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    Toulouse, pages d’histoire

     

     

     

    L’affaire Calas

     

    Le 13 octobre 1761, au 50 rue des Filatiers, le marchand Jean Calas, son épouse Anne-Rose, deux de leurs fils Marc- Antoine et Pierre, dînent avec Gaubert Lavaïsse, un ami, en présence de la servante Jeanne Viguière Le peuple accuse Jean Calas de la mort de son fils - Casimir Destrem - 1879

     

    Peu après le repas, Marc-Antoine se lève de table pour aller jouer au billard dans une rue voisine. Vers 21 heures, en raccompagnant Gaubert Lavaïsse, Pierre découvre le corps étendu de son frère Marc-Antoine, garrotté par une corde, dans l’arrière-boutique dont la porte donnant sur la rue est entrouverte.

     

    Leurs cris alertent famille et voisins.

     

    Vers 22 heures, sous la direction du capitoul David de Beaudrigue, les autorités arrivent sur les lieux. Le capitoul est déjà persuadé que la famille, aidée de Gaubert Lavaïsse, s’est rendue coupable du meurtre de Marc- Antoine. Sa conviction est que le père Calas, de religion protestante, n’aurait supporté que son fils aîné abjure la religion interdite, comme l’avait fait avant lui un de ses frères, Louis.

     

    Toute la ville approuve cette version des faits. En effet, Toulouse a toujours été un bastion catholique durant les guerres de Religion. Cette affaire suffit à enflammer les vieilles passions religieuses des Toulousains.

     

    Sur les conseils d’un ami avocat, les Calas se contredisent et plaident le suicide. Ce changement conforte Beaudrigue dans ses convictions et décide d’inhumer Marc- Antoine dans un cimetière catholique, ce qui impliquait qu’il ne s’était pas suicidé et qu’il s’était bien converti au catholicisme.

     

    Les adieux de Calas à sa famille - Daniel-Nicolas Chowiecki - 1777Les témoignages affluent dans ce sens et le 18 novembre, le verdict tombe : Marc-Antoine ne s’est pas suicidé, il a été exécuté par le fanatisme huguenot. Les condamnés font appel à la juridiction supérieure, le parlement, mais l’enquête n’avance guère. Les preuves de leur culpabilité n’existent pas.

     

    Le 9 mars, la sentence est rendue. Jean Calas est condamné à mort après avoir été soumis à la question ordinaire et extraordinaire. Le lendemain, il est mené à la chambre des tortures de l’hôtel de ville, puis est conduit place Saint-Georges pour être rompu à coups de barre de fer. Pierre Calas est condamné au bannissement perpétuel tandis que les trois autres sont mis « hors de cour », c’est à dire libérés.

     

    Avant le jugement, l’histoire commence à faire des remous en France et à l’étranger, notamment dans les pays protestants. A Paris, le milieu éclairé des Lumières s’y intéresse. Voltaire prend le temps de réfléchir, se renseigne pour constituer un dossier et utiliser l’affaire. C’est en recevant la visite d’un autre fils de Calas, vivant à Nîmes, qu’il s’enflamme. Durant près de trois ans, le philosophe remue ciel et terre pour obtenir la réhabilitation de celui qu’il considère comme l’innocente victime du fanatisme des juges toulousains. L’affaire est évoquée devant le Conseil du roi en 1764 : la sentence des capitouls et les arrêts du Parlement sont cassés. La malheureuse famille Calas - Jean-Baptiste de Lafosse - 1765

     

    Tous les accusés et la mémoire de Jean Calas sont réhabilités le 9 mars 1765 par le tribunal suprême.

     

    Mais le mystère plane encore sur la mort de Marc-Antoine : assassinat du fait de son père, assassinat par un étranger venu de l’extérieur, suicide.

     

     

     

     

    SOURCES

    http://www.jacobins.mairie-toulouse.fr/expos/mvt/textes/TPH6_.htm

     

     

     

     

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  •  Fichier:JeanCalas.jpg

     

    L’affaire Calas est une affaire judiciaire qui se déroula au milieu du XVIIIe siècle à Toulouse, rendue célèbre par l'intervention de Voltaire.

    D'après l'historien Benoît Garnot[,  de l'université de Dijon, cette triste histoire est à la Justice (fort bien administrée) de l'ancien régime, ce qu'est l'affaire d'Outreau à la Justice actuelle. Elle fut essentiellement politique et non pas révélatrice du fonctionnement des tribunaux royaux qui étaient bien plus stricts, en principe, en matière de preuve que ne l'est actuellement la Justice. L'intime conviction d'un juge ne valait rien à l'époque. Cette affaire était déjà très obscure à l'époque, elle entraîna des nombreux abus de procédure dans l'administration de la preuve (usage dévoyé de l'adminicule et du monitoire, entre autres) . Les magistrats de la Cour royale rétablirent la veuve Calas dans ses droits et réhabilitèrent la mémoire de son défunt époux.

