis va craquer face aux accusations de complot assénées par Gaston, Gustave et sa sœur Augusta ; Clovis va être sauvé par le président Bousquet sous la menace véritablement inouïe de l' expédier en prison s' il se livre à des révélations.

      

      

    Le summum de cette parodie est atteint le soir du 27 novembre 1954 lorsqu'un tournoi de belote est organisé : il met en présence avocats de la défense et de la partie civile, policiers, journalistes, jurés et témoins parlant sans retenue du procès en cours au grand scandale des observateurs. Au bout de douze jours d’audience, et malgré l'absence de preuves, Gaston Dominici, 77 ans, est déclaré coupable sans circonstances atténuantes, ce qui le condamne à mort le dimanche 28 novembre 1954.

    La contre-enquête et la grâce présidentielle

    Sous le coup de ce verdict, Gaston Dominici fait part à l'un de ses défenseurs, Me Léon Charles-Alfred, d'une conversation qu'il dit avoir surprise entre Gustave et Yvette dans les jours qui ont suivi le drame. Aux termes de celle-ci, Roger Perrin aurait aidé Gustave à transporter Elisabeth.

    Les avocats de Gaston transmettent cet élément d'appréciation au ministre de la justice. Au vu de ces déclarations, le ministre estime nécessaire de prescrire une nouvelle instruction le 9 décembre 1954. Celui-ci fait d'abord interroger le condamné par un magistrat, le substitut Joseph Oddou, devant qui il confirme ses dires le 13 décembre.

    Le 13 décembre 1954, le procureur général Orsatelli dépêche son substitut Joseph Oddou aux Baumettes pour demander à Gaston de confirmer les déclarations informelles qu'il a donné à ses avocats les 28 et 29 novembre. S'il met en cause Gustave et Roger Perrin, il dit qu'il ne sait pas qui a fait quoi. Il confirme ce que la Cour de Digne n'a pas voulu entendre, à savoir que la US M1 était dissimulée par Clovis à La Serre, ferme des Perrin.

    Le 15 décembre, le Garde des Sceaux Guérin de Beaumont prescrit un ordre au procureur général d'Aix-en-Provence Orsatelli, pour diligenter une mission d'information qui est alors confiée à deux policiers parisiens, le commissaire divisionnaire Chenevier et le commissaire principal Gillard, de la direction des services de police judiciaire en vue de vérifier les déclarations de Gaston sur la conversation surprise entre Gustave et Yvette le 7 août 1952.

    Les deux commissaires entendent Gaston Dominici les 19 et 20 décembre 1954 à la prison des Baumettes. Mais il varie beaucoup au cours de ces longs entretiens. Après avoir confirmé ses dires à Me Charles-Alfred et au substitut Oddou, il déclare avoir vu lui-même Gustave et Roger transporter la petite Elisabeth, puis il se rétracte, revenant à la conversation surprise.

    Lors des interrogatoires des 19 et 20 décembre 1954, Gaston livre incidemment une information aux deux commissaires : il dit que de toute la famille, seul Roger Perrin porte des chaussures à semelles de crêpe. Lors de la découverte du corps d'Elizabeth par les gendarmes, ceux-ci ont relevés des empreintes de semelles de crêpe qui allaient et venaient à proximité du petit corps, alors que Gaston porte habituellement des brodequins cloutés.

    Le 19 décembre 1954, le commissaire Chenevier demande à Gaston pourquoi il a prétendu se sacrifier avant de changer d'avis. Gaston lui répond qu'il ne veut pas payer pour un autre ; ce qui l'a fait changer d'avis, c'est qu'il pensait être acquitté. Le commissaire ironise sur cette attitude mais le condamné maintient qu'il est innocent. Chenevier demande " qui alors ? " ; Gaston s'en tient à ce qu'il a dit au juge et répète les déclarations qu'il a faites au substitut Oddou. Il apporte quelques précisions sur le fait que Gustave ne l'ait pas entendu sortir et rentrer dans la nuit du drame. Il explique que pour le repas de midi, il se déchausse dans la cuisine pour enfiler ses pantoufles car, ensuite il fait une sieste dans son fauteuil ; alors que le soir, il monte se coucher avec ses brodequins et les remet pour partir à l'aube. Il affirme que ce sont les policiers qui lui ont appris la cachette de l'arme dans la remise.

     

      

      

    Il précise que celle-ci a été nettoyée par Gustave et Yvette après le départ d'Aimé en janvier 1951. Ceux-ci confirmeront et diront qu'il n'y avait pas de carabine sur l'étagère. Gaston raconte qu'au retour d'une partie de chasse, Clovis aurait dit : " Si j'avais eu la carabine, à 140 m je l'avais ". Gaston induit qu'il s'agit de l'arme du crime. Plus tard, Clovis niera (PV 424/29 du 17/10/55 Cote C 250 de Chenevier ) et les chasseurs, sauf son frère Marcel (PV n° 7 du 22/12/54 de Gillard, Cote C 11Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence à Digne pour ces deux procès-verbaux), disent ne se souvenir de rien ou diront alors qu'il s'agit du PM soviétique saisi chez les Perrin. Or la précision d'un pistolet-mitrailleur est aléatoire au-delà de 25 m, autant dire qu'à 140 m, cela relève de l'impossibilité pure et simple et défie tous les calculs de probabilité.(Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence à Digne pour ces deux procès-verbaux).

    Le 21 décembre, Augusta Caillat, l'une des filles Dominici, déclare au commissaire Gillard que Clovis lui a parlé du croquis dressé par le greffier Barras, désignant dans la remise l'étagère où la carabine Rock-Ola aurait été entreposée. De même, Gustave leur avait donné sa propre version de cet épisode, rapportée ultérieurement au commissaire Chenevier.

    Le 23 décembre, les commissaires Chenevier et Gillard font un premier rapport de leur mission exploratoire au procureur de Digne, Sabatier motivant une requête de délégation générale.

    Le 27 décembre, les deux commissaires donnent un compte-rendu de leurs premières investigations au Garde des Sceaux.

    Le juge Roger Périès est nommé à Marseille, selon son désir, et remplacé par un juge suppléant de Toulon, Pierre Carrias, lui-même nommé juge d'instruction à Digne le 7 janvier 1955. Il sera confirmé dans sa fonction le 3 février pour diriger la deuxième instruction.

    Le 25 février 1955, le procureur de Digne Sabatier signe un réquisitoire introductif pour l'ouverture d'une information contre X du chef de complicité d'homicides volontaires.

    Le juge Carrias procède personnellement à certains actes d'instruction, tels que la confrontation du commissaire Sébeille et de Gustave Dominici, au cours de laquelle ce dernier mime la scène au cours de laquelle il a accusé son père en pleurant sur l'épaule de Sébeille. Mais aussi, selon le vœu du ministre de la justice, le juge délivre aux commissaires Chenevier et Gillard des commissions rogatoires en vertu desquelles ceux-ci se livrent à des investigations approfondies, entendant de nombreux témoins à qui ils posent un très grand nombre de questions préparées selon un plan soigneusement mûri. Quant à Gaston Dominici, détenu à la prison des Baumettes, il est interrogé et confronté, aussi souvent que nécessaire, par le juge d'instruction Jacques Batigne, du tribunal de Marseille.

    Chenevier apprend par voie de presse que le juge Batigne a interrogé G. Dominici puis l'a confronté à Gustave et Yvette Dominici.

    Le 16 mars, les enquêteurs rencontrent le juge Carrias .

    Le 21 mars 1955, le juge Carrias, organise une reconstitution à La Grand'Terre pour vérifier si la conversation surprise par Gaston était audible de celui-ci. Le juge se poste sur le palier et le procureur Sabatier dans la chambre du couple, pendant que Gustave et Yvette s'allongent sur leurs lits. Carrias dit ne distinguer aucun mot quand les époux murmurent. Le procureur leur demande de recommencer à voix basse. Le juge entend mieux mais sans distinguer quoi que ce soit. Les époux refusent catégoriquement de répéter les mots que Gaston aurait entendu : « bijoux, petite, portait, Roger, mouchoir ». Connaissant l'enjeu de cette reconstitution, le couple va obéir mais en parlant à voix suffisamment basse pour ne pas être compris. À l'époque des faits, s'ils n'avaient pas entendu Gaston monter et redescendre l'escalier en pantoufles, ils n'avaient aucune raison de se méfier en parlant distinctement.

    Le 15 juin a lieu une nouvelle rencontre des commissaires avec le juge Carrias ainsi qu'une entrevue avec le capitaine Albert.

    Le 20 juillet, le juge Carrias délivre une commission rogatoire d'ordre limité.

    Le 30 juillet, Gaston est entendu par le juge Batigne. Il lui dit qu'en arrivant sur les lieux du drame, peu après 8 h 0, en compagnie de Roger Perrin et de Gustave, il y avait beaucoup de monde dont le boucher Nervi. Or, à cet instant, seul le gendarme Bouchier est présent, et Gaston lui a demandé la permission d'aller recouvrir le corps de la fillette avec une couverture. Imprudent, le gendarme laisse faire Gaston sans surveillance ce qui peut permettre à ce dernier de mettre en place la trouvaille du morceau de crosse. En présence de Chenevier, Gaston nie tout ce qu'il a pu dire le 20 décembre 1954 mais confirme que Gustave a ramené R. Perrin et J. Galizzi sur sa moto avant d'aller voir avec eux l'éboulement sur la voie ferrée. Gaston se reproche d'avoir parlé de l'éboulement à Gustave.

     

      arrestation de Dominici

      

    Ce dernier ne serait pas allé à Peyruis et n'aurait pas ramené Roger ni les autres. Cette fois, le commissaire lui demande de préciser s'il s'agit des Drummond ou de tierces personnes. Gaston refuse de préciser. Plus tard, il reviendra sur ses déclarations, prétextant avoir tout inventé pour blaguer, ce qui laisse supposer que des membres de la famille sont venus le chapitrer.

    Le 3 août, le commissaire Chenevier interroge François Barth. Celui-ci dit qu'il a été question de la femme vêtue de noir, lors de sa venue en fin d'après-midi le 5 août 1952, dans la cour de La Grand'Terre. De même, Mme Barth, dit au commissaire Gillard qu'elle a entendu parler d'une femme en noir et que celle-ci se serait trouvée sur la voie ferrée. Leurs témoignages sont intéressants dans la mesure où ils contredisent celui de leur fille Yvette, qui nie cette présence.

    Le 4 août, Francis Perrin, le facteur de Lurs apprend au commissaire Chenevier que Gustave Dominici aurait demandé à son frère Aimé Perrin si au moins il n'avait pas dit aux gendarmes qu'Yvette était venue avec lui au bivouac des Drummond le soir du 4 août 1952. Aimé Perrin confirme et Gustave l'aurait enjoint de ne pas dire qu'Yvette était venu avec « le petit » plus tard dans la soirée. L'expression « le petit » ne désigne sans doute pas le bébé Alain, âgé de dix mois, mais plutôt Roger Perrin ramené de La Serre par Gustave, vers 21 h 30, lors de son retour après sa visite chez Faustin Roure à Peyruis, vers 21 h 0.

    Les 5 et 10 août, interrogée par Chenevier puis Gillard, Yvette se souvient brusquement, trois ans exactement après les meurtres, qu'elle a accompagné Gustave à l'éboulement avec Alain dans ses bras. C'est en revenant du pont, vers 20 h 15, qu'elle a entendu la Hillman se garer sur le terre-plein. Yvette prétend que, de loin, avec le crépuscule qui tombait, elle a pu prendre la robe rouge d'Anne Drummond pour une robe noire, ce qui rend sceptique le commissaire.

      

      

    Sur ce point, elle contredit Gustave, qui a reconnu, le 12 novembre 1953 que les Anglaises étaient venues prendre de l'eau avant son retour à la ferme vers 20 h 0. C'est Yvette qui le lui aurait appris dans leur cuisine.

    Le 5 août, Aimé Perrin confirme au commissaire Chenevier que Gustave est venu les rejoindre, après son arrivée sur les lieux du drame en compagnie des gendarmes Romanet et Bouchier, seul, à pied et, précision importante, sans son vélo.

    Romanet est entendu à son tour sur l'épisode durant lequel Gustave l'aurait délivré lorsqu'il s'était enfermé à l'arrière de la Hillman alors qu'il procédait à sa fouille. Le gendarme réfute fermement la réalité de cet épisode. Gustave avait raconté cette opération au commissaire Sébeille pour que l'on ne s'étonne pas de retrouver ses empreintes sur la poignée de la porte arrière. Gustave savait donc qu'elle ne s'ouvrait que de l'extérieur et l'avait déjà manoeuvrée. S'il avait eu besoin d'ouvrir cette portière arrière c'est dans un but de vol ou, simple hypothése, en vue d'extraire Elizabeth séquestrée dans la Hillman suite aux meurtres des parents[non neutre]. Cette portière, qui ne s'ouvrait que de l'extérieur, contredit la thése de l'accusation selon laquelle Elizabeth dormait dans la voiture et qu'elle en avait jailli à l'extérieur au moment de l'agression.

      

      

    Il est évident que Gustave l'a effectivement ouverte, pour fouiller et tout mettre sens dessus dessous. Pourtant, l'Identité Judiciaire ne trouvera aucune empreinte sur les poignées des portières comme si elles avaient été nettoyées. Quelqu'un s'en serait-il chargé à l'insu de Gustave ? La seule possibilité désigne logiquement Clovis.[non neutre]

    Le 6 août, le commissaire Gillard interroge le boucher Nervi. Selon ce dernier, il s'est arrêté sur les lieux du drame vers 7 h 30, quand s'y trouvent seulement les gendarmes Romanet et Bouchier avec Gustave et Aimé Perrin. Gustave aurait demandé au boucher d'emmener Yvette au marché d'Oraison, ne pouvant l'accompagner en moto comme d'habitude. Ceci est mensonger puisque c'est son père F. Barth qui vient la chercher mais pour l'emmener au marché de Forcalquier. Nervi poursuit en disant que Gustave l'a amené à la ferme où Yvette se préparait et ils seraient partis à 8 h 10. Or, à cette heure F. Roure était présent et n'a signalé ni la camionnette ni le boucher ; ce dernier précisera n'avoir vu ni Gaston ni Roger Perrin pourtant présents sur les lieux du crime peu après 8 h 0.

    Le 10 août, Yvette, devant Gillard, contredit Nervi disant que c'est Roger qui est venu accompagner le boucher. Tous deux resteront sur leurs positions. Pendant le trajet, Nervi aurait tenté d'en savoir plus et Yvette l'aurait rabroué sèchement. Selon Roger, le 7 mai 1953, il dira au commissaire Sébeille que les parents Barth sont venus à la ferme à 9 h 15, mais comme Yvette n'était pas prête, ils seraient repartis. Le 22 octobbre 1955, face à l'inspecteur Leclerc, F. Barth niera et dira qu'il a appris le drame par son fils et sa femme qui ont rencontré Yvette au marché d'Oraison. Pourtant Roger Perrin sera conforté par un témoin extérieur, le cafetier de Lurs, Augustin Bonnet, qui, revenant de la ferme Guillermin, dit avoir vu, en remontant vers Lurs vers 8 h 30, la voiture de F. Barth descendant la route de Forcalquier en direction du carrefour de la RN 96.

    Le 10 août, le commissaire Chenevier apprend par Gustave que lui et son frère se sont concertés, dans le Palais de Justice le 14 novembre 1953 à 8 h 0 pour désigner, sur la même étagère de la remise, l'emplacement de la carabine US. Selon Gustave, Clovis aurait sorti un croquis de sa poche, en présence du greffier Barras, et lui aurait désigné sur quelle étagère se serait trouvé la US M1.

    Le 12 août, Roger Perrin confronté à Yvette, maintient ses précédentes déclarations sur la venue des anglaises à la ferme et ajoute qu'Yvette aurait proposé aux femmes Drummond de s'installer au même endroit où avaient campés les Morin en 1951, à la sortie du pont de la voie ferrée ; Yvette nie cette version. Ce même jour, le commissaire Chenevier confronte Gustave et Roger : celui-ci soutient que c'est son oncle qui lui a appris la présence de la femme en noir en compagnie des Drummond, alors qu'il se rendait à l'éboulement vers 20 h 15, ce que Gustave nie fermement.

     

    PROCES VERBAL

     http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/20120726112049951.pdf

      

    En août et octobre 1955, le juge Carrias fait auditionner sur commission rogatoire l'inspecteur Girolami par le juge Désiré Gervaise à Casablanca, où il avait été muté aux Renseignements généraux du Protectorat. Dans l'après-midi du 5 août 1952, l'inspecteur avait remarqué la présence, en face de la porte de la cuisine, d'un pantalon appartenant à Gaston. Ce vêtement, fortement mouillé, n'était ni taché ni ensanglanté. Le vieillard lui avait appris que son linge n'était pas lavé à la ferme mais chez sa fille Augusta Caillat qui le rapportait propre et repassé. Girolami s'était donc étonné de ce que ce pantalon fut lavé sur place seulement quelques heures après le triple meurtre.

      

      

      

    Il s'était donc empressé de confier ses soupçons au commissaire Sébeille qui n'y avait prêté aucune attention, tout occupé à la recherche d'indices et de l'arme du crime. Le 21 septembre, il sera à nouveau question de ce pantalon lors d'une audition d'Yvette et de Marie Dominici par le juge Carrias. Gaston sera auditionné sur ce même pantalon par le juge Batigne le 24 octobre[.(Commission Rogatoire no 3999 du 24/08/1955 du tribunal de première instance de Casablanca.Cote C 155).ADHAP de Digne.

    Le 23 septembre, le juge Carrias organise dans son bureau, une confrontation entre le commissaire Sébeille et Gustave, en présence du greffier Barras et du divisionnaire Harzic, supérieur du commissaire. Gustave se plaint d'avoir été victime de pressions intolérables de la part des policiers lors de la dénonciation de son père le 13 novembre 1953. Sébeille réfute ses propos et propose à Gustave, avec l'accord du juge, de mimer l'épisode durant lequel il s'est effondré en pleurs sur l'épaule du policier en dénonçant Gaston, ce qu'il va faire complaisamment et pose la question de sa sincérité.

      

      

    Gustave reconnaît qu'à ce moment-là, il ne subissait pas de pression lors de l'épisode de sa dénonciation mais qu'il se souvenait d'autres pressions. Quarante ans plus tard, le juge fort de son expérience, se posera la question de savoir si le commissaire Sébeille avait été sincère ou les avait tous abusés.

    Le 29 septembre, le juge Carrias délivre une nouvelle commission rogatoire plus large aux commissaires Chenevier et Gillard.

    Le 12 octobre, Mauricette et Aimé Dominici sont interrogés ; les réactions du couple laissent penser aux policiers qu'ils connaissent la carabine US. Du moins, Aimé a vu cette arme entre les mains d'un de ses frères ou de son père avant le 24 janvier 1951, date de son départ de La Grand'Terre pour s'installer à Eygalières dans les Bouches-du-Rhône.

    Les 12 et 16 octobre, Chenevier et Gillard interrogent le docteur Morin de Nice, qui a campé avec son épouse près de la ferme Dominici à l'invitation de Gustave. Il dit reconnaître la US M1 comme étant la carabine réparée en sa présence par Gustave Dominici durant l'été 1951, notamment la soudure de la demi pièce de un franc en remplacement du guidon disparu. Confronté à Gustave, ce dernier nie farouchement et accuse le médecin d'avoir tout inventé. Ses dénégations donnent un certain crédit au témoignage du docteur Morin.

    Le 17 octobre, interrogé à son tour, Clovis Dominici suggère que son frère Gustave a pu ramener la carabine US du maquis. Clovis s'insurge également contre les accusations de Gustave portées à son encontre le 10 août : il ne nie pas l'existence du croquis mais prétend que celui-ci a été dressé par un policier.

    Le 19 octobre, Jean Girard, oncle maternel d'Yvette, fait savoir à l'inspecteur Leclerc, subordonné de Chenevier, qu'Aimé Dominici lui a appris que Gustave aurait amené les Drummond sur le terre-plein des Ponts et Chaussées ; si le fait est avéré, cela voudrait dire que Gustave est rentré chez lui bien avant 20 h 0. Jean Girard ajoute que Clovis est venu à La Grand'Terre le soir du 4 août 1952, avant de se rendre sur le bivouac où il se serait disputé avec les Drummond, ce que nie Clovis.

    Le 21 octobre, confronté à Aimé et Clovis Dominici, Jean Girard maintient ses déclarations alors que Clovis nie, Aimé confirme les dires de J. Girard mais ne se souvient pas de qui il les tenait. Ce même jour, Jean Galizzi, ami de Roger et amant de sa mère Germaine, déclare à la gendarmerie de Forcalquier qu'il a passé la nuit du 4 au 5 août 1952 à La Cassine en compagnie de Roger père et de son épouse Germaine Perrin.

    Confronté à Clovis, le cheminot Bourgues confirme que son collégue est arrivé en retard sur le chantier le matin du 5 août 1952. Clovis nie en accusant Maillet d'être l'auteur de ce retard. Interrogé à son tour, Paul Maillet dira être arrivé à 7 h 15 et avoir appris la tuerie par Bourgues, ce qui veut dire que Clovis n'était pas présent à ce moment ; les PV 353/40 du 10 août 1955 de Gillard et le PV 12-R du 31 août 1952 de la gendarmerie de Forcalquier le confirment.

    Toujours le 21 octobre, le commissaire Chenevier confronte Clovis et Gustave. Ce dernier répète ses accusations du 10 août envers son aîné et ajoute que, dans la voiture de police qui les amenaient à La Grand'Terre, Clovis serait revenu à la charge en lui murmurant de dire que leur père avait pris la carabine US pour aller chasser le blaireau. La scène se serait déroulée le dimanche 15 novembre 1953 au matin et non la veille. Clovis nie tout et réfute les accusations de son frère cadet.

    Le commissaire Chenevier va vérifier auprès du greffier Barras qui lui en donne une version tout à fait différente. C'est dans le bureau du juge Périès absent, pendant la garde à vue des deux frères le soir du 13 novembre 1953, qu'il a réalisé le croquis pour mettre les choses au clair et faire concorder les déclarations des deux frères pour la désignation de l'étagère. Le témoignage du greffier détruit le seul élément matériel de l'accusation : la présence de la carabine US dans la remise de la ferme. Le commissaire en tombe des nues mais ne demandera pas de commission rogatoire au juge Carrias pour entendre officiellement le greffier. Il en rendra compte dans son rapport final en atténuant la portée et les conséquences pour le greffier Barras et le juge Périès.

    Le 22 octobre, Francis Perrin rapporte à l'inspecteur Goguillot, de l'équipe Chenevier, qu'il a entendu dire que Gustave a ramené J. Galizzi sur sa moto en même temps que Roger Perrin le soir du 4 août 1952. Le commissaire Chenevier n'estime pas nécessaire de vérifier.

    L'hebdomadaire France-Dimanche publie une lettre de Gaston où ce dernier répète la conversation qu'il a surpris entre Gustave et Yvette, et accuse nommément son fils Gustave et Roger Perrin d'être les véritables auteurs du triple meurtre.

    Le 18 novembre, Clovis désavoue Gustave en confirmant le déplacement du campement du couple Morin, durant l'été 1951, vers la plateforme qui surplombe l'endroit où a été retrouvé le corps d'Elizabeth Drummond.

    En présence du juge Batigne et de Chenevier, Roger Perrin est confronté à Gaston. Roger se montre d'une rare insolence envers son grand-père et va jusqu'à le provoquer. Mais comme le commissaire le notera, l'attitude de Roger démontre qu'il se sent protégé par un interdit qui empêche son grand-père d'aller plus loin dans ses accusations. La manière dont Roger s'en vante devant lui donne à penser au commissaire que le jeune homme est impliqué bien autrement que comme simple témoin ou complice passif dans le drame.

    Le 22 novembre, le commissaire Gillard rappelant à nouveau ce qu'a rapporté Aimé Perrin à propos de la femme habillée de noir, Yvette change de version en prétendant qu'il s'agit de sa belle-mère, vêtue de noir, qui l'attendait sur la route. Ce nouveau revirement ne convainc pas davantage le commissaire.

    Le 19 janvier 1956, Roger Perrin déclare à Chenevier que, dix jours après le verdict, Léon Dominici aurait conseillé au père de son neveu de le faire engager dans la Légion étrangère pour lui éviter des poursuites judiciaires. Comme ça, on pourrait l'accuser des crimes et faire libérer le grand-père Gaston ; outre le fait que la Légion n'aurait jamais enrôlé une recrue coupable d'un tel carnage, cela montre à quel point Léon avait quelques doutes sur l'innocence de son neveu.

    Le 10 février 1956, les deux commissaires se déplacent à la prison de Nîmes pour entendre le détenu Jean-Baptiste Bossa. Celui-ci leur fait savoir que, détenu à la prison Saint-Charles de Digne en même temps que Gustave, il a surpris sous la fenêtre du parloir les conversations d'Yvette et de son mari. Il leur rapporte que ces conversations mettent directement en cause Gustave dans le déroulement de l'assassinat des Drummond.

    Le 25 février 1956, le commissaire Chenevier remet son rapport final au préfet directeur de la police judiciaire. Cette deuxième instruction met en lumière les rôles joués par Gustave et Roger Perrin fils avec une possible participation de Gaston Dominici mais sans en apporter la preuve.

    Le 13 novembre 1956, devant l'absence d'éléments nouveaux mis au jour par la contre-enquête, le juge Carrias rend une ordonnance de non-lieu qui clôture la deuxième instruction et met définitivement fin à l'action judiciaire consécutive au triple meurtre de Lurs.

    À l'issue de la contre-enquête, le commissaire Sébeille connaît le désaveu avant d'être déclassé le 22 décembre 1959 comme commissaire de la sécurité publique au commissariat de quartier de la Belle de Mai à Marseille. Il n'obtiendra jamais la promotion au grade de commissaire principal ni la Légion d'honneur promises fin août 1952.

    En 1957, le président Coty commue la peine et, pour le 14 juillet 1960, le général de Gaulle gracie et libère Gaston Dominici. Sur la fin de sa vie, il choisit comme confident le révèrend père Lorenzi, un moine bénédictin du monastère de Ganagobie qu'il connaissait depuis 1915.

    Assigné à résidence à Montfort après son élargissement, Gaston Dominici meurt le 4 avril 1965 à l'hospice de Digne-les-Bains, sans que soit établi son degré d'implication dans le triple meurtre de la famille Drummond. Selon la tradition locale, le père Ferdinand Bos reçut la confession du vieillard mais ne la trahit jamais. Il repose dans un caveau du nouveau cimetière de Pertuis, comme l'ensemble des Dominici impliqués dans l’affaire.

    Thèses contradictoires

    De nombreuses thèses ont été émises pour expliquer le crime :

    • la thèse du crime accidentel dû à l'incompréhension mutuelle ;
    • la thèse du patriarche s'accusant des faits pour défendre sa famille ;
    • la thèse du crime crapuleux, une tentative de vol suivie d'une rixe ayant mal tourné, commis par deux ou trois membres de la famille ;
    • la thèse d'un crime d'espionnage industriel, commis par un commando extérieur, lié à la Guerre froide;
    • la thèse de règlements de comptes post-résistance (Drummond, agent secret britannique, aurait été liquidé).
    • la thèse du conflit de famille autour de la Grand'Terre ;
    • la thèse du crime sexuel.

    Selon une rumeur colportée par Jean Teyssier[, Jack Drummond aurait pu rechercher, à titre personnel, ce qui aurait pu advenir d'un ami parachuté dans le coin, et qui aurait disparu. En admettant que cet ami ait été exécuté par un maquis local, certains maquisards auraient pu craindre que Sir Jack ait été mandaté pour enquêter. Sous prétexte de lui fournir des informations, on aurait pu lui donner rendez-vous et l'exécuter. La présence active d'anciens FTP, entre août 1952 et novembre 1953, donnera quelque consistance à cette rumeur. Mais celle-ci, comme nombre d'autres plus ou moins farfelues, ne sera pas vérifiée.

     

      

    Critiques de la justice : La criminalistique générale

    Dès les premières heures de cette enquête, il a fallu constater la contamination extrêmement rapide de la scène du crime elle-même, tant par les gens de la région que par les curieux et les journalistes. Très tôt, il fut aussi difficile d'obtenir des membres de la famille Dominici des témoignages qui n'étaient pas, soit contredits, soit modifiés ou même repris, rendant ainsi de plus en plus complexe la reconstruction des événements. Il y avait tout de même au moins un point d'entente : la présence de trois cadavres dont il fallait expliquer le décès.

      

      

      

    Mais il y avait déjà plusieurs confusions dans les récits et même une certaine forme de contamination où les propos des fils contredisaient ceux du père, pour finalement se rétracter, où ceux de la belle-fille ne collaient pas non plus. Une enquête préliminaire difficilement ficelée peut entacher et peut-être même influencer l'action d'un juge d'instruction. Mais une question demeure : pourquoi avoir interrogé les membres de la famille Dominici tout en leur permettant de garder de très proches contacts. Une interdiction de communication dès le premier jour aurait-elle permis une meilleure gestion de ce dossier ? Tout accusé le mentionnera : comment faire pour charger un membre de sa propre famille alors qu'il faudra, par la suite, continuer de fonctionner avec les autres?

     

      

    Le système juridique français

    L'action de la justice dans le cadre de cette affaire, dont le procès mené uniquement à charge et la partialité du président de la cour d'assises a été fortement critiquée par les commentateurs.

    La fonction principale d'un juge d'instruction est d'instruire à charge et à décharge. Sa tâche doit se limiter, sur les plans procédural et technique, à établir des faits, à valider ou invalider des déclarations ou des informations, à fournir des preuves, ou du moins un faisceau de présomptions crédibles concordantes. Dans l'élaboration de son dossier, il doit œuvrer de façon impartiale et objective. Le juge d'instruction prend seul, avec l'avis du Parquet, une décision au vu de son propre travail, se faisant juge et partie de son dossier sans aucun contrôle, ce qui lui confère un pouvoir exorbitant et arbitraire.

    Jean Giono étudiera en particulier les différences entre le langage de l'accusé (30 à 35 mots selon lui) et celui de la Cour d'Assises (plusieurs milliers de mots). Il écrivit Notes sur l'affaire Dominici .

     

      

      

    Postérité

    Films inspirés de l'affaire

     

     

     

      

    Documentaire

    • Orson Welles réalisa pour la télévision un documentaire demeuré inachevé sur l'affaire. La quasi intégralité de ses images ont été retrouvées et regroupées dans un documentaire intitulé
    • L'Affaire Dominici par Orson Welles, réalisé par Christophe Cognet.

    Théâtre

    • 2010 : Dominici, un procès impitoyable, de Marc Fayet, mise en scène Robert Hossein.

     

     

    WIKIPEDIA

    PHOTOS diverses - réelles et cinéma

    Le plus vieux condamné de France; Gaston Dominici en prison au
    Beaumettes, à Marseille, regarde passer un avion au loin qui lui rappelle peut être sa liberté. .

    A sa Libération, le 14 juillet 1960, Yvette et Gustave, à bord de leur Renault 4 Chevaux, conduisent une dernière fois, Gaston à la Grand'terre .

    Il fait le tour du domaine et se souvient….

    Tiens donc, alors que personne ne lui rendait visite en prison,

    Gaston est choyé à sa sortie...pour éviter qu'il ne parle ?

      

    Il est ensuite recueilli dans cette maison, qui se cache derrière les arbres, par une de ses fille ; Augusta Caillat, qui est garde barrière à Sainte Tulle.

    Le « Patriarche de Lurs » , Gaston Dominici, dans le petit village de Montfort ( 04 ) où il fut recueilli par une de ses filles après être aller
    quelque temps chez une autre de ses filles, qui était garde barrière .

    En 1954 le président René Cotit avait commué la peine de mort de Gaston Dominici en prison à vie, puis le 14 Juillet 1960, le président De Gaulle, le gracie, après un numéro de l'émission de télévision « 5 colonnes à la une » qui apitoya à tort ou à raison les Français.

      

    L'affaire Dominici - Le triple crime de Lurs

    Hypothèses et controverses - analyse et exploration de l'affaire - les faits - Les documents - Les ouvrages dédiés à l'affaire Dominici - Le crime de Lurs - Discussions - Les divers protagonistes - L'enquête - Les témoignages - Extraits de coupures de presse - Les contradictions - Les constatations - La contre-enquête du commissaire Chenevier - Le rôle des médias - Les certitudes et les zones d'ombre - L'affrontement entre la police et le suspect - Un procès - Un jugement - Un verdict


    Quelques lignes et quelques photos peuvent t'elles résumer toute cette affaire? Certainement que non!
    Beaucoup de zones d'ombres demeurent, malgré la présence de certitudes. Un jugement a été rendu et il ne peut être contesté. Gaston Dominici a été jugé coupable.
    Mais était t'il le seul coupable?
    Quelle était réellement la cause ou plutôt le mobile de ce triple crime? Et comment cela s'est'il déroulé?
    Personne ne peut avoir la prétention d'éclairer tous les méandres de cette affaire, qui sans doute resteront obscurs, et ce, pour l'éternité,
    cependant, nous pouvons en toute humilité émettre des hypothèses.
    Mais en se gardant bien de tenter de les imposer comme des vérités. L'honnêteté interdit d'imiter certains auteurs ( Pas tous ) qui affabulent dans le seul but d'exploiter le
    " filon Dominici " , car chacun peut voir combien d'ouvrages ont été publiés depuis, et tout le monde se souvient des téléfilms consacrés à l'affaire Dominici.
    Parmi les auteurs, il y a eu des gens intègres et qui ont su se modérer, ne préférant pas inventer ce qu'ils ignoraient refusant de manipuler l'opinion. Citons par exemple:
    Gabriel Domenech, Jean Laborde, Yves Thelene. On peut également citer les journalistes Sultan et Deniau lesquels ont le mérite d'avoir retrouvé l'affabulateur notoire Barthowski,
    lequel a purement et simplement prouvé qu'il s'inventait des " vies " sans doute pour combler la sienne qui n'est sans doute pas extraordinaire, c'est le moins que l'on puisse dire.
    Dommage pour ces deux journalistes que leurs " hypothèses " émises à la fin de leur livre sont " travaillées " comme si elles étaient des vérités absolues et incontournables.
    Dommage, vraiment! Car ils n'ont rien d'autre que leur imagination pour soutenir leurs scénarios.
    Pour les autres auteurs, hélas, l'humilité fait largement défaut, et ne tentent que de faire passer leurs
    " hypothèses " étayées sur leurs propres convictions, mais sans preuves établies, comme des certitudes.
    Rappelons qu'une " intime conviction " est propre à chacun et ne peut prétendre être imposée aux autres comme la vérité, surtout quand aucune preuve irréfutable ne vient la soutenir.
    Le filon Dominici est rentable.. Il y a gros à parier que la liste d'auteurs improvisés sur cette affaire n'est pas prête de se limiter à ceux déjà existants et que d'autres joueront les
    " éclaireurs " et découvreurs à retardement plus de 56 ans après les faits.
    Rendons grâce aux lecteurs, qui avec discernement, sauront ne pas être dupes!
     
