•  Faites entrer l'accusé ( émission de 2001 )

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    L'affaire de la Josacine empoisonnée

    11 juin 1994, une petite fille de 9 ans décède après avoir absorbé de la Josacine...

     


    Mystérieux décès d'une petite fille

    Samedi 11 juin 1994, à l'issue du journal de 20 heures de France 2, un communiqué des laboratoires Bellon indique qu'une fillette est morte par empoisonnement après avoir absorbé l'antibiotique le plus prescrit aux enfants, la Josacine. Il s'agit de la petite Emilie Tanay, 9 ans.

    Ce week-end de juin 1994 a un avant goût de vacance pour les enfants de Gruchet-le-Valasse en Seine-Maritime. L'école du village organise la traditionnelle kermesse de fin d'année scolaire. A cette occasion, Corinne Tanay confie sa fille Emilie aux Tocqueville pour le week-end. Leurs enfants sont dans la même classe. Depuis quelques jours la petite Emilie souffre d'un rhume tenace et sa mère, prévoyante lui laisse un flacon de sirop pour enfants.

    Toute fière de son déguisement de bouffon médiéval, la petite fille passe une excellente journée avec ses camarades de classe. En rentrant chez elle en fin d'après-midi avec les enfants, Sylvie Tocqueville donne une cuillérée de Josacine à Emilie. Soudain l'enfant est prise de malaise et s'effondre, foudroyée en quelques minutes. Les secours ne pouvant que constater son décès.

    Immédiatement, les soupçons se posent sur le flacon d'antibiotique. Par précaution, un communiqué est diffusé à la télévision et le médicament est interdit à la vente. Des milliers de mères inquiètes se débarrassent de leurs flacons.

    L'enquête disculpe très vite le laboratoire puisque, les analyses sont formelles, le poison a été introduit au tout dernier moment, soit dans l'après-midi du 11 juin. L'autopsie du corps de l'enfant révélant des traces de cyanure, l'affaire prend une toute autre tournure.

    La piste criminelle

    Au bout de quelques jours, un homme est suspecté par les enquêteurs. Jean-Marc Deperrois, 43 ans, est un notable du village. Il est le PDG d'une société d'imagerie industrielle, élu au conseil municipal et a des responsabilités dans le milieu associatif local.

    C'est un élément de sa vie privée qui va amener les policiers à s'intéresser à lui. Marié et père de deux enfants, il entretient, depuis plusieurs années, une liaison avec la secrétaire de mairie qui n'est autre que Sylvie Tocqueville.

    Placé sur écoute téléphonique, il reçoit quelques jours après le drame, un appel d'un prénommé Alain. Celui-ci s'inquiète de savoir s'il n'a pas été ennuyé à cause du «produit» qu'il venait de lui acheter. Gêné, Deperrois détourne la conversation mais désormais la police ne va plus le lâcher.

    Identifié, Alain travaille dans un laboratoire de la région parisienne qui a vendu à Deperrois, le 6 mai 1994, un kilo de cyanure de sodium.

    Ces indices concordant font du chef d'entreprise le suspect N°1. Il est incarcéré le 27 juillet 1994.

    L'enquête progresse

    Placé en garde à vue, Jean-Marc Deperrois commence par tout nier, y compris l'existence de son ami Alain et du fameux coup de fil. Mais face aux factures qui lui sont présentées par les enquêteurs il ne peut nier l'évidence.

    A la fin de sa garde à vue il déclare qu'il a bien acheté un kilo de cyanure de sodium pour son entreprise, un mois avant le drame, qu'il s'en est débarrassé dans la Seine, peu de temps après la mort d'Emilie, car il a paniqué en apprenant que la petite avait été empoisonnée par ce type de substance. Cependant il nie être un assassin et prétend avoir menti parce qu'il avait peur.

    Le mobile

    De leur côté, les policiers tentent d'établir le mobile de cet empoisonnement:

    Jean-Marc Deperrois, est fou amoureux de sa maîtresse, Sylvie Tocqueville. Il souhaite refaire sa vie avec elle, mais elle n'a pas les mêmes projets que lui. Elle tient à son mari, Jean-Michel, dépressif chronique qui souffre, parfois, de tachycardie.

    Or ce samedi 11 juin 1994, Sylvie lui raconte que son mari a encore fait une crise de tachycardie dans la nuit et qu'il doit prendre des médicaments pour se soigner. Profitant de la kermesse, Deperrois s'introduit chez les Tocqueville dans le but de supprimer son rival, Jean-Michel. Mais il se trompe de médicament et verse son poison dans le flacon de Josacine de la petite Emilie avec les conséquences que l'on sait.

    Eléments à charge

    Afin d'accréditer cette thèse, les enquêteurs se basent sur plusieurs éléments accablants Deperrois.

    L'analyse du cyanure retrouvé dans le flacon d'antibiotique démontre que les impuretés relevées proviennent du lot B 062 distribué par la société Prolabo en mai 1994. L'échantillon acheté par Deperrois à la même époque, de surcroît sous une fausse identité, provient justement de ce lot. En outre il est la seule personne a avoir acheté ce produit en mai 1994 en Seine-Maritime.