     

    L'affaire

    La famille Calas habitait au 16, rue des Filatiers (aujourd'hui n° 50) à Toulouse. Le 13 octobre 1761, le fils aîné, Marc-Antoine, est retrouvé pendu dans sa maison, à la poignée d'une porte. Le corps est découvert à 22 heures après le souper qui réunissait le père et la mère Calas, les deux fils Marc-Antoine et Pierre et un invité M. Gaubert. Meurtre ou suicide ? Toujours est-il que les Calas, l'invité Gaubert et la servante Jeanne Viguière, bonne catholique, sont accusés du meurtre. L'attitude de la famille est en effet suspecte car celle-ci reconnaît, après trois jours d'interrogatoire à l'Hôtel de ville, avoir détaché Marc-Antoine pour camoufler le suicide et éviter ainsi à ce dernier qu'il ne subisse le traitement alors infligé aux suicidés, « être traîné sur la claie » (cadavre traîné face contre terre puis jeté aux ordures).

    Mais les Calas, de confession protestante, sauf l'un des fils, Louis, converti au catholicisme et affilié à la Confrérie de pénitents blancs, continuent à pratiquer leur foi, et cela suffit pour que le capitoul David de Beaudrigue, convaincu par des rumeurs de voisinage alléguant la volonté de Marc-Antoine de choisir réellement la religion catholique, exige un complément d'enquête et fasse soumettre Jean Calas à la Torture;

    L'étranglement est infligé à Jean Calas après le verdict du procès par le parlement de Toulouse. Ce dernier le condamne à mort le 10 mars 1762, sans que le jugement ne soit motivé. Calas est condamné au supplice de la roue. Il subit la question, une longue séance de torture, mais n'avoue rien. Il clame son innocence. Roué Place Saint-Georges, Jean Calas est étranglé puis brûlé deux heures plus tard.

    Exilé, un autre fils de Jean Calas, Pierre, se rend dans la ville calviniste de Genève, où il rencontre Voltaire qui a déjà été informé de l'affaire par le marchand marseillais Dominique Audibert[3]. Le philosophe croit d'abord l'accusation fondée et rédige dans un premier temps une lettre incendiaire sur Jean Calas. Mais, convaincu par Pierre de son innocence, il forme par la suite un groupe de pression avec ses amis et utilise son ironie corrosive pour que justice soit faite.

    Afin d'obtenir la révision du procès, Voltaire publie, en 1763, l'ouvrage Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas tandis que la famille obtient un entretien à Versailles auprès de Louis XV. Le capitoul, c'est-à-dire l'officier municipal de Toulouse, qui avait largement contribué à monter les fausses accusations contre Calas, est destitué. Le Conseil du roi casse l'arrêt de condamnation par le Parlement de Toulouse le 4 juin 1764. En 1765, Voltaire réussit à faire réviser le procès et à obtenir un arrêt qui déclare Calas innocent et réhabilite sa mémoire, même si le Parlement de Toulouse refusera toujours de revenir sur son jugement et tiendra cet arrêt de réhabilitation pour nul et non avenu[4].

    Le procès de Calas a été inséré dans les causes célèbres. Il a fourni à Marie-Joseph Chénier, à Jean-Louis Laya et à Auguste-Jacques Lemierre d'Argy le sujet de drames populaires. Athanase Coquerel a publié en 1858 Jean Calas et sa famille.

     

      

      