     
     

    Les 5 ouvrages sur l'affaire Dominici réellement reconnus comme sérieux ci dessous:


     
         
     
    Nous pourrions éventuellement y ajouter les ouvrages du commissaire Chenevier qui dirigea la contre-enquête, lesquels sont aussi intéréssants.
     
    Tous les autres ouvrages en dehors de ceux cités au dessus sont à éviter absolument, sauf si le lecteur s'intérésse à tout, mais pas à la véritable affaire Dominici-Affaire de Lurs

     

     

     

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    Joseph Doucé, pasteur des homosexuels, transsexuels, sadomasochistes, et aussi des pédophiles : une vie et une mission sulfureuses, une mort pour le moins mystérieuse. En juillet 1990, il est enlevé et retrouvé mort trois mois plus tard. Rapidement, un possible coupable émerge : un inspecteur des renseignements généraux. Il était chargé de surveiller le pasteur et les pratiquants de son Centre du Christ Libérateur, surtout les pédophiles. La police criminelle est chargée d'enquêter.

    L'inspecteur des RG soupçonné choisit Jacques Vergès pour le représenter. L'avocat détourne l'accusation et affirme que des personnalités impliquées dans un réseau pédophile, bien connu du pasteur, seraient les commanditaires de l'assassinat.

    Entre deux reconstitutions sans intérêt, qui font écho au ton dramatique de Christophe Hondelatte, ce nouveau numéro de Faites entrer l'accusé énumère les contradictions de l'affaire. Il met le doigt sur les limites d'une police qui a du mal à mettre en cause l'un des siens, mais comme tant d'autres, l'émission s'achève sur un point d'interrogation.

    Rozenn LE SAINT.

     

     

     

     Faites Entrer L'accusé   -   La Disparition Du Pasteur Doucé 

      

     Joseph Doucé (né le 13 février 1945 à Saint-Trond en Belgique - mort très probablement le 19 juillet 1990 dans la forêt de Rambouillet) est un pasteur baptiste (excommunié) belge, diplômé en psychologie-sexologie à l'université protestante d'Amsterdam, naturalisé français en 1982. 

      

    Centre du Christ Libérateur

    Né dans una famille paysanne néerlandophone, après avoir servi comme volontaire dans une division de l´OTAN à Limoges, (où il reçut le degré de caporal), il fit des études dans un séminaire catholique en Belgique. Juste après ses années de Latin et Humanités, il fut accepté dans l´Europa Seminar (aussi catholique) à Maastricht en 1965. Une année après il s´est converti au protestantisme. Il fonde en 1976 le Centre du Christ Libérateur (CCL) à Paris. Ce Centre du Christ Libérateur a été un espace d'accueil et de parole pour les croyants appartenant aux minorités sexuelles : homosexuels, transsexuels[1], sado-masochistes, pédophiles. Il crée une maison d'édition, Lumière et Justice, qui publie sous sa direction les ouvrages collectifs La question transsexuelle (1986), Couples homosexuels et lesbiens : juridique et quotidien (1987), La pédophilie en question (1988) et Le sadomasochisme en question (1989).

    Son assassinat

    Il a été assassiné dans des circonstances non élucidées. Enlevé le 19 juillet 1990, il est retrouvé mort dans la forêt de Rambouillet le 24 octobre de la même année.

    Cet assassinat mystérieux a donné lieu à de nombreuses rumeurs. Selon le livre de Bernard Violet Mort d'un pasteur[3] Joseph Doucé fréquentait des patrons de revues pédophiles. Il était, selon son compagnon, surveillé par les Renseignements généraux. L'inspecteur des RG chargé de sa surveillance (Jean-Marc Dufourg, patron de la cellule des RG des GER, Groupe des enquêtes réservées) est interrogé par la police car soupçonné du meurtre ; il prend pour avocat Jacques Vergès. L'enquête ne permet pas de l'impliquer mais il est révoqué pour une autre affaire. En octobre 2007, un non-lieu est prononcé sur cette affaire[.

    L'affaire de l'ex-pasteur Doucé est évoquée dans l'émission Faites entrer l'accusé lors de la saison 5 (2004/2005).

     

     

     Wikipedia

     

     

     

     

     

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    La tuerie de Belhade

     

     

    La tuerie de Belhade garde sa part de mystère

     

    Le 15 décembre 1985, deux hommes et une femme étaient assassinés dans le relais de chasse incendié de Belhade (40). Deux procès d'assises n'ont pas permis de découvrir le mobile du crime
     

    Lors du procès de 1993, Horvath, Ardanny, Barthélémy (de gauche à droite) sont condamnés à la perpétuité et Maillet à 18 ans de réclusion pour l'assassinat de Bonnefon, de sa compagne et du garde-chasse dans la ferme landaise. Un dossier instruit par le juge Vennetier (avec un polo). Ph. «S O»
     

    Lors du procès de 1993, Horvath, Ardanny, Barthélémy (de gauche à droite) sont condamnés à la perpétuité et Maillet à 18 ans de réclusion pour l'assassinat de Bonnefon, de sa compagne et du garde-chasse dans la ferme landaise. Un dossier instruit par le juge Vennetier (avec un polo). Ph. «S O»

    Seule dans sa chambre, son épagneul breton couché au pied de son lit, Marie-France Le Berre se réveille en sursaut. Des cris, des coups de feu, des gémissements, une explosion. À demi consciente, mue par un réflexe de survie, elle ouvre la fenêtre, son chien dans les bras et court, pieds nus en chemise, se jeter dans un roncier. Il est à peine 3 heures du matin.

      

    Des silhouettes s'agitent devant la maison qui s'embrase au cœur de la forêt, à quelques kilomètres du minuscule bourg de Belhade dans la Haute-Lande. Une voiture démarre et passe en trombe devant la cachette de cette femme de 40 ans, épouvantée par ce qu'elle devine, sans vouloir encore l'accepter.

    Son frère Jean-Claude Bonnefon, le propriétaire du relais de chasse de la Leyre, à qui elle venait souvent donner la main le week-end, a été achevé d'une balle dans la tête. Il n'est pas le seul. À l'aube du 15 décembre 1985, les pompiers de Pissos et de Luxey dégageront des décombres deux cadavres calcinés.

    Celui de Lucienne Cousse, sa compagne de vingt-cinq ans son aînée, abattue dans le couloir, et celui de Jean-Michel Linder, un jeune garde-chasse exécuté dans son lit.

    Dans la pénombre, la rescapée n'a pu identifier aucun des tueurs. Elle l'ignore encore, mais son témoignage va se révéler lourd de conséquences.

    Quatre ans plus tard, en novembre 1989, c'est dans un silence impressionnant que les jurés des Landes écoutent sa déposition entrecoupée de sanglots. Des cinq hommes réunis dans le box des accusés, elle ne connaît que Jean-Jacques Horvath. Cet ancien garçon boucher de 42 ans, devenu proxénète à la fleur de l'âge, était un habitué du relais de chasse.

    Il y parquait sa caravane. Elle accueillait parfois des filles venues se mettre au vert après avoir tapiné sur les trottoirs de Bordeaux ou non loin de là, au Poteau à Captieux. Jean-Claude Bonnefon supportait de moins en moins la présence de Jean-Jacques Horvath dans cette propriété de 500 hectares. Quatre jours avant le triple assassinat, ils s'étaient violemment disputés.

    « Mon frère m'a dit que, s'il avait eu une arme sous la main, il le tuait, se souvient Marie-France Le Berre. Et la veille du drame, lorsque j'ai demandé des explications à Jean-Jacques Horvath, il m'a répondu : '' Ton frère, c'est une balance. Il mérite la mort, je le tuerai ''. »

    À ces mots, Jean-Jacques Horvath bondit de son siège : « Pourquoi tu dis cela, Marie-France, ce n'est pas possible. » Déterminée, la sœur de Jean-Claude Bonnefon ne recule pas d'un pouce.

    Barthélémy s'en vante

    Le soir du massacre, le proxénète disposait d'un alibi en béton. Cela n'avait pas dissuadé les limiers de la police judiciaire de le filer et de placer sous surveillance les lieux fréquentés par ses connaissances. Jean-Jacques Horvath était un familier du Petit Chef, un restaurant du quartier de la gare de Bordeaux, et du Couche-Tard, un bar de nuit du marché des Grands-Hommes.

    Il semblait inséparable de Francis Ardanny, 36 ans, un ancien videur au casier judiciaire déjà défloré, soupçonné de tirer ses revenus du racket.

    Jean-Bernard Barthélémy s'asseyait souvent à leur table. La trentaine bien sonnée, ce pupille de la Ddass est un être fruste, aux réactions imprévisibles, dont la conduite attire fréquemment l'attention des services sociaux. Sans travail fixe, il mène dans le Sud-Gironde une existence à la frontière du quart-monde. Il vit non loin du domicile de Francis Ardanny à qui il voue une admiration sans bornes. En perpétuelle quête de reconnaissance, il n'est pas homme à savoir tenir sa langue.

    Quelques semaines après le crime, lors d'une soirée alcoolisée passée au Couche-Tard, il se vante bruyamment d'être l'auteur du « coup de Belhade ». Horvath lui intime l'ordre de se taire. Trop tard. Le propos ne tarde pas à remonter à l'oreille des enquêteurs.

    « Sur ordre d'Ardanny »

    Placé en garde à vue en mai 1986, Jean-Bernard Barthélémy s'allonge comme un premier communiant et donne aussitôt les noms de ses complices, deux gamins de 20 ans : Pascal Maillet, le fils de sa compagne, et Jean-Pierre Alario, le plongeur du Petit Chef, en rupture de ban avec la communauté des Témoins de Jéhovah à laquelle appartiennent ses parents.

    Nul ne saura jamais exactement qui a fait quoi cette nuit-là au sein de ce trio de paumés. Même s'il est probable que Pascal Maillet, surpris de voir Jean-Claude Bonnefon ouvrir la porte avec un objet tranchant, a tiré le premier.

    « Ardanny nous avait envoyés pour tuer. » Jean-Bernard Barthélémy l'a dit lors de plus de trente auditions. Il le martèle encore devant les jurés. Mais jamais il n'accuse Jean-Jacques Horvath. L'avocat général Gérard Ilbert dépeint pourtant le souteneur comme « le chef d'orchestre » d'une tuerie destinée à éliminer Jean-Claude Bonnefon. Cet ancien buraliste bordelais s'était semble-t-il accommodé dans un premier temps de la présence de plusieurs proxénètes sur le domaine. A-t-il payé de sa vie son souhait de les voir déguerpir ?

    Soudés comme des frères siamois, Francis Ardanny et Jean-Jacques Horvath nient farouchement avoir même voulu chercher à l'intimider. Faire de Belhade un lieu de transit pour les prostituées, le transformer en officine de fausse monnaie ou en parking de passage pour les voitures volées…

    Les hypothèses n'ont pas manqué. Aucune d'entre elles n'a pu être validée par les policiers. Et l'instruction conduite par le juge Christian Vennetier a constamment buté sur le mobile du massacre.

    Pris dans une toile

    L'absence de preuves irréfutables n'empêche pas l'avocat général de bâtir un scénario crédible et de distribuer des rôles conformes au profil des accusés. Prisonniers de leurs personnages peu flatteurs, Ardanny et Horvath sont pris dans une toile dont ils ne peuvent se dépêtrer. Depuis le premier jour du procès, leurs avocats évoluent dans une atmosphère guère propice au doute.

    Les jurés ne posent d'ailleurs aucune question. Me Pierre Blazy, le conseil de Francis Ardanny, les prend à témoin comme on jette une dernière bouée à la mer.

    « Comment accorder du crédit à cet invraisemblable trio de bras cassés qui partent peut-être sans savoir qu'ils vont tuer et tuent sans savoir pourquoi ? Ardanny aurait confié à ces pauvres bougres le soin de régler ces affaires et celles d'Horvath. C'est inepte, insensé.

    Il y a incompatibilité entre son intelligence et cette histoire de cinglés. » Mais ses mots comme ceux de ses confrères, Me Rio, De Caunes, Rumeau, Ducos-Ader, se fracasseront contre la muraille de l'intime conviction.

    Après plus de six heures de délibéré, la sentence tombera comme une massue. Perpétuité pour tout le monde, à l'exception de Jean-Pierre Alario. « Deux innocents », lance Francis Ardanny avant que les gardes ne l'emmènent. « C'est dingue », murmure Horvath.

    Quatre ans plus tard, le second procès ne changera rien ou si peu, malgré la volte-face peu crédible des tueurs qui en feront des tonnes pour dédouaner Horvath et Ardanny. L'épouse de ce dernier, espérant sa libération et venue avec son permis de conduire, repartira avec.

    Le 15 décembre 1985, deux hommes et une femme étaient assassinés dans le relais de chasse incendié de Belhade (40). Deux procès d'assises n'ont pas permis de découvrir le mobile du crime.

     

    sources

    http://guymonsite.e-monsite.com/pages/la-tuerie-de-belhade-garde-sa-part-de-mystere.htmlurces

     

     

     

     

     

     

     

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  •  Faites entrer l'accusé ( émission de 2001 )

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    L'affaire de la Josacine empoisonnée

    11 juin 1994, une petite fille de 9 ans décède après avoir absorbé de la Josacine...

     


    Mystérieux décès d'une petite fille

    Samedi 11 juin 1994, à l'issue du journal de 20 heures de France 2, un communiqué des laboratoires Bellon indique qu'une fillette est morte par empoisonnement après avoir absorbé l'antibiotique le plus prescrit aux enfants, la Josacine. Il s'agit de la petite Emilie Tanay, 9 ans.

    Ce week-end de juin 1994 a un avant goût de vacance pour les enfants de Gruchet-le-Valasse en Seine-Maritime. L'école du village organise la traditionnelle kermesse de fin d'année scolaire. A cette occasion, Corinne Tanay confie sa fille Emilie aux Tocqueville pour le week-end. Leurs enfants sont dans la même classe. Depuis quelques jours la petite Emilie souffre d'un rhume tenace et sa mère, prévoyante lui laisse un flacon de sirop pour enfants.

    Toute fière de son déguisement de bouffon médiéval, la petite fille passe une excellente journée avec ses camarades de classe. En rentrant chez elle en fin d'après-midi avec les enfants, Sylvie Tocqueville donne une cuillérée de Josacine à Emilie. Soudain l'enfant est prise de malaise et s'effondre, foudroyée en quelques minutes. Les secours ne pouvant que constater son décès.

    Immédiatement, les soupçons se posent sur le flacon d'antibiotique. Par précaution, un communiqué est diffusé à la télévision et le médicament est interdit à la vente. Des milliers de mères inquiètes se débarrassent de leurs flacons.

    L'enquête disculpe très vite le laboratoire puisque, les analyses sont formelles, le poison a été introduit au tout dernier moment, soit dans l'après-midi du 11 juin. L'autopsie du corps de l'enfant révélant des traces de cyanure, l'affaire prend une toute autre tournure.

    La piste criminelle

    Au bout de quelques jours, un homme est suspecté par les enquêteurs. Jean-Marc Deperrois, 43 ans, est un notable du village. Il est le PDG d'une société d'imagerie industrielle, élu au conseil municipal et a des responsabilités dans le milieu associatif local.

    C'est un élément de sa vie privée qui va amener les policiers à s'intéresser à lui. Marié et père de deux enfants, il entretient, depuis plusieurs années, une liaison avec la secrétaire de mairie qui n'est autre que Sylvie Tocqueville.

    Placé sur écoute téléphonique, il reçoit quelques jours après le drame, un appel d'un prénommé Alain. Celui-ci s'inquiète de savoir s'il n'a pas été ennuyé à cause du «produit» qu'il venait de lui acheter. Gêné, Deperrois détourne la conversation mais désormais la police ne va plus le lâcher.

    Identifié, Alain travaille dans un laboratoire de la région parisienne qui a vendu à Deperrois, le 6 mai 1994, un kilo de cyanure de sodium.

    Ces indices concordant font du chef d'entreprise le suspect N°1. Il est incarcéré le 27 juillet 1994.

    L'enquête progresse

    Placé en garde à vue, Jean-Marc Deperrois commence par tout nier, y compris l'existence de son ami Alain et du fameux coup de fil. Mais face aux factures qui lui sont présentées par les enquêteurs il ne peut nier l'évidence.

    A la fin de sa garde à vue il déclare qu'il a bien acheté un kilo de cyanure de sodium pour son entreprise, un mois avant le drame, qu'il s'en est débarrassé dans la Seine, peu de temps après la mort d'Emilie, car il a paniqué en apprenant que la petite avait été empoisonnée par ce type de substance. Cependant il nie être un assassin et prétend avoir menti parce qu'il avait peur.

    Le mobile

    De leur côté, les policiers tentent d'établir le mobile de cet empoisonnement:

    Jean-Marc Deperrois, est fou amoureux de sa maîtresse, Sylvie Tocqueville. Il souhaite refaire sa vie avec elle, mais elle n'a pas les mêmes projets que lui. Elle tient à son mari, Jean-Michel, dépressif chronique qui souffre, parfois, de tachycardie.

    Or ce samedi 11 juin 1994, Sylvie lui raconte que son mari a encore fait une crise de tachycardie dans la nuit et qu'il doit prendre des médicaments pour se soigner. Profitant de la kermesse, Deperrois s'introduit chez les Tocqueville dans le but de supprimer son rival, Jean-Michel. Mais il se trompe de médicament et verse son poison dans le flacon de Josacine de la petite Emilie avec les conséquences que l'on sait.

    Eléments à charge

    Afin d'accréditer cette thèse, les enquêteurs se basent sur plusieurs éléments accablants Deperrois.

    L'analyse du cyanure retrouvé dans le flacon d'antibiotique démontre que les impuretés relevées proviennent du lot B 062 distribué par la société Prolabo en mai 1994. L'échantillon acheté par Deperrois à la même époque, de surcroît sous une fausse identité, provient justement de ce lot. En outre il est la seule personne a avoir acheté ce produit en mai 1994 en Seine-Maritime.

    Pour justifier cet achat il affirme avoir voulu réaliser des tests de matification des métaux. Questionnés à ce sujet, des spécialistes jugent cette procédure expérimentale assez hasardeuse. Toutefois, Deperrois est un autodidacte et en aucun cas un ingénieur chimiste.

    Ce qui est plus ennuyeux pour sa défense c'est qu'il s'est débarrassé du cyanure dans la Seine alors que la cause exacte du décès d'Emilie Tanay n'était pas encore établie.

    Le 31 août 1994, un nouveau témoignage vient confirmer l'hypothèse de la police. Les époux Madeleine, voisins immédiats des Tocqueville, affirment avoir vu le jour de la kermesse, Jean-Marc Deperrois sortir de la salle à manger des Tocqueville en leur absence, fermant la porte-fenêtre avec une clef. Ils précisent même qu'il portait des gants «beiges, transparents, resserrés au poignet, comme des gants de chirurgien».

    Après vérification, les enquêteurs trouvent chez les Deperrois des gants identiques à la description de Mme Madeleine. Ils découvrent aussi que, des trois clefs de la porte-fenêtre des Tocqueville, une a bien disparu.

    La défense contre-attaque

    Pour Maître Libman, le défenseur de Jean-Marc Deperrois, le mobile du crime ne tient pas debout. Selon lui, la liaison entre son client et Sylvie Tocqueville n'était pas aussi passionnée que l'on a voulu le faire croire.

    Pour preuve, Jean-Michel Tocqueville lui-même prend la défense de l'amant de sa femme face aux caméras des journalistes. Il leur explique que leur liaison ne lui a évidemment pas fait plaisir mais qu'ils se sont expliqués d'homme à homme et sont restés bons amis.

    De plus un important comité de soutien en faveur de Deperrois se créé dans le village, criant à l'erreur judiciaire.

    La défense de Maître Libman se base aussi sur le témoignage du Docteur Vue, le médecin des Tanay qui raconte aux enquêteurs avoir reçu Corinne Tanay et Sylvie Tocqueville en consultation trois jours après le décès d'Emilie.

    A cette occasion la mère de la victime lui aurait confié avoir remarqué l'aspect anormal du sirop antibiotique pendant sa préparation: effervescence, grumelage, petites précipitations, mauvaise odeur.

    Si tel est le cas, cela signifie que Jean-Marc Deperrois ne peut pas avoir préparé le poison qui aurait été introduit dans le flacon d'antibiotique avant son arrivée chez les Tocqueville.

    Le procès

    Le procès très médiatique de l'affaire de la Josacine s'ouvre le 2 mai 1997 à la cour d'assises de Rouen.

    Au cours de l'audience, l'exposé des résultats des analyses fait forte impression aux jurés et discrédite le témoignage du docteur Vue.

    En effet les expériences montrent que l'aspect du médicament décrit au médecin par Corinne Tanay (Qu'elle va d'ailleurs nier au cours du procès) ne peut s'observer que plusieurs heures après sa préparation qui consiste à diluer de la poudre jaune dans de l'eau minérale.

    Par ailleurs le poison n'a pas pu être introduit au moment de la mise en flacon dans le laboratoire car dans ce cas la poudre jaune aurait "caramélisé" compte tenu de la concentration en cyanure relevée par les experts.

    Le poison n'a pas non plus été versé au moment de la préparation de la solution. Les analyses ont trouvé une très riche concentration en zinc, signe que l'eau ayant servi à la dilution du poison provenait de vieilles canalisations. Or ces caractéristiques sont incompatibles avec l'eau prélevée au robinet des Tanay. Par contre l'un des robinets de l'entreprise de Jean-Marc Deperrois présente des taux de zinc semblables.

    En dépit de la présence de son comité de soutien et de plusieurs témoignages en sa faveur, Jean-Marc Deperrois est condamné le 24 mai 1997 à 20 ans de prison ferme.

    Menaces et insultes

    A l'issue du verdict, les amis du condamné laissent éclater leur colère. C'est sous leurs insultes et leurs menaces et sous escorte policière que les parents de la victime quittent le palais de justice.

    Depuis la condamnation de Deperrois deux clans s'affrontent à Gruchet-le-Valasse. D'un côté les partisans de son innocence, rejoints par des artistes et des notables de la région. De l'autre les parents d'Emilie et une petite poignée de fidèles.

    Les tensions sont telles que les Tanay sont obligés de quitter la région quelques mois pour échapper aux ragots.

    Pour situer le niveau de violence et de harcèlement que subissent les Tanay voici quelques extraits d'une lettre anonyme qu'ils ont reçue le jour de la Sainte-Emilie:

    «Ordures vivantes... parasites... salope, sale putasse... je sais où vous joindre, je ne vous lâcherai plus...Votre place est sous terre, même pas au cimetière mais dans une fosse à purin… La vermine... votre putain d'Emilie... est crevée depuis juin 1994, les asticots ont dû la bouffer.»

    Toutes les demandes de libération anticipée effectuées par l'avocat de Deperrois depuis sa condamnation ont été rejetées.
    article écrit le 10 aout 2005 par Mr MICHEL
     
     
     
     
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    Faites entrer l'accusé
    Jean Paul Leconte - Le tueur de la Somme

     

     

     

     

     

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     Suzanne de Canson, l'héritière dépouillée

      

      

    Suzanne de CANSON, l'héritière des "Papiers Canson"..

     

     

    Héritière d’une fortune colossale et d’oeuvres d’art d’une valeur inestimable, Suzanne Barou de la Lombardière de Canson a mené une existence surprenante qui l’a conduite à une fin tragique. A 18 ans, alors qu’elle vient tout juste de se marier avec un cousin germain, elle le quitte pour une femme de dix ans son aînée, Laurence Paul. Nous sommes en 1928 et son homosexualité la marginalise au sein de son milieu, mais aussi de sa famille, les richissimes Canson, dont le nom est celui du célèbre papier à dessin.

     

    Une grande partie de sa vie, Suzanne de Canson a vécu libre de toute contrainte, grâce au soutien financier de son père puis, après sa mort, en 1958, en revendant son héritage au gré de ses besoins. Composé principalement de toiles de maître et d’antiquités de grande valeur, il attirait les convoitises des rares personnes faisant partie de son entourage, mais pas seulement. L’art est un petit milieu où tout le monde se connaît et où tout se sait. Quand on apprend qu’un Murillo, « le Gentilhomme sévillan », fait partie du patrimoine de Suzanne de Canson, des acquéreurs se manifestent.

     

     

    En 1981, Pierre Rosenberg, qui fut conservateur au Louvre avant d’en devenir le président, lui adresse un courrier pour lui proposer de vendre ce tableau au musée.

      

    Celle-ci avait alors refusé parce qu’elle ne tenait pas les gens qui travaillaient pour le Louvre en haute estime. Sa soeur Jeanne Deschamps affirme qu’elle les considérait comme des malfrats. L’enquête d’Anne Gautier nous relate deux affaires en parallèle : celle concernant le dépouillement de la fortune de Suzanne de Canson par sa compagne, Joëlle Pesnel, et celle de son décès, en 1986, dans des circonstances particulièrement sordides (elle sera séquestrée et privée de nourriture jusqu’à ce qu’elle meure des suites des traitements ignobles qu’elle a subis).

      

    Témoignages et documents d’archives viennent éclairer cette ténébreuse affaire qui mêle argent, violence et trafic d’oeuvres d’art. Quant au tableau de Murillo, aujourd’hui nommé « Portrait de Fernandez de Velasco », il est exposé au Louvre. Au premier étage de l’aile Denon, salle 26.

     

    Tobias Géniès

      

    Suzanne Barou de la Lombardière de Canson :

    l’héritière du fameux papier à dessin "Canson".

     

    Une femme très riche, qui menait grand train, forte des toiles de maîtres, et des oeuvres d’art que son père lui avait léguées. De palace en palace, de la Côte d’Azur aux rives du lac Léman, elle vivait de ses rentes, gageant ou vendant ses biens, au gré de ses besoins. Mais un jour, Le Gentilhomme sévillan de Murillo, l’un des fleurons de sa collection, s’est retrouvé au catalogue du plus célèbre marchand d’art londonien, et le tableau est entré au Louvre…

     

    Une opération que Suzanne Barou de la Lombardière n’aurait jamais autorisée de son vivant.

     

    C’est ce qui a alerté l’un de ses amis. De fait, la vieille dame ne risquait pas de vendre son tableau : elle était morte ! Affamée et maltraitée, par une ex Miss Toulon qui lui volait peu à peu toutes ses oeuvres.

     

    Quand Jeanne Deschamps apprend la mort de sa soeur, Suzanne Barou de la Lombardière de Canson, celle-ci est déjà incinérée depuis plusieurs mois. L’antiquaire suisse, qui l’appelle pour lui annoncer cette mauvaise nouvelle, était un ami de Suzanne. Et il l’alerte car selon lui, quelque chose ne tourne pas rond : Suzanne est morte de la gangrène. Une maladie rarissime en 1987... et le Louvre vient d’acquérir Le Gentilhomme sévillan de Murillo.

     

     

     

     

    Une toile que Suzanne refusait de céder au prestigieux musée. Que s’est-il passé pendant les derniers mois de la vie de Suzanne ?

     

    Jeanne Deschamps consulte un avocat qui dépose tout de suite plainte pour vol et non-assistance à personne en danger. Les gendarmes d’Aix-en-Provence sont saisis.

     

    Et petit à petit, l’enquête de routine gagne de l’épaisseur. L’antiquaire suisse leur explique que madame de Canson était passée le voir peu de temps avant sa mort.

     

    Elle était accompagnée d’une femme, artiste peintre, Joëlle Pesnel, et d’un avocat toulonnais, Me Boissonnet.

     

    Deux personnes qui avaient fait fort mauvaise impression à l’antiquaire. C’est sous leur influence que madame de Canson semblait avoir décidé de lui retirer les toiles alors qu’elle l’avait auparavant chargé de vendre. Parmi elles, Le Gentilhomme sévillan.

     

    Et quand, un an plus tard, Louis Cellotti a reconnu le Murillo dans le catalogue de Christie’s, il n’en a pas cru ses yeux. Le tableau n’appartenait plus à Suzanne, mais à une certaine Jeanne Chappuis, décédée à Genève en 1979. Le catalogue Christies estimait le tableau à 10 millions de francs. Mais curieusement, le marchand d’art a renoncé à la vente et cédé l’oeuvre au Louvre à moitié prix…

     

    Les enquêteurs découvrent que Jeanne Chappuis, la vendeuse "officielle", n’est autre que la grand-mère de Joëlle Pesnel, la dame de compagnie de madame de Canson.

    Une ex miss Toulon, qui signe ses toiles sous le nom de Candice Kandy ! Une femme dont personne, dans l’entourage de Suzanne, n’a jamais entendu parler…

     

    Pour les gendarmes, aucun doute, la succession Chappuis a été créée pour spolier la vielle dame. Reste à le prouver. Ils s’intéressent donc à cette Joëlle Pesnel et découvrent qu’en 1985, elle a vécu plusieurs mois au Grand Hôtel de Toulon avec madame de Canson.

     

    A partir de cette date, Suzanne n’a plus donné signe de vie à ses proches et son état n’a cessé de se dégrader. D’ordinaire assez coquette, elle apparaissait alors négligée, amaigrie.

     

    Jusque là intraitable en affaires, elle était devenue craintive et se reposait aveuglément sur sa dame de compagnie et son conseil, Me Boissonnet. Au personnel du Grand Hôtel, Suzanne a confié que madame Pesnel "lui faisait des misères". Mais à l’époque, personne n’a pris au sérieux les élucubrations d’une vieille dame.

     

    Du coup, sa mort, quelques mois plus tard dans la villa de Joëlle Pesnel et dans des conditions sanitaires étranges, trouble les enquêteurs. Ils perquisitionnent la maison, et placent Joëlle Pesnel en garde-à-vue, avant de l’écrouer pour vol, faux et usage de faux ainsi que non-assistance à personne en danger.

     

    Les aide-ménagères, qui ont travaillé chez Joëlle Pesnel, décrivent en effet des scènes de vie épouvantables : Suzanne de Canson séquestrée dans une chambre avec un simple matelas.

     

    Une femme que Joëlle Pesnel lavait au détergeant. Squelettique, affamée, il arrivait à la vieille dame de manger ses excréments ! Mais les services sociaux n’ont rien vu.

     

    Décrite comme une manipulatrice, faussaire à ses heures perdues, Joëlle Pesnel, qui prétendait s’occuper d’une vieille tante à la rue, a bluffé tout le monde. Son tempérament de feu suscitait autant de crainte que de sympathie.

     

    Pour autant, les enquêteurs ne croient pas qu’elle ait pu monter cette captation d’héritage toute seule.

     

    Me Boissonnet est lui aussi inculpé pour non-assistance à personne en danger. Et le témoignage d’une ancienne secrétaire les met sur une nouvelle piste.

     

    Celle d’un ténor du barreau, spécialiste des successions prestigieuses, Maître Paul Lombard. L’avocat est soupçonné de complicité de recel, et usage de faux en écritures. Dans la foulée, la justice inculpe aussi Pierre Rosenberg, conservateur au musée du Louvre, pour complicité de recel.

     

    L’affaire prend alors une dimension nationale. Les médias s’emparent de l’histoire. Le Canard enchaîné s’interroge : "Un avocat du calibre de Me Lombard pouvait-il ignorer que la succession Chappuis n’était qu’un grossier montage ?" La justice tranche finalement en faveur de l’avocat et de sa collaboratrice qui bénéficient d’un non-lieu. Tout comme Pierre Rosenberg, le conservateur du Louvre. Mais Joëlle Pesnel et Robert Boissonnet, eux, n’échappent pas à la condamnation. La dame de compagnie est accusée de vol, faux en écriture, extorsion de signatures et séquestration. L’avocat, de faux, escroquerie et non assistance à personne en danger. Ils comparaissent en octobre 1991 devant les assises du Var à Draguignan.

     

    Elle prend 13 ans de réclusion criminelle. Me Boissonnet écope de 4 ans dont un avec sursis. Quant au Gentilhomme sévillan, il est toujours exposé au Musée du Louvre. 1er étage. Salle 26.

     

    http://teleobs.nouvelobs.com/la-selection-teleobs/20130327.OBS5837/suzanne-de-canson-l-heritiere-depouillee.html

     

     

     

     L'héritière du célèbre papetier suisse

    L'héritière du célèbre papetier suisse

    Suzanne Barou de la Lombardière de Canson, héritière du fameux papier à dessin Canson, menait grand train, notamment grâce aux toiles de maîtres léguées par son père.

     

     

    L'édito de Jacques Pradel

    L'édito de Jacques Pradel


    Bonjour à tous ! A la une de L’heure du crime, une sordide affaire de captation d’héritage qui a fait périodiquement la une de l’actualité entre 1987 et 1991.

    Au centre de cette histoire « digne de la série noire », une veille dame fantasque et pittoresque, Suzanne de Canson, héritière du fameux papier qui portait le nom de sa famille.

    Elle avait hérité de son père une collection où se mêlaient les signatures de Van Dyck, Titien, Watteau, Rembrandt et Murillo, entre autres.

    Suzanne de Canson a fini sa vie maltraitée et séquestrée, dans une villa du midi, par une ancienne tenancière de bar de nuit à Toulon, le Kandice Bar. C’est cette femme, qui se disait aussi peintre et amateur d’art, qui a vendu au Musée du Louvre le tableau de Murillo qui a déclenché l’affaire.

    Mon invité, Jean-Claude Larrivoire, dont les auditeurs d’RTL ont écouté les journaux pendant des années, s’est passionné pour cette affaire incroyable, dont il a suivi le procès qui devait valoir 13 ans de réclusion criminelle à Joëlle Pesnel, pour faux, usage de faux , séquestration, extorsion de signature et non-assistance à personne en péril…


    Jacques Pradel

     http://www.rtl.fr/emission/l-heure-du-crime/billet/jeudi-4-juillet-l-affaire-suzanne-de-canson-7762810163

     

     Une ténébreuse affaire

     

    Cinq années d'enquête ont été nécessaires à Mark Hunter, journaliste américain, déjà auteur d'une biographie de Jack Lang (« Les jours les plus Lang »), pour mener à bien « Le destin de Suzanne ». Un ouvrage brûlant, passionnant, qui raconte par le menu la fin de vie dramatique d'une vieille dame riche de quelques très beaux tableaux.

     

    « Les histoires où toutes les couches de la société se rencontrent sont rares », explique Mark Hunter, citant Tom Wolfe. Peu de gens, en effet, sont épargnés par un auteur qui a enquêté aussi bien dans le monde feutré du commerce d'art et des musées nationaux que dans les franges du milieu toulonnais. Il raconte, jour après jour, sur un rythme de thriller, l'enquête d'un petit juge confronté aux « puissants ». Une plongée passionnante dans la France des années 80. Entretien.

     

    Le Point :Le destin de Suzanne, c'est quoi ?