    Pour justifier cet achat il affirme avoir voulu réaliser des tests de matification des métaux. Questionnés à ce sujet, des spécialistes jugent cette procédure expérimentale assez hasardeuse. Toutefois, Deperrois est un autodidacte et en aucun cas un ingénieur chimiste.

    Ce qui est plus ennuyeux pour sa défense c'est qu'il s'est débarrassé du cyanure dans la Seine alors que la cause exacte du décès d'Emilie Tanay n'était pas encore établie.

    Le 31 août 1994, un nouveau témoignage vient confirmer l'hypothèse de la police. Les époux Madeleine, voisins immédiats des Tocqueville, affirment avoir vu le jour de la kermesse, Jean-Marc Deperrois sortir de la salle à manger des Tocqueville en leur absence, fermant la porte-fenêtre avec une clef. Ils précisent même qu'il portait des gants «beiges, transparents, resserrés au poignet, comme des gants de chirurgien».

    Après vérification, les enquêteurs trouvent chez les Deperrois des gants identiques à la description de Mme Madeleine. Ils découvrent aussi que, des trois clefs de la porte-fenêtre des Tocqueville, une a bien disparu.

    La défense contre-attaque

    Pour Maître Libman, le défenseur de Jean-Marc Deperrois, le mobile du crime ne tient pas debout. Selon lui, la liaison entre son client et Sylvie Tocqueville n'était pas aussi passionnée que l'on a voulu le faire croire.

    Pour preuve, Jean-Michel Tocqueville lui-même prend la défense de l'amant de sa femme face aux caméras des journalistes. Il leur explique que leur liaison ne lui a évidemment pas fait plaisir mais qu'ils se sont expliqués d'homme à homme et sont restés bons amis.

    De plus un important comité de soutien en faveur de Deperrois se créé dans le village, criant à l'erreur judiciaire.

    La défense de Maître Libman se base aussi sur le témoignage du Docteur Vue, le médecin des Tanay qui raconte aux enquêteurs avoir reçu Corinne Tanay et Sylvie Tocqueville en consultation trois jours après le décès d'Emilie.

    A cette occasion la mère de la victime lui aurait confié avoir remarqué l'aspect anormal du sirop antibiotique pendant sa préparation: effervescence, grumelage, petites précipitations, mauvaise odeur.

    Si tel est le cas, cela signifie que Jean-Marc Deperrois ne peut pas avoir préparé le poison qui aurait été introduit dans le flacon d'antibiotique avant son arrivée chez les Tocqueville.

    Le procès

    Le procès très médiatique de l'affaire de la Josacine s'ouvre le 2 mai 1997 à la cour d'assises de Rouen.

    Au cours de l'audience, l'exposé des résultats des analyses fait forte impression aux jurés et discrédite le témoignage du docteur Vue.

    En effet les expériences montrent que l'aspect du médicament décrit au médecin par Corinne Tanay (Qu'elle va d'ailleurs nier au cours du procès) ne peut s'observer que plusieurs heures après sa préparation qui consiste à diluer de la poudre jaune dans de l'eau minérale.

    Par ailleurs le poison n'a pas pu être introduit au moment de la mise en flacon dans le laboratoire car dans ce cas la poudre jaune aurait "caramélisé" compte tenu de la concentration en cyanure relevée par les experts.

    Le poison n'a pas non plus été versé au moment de la préparation de la solution. Les analyses ont trouvé une très riche concentration en zinc, signe que l'eau ayant servi à la dilution du poison provenait de vieilles canalisations. Or ces caractéristiques sont incompatibles avec l'eau prélevée au robinet des Tanay. Par contre l'un des robinets de l'entreprise de Jean-Marc Deperrois présente des taux de zinc semblables.

    En dépit de la présence de son comité de soutien et de plusieurs témoignages en sa faveur, Jean-Marc Deperrois est condamné le 24 mai 1997 à 20 ans de prison ferme.

    Menaces et insultes

    A l'issue du verdict, les amis du condamné laissent éclater leur colère. C'est sous leurs insultes et leurs menaces et sous escorte policière que les parents de la victime quittent le palais de justice.

    Depuis la condamnation de Deperrois deux clans s'affrontent à Gruchet-le-Valasse. D'un côté les partisans de son innocence, rejoints par des artistes et des notables de la région. De l'autre les parents d'Emilie et une petite poignée de fidèles.

    Les tensions sont telles que les Tanay sont obligés de quitter la région quelques mois pour échapper aux ragots.

    Pour situer le niveau de violence et de harcèlement que subissent les Tanay voici quelques extraits d'une lettre anonyme qu'ils ont reçue le jour de la Sainte-Emilie:

    «Ordures vivantes... parasites... salope, sale putasse... je sais où vous joindre, je ne vous lâcherai plus...Votre place est sous terre, même pas au cimetière mais dans une fosse à purin… La vermine... votre putain d'Emilie... est crevée depuis juin 1994, les asticots ont dû la bouffer.»

    Toutes les demandes de libération anticipée effectuées par l'avocat de Deperrois depuis sa condamnation ont été rejetées.
    article écrit le 10 aout 2005 par Mr MICHEL
     
     
     
     
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