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    La tuerie de Belhade

     

     

    La tuerie de Belhade garde sa part de mystère

     

    Le 15 décembre 1985, deux hommes et une femme étaient assassinés dans le relais de chasse incendié de Belhade (40). Deux procès d'assises n'ont pas permis de découvrir le mobile du crime
     

    Lors du procès de 1993, Horvath, Ardanny, Barthélémy (de gauche à droite) sont condamnés à la perpétuité et Maillet à 18 ans de réclusion pour l'assassinat de Bonnefon, de sa compagne et du garde-chasse dans la ferme landaise. Un dossier instruit par le juge Vennetier (avec un polo). Ph. «S O»
     

    Lors du procès de 1993, Horvath, Ardanny, Barthélémy (de gauche à droite) sont condamnés à la perpétuité et Maillet à 18 ans de réclusion pour l'assassinat de Bonnefon, de sa compagne et du garde-chasse dans la ferme landaise. Un dossier instruit par le juge Vennetier (avec un polo). Ph. «S O»

    Seule dans sa chambre, son épagneul breton couché au pied de son lit, Marie-France Le Berre se réveille en sursaut. Des cris, des coups de feu, des gémissements, une explosion. À demi consciente, mue par un réflexe de survie, elle ouvre la fenêtre, son chien dans les bras et court, pieds nus en chemise, se jeter dans un roncier. Il est à peine 3 heures du matin.

      

    Des silhouettes s'agitent devant la maison qui s'embrase au cœur de la forêt, à quelques kilomètres du minuscule bourg de Belhade dans la Haute-Lande. Une voiture démarre et passe en trombe devant la cachette de cette femme de 40 ans, épouvantée par ce qu'elle devine, sans vouloir encore l'accepter.

    Son frère Jean-Claude Bonnefon, le propriétaire du relais de chasse de la Leyre, à qui elle venait souvent donner la main le week-end, a été achevé d'une balle dans la tête. Il n'est pas le seul. À l'aube du 15 décembre 1985, les pompiers de Pissos et de Luxey dégageront des décombres deux cadavres calcinés.

    Celui de Lucienne Cousse, sa compagne de vingt-cinq ans son aînée, abattue dans le couloir, et celui de Jean-Michel Linder, un jeune garde-chasse exécuté dans son lit.

    Dans la pénombre, la rescapée n'a pu identifier aucun des tueurs. Elle l'ignore encore, mais son témoignage va se révéler lourd de conséquences.

    Quatre ans plus tard, en novembre 1989, c'est dans un silence impressionnant que les jurés des Landes écoutent sa déposition entrecoupée de sanglots. Des cinq hommes réunis dans le box des accusés, elle ne connaît que Jean-Jacques Horvath. Cet ancien garçon boucher de 42 ans, devenu proxénète à la fleur de l'âge, était un habitué du relais de chasse.

    Il y parquait sa caravane. Elle accueillait parfois des filles venues se mettre au vert après avoir tapiné sur les trottoirs de Bordeaux ou non loin de là, au Poteau à Captieux. Jean-Claude Bonnefon supportait de moins en moins la présence de Jean-Jacques Horvath dans cette propriété de 500 hectares. Quatre jours avant le triple assassinat, ils s'étaient violemment disputés.

    « Mon frère m'a dit que, s'il avait eu une arme sous la main, il le tuait, se souvient Marie-France Le Berre. Et la veille du drame, lorsque j'ai demandé des explications à Jean-Jacques Horvath, il m'a répondu : '' Ton frère, c'est une balance. Il mérite la mort, je le tuerai ''. »

    À ces mots, Jean-Jacques Horvath bondit de son siège : « Pourquoi tu dis cela, Marie-France, ce n'est pas possible. » Déterminée, la sœur de Jean-Claude Bonnefon ne recule pas d'un pouce.

    Barthélémy s'en vante

    Le soir du massacre, le proxénète disposait d'un alibi en béton. Cela n'avait pas dissuadé les limiers de la police judiciaire de le filer et de placer sous surveillance les lieux fréquentés par ses connaissances. Jean-Jacques Horvath était un familier du Petit Chef, un restaurant du quartier de la gare de Bordeaux, et du Couche-Tard, un bar de nuit du marché des Grands-Hommes.

    Il semblait inséparable de Francis Ardanny, 36 ans, un ancien videur au casier judiciaire déjà défloré, soupçonné de tirer ses revenus du racket.