     

    Mark Hunter : C'est l'histoire d'une vieille dame d'origine aristocratique - Suzanne de Canson - qui va mourir parce qu'elle possède des tableaux très rares, très convoités. Une vieille originale qui, malgré cet héritage de son père, n'a plus de domicile depuis longtemps et traîne avec ses Murillo et ses Watteau sous le bras d'hébergement en hébergement. Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981, elle s'affole et passe les tableaux en Suisse. Sans autorisation, bien sûr. A un douanier qui s'inquiète des rouleaux qu'elle dissimule vaguement, elle rétorque vertement. « Vous n'allez pas ennuyer une vieille dame qui transporte de la toile cirée... » Finalement, le joyau de sa collection, le « Gentilhomme sévillan », de Murillo, se retrouve un jour au catalogue des ventes de Christie's.

     

    Le Point :La vieille dame n'est pas seule ?

     

    M. H. : Elle est tombée, au début des années 80, entre les mains d'une ex-tenancière de bar toulonnais, Joëlle Pesnel, qui l'héberge et espère profiter de l'héritage grâce à des faux confectionnés par un avocat local. Un homme en qui Suzanne de Canson a une grande confiance...

     

    Le Point :Jusque-là, rien de très original ?

     

    M. H. : Sauf que la vieille dame finit par mourir de faim dans la chambre où Joëlle Pesnel la séquestre. Cette dernière quitte fréquemment son domicile pour tenter de vendre les tableaux, et néglige de nourrir régulièrement Suzanne. La vieille dame, qu'elle fait passer pour une tante un peu folle, finit par mourir en septembre 1986. Les témoins qui l'ont aperçue dans les derniers mois dépeignent un spectacle apocalyptique : devenue incontinente, la vieille dame se nourrit quelquefois de ses propres déjections...

     

    Le Point :Un « petit juge », comme vous l'appelez, le juge Jean-Pierre Bernard, finit par s'intéresser à l'affaire ?

     

    M. H. : Suzanne de Canson a une soeur qui porte plainte après sa disparition. Le juge Bernard instruit alors une affaire qui le conduit rapidement à enquêter chez des vedettes de l'establishment : Président directeur du Louvre, Pierre Rosenberg, qui incarne la protection du patrimoine national, et un avocat de renom qui guigne alors l'Académie française, Paul Lombard. Pierre Rosenberg, « le » conservateur vedette des Musées nationaux, sera inculpé, ainsi que Paul Lombard. Tous deux bénéficieront finalement d'un non-lieu, mais, à l'époque, à l'automne 1988, le scandale dans la République est considérable.

     

    Le Point :Qu'est devenu le Murillo ?

     

    M. H. : Il a fini dans les collections du Louvre, qui l'a accroché dans les salles de ses collections espagnoles.

     

    Le Point :A-t-il été acheté de façon tout à fait régulière chez Christie's ?

     

    M. H. : Oui, mais il a été « négocié » par les Musées français à la moitié de sa valeur environ. N'oubliez pas que le tableau était sorti de France sans autorisation officielle. Alors, quel grand musée dans le monde allait risquer de se brouiller avec le Louvre et les Musées nationaux en achetant le tableau ?

     

    Le Point :Que voulez-vous dire ?

     

    M. H. : Précisément, qu'aucun grand marchand, qu'aucun grand musée ne va prendre le risque de contrarier le Louvre. Dans mon livre, je raconte l'histoire de la « Madone à l'escalier », un chef-d'oeuvre de Poussin lui aussi sorti illégalement du territoire français et acheté de façon tout à fait régulière, aux Etats-Unis, par le Musée de Cleveland pour environ 13,2 millions de francs. Le Louvre et les Musées nationaux ont aussitôt fait savoir qu'ils cessaient toute collaboration avec le musée américain.

     

    Pour ce dernier, cela veut dire moins d'expositions d'envergure montées, comme presque toutes les grandes manifestations de ce type, en association avec les Musées français, celles qui assurent à un musée le prestige... Le directeur du Musée de Cleveland a même été inculpé en France de « complicité de fraude à l'exportation ». Et averti que, s'il s'avisait de pénétrer sur le territoire français, il serait arrêté...

     

    Aujourd'hui, la « Madone », qui a figuré à l'exposition Poussin, est accrochée, pour vingt-cinq ans, en alternance à Cleveland et au Louvre. Avant de revenir définitivement au musée américain...

     

    Le Point :Cela se passe de la même façon pour le « Gentilhomme sévillan » ?

     

    M. H. : Quand Pierre Rosenberg et d'autres remarquent la toile, connue des services du Louvre - elle est même passée par les laboratoires de Magdeleine Hours et a laissé une trace dans les dossiers - ils n'ont qu'une idée, la faire rentrer en France. En accord avec sa direction, Pierre Rosenberg se rend donc à Londres, et commence à faire pression sur Christie's, qui n'est qu'intermédiaire dans l'affaire. Dans les formes, le tableau appartient à Mme Pesnel.

     

    La vieille maison de King Street, qui a versé 620 000 francs d'avance à Joëlle Pesnel, veut, évidemment, le vendre le plus cher possible. La commission est au pourcentage... Mais pas moyen pour Christie's d'éviter de le céder aux Musées nationaux, qui sont loin de disposer de moyens illimités, comme le Getty de Los Angeles, pour ne citer qu'un musée américain. En d'autres circonstances, Christie's aurait pu espérer le vendre pour au moins 9 millions de francs sur un marché en pleine flambée.

     

    Le Point :Le Louvre réussit cependant le tour de force de l'acquérir pour 5 millions de francs...

     

    M. H. : C'est ici qu'intervient Paul Lombard, grand maître du barreau, protégé de Gaston Defferre, à un moment où le ministre de la Culture s'appelle Jack Lang. Lombard arrange un entretien avec le Louvre.

     

    Fin renard, le directeur des Musées de l'époque, Hubert Landais, sait tirer avantage de la situation. Il offre 5 millions de francs. Christie's et Paul Lombard ne protestent pas. Le Louvre accroche le tableau dans les salles de la collection espagnole. Il est aujourd'hui toujours propriétaire du tableau.

     

    Le Point :Il en fait l'acquisition du vivant de Suzanne de Canson ?

     

    M. H. : Oui, mais sans avoir vu de titre de propriété ! Quelques semaines plus tard, Joëlle Pesnel devient la bénéficiaire d'un testament authentifié dans des conditions douteuses. La présence, lors de la vente, de plusieurs hommes de loi comme conseils de Joëlle Pesnel a certainement dû rassurer les futurs acquéreurs. Pesnel sera finalement condamnée à treize ans de prison par le tribunal de Toulon. Mais, entre-temps, le « petit juge » a dû abandonner l'instruction. Il a été muté de Toulon à Lille...

     

    Le Point :La morale de cette histoire ?

     

    M. H. : C'est une histoire très évocatrice des années 80. Des conservateurs sont chargés par le président de la République de bâtir le plus beau et le plus grand musée du monde dans l'enceinte même du palais royal de jadis, le Louvre. En voulant accroître le patrimoine national, ils ont été tentés, de plus en plus, de recourir aux méthodes qui régissent le secteur privé. Comme disait le successeur d'Hubert Landais, Olivier Chevrillon, lorsque vous achetez un fauteuil chez un antiquaire, est-ce que vous vous préoccupez de savoir s'il a été volé dans un château d'Anjou ?

     

    Cette attitude est typique de l'époque. Comme on le sait, beaucoup d'hommes politiques se sont permis des écarts... dans l'intérêt du peuple.

     

    Le Point :La volonté des conservateurs de s'ériger en protecteurs forcenés du patrimoine semble incongrue à un citoyen américain ?

     

    M. H. : L'idée selon laquelle la France, à l'heure actuelle, serait pillée sans contrepartie me trouble. A une époque de mondialisation, si la France bénéficie à l'étranger de ce préjugé si favorable de nation dotée d'une grande culture et d'un patrimoine artistique formidable, c'est aussi parce que des citoyens américains, ici ou là, dans des musées de San Francisco ou de Washington, peuvent voir des toiles de Georges de La Tour ou de Manet.


    http://www.lepoint.fr/actualites-litterature/2007-01-16/une-tenebreuse-affaire/1038/0/4682

     

     

      

     

      

    Affaire Canson: le Louvre veut garder le «gentilhomme».

     

     

     

     

    Le Gentilhomme sévillan faisait partie de l'héritage «capté» par la dame de compagnie de Suzanne de Canson. L'opération avait valu à Rosenberg une inculpation de recel en 1988. Les héritiers avaient alors renoncé à faire appel du non-lieu prononcé le 4 juillet 1990 en faveur du conservateur en échange d'un «arrangemenent». Me François Massot, leur avocat, a confirmé à l'agence France-Presse qu'une assignation a été envoyée le 18 septembre au Tribunal de grande instance de Paris «car le Louvre n'a pas l'air de vouloir honorer l'arrangement» en question.

    La Direction des Musées de France n'a, pour le moment, pas fait de commentaires. Selon Me Massot, l'ancien avocat des héritiers, Me Edgar Vincensini, leur avait écrit il y a cinq ans pour «confirmer que Me Jean-Denis Bredin, ancien défenseur du Musée du Louvre, détenait une lettre du Directeur des Musées de France promettant la restitution du tableau de Murillo contre remboursement du prix d'acquisition, augmenté des intérêts de retard».

      

      

    Selon les héritiers, cités par Le Monde, l'accord avec la Direction des Musées de France à la suite de ce non-lieu était ainsi libellé: «Les héritiers renonçaient à leurs poursuites tandis que le Louvre s'engageait à restituer le tableau contre remboursement du prix d'acquisition, soit un peu plus de 5 millions de francs. Il était spécifié que la restitution se ferait le jour où la culpabilité de Joëlle Pesnel et la qualité d'héritière de Jeanne Deschamps seraient établies».

      

      

    Me Massot rappelle que ces deux conditions sont remplies depuis respectivement octobre 1991 et mai 1994, et «qu'il faut obtenir la restitution au propriétaire du tableau de Murillo».

    (D'après AFP)

     

     http://www.liberation.fr/culture/1995/09/27/affaire-canson-le-louvre-veut-garder-le-gentilhomme_145415

     

     

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    L’affaire Seznec est une affaire criminelle dans laquelle Guillaume Seznec a été reconnu coupable du meurtre de Pierre Quéméneur. Le jugement a fait l’objet de plusieurs demandes de révision qui ont toutes été rejetées.

     

      

      

    L'affaire

    Joseph Marie Guillaume Seznec, né le 1er mai 1878, à Plomodiern, dans le Finistère, maître de scierie à Morlaix, a été reconnu "coupable de faux en écriture privée et du meurtre de Pierre Quéméneur", conseiller général du Finistère. Ce dernier a disparu durant un voyage d'affaires effectué entre la Bretagne et Paris avec Guillaume Seznec, voyage lié (selon ce dernier) à la vente à l'Union soviétique des stocks de voitures Cadillac rétrocédés à la France par l'armée américaine

    après le premier conflit mondial.

    Guillaume Seznec

    Étant la dernière personne à avoir vu Quéméneur vivant (selon une première enquête), Guillaume Seznec devint le principal suspect : il fut arrêté, inculpé et incarcéré ; et ce, bien que plusieurs témoins aient affirmé lors du procès avoir croisé Pierre Quéméneur après sa disparition, et que son corps n'ait jamais été retrouvé.

    Le procès de Seznec, au cours duquel près de 120 témoins furent entendus, dura huit jours et prit fin le 4 novembre 1924. L'accusé fut alors reconnu coupable, mais, la préméditation étant écartée, il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité alors que l'avocat général avait demandé la peine de mort.

     

    Il fut ensuite conduit au camp de la Transportation de Saint-Laurent-du-Maroni en 1927, puis transféré au bagne des Îles du Salut en Guyane française en 1928. Plusieurs ouvrages témoignent de la dureté du bagne entretenu par la république française en Guyane (Albert Londres ; Au bagne. Claude Sylvane ; Notre bagne. Denis Seznec ; Seznec, le bagne ; Laffont. L'affaire Seznec en photos des assises au bagne ; Laffont).

     

    Guillaume Seznec a refusé une grâce présidentielle en 1933.

     

    Après la Seconde Guerre mondiale et la fermeture du bagne de Guyane, Guillaume Seznec bénéficie d'une remise de peine en mai 1946, il rentra en France métropole l'année suivante.

     

    En 1953, à Paris, il fut renversé par une camionnette qui prit la fuite. Retrouvé, son chauffeur prétendit qu'il n'avait rien vu.

     

    Guillaume Seznec mourut le 13 février 1954 des suites de ses blessures et sa dernière phrase a été "maman, on m'a trop fait souffrir".

     

      

    Chronologie et résultats de l'instruction de l'époque

    La chronologie des événements

    Le 25 mai 1923, après avoir passé la nuit à l'« hôtel de Paris », à Rennes, Guillaume Seznec et Pierre Quéméneur prennent la route de Paris à bord d'une voiture de marque Cadillac. Selon Seznec, Quéméneur doit rencontrer le lendemain à huit heures un certain Chardy ou Sherdly, premièrement Charley. Quéméneur avait indiqué à sa famille qu'il serait de retour le 28 mai. Au bout de quelques jours, la famille Quéméneur s'inquiète et va trouver Seznec pour lui demander des nouvelles. Il leur répond que, à la suite d'une panne de voiture, il a laissé Quéméneur à la gare de Dreux, où celui-ci a pris le train pour Paris. Il raconte ses ennuis successifs avec la cadillac qui devait être la première livrée à Charley.

    Le 13 juin, un télégramme signé Quéméneur est envoyé du Havre, principal port de départ vers l'Amérique avec le texte suivant : « Ne rentrerai Landerneau que dans quelques jours tout va pour le mieux - Quéméneur ». Le 20 juin, un employé de la gare du Havre, Joseph Hélonis, découvre une valise – « j'ai remarqué que la valise avait été fracturée » – écrira-t-il dans sa déclaration, avec des papiers au nom de Quéméneur et en informe sa famille.

    Le 22 juin, une instruction pour disparition suspecte est ouverte à Brest. Dans le cadre de cette instruction, la valise est saisie. Elle contient notamment une promesse de vente dactylographiée (ce qui à l'époque est rare) portant sur une vaste propriété avec manoir situé à Traou-Nez sur la commune de Plourivo près de Paimpol, appartenant à Quéméneur, au bénéfice de Seznec et pour une somme de 35 000 francs de l'époque, soit 33 500 euros (valeur 2009), sans rapport avec le prix d'un tel bien, mais que Quémeneur avait néanmoins acquis 3 ans plus tôt pour la somme de 25 000 francs, ce qui n'est donc pas si étonnant (cette propriété sera vendue 155 000 francs en 1925).

    Le 26 juin, Seznec est entendu par les gendarmes. Il explique que cette promesse de vente a été rédigée par Quéméneur et lui a été consentie contre la remise de 4 040 dollars-or qu'il venait de changer à Brest, les 35 000 francs ne représentant que le solde du prix de vente. Cette remise a eu lieu sans témoin. Selon Seznec, Quéméneur aurait eu besoin de liquidités pour traiter l'affaire des Cadillac qui l'appelait à Paris ; Seznec n'en sait pas plus, car, dit-il, dans l'affaire, son rôle s'est limité à recevoir pour Quéméneur des courriers adressés sur des enveloppes à en-tête de la chambre de commerce américaine de Paris. Mais ainsi Seznec pouvait faire d'une pierre deux coups : aider Pierre Quémeneur et se rendre propriétaire de la maison que Pierre Quémeneur lui avait déjà fait visiter.

    Il raconte le détail du voyage vers Paris, et comment, la voiture tombant régulièrement en panne, il ne pouvait pas décemment la laisser à Charley, il a dû laisser Quéméneur à Dreux et est rentré à Morlaix où il l'a portée au chauffeur de son camion, M. Sansom, qui réparait gratuitement les voitures de Seznec, c'était son métier.

     

     

    Le résultat de l'instruction de l'époque

    Comme huit témoins ont vu Seznec et Quéméneur ensemble à Houdan, à 60 km de Paris ; ils ont repris la route ensemble. Quéméneur n'a donc pas quitté Seznec à Dreux, mais bien à Houdan. Pourtant Seznec affirme qu'il y avait un café dans la cour de la gare, et un poteau métallique devant ledit café où la voiture s'est heurtée, ce qui a réveillé Seznec. Et cette description correspond à la gare de Dreux. Mais les policiers qui veulent en finir au plus vite, suggèrent très fortement à Seznec qu'il était à Houdan.

    Un témoin a vu Seznec seul au volant de sa voiture, au petit matin du jour suivant, à La Queue-lez-Yvelines, à 15 km d'Houdan sur la route de Paris. Ce témoin l'a aidé avec sa voiture en panne. Seznec reconnait ce fait.

    L'épouse de Seznec confirme que son mari a quitté son domicile le 12 juin en voiture. M° Bienvenu, avocat à la cour de Rennes, déclare au commissaire de police que Seznec, le 13 juin au matin était chez lui. Le 14 juin, Seznec est à Plouaret, une veuve et son fils l'ont vu prendre son camion.

    Selon plusieurs témoins, Seznec aurait été aperçu au Havre le 13 juin, jour de l'envoi du télégramme signé Quéméneur depuis cette ville. Il y aurait acheté la machine à écrire qui a servi à taper la promesse de vente. Cinq témoins ont confirmé ces faits. Il aurait utilisé un nom d'emprunt lors de ce séjour. Mais ils parlent d'un homme qui a les mains velues, et Seznec suite à un incendie a les mains dépourvues de poils.

    D'après la police, Seznec aurait été vu le même jour à la

    gare de Paris-Montparnasse à Paris, à 21 heures, où il prenait le train pour Plouaret. Seznec nie en bloc.

    Le 14 juin au petit matin, il aurait récupéré sa voiture à Plouaret, soit dans l'heure qui a suivi l'arrivée du train où il aurait été vu la veille.

    La police finit par découvrir le 6 juillet la machine à écrire ayant servi à rédiger les promesses de vente au cours de la troisième et illégale perquisition dans la scierie de Seznec. Perquisition improvisée après un coup de téléphone d'un anonyme, qui indiquait l'endroit exact de la machine à écrire – endroit déjà fouillé auparavant sans résultat.

    Des experts examinent la machine. Ils concluent qu'elle a bien servi à rédiger les promesses de vente (dont l'une aurait été remise par Seznec aux policiers parisiens, mais ce n'est pas la même) et que les mentions manuscrites prétendues écrites par Quéméneur sont en fait fausses.

    Dans la valise récupérée au Havre, il y avait également un carnet de dépenses, mentionnant notamment des billets de train Dreux-Paris et Paris-Le Havre, avec des prix erronés.

     

     

    Tentative de révision du procès

    Durant tout son procès et pendant les années qui lui restent à vivre, Seznec ne cessa de clamer son innocence. Ses descendants, et notamment son petit-fils Denis Le Her-Seznec (Denis Seznec), ont régulièrement sollicité la justice pour rouvrir le dossier, afin de le blanchir des accusations portées contre lui et obtenir sa réhabilitation.

    Afin de soutenir cette action, Denis Seznec, ses proches et ses sympathisants ont fondé à Paris en 1995 France Justice, association sous la loi de 1901. Cette association est membre du Comité français des organisations non gouvernementales (ONG) auprès de l'ONU.

    L'action efficace de France Justice (relayée par les médias) est à l'origine de la loi du 23 juin 1989 dite "loi Seznec", votée à l'unanimité au Parlement (fait rare). Elle modifie la procédure de révision des cas jugés en assise. Pour cela il faut « des faits nouveaux mettant en doute la culpabilité. » Signalons que sur les 2000 affaires ayant donné lieu à une procédure de révision, deux tiers ont été rejetées et le dernier tiers a été débouté.

    La notoriété de France Justice lui a permis d'attirer des personnalités : avocats célèbres, des parlementaires, le chanteur Yves Duteil (descendant du capitaine Dreyfus) et quelques-uns des innocentés comme Patrick Dils ou ceux innocentés lors du procès dit d'Outreau (Alain Marécaux, ...)

    Pour réhabiliter Guillaume Seznec quatorze demandes ont été examinées par la justice et ont toutes été rejetées.

     

     

    Monsieur SEZNEC à son retour du bagne, avec ses petits enfants

      

    La commission de révision des condamnations pénales a accepté, le 11 avril 2005, de rouvrir le dossier de la condamnation pour meurtre de Guillaume Seznec[2]. Cette décision pouvait ouvrir la voie à une éventuelle annulation de la condamnation prononcée en 1924 à son encontre. La Chambre criminelle de la Cour de cassation, statuant comme cour de révision, a examiné ce dossier le 5 octobre 2006.

    Lors de cette audience, le bénéfice du doute au profit de Guillaume Seznec a été demandé en évoquant plus particulièrement la possibilité d'une machination policière de l'inspecteur stagiaire Pierre Bonny (révoqué en 1935 de la police française pour fautes graves, condamné pour corruption, puis adjoint plus tard de Henri Lafont, le chef de la Gestapo française) dont le supérieur hiérarchique, le commissaire Vidal, fut chargé de l'enquête.

     

    De son côté le conseiller rapporteur Jean-Louis Castagnède a soutenu l'opinion inverse, arguant d'une part que cette manipulation lui semblait improbable du fait du faible nombre d'actes établis par Bonny (5 sur 500) et, d'autre part, que les expertises sollicitées par la cour de cassation avaient établi que Guillaume Seznec était bien l'auteur de la fausse promesse de vente de la propriété de Quéméneur sise à Plourivo.

    Le 14 décembre 2006, l'annulation de la condamnation de Seznec a été rejetée par la Cour de révision qui a estimé qu'il n'y avait aucun élément nouveau susceptible de faire naître le doute sur la culpabilité de Guillaume Seznec, constatant que l'existence d'une machination policière telle qu'alléguée est matériellement impossible et que la participation de l'inspecteur Bonny à une machination policière n'a pas été prouvée.

     

    Cette affaire semble close, une nouvelle demande de révision étant improbable.

     

    La famille Seznec avait dans un premier temps manifesté l'intention de saisir

    la Cour européenne des droits de l'homme, mais sur les conseils de ses avocats, elle y a renoncé.

     

      

    Adaptations et mises en scène

    Télévision

    Théâtre

    La pièce est une adaptation du procès en Cour d'assises, réalisée d'après le dossier d'instruction, fourni par l'un des avocats de la famille Seznec, Me Baudelot, et les journaux de l'époque. Invité à se prononcer, à l'issue de la pièce, sur la culpabilité ou l'innocence de Seznec, le public a systématiquement « acquitté » le prévenu à plus de 90 % en moyenne.

     

      

    Musique

    Une partie de l'album Portraits du groupe Tri Yann reprend l'histoire de l'affaire Seznec.

    Littérature

    Le roman de science-fiction 49302, de Nathalie Le Gendre (édition La Flèche, janvier 2006), se déroule dans les années 2100 et raconte l'histoire d'un descendant de Guillaume Seznec, qui est emprisonné à tort dans un bagne sur la planète Syringa. La postface est rédigée par Denis Seznec, petit-fils de Guillaume Seznec.

     

    SOURCES

    WIKIPEDIA

     

     LIENS

     http://www.breizhoo.fr/informations/actualite-1204-seznec-c-est-oui.html

     

    France Justice

    http://www.france-justice.org/?p=342

     

     

    L'Affaire Seznec : les protagonistes

     

    Pierre Quemeneur Guillaume Seznec La famille Seznec Maître Pouliquen L'inspecteur Bonny Le juge Hervé

     


    Suite | Sommaire



    Pierre Quemeneur 

     Pierre Quemeneur

     

    Pierre Quemeneur est né en 1877 à Commana (Finistère), près de Landivisiau, dans une famille de paysans.
    La vente de la ferme familiale lui permet d'acquérir un commerce.

    En 1914, il est élu conseiller municipal à Commana. Son commerce marche bien mais est loin d'être florissant. La guerre l'enrichit.

    Avec les bénéfices, il fait construire sa propriété de Landerneau. Il acquiert également le domaine de Traou-Nez, sur les bords du Trieux, en Plourivo (Côtes-du-Nord à l'époque). C'est une magnifique propriété boisée de 90 hectares. Il en confie l'exploitation à son frère Louis. Il y va rarement.

    En 1919, il est élu Conseiller général du Finistère. Il espère un siège de député aux élections de 1924.
    1922. Il rencontre Guillaume Seznec. Les deux hommes sympathisent et font des affaires ensemble.

    En 1923, Pierre Quemeneur est un notable, aimable, bon vivant. Il réside dans sa maison de Landerneau, avec sa soeur Jenny. Toutefois, le fisc le poursuit pour bénéfices de guerre et lui réclame beaucoup d'argent. Mais cela, tout le monde l'ignore...

     


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    Guilllaume Seznec

     Guillaume Seznec

     

    Guillaume Seznec est né le 1er mai 1878 à Plomodiern (Finistère), au flanc du Menez Hom, face à la baie de Douarnenez.


    Bien que né dans une famille de paysans, il est peu attiré par le travail de la terre; il se passionne très jeune pour la mécanique.

    En 1906, il épouse Marie-Jeanne Marc. Ils ouvrent un commerce de vélos.
    Marie-Jeanne est enceinte. Un incendie ravage son magasin. Pour sauver son épouse, son enfant et sa marchandise, Guillaume Seznec pénètre à deux reprises dans la fournaise. Il en garde des mains gravement brûlées et des cicatrices remarquables au visage.

    En 1912, ils ouvrent une blanchisserie industrielle à Brest, puis une seconde à Morlaix. Ils travaillent pour l'armée française d'abord, américaine ensuite. Elle paie bien. Les dollars s'accumulent.

    1923. La blanchisserie devient une scierie. L'affaire éclate.


    Condamné au bagne, il quitte la France en 1927. Il y reste jusqu'en 1947. Il débarque au Havre le 1er juillet où sa famille et la foule l'acclament.

    En novembre 1953, Guillaume Seznec est renversé par une camionnette à Paris. Plusieurs témoins disent qu'un individu l'a poussé sous les roues.
    Il décède le 13 février 1954, "conséquence directe de son accident" dit le médecin légiste. Il est enterré à Plomodiern, son village natal, auprès de sa mère.

     


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    La famille de Guillaume Seznec

     

    La mère de Guillaume Seznec, Marie-Anne Colin, a 75 ans au moment des faits. Elle ne doute pas un instant de l'innocence de son fils. A la mort de l'épouse de Guillaume Seznec, âgée de 82 ans, elle poursuit le combat pour la révision du procès. Elle meurt en 1935, sans revoir son fils.

    La famille de Guillaume Seznec Guillaume Seznec épouse le 18 juillet 1906 Marie-Jeanne Marc. Au début de l'Affaire, le couple a 4 enfants (de gauche à droite) :

     

    • Albert, 9 ans
      Il est retrouvé mort dans son appartement en avril 1965, dans des circonstances qui permettent de douter qu'il s'agit d'un accident.
    • Marie, 15 ans
      Elle entre chez les Carmélites avec l'espoir d'aller soigner les bagnards lépreux dans les îles et ainsi se rapprocher de son père. Elle meurt en 1930, à l'âge de 21 ans, de tuberculose aggravée par une vie de privations et sacrifices.
    • Guillaume, 13 ans
    • Jeanne, 11 ans,
      Elle épouse plus tard François Le Her, principal témoin de la défense de Guillaume Seznec. A la mort de sa grand-mère, elle prend la suite du combat à la quête de la vérité.
      Elle meurt à Paris le 15 avril 1994 et est enterrée à Plomodiern, aux côtés de son père et de sa grand-mère.

     

    Marie-Jeanne s'épuise à défendre Guillaume Seznec alors au bagne. Gravement malade et vivant dans la misère, elle meurt à l'hôpital en 1931, sans revoir son cher époux.

     


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    Maître Pouliquen

     

     

    Maître Pouliquen

     

    Beau frère de Pierre Quemeneur, Jean Pouliquen est notaire à Pont-L'Abbé.
    Le Conseiller l'a aidé à acquérir son étude en lui prêtant la somme de 160 000 Francs.

    Avant de partir, Pierre Quemeneur lui demande de rembourser une partie de sa dette : qu'il lui adresse un chèque de 60 000 F, poste restante, dans un bureau de poste parisien.

    Pierre Quemeneur assassiné, c'est lui (son épouse, soeur du Conseiller) qui hérite; dans le cas d'une simple disparition, il lui faudrait attendre 30 ans. Il le sait bien, il est du métier !

    Durant l'enquête et le procès, il est un ardent accusateur de Guillaume Seznec.



    Récemment, les meilleurs spécialistes ont examiné avec les techniques les plus modernes les faux documents attribués à l'époque à Guillaume Seznec. Pour eux, ce n'est pas Seznec le rédacteur; par contre, ils trouvent des ressemblances avec l'écriture du notaire.

     

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    L'inspecteur Bonny 

     

     

    L'inspecteur Bonny

     

    En 1923, Pierre Bonny a 28 ans.
    Il est policier depuis 1918 et a fait preuve de talents qui lui ont valu d'être affecté à la Sûreté générale (police secrète).

    Dans l'Affaire, il sera l'adjoint du commissaire Vidal, chargé officiellement de l'enquête.
    En fait, c'est l'inspecteur Bonny qui pilote, influence et tire toutes les ficelles.
    Il s'intéresse plutôt aux éléments à charge qu'il fouille, amplifie, et oublie les vérifications élémentaires qui pourraient innocenter l'accusé.

    On le retrouve plus tard dans de nombreuses autres affaires, toutes aussi sombres, dont l'Affaire Stavisky, l'Affaire Prince.

    En 1934, il est chassé de la police pour trafic d'influence et détournement de fonds.



    Durant l'occupation allemande, il est l'auxiliaire de la Gestapo; c'est lui le triste acolyte de la bande Bonny et Lafont.

     


    A la libération (décembre 1944), il est condamné à mort et fusillé.

     

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    Le juge Hervé

     

     

    Le juge Hervé

     

    Pendant la "Grande Guerre" (1914-1918), Charles-Victor Hervé est le chef d'un service de contre-espionnage.
    Cela lui vaut d'être nommé juge de Paix à Pontrieux.

    Il est passionné, excessif même.

    En octobre 1924, il reçoit le témoignage des hommes d'équipage d'une gabare draguant du sable dans le Trieux : une nuit, peu après la disparition de Pierre Quemeneur, face à Traou-Nez, ils entendent plusieurs coups de feu.

    Dès lors, le juge Hervé enquête, défend cette thèse à laquelle il croit. Il soutient la cause de Guillaume Seznec ardemment, même après qu'il quitte ses fonctions.

    Il écrit même un ouvrage intitulé Justice pour Seznec.

     


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    Page réalisée par Claude DEVRIES et mise à jour le 10 janvier 2000

    Souces

    http://www.bretagnenet.com/strobinet/seznec/prota.htm#Famille

     

     

     

     

     

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    Toulouse, pages d’histoire

     

     

     

    L’affaire Calas

     

    Le 13 octobre 1761, au 50 rue des Filatiers, le marchand Jean Calas, son épouse Anne-Rose, deux de leurs fils Marc- Antoine et Pierre, dînent avec Gaubert Lavaïsse, un ami, en présence de la servante Jeanne Viguière Le peuple accuse Jean Calas de la mort de son fils - Casimir Destrem - 1879

     

    Peu après le repas, Marc-Antoine se lève de table pour aller jouer au billard dans une rue voisine. Vers 21 heures, en raccompagnant Gaubert Lavaïsse, Pierre découvre le corps étendu de son frère Marc-Antoine, garrotté par une corde, dans l’arrière-boutique dont la porte donnant sur la rue est entrouverte.

     

    Leurs cris alertent famille et voisins.

     

    Vers 22 heures, sous la direction du capitoul David de Beaudrigue, les autorités arrivent sur les lieux. Le capitoul est déjà persuadé que la famille, aidée de Gaubert Lavaïsse, s’est rendue coupable du meurtre de Marc- Antoine. Sa conviction est que le père Calas, de religion protestante, n’aurait supporté que son fils aîné abjure la religion interdite, comme l’avait fait avant lui un de ses frères, Louis.

     

    Toute la ville approuve cette version des faits. En effet, Toulouse a toujours été un bastion catholique durant les guerres de Religion. Cette affaire suffit à enflammer les vieilles passions religieuses des Toulousains.

     

    Sur les conseils d’un ami avocat, les Calas se contredisent et plaident le suicide. Ce changement conforte Beaudrigue dans ses convictions et décide d’inhumer Marc- Antoine dans un cimetière catholique, ce qui impliquait qu’il ne s’était pas suicidé et qu’il s’était bien converti au catholicisme.

     

    Les adieux de Calas à sa famille - Daniel-Nicolas Chowiecki - 1777Les témoignages affluent dans ce sens et le 18 novembre, le verdict tombe : Marc-Antoine ne s’est pas suicidé, il a été exécuté par le fanatisme huguenot. Les condamnés font appel à la juridiction supérieure, le parlement, mais l’enquête n’avance guère. Les preuves de leur culpabilité n’existent pas.

     

    Le 9 mars, la sentence est rendue. Jean Calas est condamné à mort après avoir été soumis à la question ordinaire et extraordinaire. Le lendemain, il est mené à la chambre des tortures de l’hôtel de ville, puis est conduit place Saint-Georges pour être rompu à coups de barre de fer. Pierre Calas est condamné au bannissement perpétuel tandis que les trois autres sont mis « hors de cour », c’est à dire libérés.

     

    Avant le jugement, l’histoire commence à faire des remous en France et à l’étranger, notamment dans les pays protestants. A Paris, le milieu éclairé des Lumières s’y intéresse. Voltaire prend le temps de réfléchir, se renseigne pour constituer un dossier et utiliser l’affaire. C’est en recevant la visite d’un autre fils de Calas, vivant à Nîmes, qu’il s’enflamme. Durant près de trois ans, le philosophe remue ciel et terre pour obtenir la réhabilitation de celui qu’il considère comme l’innocente victime du fanatisme des juges toulousains. L’affaire est évoquée devant le Conseil du roi en 1764 : la sentence des capitouls et les arrêts du Parlement sont cassés. La malheureuse famille Calas - Jean-Baptiste de Lafosse - 1765

     

    Tous les accusés et la mémoire de Jean Calas sont réhabilités le 9 mars 1765 par le tribunal suprême.

     

    Mais le mystère plane encore sur la mort de Marc-Antoine : assassinat du fait de son père, assassinat par un étranger venu de l’extérieur, suicide.

     

     

     

     

    SOURCES

    http://www.jacobins.mairie-toulouse.fr/expos/mvt/textes/TPH6_.htm

     

     

     

     

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  •  Fichier:JeanCalas.jpg

     

    L’affaire Calas est une affaire judiciaire qui se déroula au milieu du XVIIIe siècle à Toulouse, rendue célèbre par l'intervention de Voltaire.

    D'après l'historien Benoît Garnot[,  de l'université de Dijon, cette triste histoire est à la Justice (fort bien administrée) de l'ancien régime, ce qu'est l'affaire d'Outreau à la Justice actuelle. Elle fut essentiellement politique et non pas révélatrice du fonctionnement des tribunaux royaux qui étaient bien plus stricts, en principe, en matière de preuve que ne l'est actuellement la Justice. L'intime conviction d'un juge ne valait rien à l'époque. Cette affaire était déjà très obscure à l'époque, elle entraîna des nombreux abus de procédure dans l'administration de la preuve (usage dévoyé de l'adminicule et du monitoire, entre autres) . Les magistrats de la Cour royale rétablirent la veuve Calas dans ses droits et réhabilitèrent la mémoire de son défunt époux.