    Chronologie détaillée

    • 19 mars 1698 : Naissance de Jean Calas à Lacabarède, près de Castres. De famille protestante, il reçoit cependant le baptême de l'Église catholique quatre jours plus tard.
    • 1722 : Jean Calas s'installe comme marchand linger rue des Filatiers à Toulouse.
    • 19 octobre 1731 Jean Calas épouse Anne-Rose Cabibel, de confession protestante. Ils auront quatre fils et deux filles : Marc-Antoine (né le 5 novembre 1732), Pierre, Louis, Donat, Anne et Anne-Rose.
    • 18 mai 1759, Marc Antoine Calas est reçu bachelier en droit, mais il ne peut obtenir des autorités ecclésiastiques le certificat nécessaire à la soutenance des actes de licence.
    • 24 janvier 1761 : L'intendant du Languedoc reçoit une lettre du subdélégué de Toulouse, faisant état de la mauvaise volonté de Jean Calas à subvenir aux besoins de son fils Louis, ne vivant plus sous le toit familial et s'étant converti au catholicisme en 1756.
    • 13 octobre 1761 : Marc Antoine est trouvé pendu au rez-de-chaussée de la maison.
    • 15 octobre 1761 : Le capitoul David de Beaudrigue mène l'enquête, il interroge Jean et Pierre Calas, ainsi que Gaubert Lavaysse, invité le soir même du drame. Les accusés révèlent avoir trouvé Marc Antoine pendu, et avoir maquillé le suicide en meurtre, puis avoir menti aux enquêteurs afin d'épargner au défunt la honte du suicide. À l'époque, les corps des suicidés sont en effet soumis à un jugement infamant. Fort de ces éléments, le clergé toulousain et la populace réclament un châtiment exemplaire pour cette famille accusée d'un crime atroce : avoir assassiné leur fils qui voulait se convertir au catholicisme. Ils réclament le châtiment des hérétiques. Aucune enquête ne sera menée afin de savoir si Marc Antoine avait vraiment l'intention ou non de se convertir. Il sera déclaré martyr et enterré selon le rite catholique, son cercueil sera escorté par quarante prêtres pénitents blancs au milieu d'une foule immense.
    • 18 novembre 1761 : Les capitouls affirment que Jean, Anne-Rose, Pierre Calas, Jeanne Viguière la servante, et Gaubert Lavaysse sont coupables. Il est décidé de soumettre à la question Jean Calas, sa femme et son fils Pierre, et d'infliger le cachot à Gaubert Lavaysse et à Jeanne Viguière. Ils font par la suite appel devant le juge de Toulouse.
    • 6 mars 1762 : La calomnie confondue, ou mémoire dans lequel on réfute une nouvelle accusation intentée aux protestants de la province du Languedoc, à l'occasion de l'affaire du sieur Calas détenu dans les prisons de Toulouse (Au Désert, 1762) est condamné par le parlement de Toulouse à être lacéré et brûlé. Dans cet opuscule rédigé par La Beaumelle et signé du pasteur Rabaut, les protestants du Midi s'indignaient de la rumeur qu'on faisait courir, selon laquelle ils auraient ordre de tuer leurs enfants lorsque ceux-ci veulent se convertir au catholicisme.
    • 9 mars 1762 : Sur les conclusions du procureur général Riquet de Bonrepos, par huit voix sur treize, le parlement condamne au supplice Jean Calas. L'exécution a lieu le 10 mars suivant ; Jean Calas meurt roué, place Saint-Georges, en proclamant son innocence. Son corps est brûlé sur un bûcher et les cendres jetées au vent.
    • 18 mars 1762 : Pierre est banni ; sa mère, Jeanne Viguière et Lavaysse sont acquittés ; les deux filles Calas sont quant à elles enfermées dans des couvents ; les biens de la famille sont confisqués.
    • 14 avril 1763 : Antoine Louis présente publiquement Mémoire sur une question anatomique relative à la jurisprudence, dans lequel on établit les principes pour distinguer à l'inspection d'un corps trouvé pendu le signe du suicide d'avec ceux de l'assassinat.
    • 9 mars 1765 : Calas et sa famille sont définitivement réhabilités par une assemblée de quatre-vingts juges et par le conseil du roi. Le roi accorde en outre à la famille une pension de 36 000 livres.

    Voltaire est ainsi considéré comme le premier écrivain français à s'engager publiquement dans une affaire judiciaire.

     

    sources wikipedia

     

     


    L'Affaire Calas, au XVIIIe Siècle, se déroule dans un contexte fort complexe de justice royale et d'intolérance religieuse. Elle découle du suicide, en 1761, de Marc Antoine Calas, issu d'une famille protestante de Toulouse. Pour éviter les obsèques infamantes réservées aux suicidés, sa famille tente de dissimuler les circonstances du décès. Mais le Capitoul de Toulouse, ayant eu vent de rumeurs concernant le désir de conversion au catholicisme de Marc Antoine Calas, fait arrêter et torturer puis son père, Jean Calas, qui sera exécuté en 1762.
    Quelques mois plus tard, Voltaire, qui a rencontré un autre fils de Jean Calas à Genève, engage un incroyable travail de réhabilitation de la victime et réussi, en 1765, à le faire réhabiliter par une assemblée de 80 juges et le Conseil du roi.
    A une époque où la justice royale, issue du droit divin, ne tolère ni défense ni critique d'aucune sorte, un tel retournement nécessitait une travail aussi acharné que prudent, et une véritable "méthode Voltaire".


    Pour réaliser cette prouesse, Voltaire se constitua tout d'abord un important réseau d'informateurs à Toulouse, une équipe de 3 personnes entièrement dévolues à son "centre de documentation", puis un véritable groupe de travail se réunissant régulièrement chez lui, à Ferney. Pendant des mois, il inonda de ses missives le ministre de la Justice, mais surtout toutes les cours d'Europe. Il fit écrire nombre de ses amis, il présenta les enfants de Jean Calas à tous ses visiteurs, encouragea la circulation de copies de ses missives et publia quatre libelles.


    Il est intéressant de noter qu'il n'écrivit jamais au Roi en direct : il organisa et fit monter la rumeur, le buzz dirions-nous aujourd'hui, de toutes les Cours d'Europe, tant et si bien que cette affaire devint rapidement le sujet de tous les rapports des ambassadeurs du pauvre Louis XV, qui visiblement se résigna in fine à cette réhabilitation sans précédent.

     

    http://www.henriverdier.com/2010/03/calas-dreyfus-et-les-attentats-du-11.html

     

     

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