    Jean-Bernard Barthélémy s'asseyait souvent à leur table. La trentaine bien sonnée, ce pupille de la Ddass est un être fruste, aux réactions imprévisibles, dont la conduite attire fréquemment l'attention des services sociaux. Sans travail fixe, il mène dans le Sud-Gironde une existence à la frontière du quart-monde. Il vit non loin du domicile de Francis Ardanny à qui il voue une admiration sans bornes. En perpétuelle quête de reconnaissance, il n'est pas homme à savoir tenir sa langue.

    Quelques semaines après le crime, lors d'une soirée alcoolisée passée au Couche-Tard, il se vante bruyamment d'être l'auteur du « coup de Belhade ». Horvath lui intime l'ordre de se taire. Trop tard. Le propos ne tarde pas à remonter à l'oreille des enquêteurs.

    « Sur ordre d'Ardanny »

    Placé en garde à vue en mai 1986, Jean-Bernard Barthélémy s'allonge comme un premier communiant et donne aussitôt les noms de ses complices, deux gamins de 20 ans : Pascal Maillet, le fils de sa compagne, et Jean-Pierre Alario, le plongeur du Petit Chef, en rupture de ban avec la communauté des Témoins de Jéhovah à laquelle appartiennent ses parents.

    Nul ne saura jamais exactement qui a fait quoi cette nuit-là au sein de ce trio de paumés. Même s'il est probable que Pascal Maillet, surpris de voir Jean-Claude Bonnefon ouvrir la porte avec un objet tranchant, a tiré le premier.

    « Ardanny nous avait envoyés pour tuer. » Jean-Bernard Barthélémy l'a dit lors de plus de trente auditions. Il le martèle encore devant les jurés. Mais jamais il n'accuse Jean-Jacques Horvath. L'avocat général Gérard Ilbert dépeint pourtant le souteneur comme « le chef d'orchestre » d'une tuerie destinée à éliminer Jean-Claude Bonnefon. Cet ancien buraliste bordelais s'était semble-t-il accommodé dans un premier temps de la présence de plusieurs proxénètes sur le domaine. A-t-il payé de sa vie son souhait de les voir déguerpir ?

    Soudés comme des frères siamois, Francis Ardanny et Jean-Jacques Horvath nient farouchement avoir même voulu chercher à l'intimider. Faire de Belhade un lieu de transit pour les prostituées, le transformer en officine de fausse monnaie ou en parking de passage pour les voitures volées…

    Les hypothèses n'ont pas manqué. Aucune d'entre elles n'a pu être validée par les policiers. Et l'instruction conduite par le juge Christian Vennetier a constamment buté sur le mobile du massacre.

    Pris dans une toile

    L'absence de preuves irréfutables n'empêche pas l'avocat général de bâtir un scénario crédible et de distribuer des rôles conformes au profil des accusés. Prisonniers de leurs personnages peu flatteurs, Ardanny et Horvath sont pris dans une toile dont ils ne peuvent se dépêtrer. Depuis le premier jour du procès, leurs avocats évoluent dans une atmosphère guère propice au doute.

    Les jurés ne posent d'ailleurs aucune question. Me Pierre Blazy, le conseil de Francis Ardanny, les prend à témoin comme on jette une dernière bouée à la mer.

    « Comment accorder du crédit à cet invraisemblable trio de bras cassés qui partent peut-être sans savoir qu'ils vont tuer et tuent sans savoir pourquoi ? Ardanny aurait confié à ces pauvres bougres le soin de régler ces affaires et celles d'Horvath. C'est inepte, insensé.

    Il y a incompatibilité entre son intelligence et cette histoire de cinglés. » Mais ses mots comme ceux de ses confrères, Me Rio, De Caunes, Rumeau, Ducos-Ader, se fracasseront contre la muraille de l'intime conviction.

    Après plus de six heures de délibéré, la sentence tombera comme une massue. Perpétuité pour tout le monde, à l'exception de Jean-Pierre Alario. « Deux innocents », lance Francis Ardanny avant que les gardes ne l'emmènent. « C'est dingue », murmure Horvath.

    Quatre ans plus tard, le second procès ne changera rien ou si peu, malgré la volte-face peu crédible des tueurs qui en feront des tonnes pour dédouaner Horvath et Ardanny. L'épouse de ce dernier, espérant sa libération et venue avec son permis de conduire, repartira avec.

    Le 15 décembre 1985, deux hommes et une femme étaient assassinés dans le relais de chasse incendié de Belhade (40). Deux procès d'assises n'ont pas permis de découvrir le mobile du crime.

     

    sources

    http://guymonsite.e-monsite.com/pages/la-tuerie-de-belhade-garde-sa-part-de-mystere.htmlurces

     

     

     

     

     

     

     

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