     

    L'affaire

    La famille Calas habitait au 16, rue des Filatiers (aujourd'hui n° 50) à Toulouse. Le 13 octobre 1761, le fils aîné, Marc-Antoine, est retrouvé pendu dans sa maison, à la poignée d'une porte. Le corps est découvert à 22 heures après le souper qui réunissait le père et la mère Calas, les deux fils Marc-Antoine et Pierre et un invité M. Gaubert. Meurtre ou suicide ? Toujours est-il que les Calas, l'invité Gaubert et la servante Jeanne Viguière, bonne catholique, sont accusés du meurtre. L'attitude de la famille est en effet suspecte car celle-ci reconnaît, après trois jours d'interrogatoire à l'Hôtel de ville, avoir détaché Marc-Antoine pour camoufler le suicide et éviter ainsi à ce dernier qu'il ne subisse le traitement alors infligé aux suicidés, « être traîné sur la claie » (cadavre traîné face contre terre puis jeté aux ordures).

    Mais les Calas, de confession protestante, sauf l'un des fils, Louis, converti au catholicisme et affilié à la Confrérie de pénitents blancs, continuent à pratiquer leur foi, et cela suffit pour que le capitoul David de Beaudrigue, convaincu par des rumeurs de voisinage alléguant la volonté de Marc-Antoine de choisir réellement la religion catholique, exige un complément d'enquête et fasse soumettre Jean Calas à la Torture;

    L'étranglement est infligé à Jean Calas après le verdict du procès par le parlement de Toulouse. Ce dernier le condamne à mort le 10 mars 1762, sans que le jugement ne soit motivé. Calas est condamné au supplice de la roue. Il subit la question, une longue séance de torture, mais n'avoue rien. Il clame son innocence. Roué Place Saint-Georges, Jean Calas est étranglé puis brûlé deux heures plus tard.

    Exilé, un autre fils de Jean Calas, Pierre, se rend dans la ville calviniste de Genève, où il rencontre Voltaire qui a déjà été informé de l'affaire par le marchand marseillais Dominique Audibert[3]. Le philosophe croit d'abord l'accusation fondée et rédige dans un premier temps une lettre incendiaire sur Jean Calas. Mais, convaincu par Pierre de son innocence, il forme par la suite un groupe de pression avec ses amis et utilise son ironie corrosive pour que justice soit faite.

    Afin d'obtenir la révision du procès, Voltaire publie, en 1763, l'ouvrage Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas tandis que la famille obtient un entretien à Versailles auprès de Louis XV. Le capitoul, c'est-à-dire l'officier municipal de Toulouse, qui avait largement contribué à monter les fausses accusations contre Calas, est destitué. Le Conseil du roi casse l'arrêt de condamnation par le Parlement de Toulouse le 4 juin 1764. En 1765, Voltaire réussit à faire réviser le procès et à obtenir un arrêt qui déclare Calas innocent et réhabilite sa mémoire, même si le Parlement de Toulouse refusera toujours de revenir sur son jugement et tiendra cet arrêt de réhabilitation pour nul et non avenu[4].

    Le procès de Calas a été inséré dans les causes célèbres. Il a fourni à Marie-Joseph Chénier, à Jean-Louis Laya et à Auguste-Jacques Lemierre d'Argy le sujet de drames populaires. Athanase Coquerel a publié en 1858 Jean Calas et sa famille.

     

      

      

    Chronologie détaillée

    • 19 mars 1698 : Naissance de Jean Calas à Lacabarède, près de Castres. De famille protestante, il reçoit cependant le baptême de l'Église catholique quatre jours plus tard.
    • 1722 : Jean Calas s'installe comme marchand linger rue des Filatiers à Toulouse.
    • 19 octobre 1731 Jean Calas épouse Anne-Rose Cabibel, de confession protestante. Ils auront quatre fils et deux filles : Marc-Antoine (né le 5 novembre 1732), Pierre, Louis, Donat, Anne et Anne-Rose.
    • 18 mai 1759, Marc Antoine Calas est reçu bachelier en droit, mais il ne peut obtenir des autorités ecclésiastiques le certificat nécessaire à la soutenance des actes de licence.
    • 24 janvier 1761 : L'intendant du Languedoc reçoit une lettre du subdélégué de Toulouse, faisant état de la mauvaise volonté de Jean Calas à subvenir aux besoins de son fils Louis, ne vivant plus sous le toit familial et s'étant converti au catholicisme en 1756.
    • 13 octobre 1761 : Marc Antoine est trouvé pendu au rez-de-chaussée de la maison.
    • 15 octobre 1761 : Le capitoul David de Beaudrigue mène l'enquête, il interroge Jean et Pierre Calas, ainsi que Gaubert Lavaysse, invité le soir même du drame. Les accusés révèlent avoir trouvé Marc Antoine pendu, et avoir maquillé le suicide en meurtre, puis avoir menti aux enquêteurs afin d'épargner au défunt la honte du suicide. À l'époque, les corps des suicidés sont en effet soumis à un jugement infamant. Fort de ces éléments, le clergé toulousain et la populace réclament un châtiment exemplaire pour cette famille accusée d'un crime atroce : avoir assassiné leur fils qui voulait se convertir au catholicisme. Ils réclament le châtiment des hérétiques. Aucune enquête ne sera menée afin de savoir si Marc Antoine avait vraiment l'intention ou non de se convertir. Il sera déclaré martyr et enterré selon le rite catholique, son cercueil sera escorté par quarante prêtres pénitents blancs au milieu d'une foule immense.
    • 18 novembre 1761 : Les capitouls affirment que Jean, Anne-Rose, Pierre Calas, Jeanne Viguière la servante, et Gaubert Lavaysse sont coupables. Il est décidé de soumettre à la question Jean Calas, sa femme et son fils Pierre, et d'infliger le cachot à Gaubert Lavaysse et à Jeanne Viguière. Ils font par la suite appel devant le juge de Toulouse.
    • 6 mars 1762 : La calomnie confondue, ou mémoire dans lequel on réfute une nouvelle accusation intentée aux protestants de la province du Languedoc, à l'occasion de l'affaire du sieur Calas détenu dans les prisons de Toulouse (Au Désert, 1762) est condamné par le parlement de Toulouse à être lacéré et brûlé. Dans cet opuscule rédigé par La Beaumelle et signé du pasteur Rabaut, les protestants du Midi s'indignaient de la rumeur qu'on faisait courir, selon laquelle ils auraient ordre de tuer leurs enfants lorsque ceux-ci veulent se convertir au catholicisme.
    • 9 mars 1762 : Sur les conclusions du procureur général Riquet de Bonrepos, par huit voix sur treize, le parlement condamne au supplice Jean Calas. L'exécution a lieu le 10 mars suivant ; Jean Calas meurt roué, place Saint-Georges, en proclamant son innocence. Son corps est brûlé sur un bûcher et les cendres jetées au vent.
    • 18 mars 1762 : Pierre est banni ; sa mère, Jeanne Viguière et Lavaysse sont acquittés ; les deux filles Calas sont quant à elles enfermées dans des couvents ; les biens de la famille sont confisqués.
    • 14 avril 1763 : Antoine Louis présente publiquement Mémoire sur une question anatomique relative à la jurisprudence, dans lequel on établit les principes pour distinguer à l'inspection d'un corps trouvé pendu le signe du suicide d'avec ceux de l'assassinat.
    • 9 mars 1765 : Calas et sa famille sont définitivement réhabilités par une assemblée de quatre-vingts juges et par le conseil du roi. Le roi accorde en outre à la famille une pension de 36 000 livres.

    Voltaire est ainsi considéré comme le premier écrivain français à s'engager publiquement dans une affaire judiciaire.

     

    sources wikipedia

     

     


    L'Affaire Calas, au XVIIIe Siècle, se déroule dans un contexte fort complexe de justice royale et d'intolérance religieuse. Elle découle du suicide, en 1761, de Marc Antoine Calas, issu d'une famille protestante de Toulouse. Pour éviter les obsèques infamantes réservées aux suicidés, sa famille tente de dissimuler les circonstances du décès. Mais le Capitoul de Toulouse, ayant eu vent de rumeurs concernant le désir de conversion au catholicisme de Marc Antoine Calas, fait arrêter et torturer puis son père, Jean Calas, qui sera exécuté en 1762.
    Quelques mois plus tard, Voltaire, qui a rencontré un autre fils de Jean Calas à Genève, engage un incroyable travail de réhabilitation de la victime et réussi, en 1765, à le faire réhabiliter par une assemblée de 80 juges et le Conseil du roi.
    A une époque où la justice royale, issue du droit divin, ne tolère ni défense ni critique d'aucune sorte, un tel retournement nécessitait une travail aussi acharné que prudent, et une véritable "méthode Voltaire".


    Pour réaliser cette prouesse, Voltaire se constitua tout d'abord un important réseau d'informateurs à Toulouse, une équipe de 3 personnes entièrement dévolues à son "centre de documentation", puis un véritable groupe de travail se réunissant régulièrement chez lui, à Ferney. Pendant des mois, il inonda de ses missives le ministre de la Justice, mais surtout toutes les cours d'Europe. Il fit écrire nombre de ses amis, il présenta les enfants de Jean Calas à tous ses visiteurs, encouragea la circulation de copies de ses missives et publia quatre libelles.


    Il est intéressant de noter qu'il n'écrivit jamais au Roi en direct : il organisa et fit monter la rumeur, le buzz dirions-nous aujourd'hui, de toutes les Cours d'Europe, tant et si bien que cette affaire devint rapidement le sujet de tous les rapports des ambassadeurs du pauvre Louis XV, qui visiblement se résigna in fine à cette réhabilitation sans précédent.

     

    http://www.henriverdier.com/2010/03/calas-dreyfus-et-les-attentats-du-11.html

     

     

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    Erreur judiciaire

      

     

    a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z

     

    Erreur judiciaireParmi les affaires criminelles qui ont marqué l'Histoire, certaines ont malheureusement vu des innocents condamnés à tort.

    Dans certains cas, le doute plane encore longtemps après les condamnations, sans que l'on sache si la justice s'est ou non trompée.

    C'est le cas notamment de Guillaume Seznec, condamné au bagne pour un crime sans cadavre, et de Christian Ranucci, un des derniers condamnés à mort exécuté en France. C'était le 28 juillet 1976, dans la prison des Baumettes...

    Dans d'autres cas, le doute a fait place à une certitude: la justice n'a su découvrir la vérité, et des innocents en ont fait les frais.

    Alfred Dreyfus passera 12 ans en détention en Guyane, sur l'île du Diable, avant d'être réhabilité. Plus récemment, Patrick Dils est resté en prison pendant 15 années, avant que son innocence ne soit établie.


    Dossier: La Josacine empoisonnée


    Laurent Dibos, Dany Duran, Evelyne François
     
     
     
     
    SOURCES
     
     
     
     
     
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  • AFFAIRES CRIMINELLES

    L'affaire Suzanne Viguier   ( Auteur : P. MICHEL )

     

    Jacques et Suzanne Viguier forment un couple sans histoire. Ils ont trois enfants et vivent dans un grand pavillon de la banlieue toulousaine. Jacques est un professeur de droit renommé à l'université. Suzanne est professeur de danse...

     

    Un couple en crise

    Jacques et Suzanne Viguier forment un couple sans histoire. Ils ont trois enfants et vivent dans un grand pavillon de la banlieue toulousaine. Jacques est un professeur de droit renommé à l'université. Suzanne est professeur de danse et règle des chorégraphies dans un cabaret transformiste de la ville.


    Mais ce bonheur apparent cache une grave crise conjugale. Après onze ans de mariage le couple est au bord de la rupture en raison des infidélités de Jacques Viguier avec des étudiantes de l'université. Son épouse découvre la vérité en 1995 en tombant sur un courrier sans équivoque qui est adressé à Jacques.

    A partir de ce jour, Suzanne Viguier décide de faire chambre à part et dort seule à l'étage sur un canapé-lit. Elle refuse de divorcer afin de conserver une cellule familiale pour ses enfants. Cette situation dure jusqu'en juillet 1998.

    C'est à cette époque qu'elle fait la connaissance d'Olivier qui va devenir son amant. En quelques mois, le mari, la femme et l'amant vivent quasiment sous le même toit. Malgré cette omniprésence d'Olivier, Jacques, sans doute trop naïf, ne va jamais imaginer qu'il existe une liaison entre sa femme et lui. Il lui confiera même à quelques occasions la garde de ses enfants.

    Les circonstances d'une étrange disparition

    Fin février 2000 Suzanne Viguier se décide: Elle va divorcer. Et c'est la veille de son premier rendez-vous avec son avocat qu'elle disparaît dans des circonstances mystérieuses.

    Le samedi 26 février 2000, Suzanne quitte Toulouse en compagnie de son amant pour participer à un tournoi de tarot. Pendant le tournoi tout se passe bien et rien ne laisse présager du drame à venir.

    Le dimanche 27 février 2000 Oliver la dépose chez elle à 4 heures 30 du matin. Avant de le quitter elle lui donne rendez-vous le dimanche après-midi à 14 heures.

    Jacques Viguier entend des pas dans l'escalier et se dit que c'est son épouse qui monte se coucher.
    A 8 heures 30 il se lève et aperçoit la silhouette de sa femme endormie par la porte entrebaillée. Ses enfants vont passer la journée chez leurs grand-parents où il les dépose vers 10 heures.

    Entre 10 heures et 12 heures 30, le couple Viguier est seul dans la maison. Jacques déclare être parti faire un jogging à 10 heures 45. Vers 11 heures 30 il rentre chez lui et se prépare pour rejoindre ses enfants chez ses parents aux alentours de 12 heures 30.

    Après le repas qui se déroule normalement, il tente en vain s'appeler sa femme qui ne répond pas au téléphone. Cela ne l'inquiète pas outre mesure et en rentrant chez lui en début de soirée il constate que sa femme n'est plus là. D'ailleurs il trouve le canapé-lit replié. Cependant il ne s'alarme pas pensant qu'elle est partie pour le mettre à l'épreuve.

    De son côté Olivier, l'amant, est très inquiet. Il n'a eu aucune nouvelle de Suzanne depuis qu'il l'a déposé chez elle au petit matin. A 20 heures 45 il téléphone à Jacques Viguier qui lui affirme qu'il n'a lui non plus aucune nouvelle de son épouse. Lorsqu'il apprend que sa voiture est toujours à son domicile, Olivier n'a plus aucun doute: elle n'est pas partie de son plein gré.

    Le lendemain dès 9 heures l'amant se rend au domicile des Viguier afin de mener sa propre enquête.

    En compagnie de Jacques Viguier il découvre les lunettes de sa maitresse dans la salle de bain ce qui ne fait que confirmer son intuition: cette disparition n'est pas volontaire. Il propose alors au mari d'alerter la police mais celui-ci n'est pas convaincu.

    La police mène l'enquête

    Ce n'est que trois jours plus tard, le 1er mars que le professeur de droit va déclarer la disparition de sa femme à la police.

    Son apparente indifférence face à la disparition de Suzanne éveille les soupçons des enquêteurs qui découvrent plusieurs éléments à charge.

    Tout d'abord Suzanne était sur le point de le quitter et avait commencé à monter un dossier pour obtenir la garde des enfants. Or Jacques était opposé à ce divorce, Olivier, l'amant, ayant été témoin d'une violente dispute lorsque Suzanne lui a annoncé qu'elle demandait le divorce.

    Le mari suspecté

    Jacques Viguier fait désormais figure de suspect n°1. Cherchant à vérifier son alibi, les policiers ne trouvent aucun témoin qui l'aurait aperçu faire son jogging. D'autant plus qu'il n'était pas connu pour être un adepte de ce sport.

    Douze jours après la disparition les policiers perquisitionnent le domicile du couple. Ils retrouvent le sac de la disparue au fond d'une armoire. A l'intérieur se trouve son trousseau de clé. Or, le mari et l'amant le confirment, la maison est restée fermée à clé tout le dimanche. Les enquêteurs se demandent alors comme Suzanne Viguier a pu sortir de chez elle et verrouiller la porte alors que ses clés sont restées à l’intérieur.

    De surcroit des microtraces de sang appartenant aux deux époux sont retrouvées un peu partout dans la maison et dans la voiture. Pour se justifier Jacques Viguier déclare que sa femme s’est blessée en jardinant et qu’il souffre d'un petit désagrément : la rhinite qui se manifeste par de fréquents saignement de nez.

    C’est en constatant que Mr Viguier s’est débarrassé du matelas sur lequel dormait son épouse que les policiers vont le placer en garde à vue.

    Au sujet de ce matelas, il déclare l’avoir jeté dans une déchetterie la veille de la perquisition de son domicile. Il prétexte dans un premier temps que son épouse le trouvait inconfortable puis change de version et affirme qu’en apprenant qu’Olivier était l’amant de Suzanne il a voulu se débarrasser de ce lit pour qu’elle sache qu’il avait compris lorsqu’elle reviendrait.

    Mise en examen

    Le 10 mai 2000 Jacques Viguier est mis en examen pour assassinat et est incarcéré. Cependant il ne passe pas aux aveux, bien au contraire, il clame haut et fort son innocence.

    Dans l’espoir de retrouver le corps de la disparue la police organise des recherches dans les étangs et les puits de la région mais il reste introuvable.

    La défense contre-attaque

    Le 15 février 2001 le professeur, qui se déclare toujours innocent est mis en liberté et se met immédiatement à organiser la contre-attaque.

    Pour lui et son avocat la police fait fausse route à cause d’Olivier qui a joué un rôle important dans l’enquête qui a abouti à son incarcération.

    En effet le 1er mars 2000, il s’est présenté à la police après que Jacques Viguier soit venu déclarer la disparition de son épouse et n’a pas hésité à l’accuser du meurtre de Suzanne sans apporter aucune preuve. Ce sont ses déclarations qui ont conduit les policiers à s’intéresser de près à Jacques Viguier.

    Enfin, il organise quelques semaines après la disparition, une réunion qu club de danse de sa maitresse au cours de laquelle il dit qu’il fera tout pour jeter Jacques Viguier en prison.

    Cette réunion intervient alors qu'à Toulouse la rumeur publique décrit Jacques Viguier comme un assassin démoniaque. A l'origine de cette rumeur, son admiration pour le maître du suspense Alfred Hitchcock et une prétendue conférence sur le crime parfait qu'il aurait donné à l'université. Vérification faite, il n'y a jamais eu de cours sur ce thème à la faculté.

    La piste de la fugue

    Selon maitre Cathala, l'avocat du suspect, la police a été aveuglée par les déclarations de l'amant et a négligé une autre piste: celle de la fugue volontaire.

    Reprenant un à un tous les éléments qui ont conduit son client en prison il échafaude une tout autre version des faits.

    Au sujet des lunettes laissées chez elle par la disparue, il apparaît par contre que ses verres de contact ont disparu: Suzanne a donc pu partir avec ses lentilles.

    A la question:" Comment Suzanne Viguier a-t-elle pu fermer sa porte alors que ses propres clés sont restées à l'intérieur?" maitre Cathala rétorque que personne n'est d'accord sur le nombre exact de clés de la maison des Viguier. En effet alors que l'amant prétend qu'il existe cinq clés (chiffre retenu par l'enquête), Jacques Viguier ainsi que l'ancien propriétaire des lieux déclarent qu'il en existe six.
    Dans ce cas, Suzanne aurait très bien pu partir avec ce sixième trousseau.

    Concernant le départ de Suzanne Viguier sans sa voiture, une voisine témoigne avoir vu le matin de la disparition un taxi prendre en charge une jeune femme devant la résidence des Viguier.

    La fugue de Suzanne Viguier devient donc une hypothèse plausible. D'autant plus que ses papiers d'identité sont retrouvés par un passant dans une rue de Toulouse trois semaines après sa mystérieuse disparition.

    Pour la défense il existe deux possibilités pour expliquer cette disparition:

    - Elle aurait pu faire une mauvaise rencontre, peut-être dans le cadre de ses activités au cabaret transformiste, lieu parfois fréquenté par des personnes peu recommandables.

    - Elle aurait pu choisir d'en finir.

    Pour argumenter cette seconde éventualité, la défense s'appuie sur l'état psychologique de Suzanne qui n'était pas aussi forte qu'elle le laissait paraître.

    Depuis la mort de son père elle était déprimée et sa situation conjugale houleuse n'était pas là pour arranger son état.

    Après neuf mois de détention, le professeur de droit a été mis en liberté sous contrôle judiciaire et a retrouvé son travail à l'université.
    Son procès est prévu dans quelques mois.

     

     

    SOURCES

    http://www.unhomme.fr/page.php?al=viguier

     

     

    Jacques n'a pas pu tuer Suzanne, puisque celle-ci a appelé son grand-père le jeudi après sa disparition, le matin vers 10h30.

    D'autres proches de la famille de Suzanne le savent bien!

     

     

    Mon prof de droit administratif, Jacques Viguier, acquitté une deuxième fois du meurtre de sa femme

    Si l’on est parfois renvoyé aux assises par erreur, on s’y retrouve rarement par hasard. Jacques Viguier est un mystère ou, plus exactement, un fantasme. (Stéphane Durand-Souffland, Le Figaro Magazine du 19 mars 2010)

    Il est rare de voir un de ses anciens profs de fac dans la rubrique faits divers des journaux, et encore moins dans un procès de meurtre défrayant la chronique. C’est d’autant plus étonnant quand la perception que les étudiants avaient de ce prof est diamétralement opposée à celle qui ressort des comptes-rendus du procès paraissant dans la presse.

    J’étais en deuxième année de droit à la faculté de droit de Bordeaux-IV, et mon professeur en droit administratif, matière phare avec le droit des obligations en cette année de passage en licence, était un jeune professeur du Sud-Ouest, chez qui l’accent fût la première chose qui me frappait. Ce n’était pas l’accent bordelais, mais celui de Toulouse avec une façon toute particulière de prononcer notamment les « on » ou « en« , qui ressemblaient tous à des « an« . C’était aussi sa manière de dicter son cours – littéralement dicter son cours: tout juste s’il ne nous disait pas virgule ou point à la ligne entre deux arrêts du Conseil d’Etat ou du Tribunal des conflits. Plus tard, on a pu écrire qu’il était « orateur d’exception dans un amphithéâtre« , voire « un esprit affûté, un sportif accompli, un chasseur passionné et un séducteur invétéré. Tel l’universitaire David Kepesh, héros de Philip Roth dans La Bête qui meurt, il multipliait les liaisons avec de jeunes étudiantes subjuguées par son brio » (Le Figaro): ce n’était pas du tout mon avis à l’époque. L’impression qu’il m’a donnée fût étrange: il semblait réservé et nonchalant, mais pas du tout nerveux ou intimidé (un expert lors du procès en appel l’a cependant qualifié d’ »ancien timide, qui a construit quelque chose de solide pour compenser. Mais demeure en lui un fond de doute sur sa propre valeur« ), avec toujours un léger rictus ironique aux lèvres.

    Le contraste avec le professeur assurant le cours de droit des obligations (droit civil) était saisissant: celui-là, Philippe Conte, était sarcastique et caustique, et présentait une théorie des obligations originale et très minoritaire en doctrine, ce qu’il ne manquait pas de souligner. Doté d’un charisme certain, il appréciait les apartés. Je me rappelerai toujours d’une diatribe qu’il lança de manière impromptue sur l’armée française. Alors qu’il évoquait les commissions administratives en charge du réglement du surendettement des ménages, il souligna les déficiences de la solution retenue par le législateur et mit en cause le manque de moyens accordé à la justice française. Puis il s’exclama: « La justice française n’a pas d’argent. Où va cet argent? Je vais vous le dire: il va pour financer l’armée. Parlons-en de l’armée: s’agissant de lâcher des civils du haut d’hélicoptères durant la guerre d’Algérie, elle a fait ses preuves. Pour le reste…« .

    Rien de tout cela avec Jacques Viguier: il dictait son cours de manière plutôt monocorde, nous forçant à noircir une dizaine de pages par cours, sans apartés ou sans remarques personnelles. Peu d’opinions personnelles, même doctrinales, et encore moins de remarques laissant transparaître une quelconque opinion politique. J’ai lu par la suite que « Jacques Viguier donne ses cours sans notes« . Sincèrement, je ne m’en souviens pas de manière certaine, mais c’est fort possible. Par la suite, il a été décrit comme «captivant, drôle, un génie dans son domaine». Mais si les amphis étaient bondés, c’était surtout parce qu’il ne publiait pas de polycopié de ses cours. Son accent et son éternel rictus ironique m’ont laissé un souvenir sinon marquant, du moins étrange. La théorie la plus courue parmi nous autres était, sur ce point-là, qu’il était partisan du moindre effort. Bref, un professeur de droit »dramatiquement normal« .

    Depuis, j’avais perdu de vue Bordeaux et sa faculté de droit, n’ayant plus de contact avec la ville ou avec mes anciens condisciples. Jusqu’à il y a quelques années, où j’ai appris que Jacques Viguier était soupçonné de meurtre de son épouse Suzy, disparue sans laisser de trace le 27 février 2000. Depuis, personne ne l’a vue, morte ou vive. De manière très classique, son mari fût le premier suspecté d’avoir été à l’origine de sa disparition, qu’il avait signalée aux services de police le 8 mars seulement, d’autant que le couple connaissait des difficultés. L’enquête de police en fît rapidement l’unique suspect, le ministère public embraya et mit en accusation Jacques Viguier - initialement pour assassinat puis meurtre et alternativement coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner - lequel fût acquitté une première fois en 2009 avant d’être acquitté en appel (1)- intenté par le ministère public - ce samedi 20 mars 2010, entouré de ses trois enfants, qui l’ont soutenu, détail piquant même s’il ne prouve rien en définitive. Ce professeur insaisissable, le voilà décrit comme « structurellement déroutant« , « brillant dans les amphithéâtres, mais «très quelconque» au quotidien. Un malade, en réalité, atteint de «troubles bipolaires», maniaco-dépressif qui alterne les phases «up» et «down»« , voire comme un coureur de jupons: « Volage, il semble peu loquace, parfois distant, sans doute cassant à l’occasion » ou encore « il multipliait les liaisons avec de jeunes étudiantes subjuguées par son brio » – je vous assure que rien ne le laissait présager à l’époque, et pourtant Dieu sait si les rumeurs circulaient sur nos professeurs et chargés de travaux dirigés. Sans compter son mariage assez original pour un professeur aggrégé de droit:

    [L]‘universitaire avait accepté sans rechigner que son épouse, chorégraphe, règle des ballets au Crazy Moon, cabaret où s’enchaînaient les numéros de transformistes – «une boîte à travelos», précise prosaïquement Me Eric Dupond-Moretti, avocat de la défense, pour éclairer parfaitement les jurés. (Le Figaro Magazine)

    Je n’ai aucune idée de l’innocence ou de la culpabilité réelle de Jacques Viguier – sachant que les jurés ont tranché en sa faveur à deux reprises. Mais je suis resté marqué par ce que m’avait dit un professeur de droit pénal – je crois que c’était Jean-Pierre Delmas Saint Hilaire: « le procès pénal n’est pas le procès de l’accusé, mais le procès de l’accusation, le procès des preuves invoquées par l’accusation. La question n’est pas de savoir si l’accusé est vraiment innocent ou coupable, mais si les preuves de l’accusation sont suffisantes pour prouver, au-delà du doute raisonnable, la culpabilité de l’accusé« . Bref, savoir si l’accusé est réellement innocent relève de la métaphysique.

    Effectivement, par l’effet combiné de la présomption d’innocence – article III du titre préliminaire du Code français de procédure pénale (« III - Toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été établie« ) - et du principe selon lequel le doute bénéficie à l’accusé (cf. les instructions que le président d’une Cour d’assises, juridiction compétente en matière criminelle, est tenu de lire aux jurés en vertu de l’article 304 du Code français de procédure pénale: « Vous jurez et promettez (…) de vous rappeler que l’accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter…« ) – un verdict de culpabilité rendu alors que subsiste un doute sur la culpabilité de l’accusé ne devrait en principe pas être possible. Par contre, la situation contraire, à savoir un accusé innocenté en raison de la légéreté des preuves invoquées par l’accusationmais contre lequel un doute subsiste dans l’esprit des enquêteurs, des observateurs et de l’opinion, est bien évidemment non seulement théoriquement possible mais courant en réalité.

    L’exemple le plus connu est sans aucun doute à chercher en dehors de France, avec OJ Simpson, acquitté au pénal du meurtre de son épouse, mais condamné au civil – où la charge de la preuve aux Etats-Unis n’est plus « beyond reasonable doubt » mais plutôt « more likely than not » (également connu sous le terme de « balance of probabilities« , cela signifie que le demandeur remporte son procès contre le défendeur si la probabilité des faits qu’il allègue est plus grande que celle de leur inexactitude) (2).

    D’où la distinction entre vérité judiciaire et vérité tout court – et l’on comprend alors mieux l’attrait du fameux « Scotch verdict« , ou verdict écossais. Le droit pénal écossais, distinct du droit pénal anglais, offre depuis 1728 trois possibilités au jury: un verdict « guilty » (coupable), « not guilty » (non coupable) et enfin « not proven » (non prouvé, ce qui pourrait correspondre au fameux « acquitté au bénéfice du doute« , dénué d’existence légale en procédure pénale française mais si courant dans la bouche des magistrats, avocats et journalistes), ce dernier cas de figure renvoyant directement à l’hypothèse que j’évoquais de l’accusé innocenté en dépit de doutes sur son innocence réelle. En fait, dans l’histoire du droit écossais, les termes de « not proven » et « proven » avaient auparavant été utilisés, mais afin de laver l’accusé acquitté de tout soupçon le terme « not guilty » avait été ajouté – car en toute rigueur, le jury ne se prononce pas sur la culpabilité ou l’innocence réelle de l’accusé, mais sur les preuves contre lui invoquées par l’accusation – « Juries are not asked to decide whether you are guilty or innocent, they are asked to decide whether the Crown has proved its case« . Ou comme l’a très bien écrit le journaliste britannique Ludovic Kennedy, cité dans une note d’information de la Chambre des Communes, « The »not proven » verdict in Scotland« :

    Not guilty means no more and no less than, solely on the evidence before the court, the prosecution has failed to prove its case.

    All sorts of reasons may have led to this. There may have been other evidence, which might have led to a different verdict, but which was either not introduced, or not permitted. Crown counsel may have had (like the late Mr Mervyn Griffiths-Jones) an unsympathetic or unconvincing manner. Or a brilliant defence counsel may have persuaded the jury to bring in a verdict against the weight of evidence: like the late Norman Birkett, whose client in the Brighton trunk murder case before the war was acquitted, yet who after the war admitted his guilt. What not guilty does not mean is innocent.

    Or ici, dans cette affaire, où Jacques Viguier a été accusé du meurtre de sa femme, on n’a:

    • ni cadavre ni preuve de la mort de la victime;
    • donc a fortiori aucune idée de la façon dont serait morte – naturelle, accidentelle ou intentionnelle - la victime supposée;
    • donc aucune idée de la date ou du lieu exacts où cette mort aurait eu lieu;
    • et pour couronner le tout, aucun aveu du suspect principal, qui a constamment nié toute implication dans la disparition de son épouse, et qui a été, tout au long du procès, soutenu en cela par les trois enfants eus avec la disparue ainsi que par la mère de celle-ci.

    Bref, rien que du solide, ou, pour reprendre les mots d’un des deux avocats de Viguier en appel, « un crime sans cadavre, sans aveu, sans preuve formelle, sans mobile évident« , voire, plus crûment encore, selon les termes de l’excellente chroniqueuse judiciaire du Monde, Pascale Robert-Diard:

    Il n’y a en effet ni cadavre, ni aveux, ni éléments matériels, ni témoin dans ce dossier où l’existence d’un crime n’est pas démontrée. L’accusation n’est pas en mesure de proposer un scénario des faits. Les charges sur Jacques Viguier sont basées sur le fait qu’il s’est débarrassé d’un matelas après la disparition de sa femme et a négligé de dire à la police qu’il avait retrouvé son sac à main. (Le Monde)

    On est étonné qu’il y ait eu un ministère public assez optimiste pour mettre en accusation Viguier en première instance, et carrément éberlué qu’il ait fait appel de l’acquittement en première instance – même s’il semble avoir été pris de remords lors du procès en appel, ayant été aphone lors des audiences (à telle enseigne que le rôle de l’accusation fût de facto tenu par Me Francis Szpiner, ténor du barreau, avocat attitré de l’Elysée sous Chirac et avocat ici d’une partie civile – en l’occurence, les deux soeurs de la disparue) et s’étant borné à réclamer une peine de quinze/vingt ans, en deçà du maximum légal en matière de meurtre (30 ans). A en lire les extraits de l’audience du procès d’appel (3), on se demande laquelle, de la bêtise ou de la mauvaise foi, a pris le dessus sur l’autre en la personne de l’avocat général Marc Gaubert.

    Mais il est vrai qu’à première vue, si l’on se fie à l’argumentaire développé par l’accusation et certaines parties civiles, on a vu innocent plus convaincant dans les annales criminelles françaises:

    Et je passe sur quelques éléments effectivement troublants qui laissent présager d’une mort de la disparue aux alentours du jour de sa disparition:

    Les effets de Suzy ainsi que ses lunettes et ses lentilles de contact laissées sur place, oubli peu compatible avec le départ volontaire d’une myope. Aucun appel émis depuis son téléphone portable, dont elle n’avait pas emporté le chargeur, depuis le 25 février. Un compte en banque inerte depuis janvier 2000. (Le Figaro)

    Le problème, c’est que lorsqu’on creuse un peu, aucun de ces indices n’est convaincant.

    Commencons par les traces de sang. Les traces de sang de l’épouse relevées dans le domicile semblent effectivement troublantes:

    La police scientifique prélève de multiples taches de sang. Les expertises vont révéler des traces de l’ADN de Suzy sur un drap déjà lavé, sur un traversin, dans une baignoire et une bassine toutes deux nettoyées. Concernant le sang maculant le traversin, Jacques Viguier indiquera que son épouse l’avait peut-être «mis entre ses jambes un jour où elle était indisposée». Des traces mêlées des ADN du couple apparaissent par ailleurs sur le sommier et sur une housse du clic-clac. Le professeur dira qu’ils avaient fait l’amour ici alors que Suzy avait ses règles…

    Plus précisément, selon Le Figaro:

    En revanche, l’ADN des époux est isolé à partir de traces, souvent minuscules. Elles se répartissent essentiellement comme suit.

    - ADN de Jacques Viguier : sur un short gris lui appartenant, déchiré au niveau de la fesse gauche. Sur la taie d’un traversin. Sur un drap-housse de couleur rose. Sur la housse grise du canapé convertible sur lequel dormait Suzy, mais qui se trouvait auparavant dans le bureau de son mari.

    - ADN de Suzanne Viguier : sur la taie du traversin. Sur le drap-housse rose. Sur une des deux baignoires du domicile. Sur une bassine posée dans la salle de bain. Sur un pilier, à environ 1,50 m du sol. Sur une basket de marque Adidas appartenant à Jacques Viguier (pied gauche) saisie dans la 605.

    - ADN mélangés des deux époux : Sur la basket droite. Sur un torchon retrouvé dans le coffre. Sur les deux housses du Clic-Clac (sommier et canapé).

    Cependant, la police soupçonnant que le meurtre présumé ait eu lieu dans le domicile conjugal, dernier lieu où Suzy Viguier avait vue vivante, il y avait peu de chances que les traces ADN impliquant le mari soient absolument probantes, car vivant sur place il pouvait sans doute avancer de manière crédible qu’elles n »étaient pas liées à la disparition de son épouse. Ainsi, s’agissant des traces d’ADN entremêlées des époux qui avaient été trouvées, le ministère public pouvait difficilement apporter la preuve contraire de ce qu’ils émanaient de rapports sexuels entretenus lors des régles de la disparue, comme l’alléguait Viguier…

    D’autre part, rien ne permet d’indiquer comment les traces d’ADN ont pu se mêler, ni de les dater. Bref, elles sont à peu près inutilisables pour l’accusation.

    Le sac à main de la disparue n’est guère plus probant. Certes, le fait que Viguier n’ait pas spontanément fait état de sa découverte à la police au lendemain de la plainte qu’il avait lui-même déposée pour enlèvement et séquestration parle en sa défaveur, de même que le fait qu’il ne parvienne pas à expliquer cette carence. Mais à supposer qu’il soit le meurtrier, comment imaginer qu’il ait laissé un tel indice à la merci de la première perquisition venue et qu’il ne s’en soit pas débarassé?

    Je vous laisse deviner la preuve maîtresse de l’accusation – Viguier aurait fait disparaître, le lendemain de la disparition, le matelas du lit pliable sur lequel aurait dormi Suzy Viguier sa dernière nuit au domicile conjugal:

    Le parquet s’appuie surtout sur le fait que Jacques Viguier s’est débarrassé, au moment des faits, du matelas sur lequel dormait sa femme.

    Le parquet estime que le professeur a escamoté une preuve de son crime, mais il répond avoir voulu ainsi mettre hors de sa vue le symbole de l’infidélité de son épouse, un problème que l’accusation voit comme le mobile du crime. L’accusation souligne aussi que le professeur a tardé, à ses yeux, à signaler la disparition de son épouse et a montré une attitude jugée étrange lors d’interrogatoires. (Le Point)

    En soi, à supposer que ce soit exact, ce n’est en rien une preuve directe d’homicide, c’est tout au plus un indice qui demanderait à être corroboré d’un élément de preuve. Cela pourrait à l’extrême rigueur justifier une mise en détention provisoire, mais on est pantois de voir que cette « preuve maîtresse » - que l’accusation n’est pas en mesure de produire puisqu’elle a été détruite par un incendie ayant ravagé la décharge publique en question - ait été jugée à même de servir de base à un procès. La défense de Viguier a réduit en charpie cet indice:

    En posant à son client 5 questions, l’avocat lillois va porter un sérieux coup à l’accusation. Est-il vrai que votre mère a dormi dedans entre la disparition de votre épouse et le jour où vous l’avez jeté ? Est-il vrai que votre mère le trouvait inconfortable ? Est-il vrai que vous vous en êtes débarrassé en plein jour alors que vous pouviez être reconnu ? Est-il vrai que vous alliez régulièrement à cette décharge ? Est-il vrai que vous avez attendu 11 jours pour vous en débarrasser? A chaque fois, Jacques Viguier a répondu oui. Après quoi, Maître Dupond-Moretti s’est assis, convaincu d’avoir rééquilibré les plateaux de la balance. (France 2)

    Les déclarations peu convaincantes de Viguier? Comme le note le Nouvel Observateur, « Viguier (…) se défend mal comme souvent les innocents« . De plus, malgré de très importantes heures de conversations téléphoniques enregistrées, dont la majorité n’avait d’ailleurs pas été exploitée par les enquêteurs et l’accusation avant le procès en appel, aucun aveu ou déclaration clairement compromettante de sa part n’ont pu être dégagés (« à aucun moment, alors qu’il échange avec des amis qui ne demandent qu’à le croire, il ne pose les jalons d’un système de défense – attitude qu’on pourrait attendre d’un criminel« ).

    Enfin, deux autres éléments sont venus renforcer la thèse de la défense.

    Tout d’abord, la figure imposée de ce qui est présenté comme un crime passionnel, à savoir l’amant éploré. En l’occurence, il s’agit d’Olivier Durandet, joueur de tarot s’étant imbriqué dans le couple Viguier et ayant joué, dès le premier jour de l’enquête, un rôle capital tant il aura été comme cul et chemise avec la police toulousaine, jamais suspecté par cette dernière, son ADN n’ayant pas même été prélevé. Or, l’audience du procès en appel révélera que Durandet aurait pénétré seul le domicile conjugal des Viguier le jour de la disparition:

    «En tombant par hasard sur un reportage, il m’est revenu qu’Olivier Durandet [l'amant de Suzy] m’avait dit au téléphone, en m’annonçant la disparition de Suzy, début mars 2000, qu’il était entré dans la maison des Viguier le dimanche 27 février [jour de la disparition], alors qu’il n’y avait personne à l’intérieur.» (Le Figaro)

    Mieux: ce serait sur les conseils implicites d’un commissaire en charge de l’enquête («Ça s’appelle une violation de domicile. Mais pas vu, pas pris…»), que Durandet serait revenu seul, après la disparition, dans la maison des Viguier, ce qui constitue une violation de domicile.

    Plus génant encore, une baby-sitter du couple Viguier, qui avait raconté avoir vu des traces de sang mêlées à de l’eau dans la baignoire de la maison conjugale, craque lors d’un contre-interrogatoire de la défense et avoue être revenue dans cette maison Viguier en compagnie de l’amant le lendemain de la disparition, en l’absence de Jacques Viguier – ce qui rend bien évidemment plausible la thèse selon laquelle le sac à main de la disparue aurait pu être « planté » avant d’être découvert lors de la perquisition qui intervint une dizaine de jours plus tard. Elle aurait tu cette information depuis 2000, sur pression de l’amant Durandet.

    Et pour couronner le tout, Durandet, placé en garde à vue pour être interrogé de subornation de témoins (3 ans de prison selon l’article 434-15 du Code pénal)sur la personne de la baby-sitter – il a ensuite fait l’objet d’un rappel à la loi par le procureur de la République – est surpris en train de conférer avec d’autres témoins hostiles à l’accusé, en violation de l’article 325 du Code de procédure pénale:

    [C]et amant qui hante les débats reste un être de chair et de sang, qui se sustentait tout à l’heure aux alentours du palais de justice. Et pas seul : en compagnie de témoins plutôt défavorables à Jacques Viguier. Me de Caunes le fait admettre à ces derniers, au fur à mesure qu’ils se présentent au micro. Or, il est évidemment formellement interdit aux témoins de se concerter… (Le Figaro)

    Puis dans le rôle de l’enquêteur aveuglé par son intime conviction, il y a le commissaire Robert Saby, animé d’une jalousie sociale qu’il dissimule mal à l’encontre du notable qu’est devenu Viguier:

    Au procès de Toulouse, le commissaire a trahi de manière stupéfiante son complexe d’infériorité sociale. Lui, le « petit flic », n’avait qu’une obsession : faire tomber le « grand prof ». Il l’a décrit comme humiliant vis-à-vis des fonctionnaires du SRPJ, à mille lieues du randonneur sans chichis dépeint plus haut par un témoin de la scène du pique-nique. (Le Figaro Magazine)

    S’il pouvait très légitimement se poser des questions sur le rôle de Viguier dans la disparition de son épouse, son enquête n’a permis de trouver aucune preuve convaincante de l’implication de Viguier dans la disparition de son épouse.

    Et puis enfin, comment ne pas se poser des questions sur des maladresses que n’auraient pas commises un professeur de droit aussi intelligent que Viguier, s’il était effectivement coupable:

    Mais alors, comment expliquer les indices énumérés plus haut et interprétés à charge ? Un génie du crime aurait-il laissé traîner le sac de sa victime, ou ses lunettes, tout en prétendant qu’elle avait fugué ? Aurait-il attendu l’imminence de l’inévitable perquisition pour détruire un matelas compromettant ? (Le Figaro)

    C’est peu de dire que l’avocat de Jacques Viguier, Me Eric Dupond-Moretti, pas vraiment un des plus mauvais pénalistes de France, a pu donner libre cours à ses sarcasmes:

    « Ce procès, en raison de l’aveuglement et des carences de l’enquête, est devenu un concours Lépine de l’hypothèse« , a déclaré, un peu plus tôt, Me Éric Dupond-Moretti, avocat de Jacques Viguier, en demandant que son client soit de nouveau acquitté, comme en avril 2009 à Toulouse. « Personne ne vous demande d’envisager des hypothèses. Ça, c’est un travail qui devait se faire manches retroussées par les policiers. Ce procès est en décalage complet sur le plan méthodologique. (…) L’intime conviction n’est pas un sentiment, mais elle est fondée sur des preuves« , a-t-il encore dit à l’intention des jurés. Me Dupond-Moretti s’est présenté comme « la dernière voix d’un homme qui a perdu la sienne« . « Je dois me battre contre l’imagination [des enquêteurs et de l'accusation]. Cet homme paie depuis dix ans pour un crime dont il a été acquitté« , a crié l’avocat lillois, qui conclut en livrant ce qu’il qualifie de coïncidence : « Demain, le 21 mars, c’est la Saint-Clémence« , prénom de la fille aînée de Jacques Viguier. (Le Point)

    - J’ai la certitude, Monsieur le président, que la moulinette n’est pas cachée dans la salle des délibérés. Car quand on est un grand juge, on peut dire: je pense un certain nombre de choses, mais à la cour d’assises, vous le savez, quand on a un doute, on acquitte. Vous redirez, Monsieur le président, j’en suis certain, que l’intime conviction ce sont pas des sentiments et que le vraisemblable ne tient pas lieu de preuves. (…)

    - Personne ne vous demandé de choisir une histoire, des hypothèses. ça, c’était à la police de le faire. Or, la démonstration est faite que tous les actes de recherche de la vérité n’ont pas été accomplis. (Pascale Robert-Diard)

     

    L’enquête de police semble avoir été menée de manière particulièrement cavalière (« erreurs grossières » dira le président de la cour d’assises d’appel): outre le préjugé systématiquement à charge, c’est-à-dire en défaveur du suspect, le commissaire en charge de l’enquête a tenté de manipuler des témoins en leur mentant, notamment par l’invention de preuves imaginaires. Et je passe sous silence une garde à vue exceptionnellement longue, la très longue durée de la procédure, puisqu’il a fallu neuf ans pour le premier procès d’assises (mais Viguier n’a passé que neuf mois en détention provisoire, sans doute en raison de son statut social), et une année supplémentaire pour l’appel. Si on peut parfaitement comprendre l’orientation de l’enquête, tout à fait légitime eu égard aux indices troublants déjà relevés, elle a fait chou blanc.

    Dans cette affaire, le système français de l’intime conviction, qui se distingue du critère anglo-saxon – également applicable en Suède et dans d’autres pays - de la culpabilité devant être prouvée au-delà de tout doute raisonnable, peut sembler avoir fonctionné, si on se contente d’une vision superficielle de l’affaire .

    Je n’en suis pas persuadé pour ma part: même si je ne sacralise pas le critère du « beyond reasonable doubt« , qui a tout de même envoyé des innocents au quartier des condamnés à mort aux Etats-Unis et n’aura pas empêché la condamnation initiale des Birmingham Six , des Guildford Four et des Maguire Seven (sans compter la condamnation à mort de Timothy Evans pour des meutres pour lesquels John Christie fut ensuite condamné et pendu à son tour, ou la condamnation à mort en première instance de William Wallace dans la célèbre affaire R. v. Wallace), le critère français de l’intime conviction m’a toujours répugné tant il me semble peu rigoureux. Certes, l’article 353 du Code procédure pénale est d’une rare beauté stylistique s’agissant d’un texte de droit pénal (même un non-juriste tel Larbi est tombé sous le charme):

    La loi ne demande pas compte aux juges des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d’une preuve ; elle leur prescrit de s’interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l’accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : » Avez-vous une intime conviction ? « .

    Ce qui est choquant dans cet article, c’est le fait que les juges n’ont pas à exposer comment ils ont été convaincus de la culpabilité de l’accusé (il n’est pas besoin d’être convaincu de l’innocence d’un accusé pour l’acquitter, puisque le doute suffit à le disculper), c’est le discours quasi-liturgique - »silence« , « recueillement« , « sincérité de leur conscience » – qui fait penser à un cours de catéchisme, et c’est enfin le caractère « intime » de la conviction ainsi forgée – le commissaire principal Georges Moréas parle de « justice mystique« . Bref, de la belle littérature mais du droit détestable:

    Or, l’intime conviction est tout le contraire d’un raisonnement légal construit tendant vers la déclaration de culpabilité. Elle ressemble plus au mode de croyance du profane que celui que doit avoir un juriste. Comment peut-on demander à des juges professionnels de juger à la manière de l’homme de la rue ? L’intime conviction fait place à des décisions purement subjectives et non objectives. Elle n’est pas réellement conciliable avec le principe selon lequel le doute profite à l’accusé, doute qui se trouve de la sorte amputé de toute sa substance. (Mes Jean-Marc Marinelli et Parvèz Dooky, « Orienter la réforme pénale »)

    Il me semble qu’une justice moderne devrait s’affranchir au maximum des risques que fait encourir la simple conviction, parfois érigée comme un dogme. On ne peut condamner des gens sur une impression. On ne peut demander à des gens de condamner des gens sur une impression.
    Un accusé devant une Cour d’assises devrait traîner derrière lui un dossier solide, basé d’abord sur des faits incontestables, puis, pourquoi pas, sur des faits moins évidents, tant à charge qu’à décharge, réunis en toute impartialité. Ensuite, mais ensuite seulement, il appartiendrait au jury populaire de soupeser le pour et le contre et de statuer. (Commissaire principal Georges Moréas, « Viguier, Leroux, Grégory : l’intime conviction« )

    Le Maroc, qui – mimétisme législatif oblige – a également opté pour le système de l’intime conviction, mais avec moins de lyrisme (voir l’article 286 du Code de procédure pénale):

    Hors les cas où la loi en dispose autrement, les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve, et le juge décide d’après son intime conviction. La décision doit comporter les motifs sur lesquels se base la conviction du juge conformément au paragraphe 8 de l’article 365 ci-après.

    Si la juridiction estime que la preuve n’est point rapportée, il déclare l’inculpé non coupable et prononce son acquittement.

    Revenons-en à notre affaire.

    Les avocats de certaines parties civiles, dubitatives quant à la culpabilité de Jacques Viguier, ont parlé d’ »intime conviction policière« : « Le jour où la conviction policière suffira, la justice est morte et nous irons nous coucher« . Et il me semble certain que le système de l’ »intime conviction » a ici encouragé les policiers et – pire encore - le parquet à tenter la roulette russe d’un procès d’assises – et pire encore pour le parquet, à faire appel de l’acquittement en premier ressort? Dieu sait en effet si les jurés français ont pu prendre des privautés avec l’intime conviction – sans remonter à Outreau ou à Omar Raddad, pensons à l’affaire Agnès Leroux, autre victime présumée de meurtre dont aucun cadavre n’est venu étayer la réalité, procès lors duquel Maurice Agnelet a été condamné, 30 ans après les faits présumés, à 20 ans de prison – en appel, car il avait été acquitté en première instance – sur un dossier aussi peu consistant que celui pour lequel Jacques Viguier a justement été acquitté à deux reprises. Sous un système de « beyond reasonable doubt« , comment l’accusation aurait-elle pu oser espérer emporter la conviction des jurés? Aurait-elle même tenté sa chance? J’en doute.

    Dans un système judiciaire digne de ce nom, il y aurait des conséquences disciplinaires et/ou professionnelles pour les membres du parquet impliqués dans ce fiasco: outre le spectaculairement incompétent Marc Gaubert, avocat général lors des deux procès d’assises, il faudrait se demander comment le juge d’instruction et la chambre de l’instruction ont bien pu raisonner en renvoyant Jacques Viguier devant la cour d’assises – accusez les tous et Dieu reconnaîtra les siens? Encore heureux que le parquet ait renoncé à un recours en cassation…

    Tous les indices laissent croire que Suzy Viguier est morte le 27 février 2000, probablement au dernier endroit où elle a été vue en vie, à savoir chez elle. On peut se demander qui était en mesure de la tuer, volontairement ou non, ce jour-là. Mais il n’y aucune preuve démontrant au-delà de tout doute raisonnable – ou pouvant raisonnablement fonder une intime conviction - que Jacques Viguier soit coupable (4). Voilà ce qu’ont dit deux cours d’assises, et rien d’autre. La justice a gagné en ne condamnant pas un accusé malgré l’absence de preuves, quant à la vérité, ce n’était pas là la question posée.

    Lectures supplémentaires:

    - « Je hais l’intime conviction » – l’occasion de cet aveu m’avait été donnée par la condamnation – douteuse à mes yeux - du séparatiste corse Colonna pour le meurtre du préfet Erignac;

    - « Doute » – billet de Larbi où, tout en tombant sous le charme de la formulation littéraire du principe de l’intime conviction à l’article 353 du Code français de procédure pénale, il évoquait ses doutes sur la culpabilité d’Yvan Colonna (décidément…);

    - « L’intime conviction et la cour d’assises« , billet du juge Michel Huyette sur le blog Paroles de juge;

    - les articles du génial chroniqueur judiciaire du Figaro, Stéphane Durand-Souffland, qui avait couvert de manière magistrale le désastre d’Outreau;

    - l’excellent blog de la chroniqueuse judiciaire du Monde, Pascale Robert-Diard;

    - le témoignage de Jacques Viguier sur RTL après ce dernier acquittement, ses déclarations dans une interview exclusive pour Le Figaro, sa demande d’une réparation – à laquelle la loi lui donne droit – pour les neuf mois passés en détention préventive ainsi que ses projets d’écriture;

    - les billets du commissaire principal Georges Moréas, « Du procès Viguier à la réforme pénale » et « Viguier, Leroux, Grégory : l’intime conviction« ;

    - le billet de Me Gilles Devers, « Procès Viguier : Quelles preuves ? Quelle intime conviction ?« ;

    - les billets consacrés sur son blog à ce procès par la journaliste Natalie Mazier;

    - la chronique « Présumé » de Philippe Boucher sur le blog Libertés surveillées, avec ce passage:

    La réalité, c’est que l’accusation a toujours cent mètres d’avance; qu’il y a toujours, dans l’opinion, une prime à l’accusation. D’autant que, par définition, elle est formulée avant que la défense et les principes ne se fassent entendre. Le vieil adage selon lequel « Il n’y a pas de fumée sans feu » reste en pleine forme, pour ne pas dire qu’il est assuré d’être éternel.

    Être poursuivi puis, selon le terme en usage, « blanchi » (garde à vue dépourvue de suite, classement du parquet, non-lieu du juge d’instruction, relaxe ou acquittement par les juges), c’est néanmoins demeurer marqué du soupçon. Au même titre que, après une opération parfaitement réussie, il subsiste, pour la vie entière, une cicatrice. Identique, mais différent. Le double acquittement de M. Jacques Viguier accusé du meutre de sa femme le mettra-t-il définitivement à l’abri du soupçon?

    Notes:

    (1) L’appel en matière criminelle a été introduit en droit français le 1er janvier 2001. Ca veut dire qu’avant cette date, l’appel n’était pas possible contre une condamnation à mort (jusqu’à sn abolition) ou à perpétuité, seul le recours en cassation étant alors ouvert.

    (2) En France, un cas de figure tel que celui d’OJ Simpson ne serait possible qu’en cas d’infraction délictuelle non-intentionnelle, cf. l’article 4-1 a contrario du Code de procédure pénale.

    (3) On peut ainsi relever, sous la plume notamment de l’excellentissime reporter judiciaire du Figaro, Stéphane Durand-Souffland, qui avait déjà couvert l’affaire scandaleuse d’Outreau – ceci, dans l’article « L’agonie du couple Viguier sous la loupe des assises« :

    À trop scruter à travers la loupe, la vue de l’avocat général se trouble. En fin d’audience, il demande élégamment à Jacques Viguier : «Depuis quand elle a le sida, votre épouse ?» Consternation. Il y a une minute, le président coupait son collègue, empêtré dans les dates et les faits, d’un «Pardonnez-moi monsieur l’avocat général, je n’ai rien compris.» Là, Me Dupond-Moretti lance au magistrat : «Vous le faites exprès, vous n’avez rien entendu ?»

    L’avocat général, ironique : «J’irai demain chez l’oto-rhino».

    Me Dupond-Moretti : «Ça ne sera peut-être pas suffisant…»

    Ou encore ceci:

    [L]‘avocat général, torpilleur masochiste du ministère public, s’emploie avec application à couler les témoins qui pourraient apporter de l’eau à son moulin, et il vise particulièrement bien.

    Ou ceci:

    Jacques Viguier n’a pas perdu pied, ce jeudi, au moment le plus délicat de l’audience. Il est vrai que face à cet accusé déroutant, l’accusation patauge. Si Me Francis Szpiner, partie civile, se montre diaboliquement habile, ses efforts sont anéantis avec constance par l’avocat général Marc Gaubert, déjà à la manœuvre en première instance.

    Prince de la question filandreuse fondée sur des postulats erronés, M. Gaubert est régulièrement recadré par le président. Ce procès a lieu par la volonté du parquet général : son représentant, pour l’instant, n’a pas démontré que l’accusé était coupable. Il n’a pas démontré non plus qu’il méritait une deuxième chance.

    Et enfin, en guise de coup de grâce:

    Quelques mots, pour finir, sur ce qui devait être un réquisitoire, puisqu’il a été prononcé par un homme habillé en avocat général. Marc Gaubert estime que Jacques Viguier a commis un meurtre sur la personne de son épouse, parce qu’il savait qu’il allait « perdre le divorce » . Cela s’est « probablement » passé à 4 h 30 du matin, comme l’avait suggéré Me Szpiner, mais M. Gaubert n’exclut pas que « Clémence se soit réveillée à côté de sa mère » trois heures plus tard. Il décrit « un couple au paroxysme de la déchirure » et évacue toute implication de l’amant : « Il y avait du beau, du bon, Dubonnet, là c’est Durand, Durand, Durandet. » Après cet apéritif judiciaire de haute tenue, M. Gaubert demande, comme en première instance, « 15 à 20 ans de réclusion criminelle ». Mais il autorise les jurés à pencher pour les coups mortels – « j’en sais rien, moi, j’y étais pas » – et à prononcer une peine qui ne « plongerait pas les trois merveilleux enfants dans l’obscurité ». Absurde marché, qui signe la démission choquante du ministère public : 20 ans ou l’acquittement. Comme M. Gaubert le disait lui-même sur un autre sujet : « Dans une affaire aussi sérieuse, ce n’est pas très sérieux. »

    Pascale Robert-Diard du Monde est à peine moins indulgente:

    Le problème de Me Szpiner, ce n’est alors pas tant la défense de Jacques Viguier. C’est le réquisitoire échevelé de l’avocat général Marc Gaubert, qui discrédite l’accusation. On n’en retiendra que deux phrases. Un appel à « l’imagination » des jurés pour le scénario du crime. Et une peine « au choix » : de quinze à vingt ans pour meurtre, « mais si vous considérez qu’il n’a pas eu l’intention de donner la mort, et si vous pensez à ses enfants, la peine vous appartient ». (Le Monde)

    (4) Voir ce qu’écrit L’Humanité au lendemain de ce dernier acquittement:

    Une dernière fois Jacques Viguier s’est, lui aussi, adressé aux jurés, en se levant  : « Faites que mon univers ne s’effondre pas. Je vous supplie de me rendre ma dignité d’homme, pour mes enfants et pour Susy. » Et au bout d’un long délibéré, cette dignité lui a donc été rendue. Me Dupond-Moretti  : « C’est la victoire de la justice. » À ceci près  : on ne sait toujours pas ce qui est arrivé à Susy Viguier, le 27 février 2000.

     

    Sources

    http://ibnkafkasobiterdicta.wordpress.com/2010/03/28/mon-prof-de-droit-administratif-jacques-viguier-acquitte-une-deuxieme-fois-du-meurtre-de-sa-femme/

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Une vie de voyou


    Michel Ardouin, dit "Porte-avions"

    Jérôme Pierrat, Michel Ardouin - 2213622051 - Fayard

    »
    A 61 ans, Michel Ardouin se décide enfin à parler. Ardouin ? Un mètre quatre-vingt-cinq et cent trente kilos de muscles, plus connu dans le milieu, sous le surnom de "Porte-Avions", l'une des figures du grand banditisme français.

    Pour la première fois, "Porte-Av" raconte sa vie - bien remplie - de voyou. L'histoire d'un fils de famille qui a mal tourné, passé de l'institution Sainte-Croix-de-Neuilly aux bars de la pègre, du Premier prix de français aux calibres les plus variés.

    Ardouin ne cache rien. De ses premiers pas de proxénète et de casseur dans le milieu parisien des années soixante au trafic international de cocaïne entre la Colombie et la France, en passant par son équipée avec Jacques Mesrine, l'"ennemi public numéro un", avec lequel il écumera plusieurs dizaines de banques et qu'il fera évader.

    Sans oublier ses années de Quartier de Haute Sécurité, ses meurtres de "collègues"... Bref, une épopée de braquages (et autres trafics), de cavales et de règlements de comptes sanglants, où l'on croise caïds, porte-flingues et filles de joie.

    L'histoire de "Porte-Avions", c'est aussi celle du milieu français de ces quarante dernières années.

     

     

     

     

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    L'Assassinat du Petit Grégory

    Faites entrer l'accusé

     

    «

    Christophe Hondelatte - 2749902533 - Faites entrer l'accusé

    »

     

    Le 16 octobre 1984 vers 17 heures, le petit Grégory Villemin, quatre ans, disparaît alors qu'il joue devant le chalet de ses parents, à Lépanges-sur-Vologne, un village des Vosges. Quatre heures plus tard, son corps est retrouvé dans la rivière, à sept kilomètres de là.

    Un mystérieux corbeau revendique le crime dans une lettre anonyme expédiée le jour même du meurtre...

    Avec l'assassinat odieux de cet innocent s'est ouverte l'une des plus grandes énigmes de l'histoire judiciaire. Un suspect, Bernard Laroche, a été abattu par le père de l'enfant: Jean-Marie Villemin. La mère de l'enfant, Christine Villemin, elle-même a été jetée en prison avant d'être disculpée. Un juge a détruit son crédit et sa réputation dans cette affaire. Un autre y a perdu sa santé.

    Qui a tué Grégory ? Pourquoi ? Qui est le corbeau ? Vingt ans après les faits, ces terribles questions restent toujours sans réponse.

    Conduit avec rigueur et objectivité, le passionnant récit de Christophe Hondelatte, présentateur de l'émission "Faites entrer l'accusé", nous entraîne au cœur de l'affaire Grégory, ce drame qui a divisé la France, et relance la polémique...
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Les Grandes Affaires Criminelles d'Alsace
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    Les Grandes Affaires Criminelles d'Auvergne
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    Les Grandes Affaires Criminelles d'Eure-et-Loir
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    Les Grandes Affaires Criminelles d'Ille-et-Vilaine
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     FAITES ENTRER L'ACCUSE - JEAN-CLAUDE ROMAND, LE MENTEUR

     Pour apprécier les vidéos - cliquer sur le logo de RADIONOMY le fond musical sera supprimé

     

    L'affaire Romand

     

    Le narcissisme criminel. Approche psychologique

    «

    Denis Toutenu, Daniel Settelen - 2747536785 - L'Harmattan

    »

     

    Le samedi 9 janvier 1993 au matin, à son domicile de Prévessin, un petit village de l'Ain, Jean-Claude ROMAND fracassait le crâne de son épouse à l'aide d'un rouleau à pâtisserie. Dans la même matinée, armé d'une carabine 22 long rifle, il abattait ses deux enfants, âgés de 7 et 5 ans.

    L'après-midi, il se rendait chez ses parents à Claivaux-les-lacs, et les tuait avec la même arme. Puis il gagnait la région parisienne où, dans la soirée, il tentait d'étrangler avec une cordelette une amie qui avait été sa maîtresse. Rentré chez lui, après une journée de prostration, il absorbait des barbituriques et mettait le feu à sa maison.

    Depuis près de vingt années, il se faisait passer pour " le Docteur ROMAND, chercheur auprès de l'OMS à Genève ", alors que ses études s'étaient arrêtées en deuxième année de médecine, et qu'en fait il avait vécu - faisant miroiter à sa famille de juteux placements en Suisse -, sur l'argent de ses parents, de sa belle-famille et de son amie... Au moment du drame il avait tout dépensé et était aux abois sur le plan financier.

    Après quatre autres psychiatres, les docteurs TOUTENU et SETTELEN ont été conjointement désignés comme experts par le Juge d'Instruction pour un ultime avis. Ils ont rencontré ROMAND en prison et ont bénéficié d'un large accès au dossier.

    Dans cet ouvrage, par petites touches, ils reconstruisent le puzzle, et montrent comment la pathologie de l'enfant Jean-Claude s'est trouvée induite par les exigences narcissiques de son entourage familial et scolaire. Et comment, une fois adulte, ROMAND a poursuivi sur sa lancée, instrumentant, tout en en souffrant, l'aveuglement de son entourage.
     
     
     
     
     
     
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     Yves Godard au CHR de Caen, en 1994.

     

    Affaire Godard

     

    L'affaire Godard désigne la disparition en septembre 1999 du médecin français Yves Godard, de sa seconde épouse et de leurs deux enfants. Riche en rebondissements, cette affaire d'ordre supposément criminel est l'une des plus mystérieuses de ces dernières années.

      

    Les découvertes ont été progressives : traces de sang dans la maison familiale près de Tilly-sur-Seulles au lieu-dit le pont-de-Juvigny dans le Calvados d'abord, puis départ d'Yves Godard et de ses deux enfants sur un voilier de location de Saint-Malo, quelques jours auparavant.

      

    Au cours des années suivantes ont été retrouvés sur la côte nord de la Bretagne ou en mer, un canot de sauvetage, des papiers et des cartes de crédit, le crâne d'un des enfants et enfin des ossements d'Yves Godard. Un non-lieu est rendu le 14 septembre 2012.

     

    Déroulement des événements - Disparition de la famille Godard

    Le lundi 30 août 1999, le docteur Yves Godard, médecin et acupuncteur de 43 ans, donne ses dernières consultations à son cabinet, situé au 1 boulevard Maréchal–Lyautey à Caen. Le lendemain, il annule tous ses rendez-vous, trie ses papiers à son cabinet et emmène ses enfants pêcher aux étangs de Planquery, seize kilomètres à l'ouest de Juvign.

      

    Le 1er septembre, il quitte Saint-Malo à bord d'un voilier du port de plaisance des Sablons, ponton E, accompagné de ses deux enfants : Camille (6 ans) et Marius (4 ans), son épouse Marie-France étant absente de ce voyage. Il confie au loueur du Sun Odyssey 30 Nick, voilier de 8, sa volonté d'effectuer une croisière côtière jusqu'à Perros-Guirec, avec un retour prévu le 5 septembre.

      

    Il a, au préalable, acheté à Saint-Malo, des produits de nettoyages et des serpillères qu'il laisse dans son véhicule sur le parking du port.

    Le 2 septembre, le Nick est contrôlé entre le cap d'Erquy et le Cap Fréhel par la douane. Les douaniers procèdent à un contrôle de routine du voilier et aperçoivent l'un des enfants assoupi dans le bateau. Le voilier navigue alors au moteur alors que le vent est établi. L'un des douaniers est intrigué par le comportement du médecin et vérifie son histoire auprès du loueur de Saint-Malo.

    Le voilier du docteur Godard semble ensuite rester quelques jours près de l'anse de Bréhec, entre Plouha et Plouézec, sur la côte du Goëlo. Le voilier est identifié par plusieurs témoignages à Bréhec entre le 2 septembre et le 5 septembre.

      

    Parmi eux, la vendeuse de gaufres du petit port qui reconnaît formellement le médecin caennais et ses enfants, venus lui acheter des gaufres le 3 septembre.

      

    Le lendemain, le Nick apparemment abandonné est aperçu par un couple de promeneur non loin de la pointe de Minard à Plouézec.

    La petite annexe pneumatique du Nick est récupérée par un chalutier le 5 septembre, le jour où le voilier aurait dû rentrer à Saint-Malo. Elle dérivait abandonnée à une trentaine de milles marins des côtes de l'île de Batz (Finistère). On y retrouve un blouson et un chéquier au nom d'Yves Godard[3]. Intrigués, les gendarmes maritimes de Roscoff ouvrent une enquête pour disparition inquiétante. Le 7 septembre, le docteur Godard n'est toujours pas revenu à Saint-Malo, où les gendarmes se rendent et découvrent de larges traces de sang et des doses de morphine dans le Volkswagen Combi du médecin[9].

    Cette découverte précipite les événements. Le 8 septembre, la gendarmerie procède à une perquisition dans la maison des Godard à Tilly-sur-Seulles, au hameau de Juvigny, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Caen.

      

    Les gendarmes y découvrent également d'importantes traces de sang dans la chambre du couple, la salle de bain et le salon. Le 10 septembre, une information judiciaire est ouverte pour homicide volontaire à l'encontre du médecin, avec un mandat d'arrêt international. L'enquête est confiée au juge Gérard Zaug du tribunal de Saint-Mal, Le 16 septembre, le sang prélevé dans le Combi et à Juvigny est identifié comme étant celui de Marie-France Godard, que personne n'a vue depuis le 31 août.

     

    Éléments retrouvés depuis septembre 1999

    Le 16 septembre, onze jours après la découverte de l'annexe, des plaisanciers découvrent un gilet de sauvetage du Nick au large des îles anglo-normandes de Guernesey et d'Aurigny.

      

    Quelques jours plus tard, le 23 septembre, le radeau de survie pneumatique du voilier est retrouvé à moitié dégonflé sur une plage de la baie de Lyme dans le comté du Dorset. Fait inhabituel, le toit de toile du radeau a été découpé et est manquan.

    Alors qu'ils privilégiaient l'hypothèse de la fuite du médecin après l'assassinat de Marie-France Godard, ces deux découvertes sèment le trouble chez les enquêteurs français. En effet, selon les experts du service hydrographique et océanographique de la marine, il est impossible que ces éléments aient pu être retrouvés à ces endroits, dispersés par la seule force des courants ; ils ont été délibérément éparpillés. De plus, le dispositif de gonflage du radeau de survie a été arraché. Or, pour son fabricant, le radeau ne peut rester gonflé plus de soixante-douze heures sans cette bonbonne[.

    Le 16 janvier 2000, quatre mois après la disparition de la famille Godard, un sac de toile est remonté par le chalut d'un pêcheur au large de l'île de Bat. Il contient de nombreux effets personnels de tous les membres de la famille : des vêtements, les permis de conduire d'Yves et Marie-France Godard, les cartes grises des deux véhicules du couple, des chéquiers, le contenu entier du sac à main de Marie-France Godard, des jumelles et un marteau.

    Le 6 juin 2000, un coquillier ratisse la baie de Saint-Brieuc, au large d'Erquy. Au milieu de la nuit, sa drague remonte un fragment de crâne humain que les pêcheurs rejettent à l'eau. Quatre heures plus tard, ils repêchent un nouveau crâne et décident de le garder. L'analyse ADN révèle qu'il s'agit de celui de Camille, la fille du médecin[.

      

    . Les analyses des scientifiques de l'Ifremer ont démontré que le crâne avait reposé à cet endroit depuis au moins février 2000, Cela semble accréditer la thèse du naufrage – accidentel ou non – du Nick et de la mort de ses trois passagers. La zone – proche de l'endroit où le Nick a été contrôlé par les douaniers le 2 septembre 1999 – est passée au peigne fin par un chasseur de mines de la Marine nationale équipé d'un sonar sans que l'épave du voilier soit retrouvée.

    L'affaire prend un nouveau tour lorsque la carte professionnelle du docteur Godard est ramassée le dimanche 11 février 2001 par une promeneuse sur la plage de la Chapelle, sur l'îlot principal des îles des Ébihens, devant Saint-Jacut-de-la-Mer. Le 22 février, une carte bancaire au nom d'Yves Godard est découverte sur cette même plage par un habitant de Saint-Jacut. Puis, le 24 mai, des promeneurs trouvent une carte de crédit, toujours sur la plage de la Chapelle. Une fouille minutieuse de la plage par les gendarmes est ordonnée par le juge d'instruction pendant qu'un dragueur de mines sonde les environs de l'archipel, à la recherche de l'épave du Nick, le tout sans résultat. .

      

    Le 3 juin, une nouvelle carte est retrouvée par un plongeur sur le rivage de la plage. Pour les enquêteurs, il devient alors acquis que le docteur Godard a fait une halte sur cette plage et s'y serait débarrassé du contenu de son portefeuill.

      

    De nouvelles recherches sont effectuées sur la plage, notamment à l'aide d'un tracteur qui tamise le sable de la plage de la Chapelle mais aucune carte ou objet personnel du docteur Godard ou de sa famille n'est découve]. Pourtant le 31 juillet, une cinquième carte est ramassée sur la plage de la Chapelle.

      

    Toutes ces cartes sont analysées par un laboratoire spécialisé. Pour les experts de ce laboratoire, les cartes ont séjourné dans l'eau très peu de temps avant leur découverte et n'ont pas été jetées à l'eau en septembre 1999. Il est vraisemblable qu'elles ont été déposées une à une au cours des premiers mois de l'année 200. Pour les enquêteurs et l'avocat de la famille de Marie-France Godard, il faut y voir l'œuvre d'un complice qui souhaiterait faire croire à une mort accidentelle.

    Une mallette semblant appartenir à Yves Godard est retrouvée le 8 août 2003 dans la baie de Saint-Brieuc. Cependant, les enquêteurs n'ont jamais confirmé l'authenticité de la mallette, celle-ci étant probablement un canular.

    Bien réelle, en revanche, est la découverte d'ossements – un fémur et un tibia – appartenant à Yves Godard le 13 septembre 2006, au fond de la fosse des Casquets, à 70 km au nord de Roscof.

      

    Le chasseur de mines l'Aigle de la Marine nationale est envoyé dans la zone de la découverte pour essayer de retrouver l'épave du voilier, mais sans succès. La confirmation de la mort du docteur Godard éteint l'action publique à son encontre mais le mystère de la disparition de Marie-France Godard – dont le corps n'a jamais été retrouvé – et de la mort du docteur Godard et de sa fille Camille, ainsi que celle très probable de Marius, demeure : drame familial suivi d'un suicide maquillé en naufrage ou d'un accid.

      

    Le dossier judiciaire n'est donc pas immédiatement classé. Il allait l'être deux ans plus tard lorsqu'une nouvelle carte de mutuelle d'Yves Godard est retrouvée en parfait état de conservation sur la plage de la Chapelle, aux Ébihens, le 14 décembre 2008, relançant ainsi l'action de la justice.

     

    " L’affaire du Docteur Godard refait surface depuis la mystérieuse réapparition de plusieurs documents administratifs. Le médecin, son épouse et ses deux enfants avaient disparu en mer en septembre 1999 alors qu’Yves Godard était criblé de dettes. En juin 2000, des pêcheurs avaient retrouvé le crâne de sa fille Camille avant de repêcher en 2006, des ossements du docteur Godard. Ainsi, après la découverte de la carte de crédit et la carte professionnelle, c’est désormais la carte Vitale du médecin qui vient de réapparaître mystérieusement sur l’île des Ebihens dans les Côtes-d’Armor. « Manifestement, le document a été déposé là par quelqu'un. Aucune empreinte digitale ou génétique n'a été relevée » a précisé le procureur de Saint-Malo. Cette découverte obscurcit l’affaire mais ne bouleverse pas l’enquête qui sera bientôt close. "

    S.P    Le 27/01/2009

     

    Enquêtes et témoignages

    À la suite de la découverte d'importantes traces de sang de Marie-France Godard dans la maison de Juvigny, de vastes fouilles ont été entreprises dans la région pour retrouver le corps de l'épouse du médecin au cours de l'automne et de l'hiver 1999.

    Restant vaines, ces recherches s'interrompent à la mi-janvier 200,  Elles reprennent le 27 janvier 2007, un mois après l'annonce de la mort du docteur Godard. Sur indications d'une lettre anonyme, la gendarmerie fouille le débarras d'un cimetière de Lingèvres, situé à moins de 5 km du domicile des Godard. Elle retrouve des ossements que la lettre indique comme étant ceux de Marie-France Godard. Après analyse des ossements, ces os n'appartiennent pas à Madame Godard. C'est un radiesthésiste normand qui s'est réclamé être l'auteur de la lettre anonyme

    14 octobre 1999. Un hôtelier de l'île de Man affirme que le docteur Godard et ses enfants ont séjourné dans son hôtel du 7 au 14 septembre. C'est le premier d'une série de témoignages signalant la présence d'Yves Godard et de ses enfants aux quatre coins du monde. On déclarera ainsi l'avoir vu successivement sur l'île de Lewis (Écosse), en Afrique du Sud, à Miami et en Crète.

    Début mai 2000. Les vérifications faites à Madère, où Yves Godard avait ouvert un compte en banque, ne donnent rien : aucun mouvement de fonds n'a eu lieu après la disparition du médecin.

    La publication fin 2011 de L'Assassinat du docteur Godard par Eric Lemasson met en lumière une nouvelle piste, financière voire mafieuse, en s'appuyant sur une série d'assassinats autour de la CDCA (Confédération des défense des commerçants et artisans) dont Yves Godard était un membre très act.

    Non-lieu

    Le 14 septembre 2012, le juge d'instruction rend une ordonnance de non-lieu.

    Dans son réquisitoire, le parquet relève que « la seule hypothèse que l'on peut exclure est que la disparition de la famille s'explique par un simple accident de mer » et, « même si c'est la piste la plus probable, on ne peut affirmer formellement que Yves Godard est l'auteur de l'homicide, c'est un non-lieu faute de charge », selon Alexandre de Bosschère, procureur de la République de Saint-Mal.

      

    Fiction

    Françoise Chandernagor avait imaginé un feuilleton en quatre épisodes à paraître dans

    Le Figaro littéraire.

    Après la publication du premier épisode en juillet 2000, la famille de l’épouse du Docteur Godard a fait interdire, en référé, par un juge de Caen, la publication du feuilleton, en arguant le respect de la vie privée, prévu à l’article 9 du Code civil.

      

      

    sources / Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

    Affaire Godard : 13 ans après, la justice referme le dossier

    Par S.C.- Le 15/09/2012

     

      Affaire Godard 13 ans apres la justice referme le dossier

     

    Treize années que les enquêteurs tentaient de résoudre l’affaire Godard, du nom d’un médecin normand qui avait disparu avec sa famille. Ce samedi, le procureur de la République à Saint-Malo, Alexandre de Bosschère, a annoncé que le juge d’instruction, chargé du dossier depuis 1999, a rendu hier une ordonnance de non-lieu. Alors que le docteur Yves Godard était recherché pour homicide volontaire, « il reste beaucoup de zones d'ombre », a précisé le procureur.

     

      

    Les corps de son épouse et de son fils jamais retrouvés

    Yves Godard, un médecin de Caen (Calvados), sa femme Marie-France, et leurs deux enfants avaient disparu en 1999. Le 1er septembre de cette année-là, le médecin était parti en mer depuis Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) avec son fils Marius, 4 ans, et sa fille Camille, 6 ans, à bord de son voilier. En revanche, son épouse était absente du voyage. Alors que le père et les enfants ne donnaient plus de nouvelles, une enquête avait été ouverte pour disparition inquiétante.

      

    Quelques jours plus tard, les gendarmes avaient découvert des traces de sang lors d’une perquisition au domicile familial de Tilly-sur-Seulles (Calvados). Les analyses avaient ensuite prouvé qu’il s’agissait de celui de Marie-France. L’année suivante, le crâne de la petite Camille avait été repêché par un chalutier. Six ans plus tard, en 2006, un tibia et un fémur d’Yves Godard avaient été découverts en mer. En revanche, les corps de Marie-France et de Marius n’ont jamais été retrouvés.

    Dans son réquisitoire rendu public aujourd’hui, le parquet relève que « la seule hypothèse que l'on peut exclure est que la disparition de la famille s'explique par un simple accident de mer ». « Même si c'est la piste la plus probable, on ne peut affirmer formellement que Yves Godard est l'auteur de l'homicide, c'est un non-lieu faute de charge », a par ailleurs annoncé Alexandre de Bosschère, précisant que les parties civiles avaient désormais 10 jours pour faire appel.

      

      

    Sources

    http://www.elle.fr/Societe/News/Affaire-Godard-13-ans-apres-la-justice-referme-le-dossier-2177432

     

      

    L'affaire Godard vue par Jean-Pierre Beuve reporter à Ouest-France

     

    Lorsqu’il quitte le port de Saint-Malo, le 1er septembre 1999, Yves Godard, 44 ans, largue les amarres d’une vie parfois tourmentée. Fils d’un psychiatre breton, il s’inscrit à la faculté de médecine de Caen, en 1974, après des études aux Cordeliers de Dinan, l’institution des bonnes familles.

       

    «Ma mort professionnelle»

    D’emblée, le jeune médecin, jean sous la blouse blanche, marque sa différence : sa thèse, en 1984, est consacrée au traitement de la sciatique par l’acupuncture. Les autorités médicales froncent d’autant plus les sourcils qu’un hebdomadaire caennais consacre sa une au sujet. Cette publicité lui vaut ses premiers démêlés avec le Conseil de l’Ordre.

    Suivront, plus tard, une suspension et même une condamnation pénale, en 1996, pour avoir délivré lui-même des médicaments. « Ma mort professionnelle », dira-t-il. Une cassure qui l’amènera à ne plus payer ses cotisations sociales et à militer dans un syndicat classé à l’extrême droite.

    Attentif à son prochain

    Faisant preuve d’une ouverture d’esprit peu commune, il teste des traitements loin des règles officielles : astrologie médicale, instinctothérapie - qui consiste à manger de la viande crue -, présence aux côtés d’une voyante, etc. Des emballements successifs.

    Dans sa pratique quotidienne de généraliste acupuncteur, Yves Godard se montre très attentif à sa clientèle et à son prochain. Avant sa disparition, des patients parlaient déjà de lui avec émotion. La visite est gratuite pour des enfants qui partent en colo ; il accompagne des cancéreux en fin de vie à une époque où les soins palliatifs restent balbutiants.

    Côté vie privée, un charme indéniable : « J’aurais volontiers craqué pour lui », confie une élève infirmière des années 1980. Deux mariages, quatre enfants. Une vie de fin du XXe siècle avec croisières en mer et théâtre en amateur : pas du boulevard, mais des pièces d’avant-garde dans la Compagnie du clair-obscur. Un titre pour la vie d’Yves Godard.

    Jean-Pierre BEUVE.

      La maison du Dr Godard, à Tilly-sur-Seulles (Calvados). L’affaire Godard, ce sont 450 personnes entendues, 560 scellés, 450 réquisitions et cinquante commissions d’experts…

    Treize ans après la disparition de la famille normande de quatre personnes, et d’un voilier au large de la Bretagne, le procureur a demandé le non-lieu. Même s’il reste des zones d’ombre.

    Treize années de mystère. Le 1er septembre 1999, le Dr Yves Godard embarque, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), sur un voilier loué pour cinq jours. Le lendemain, les douaniers le contrôlent en mer. À bord, se trouve aussi un enfant. On ne les reverra plus. Le 5 septembre, l’annexe est retrouvée au large de l’île de Batz (Nord-Finistère), contenant la veste et le chéquier du médecin.

    Quatre jours plus tard, les gendarmes vont relever des traces de sang dans la maison de Tilly-sur-Seulles (Calvados), où le médecin vivait avec sa famille, ainsi que dans la fourgonnette abandonnée près du port de Saint-Malo. Le sang s’avérera être celui de l’épouse : Marie-France Godard.

    L'affaire Godard vue par Jean-Pierre Beuve reporter à Ouest-France

     

     

    L'enquête aurait pu s'arrêter en 2006

    L’enquête pour homicide aurait pu s’arrêter dès 2006, après la découverte d’un tibia et d’un fémur attestant le décès de l’auteur présumé, Yves Godard, 45 ans. Le crâne de sa fille Camille, 6 ans, avait déjà été repêché en juin 2000. « Mais on espérait toujours trouver une vérité judiciaire et pouvoir apporter des explications à la famille », explique le procureur de Saint-Malo, Alexandre de Bosschère. Malgré les recherches à terre et les dragages en mer, aucune trace de Marie-France Godard, 43 ans, ni de son fils Marius, 4 ans, ni du Nick, le bateau de location de 9 mètres.

    Encore des zones d’ombres

    Au terme de l’enquête, le dossier remplit vingt-neuf tomes. En 2009, rappelle le procureur, « un nouveau directeur d’enquête a réexaminé toutes les pistes. Quatre commissions rogatoires ont ainsi été lancées, en 2010 et 2011. » Dont une pour vérifier l’hypothèse d’un lien entre la disparition de la famille Godard et la CDCA (Confédération de défense des commerçants et artisans), dont le président, Christian Poucet, a été assassiné, en 2001. Aucun lien n’a pu être établi. En définitive, reconnaît le magistrat, « il subsiste des zones d’ombre : cette demande de non-lieu est nécessairement un constat d’échec. On n’a pas la preuve formelle que le Dr Godard a tué sa femme, même si c’est l’hypothèse la plus probable. On ne peut pas non plus écarter le suicide de celle-ci. »

    Un des scénarios envisageables est un décès à l’occasion d’une dispute, Godard ayant caché son projet de départ en bateau à son épouse, qui détestait la navigation. « En revanche, il n’y a pas de possibilité raisonnable pour un simple accident de mer : trop d’incohérences. Dans les naufrages, on retrouve toujours quelque chose… Sauf si on a fermé et sabordé le bateau. »

    Corbeau non identifié

    Pour la justice, il ne fait aucun doute que les cinq cartes appartenant au Dr Godard - cartes bancaires, professionnelles… - découvertes entre 2001 et 2008, aux Ébihens (devant Saint-Jacut, dans les Côtes-d’Armor), puis une sixième quelques jours après l’annonce de la fin prochaine de l’enquête, ont été déposées par un ou des tiers. L’intention reste obscure.

    Des témoins ont cru voir Yves Godard en de nombreux endroits : en Afrique du Sud, à Miami, en Guadeloupe… La possibilité subsiste qu’il soit passé par les îles de Man et Lewis. Un « corbeau » jamais identifié a donné ces deux pistes, corroborées sur place par des témoignages. Aujourd’hui, Alexandre de Bosschère prévient : « De nouveaux courriers anonymes ou des nouvelles apparitions de documents ne suffiraient pas pour que le parquet rouvre ce dossier. »

    La demande de non lieu acceptée

    Le procureur Alexandre de Bosschère a longuement reçu vendredi après midi l’avocat de la famille de Marie-France Godard-Legraveran, et de ses enfants. Ils ont accepté de renoncer au délai légal d’un mois pour formuler d’éventuelles observations. La juge d’instruction Anne-Laure Maduraud a ensuite prononcé un non lieu clôturant la procédure d’homicide. Il reste encore un délai théorique (mais improbable) de 8 jours à la partie civile pour faire appel.

    Gérard LEBAILLY.

      

      

    Ce dossier judiciaire hors normes représente les chiffres suivants :

    Une dizaine de magistrats en treize ans

    Jusqu’à 40 gendarmes mobilisés par la cellule Godard

    84 commissions rogatoires dont 18 CR Internationales

    450 personnes entendues, une soixantaine de sites fouillés autour de Tilly-sur-Seulles

    450 réquisitions (communication de fadettes téléphoniques, documents bancaires, analyses d’ADN ou de toxicologie)

    50 commissions d’experts (études graphologiques, et d’ADN)

    560 scellés (dont une partie occupe une pièce au sous-sol du tribunal).

    LIRE

    Dr Godard : un médecin à part entière, entièrement à part

    Chronologie. Pour mieux comprendre l’affaire

    Le jour où les ossements du docteur Godard ont été repêchés

      

      

    Pourquoi le docteur Godard voulait-il disparaître de la circulation

    en septembre 1999 ?

     

      Il y a douze ans, le Dr Godard (g) disparaissait avec ses enfants... Deux ans après, Christian Poucet (d) était assassiné.

    Il y a douze ans, le Dr Godard (g) disparaissait avec ses enfants... Deux ans après, Christian Poucet (d) était assassiné. (AFP ET B. V.)

    Dans un livre, Éric Lemasson a établi le lien entre la disparition à Caen, en 1999, du Dr Yves Godard et de ses enfants, et l’assassinat de Christian Poucet dans l’Hérault, en 2001.

      

      

    Pourquoi le docteur Godard voulait-il disparaître de la circulation en septembre 1999 ?

     

    Refaire sa vie ailleurs, c’était un vieux rêve qui habitait depuis longtemps ce médecin.

      

    En 1999, il est acculé financièrement, aux abois, en échec : il va se préparer très secrètement, pendant de longs mois. C’était un projet solitaire, sa femme n’était au courant de rien. Son projet était de disparaître en laissant derrière lui des indices faisant croire à un naufrage.

    Qu’est-ce qui a perturbé son plan ?

    Il a mis de côté de fortes sommes, loué un bateau, préparé son départ avec des gens pour organiser la disparition de son voilier. Ce qu’il n’a pas prévu, c’est le problème avec sa femme, quand il lui a parlé de son départ, la veille au soir. Soit ils se sont bagarrés, soit il l’a tuée, soit elle s’est suicidée : je suis convaincu que c’est lui qui a fait disparaître son cadavre. Cet événement a compliqué sa tâche : je crois qu’il n’avait pas prévu de partir avec ses enfants, Marius, 4 ans, et Camille, 6 ans.

    Comment en arrive-t-on au Comité de défense des commerçants et artisans (CDCA) ?

    Les enquêtes menées à Saint-Malo se sont très tôt intéressées à la CDCA, dont le Dr Godard était membre. Dès mai 2000, des enquêteurs, à la demande du juge, sont venus à Baillargues (Hérault) interroger, dans ses bureaux, Christian Poucet, ainsi que Maria Mendes, sa collaboratrice à Madère, et ordonner des investigations financières sur la façon dont ce syndicat organisait l’évasion fiscale et les délocalisations d’entreprises à l’étranger. Cette piste est restée sans lendemain. Il y avait d’autres pistes plus séduisantes, comme le drame familial ou la secte. Les enquêteurs se sont heurtés aussi à l’impossibilité matérielle de remonter les comptes de Godard, à cause d’une inondation des archives d’une banque de Caen.

      

    Pourquoi Godard est-il devenu l’homme à abattre pour certains dans l’entourage de la CDCA ?

    Godard faisait partie, comme des centaines de petits commerçants ou d’artisans, de ceux qui ont été floués dans l’aventure. Pour lui, les sommes en jeu étaient importantes, estimées à 3 MF (450 000 €), et il a voulu les récupérer. C’est ce que l’on comprend quand on étudie son itinéraire après son départ en bateau, et notamment son passage par l’Ile de Man, un paradis fiscal où étaient basées certaines sociétés proches de la CDCA. Je pense que quand il a compris que son argent avait disparu, il a secoué le cocotier, et que c’est pour ça qu’il a été tué.

      

    Où est le lien avec l’assassinat de Christian Poucet ?

    Les gendarmes ont fait état de confidences qui ont relancé, en 2009, l’intérêt porté à la piste CDCA. Il s’agit d’éléments recueillis en 2004 par les policiers montpelliérains auprès d’un témoin, au Brésil, et qui n’ont pas été transmis à l’époque aux gendarmes. Ce témoin a apporté un éclairage sur l’assassinat de Poucet et a parlé aussi d’un médecin français et de ses enfants.

      

    Cet élément semble fortement contesté à la PJ de Montpellier ?

    Avoir caché ces éléments sur l’affaire Godard, c’est quelque chose d’inavouable. Mes sources sont de première qualité, du béton.

    Pourquoi la justice de Saint-Lô ne s’est-elle pas intéressée à ce témoin brésilien ?

    Je n’ai pas les réponses. Les aléas de l’organisation judiciaire ont joué : en juillet 2009, l’équipe d’en- quêteurs a été dispersée et un nou- veau juge a dû reprendre à zéro.

      

    Pensez-vous que l’on connaîtra un jour la vérité sur la mort du Dr Godard et de ses enfants ?

    Au minimum, on ne pourra plus envisager cette affaire de la même façon, comme un simple drame familial. Il faut absolument la lire à travers le prisme des liens entre Godard et la CDCA. Je comprends que mon livre provoque quelques turbulences, mais je ne souhaite pas polémiquer, plutôt insister sur l’intérêt qu’il y a à relancer des enquêtes non élucidées.

      

    “L’Assassinat du Dr Godard”, Eric Lemasson, Les Arènes, 362 pages, 18,80 €

     
    YVES GODARD, corps et biens

    Le 1er septembre 1999, le Dr Yves Godard, 44 ans, embarque avec ses deux enfants, à Saint-Malo, sur le Nick, un voilier de neuf mètres loué pour cinq jours. Le 5 septembre, l’annexe du bateau est découverte à Roscoff. Le 7, les gendarmes trouvent des traces du sang de Marie, l’épouse du docteur, dans le fourgon laissé à Saint-Malo, puis dans la maison du couple.

    Plus tard, un gilet de sauvetage, un radeau de survie sont découverts en Manche et sur la côte anglaise. En octobre, des lettres anonymes signalent la présence de Godard et de ses enfants sur l’Ile de Man, puis aux îles Hébrides, pré-
    sence confirmée après coup par des témoins. En janvier 2000, un chalutier remonte au large de l’île de Batz un sac contenant des documents de la famille Godard. En juin 2000, le crâne de Camille est repêché au large de Saint-Brieuc.

    À partir de 2001, des cartes de crédit ou d’assurance du Dr Godard vont successivement réapparaître sur un îlot proche de Bériac-sur-Mer, où Yves Godard, enfant, passait ses vacances ; la dernière émergeant en 2008, soit un an après la découverte, en Manche, d’un tibia et d’un fémur identifiés par l’ADN comme étant ceux de Godard.

    CHRISTIAN POUCET, criblé de balles

    Le 29 janvier 2001, Christian Poucet, 44 ans, est criblé de balles de gros calibre par deux tueurs cagoulés dans ses bureaux de Baillargues (Hérault). Personnage sulfureux, Christian Poucet avait été l’un des leaders du Comité de défense des commerçants et artisans (CDCA), devenu européen (CDCAE) en 1992.

    Usant de la manière forte, l’organisation incitait ses adhérents au boycott des cotisations sociales, au profit d’assurances privées installées dans des paradis fiscaux, et contrôlées par la CDCAE. En 2001, Midi Libre et le Diario de Noticias, quotidien portugais, ont publié le témoignage du garde du corps brésilien d’une femme d’affaires portugaise, affirmant qu’elle était à l’origine de ce crime.

    Une mort qui aurait été déclenchée par une rivalité exacerbée entre ces deux personnages pour le contrôle de l’argent géré par ces sociétés offshore. L’enquête sur cet assassinat est toujours en cours à la PJ de Montpellier.

     

     

     

     http://www.midilibre.fr/2011/10/12/godard-poucet-deux-morts-liees,401423.php

     

      

      

    Le docteur Godard assassiné par des membres de la CDCA ?

     

     Le docteur Godard, peu avant sa disparition.

    Le docteur Godard, peu avant sa disparition. (D.R.)

      

      

    Le reporter et documentariste Eric Lemasson a publié jeudi un livre sur l'affaire Godard dans lequel il soutient que le médecin et ses enfants ont été assassinés, après une fuite à l'étranger qui a mal tourné, a indiqué l'éditeur de l'ouvrage, Les Arènes.

    Selon l'auteur, le docteur Godard avait préparé son départ sur un voilier de location pendant de longs mois, sollicitant un "réseau à l'étranger lié au syndicat de petits commerçants" CDCA, et confiant ses économies à "ce réseau d'évasion financière et fiscale", explique l'éditeur.

     

    Assassiné par ceux qui l'avait été à s'enfuir

    Après sa fuite, il "tentera en vain de récupérer son argent d'île en île, et de paradis financier en paradis financier", avant d'être "assassiné sur ordre de ceux qui l'avaient aidé à s'enfuir", indique-t-on de même source. Interrogé mercredi par le quotidien Ouest-France, l'avocat de la famille de Marie-France Godard (épouse du docteur Godard, dont le corps n'a jamais été retrouvé) a exprimé son scepticisme sur cette thèse.

    "Les investigations sur un lien possible avec la Confédération de défense des commerçants et artisans n'ont rien donné même si l'un des enquêteurs s'est longuement penché sur cette partie du dossier", déclare-t-il au quotidien. Le parquet, joint jeudi, n'a pas souhaité communiquer sur l'enquête et sur le livre d'Eric Lemasson.

      

    Disparu mystérieusement depuis 1999

    Le docteur Yves Godard a disparu en 1999 avec sa famille dans des conditions jamais élucidées. Installé dans le Calvados, ce médecin acupuncteur de 44 ans, alors criblé de dettes, s'était volatilisé avec ses deux enfants de 4 et 6 ans et sa femme, début septembre 1999.

    Seuls des ossements du docteur Godard, recherché pour homicide volontaire sur son épouse, et de sa fille, Camille, ont été retrouvés au large de la Bretagne.

     

     

     

    Assassinat de Christian Poucet : la PJ repart enquêter à Madère

    (sources Midi Libre avril 2012)

     

     

    Christian Poucet, assassiné en janvier 2001. Un mystère judiciaire.

    Christian Poucet, assassiné en janvier 2001. Un mystère judiciaire. (Photo B. VEDEL)

     

      

      

    Dernier soubresaut procédural ou véritable avancée judiciaire ? Des enquêteurs du Service régional de police judiciaire de Montpellier se sont rendus cette semaine à Madère, au large du Portugal, afin d’y procéder à des auditions, onze ans après un crime retentissant.

      

    En 2001, Poucet était abattu de plusieurs balles

    Le 29 janvier 2001, Christian Poucet, 45 ans, le sulfureux leader du Comité de défense des commerçants et des artisans européens (CDCAE), était abattu de plusieurs balles de 11.43 dans ses bureaux de Baillargues (Hérault) par deux tueurs cagoulés. Une exécution en forme de contrat, dont la PJ recherche depuis les commanditaires et les exécutants.

    Une tâche difficile au vu de la personnalité contrastée de Christian Poucet. Libertin, gros joueur au casino, l’homme avait bâti une organisation complexe, incitant ses milliers d’adhérents à ne pas payer les cotisations sociales obligatoires. En échange, via une myriade de sociétés basées dans des paradis fiscaux, le CDCAE fournissait des assurances privées, brassant ainsi de colossales sommes d’argent.

      

    La piste de Madère

    En janvier 2002, Midi Libre et le journal portugais Diario de Noticias publiaient des articles orientant l’enquête vers l’île de Madère, où étaient basées certaines des sociétés de la galaxie CDCAE. Selon le témoignage d’un Brésilien, l’assassinat aurait été commandité par une femme gérant les affaires du CDCAE sur place et par son compagnon, moyennant 150 000 €. Motif : un conflit financier exacerbé avec Poucet.

    Dix ans après, le juge montpelliérain chargé du dossier vient de délivrer une commission rogatoire internationale pour entendre à nouveau le couple soupçonné. Seul l’homme a été interrogé, en présence de son avocat, la femme d’affaires étant en déplacement.

     

    Bien des interrogations

    L’avenir dira si le juge dispose d’assez d’éléments pour mettre en cause les personnes soupçonnées, qui nient toute implication dans le crime. Un crime qui continue à susciter bien des interrogations : la publication récente d’un livre établissant un lien avec l’affaire du Dr Godard, hypothèse jugée peu crédible par les enquêteurs, en est l’illustration. 

     

    Le jour où les ossements du docteur Godard ont été repêchés [Vidéo]

    Faits diverssamedi 15 septembre 2012

      

      

    Article OUEST-FRANCE (15 septembre 2012) 

      

    Fin septembre, au large de Roscoff, un pêcheur a remonté des ossements. Ils appartiennent au médecin caennais disparu en 1999.

      

    SAINT-MALO. - Sept ans après, l’affaire Godard rebondit. Et c’est encore la mer qui a livré des indices, qui semblent, cette fois, déterminants. Hier, le procureur de la République de Saint-Malo, Jean-Luc Desport, a annoncé que des restes appartenant au docteur Godard avaient été découverts au large du Finistère.

    Le 16 septembre, dans l’après-midi, le At-Fyl, un fileyeur, se trouve au milieu de la Manche, à environ 74 km des côtes, lorsqu’il remonte des ossements dans ses filets. Intrigué, le patron du bateau, Yvon Caroff, décide de les conserver. Il reconnaît qu’il ne « s’est pas précipité » : le 11 octobre seulement, ce fémur et ce tibia sont confiés à la gendarmerie, qui décide de les faire analyser par un labo de Nantes. Les résultats sont tombés ces jours-ci. Il aura fallu attendre deux mois, « car une telle expertise demande du temps », précise le procureur.

      

    « Un ADN cellulaire extrait de l’un des deux os, le tibia, a été identifié comme étant celui du docteur Godard », révèle Jean-Luc Desport. « La fiabilité d’une telle analyse est très importante. Elle ne laisse que peu de doute » sur l’identité de la personne. Néanmoins, l’actuel juge d’instruction prévoit de nouvelles investigations. Une expertise complémentaire va être effectuée dans les prochaines semaines, pour confirmer ces premiers résultats.

      

    MANCHETTE OUEST-FRANCE

      http://upload.ouestfrance.fr/ouest-france.fr/pdf/godard.pdf

     

    La justice s’apprête à refermer le dossier Godard. Après treize années de mystère autour de la disparition de cette famille caennaise au large de la Bretagne, le procureur de Saint-Malo demande le non-lieu. Retour sur plusieurs années d’une affaire judiciaire hors-norme.

     



    1999

    1er septembre : départ de Saint-Malo à bord du Nick. (1)

    2 septembre : une vedette des douanes voit Godard et un enfant à bord du Nick (2)

    5 septembre : découverte de l’annexe du voilier loué par le docteur Godard. À l’intérieur, la veste et le chéquier du médecin. (3)

    17 septembre : découverte d’une brassière au large de la Hague (4)

    23 septembre : découverte d’un radeau de survie (5)

    2000

    16 janvier : un chalutier ramène un sac contenant des vêtements, des objets et des papiers personnels de la famille Godard. (6)

    6 juin : des pêcheurs remontent dans leur chalut le crâne de Camille, fille du docteur Godard. (7)

    2001

    Cette année-là, quatre documents appartenant au docteur Godard sont retrouvés à Saint-Jacut. (8)

    11 février : sa carte professionnelle retrouvée sur la plage des Ébihens.

    22 février : un document d’opposition bancaire

    24 mai : une carte bancaire découverte par un plongeur par trois mètres de fond.

    31 juillet : une carte d’adhérent à un organisme de crédit est retrouvée sur la plage

    2003

    8 août : une mallette est retrouvée par un pêcheur en baie de Saint-Brieuc. Le nom du docteur Godard serait inscrit au feutre à l’intérieur. (9)

    2006

    16 septembre. Un fileyeur de Roscoff repêche des ossements qui s’avéreront appartenir au docteur Godard. (10)

      

      

    Zones d’ombre

    Par ailleurs, une exploration de la zone est envisagée avec le concours de la Marine nationale, afin d’y retrouver peut-être l’épave du Nick. Le Nick, ce voilier loué à Saint-Malo, en août 1999, à bord duquel le docteur Godard avait été vu pour la dernière fois. Au large de Roscoff,

      

    « les fonds atteignent 80 à 90 m de profondeur. Pas question d’y envoyer des plongeurs, il faut des moyens lourds. On espère que la Marine voudra bien nous prêter un chasseur de mines, comme en 2000 ».

     

    Si la contre-expertise confirme que les ossements sont bien ceux du médecin normand, la justice pourra-t-elle mettre un point final à cette affaire mystérieuse ? « L’action publique à l’encontre d’Yves Godard se trouvera éteinte », résume sobrement le procureur. L’affaire n’est pas classée pour autant. De nombreuses zones d’ombre subsistent. Comment le docteur Godard a-t-il disparu ? A-t-il volontairement sabordé le voilier ou a-t-il été victime d’un accident ? Sa femme et ses deux enfants ont-ils sombré dans le naufrage ou ont-ils été les victimes d’un geste de folie ?

      

    Olivier BERREZAI.

     

     

     

     

     

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    Bonnie et Clyde (Bonnie Parker et Clyde Barrow) sont deux criminels américains qui ont perpétré leurs méfaits dans le Sud-Ouest des États-Unis pendant la Grande Dépression. Ils étaient spécialisés dans l'attaque à main armée de banques et on estime qu'ils ont tué douze personnes.

      

     

      

    La voiture du couple, après la fusillade. DR

      

    Si la France a connu le premier braquage automobile, l’Amérique a très vite ravi la « vedette » au Vieux Continent.

    Parmi les grandes cavales automobiles, celle de Bonnie and Clyde, immortalisée à l’écran par Faye Dunaway et Warren Beaty, demeure l’une des plus terribles.

    Le 23 mai 1934, le couple est abattu par la police sur la route, alors qu’il s’apprête à commettre un énième hold-up. La Ford est criblée de balles et les deux amants terribles tués sur le coup. En France, Gainsbourg et Bardot ont chanté leurs «exploits».

    Depuis, le cinéma et la télévision ont largement utilisé le filon de la course-poursuite en voiture.

    Les Incorruptibles ont immortalisé les poursuites entre les trafiquants d’alcool et les policiers dans les années 20-30 aux États-Unis, pour le plus grand plaisir des amateurs de frisson et de vieilles voitures.

     

     

     

    Les revolvers de Bonnie et Clyde achetés aux enchères 500.000 dollars

      

    Les revolvers portés par le célèbre couple de gangsters Bonnie Parker et Clyde Barrow quand ils ont été abattus en 1934 ont été acquis pour plus de 500.000 dollars / AFP

     

    Les revolvers portés par le célèbre couple de gangsters Bonnie Parker et Clyde Barrow au moment où ils furent abattus en Louisiane en 1934 seront mis aux enchères le 30 septembre à Nashua dans le New Hampshire (nord-est), a-t-appris vendredi auprès de la maison RR Auction.

     

    Il s’agit du Colt Detective Special de Parker et du Colt Government 1911 semi-automatique de Barrow. Des revolvers très spéciaux, pour le vice-président des ventes de la maison RR Auction, Bobby Livingstone, car ils ont été littéralement retirés des corps sans vie des deux gangsters en cavale, après l’embuscade fatale menée par la police.

     

    Parker avait utilisé du scotch pour attacher son arme à sa cuisse, tandis que Barrow avait accroché la sienne à sa ceinture.

     

    Les deux revolvers ont été retrouvés sur les lieux du crime, à Paroisse de Bienville, au nord-ouest de la Louisiane (sud), par le policier Frank Hamer. Des lettres certifiées de ce dernier accompagnent les armes mises aux enchères pour prouver leur origine.

     

    «Tout ce qui provient de ce fameux jour du 23 mai 1934 est extrêmement rare et précieux», a indiqué par téléphone à l’AFP M. Livingstone.

     Bonnie et Clyde restent des légendes de la culture populaire américaine, et leur traversée du pays, durant la Grande Dépression, commettant braquages et tuant plusieurs agents de police, a été retracée au cinéma.

     

    La trousse de maquillage de Bonnie sera aussi mise en vente le 30 septembre, ainsi que la montre de poche en or de Clyde et deux autres de ses revolvers.

     

    La maison RR Auction proposera également un pistolet automatique ayant un jour été entre les mains d’Al Capone, ou encore une partition de musique signée par le célèbre bandit de Chicago lors de son séjour dans la prison d’Alcatraz.

      

    Les revolvers portés par le célèbre couple de gangsters Bonnie Parker et Clyde Barrow quand ils ont été abattus en 1934 ont été acquis pour plus de 500.000 dollars par un collectionneur texan lors d'une vente aux enchères, a-t-on appris lundi auprès de la maison RR Auctions.

    Un collectionneur texan


    Le "Colt Detective Special" de Parker est parti pour 264.000 dollars et le "Colt Government 1911" semi-automatique de Barrow a été adjugé à 240.000 dollars lors de cette vente organisée dimanche à Nashua, dans le New Hampshire. Le collectionneur texan qui a acheté les deux armes a souhaité rester anonyme.


    Ces deux revolvers ont été récupérés à Paroisse de Bienville, au nord-ouest de la Louisiane, par le policier Frank Hamer, sur les corps sans vie des deux gangsters en cavale, après une embuscade fatale menée par la police.

     

      

    Parker, 23 ans, avait utilisé du scotch pour attacher son arme à sa cuisse, et Barrow, 25 ans, avait accroché la sienne à sa ceinture.


    Cinq autres pièces récupérées dans la voiture des gangsters ont également été adjugées: un bas de soie de femme, une balle non utilisée, un morceau d'une paire de lunettes, un petit tournevis et un tube d'aspirine vide. Vendus en un seul lot, ils ont trouvé preneur pour 11.400 dollars.


    Bonnie et Clyde restent des légendes de la culture populaire américaine et leur traversée du pays, durant la Grande Dépression, pendant laquelle ils ont multiplié les braquages et tué plusieurs agents de police, a été retracée au cinéma en 1967 avec Warren Beatty et Faye Dunaway dans le rôle des deux bandits.


    Le chanteur français Serge Gainsbourg, accompagné de l'actrice Brigitte Bardot, a écrit et interprété --accompagné de l'actrice Brigitte Bardot-- un titre sur le légendaire couple américain en 1967 également.

      

      

      

    Bonnie et Clyde étaient des criminels très célèbre dans les années 1930 pendant la Grande Dépression. Ils Voyage à travers le centre des États-Unis avec leur gang et voler vient personnes. English to French translation

    Bien que l'histoire leur a célèbre pour voler des banques, ils ont préféré voler de petits magasins ou stations d'essence de petite taille. Leur gang est connu pour avoir tué neuf policiers et plusieurs civils. Bonnie et Clyde ont finalement été tué par balle le 23 mai 1934 sur une petite route en Louisiane.

    Grâce à l'ensemble des crimes et de meurtres, Bonnie and Clyde est resté en étroite collaboration dans l'amour jusqu'à la fin.

     

      

    Clyde Barrow Bonnie Parker et "Bonnie and Clyde"

     



     
    Bonnie et Clyde (Bonnie Parker et Clyde Barrow) sont deux criminels américains qui ont perpétré leurs méfaits dans le Sud-Ouest des États-Unis pendant la Grande Dépression. Ils étaient spécialisés dans l'attaque à main armée de banques et on estime qu'ils ont tué douze personne.





     



    Bonnie Parker

    Bonnie Parker nait le 1er octobre 1910 à Rowena au Texas et est la cadette de trois enfants. Suite à la mort de son père quand Bonnie avait quatre ans, sa mère déménage avec sa famille dans la maison de ses parents à Ciment City, une banlieue industrielle de Dallas. Parker est l'une des meilleures élèves de son école secondaire, remportant des prix en orthographe, en écriture et en art oratoire. À l'âge adulte, son goût pour l'écriture se traduira par l'écriture de poèmes tels que « The Story of Suicide Sal » (L'histoire de Sal le Suicideur) et « Le Trail End », connu maintenant sous le titre de « The Story of Bonnie and Clyde » (L'histoire de Bonnie et Clyde).

    Dans sa deuxième année de secondaire, Parker rencontre Roy Thornton. Ils abandonnent l'école et se marient le 25 septembre 1926, six jours avant le seizième anniversaire de Parker. Leur mariage, marqué par les fréquentes absences de Thornton ainsi que ses démêlés avec la loi, prend fin lorsqu'il est incarcéré pour braquage de banque à main armée en janvier 1929. Bien qu'ils ne se soient jamais revus par la suite, ils ne divorcèrent jamais. Parker porte encore son alliance quand elle meurt en 1934.

    En 1929, après la rupture de son mariage et avant de rencontrer Clyde Barrow en janvier 1930, Parker retourne vivre avec sa mère, et prend un travail comme serveuse dans un café. Un de ses clients réguliers est Ted Hinton, un employé de la poste qui se joindra au département du shérif de Dallas en 1932 et participera à son embuscade en 1934. Dans le journal que Parker tient brièvement en début 1929, elle décrit sa solitude, son impatience quant à sa vie à Dallas, et son amour du cinéma parlant.


     




    Clyde Barrow

    Clyde Barrow nait le 24 mars 1909 à Telico au Texas (près de Dallas) dans une famille nombreuse. Il est le cinquième d'une fratrie de six enfants. Ses parents sont des paysans démunis qui ont émigré à Dallas en début 1920, dans un bidonville connu sous le nom de West Dallas. La famille passe ses premiers mois à West Dallas à vivre dans une roulotte, jusqu'à ce que le père gagne assez d'argent pour leur acheter une tente.

    Clyde est arrêté une première fois fin 1926, après s'être échappé de la police suite à une confrontation à propos d'une voiture qu'il a louée et jamais retournée. Il est arrêté une deuxième fois peu de temps après, cette fois accompagné de son frère Marvin « Buck » Barrow, pour avoir volé des dindes. Durant les quatre années suivantes, malgré une série d'emplois légitimes, Barrow commet de nombreuses attaques à main armée, fracture nombre de coffres-forts, dépouille des magasins et vole des voitures. Il est arrêté successivement en 1928 et 1929. En avril 1930, peu de temps après avoir rencontré Bonnie, il est à nouveau arrêté et emprisonné au Eastham Prison Farm. Il s'échappe mais est repris au bout d'une semaine. En prison, Barrow bat à mort un autre détenu l'ayant agressé sexuellement à plusieurs reprises. C'est son premier meurtre.

     

    Après la libération de Clyde en 1932, il vole une voiture avec l'aide de Bonnie. Ils sont poursuivis par la police. Bonnie parvient à s'échapper mais Clyde, arrêté, doit passer quelques mois de plus en prison. À son retour, le duo mène un petit groupe de criminels dont font partie à contrecœur Buck, le frère de Clyde, et son épouse Blanche. Ces derniers sont pris dans un assaut de police alors qu'ils séjournent avec Bonnie et Clyde en simples visiteurs. Leurs photos et affaires personnelles ayant été abandonnés dans la fuite, la police les identifie et les assimile au groupe de criminels. Buck et Blanche sont donc contraints de prendre la fuite, jusqu'à l’exécution de Buck par des policiers à Iowa en 1933 et l'arrestation subséquente de Blanche .

    Bonnie et Clyde tuent deux jeunes policiers à Grapevine, Texas le 1er avril 1934 et un autre représentant des forces de l'ordre cinq jours plus tard près de Commerce dans l'Oklahoma.


     






     










     






     






     










     







     






     






     










     






     






     






     






     






     



     






     






     







     







     






     






     





    Mort[modifier]

    Au terme d'une période d'enquête et de filatures menées par les agents du FBI dans cinq États américains (Illinois, Michigan, Oklahoma, Texas et Louisiane) Bonnie et Clyde sont abattus le 23 mai 1934 par la police du Texas et de la Louisiane, près de leur planque à Black Lake en Louisiane.

    Le meurtre des deux jeunes policiers le 1er avril 1934 précipite la décision de capturer le couple de truands morts ou vifs. Un groupe de cinq officiers de la police du Texas et de Louisiane fédérés par Frank Hamer s'emploie à retrouver la trace du couple. Ils sont informés que Clyde s'apprête à braquer une banque près d'Arcadia en Louisiane et décident de tendre une embuscade sur l'itinéraire menant à la ville.

    Ils s'installent à 2 heures du matin dans les fourrés de part et d'autre de la route déserte de la petite ville de Paroisse Bienville en guettant l'arrivée de la Ford V8 volée que Clyde conduisait. À 9 heures, les six hommes, au bord de l'abandon aperçoivent au loin la Ford roulant à toute allure. Dès que Clyde est identifié, les agents ouvrent le feu sur l'auto qui dérape sur le bas-côté.

    Craignant que Clyde, tireur hors-pair ne parvienne à saisir son arme sur le plancher de la voiture, les six officiers s'extraient de leur embuscade pour cribler l'automobile de balles. Environ 130 impacts ont été dénombrés. Clyde meurt sur le coup d'une rafale en pleine tête. Bonnie n'est pas tuée immédiatement ; les officiers rapportent avoir entendu un long cri féminin horrifié venant de la voiture[3].

    La voiture criblée de balles après l'embuscade.

    Les policiers ont utilisé des pistolets mitrailleurs et des fusils à pompe dont ils vidèrent les chargeurs.

    Le silence revenu, les policiers s'approchent de l'épave du véhicule pour constater la mort de Bonnie et de Clyde et y trouvent un arsenal d'armes volées et des munitions.

    Leurs dépouilles sont exposées au public afin d'authentifier leur mort. Les deux amants sont enterrés séparément contrairement à leurs vœux[1].

    La voiture (une Ford) est criblée de balles. Un dépanneur appelé sur place parvint cependant à faire démarrer le moteur !
     
     





     






     



    Culture populaire[modifier]

    Sur les autres projets Wikimedia :

    Bonnie et Clyde comptent parmi les plus célèbres criminels du XXe siècle. Le poème autobiographique de Bonnie, The trail's end, fut publié à l'époque par de nombreux journaux. Une célèbre photo de Bonnie Parker, où elle posait devant une voiture en train de fumer le cigare, fit aussi le tour des États-Unis.

    Le premier film inspiré de la vie de Bonnie et Clyde, J'ai le droit de vivre (You Only Live Once) de Fritz Lang avec Henry Fonda et Sylvia Sidney, sort seulement trois ans après leur mort. En 1958, Dorothy Provine incarne Bonnie dans le film The Bonnie Parker Story.

    En 1950 sort Gun Crazy, un film qui s'inspire de l'histoire des deux criminels.

    En 1967, Arthur Penn met en scène une version idéalisée de leur histoire dans Bonnie et Clyde avec Warren Beatty et Faye Dunaway dans les rôles titres[4]. La même année Georgie Fame rencontre un succès musical avec The Ballad Of Bonnie and Clyde.

    En 1968, Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot proposent à leur tour une version romantique de la vie des amants criminels avec la chanson Bonnie and Clyde[5]. Les paroles de cette chanson sont inspirées du poème de Bonnie Parker, The Trail's End.

    En 1991, le groupe Red Hot Chili Peppers cite Bonnie et Clyde dans la chanson If you have to ask.

    En 1996, Juliette Noureddine cite Bonnie Parker dans sa chanson Tueuses, de l'album Rimes Féminines.

    En 1999,

    • la chanteuse Utada Hikaru inclut dans son album First Love, une chanson intitulée B&C (Bonnie & Clyde).

    En 2002, le groupe punk allemand Die Toten Hosen écrit et compose Bonnie und Clyde sur l'album Die Fetten Jahre. Ce morceau évoque un jeune homme fou amoureux de sa fiancée qui rêve que sa vie de couple soit celle de ces deux grands criminels à la fois doux et cruels.

    Sur son album Explicit Lyrics (2002), Ophélie Winter interprète le titre Bonnie Parker où elle aborde la vie de celle-ci.

    En 2003,

    • le concept est à nouveau repris avec les artistes américains Jay-Z et Beyoncé qui sortent le titre 03 Bonnie and Clyde[6] qui reprend le titre original de Tupac Me and My Girlfriend, il avait déjà fait un duo avec Foxy Brown en 1999 intitulé Bonnie & Clyde part II; et en 2007-2008 par Il faut qu'j'm'en aille (Bonnie & Clyde) de Imposs, rappeur québécois.
    • à Lyon, est fondée la boutique Bonnie & Clyde est spécialisée dans la vente de chaussures de prix et d'accessoires de mode[7].

    En 2006, Rob Zombie sort le morceau Death of it all traitant du sujet sur son album Educated Horses.

    En 2007,

    • le rappeur français Don Choa s'en inspire dans son titre Lune De Miel avec la participation de Zaho. Wonder et Revolte produisent le single Bonnie & Clyde.
    • Keshia Chante les cite dans sa chanson Been Gone ainsi que le basketteur Tony Parker dans la chanson de son premier album Premier Love.
    • Marilyn Manson les cite dans sa chanson Putting holes in happiness.

    En 2008,

    • Nessbeal fait une chanson portant le nom Bonnie & Clyde dans l'album Roi sans Couronne. Alkpote a également fait une chanson portant ce nom.
    • le rappeur allemand Bushido a également fait une chanson portant le nom de Bonnie & Clyde dans son album Heavy Metal Payback.
    • dans le 12e épisode de la saison 19 des Simpsons ("L'Amour à la Springfildienne"), Homer raconte une version où lui et Marge jouent le rôle de Bonnie et Clyde.

    En 2009,

    • le polar musical reprend le mythe en France. Cécilia Cara est Bonnie et Fabian Richard est Clyde. Du 8 juillet au 1er août 2009, ils furent au festival d'Avignon tous les soirs au théâtre des Béliers.
    • le groupe Kaponz & Spinoza reprend ce thème avec Bonnie aime Clyde extrait de leur album Éléments du décor.
    • le groupe BB Brunes s'inspire de l'histoire de Bonnie & Clyde dans la chanson Nico Teen Love.
    • Soulja Boy les cite dans son titre Kiss me thru the phone, Justin Bieber dans sa chanson Stuck in the moment, Demi Lovato dans une des chansons de son second album Stop the World (co-écrite avec Nick Jonas du groupe The Jonas Brothers) et le rappeur français Canardo dans le titre Bang Bang en 2010.
    • Wonder et Revolte produisent le single Bonnie & Clyde

    En 2010,

    • Raphael Bancou et Stéphane Lalandais ont monté une comédie musicale intitulée Bonnie and Clyde[8].
    • dans le 11e épisode de la saison 5 de Dexter, Mazuka cite Bonnie & Clyde pour décrire le couple de "Justiciers" dans l'affaire des cadavres dans les barils.
    • un remake du film Bonnie & Clyde de 1967 est tourné dans le sud des États-Unis, avec Hilary Duff (Bonnie Parker) et Kevin Zegers (Clyde Barrow).
    • La chanteuse Ayumi Hamasaki s'inspire de cette histoire pour son clip musical Virgin road, son mari dans le clip jouant le rôle de Clyde devint quelques mois après son mari dans la vraie vie. Ayu joue le rôle de Bonnie.

    En 2011,

    • Rihanna s'en inspire pour sa chanson Ronnie & Clide
    • The Cataracs les cite dans leur chanson de 2011, Top of the World
    • Le réalisateur, Chris Marrs Pilieri, qui a réalisé Criminal extrait de l'album Femme Fatal de Britney Spears, a lui aussi réinventé (avec Britney) le mythe de Bonnie et Clyde.
    • Jali chante "Bonnie" dans son album Des Jours & Des Lunes.

    En 2012,

    • Marie Cherrier utilise cette histoire dans sa chanson La Cavale[9] pour chanter une histoire d'amour éprise de liberté. C'est un premier extrait de l'album prévu pour l'automne 2012.
    • Deux armes découvertes sur les corps des mythiques gangsters ont été vendues 504.000 dollars (près de 400.000 euros) lors d'enchères dans le New Hampshire, aux États-Unis. Le Colt 45 de Clyde Barrow a été vendu 240.000 dollars (190.000 euros), et le Detective special.38 de Bonnie Parker 264.000 dollars (205.000 euros).


       








       

      23 mai 1934. Vers neuf heures quinze du matin, Bonnie et Clyde roulent dans une magnifique Ford V8 qu'ils ont bien évidemment volée. Clyde conduit et Bonnie admire le paysage, Camel au bec. Ils viennent de quitter leur planque de Black Lake en Louisiane et filent à vive allure en direction d'Arcadia, où Clyde a décidé de s'offrir une banque pour le petit déjeuner. Au niveau de la petite commune de Bienville, ils croisent Ivy, le père de Henry Methvin, un membre de leur gang, debout à côté de son vieux camion apparemment en panne. Le jeune gangster freine, désirant lui filer un coup de main. En s'approchant au ralenti, Bonnie et Clyde voient Ivy se planquer en quatrième vitesse derrière un arbre. À peine ont-ils le temps de s'étonner qu'ils entendent une rafale de coups de feu. Bien que tireur hors pair, le jeune gangster n'a pas le temps de dégainer son arme, déjà les balles pleuvent comme la grêle. Six flics sont en train de les tirer comme des lapins. Clyde meurt presque instantanément, Bonnie rend son dernier souffle dans un long cri d'horreur après avoir compris que son amant a rendu l'âme. Mission accomplie pour les flics : ils sont morts !

       

      Le piège tendu par les policiers de la Louisiane et du Texas a fonctionné à merveille. À leur tête, il y a le Texas Ranger Frank Hamer, et c'est lui qui, caché dans les buissons, a ouvert le feu le premier. Depuis février, il suit Barrow et Parker avec la mission de les capturer morts ou vifs. Il a choisi la mort pour venger deux flics abattus le 1er avril précédent par Clyde. Un poisson d'avril que Hamer avait eu du mal à digérer. Désormais, le gang Barrow ne flinguera plus personne.

      Grande Dépression

      Quand Bonnie Parker et Clyde Barrow se rencontrent dans la banlieue de Dallas, quatre ans plus tôt, ils sont presque encore des ados. À 19 ans, Bonnie est une banale serveuse, dont le mari, petit malfrat épousé trois ans plus tôt, l'a déjà abandonnée. Lui, issu d'une famille pauvre, âgé de 21 ans, a déjà passé plus de la moitié de sa vie à voler. Sitôt après leur rencontre, il s'installe chez elle. Pas pour longtemps, car il se fait rapidement serrer par les flics. Ça commence mal pour Bonnie, son nouveau mec est encore un gangster, mais qu'importe, elle en est déjà éperdument amoureuse. Au point de l'aider à s'évader. Mais il se fait reprendre quelques jours plus tard, n'obtenant une liberté conditionnelle qu'en février 1932. Dans une Amérique plongée en pleine Dépression, ils décident d'avoir la vie belle. À bord de voitures volées, Bonnie et Clyde sillonnent le sud-ouest des États-Unis, pillant des stations-service, des épiceries de village, de petits restaurants et, occasionnellement, des banques, avec parfois de courtes prises d'otages.

      Contrairement à la légende, le hold-up d'établissements bancaires n'est pas leur grande spécialité, ils préfèrent de loin s'attaquer aux petits commerces et ne dérobent que de sommes très modestes chaque fois. Ils sévissent en Arkansas, dans le Missouri, en Oklahoma, au Texas, en Louisiane, semant la violence et la terreur dans leur sillage. Clyde n'hésite à balancer des pruneaux sur quiconque se met en travers de sa route. Ce n'est pas Bonnie qui le freine, même si elle ne manie pas la gâchette aussi bien que lui, et elle est complice de tous les crimes. Au cours de cette folle randonnée, ils abattent pas moins d'une douzaine de personnes, dont plusieurs policiers. Parfois, ils enrôlent un complice comme Buck, le frère de Clyde, et sa femme, Blanche, Raymond Hamilton, WD Jones, Joe Palmer, Ralph Fults, Henry Methvin... tous désignés membres du gang Barrow.

      Autoportraits

      Les deux tourtereaux assassins aiment se photographier, l'un l'autre, avec leurs armes. Certaines de ces photos retrouvées par les policiers dans une de leurs planques font le tour du monde. L'une d'elle montre la belle Bonnie, gros cigare entre les dents, appuyée contre une voiture avec une arme à la main. En deux ans, Bonnie et Clyde deviennent un duo de légende, craint par certains, mais respecté et même vénéré par beaucoup. La presse en fait le couple de criminels le plus glamour de tous les temps. Mais cette notoriété a son revers : désormais leurs visages sont connus de tous. Le couple échappe de justesse à un grand nombre d'arrestations. En janvier 1934, Bonnie et Clyde libèrent cinq personnes incarcérées dans une prison et abattent un agent, ce qui décide les autorités à mettre le paquet pour stopper leurs crimes. Elles vont jusqu'à faire appel à Frank A. Hamer, un Texas Ranger à la retraite, devenu chasseur de primes. Ce type est une véritable légende qui a déjà chopé soixante hors-la-loi.

      Le gang Barrow, très médiatisé, aurait pu se calmer, mais non. Le 1er avril, ils s'offrent le petit plaisir d'abattre plusieurs flics, gratuitement ! Cette fois, ils sont allés trop loin. Même leurs fans les abandonnent. Fini de jouer, il faut les mettre hors d'état de nuire, les prendre morts ou vifs, et vite. Pour échapper à la meute de flics, Bonnie et Clyde ne cessent de changer d'État. Pourtant Hamer met au jour la stratégie du couple, prédisant presque ses mouvements. Le 21 mai, l'ancien Texas Ranger prépare une embuscade dans la soirée, car il pense que le couple compte rendre visiter à Henry Methvin à Bienville. Ils s'embusquent, attendent et attendent... Pas l'ombre d'un Clyde, ni d'une Bonnie. Le lendemain soir, rebelote. Toujours rien.

      Le 23 mai 1934, Hamer tente de nouveau sa chance, exactement au même endroit que les jours précédents. Mais cette fois il a plus d'informations, il est sûr qu'ils passeront par là. Le père de leur complice Henry Methvin, Ivy, arrêté la veille, aurait évoqué une attaque de banque prévue ce matin-là par Clyde. Hamer aurait donc décidé de garder Ivy et de s'en servir comme appât. Ses hommes l'ont menotté à un arbre près de son camion faussement en panne. Enfin, les voilà ! Planqués, les flics voient le couple ralentir sans se méfier. Connaissant l'habileté de Clyde aux armes, ils balancent la sauce sans attendre. En moins de deux minutes, plus de 150 balles sont tirées. Clyde n'a même pas le temps de saisir une de ses trois mitraillettes, ou de ses deux fusils, ou de ses douze pistolets, posés sur la banquette arrière. C'est la méthode "Mesrine". Dans la Ford transformée en passoire géante, gisent les corps ensanglantés des deux hors-la-loi les plus recherchés d'Amérique. Bonnie a 23 ans et Clyde, 25. Leurs corps nus sont exposés et même filmés au dépôt mortuaire d'Arcadia. Il faut vite protéger la V8 avec un grillage autour du véhicule pour écarter la foule prête à tout pour s'emparer d'un trophée macabre.

      Regardez le film tourné cinq minutes après la mort de Bonnie and Clyde :

       

       
       

       


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      Bonnie & Clyde


      Bonnie Parker

      Bonnie Parker
      Née le 1er octobre 1910 à Rowena, au Texas, Bonnie Parker vit dans une famille peu aisée. Suite au décès de son père, la famille Parker se voit dans l'obligation de quitter le Texas pour aller s'installer à Dallas. Qui aurait pu se douter qu'une femme de ce gabarit (elle mesurait 1.65m avec ses talons hauts, et pesait 45 kilos) se rendrait coupable d'autant de braquages voir même de meurtres.. Elle a les cheveux blonds bouclés avec desreflets roux. Dès qu'elle le peut, Bonnie s'habille très à la mode, préférant de loin le rouge comme couleur. Tous les gens qui la connaissaient s'accordaient à dire qu'elle était vraiment très jolie. Un client du restaurant, où elle était obligée de travailler après que son premier mari se soit fait emprisonné, la décrit comme une femme qui faisait "tourner les têtes". C'est dans ce même restaurant que Bonnie rencontre l'amour de sa vie, Clyde Chestnut Barrow.
       

      Clyde Barrow

      Sa famille, également originaire du Texas déménage à Dallas où M. Barrow est propriétaire d'une station service. Clyde apprend donc très jeune ce qu'est la pauvreté. Les femmes trouvent très séduisants ses grands yeux bruns. Dès que son regard croise celui de Bonnie, c'est le coup de foudre et le début du célèbre duo «Bonnie & Clyde».
      La première rencontre entre les deux personnages a lieu à l'automne 1929. L’Amérique vient d’être secouée par le crash boursier de Wall Street. De nombreuses entreprises font faillite, les gens perdent tout, c'est la crise. C'est dans ce contexte que les deux amoureux commettront leur premiers crimes. Leur spécialité : les vols de banque. Ils dévalisent également quelques commerces sur leur passage. Quand personne ne se met sur leur chemin, les crimes se limitent au vol. Toutefois, dès qu'ils se sentent menacés ou attaqués, ils tirent. Le couple se retrouve ainsi avec quelques meurtres dans leur dossier. Il a toutefois été prouvé que ce sont plus souvent leurs complices qui ont tiré. Néanmoins les victimes sont des policiers ce qui explique que les autorités prennent ce dossier très à cœur et décident de tout mettre en œuvre pour les capturer.






       






       






      Un criminel à l'humour mesquin
      • Cliquez pour agrandir
       
      Clyde aimait aussi rire des gens sur qui il sentait qu'il avait du pouvoir. Un jour, alors qu'un policier les arrête parce qu'ils roulaient trop vite, Clyde kidnappe le policier et le fait monter dans la voiture. Quelques kilomètres plus loin, leur batterie tombe en panne. Pendant que la jeune femme surveille la voiture, Clyde part avec le policier pour se procurer une batterie. Toutefois, comme il n'a pas l'habitude de payer ce qu'il prend, il décide que cette fois, c'est au tour du policier de voler la batterie. Une fois de retour à la voiture, il oblige ce dernier à remplacer la pièce défectueuse par la nouvelle, puis repart de nouveau en laissant le policier sur le bord de la route. Celui-ci ayant reconnu ces kidnappeurs et étant certain que leurs heures sont comptées, les regarde partir en les remerciant intérieurement de lui avoir laissé la vie sauve.

       






       







       



       



       






       



       



       


       


      W.D. Jones en état d'arrestation


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      Clyde embrassant Bonnie


       



      La Banque


       2 années de folie !
      Bonnie & Clyde passent donc la majorité de leur vie dans ces différentes voitures volées. À la fin de leur long voyage qui aura duré un peu moins de deux ans, ils auront dévalisé et terrorisé les propriétaires de banques et de magasins dans cinq états américains, soit le Texas, l'Oklahoma, le Missouri, la Louisiane et le Nouveau-Mexique. Ce voyage se termine le 23 mai 1934, alors qu'un barrage policier les attend sur la route. On tire sur eux jusqu'à ce que mort s'en suive. Le policier qui ouvre la portière du côté passager, où prenait place Bonnie, a décrit la scène comme suit : «Je l'ai vu tomber par la porte, une belle et jeune demoiselle, et j'ai senti son parfum léger... »




      Blanche Barrow


       



      Bonnie peu avant l'accident


       



      Buck en feignant une agression




       



      Blanche et Buck : les derniers jours




       



      Billie, la sœur de Bonnie


       



       



      Buck et Clyde Barrow


       



      La taverne de couronne rouge


       



      Blanche et Buck : les images finales



       



      Clyde et Buck : les frères de Barrow


       



      Buck Barrow à côté de l'auto


       Bonnie and Clyde


       



      Clyde, armés jusqu'aux dents


       



       



      Blanche après l'exécution de Buck Barrow





      L'arrestation de Blanche




       



       



      Le cadavre de Buck Barrow


       



      Blanche, réservé (e)



       



      Blanche en prison






      Les funérailles de Buck Barrow


       



      Clyde et sa mère


       



      Le FBI et la brouette (cliquer sur l'image pour l'agrandir)
       





      Henry Methvin





      James Mullen


       


      Joe Palmer


       



      Frank Hamer


       



      Frank Hamer : un ranger au Texas (cliquer sur l'image pour l'agrandir)





      J. Edgar Hoover, directeur du FBI



      Dallas dans les années 1930 (cliquer sur l'image pour l'agrandir)
       





      Armes de Bonnie et Clyde


       



      Joe Palmer


       Des "Robins des bois"
       
       
      Comme cela a été mentionné plus haut, les crimes sont commis à partir de 1932, alors que la crise économique fait rage. Plusieurs épargnants ont vu leur fortune disparaître avec la faillite des banques. C'est donc une des raisons qui amènent les gens à considérer Bonnie & Clyde plus comme des «Robins des Bois» que comme des criminels. À cette époque les gens qui commettent des vols de banque exercent une certaine fascination sur le peuple. La seconde raison qui fait que les gens ne les perçoivent pas comme aussi dangereux est l'amour qui les unit : toutes les personnes qui les ont côtoyé. Ce qui compte le plus pour Clyde c’est Bonnie et réciproquement. Clyde prend d'ailleurs un grand risque lorsque, à la suite d'un accident de voiture dans lequel Bonnie a été gravement blessée, il prend même le risqu de consulter un médecin pour être certain qu'elle sera bien soignée. De plus, le couple d'amoureux emmène toujours un appareil photo. Ils aimaient prendre des photos d'eux en train de s'embrasser, tendrement enlacés…. Ils sont d’ailleurs aussi connus pour leurs méfaits que pour leur romantisme.





       



      Reconstruction de l'un de l'assaut


       



      Bonnie et Clyde au cours d'une journée sur le terrain


       



      CAL Campbell


       



      Percy Boyd


       



      Lettre à propos de Bonnie


       



      Le procès de W.D. Jones



       


       





      Complices de Clyde lors de son procès


       



      Affiches de recherche offre de récompense




       

      Le dernier voyage




       







      W.D. Jones dans sa voiture





      La voiture accidentée de Bonnie et Clyde après l'embuscade






      Le couple eut le temps de ramasser les armes, mais pas tirer. Une pluie de balles frapper sur les amateurs. En moins de deux minutes, six policiers téléchargé plus de 100 obus sur Bonnie et Clyde. Le couple a reçu 50 coups de feu dans leur corps. Hinton ensordeció ; J'ai n'entendu aucuns plus d'un signal sonore continu. Le tournage a été terrible.







       



      Les exécuteurs testamentaires







      Les curieux et à l'intérieur de la voiture



      Un cortège macabre de cinquante voitures accompagné la Ford jusqu'à Arcadia. Un véritable tollé avec plusieurs milliers de personnes a été organisé dans la ville tente de jeter un oeil aux célèbres cadavres.



      Les corps de Bonnie et Clyde après leur exécution






       



      Le site de l'exécution




      Il n'avait pas fini de la légende de Bonnie et Clyde, venait de commencer. Bonnie voulait qu'ils l'enterrer à côté de son bien-aimé. Son souhait ne s'est pas concrétisée. Les corps ont été exposés au public dans les deux différentes maisons funéraires de Dallas. Le corps élégant de Clyde a attiré trente mille visiteurs et quarante mille hers.



      Le transfert des dépouilles


      Le 25 mai 1934, à l'enterrement de Clyde, une foule absolue autour de la tombe et la bousculade et coudée s'apprêtent à tombent dans la fosse aux proches du défunt. Il fut enterré à côté de son frère, Buck, dans le cimetière de West à Dallas.



      Les funérailles de Clyde


      Bonnie funérailles eurent lieu le lendemain au cimetière Fishtrap. Sur la tombe simple enregistré une poignante épitaphe: « de la même manière que les rayons du soleil levant et la rosée donnent splendeur des fleurs, ce vieux monde je sera jamais lumineux pour la vie des gens comme vous ». Envoyé les plus gros distributeurs de couronne de journaux de Dallas, dont les ventes avaient atteint 490 000 copies par jour depuis la mort du couple.



      Les mères de Bonnie et Clyde pendant les funérailles


      La Dame fannyanthony Barrow et Emma Parker ont été traitées en dissimulant leurs enfants. Au plus fort de la poursuite policière, la somme offerte en récompense pour la capture de Bonnie et Clyde a $26,000.00 $. Toutefois, après la mort du couple, les mystérieuses bienfaiteurs privés ont disparu sans laisser de trace. Hinton réclamé seulement $200.00 dollars, plus les frais, en localisant et en tuant Bonnie et Clyde.



      Titulaires






      La Ford criblé de balles est devenu la principale attraction d'une foire itinérante qui recréé l'embuscade mortelle basé sur des diapositives. Quarante ans plus tard, le véhicule a été vendu aux enchères dans le Massachusetts et atteint un prix de $175,000.00 USD, un prix plus élevé payé pour les Mercedes-Benz d'Adolf Hitler.



      Bonnie et Clyde mis aux enchères voitures


      La légende de Bonnie et Clyde continue de fasciner les médias. Journaux de William Randolph Hearst prodigués articles ou comment transformer les hors-la-loi en attirante des personnalités publiques. J. Edgar Hoover répondit avec ses sujets film caché, qui décrit les bandits aussi minables. Ils sont le symbole d'une époque, encore plus que les autres bandits de l'époque, comme John Dillinger. Longs métrages basés sur le couple meurtrier, établit une relation entre l'érotisme et des armes. Ils ont inspiré des romans, des films et des chansons dans plusieurs langues.



      Les rapports d'autopsie de Bonnie et Clyde



      Bonnie et Clyde ne pas essayé consciemment pour devenir des tueurs sans pitié, mais la mort acceptée comme une partie essentielle de leur vie. Pour rejeter le reste du monde, est libéré à l'intérieur d'une sorte de courage sauvage et une crainte aveugle qui a exigé l'élimination de toute personne qui a laissé entendre une menace.



      Le corps de Bonnie





      Il n'était pas toute forme de souffrance qui dépasse leur propre et le cercle restreint de la famille. Ils ont tué sans y penser deux fois pour les parents, les frères, les fils et les amateurs d'autrui, sans le moindre scrupule ou remords, sans voir aucune contradiction avec la rage furieuse qui remplis lorsque d'autres menaçaient leurs familles.



      Le cadavre de Clyde




      Si la police leur tend une embuscade à une citation connue, le jeune meurtrier, point d'ébullition de la haine. Comment la police peut engager à faire souffrir les clans innocents du Barrow et Parker ? Ils ont ne peint pas tout parallélisme avec les nombreux innocents qui avaient tué leur. L'accélération de leur vie est qui a créé le monstrueux état d'esprit qu'impelía à aller de l'avant et l'amour passionné qui, pour l'autre multiplié la dimension cruelle de leurs meurtres. Chaque mort plus jointe à eux et tous les actes de sauvagerie a confirmé la fidélité de leurs familles. Leur histoire d'amour et le rôle de bandits difficiles sont devenus des moteurs de son existence.



      Les tombes de Bonnie et Clyde



      L'histoire d'amour, passion, recevant son impulsion du danger qui a exécuté chaque fois qu'ils ont tué. La presse et le public senti la puissance des ténèbres qui émanait de sa relation et leur consacre comme grands amateurs : brave, courageux, condamnée à mourir. Une étrange admiration générait vers le couple. Personnes perçues que cet amour était si fort et romantique qu'il est allé au-delà des limites étroites du comportement socialement acceptable de loin. Ses crimes ne suffisaient pas à les condamner.



      Monument à l'endroit de l'exécution


      Mais la réalité était moins charmante. Misère, la peur et la cruauté sont les maîtres mots de leur courte vie. Ils ont assassiné de nombreux de façon involontaire et cruel. Brutalité réalisé leur vie vers une fin violente. Si Bonnie et Clyde ne savait pas, peut-être leur vie avait été formulée dans l'anonymat plus complète.



      Le Bonnie and Clyde exposés auto




      Clyde avait le tempérament d'un délinquants des mineurs et les besoins spirituels d'un sadique. Seulement, n'a ne pas réussi d'être un parmi des centaines de criminels. Bonnie n'était pas allé vers le bas dans l'histoire en dépit de son caractère difficile et romantique. Mais ensemble, ils forment un couple explosif, qui brille encore une intense parmi les hors-la-Loi de la légende.




     

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    Monsieur GUILLAUME SEZNEC

     

    En décidant la fermeture des bagnes portuaires métropolitains et l’envoi de leurs détenus en Guyane, le décret du 27 mars 1852 mettait un terme au long débat sur la place des délinquants dans la société qui avait agité l’opinion française dans la première moitié du XIXe siècle. Les partisans de la réinsertion sociale des condamnés prônaient l’abandon du système cellulaire et la réhabilitation par le travail. Leurs adversaires, au contraire, transposant à la société les récentes découvertes médicales sur la contagion, souhaitaient « purger » la France de « cette population pullulant de criminels qui la menacent et la troublent incessamment[1] ». La « transportation » des criminels hors du territoire national et la colonisation par l’élément pénal, sur le modèle des expériences britanniques en Australie, étaient dans l’air du temps.

    Le territoire dévolu à l’expérimentation ne fut pas choisi au hasard. Après le cuisant échec de l’expédition de Choiseul (1763) où des milliers de colons avaient trouvé la mort, l’image de la Guyane s’était considérablement dépréciée. Le pays de l’Eldorado était devenu une terre maudite, dont il était préférable de laisser la mise en valeur aux criminels, d’autant que l’abolition de l’esclavage, en 1848, avait fait disparaître la main-d’œuvre gratuite.

    La création des bagnes coloniaux satisfaisait donc aussi bien les tenants de la rédemption par le travail, surtout le travail de la terre, que les lobbies de la colonisation et ceux qui souhaitaient débarrasser le sol français des indésirables.

      

    Les colons guyanais[2] en revanche, rejetèrent avec force le projet, arguant qu’« il serait d’une extrême imprudence de placer des Blancs dans un tel état de dégradation sous les yeux des Noirs ». N’étant pas entendus, ils exigèrent que l’État rachète leurs terres afin d’évacuer la colonie avant qu’elle ne soit envahie par « la lie de la société française », mais nul n’en tint compte.

    Quatre jours après la promulgation du décret, un premier convoi de forçats quitta la France pour la Guyane. D’autres suivirent à un rythme accéléré. La métropole était pressée de se débarrasser des condamnés aux travaux forcés, pourtant les bagnes coloniaux ne furent officiellement institués que quatre ans plus tard, par la loi du 30 mai 1854.

      

    celle-ci Stipulait que la peine de travaux forcés serait désormais subie en Guyane ; que les condamnés y seraient employés aux travaux les plus pénibles de la colonisation; qu’une fois leur peine achevée, les bagnards seraient astreints à la « duplication de la peine » ou « doublage », c’eSt-à-dire qu’ils auraient l’obligation de résider dans la colonie un temps équivalent à celui de leur condamnation; enfin, que les condamnés à huit ans et plus devraient y séjourner définitivement, s’établissant comme colons et épargnant à tout jamais à la métropole leur présence indésirable

     

    un fagot, dessin de Georges Jauneau 1928Les bagnards

    Qui étaient ces indésirables dont on voulait débarrasser le sol français ? L’administration pénitentiaire (« l’A.P. ») distinguait quatre catégories de condamnés : les transportés, les libérés, les déportés, les relégués.

    La plus grande partie des bagnards étaient des transportés, c’eSt-à-dire des condamnés de droit commun, originaires de la métropole ou des colonies françaises. Après 1852 et la fermeture des arsenaux de Brest, Rochefort et Toulon, la peine de travaux forcés fut assortie de la « transportation » en Guyane.

      

    Entre 1852 et 1862, 12 750 forçats y furent envoyés afin de mettre en valeur l’est du pays. Constatant l’effrayante mortalité qui régnait dans ces premiers établissements pénitentiaires, l’État décida de ne plus transporter en Guyane que les condamnés originaires des autres colonies, les races noires et jaunes étant réputées mieux supporter le climat équatorial que les Européens. Ceux-ci furent désormais dirigés vers la Nouvelle-Calédonie[3]. Mais la transportation vers « ce paradis pour les condamnés », comme le décrivit une campagne de presse, ne parut bientôt plus à l’opinion française une punition suffisante. A partir de 1887, les condamnés aux travaux forcés d’origine européenne furent de nouveau transportés en Guyane.

    Bien qu’ils aient été condamnés à la même peine, il existait une ségrégation de fait entre les transportés blancs et les condamnés de couleur. Dès le départ, se fondant sur le préjugé qu’ils résistaient mieux à la chaleur et aux fièvres que les Blancs, on a utilisé les Noirs aux travaux les plus durs. Pour construire le camp de Saint-Louis, sur le Maroni, 38 Noirs furent extraits du pénitencier de Saint-Georges afin de, « comme il eût été prudent de le faire toujours, défricher le terrain avant les Blancs ».

      

    Les lieux de travail et d’internement étaient distincts. Saint-Georges, construit par des Noirs pour les mêmes raisons ne fut bientôt plus peuplé que de Noirs afin de ne pas mêler les deux races. Les transportés noirs devaient effectuer neuf heures de travaux forcés par jour au lieu de sept pour les transportés d’origine européenne et leurs rations alimentaires étaient moindres. Les mêmes préjugés et la même méfiance entouraient les transportés asiatiques ou arabes. Jouant sur les haines raciales, l’administration pénitentiaire employa parfois ces derniers comme « porte-clés », petits chefs haïs des autres condamnés, à qui ils le rendaient bien.

    Un forçat dessiné en 1928 par Georges JauneauQu’ils soient seulement tenus d’effectuer le « doublage » ou définitivement astreints à résidence[4], les libérés n’étaient souvent pas mieux considérés que les transportés en cours de peine. Dans les établissements autres que le Maroni, ils devaient vivre dans des camps où ils étaient confondus avec les condamnés, étaient logés dans les mêmes cases, vêtus du même costume, soumis en tout au même régime disciplinaire et punis dès qu’ils essayaient de faire valoir leur Statut. A Saint-Laurent, où ils vivaient libres mais réduits à la mendicité, ils étaient considérés comme des criminels en puissance qui, un jour ou l’autre, seraient poussés à voler ou à s’enfuir et retourneraient au bagne.

    Les déportés étaient des prisonniers d’opinion condamnés à l’exil. Le Directoire avait ouvert la voie en déportant en Guyane dissidents et prêtres réfractaires. Les régimes qui lui succédèrent continuèrent en y exilant les insurgés de juin 1848, les opposants à Louis-Napoléon Bonaparte et les « traîtres » coupables « d’intelligence avec l’ennemi ». Dans la première moitié du xxe siècle, les « politiques » furent essentiellement des nationalistes africains ou indochinois.

    Les déportés n’étaient pas soumis aux travaux forcés et leur travail devait être rémunéré. Tenus à l’écart du reste de la population pénale davantage par crainte de la contagion de leurs idées que par respect de leur condition Spécifique, ils furent regroupés d’abord sur l’île Saint-Joseph puis sur l’île du Diable. Les déportés se sont toujours battus pour faire respecter leur Statut, protestant régulièrement par écrit auprès du gouverneur exaspéré par cette « indiscipline » ou, comme les libérés et les relégués, en se cramponnant aux petits privilèges qui les distinguaient des condamnés de droit commun : leur maigre salaire ou le droit de porter la barbe.

    La loi du 27 mai 1885 instaura un nouveau Statut, celui des relégués, pour les récidivistes. Il suffisait de totaliser quatre condamnations à plus de trois mois pour, une fois la peine de prison purgée en France, être exilé à vie en Guyane ou en Nouvelle-Calédonie.

     

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    En 1887, la moitié nord du territoire du Maroni fut affecté à la relégation. Sauf pour les femmes regroupées à Saint-Laurent avec les transportées dans le couvent des sœurs de Saint-Joseph de Cluny, le territoire de la relégation était bien distinct de celui de la transportation. Pourtant, et bien qu’ils aient déjà purgé la totalité de leur peine en métropole et ne soient que des interdits de séjour, l’administration pénitentiaire considérait les relégués comme des condamnés à part entière et s’en méfiait beaucoup, d’autant qu’ils étaient nombreux[5].

      

    En 1895, on déplorait qu’ils puissent circuler librement à l’intérieur de leur camp. A Saint-Jean-du-Maroni, l’emplacement de la caserne fut choisi de façon à « protéger le quartier administratif contre un mouvement possible des relégués » et son accès leur fut interdit « afin d’éviter tout contact entre eux et la troupe ».

    Entre 1852 et 1938, 52 000 transportés condamnés aux travaux forcés, 329 déportés politiques et 15 600 relégués (dont 913 femmes, transportées ou reléguées) furent envoyés en Guyane. Malgré la minutie de l’administration à définir chaque catégorie de bagnards, le personnel de l’A.P. n’eut aucun scrupule à confondre l’ensemble des condamnés (et des libérés !) qui n’eurent de cesse de revendiquer leur Statut propre par des détails souvent dérisoires. Ainsi, les relégués se révoltèrent rarement, mais le port des « effets bariolés[6] » qu’on voulut leur imposer parut une brimade suffisante pour susciter la révolte de 1931.

    De la rédemption à l’expiation rigoureuse du crime

    Les archives du bagne conservées au centre des archives d’Outre-mer (CAOM) à Aix-en-Provence témoignent du durcissement de la condition des bagnards à la charnière des XIXe et XXe siècles. Pendant les trente premières années du bagne colonial, même si dans les faits la vie des bagnards était de peu d’importance[7] et si le cynisme n’était pas absent[8]8, certains des administrateurs ont sincèrement cru à l’utopie de colonisation et de réhabilitation mise en avant à la création de l’institution.

      

    Une fois leur peine purgée, les bagnards pourraient s’établir comme colons, recevoir une terre, fonder une famille et devenir membres à part entière de cette nouvelle humanité régénérée par le travail. Mais à partir de 1887, date à laquelle on rouvrit la Guyane aux condamnés européens, la volonté de ségrégation et de répression semble avoir primé sur toute autre préoccupation. On établit entre population libre et population d’origine pénale une séparation Stricte, qui se traduisit dans l’urbanisme et dans la construction de nouveaux locaux normalisés.

    La crainte de la « contagion » conduisit également à introduire des clivages au sein des transportés, qui furent répartis en catégories elles-mêmes divisées en classes en fonction de leur faute, de leur conduite au bagne et de leur aptitude à la rédemption. On isola les incorrigibles (les « inco ») des autres détenus dans des camps forestiers de sinistre mémoire. Chaque classe avait un régime particulier, la troisième classe effectuant les travaux les plus pénibles. Il fallait parvenir en première classe pour bénéficier d’une concession ou obtenir un emploi chez un particulier.

     

      

    Le maître mot fut désormais « l’expiation rigoureuse du crime ». Le décret du 4 septembre 1891 aggrava les conditions de détention des transportés et imposa la construction de nouveaux locaux disciplinaires pour punir toute infraction, rébellion ou tentative d’évasion.

      

    Les circulaires de l’A.P. détaillèrent avec minutie la hiérarchie des types d’emprisonnement :

      

    la prison collective de jour ou de nuit, la cellule (claire), le cachot (sombre), l’isolement, la réclusion. Ces peines étaient assorties de brimades physiques telles que le régime au pain sec et à l’eau, l’obligation de silence, la suppression des promenades ou du travail, la « boucle » simple ou double, entrave à un ou deux anneaux dans laquelle on immobilisait la nuit les pieds du bagnard, le fouet.

      

    Ce durcissement fut d’autant plus violent qu’il intervint dans un monde clos, où régnait un arbitraire total, À propos du camp disciplinaire de Charvein, un inspecteur notait en 1904 : « L’arbitrage des agents subalternes tient seul lieu de règle dans le prononcé des punitions. Les fers, la cellule, le cachot sont appliqués sans mesure et comme au hasard et prolongés pendant des jours et des mois, même pour les infractions les plus légères, pour bavardage par exemple »[9]. Jusqu’en 1925, le régime du bagne fut extrêmement dur. C’est grâce à la campagne de presse du journaliste Albert Londres (1923) et à l’action de l’Armée du Salut qu’il fut assoupli.

    La plupart des pénitenciers guyanais ont disparu, mangés par la forêt. Il n’en subsiste des vestiges importants qu’aux îles du Salut et sur le Maroni. L’architecture et l’urbanisme de ces sites illustrent parfaitement la ségrégation et l’enfermement voulus par les mesures de 1891.

     

     

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    Les îles du Salut

    Situées au large de Kourou, les îles du Salut furent le premier site affecté au bagne. Dès l’origine, une répartition Spatiale des fonctions fut instaurée entre les trois îles et au sein de chacune d’elles (Clair, Mallé, 2001).

    Sur une gravure publiée en 1860 dans l’Illustration, l’île Royale, la plus grande des trois îles du Salut, où s’installa l’état-major, apparaît divisée en deux par une muraille isolant le quartier militaire du quartier des condamnés. Deux grands hôpitaux en pierre de taille y furent édifiés dans les années 1860, l’hôpital militaire pour le personnel libre et l’hôpital des transportés pour les bagnards.

      

    La chapelle était commune à tous, mais une clôture en bois tourné marquait la frontière entre transportés et population libre[10]. Même dans la mort, les deux populations ne se mêlaient pas. Le cimetière était réservé aux surveillants et à leur famille. Les bagnards quant à eux n’avaient droit à aucune sépulture. Leur corps cousu dans un linceul et lesté était chargé dans une chaloupe et immergé au large de l’île Royale.

    À la fin du XIXe siècle, cette ségrégation parut insuffisante. Inspectant en 1894 les îles du Salut, l’ingénieur Fontaneilles s’indignait : « Les bâtiments sont disposés sans ordre et les cases des condamnés sont mêlées à celles des surveillants. » Il mit en place sur l’île Royale un véritable plan d’urbanisme qui séparait nettement les différentes catégories d’habitants, créant un quartier des condamnés et un quartier administratif, les logements des surveillants servant de tampon entre les deux.

      

    Obsédé par la surveillance, Fontaneilles voulait aussi que les transportés soient enfermés dans des bâtiments solides. Il fit remplacer les toitures en wapa de leurs cases par de la tôle ondulée, « beaucoup moins facile à démolir de l’intérieur, surtout sans bruit». Aux cases éparses du début se substitua, après 1895, un véritable quartier des condamnés bien distinct des autres constructions : deux corps de bâtiment symétriques construits de part et d’autre d’une cour intérieure fermée par une enceinte abritaient de grands dortoirs collectifs munis de bat-flanc[11]. Situé immédiatement à côté du camp des transportés, le quartier disciplinaire était constitué de deux prisons communes et de 32 cellules. On y ajouta 34 cellules supplémentaires en 1894.

    l\'hôpital de l\'île RoyaleL’île Saint-Joseph, d’abord réservée aux prisonniers politiques, reçut au départ un aménagement semblable à celui de l’île Royale : église, presbytère, bâtiments administratifs, magasins, logements et ateliers. Mais, dans le but de rendre à la peine de travaux forcés « son caractère indispensable d’intimidation et d’exemplarité », le décret du 4 septembre 1891 l’affecta aux transportés fautifs condamnés à la peine de réclusion cellulaire par le tribunal maritime Spécial de la colonie. Celle-ci consistait en l’enfermement cellulaire de jour et de nuit, à l’isolement permanent et au silence absolu, ce qui nécessita la construction de locaux Spéciaux et valut à l’île Saint-Joseph son surnom de « la Silencieuse ». Le camp de la réclusion de l’île Saint- Joseph, construit entre 1896 et 1906 et agrandi en 1913, devint le lieu d’enfermement le plus redouté de Guyane, « le bagne du bagne, les oubliettes de la transportation », comme le qualifia Albert Londres dans les articles qui contribuèrent à faire disparaître cette prison, qui ne fut fermée qu’en 1938.

     

     

    Les ruines du camp de la réclusion sont aujourd’hui envahies par les lianes et les figuiers étrangleurs. On peut encore suivre les longs couloirs qui distribuaient les doubles rangées de cellules séparées par des ensembles de préaux à ciel ouvert où s’effectuait en solitaire l’heure de promenade quotidienne. Les cellules minuscules n’étaient meublées que d’un bat-flanc qui devait être relevé dans la journée et sur lequel le prisonnier était attaché la nuit par la « boucle ». Cette mortification supplémentaire ne fut supprimée qu’en 1925 et ce n’est qu’en 1936 que le condamné eut droit à un tabouret pour s’asseoir dans la journée. La surveillance était incessante : les cellules comportaient pour tout plafond une grille à travers laquelle les gardiens qui circulaient sur une passerelle surélevée surveillaient les condamnés nuit et jour.

    La plupart des 71 réclusionnaires enfermés en 1938 à Saint-Joseph avaient été condamnés à cette peine inhumaine pour tentative d’évasion sans atteinte à autrui.

    Entourée de courants violents et de requins, l’île du Diable, dont il était réputé impossible de s’échapper, fut dévolue aux quarantaines en cas d’épidémie, aux lépreux puis au premier « déporté en enceinte fortifié », le « traître Dreyfus ». Unique détenu de l’île, Alfred Dreyfus fut d’abord logé dans une petite maison située à proximité du poste de garde. Mais, même dans cet isolement extrême, le régime s’est durci. En 1897, on lui construisit une nouvelle cellule, divisée en deux par une grille derrière laquelle se tenaient en permanence ses gardiens et qui devait rester éclairée jour et nuit. Une palissade entourait le bâtiment afin d’empêcher Dreyfus de voir la mer et de faire un signal à un improbable ennemi de la patrie croisant par là.

    Après Dreyfus, les déportés politiques vécurent sur l’île du Diable livrés à eux-mêmes, sans gardien, le lieu étant suffisamment protégé naturellement pour décourager toute tentative d’évasion.

    La concentration de l’A.P. sur le Maroni

    Les îles du Salut furent exclusivement consacrées au bagne. Ce fut également le cas, au moins à l’origine, du pénitencier agricole du Maroni, créé dans une zone qui n’avait pas encore été mise en valeur. Dès 1852, on projeta de créer à l’embouchure du Maroni un établissement pénitentiaire isolé du reste de la colonie, afin de « mettre en valeur l’ouest de la Guyane et d’ouvrir aux transportés repentants par la propriété et la famille acquises par le travail un lieu de repos et de réhabilitation »[12].

      

      

    Le fondateur et premier commandant du pénitencier du Maroni croyant fermement dans le rôle de réhabilitation du bagne, l’isolement paraissait indispensable au succès de l’entreprise. Par décret du 13 mai 1860, un territoire de 180 000 hectares allant de l’embouchure du fleuve jusqu’au saut Hermina fut affecté à cette expérience de colonisation par l’élément pénal.

    Il existait alors différents pénitenciers sur le territoire guyanais, des camps isolés sur la Comté et l’Oyapock et des pontons flottants amarrés en rade de Kourou ou de Cayenne. L’« atelier »[13] de Cayenne n’était constitué que de condamnés dont la conduite était excellente et dont l’emploi par les administrations comme les particuliers semblait entré dans les mœurs. En 1867, un pénitencier en dur fut construit aux abords de la ville.

    Mais, très vite, la situation se modifia et la Guyane reproduisit le même schéma d’exclusion que la métropole. Dès 1871, la chambre de commerce et d’industrie réclama « au nom de la morale et de la justice, que la colonie pénitentiaire soit circonscrite, isolée, que les transportés, quelle que soit leur catégorie, ne puissent avoir aucune communication avec le reste de la Guyane ».

      

      

    Sous la pression de l’opinion publique, on décida la « concentration de la transportation sur le Maroni », c’est à dire le transfert de tous les condamnés et de tous les services de l’administration pénitentiaire, jusque-là dans la capitale guyanaise. Cette opération, qui supposait de nombreux travaux, ne se fit que lentement, à partir de 1895, et n’était pas encore achevée en 1907. Saint-Laurent devint de fait la capitale du bagne. De l’administration qui s’y installa dépendait non seulement le vaste territoire pénitentiaire du Maroni avec la ville de Saint-Laurent et ses annexes mais tous les autres pénitenciers de Guyane.

    La commune pénitentiaire de Saint-Laurent-du-Maroni

    Construite par et pour le bagne, la ville de Saint-Laurent fut une création ex-nihilo dans un territoire vide d’Européens (Mallé, 2003)[14]. L’expérience pouvait se dérouler en vase clos, la colonie pénitentiaire du Maroni ne devant être peuplée que par les transportés et le personnel de l’administration pénitentiaire[15].

    Dès l’origine, la ville adopta un plan qui résumait la hiérarchie sociale et la mission de punition/réhabilitation du bagne colonial. Les baraquements du camp de la transportation furent dressés au bord du fleuve. En aval, profitant au maximum des alizés, on établit le quartier administratif, appelé aussi quartier officiel. A l’ouest, isolée du fleuve par le camp des transportés et plus tard la caserne et l’hôpital, résolument tournée vers la forêt et la tâche de mise en valeur dévolue aux bagnards, fut dessinée la ville coloniale ou village qui devait accueillir les transportés concessionnaires et les libérés.

      

      

    Après avoir effectué la moitié de leur peine et au moins dix ans de travaux forcés, les transportés « les plus méritants » pouvaient recevoir une concession de terrain et une maison pour s’établir comme colon. Après avoir travaillé leur terre cinq ans, ils pourraient en devenir propriétaire et la transmettre à leurs enfants. La ville coloniale fut tracée sur un plan orthogonal comme les autres villes créées à la même époque dans les colonies françaises.

    La découverte d’or sur la Mana en 1875 et dans le haut Maroni en 1884 remit en cause le caractère exclusivement pénitentiaire du territoire du Maroni. Devenue le port de ravitaillement des placers de l’Inini et de l’Aoua, la ville de Saint-Laurent fut envahie par les chercheurs d’or originaires des Antilles anglaises ou du Guyana, rapidement suivis par des commerçants chinois et par une population plus ou moins clandestine[16] de pauvres gens à la recherche d’une vie meilleure, qui cohabitait dans la ville coloniale avec les concessionnaires et les libérés.

    L’ouverture du territoire de la colonie pénitentiaire à une population qui n’était pas d’origine pénale a été largement discutée dès 1875 car elle hypothéquait les faibles chances d’installation des libérés. Ceux-ci, astreints au doublage ou à la résidence à vie, subissaient déjà la concurrence directe de la main-d’œuvre pénale quasi gratuite et ne trouvaient à s’employer ni comme domestique ni comme ouvrier. Comme les relégués individuels, ils étaient réduits à la misère, n’ayant ni la possibilité de partir ni celle de s’établir[17]. Le désir de la population guyanaise d’être nettement séparée de la transportation avait contribué à lui consacrer un territoire propre.

      

      

    À l’inverse, au moment où ce territoire était envahi par une population libre, se posait le problème de protéger la population pénale dans le cadre du projet de réhabilitation et de colonisation du bagne colonial. « Il est indispensable de faire de Saint-Laurent un centre exclusivement pénal, d’y maintenir la prépondérance des condamnés ou d’enfants de condamnés et de ne pas permettre que des capitalistes viennent en ce champ d’expérience instituer une concurrence désastreuse », s’inquiétait l’inspecteur Picquié en 1896[18]. À cette date, un tiers seulement des 120 concessions urbaines appartenaient encore à la population pénale. Les autres avaient été rachetées par des personnes libres. Cinquante neuf d’entre elles étaient réunies entre les mains de 14 propriétaires, gros négociants pour la plupart.

    Le quartier administratif, en grande partie reconstruit entre 1895 et 1915 en vue de la concentration de l’A.P. sur le Maroni, illustre bien les théories urbanistiques de cette période. Le tracé des voies publiques d’abord indique une rupture nette avec la ville coloniale. Les rues conduisent au Maroni, symbole de départ et de liberté, et non à la forêt. Elles étaient plus larges, plus aérées et dotées de fossés pour l’évacuation des eaux, témoignant de préoccupations sanitaires apparemment jugées superflues pour la population de la ville coloniale.

    Les bâtiments administratifs et les logements de fonctionnaires du quartier officiel se différenciaient de ceux de la ville coloniale par leur situation et leurs matériaux. Comme on peut le voir aujourd’hui encore, les constructions ont été positionnées au centre de la parcelle et entourées de jardins luxuriants alors que les façades des cases des concessionnaires de la ville coloniale devaient donner directement sur la rue pour en faciliter la surveillance.

      

    Les constructions du quartier administratif étaient en brique, avec ou sans pan de fer, et couvertes de tôle ondulée alors que les cases de la ville coloniale étaient en bois ou pan de bois garni de gaulettes, les couvertures en bardeaux de wapa ou en feuilles de wai. Les textes qualifient souvent ces constructions de « cahutes » ou « paillottes » par opposition aux constructions en dur à la mode européenne, édifiés pour les agents de l’A. P.[19]

    Tout fut mis en œuvre pour éviter les « mélanges fâcheux ». Après 1890, on regroupa à la périphérie du quartier officiel les logements des fonctionnaires jusque-là disséminés à travers la ville. La séparation Spatiale s’accompagna de nombreux règlements, comme l’interdiction faite aux libérés de circuler la nuit dans le quartier administratif. Tous les bâtiments administratifs à l’usage de la population de la ville coloniale (mairie, école, église, banque) furent construits sur la rue Mélinon, à la frontière entre les deux zones, mais côté quartier administratif. On ne laissa dans la ville coloniale que le commissariat de police, témoin de la méfiance que l’administration entretenait pour la population du « village », qu’elle soit ou non d’origine pénale. Comme aux îles du Salut, les bâtiments à l’usage des transportés étaient bien distincts de ceux utilisés par la population libre.

      

    L’hôpital pavillonnaire était traversé par un mur qui isolait les pavillons réservés à la population pénale. Les transportés n’étaient pas admis dans la petite église Saint-Laurent. Seules les femmes condamnées, cachées derrière une grille et accompagnées des sœurs de Saint-Joseph de Cluny, y avaient accès. Les bagnards suivaient la messe debout dans la cour du camp de la transportation, devant la chapelle. La ville comptait deux tribunaux, l’un chargé de juger la population civile, l’autre, le tribunal maritime Spécial, les transportés.

    Le camp de la transportation a été construit au bord du fleuve, sous les vents, à côté de l’hôpital, avec lequel il partageait les mêmes suspicions de contagion. A l’écart du quartier officiel, il se trouvait isolé de la ville coloniale par les logements des surveillants et la caserne d’infanterie de marine. Dès le départ, le camp fut constitué de cases indépendantes entourées d’une palissade. Il semble que, dans les débuts, les transportés aient joui à l’intérieur d’une relative liberté de mouvements. Ainsi, vers 1880, l’inspecteur Fontaneilles s’étonnait que des hamacs soient suspendus sous les cases, entre les pilotis. « Certains condamnés préfèrent y coucher, mais il y aurait assez de place en haut »20.

    Pour améliorer la surveillance, Fontaneilles décida l’érection d’un mur d’enceinte en maçonnerie au lieu de la palissade en bois des débuts et la reconstruction des cases des transportés en brique « de façon que leur paroi soient difficiles à percer». Craignant la contagion des « incorrigibles » sur la population pénale susceptible d’amendement, il fit construire un mur entre leur quartier et les baraquements des autres transportés. Fontaneilles se préoccupa surtout de mettre les espaces de punition en conformité avec les nouveaux règlements. Il fit construire deux prisons communes, des cellules et des cachots. On avait prévu au départ 12 cellules ; leur nombre a été doublé en 1888 puis de nouveau en 1896. Finalement, on créa sur toute la longueur du camp de la transportation un véritable quartier disciplinaire entouré d’une enceinte et divisé en quartiers correspondant aux différentes catégories de condamnés. En trente ans, le nombre de cellules est passé de 12 à 96, ce qui illustre bien l’évolution de la mission du bagne colonial de la réhabilitation à la répression.

    Le bagne de Guyane a poursuivi la longue tradition des entreprises de colonisation de déportation des orphelins, vagabonds, prostituées ou criminels, pour les fixer dans les colonies en mal de main-d’œuvre. La seule chance de réussite du bagne colonial était l’intégration de la population pénale à la société guyanaise, enjeu dont certains administrateurs avaient conscience dès le début. « Si l’élément pénal se confond facilement avec la population libre, s’y mêle et s’y perd, la réforme pénale est réalisée et la colonie prospère. Si au contraire la colonisation pénale effraie ou blesse l’autre, la réforme est manquée et la colonie dépérit », écrivait un inspecteur en 1875. Mais il était hors de question de se mélanger. La ségrégation ne fit que s’accentuer, condamnés en cours de peine, relégués et libérés inspirant la même méfiance, voire la même peur. On alla même jusqu’à retirer leurs enfants aux rares concessionnaires qui avaient réussi à s’installer et à fonder une famille, afin d’éviter aux jeunes esprits « la contagion de l’exemple » (Donet-Vincent, 2003).

    En presque cent ans d’existence, le bagne de Guyane n’a atteint qu’un seul des trois buts qu’il s’était fixé : l’élimination des criminels. La réhabilitation par le travail et la mise en valeur de la colonie furent des échecs complets. La Guyane est devenue, selon le mot de Gaston Monnerville, « la sentine de la France » ou encore la « guillotine verte », la transportation équivalant souvent à une condamnation à mort différé.

     

     

    MUSEE du BAGNE - Ile de Ré

    http://all.web.pagesperso-ora

    nge.fr/musee/pages/salle-bagne.html

    SOURCES : http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/2010/12/murs-murs-de-la-mort/

     

    Bâtiment de travail pour les bagnardsRéférences bibliographiques

    Clair S., Mallé M.-P., 2001, Les lies du Salut. Guyane, coll. Itinéraires du Patrimoine, n° 237, Ibis Rouge éd., Cayenne.

    Donet-Vincent D., 2003, De soleil et de silences. Histoire des bagnes de Guyane, la Boutique de l’Histoire, Paris.

    Krakovitch O., 1990, Les Femmes bagnardes, Orban, Paris

    Londres A., 1923, Au bagne, Albin-Michel, Paris.

    Mallé M.-P, 2003, Saint-Laurent-du-Maroni, commune pénitentiaire, association AIMARA, Cayenne.

    Pierre M., 1982, La Terre de la grande punition, Ramsay, Paris.


    1. Rapport du consul de France à Londres sur l’expérience britannique en Australie, 1845. CAOM Ha.

     

    2. Au milieu du XIXe siècle, la Guyane comptait environ 20 000 habitants, dont 1000 à 2000 de race blanche.

    3. L’autre bagne colonial fut celui de l’île du Nou en Nouvelle-Calédonie, officiellement ouvert de 1871 à 1887.

    4. La différence entre les deux catégories était souvent illusoire car à partir de 1868 le billet de retour des libérés ne fut plus pris en charge par l’administration et seuls ceux dont la famille pouvait ou voulait payer purent rentrer en métropole.

    5. Au début du XXe siècle, les relégués étaient environ 3 000.

    [6] Le costume infamant à rayures imposé aux transportés vers 1930.

    [7] Dans les premières décennies, la mortalité dans les pénitenciers de l’est était de 20 à 25 % par an.

    [8] « Si vous voyez que la colonisation n’offre pas de chances de succès, bornez-vous au bagne », aurait déclaré dès 1852 un membre du gouvernement au gouverneur de Guyane cité par Sylvie Clair (Clair, Mallé, 2001, p. 9).

    [9 ] Rapport de 1904. CAOM, H 65.

    [10] À Saint- Jean-du- Maroni, capitale de la relégation, la chapelle était divisée en deux niveaux: la population libre suivait l’office au niveau supérieur, les relégués à l’entresol.

    [11] Puis, à partir de 1929, de hamacs.

    [12] Discours du commandant Mélinon, 1860, cité par M. Pierre, (Pierre, 1982, p. 28-29).

    [13] On employait le même terme dans les plantations esclavagistes.

    [14] Où l’on fit peu de cas des quelques groupes d’Indiens Kali’na qui l’habitaient.

    [15] Soit environ 150 personnes à la fin du XIXe siècle.

    [16] L’accès au territoire pénitentiaire du Maroni était libre, mais nul ne pouvait y séjourner plus de huit jours sans en avoir avisé l’A.P. ni y fixer son domicile sans autorisation.

    [17] En 1924, un millier de libérés sans ressources traînaient dans les rues de Saint-Laurent.

    [18] CAOM, H 2023.

     

     

     

     

     

    [19] Le même clivage est reproduit de façon plus modeste dans les camps forestiers. Les surveillants sont logés dans des cases en bois, les condamnés dans des paillottes

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